Discours 2005-2013 1348


VOYAGE APOSTOLIQUE EN ALLEMAGNE

22-25 SEPTEMBRE 2011

CÉRÉMONIE DE DÉPART

Aéroport de Lahr Dimanche 25 septembre 2011





1349 Cher Monsieur le Président Fédéral,
distingués Représentants du Gouvernement fédéral,
du Land Bade-Württemberg, et des communes,
chers Confrères dans l’Épiscopat,
chers Mesdames et Messieurs,

Avant de quitter l’Allemagne, je voudrais vous remercier pour ces jours si émouvants et riches d’événements, passés dans notre pays natal.

Ma gratitude va à Vous, Monsieur le Président Fédéral Wulff, qui, à Berlin, m’avez accueilli au nom du peuple allemand et maintenant, au moment du départ, m’avez honoré de nouveau par vos aimables paroles. Je remercie les Représentants du Gouvernement Fédéral et des Gouvernements des Länder qui sont venus à la cérémonie de congé. Un merci cordial à l’Archevêque de Fribourg Mgr Zollitsch, qui m’a accompagné durant tout le voyage. Volontiers, j’étends aussi mes remerciements à l’Archevêque de Berlin, Mgr Woelki, et à l’Évêque d’Erfurt, Mgr Wanke, qui m’ont témoigné également de leur hospitalité, ainsi qu’à tout l’Épiscopat allemand. J’exprime enfin une reconnaissance particulière à tous ceux qui ont préparé en arrière-plan ces quatre jours, permettant leur déroulement sans obstacle : les institutions communales, les forces de l’ordre, les services sanitaires, les responsables des transports publics ainsi que les nombreux volontaires. Je vous remercie tous pour ces moments saisissants, pour les nombreuses rencontres personnelles et pour les multiples marques d’attention et d’affection à mon égard.

À Berlin, dans la capitale fédérale, j’ai eu l’occasion particulière de parler devant les parlementaires du Deutscher Bundestag et de leur exposer des réflexions sur les fondements intellectuels de l’État de droit. Volontiers, je pense aussi aux fructueux entretiens avec le Président Fédéral et Madame la Chancelière sur la situation actuelle du peuple allemand et de la communauté internationale. J’ai été particulièrement touché par l’accueil chaleureux et l’enthousiasme d’autant de personnes à Berlin.

Dans le pays de la Réforme, l’oecuménisme a constitué naturellement un des points principaux du voyage. Ici, j’aimerais souligner la rencontre avec les représentants de l’Église Évangélique en Allemagne dans l’ancien couvent augustinien d’Erfurt. Je suis profondément reconnaissant pour les échanges fraternels et pour la prière commune. Très particulière a été aussi la rencontre avec les chrétiens orthodoxes et les orthodoxes orientaux, de même qu’avec les juifs et les musulmans.

Cette visite naturellement était particulièrement adressée aux catholiques à Berlin, à Erfurt, dans l’Eichsfeld et à Fribourg. Je me rappelle avec plaisir les célébrations liturgiques communes, la joie, l’écoute commune de la Parole de Dieu et l’union dans la prière et les chants –surtout aussi dans les parties du pays où, durant des décennies, il y a eu des tentatives d’éliminer la religion de la vie des personnes. Cela me rend confiant pour l’avenir de l’Église et du christianisme en Allemagne. Comme déjà durant les visites précédentes, il a été possible d’expérimenter combien de personnes témoignent ici de leur foi, et rendent présente sa force transformante dans le monde d’aujourd’hui.

Après l’impressionnante Journée Mondiale de la Jeunesse à Madrid, j’ai été très heureux d’être à Fribourg de nouveau avec tant de jeunes à la veillée de la jeunesse d’hier.

1350 Je voudrais encourager l’Église en Allemagne à continuer avec détermination et confiance le chemin de la foi qui fait revenir les personnes aux racines, au noyau essentiel de la Bonne Nouvelle du Christ. Il y aura de petites communautés de croyants – et elles existent déjà- qui, avec leur propre enthousiasme répandront des rayons de lumière dans la société pluraliste, rendant d’autres curieux de chercher la lumière qui donne la vie en abondance. « Il n’y a rien de plus beau que de le connaître et de communiquer aux autres l’amitié avec lui » (Homélie lors du commencement solennel du Ministère pétrinien, 24 avril 2005). De cette expérience croît enfin cette certitude : « Là où il y a Dieu, là, il y a un avenir ». Là où Dieu est présent, là est l’espérance et là s’ouvrent de perspectives nouvelles et souvent inattendues qui dépassent l’aujourd’hui et les choses éphémères. En ce sens, j’accompagne, par la pensée et la prière, le cheminement de l’Église en Allemagne.

Comblé d’expériences et de souvenirs profondément gravés de ces jours passés dans mon pays natal, je repars maintenant à Rome. Avec l’assurance de mes prières pour vous tous et pour un bel avenir de notre pays dans la paix et la liberté, je prends congé avec un cordial ‘ Que Dieu vous le rende !’. Que Dieu vous bénisse tous !



SALUT DE BENOÎT XVI AU PERSONNEL DES VILLAS PONTIFICALES DE CASTEL GANDOLFO Castel Gandolfo Mercredi 28 septembre 2011

Chers frères et soeurs,

Nous voici arrivés à la conclusion de mon séjour estival à Castel Gandolfo. Cette année encore, j’ai souhaité vous rencontrer pour vous saluer tous ensemble et vous exprimer ma reconnaissance pour le service précieux que vous avez rendu et pour celui que vous continuerez à rendre avec compétence dans la gestion de cette demeure. En la personne du directeur, M. Saverio Petrillo, qui avec sa courtoisie habituelle, s’est fait l’interprète des sentiments de tous, je remercie toute la communauté de travail qui s’occupe du Palais et des Villas pontificales.

Dans ce lieu, on vit en contact permanent avec la nature et dans une atmosphère de silence. Je suis heureux de profiter de cette circonstance pour rappeler que l’une et l’autre nous rapprochent de Dieu: la nature, en tant que chef-d’oeuvre issu des mains du Créateur; le silence, qui nous permet de penser et de méditer sans distractions sur l’essentiel de notre existence. Romano Guardini affirmait: «Ce n’est que dans le silence que j’arrive jusque devant Dieu et ce n’est que dans le silence que je me connais moi-même». Dans un cadre comme celui-ci, il est plus facile de se retrouver soi-même, en écoutant la voix intérieure, la présence de Dieu, dirais-je, qui donne un sens profond à notre vie.

En demeurant ici, à Castel Gandolfo, j’ai vécu ces derniers mois des moments sereins d’étude, de prière et de repos. Même les Audiences générales, dans le cadre plus familial et gai de la cour du Palais ou de la place qui lui fait face, se sont déroulées de manière régulière grâce à votre collaboration toujours attentive. Que le Seigneur récompense chacun par l’abondance de ses dons et vous garde dans la paix, avec vos familles. Je vous remercie en particulier parce que vous m’accompagnez par le soutien de votre prière, et cette aide ne fera pas défaut après mon départ de ces lieux.

Le chrétien se distingue essentiellement par la prière et par la charité. Chers amis, je vous invite à continuer d’exercer l’une et l’autre dans votre vie, en rendant témoignage de votre foi. Aussi bien la prière que la charité nous permettent de maintenir notre regard vers Dieu pour le bien de nos frères: la relation avec le Seigneur, dans la prière, nourrit notre esprit et nous permet d’être encore plus généreux et ouverts dans la charité envers les plus nécessiteux.

Alors que je vous assure de mon souvenir dans mes prières, je vous souhaite tout le bien possible pour votre vie de famille, pour le travail quotidien et pour la scolarité de vos enfants et de vos jeunes. Je pense aussi à la formation chrétienne: j’invite les jeunes à participer activement au catéchisme et les adultes à profiter également de ces occasions de formation. Je vous confie à la protection de la Vierge Marie et je donne de tout coeur à chacun de vous ici présents et à vos proches une Bénédiction apostolique particulière.


AUX DIFFÉRENTES AUTORITÉS DE CASTEL GANDOLFO Palais Apostolique de Castel Gandolfo, Salle des Suisses Jeudi 29 septembre 2011

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Chers frères et soeurs,

Cette année également est sur le point de se conclure la période estivale que j’ai l’habitude de passer dans cette noble et accueillante localité qui est toujours plus chère à mon coeur. Castel Gandolfo, cet été encore, a ouvert ses portes au nombreux pèlerins et visiteurs venus rencontrer le Pape et prier avec Lui, notamment le dimanche pour le traditionnel rendez-vous de l’Angelus ainsi qu’un certain nombre de mercredis pour l’Audience générale. Ces derniers mois, j’ai pu admirer, encore une fois, la sollicitude et l’oeuvre généreuse de nombreuses personnes engagées à me garantir l’assistance nécessaire, ainsi qu’à mes collaborateurs, aux hôtes et aux pèlerins qui viennent me rendre visite. C’est pour toutes ces raisons que je souhaite exprimer ma profonde reconnaissance à chacun de vous, qui avez permis que je passe un séjour serein.

Je salue avec une affection fraternelle tout d’abord l’évêque d’Albano Laziale, Mgr Marcello Semeraro, et je lui suis reconnaissant de l’attention dont il a toujours fait preuve à mon égard. Je salue le curé et la communauté paroissiale de Castel Gandolfo, ainsi que les communautés religieuses et laïques, masculines et féminines, présentes sur le territoire. Ces derniers mois, j’ai ressenti leur proximité spirituelle et je les remercie de tout coeur, en leur souhaitant à toutes de répondre avec une générosité renouvelée à l’appel de Dieu, en dépensant toutes leurs énergies au service de l’Evangile.

J’adresse mes salutations respectueuses à Monsieur le Maire et aux membres de l’administration municipale. Merci de votre attention et pour tout ce que vous avez fait pour moi et pour mes collaborateurs au cours de ces derniers mois. A travers vous, chers administrateurs publics, je remercie et je salue tous les habitants, avec une pensée particulière pour les personnes âgées et malades, auxquelles j’assure mon souvenir dans la prière.

Je m’adresse à présent aux dirigeants et aux employés des différents services du gouvernorat : le Corps de la gendarmerie, la Floreria, les services techniques, les services médicaux, ainsi que la Garde suisse pontificale. Chers amis, j’exprime mon estime sincère et ma grande reconnaissance pour le travail que vous avez accompli quotidiennement, en garantissant l’assistance et la sécurité à l’intérieur du Palais apostolique et des Villas pontificales. Je remercie ensuite les responsables et les agents des différentes forces de l’ordre italiennes, pour leur collaboration assidue, ainsi que les officiers et les aviateurs du 31e escadron de l’aéronautique militaire. Si tout s’est déroulé dans la sérénité et la tranquillité, on le doit sans aucun doute à votre présence et à votre service compétent.

Chers frères et soeurs, je vous exprime à tous ma reconnaissance la plus sincère. Merci encore de votre présence à cette rencontre, notamment à ceux qui se sont fait les interprètes de vos sentiments. Je vous assure pour ma part que je ne manquerai pas de prier pour chacun de vous et pour toutes vos intentions et je vous demande de vous souvenir de moi dans vos prières. Puisse le Seigneur, riche en bonté et en miséricorde, qui ne fait jamais manquer son aide à ceux qui s’en remettent à Lui, être toujours votre solide soutien. Que veille sur vous la Vierge Marie, que nous invoquerons au mois d’octobre en particulier pour la récitation du chapelet. Qu’elle vous accompagne, vous et vos familles, à chaque instant. Avec ces sentiments, je vous bénis avec affection, ainsi que vos proches et toutes les personnes qui vous sont chères.

AUX ÉVÊQUES DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE D'INDONÉSIE

EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM" Salle du Consistoire Vendredi 7 octobre 2011

Chers frères évêques,

Je suis heureux de vous souhaiter une bienvenue affectueuse et fraternelle à l’occasion de votre visite ad limina Apostolorum, une opportunité privilégiée pour rendre grâce à Dieu pour le don de communion qui existe dans l’unique Eglise du Christ, et un temps d’approfondissement de nos liens d’unité dans la foi apostolique. Je désire remercier Mgr Situmorang pour ses paroles cordiales, prononcées en votre nom et au nom de ceux qui sont confiés à votre sollicitude pastorale. J’adresse mes salutations cordiales également aux prêtres, aux religieux, aux religieuses et aux laïcs confiés à vos soins pastoraux. Je vous prie de les assurer de mes prières pour leur sanctification et pour leur bien-être.

1352 Le message du Christ de salut, de pardon et d’amour est prêché depuis des siècles dans votre pays. En effet, l’impulsion missionnaire reste essentielle pour la vie de l’Eglise et trouve son expression non seulement dans la prédication de l’Evangile, mais également dans le témoignage de la charité chrétienne (cf. Ad gentes AGD 2). A cet égard, j’apprécie les efforts intenses accomplis par de nombreuses personnes et par des organismes au nom de l’Eglise pour apporter la tendre compassion de Dieu aux nombreux membres de la société indonésienne.

Telle est la caractéristique de chaque mouvement, action et expression de l’Eglise, dans tous ses efforts sacramentels, caritatifs, éducatifs et sociaux, de manière à ce qu’en toute chose ses membres puissent chercher à faire connaître le Dieu Un et Trine et à le faire aimer à travers Jésus Christ. Cela ne contribuera pas seulement à la vitalité spirituelle de l’Eglise, alors qu’elle grandit dans la confiance à travers un témoignage humble mais courageux, mais renforcera également la société indonésienne en promouvant les valeurs chères à vos citoyens: tolérance, unité et justice pour tous. La constitution indonésienne garantit de manière opportune le droit humain fondamental à la liberté de pratiquer sa propre religion. La liberté de vivre et de prêcher l’Evangile ne doit jamais être tenue pour acquise et doit toujours être justement et patiemment soutenue. De même, la liberté de religion n’est pas seulement le droit à être libres d’obligations extérieures. Elle est également un droit à être catholiques de manière authentique et complète, à pratiquer la foi, à édifier l’Eglise et à contribuer au bien commun, en proclamant l’Evangile comme Bonne nouvelle pour tous et en invitant chacun à l’intimité avec le Dieu de la miséricorde et de la compassion rendu manifeste en Jésus Christ.

Une partie significative de l’oeuvre caritative et éducative dans vos diocèses est menée sous la direction de religieux et de religieuses. Leur consécration au Christ et leurs vies de prière profonde et de sacrifice authentique continuent à enrichir l’Eglise et à rendre la présence de Dieu visible et active dans votre nation. Je désire exprimer ma reconnaissance aux nombreux prêtres, religieux et religieuses qui rendent gloire au Seigneur à travers d’innombrables bonnes oeuvres qui sont bénéfiques à leurs frères et à leurs soeurs indonésiens.

Leurs efforts sont une expression indispensable de l’engagement de l’Eglise au service de l’humanité et en particulier pour les plus démunis. C’est pour cette raison que je vous demande, chers frères évêques, de continuer à garantir que la formation et l’éducation que les séminaristes, les religieux et les religieuses reçoivent soient toujours adaptées à la mission qui leur est confiée. Face à la complexité croissante de notre monde et à la transformation rapide de la société indonésienne, la nécessité de religieux et de religieuses bien préparés est plus que jamais urgente. En accord avec leurs supérieurs locaux, assurez-vous du fait qu’ils aient reçu le nécessaire pour conduire des existences pleines de sagesse et de connaissances spirituelles, et pour porter du fruit dans chaque bonne oeuvre (cf. Col Col 1,9-10).

Je ne peux que vous encourager dans vos efforts constants pour promouvoir et soutenir le dialogue interreligieux dans votre nation. Votre pays, si riche dans sa diversité culturelle et doté d’un vaste population, est la patrie de très nombreux fidèles de diverses traditions religieuses. Le peuple indonésien est donc bien préparé pour contribuer de manière importante au désir de paix et de compréhension entre les peuples du monde. Votre participation à cette grande entreprise est décisive et je vous exhorte donc, chers frères, à faire en sorte que ceux qui sont confiés à vos soins pastoraux sachent que, en tant que chrétiens, ils doivent être des agents de paix, de persévérance et de charité. L’Eglise est appelée à suivre son Divin Maître qui récapitule toutes choses en Lui et à témoigner de cette paix que Lui seul peut donner. Tel est le fruit précieux de la charité en Celui qui, souffrant injustement, nous a donné sa vie et nous a enseigné à répondre dans toutes les situations par le pardon, la miséricorde et l’amour dans la charité. Les croyants en Christ, enracinés dans la vérité, devraient s’engager dans le dialogue avec les autres religions, en respectant les différences réciproques. Les efforts communs pour l’édification de la société auront une grande valeur s’ils renforcent les amitiés et surmontent les équivoques ou certaines formes de méfiance. Je suis certain que vous aussi, ainsi que les prêtres, les religieux et les laïcs de vos diocèses, continuerez à rendre témoignage de l’image et de la ressemblance de Dieu en chaque homme, femme et enfant, indépendamment de leur foi, en encourageant chacun à être ouvert au dialogue dans le service de la paix et de l’harmonie. En faisant tout votre possible pour garantir que les droits des minorités dans votre pays soient respectés, promouvez la cause de la tolérance et de l’harmonie réciproques dans votre pays et ailleurs.
Chers frères évêques, avec ces réflexions, je vous renouvelle mes sentiments d’affection et d’estime. Votre pays est composé de milliers d’îles; de même, l’Eglise qui est en Indonésie est composée de milliers de communautés chrétiennes, des «îles de présence du Christ». Soyez toujours unis dans la foi, dans l’espérance et dans la charité entre vous et avec le Successeur de Pierre. Je vous confie tous à l’intercession de Marie, Mère de l’Eglise. En vous assurant de mes prières pour vous et pour ceux qui sont confiés à votre sollicitude pastorale, je suis heureux de vous donner ma Bénédiction apostolique, en gage de grâce et de paix dans le Seigneur.

Novembre


À S.E. M. JOSEPH TEBAH-KLAH,

AMBASSADEUR DE CÔTE D'IVOIRE PRÈS LE SAINT-SIÈGE

Vendredi 4 novembre 2011



Monsieur l’Ambassadeur,

Il m'est agréable d'accueillir Votre Excellence à l'occasion de la présentation des Lettres qui vous accréditent en qualité d'Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Côte d'Ivoire près le Saint-Siège. Je vous exprime ma reconnaissance pour les salutations cordiales que vous venez de m'adresser au nom de Son Excellence le Docteur Alassane Dramane Ouattara, Président de la République. Je vous saurai gré de bien vouloir lui transmettre en retour les voeux que je forme pour sa personne et pour l'accomplissement de sa haute charge au service de sa nation. Je prie d'ailleurs le Prince de la Paix pour qu'il le guide et le soutienne dans ses efforts pour progresser sur les voies d'une paix durable, afin que tous ceux qui habitent la terre ivoirienne puissent mener une vie calme et digne, sereine et heureuse. A travers vous, je voudrais assurer le peuple ivoirien tout entier de mon amitié.

Vous venez de rappeler, Monsieur l'Ambassadeur, la ferme volonté des responsables de votre pays de ne ménager aucun effort pour parvenir à une réconciliation nationale et à une cohésion sociale solide et vraie. À cet effet, je salue la création de la Commission Dialogue-Vérité-Réconciliation.Puisse-t-elle faire diligence dans ses activités, et travailler en toute impartialité ! C’est avec grande préoccupation, que j'ai suivi le déroulement dramatique de la crise postélectorale qu'a connue votre pays. Elle a porté atteinte à la cohésion sociale et conduit à des divisions toujours actuelles. Pour le bien de tous ses habitants, puisse la Côte d’Ivoire s'engager avec détermination sur le chemin de la concorde, de la promotion de la dignité humaine et retrouver l'unité nationale ! Le psaume 133 dit : « Qu'il est bon et doux pour des frères de vivre ensemble et d'être unis » (v. 1). C’est ce chemin de réconciliation qu’il faut entreprendre car l’Afrique et le monde vous regardent avec attention et confiance.

1353 La grave crise que la Côte d’Ivoire vient de traverser, a donné lieu également à des violations graves des droits de l'homme, et à de nombreuses pertes en vies humaines. C’est pourquoi j’encourage votre pays à promouvoir toutes les initiatives qui conduisent à la paix et à la justice. Il ne faut pas avoir peur de faire la vérité sur les crimes et sur toutes les atteintes commises contre les droits des personnes. Le vivre ensemble ne sera possible et harmonieux qu’à travers la recherche de la vérité et de la justice. Et ce vivre ensemble passe par le respect des droits inaliénables de l'autre qui est, en fait, un autre moi-même, ainsi que par la reconnaissance et le respect du caractère sacré de toute vie humaine. Car toute vie vient de Dieu et elle est sacrée à cause de son origine divine. Ainsi, la perte d'une vie humaine, quelle qu’elle soit – petite ou grande, riche ou pauvre – est toujours un drame, surtout lorsque l’homme en est responsable.

Monsieur l'Ambassadeur, je voudrais encourager les responsables de votre pays à s’engager avec résolution sur la voie d’une gouvernance transparente et équitable, et je salue le code de bonne conduite des membres du gouvernement, qui a été adopté dans la première quinzaine du mois d'août dernier. Pour réaliser le bien commun, il faut de la rigueur, de la justice et de la transparence dans la gestion des affaires publiques. Il revient aux acteurs politiques de tout mettre en oeuvre pour que les richesses du pays profitent équitablement à chaque citoyen.

Comme de nombreux pays africains, la Côte d'Ivoire connaît une diversité de religions et d'ethnies. C’est une grande richesse. Le vivre ensemble doit toujours être ardemment souhaité et encouragé. Comme je l'ai dit dans ma première Encyclique: «L’État ne peut imposer la religion, mais il doit en garantir la liberté, ainsi que la paix entre les fidèles des différentes religions. De son côté, l'Église comme expression sociale de la foi chrétienne a son indépendance et, en se fondant sur sa foi, elle vit sa forme communautaire, que l'État doit respecter. Les deux sphères sont distinctes, mais toujours en relation de réciprocité » (Deus Caritas est ). A cet effet, le bon fonctionnement des écoles et autres institutions à caractère éducatif est indispensable. Car, que serait l'avenir et le développement d'une nation sans des institutions éducatives fortes où l'on enseigne et promeut les valeurs morales, intellectuelles, humaines et spirituelles? Je suis certain que ce chantier éducatif est déjà l'une des priorités pour construire la Côte d'Ivoire de demain que je souhaite dynamique et prospère, pacifique et responsable.

L’Église, pour sa part, participe avec sa spécificité à l’effort de reconstruction. Elle ne désire pas se substituer à l’État, mais elle peut à travers ses nombreuses institutions dans les domaines éducatifs et sanitaires apporter réconfort et soin de l'âme, et cette aide est souvent plus nécessaire que le soutien matériel surtout lorsqu’il faut panser tant de blessures du corps et de l’âme. À travers vous, Excellence, je salue les Évêques et les fidèles de votre cher pays.

Votre Excellence vient d’inaugurer officiellement ses fonctions auprès du Saint-Siège. Elles coïncident d’ailleurs avec le quarantième anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre votre pays et le Saint-Siège. Je forme les souhaits les meilleurs pour l’heureux accomplissement de votre mission. Soyez sûr de toujours trouver auprès de mes collaborateurs attention et compréhension cordiales. En invoquant l’intercession de la Vierge Marie, je prie le Seigneur de répandre de généreuses bénédictions sur vous-même, sur votre famille et sur vos collaborateurs, ainsi que sur les dirigeants et le peuple ivoiriens.


À S.E. M. REINHARD SCHWEPPE, NOUVEL AMBASSADEUR

DE LA RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE D'ALLEMAGNE

PRÈS LE SAINT-SIÈGE Lundi 7 novembre 2011

Monsieur l’ambassadeur!

C’est pour moi une joie de vous souhaiter la bienvenue à l’occasion de la présentation des Lettres qui vous accréditent comme ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République fédérale d’Allemagne près le Saint-Siège. Je vous remercie de vos paroles courtoises et je vous prie, Excellence, de transmettre au président fédéral, à la chancelière fédérale et aux membres du gouvernement fédéral, mes sincères remerciements. Dans le même temps, je tiens à assurer tous vos concitoyens allemands de ma profonde affection et de ma bienveillance. Nous avons encore devant les yeux, de manière vivante, les images joyeuses de mon voyage en Allemagne, au mois de septembre dernier. Les multiples démonstrations de sympathie et d’estime qui m’ont été réservées lors des diverses étapes de ma visite, à Berlin, Erfurt, Etzelbach, ainsi qu’à Fribourg, ont été bien au-delà de toutes les attentes. Partout, j’ai pu voir combien les personnes aspirent à la vérité. Nous, chrétiens, devons rendre témoignage de la vérité, pour lui donner une forme dans notre vie personnelle, familiale et sociale.

La visite officielle d’un Pape en Allemagne peut être l’occasion de réfléchir sur le service que l’Eglise catholique et le Saint-Siège peuvent offrir dans une société pluraliste, comme c’est le cas dans notre patrie. Beaucoup de contemporains estiment que l’influence du christianisme, ainsi que des autres religions consiste à façonner une culture et un style de vie déterminés dans la société. Un groupe de croyants peut marquer, à travers son comportement, certaines formes de vie sociale, qui sont adoptées par d’autres personnes, en imprimant ainsi à la société un caractère spécifique. Cette idée n’est pas fausse, mais elle ne correspond pas entièrement à la vision que l’Eglise catholique a d’elle-même. Sans aucun doute, l’Eglise est aussi une communauté culturelle et influence de cette manière les sociétés dans lesquelles elle est présente. Toutefois, elle est convaincue de n’avoir pas seulement créé des aspects culturels communs sous différentes formes dans divers pays, et d’avoir été à son tour façonnée par leurs traditions. L’Eglise catholique est également consciente de connaître, à travers sa foi, la vérité sur l’homme et donc d’avoir le devoir d’intervenir en faveur des valeurs qui sont valables pour l’homme en tant que tel, indépendamment des diverses cultures. Elle distingue entre les spécificités de sa foi et les vérités de la raison, à laquelle la foi ouvre les yeux et auxquelles l’homme, en tant qu’homme, peut accéder aussi en faisant abstraction de cette foi. Fort heureusement, la protection de toutes les valeurs humaines universelles est devenu un droit positif dans notre Constitution de 1949 et dans les déclarations sur les droits de l’homme après la Seconde Guerre mondiale, parce que certaines personnes, après les horreurs de la dictature, ont reconnu leur valeur universelle, qui se base sur leur vérité anthropologique et l’ont traduite en droit réel. Aujourd’hui, l’on discute à nouveau des valeurs fondamentales de l’être humain, dont l’enjeu est la dignité de l’homme en tant que tel. Ici, l’Eglise, au-delà du domaine de sa foi, considère comme son devoir de défendre, dans toute notre société, les vérités et les valeurs, dans lesquelles est en jeu la dignité de l’homme en tant que tel. Par conséquent, pour citer un point particulièrement important, nous n’avons pas le droit de juger si un individu est «déjà une personne» ou bien «encore une personne», et moins encore si nous pouvons manipuler l’homme et vouloir, pour ainsi dire, le faire. Une société est vraiment humaine uniquement lorsqu’elle protège sans réserve et respecte la dignité de toute personne, de sa conception jusqu’au moment de sa mort naturelle. Toutefois, si l’on décidait d’«écarter» ses membres ayant le plus besoin de protection, d’exclure certains hommes de l’humanité, on se comporterait de manière profondément inhumaine et de manière contraire à la vérité vis-à-vis de l’égalité — évidente pour toute personne de bonne volonté — de la dignité de toutes les personnes, à tous les stades de la vie. Si le Saint-Siège intervient dans le domaine législatif au sujet des questions fondamentales de la dignité humaine, qui se posent aujourd’hui dans de nombreux domaines de l’existence prénatale de l’homme, il ne le fait pas pour imposer la foi à d’autres de manière indirecte, mais pour défendre des valeurs qui sont pour tous fondamentalement intelligibles comme la vérité de l’existence, même si des intérêts d’autre nature cherchent à obscurcir de diverses manières cette considération.

Je voudrais maintenant affronter ici un autre aspect préoccupant qui, semble-t-il, se répand à travers des tendances matérialistes et hédonistes surtout dans les pays dits du monde occidental, à savoir la discrimination sexuelle des femmes. Toute personne, homme ou femme, est destinée à exister pour les autres. Un rapport qui ne respecte pas le fait que l’homme et la femme ont la même dignité, constitue un grave crime contre l’humanité. Le moment est venu de mettre un terme de façon énergique à la prostitution, ainsi qu’à la large diffusion de matériel à contenu érotique ou pornographique, également sur internet. Le Saint-Siège sera attentif à ce que l’engagement contre ces maux de la part de l’Eglise catholique qui est en Allemagne aille de l’avant de façon plus décisive et plus claire.

En ce qui concerne les nombreuses années de relations cordiales entre la République fédérale et le Saint-Siège nous pouvons observer de bons résultats d’ensemble. C’est un bien que l’Eglise catholique qui est en Allemagne ait d’exceptionnelles possibilités d’action, qu’elle puisse annoncer l’Evangile librement et puisse aider les personnes dans le cadre de nombreuses structures caritatives et sociales. Je suis vraiment reconnaissant pour le soutien concret offert à ce travail par les institutions fédérales, régionales et municipales. Parmi les nombreux aspects d’une collaboration positive et appréciable entre l’Etat et l’Eglise catholique, je désire citer, par exemple, la protection du droit ecclésiastique du travail de la part du droit public, ainsi que le soutien offert aux écoles catholiques et aux institutions catholiques dans le domaine caritatif, dont l’oeuvre sert, en définitive, au bien-être de tous les citoyens.

1354 Monsieur l’ambassadeur, je vous souhaite un bon début de mission et un grand succès dans cette tâche. Je vous assure dans le même temps de l’aide et de la disponibilité des représentants de la Curie romaine dans l’accomplissement de votre mission. J’invoque de tout coeur sur vous, sur votre femme et sur les collaborateurs et les collaboratrices de l’ambassade de la République fédérale d’Allemagne près le Saint-Siège, la protection constante de Dieu et ses abondantes Bénédictions.



À L'OCCASION DE LA REMISE DU TITRE DE CITOYEN D'HONNEUR DE LA VILLE DE NATZ-SCHABS/NAZ-SCIAVES (ITALIE)

Auletta de la Salle Paul VI
Mercredi 9 novembre 2011

Cher Monsieur le maire,
chers confrères dans le sacerdoce,
chers amis de Naz-Sciaves !

Je ne peux que vous dire un « Vergelt’s Gott » [Dieu vous le rende] sincère pour le grand honneur que vous m’avez fait d’être à présent citoyen d’honneur de votre ville, et d’être donc, pour ainsi dire, l’un de vos concitoyens, également d’un point de vue juridique et administratif. Merci pour le beau tableau que vous m’avez offert, et qui me permettra de « me promener » dans votre commune et de cette façon également, de me sentir chez moi, même si je crains qu’il ne me sera plus possible d’y retourner en personne, mais seulement de contempler Naz-Sciaves d’en-haut. Toutefois, je suis proche de vous par le coeur, et je suis vraiment content pour ce don que vous m’avez fait.

Le Tyrol du sud est une terre particulière et grâce aux récits de ma mère, il est resté gravé dans mon coeur. Je n’ai pas pu connaître en personne mon arrière grand-mère et ma grand-mère: ma grand-mère est morte lorsque j’avais trois ans; mais de nombreux récits sont restés à son sujet, en particulier le fait que toute sa vie, elle a gardé dans son coeur la nostalgie du Tyrol du sud et qu’elle ne s’est jamais vraiment sentie chez elle en Bavière. Lors de sa dernière maladie, elle a dit : « Si seulement je pouvais avoir un peu d’eau de mon pays, je suis sûre que je guérirais ! ». Elle ne pouvait plus guérir, mais elle a vécu des «eaux» de son pays natal, et a eu une vie difficile, mais dans le même temps pleine et riche.

A ce propos, une autre petite histoire me revient à l’esprit. Lorsqu’elle était jeune fille, ma mère a travaillé chez une famille de Kufstein; elle y avait trouvé une amie, qui épousa ensuite un boulanger, et que je connaissais moi aussi lorsque j’étais enfant. Elle l’aimait beaucoup et son amie lui répétait souvent : « Mariedl, il faut que tu le saches: le Tyrol a été bâti par les anges ! ». Notre mère l’a gardé comme une sorte de testament et ainsi, nous l’a transmis à nous aussi. Elle était convaincue, au plus profond d’elle-même, que c’était la vérité. Puis, en 1940, j’avais alors 13 ans, avec mon frère et ma soeur, nous sommes allés faire une excursion en bicyclette dans le Tyrol du nord, et nous avons pu constater que c’était vrai: que c’était bien les anges qui l’avaient bâti. Puis, dans les années 50, je me suis également rendu dans le Tyrol du sud, et j’ai pu percevoir cette proximité particulière de Dieu qui s’exprime dans la beauté de ces terres. Mais cette région n’est pas devenu si belle uniquement grâce à la Création, mais aussi parce que les hommes ont répondu au Créateur: si nous pensons aux clochers gothiques, aux belles maisons, à la gentillesse et à la cordialité des personnes, à la belle musique, nous comprenons que les hommes ont répondu et que dans la collaboration — entre le Créateur, ses anges et les hommes —, elle est devenue une très belle terre, une terre extraordinairement belle. Et je suis fier et heureux d’en faire partie, d’une façon ou d’une autre.

Mon voeu en cet instant est qu’elle demeure ainsi. Monsieur le maire, vous avez parlé de l’église qui se trouve toujours au centre de la ville et qui est l’expression de la communion qui continue d’unir les personnes et qui est, dans le même temps, également un signe d’ouverture : elle ouvre la communauté au-delà de la vallée vers toute la chrétienté, vers le monde, et engendre des responsabilités communes. Mon voeu est donc qu’il en soit toujours ainsi; que la nature, la création et l’existence des hommes soient liées en une unique harmonie; que la foi apporte la joie et aide à surmonter également les situations difficiles — je crois que mon arrière grand-mère est partie parce que sa maison était menacée par les inondations — ; que soit ravivée la force de maintenir toujours et encore — chaque génération doit recommencer — cette terre aussi belle qu’elle l’est à présent, belle de l’intérieur ; et qu’elle puisse donc demeurer une patrie qui aide les personnes à vivre leur existence humaine de façon juste.

« Vergelt’s Gott » [Dieu vous le rence] pour tout et que la bénédiction de Dieu soit sur vous tous !




À LA DÉLÉGATION DE L'« ISRAELI RELIGIOUS COUNCIL » Salle des Papes Jeudi 10 novembre 2011

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Discours 2005-2013 1348