Discours 2005-2013 1311


VOYAGE APOSTOLIQUE À MADRID

À L'OCCASION DE LA XXVIe JOURNÉE MONDIALE DE LA JEUNESSE

18-21 AOÛT 2011

FÊTE D'ACCUEIL DES JEUNES

SALUT INITIAL

Plaza de Cibeles, Madrid Jeudi 18 août 2011

Chers jeunes amis,

1312 C’est une immense joie pour moi de vous rencontrer ici, dans le centre de cette belle ville de Madrid, dont les clés m’ont été aimablement remises par Monsieur le Maire. Aujourd’hui, elle est aussi la capitale des jeunes du monde entier vers laquelle toute l’Église a le regard tourné. Le Seigneur nous a réunis pour que nous vivions en ces jours l’expérience fraternelle des Journées Mondiales de la Jeunesse. Par votre présence et votre participation aux célébrations, le nom du Christ résonnera dans tous les recoins de cette ville renommée. Prions afin que son message d’espérance et d’amour ait aussi un écho dans le coeur de ceux qui ne croient pas ou qui se sont éloignés de l’Église. Merci beaucoup pour l’accueil chaleureux que vous m’avez réservé à mon entrée dans la ville, signe de votre amour et de votre attachement au Successeur de Pierre.

Je salue Monsieur le Cardinal Stanislaw Rylko, Président du Conseil Pontifical pour les Laïcs et ses collaborateurs dans ce Dicastère, en les remerciant tous pour le travail accompli. Je remercie également Monsieur le Cardinal Antonio Maria Rouco Varela, Archevêque de Madrid, pour ses aimables paroles et pour l’effort fourni par son archidiocèse, soutenu par les autres diocèses d’Espagne, pour préparer ces Journées Mondiales de la Jeunesse pour lesquelles ont travaillé aussi avec générosité beaucoup d’autres Églises particulières du monde entier. J’exprime ma gratitude envers les Autorités nationales, celles des Communautés autonomes et les Autorités locales pour leur aimable présence et pour leur généreuse collaboration au bon déroulement de cette grande rencontre. Merci à mes frères dans l’Épiscopat, aux prêtres, aux séminaristes, aux personnes consacrées et aux fidèles ici présents qui ont accompagné les jeunes pour vivre ces journées intenses de marche à la rencontre du Christ. Je vous salue tous cordialement dans le Seigneur et je vous redis que c’est une grande joie d’être ici avec vous tous. Que le feu de l’amour du Christ ne s’éteigne jamais dans vos coeurs !

Salutation en français

Chers jeunes francophones, vous avez répondu nombreux à l’appel du Seigneur à venir le rencontrer à Madrid. Je vous en félicite ! Bienvenue aux Journées Mondiales de la Jeunesse ! Vous portez en vous des questions et vous cherchez des réponses. Il est bon de chercher toujours. Recherchez surtout la Vérité qui n’est pas une idée, une idéologie ou un slogan, mais une Personne, le Christ, Dieu Lui-même venu parmi les hommes ! Vous avez raison de vouloir enraciner votre foi en Lui, de vouloir fonder votre vie dans le Christ. Il vous aime depuis toujours et vous connaît mieux que quiconque. Puissent ces journées riches de prière, d’enseignement et de rencontres vous aider à le découvrir encore pour mieux l’aimer. Que le Christ vous accompagne durant ce temps fort où, tous ensemble, nous allons le célébrer et le prier !

Salutation en anglais

Je salue cordialement les nombreux jeunes de langue anglaise qui sont venus à Madrid. Puissent ces jours de prière, d’amitié et de célébration nous rapprocher davantage les uns des autres et du Seigneur Jésus ! Ayez confiance dans la parole du Christ, le fondement de votre existence ! Enracinés et édifiés sur elle, fermes dans la foi et ouverts à la puissance de l’Esprit, vous trouverez votre place dans le plan de Dieu et vous enrichirez l’Église avec vos talents. Prions les uns pour les autres afin que nous puissions être de joyeux témoins du Christ, aujourd’hui et toujours. Dieu vous bénisse tous !

Salutation en allemand

Je vous salue très cordialement chers amis de langue allemande ! Je me réjouis que vous soyez venus si nombreux. Ensemble, nous voulons en ce jour confesser, approfondir et transmettre notre foi en Jésus Christ. Nous expérimentons toujours que c’est Lui qui donne le vrai sens à notre vie. Ouvrons nos coeurs au Christ. Qu’il nous offre à tous un moment agréable et béni ici à Madrid !

Salutation en italien

Chers jeunes Italiens, je vous salue cordialement et je me réjouis de votre forte participation animée par la joie de la foi. Vivez ces journées avec un esprit de prière intense et de fraternité, témoignant de la vitalité de l’Église en Italie, de celle des paroisses, des associations et des mouvements. Partagez cette richesse avec tous. Merci !

Salutation en portugais

1313 Chers jeunes venus de divers pays de langue officielle portugaise, et tous ceux qui vous accompagnent, soyez les bienvenus à Madrid ! Je vous salue tous très cordialement et je vous invite à vous élever jusqu’à la source éternelle de votre jeunesse et à connaître le protagoniste absolu de ces Journées Mondiales et – je l’espère – de votre vie : le Christ Seigneur. En ces jours, écoutez personnellement sa Parole qui est proclamée. Laissez cette Parole pénétrer et s’enraciner dans vos coeurs, et construisez sur elle votre vie. Fermes dans la foi, vous serez comme des anneaux de la grande chaîne des fidèles. On ne peut croire sans être soutenu par la foi des autres, et par ma foi je contribue aussi à soutenir les autres dans leur foi. L’Église a besoin de vous, et vous avez besoin de l’Église.

Salutation en polonais

Je salue les jeunes venus de Pologne, compatriotes du Bienheureux Jean-Paul II, initiateur des Journées Mondiales de la Jeunesse. Je me réjouis de votre présence ici à Madrid ! Je vous souhaite de bonnes journées, instants de prières et d’affermissement de votre relation avec Jésus. Que l’Esprit de Dieu vous guide !

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À L'OCCASION DE LA XXVIe JOURNÉE MONDIALE DE LA JEUNESSE

18-21 AOÛT 2011

FÊTE D'ACCUEIL DES JEUNES

Plaza de Cibeles, Madrid Jeudi 18 août 2011
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Chers amis,

Je remercie les jeunes représentants des cinq continents pour les paroles chaleureuses qu’ils m’ont adressées. Je salue affectueusement tous les jeunes qui sont ici réunis, provenant d’Océanie, d’Afrique, d’Amérique, d’Asie et d’Europe, ainsi que tous ceux qui n’ont pas pu venir. Je pense souvent à vous et prie pour vous. Dieu m’a accordé la grâce de pouvoir vous voir et vous entendre de plus près et de nous mettre ensemble à l’écoute de sa Parole.

Dans la Lecture qui vient d’être proclamée, nous avons entendu un passage de l’Évangile où il est dit d’accueillir les paroles de Jésus et de les mettre en pratique. Il y a des paroles qui ne servent qu’à entretenir une conversation et qui passent comme le vent. D’autres cultivent l’esprit sous divers aspects. Celles de Jésus, par contre, remplissent le coeur, s’y enracinent et façonnent notre vie tout entière. Sinon elles demeurent vides et deviennent éphémères. Elles ne nous rapprochent pas de Lui. Et, ainsi, le Christ continue d’être au loin, comme une voix parmi les nombreuses autres que nous entendons autour de nous et auxquelles nous sommes déjà accoutumés. De plus, le Maître qui parle n’enseigne pas ce qu’il a appris d’autres personnes, mais ce qu’Il est lui-même, le seul qui connaisse vraiment le chemin de l’homme vers Dieu, car c’est lui qui l’a ouvert pour nous, qui l’a créé pour que nous puissions parvenir à la vie authentique, celle qu’il vaut toujours la peine de vivre en toute circonstance et que la mort même ne peut détruire. L’Évangile continue en expliquant cela à travers l’image suggestive de celui qui construit sur un roc solide, résistant aux assauts des adversités, contrairement à celui qui bâtit sur le sable, parfois même dans un lieu paradisiaque, comme nous dirions aujourd’hui, mais qui se désagrège au premier souffle de vent et devient une ruine.

Chers jeunes, écoutez vraiment les paroles du Seigneur pour qu’elles soient en vous « esprit et vie » (Jn 6,63), racines qui alimentent votre être, règles de conduite qui nous rendent semblables à la personne du Christ, en étant pauvres de coeur, affamés de justice, miséricordieux, en ayant un coeur pur, en aimant la paix. Faites-le chaque jour avec constance, comme on fait avec le seul Ami qui ne nous déçoit pas et avec qui nous voulons partager le chemin de notre vie. Vous savez bien que lorsque nous ne marchons pas au côté du Christ qui nous guide, nous nous dispersons sur d’autres sentiers, comme celui de nos propres impulsions aveugles et égoïstes, celui des propositions flatteuses mais intéressées, trompeuses et volubiles, qui laissent le vide et la frustration derrière elles.

1314 Profitez de ces journées pour mieux connaître le Christ et soyez certains qu’enracinés en Lui votre enthousiasme et votre joie, vos désirs d’aller plus loin, d’atteindre ce qui est plus élevé, jusqu’à Dieu, auront toujours un avenir assuré, parce que la plénitude de la vie demeure déjà en vous. Faites-la grandir à l’aide de la grâce divine, généreusement et sans médiocrité, visant sérieusement l’objectif de la sainteté. Et, face à nos faiblesses, qui parfois nous écrasent, comptons également sur la miséricorde du Seigneur, qui est toujours prêt à nous tenir de nouveau la main et qui nous offre son pardon à travers le sacrement de la Pénitence.

En construisant sur le roc inébranlable, non seulement votre vie sera solide et stable, mais elle contribuera aussi à projeter la lumière du Christ sur les jeunes de votre âge et sur toute l’humanité, en présentant une alternative valable à tous ceux qui sont tombés dans leur vie, parce que les fondements de leur existence étaient inconsistants ; à tous ceux qui se contentent de suivre les courants de la mode, qui trouvent refuge dans leur intérêt immédiat, oubliant la vraie justice, ou qui s’abritent derrière leurs propres opinions au lieu de rechercher la pure vérité.

Oui, nombreux sont ceux qui, se croyant des dieux, pensent ne pas avoir besoin d’autres racines ni d’autres sources qu’eux-mêmes. Ils voudraient décider eux-mêmes ce qui est vérité ou pas, ce qui est bien ou mal, le juste et l’injuste ; décider ce qui est digne de vivre ou peut être sacrifié sur l’autel d’autres préférences ; marcher à chaque instant au hasard, sans but préétabli, se laissant guider par l’instinct du moment. Ces tentations sont toujours aux aguets. Il est important de ne pas y succomber car, en réalité, elles mènent à quelque chose d’aussi évanescent qu’une existence sans horizons, une liberté sans Dieu. Nous, par contre, nous savons bien que nous avons été créés libres, à l’image de Dieu, précisément parce que nous sommes protagonistes de la recherche de la vérité et du bien, responsables de nos actions et non de simples exécutants aveugles, collaborateurs créatifs dans notre tâche de cultiver et d’embellir l’oeuvre de la création. Dieu désire un interlocuteur responsable, qui puisse dialoguer avec lui et l’aimer. À travers le Christ, nous pouvons vraiment le devenir et, enracinés en lui, donner ses ailes à notre liberté. N’est-ce pas là le grand motif de notre joie ? N’est-ce pas là un terrain solide pour construire la civilisation de l’amour et de la vie, capable d’humaniser tous les hommes ?

Chers amis, soyez prudents et sages, bâtissez votre vie sur le fondement solide qu’est le Christ. Cette sagesse et cette prudence guideront vos pas, rien ne vous fera trembler et la paix règnera dans votre coeur. Alors, vous serez heureux, contents, et votre joie se communiquera aux autres. Ils se demanderont quel est le secret de votre vie et ils découvriront que le roc qui soutient tout l’édifice et sur lequel s’appuie toute votre existence est la personne même du Christ, votre ami, frère et Seigneur, le fils de Dieu fait homme, qui donne consistance à tout l’univers. Il est mort pour nous et il est ressuscité pour que nous ayons la vie et, à présent, depuis le trône du Père, il demeure vivant et proche de tous les hommes, veillant continuellement avec amour sur chacun de nous.

Confiant les fruits de ces Journées Mondiales de la Jeunesse à la Vierge Marie, qui a su dire « oui » à la volonté de Dieu et qui nous enseigne, comme personne d’autre, la fidélité à son divin Fils, qu’elle a suivi jusqu’à sa mort sur la croix. Nous méditerons tout cela plus profondément aux diverses stations de la Via Crucis. Prions pour que, comme pour elle, notre « oui » d’aujourd’hui au Christ soit aussi un « oui » inconditionnel à son amitié, à la fin de cette Journée et durant toute notre vie. Merci beaucoup.

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18-21 AOÛT 2011

RENCONTRE AVEC LES JEUNES RELIGIEUSES

Monastère Saint-Laurent de l’Escorial Vendredi 19 août 2011

Chères jeunes religieuses,

Au cours des Journées Mondiales de la Jeunesse que nous sommes en train de célébrer à Madrid, c’est pour moi un grand plaisir de pouvoir vous rencontrer, vous qui avez consacré votre jeunesse au Seigneur, et je vous remercie pour l’aimable salut que vous m’avez adressé. J’exprime ma gratitude envers Monsieur le Cardinal Archevêque de Madrid qui a programmé cette rencontre dans un lieu très suggestif comme le monastère Saint Laurent de l’Escorial. Si sa célèbre bibliothèque garde d’importantes éditions de la Sainte Écriture et de Règles monastiques de diverses familles religieuses, votre vie de fidélité à l’appel reçu est, elle-aussi, une manière précieuse de garder la Parole du Seigneur qui résonne dans vos formes de spiritualité.

Chères soeurs, tout charisme est une parole évangélique que l’Esprit Saint rappelle à son Église (Jn 14,26). C’est bien vrai : la Vie consacrée « naît de l’écoute de la Parole de Dieu et accueille l’Évangile comme règle de vie. Vivre à la suite du Christ, chaste, pauvre et obéissant, est ainsi une ‘exégèse’ vivante de la Parole de Dieu (…) D’elle tout charisme est né et d’elle, toute règle veut être l’expression, en donnant vie à des itinéraires de vie chrétienne caractérisés par la radicalité évangélique » (Verbum Domini, n. 83).

1315 La radicalité évangélique réside dans le fait d’être « enracinés et fondés dans le Christ, fermes dans la foi » (Col 2,7), ce qui, dans la Vie consacrée, signifie aller à racine de l’amour, Jésus Christ, avec un coeur sans partage, jusqu’à ne rien préférer à son amour (cf. Saint Benoît, Règle IV, 21), par une appartenance sponsale comme l’ont vécu les saints, à l’image de Rose de Lima et de Rafael Arnáiz, jeunes patrons de ces Journées Mondiales de la Jeunesse. La rencontre personnelle avec le Christ qui nourrit votre consécration, doit être témoignée avec toute sa force transformatrice dans vos vies ; elle revêt une importance particulière aujourd’hui, alors qu’« on constate une sorte d’‘éclipse de Dieu’, une certaine amnésie, voire un réel refus du christianisme et un reniement du trésor de la foi reçue, au risque de perdre sa propre identité profonde » (Message pour les Journées Mondiales de la Jeunesse 2011, n. 1). Face au relativisme et à la médiocrité, s’impose la nécessité de cette radicalité dont témoigne la consécration comme une appartenance à Dieu aimé par-dessus tout.

Cette radicalité évangélique de la Vie consacrée s’exprime par la communion filiale avec l’Église – la maison des enfants de Dieu que le Christ a fondée – ; la communion avec les Pasteurs qui, au nom du Seigneur, proposent le dépôt de la foi reçu des Apôtres, du Magistère de l’Église et de la Tradition chrétienne ; la communion avec votre famille religieuse en conservant son noble patrimoine spirituel avec gratitude et en appréciant aussi les autres charismes ; la communion avec les autres membres de l’Église comme les laïcs, appelés à témoigner du même Évangile du Seigneur par leur vocation spécifique.

La radicalité évangélique s’exprime enfin dans la mission que Dieu a voulu vous confier : par la vie contemplative qui accueille dans ses cloitres la Parole de Dieu dans un silence éloquent et adore sa beauté dans la solitude habitée par Lui ; par les diverses formes de vie apostolique, dans les sillons desquelles germe la semence évangélique dans l’éducation des enfants et des jeunes, dans le soin des malades et des personnes âgées, dans l’accompagnement des familles, dans l’engagement en faveur de la vie, dans le témoignage de la vérité, dans l’annonce de la paix et la charité, l’engagement missionnaire, et dans la nouvelle évangélisation, et bien d’autres domaines de l’apostolat ecclésial.

Chères soeurs, c’est à ce témoignage de sainteté que Dieu vous appelle, en suivant Jésus de très près et sans conditions dans la consécration, la communion et la mission. L’Église a besoin de votre jeune fidélité enracinée et fondée dans le Christ. Merci pour votre « oui » généreux, total et perpétuel à l’appel du Bien-Aimé. Que la Vierge Marie soutienne et accompagne votre jeunesse consacrée, avec le voeu fervent que cela interpelle, encourage et illumine tous les jeunes.

Avec ces sentiments, je prie Dieu de récompenser abondamment la généreuse contribution de la Vie consacrée à ces Journées Mondiales de la Jeunesse, et en son nom, je vous bénis de tout coeur. Merci infiniment !



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À L'OCCASION DE LA XXVIe JOURNÉE MONDIALE DE LA JEUNESSE

18-21 AOÛT 2011

RENCONTRE AVEC LES JEUNES PROFESSEURS UNIVERSITAIRES

Basilique Saint-Laurent de l'Escorial Vendredi 19 août 2011



Monsieur le Cardinal Archevêque de Madrid,
Chers frères dans l’Épiscopat,
Chers Pères Augustins,
1316 Chers Professeurs,
Autorités,
Chers amis,

J’attendais avec joie cette rencontre avec vous, jeunes professeurs des universités espagnoles, vous qui prêtez une magnifique collaboration à la diffusion de la vérité, dans des circonstances qui ne sont pas toujours faciles. Je vous salue cordialement et je vous remercie pour les aimables paroles de bienvenue, ainsi que pour la musique exécutée, qui a résonné de façon merveilleuse dans ce monastère d’une grande beauté artistique, témoignage éloquent pour les siècles d’une vie de prière et d’étude. En ce lieu significatif la foi et la raison se sont fondues harmonieusement dans la pierre austère pour modeler l’un des monuments les plus renommés d’Espagne.

Je salue aussi avec une affection particulière ceux qui, ces jours-ci, ont participé à Avila au Congrès mondial des universités catholiques, sur le thème : « Identité et mission de l’université catholique ».

En étant parmi vous, me reviennent à l’esprit mes premiers pas comme professeur à l’université de Bonn. Quand on constatait encore les blessures de la guerre et que les carences matérielles étaient nombreuses, tout était remplacé par un vif désir d’une activité passionnante, le contact avec des collègues des diverses disciplines et le souhait de répondre aux inquiétudes ultimes et fondamentales des étudiants. Cette « universitas », que j’ai vécue alors, de professeurs et d’étudiants qui ensemble cherchent la vérité dans tous les savoirs, ou, comme aurait dit Alphonse X le Sage, cette « union de maîtres et d’étudiants avec la volonté et l’objectif d’apprendre les savoirs » (Siete partidas, partida II, tit. XXXI), rend clair le projet jusqu’à la définition de l’Université.

Dans le thème des présentes Journées Mondiales de la Jeunesse «Enracinés et fondés en Christ, affermis dans la foi » (
Col 2,7), vous pourrez trouver aussi la lumière pour mieux comprendre votre être et ce que vous devez faire. Avec cette pensée, et comme je l’ai déjà écrit dans le Message aux jeunes en préparation à ces journées, les mots « enracinés, fondés et affermis » orientent vers des fondements solides pour la vie (cf. n. 2).

Mais, où les jeunes trouveront-ils ces points de référence dans une société émiettée et instable ? Parfois on estime que la mission d’un professeur universitaire est aujourd’hui exclusivement de former des professionnels compétents et efficaces qui puissent satisfaire la demande du marché du travail à tout moment précis. On affirme également que l’unique chose que l’on doit privilégier dans la conjoncture actuelle est la pure capacité technique. Certainement, cette vision utilitaire de l’éducation, même universitaire, répandue spécialement dans des milieux extra-universitaires, s’installe aujourd’hui. Sans aucun doute, vous qui avez vécu comme moi l’université, et qui la vivez maintenant comme enseignants, vous sentez sans doute le désir de quelque chose d’autre de plus élevé qui corresponde à toutes les dimensions qui constituent l’homme. Nous savons que quand la seule utilité et le pragmatisme immédiat s’érigent en critère principal, les pertes peuvent être dramatiques : des abus d’une science sans limites, bien au-delà d’elle-même, jusqu’au totalitarisme politique qui se ravive facilement quand on élimine toute référence supérieure au simple calcul de pouvoir. Au contraire, l’idée authentique d’université est précisément celle qui nous préserve de cette vision réductrice et détachée de l’humain.

En réalité, l’université a été et est encore appelée à être toujours la maison où se cherche la vérité propre de la personne humaine. Pour cette raison ce n’est pas par hasard que l’Église a promu l’institution universitaire, justement parce que la foi chrétienne nous parle du Christ comme le Logos par lequel tout a été fait (cf. Jn 1,3), et de l’être humain créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. Cette bonne nouvelle découvre une rationalité dans tout le créé et regarde l’homme comme une créature qui participe et peut parvenir à reconnaître cette rationalité. L’université incarne, donc, un idéal qui ne doit pas perdre sa vertu ni à cause d’idéologies fermées au dialogue rationnel, ni par servilité envers une logique utilitaire de simple marché, qui voit l’homme comme un simple consommateur.

C’est là votre mission importante et vitale. C’est vous qui avez l’honneur et la responsabilité de transmettre cet idéal universitaire, un idéal que vous avez reçu de vos prédécesseurs, dont beaucoup d’humbles disciples de l’Évangile et qui, en tant que tels, se sont convertis en géants de l’esprit. Nous devons nous sentir leurs continuateurs dans une histoire bien distincte de la leur, mais dans laquelle les questions essentielles de l’être humain continuent à réclamer notre attention et nous poussent à aller de l’avant. Avec eux, nous nous sentons unis à cette chaîne d’hommes et de femmes qui se sont engagés à proposer et à rendre crédible la foi devant l’intelligence des hommes. Et la façon de le faire ne signifie pas seulement l’enseigner, mais encore plus le vivre, l’incarner, de sorte que le Logos lui-même s’incarne pour placer sa demeure parmi nous. En ce sens, les jeunes ont besoin de maîtres authentiques ; des personnes ouvertes à la vérité totale dans les différentes branches du savoir, sachant écouter et vivant à l’intérieur d’elles-mêmes ce dialogue interdisciplinaire ; des personnes convaincues, surtout, de la capacité humaine d’avancer sur le chemin vers la vérité. La jeunesse est le temps privilégié pour la recherche et la rencontre de la vérité. Comme le disait Platon : « Cherche la vérité tant que tu es jeune, parce que si tu ne le fais pas, ensuite elle t’échappera des mains » (Parménide, 135d). Cette haute aspiration est la plus valable que vous puissiez transmettre personnellement et vitalement à vos étudiants, et pas simplement quelques techniques matérielles et anonymes, ou quelques froides données, utilisées seulement de façon fonctionnelle.

Aussi je vous exhorte de tout coeur à ne jamais perdre cette sensibilité et ce désir ardent de la vérité ; à ne pas oublier que l’enseignement n’est pas une communication aride de contenus, mais une formation des jeunes que vous devrez comprendre et rechercher, chez lesquels vous devez susciter cette soif de vérité qu’ils ont au plus profond d’eux-mêmes et qu’ils cherchent à assouvir. Soyez pour eux un encouragement et une force.

1317 Pour ce motif, il faut tenir à l’esprit, en premier lieu, que le chemin vers la vérité complète engage aussi l’être humain tout entier : c’est un chemin de l’intelligence et de l’amour, de la raison et de la foi. Nous ne pouvons pas avancer dans la connaissance de quelqu’un si l’amour ne nous anime pas, ni non plus aimer quelqu’un dans lequel nous ne voyons pas de rationalité, étant donné que « il n’y a pas l’intelligence puis l’amour : il y a l’amour riche d’intelligence et l’intelligence pleine d’amour » (Caritas in veritate, ). Si la vérité et le bien restent unis, de même la connaissance et l’amour. De cette unité découle la cohérence de vie et de pensée, l’exemplarité qu’on exige de tout bon éducateur.

En second lieu, il faut considérer que la vérité elle-même est toujours au-delà de nos efforts. Nous pourrons la chercher et nous approcher d’elle, mais nous ne pouvons pas la posséder totalement, ou mieux c’est elle qui se propose à nous et elle qui nous motive. Dans l’oeuvre intellectuelle et d’enseignement, l’humilité est une vertu indispensable, qui nous protège de la vanité, laquelle ferme à l’accès à la vérité. Nous ne devons pas attirer les étudiants à nous-mêmes, mais les mettre en route vers cette vérité que tous nous recherchons. Dans cette tâche le Seigneur vous aidera, lui qui vous demande d’être prévenants et efficaces comme le sel, comme la lampe qui donne de la lumière sans faire de bruit (cf.
Mt 5,13-15).

Tout ceci nous invite à tourner toujours notre regard vers le Christ, sur le visage duquel resplendit la Vérité qui nous illumine, mais qui est aussi le Chemin qui nous conduit à une plénitude durable, puisqu’il est le Voyageur qui est à nos côtés et qui nous soutient de son amour. Liés à lui, vous serez de bons guides pour nos jeunes. Avec cette espérance, je vous confie à la protection de la Vierge Marie, Trône de la Sagesse, pour qu’elle fasse de vous des collaborateurs de son Fils par une vie pleine d’attention pour vos semblables et féconde en fruits, aussi bien de connaissance que de foi, pour vos étudiants. Merci beaucoup.

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18-21 AOÛT 2011

CHEMIN DE CROIX

Plaza de Cibeles, Madrid Vendredi 19 août 2011

Chers jeunes,

Nous avons célébré avec piété et ferveur ce chemin de croix en accompagnant le Christ dans sa passion et sa mort. Les commentaires des Hermanitas de la Cruz, qui servent les plus pauvres et ceux qui sont dans le besoin, nous ont permis d’entrer dans le mystère de la croix glorieuse du Christ, qui renferme la vraie sagesse de Dieu, celle qui juge le monde et ceux qui se croient sages (cf. 1Co 1,17-19). La contemplation des extraordinaires imágenes provenant du patrimoine religieux des diocèses espagnols, nous a aidé également dans cet itinéraire vers le calvaire. Ce sont des imágenes où la foi et l’art s’harmonisent pour arriver au coeur de l’homme et pour l’inviter à la conversion. Quand le regard de la foi est limpide et authentique, la beauté se met à son service et elle est capable de représenter les mystères de notre salut jusqu’à nous émouvoir profondément, et de transformer notre coeur, comme cela est arrivé à sainte Thérèse d’Avila en contemplant une représentation du Christ blessé (cf. Libro de la vida 9, 1).

Pendant que nous avancions avec Jésus pour arriver au sommet du don de lui-même au calvaire, les paroles de saint Paul nous sont venus en mémoire : « Le Christ m’a aimé et il s’est livré pour moi » (Ga 2,20). Devant un tel amour si désintéressé, pleins d’étonnement et de gratitude, nous nous demandons maintenant : Que ferons-nous nous-autres pour lui ? Quelle réponse lui donnerons-nous ? Saint Jean le dit clairement : « À ceci nous avons connu l’amour : celui-là a donné sa vie pour nous. Et nous devons, nous aussi, donner notre vie pour nos frères » (1Jn 3,16). La passion du Christ nous pousse à charger sur nos épaules la souffrance du monde, avec la certitude que Dieu n’est pas quelqu’un qui est distant ou lointain de l’homme et de ses vicissitudes. Au contraire, il s’est fait l’un d’entre nous « pour pouvoir compatir avec l'homme de manière très réelle, dans la chair et le sang ... De là, dans toute souffrance humaine est entré quelqu'un qui partage la souffrance et la patience; de là se répand dans toute souffrance la consolatio; la consolation de l'amour qui vient de Dieu et ainsi surgit l'étoile de l'espérance » (Spes salvi, 39).

Chers jeunes, que l’amour du Christ pour nous augmente votre joie et vous aide à être proches de ceux qui sont dans le besoin. Vous qui êtes très sensibles à l’idée de partager la vie avec les autres, ne passez pas à côté de la souffrance humaine, où Dieu espère en vous afin que vous puissiez donner le meilleur de vous-mêmes : votre capacité d’aimer et de compatir. Les diverses formes de souffrance qui, tout au long du chemin de croix, ont défilé devant vos yeux, sont des appels du Seigneur pour édifier nos vies en suivant ses traces et pour faire de nous des signes de sa consolation et de son salut : « Souffrir avec l'autre, pour les autres; souffrir par amour de la vérité et de la justice; souffrir à cause de l'amour et pour devenir une personne qui aime vraiment – ce sont des éléments fondamentaux d'humanité; leur abandon détruirait l'homme lui-même » (ibid.).

Sachons recevoir ces leçons et les mettre en pratique ! Pour cela, regardons vers le Christ, cloué sur un bois rude, et demandons-lui qu’il nous montre cette sagesse mystérieuse de la croix par laquelle l’homme vit. La croix n’a pas été le développement d’un échec, sinon la manière d’exprimer le don aimant qui arrive jusqu’à un don plus grand : celui de sa propre vie. Le Père a désiré aimer les hommes dans l’accolade de son Fils crucifié par amour. Par sa forme et sa signification, la croix représente cet amour du Père et du Christ pour les hommes. En elle, nous reconnaissons l’image de l’amour suprême, où nous apprenons à aimer ce que Dieu aime et comme il le fait : c’est elle la Bonne Nouvelle qui redonne l’espérance au monde.

1318 Tournons maintenant nos yeux vers la Vierge Marie qui nous fut donnée pour mère au calvaire, et supplions-la de nous soutenir par sa protection aimante sur le chemin de la vie, en particulier quand nous passons à travers la nuit de la souffrance, afin que nous réussissions comme elle à demeurer fermes dans la foi au pied de la croix. Merci beaucoup.



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18-21 AOÛT 2011

RENCONTRE AVEC LES COMITÉS D'ORGANISATION DE LA JMJ Nonciature apostolique de Madrid Samedi 20 août 2011

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Chers amis,

Je suis heureux de vous recevoir en cette Nonciature apostolique pour vous remercier vivement de tout ce que vous avez mené à bien pour l’organisation de ces Journées Mondiales de la Jeunesse.

Je sais très bien qu’à partir du moment où le choix de l’archidiocèse de Madrid comme siège de cette initiative a été rendu public, le Cardinal Antonio María Rouco Varela a lancé les travaux du Comité organisateur local au sein duquel, avec un profond sens ecclésial et une extraordinaire affection portée au Vicaire du Christ, ont collaboré les responsables des différents services impliqués dans un événement d’une telle ampleur, coordonnés par Monseigneur César Augusto Franco Martínez. Seuls l’amour pour l’Église et la soif d’évangéliser les jeunes, expliquent cet engagement si généreux en termes de temps et d’énergies, qui donnera un abondant fruit apostolique. Pendant des mois, vous avez donné le meilleur de vous-mêmes au service de la mission de l’Église. Dieu vous le rendra au centuple. Non seulement à vous, mais à vos familles et aux institutions, qui avec abnégation, ont soutenu votre dévouement et votre application. Si, comme dit Jésus, un verre d’eau donné en son nom ne restera pas sans récompense, que dire d’un engagement quotidien et permanent envers l’organisation d’un fait ecclésial d’un tel relief comme celui que nous vivons ! Merci à chacun d’entre vous.

Je voudrais manifester de la même manière ma gratitude aux membres de la Commission mixte, formée par l’archevêché de Madrid et l’administration de l’Etat, la Communauté de Madrid et la municipalité, qui, depuis le début même de la préparation de ces Journées Mondiales de la Jeunesse, s’est formée avec le regard fixé sur les centaines de milliers de jeunes pèlerins qui sont arrivés à Madrid, ville ouverte, belle et solidaire. Sûrement, un événement si complexe et important n’aurait pas pu se réaliser sans cette prévenante collaboration. A ce sujet, je sais bien que les diverses entités se sont mises à la disposition du Comité organisateur local, sans ménager leurs efforts et dans un climat d’aimable coopération, qui honore cette noble nation et l’esprit reconnu d’hospitalité des Espagnols.

L’efficacité de cette Commission démontre que non seulement une collaboration entre l’Église et les institutions civiles est possible, mais que, quand elles se mettent au service d’une initiative d’une telle portée, comme celle qui nous intéresse, le principe selon lequel le bien intègre tout le monde dans l’unité, devient vrai. Pour cela, je voudrais exprimer aux représentants des administrations respectives qui ont travaillé hardiment au succès des Journées Mondiales, mes plus sincères et mes plus cordiaux remerciements au nom de l’Église et des jeunes qui profitent ces jours-ci de votre accueil et de votre sollicitude.

A vous tous, à vous familles et institutions, j’invoque du Seigneur l’abondance de ses dons. Merci beaucoup.

VOYAGE APOSTOLIQUE À MADRID

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Discours 2005-2013 1311