Discours 2005-2013 21211


« ORATORIO DE NOËL DES ALPES » ET PROJECTION DU FILM

« DU CIEL À LA TERRE - L'AVENT ET NOËL DANS LES PRÉALPES BAVAROISES »,

OFFERTS AU PAPE PAR LE BAYERISCHER RUNDFUNK Salle Clémentine Vendredi 2 décembre 2011

Eminence, Excellence!
Mesdames et Messieurs!
chers amis!

Au terme de ce moment de l’Avent ici, au Palais apostolique, je voudrais vous adresser quelques mots. J’adresse tout d’abord mes remerciements cordiaux à ceux qui ont rendu cette soirée possible. Je remercie M. Hans Berger avec son Ensemble et le «Coro Montini», pour la présentation de l’«Oratorio de Noël des Alpes», qui m’a vraiment profondément touché. Je vous remercie de tout coeur. Je remercie ensuite la radio-télévision bavaroise, représentée par M. Mandlik et par Mme Sigrid Esslinger, pour la projection du film sur l’Avent et Noël dans les Préalpes bavaroises. Vous avez tous apporté un peu des coutumes et du sens de la vie typiquement bavarois dans la maison du Pape: je ne peux que vous dire de tout coeur: «Que le Seigneur vous rende grâce» pour ce don.

1375 Et j’espère que nos amis italiens aussi ont ressenti de la joie à travers cette inculturation de la foi dans nos terres, en particulier vous, Eminence [en s’adressant au cardinal Bertone], en ce jour de votre anniversaire. Chez nous, comme on l’a dit, l’Avent est appelé «temps silencieux» — staade Zeit. La nature fait une pause; la terre est recouverte par la neige; on ne peut pas travailler, à la campagne, à l’extérieur; tous sont contraints de rester chez eux. Le silence de la maison devient, pour la foi, attente du Seigneur, joie de sa présence. C’est ainsi que sont nées toutes ces mélodies, toutes ces traditions qui rendent un peu — comme on l’a dit également aujourd’hui — «le ciel présent sur la terre». Un temps silencieux, un temps de silence. Aujourd’hui, l’Avent est souvent précisément le contraire: un temps d’activité effrénée, on achète, on vend, un temps de préparatifs pour Noël, de grands repas, etc. Il en est ainsi chez nous aussi. Mais, comme vous l’avez vu, les traditions populaires de la foi n’ont pas disparu, elles ont même été renouvelées, approfondies, mises à jour. Et ainsi, elles créent des îles pour l’âme, des îles de silence, des îles de foi, des îles pour le Seigneur, dans notre temps, et cela me semble très important. Et nous devons remercier tous ceux qui le font: ils le font dans leurs familles, dans les églises, avec des groupes plus ou moins professionnels, mais tous font la même chose: rendre la réalité de la foi présente dans nos maisons, dans notre temps. Et espérons qu’à l’avenir également, cette force de la foi, sa visibilité, demeure et aide à aller de l’avant, comme le veut l’Avent, vers le Seigneur.

Je vous remercie donc tous de tout coeur et que «Dieu vous rende grâce» pour tout!



ILLUMINATION VIA INTERNET

DU SAPIN DE NOËL DE GUBBIO (ITALIE) Salle des Foconi Mercredi 7 décembre 2011

Chers habitants de Gubbio ! Chers amis !

C’est bien volontiers que j’ai accueilli l’invitation à allumer le grand arbre de Noël qui chaque année domine la ville de Gubbio. Je remercie le comité d’organisation et, en particulier, l’évêque Mgr Ceccobelli pour les paroles qu’il m’a adressées au nom de la ville et du diocèse de Gubbio. Un salut à vous tous, qui êtes rassemblés sur la place de Gubbio ou en liaison avec nous à travers la télévision !

Avant d’allumer les lampes de l’arbre, je voudrais formuler un triple et simple voeu.

Ce grand arbre de Noël est situé sur les pentes du Mont Ingino au sommet duquel, comme le rappelait l’évêque, se trouve également la basilique du patron de Gubbio, saint Ubaldo. En le contemplant, notre regard est attiré de façon naturelle vers le haut, vers le Ciel, vers le monde de Dieu.

Ainsi, mon premier voeux est que notre regard, celui de l’esprit et du coeur, ne s’arrête pas seulement à l’horizon de notre monde, aux choses matérielles, mais qu’il soit un peu comme cet arbre, qu’il sache tendre vers le haut, qu’il sache s’adresser à Dieu. Lui ne nous oublie jamais, mais il demande que nous non plus, nous ne l’oublions pas !

L’Evangile nous dit que pendant la nuit de Noël, une lumière enveloppa les pasteurs (cf. Lc 2,9-11) leur annonçant une grande joie : la naissance de Jésus, de Celui qui vient apporter la lumière, ou mieux, de Celui qui est la véritable lumière qui illumine chaque homme (cf. Jn 1,9). Le grand arbre que j’allumerai d’ici peu domine la ville de Gubbio et illuminera par sa lumière l’obscurité de la nuit.

Le deuxième voeu est que celui-ci rappelle que nous avons nous aussi besoin d’une lumière qui illumine le chemin de notre vie et nous apporte l’espérance, en particulier à notre époque, où nous ressentons de manière particulière le poids des difficultés, des problèmes, des souffrances, et où un voile de ténèbres semble nous envelopper. Mais quelle lumière est capable d’illuminer véritablement notre coeur et de nous donner une espérance ferme, sûre ? C’est précisément l’Enfant que nous contemplons lors de Noël, dans une simple et pauvre grotte, car il est le Seigneur qui se fait proche de chacun de nous et qui demande que nous l’accueillions à nouveau dans notre vie, qui nous demande de l’aimer, d’avoir confiance en Lui, de sentir qu’il est présent, qu’il nous accompagne, qu’il nous soutient, qu’il nous aide.

1376 Mais ce grand arbre est formé par tant de lumières. Le dernier voeu que je voudrais formuler est que chacun de nous sache porter un peu de lumière dans les milieux dans lesquels il vit: en famille, au travail, dans son quartier, dans les villages, dans les villes. Que chacun soit une lumière pour celui qui est à ses côtés; qu’il sorte de l’égoïsme qui ferme souvent le coeur et incite à penser uniquement à soi-même; qu’il donne un peu d’attention à l’autre, un peu d’amour. Chaque petit geste de bonté est comme une lumière de ce grand arbre: avec les autres lumières, il est capable d’illuminer l’obscurité de la nuit, même la plus sombre.

Je vous remercie donc, et que la lumière et la bénédiction du Seigneur descende sur tous.




HOMMAGE À L'IMMACULÉE CONCEPTION, PLACE D'ESPAGNE À ROME



Solennité de l’Immaculée Conception Jeudi 8 décembre 2011 £[Vidéo] Galerie photographique




Chers frères et soeurs!

La grande fête de Marie Immaculée nous invite chaque année à nous retrouver ici, sur l’une des plus belles places de Rome, pour lui rendre hommage à Elle, la Mère du Christ, et notre Mère. Je vous salue affectueusement vous tous ici présents, ainsi que ceux qui sont unis à nous à travers la radio et la télévision. Je vous remercie de votre participation commune à ma prière.

Au sommet de la colonne que nous entourons, Marie est représentée par une statue rappelant en partie le passage de l’Apocalypse qui vient d’être proclamé: «Un signe grandiose apparut dans le ciel: une femme revêtue de soleil, la lune sous ses pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles» (Ap 12,1). Quelle est la signification de cette image? Elle représente dans le même temps la Vierge et l’Eglise.

Avant tout, la «femme» de l’Apocalypse est Marie elle-même. Elle apparaît «revêtue de soleil», c’est-à-dire revêtue de Dieu: la Vierge Marie est en effet tout entourée de la lumière de Dieu et elle vit en Dieu. Ce symbole des vêtements lumineux exprime clairement une condition qui concerne tout l’être de Marie: Elle est la «pleine de grâce», comblée de l’amour de Dieu. Et «Dieu est lumière», dit encore saint Jean (1Jn 1,5). Et voici alors que la «pleine de grâce», l’«Immaculée», reflète par toute sa personne la lumière du «soleil» qui est Dieu.

Cette femme a la lune sous ses pieds, symbole de la mort et de la mortalité. En effet, Marie est pleinement associée à la victoire de Jésus Christ, son Fils, sur le péché et sur la mort; elle est libre de toute ombre de mort et totalement comblée de vie. De même que la mort n’a plus aucun pouvoir sur le Christ ressuscité (cf. Rm 6,9), de même, en vertu d’une grâce et d’un privilège singuliers du Dieu tout-puissant, Marie l’a laissée derrière elle, elle l’a dépassée. Et cela se manifeste dans les deux grands mystères de son existence: au début, le fait d’avoir été conçue sans péché originel, qui est le mystère que nous célébrons aujourd’hui; et, à la fin, le fait d’avoir été élevée, âme et corps, au ciel, dans la gloire de Dieu. Mais toute sa vie terrestre a été aussi une victoire sur la mort, parce qu’elle a été entièrement donnée au service de Dieu, dans l’offrande totale de soi pour Lui et pour le prochain. C’est pourquoi Marie est elle-même un hymne à la vie: elle est la créature dans laquelle s’est déjà réalisée la parole du Christ: «Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance» (Jn 10,10).

Dans la vision de l’Apocalypse, il y a un autre détail: sur la tête de la femme revêtue de soleil il y a «une couronne de douze étoiles». Ce signe représente les douze tribus d’Israël et signifie que la Vierge Marie est au centre du Peuple de Dieu, de toute la communion des saints. Et ainsi, cette image de la couronne de douze étoiles nous introduit dans la seconde grande interprétation du signe céleste de la «femme revêtue de soleil»: en plus de représenter la Vierge, ce signe personnifie l’Eglise, la communauté chrétienne de tous les temps. Elle est enceinte, dans le sens où elle porte en son sein le Christ et qu’elle doit le mettre au monde: voilà le travail de l’Eglise en pèlerinage sur la terre, qui, au milieu des réconforts de Dieu et des persécutions du monde, doit apporter Jésus aux hommes.

Et c’est justement pour cela, parce qu’elle porte Jésus, que l’Eglise se heurte à l’opposition d’un adversaire féroce, représenté dans la vision apocalyptique par un «énorme dragon rouge» (Ap 12,3). Ce dragon a cherché en vain à dévorer Jésus — l’«enfant mâle, celui qui doit mener toutes les nations» (Ap 12,5) — en vain parce que Jésus, par sa mort et sa résurrection, est monté vers Dieu et il s’est assis sur son trône. C’est pourquoi le dragon, vaincu une fois pour toutes dans le ciel, retourne ses attaques contre la femme — l’Eglise — dans le désert du monde. Mais à chaque époque, l’Eglise est soutenue par la lumière et par la force de Dieu, qui la nourrit dans le désert du pain de sa Parole et de la sainte Eucharistie. Et ainsi, à chaque tribulation, à travers toutes les épreuves qu’elle rencontre au cours des temps et dans les différentes parties du monde, l’Eglise souffre la persécution, mais se révèle victorieuse. Et c’est justement ainsi que la communauté chrétienne est la présence, la garantie de l’amour de Dieu contre toutes les idéologies de la haine et de l’égoïsme.

Le seul piège que l’Eglise puisse et doive craindre, c’est le péché de ses membres. En effet, alors que Marie est Immaculée, libre de toute tache de péché, l’Eglise est sainte mais en même temps marquée par nos péchés. C’est pourquoi le Peuple de Dieu en pèlerinage dans le temps s’adresse à sa Mère céleste et lui demande son aide; il la demande pour que Celle-ci accompagne son chemin de foi, pour qu’Elle encourage l’engagement de la vie chrétienne et pour qu’Elle apporte son soutien à l’espérance. Nous en avons besoin, surtout en ce moment si difficile pour l’Italie, pour l’Europe, pour différentes parties du monde. Que Marie nous aide à voir qu’il y a une lumière au-delà du manteau de brouillard qui semble envelopper la réalité. C’est pourquoi nous aussi, spécialement en cette fête, nous ne cessons de demander son aide avec une confiance filiale: «O Marie, conçue sans péché, prie pour nous qui avons recours à toi». Ora pro nobis, intercede pro nobis ad Dominum Iesum Christum!





VISITE PASTORALE À LA PAROISSE ROMAINE SANTA MARIA DELLE GRAZIE À CASAL BOCCONE III Dimanche de l'Avent «Gaudete», 11 décembre 2011



Salut du Saint-Père aux enfants :


Chers enfants,

1377 Je vous souhaite à tous un bon dimanche. Nous savons que Noël est proche: préparons-nous non seulement avec les cadeaux, mais avec notre coeur. Rappelons-nous que le Christ, le Seigneur, est proche de nous, il entre dans notre vie et nous donne lumière et joie. Saint Paul dit aujourd’hui dans la Lettre aux Thessaloniciens: «Priez sans cesse». Naturellement, cela ne signifie pas que nous devons toujours réciter des prières, mais cela signifie que nous ne devons pas perdre le contact avec Dieu dans notre coeur. Si ce contact existe, il y a une raison de se réjouir. Je vous souhaite à tous toute la joie de Noël et toute la joie de la présence de l’Enfant Jésus Christ qui est Dieu dans notre coeur. Tous mes voeux! Bon dimanche et joyeux Noël dès à présent!

* * *

En sortant de l’église, sur le parvis, le Pape a salué la communauté de la paroisse Santa Maria delle Grazie à travers les paroles suivantes:

Chers amis, je vous embrasse tous spirituellement. Merci pour votre présence et pour la cordialité de votre accueil. C’était comme en Afrique: cette cordialité si belle et ouverte, les choeurs ouverts et vivants. C’est pour moi une grande joie de voir la façon dont vit l’Eglise ici, dans la ville de Rome: dans cette nouvelle paroisse, on participe réellement à l’Eucharistie et on prépare Noël.

Préparer Noël aujourd’hui est très difficile. Je sais qu’il y a beaucoup de choses à faire. Mais préparer Noël ne signifie pas seulement acheter, préparer et penser, cela signifie également garder le contact avec le Seigneur, aller à sa rencontre. Il me semble très important de ne pas oublier cette dimension. J’ai déjà expliqué aux enfants que saint Paul dit: «Priez sans cesse», c’est-à-dire ne perdez pas le contact avec Dieu. Et cela n’est pas un poids qui s’ajoute aux autres, mais c’est la force qui nous aide à faire tout ce qui est nécessaire. Dans ce sens, je vous souhaite un contact permanent avec Jésus et ainsi, avec sa joie et sa force de vivre dans ce monde. Bon Avent et bon Noël. Merci à vous tous.






AUX AMBASSADEURS PRÈS LE SAINT-SIÈGE DE TRINITÉ-ET-TOBAGO, GUINÉE-BISSAU, SUISSE, BURUNDI, THAÏLANDE, PAKISTAN, MOZAMBIQUE, KIRGHIZSTAN, ANDORRE, SRI LANKA, BURKINA FASO

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À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION COLLECTIVE DES LETTRES DE CRÉANCE Salle Clémentine Jeudi 15 décembre 2011
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,

C’est avec joie que je vous reçois ce matin au Palais apostolique pour la présentation des Lettres qui vous accréditent comme Ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires de vos pays respectifs auprès du Saint-Siège : Trinité-et-Tobago, la République de Guinée-Bissau, la Confédération Suisse, le Burundi, la Thaïlande, le Pakistan, le Mozambique, le Kirghizstan, la Principauté d’Andorre, le Sri Lanka et le Burkina Faso. Vous venez de m’adresser des paroles courtoises de la part de vos Chefs d’État et je vous en remercie. Je vous saurais gré de leur transmettre en retour mes salutations déférentes et mes voeux respectueux pour leurs personnes et pour la haute mission qu’ils accomplissent au service de leur pays et de leur peuple. Je désire aussi saluer par votre intermédiaire toutes les autorités civiles et religieuses de vos nations, ainsi que l’ensemble de vos compatriotes. Mes prières et mes pensées se tournent naturellement aussi vers les communautés catholiques présentes dans vos pays.

L’unité de la famille humaine est aujourd’hui vécue comme un fait. En raison des moyens de communications sociales qui relient toutes régions de la planète les unes aux autres, des transports qui facilitent les échanges humains, des liens commerciaux qui rendent les économies interdépendantes, des défis qui prennent une envergure mondiale tels que la sauvegarde de l’environnement, l’importance des flux migratoires, les hommes ont compris qu’ils avaient désormais une destinée commune. À côté des aspects positifs, cette prise de conscience est parfois perçue comme un fardeau en ce sens qu’elle élargit considérablement le domaine de responsabilité de chacun, et qu’elle confère à la résolution des problèmes une complexité d’autant plus grande que les acteurs sont plus nombreux. Ceci ne peut être nié ; cependant, le regard de l’humanité sur elle-même doit évoluer pour découvrir dans cette interdépendance non pas une menace, mais un avantage : celui qu’ont les hommes à travailler les uns avec les autres, les uns pour les autres. Nous sommes tous responsables de tous, et il est important d’avoir une conception positive de la solidarité. Elle est le levier concret du développement humain intégral qui permet à l’humanité de marcher vers son accomplissement. En considérant tous les champs où la solidarité mérite de s’exercer, nous devons accueillir comme un signe positif de la culture actuelle, l’exigence, de plus en plus présente à la conscience de nos contemporains, d’une solidarité intergénérationnelle. Celle-ci trouve son enracinement naturel dans la famille, qu’il convient de soutenir pour qu’elle continue de remplir sa mission essentielle dans la société. Et en même temps, pour élargir le champ de la solidarité et la promouvoir durablement, l’éducation des jeunes est la voie privilégiée. Dans ce domaine, j’encourage chacun, quel que soit son niveau de responsabilité et particulièrement les gouvernants, à faire preuve d’inventivité, à prendre et à investir les moyens nécessaires pour donner à la jeunesse les bases éthiques fondamentales, notamment en l’aidant à se former, et à lutter contre les maux sociaux que sont le chômage, la drogue, la criminalité et le non-respect de la personne. La préoccupation pour le sort des générations futures conduit à une avancée significative dans la perception de l’unité du genre humain.

Il n’y a pas à craindre que cette responsabilité commune et partagée pour le bien du genre humain tout entier se heurte sans fin à la diversité culturelle et religieuse comme à une impasse. Le pluralisme des cultures et des religions ne s’oppose pas à la recherche commune du vrai, du bien et du beau. Éclairée et soutenue par la lumière de la Révélation, l’Église encourage les hommes à faire confiance à la raison qui, si elle est purifiée par la foi « l'élève, lui permettant ainsi d'élargir ses propres espaces pour s'insérer dans un domaine de recherche insondable comme le mystère lui-même » (Discours à l’occasion du Xe anniversaire de l’Encyclique Fides et ratio
FR 16 FR 10 FR 2008). Elle est alors capable de dépasser les conditionnements partisans ou intéressés, pour reconnaître les biens universels dont tous les hommes ont besoin. Parmi ces biens, la paix et l’harmonie sociale et religieuse tant désirées sont liées non seulement à un cadre législatif juste et adapté, mais aussi à la qualité morale de chaque citoyen car « la solidarité se présente sous deux aspects complémentaires : celui de principe social et celui de vertu morale » (Compendium de la Doctrine sociale de l’Église, n.193).

1378 La solidarité remplit pleinement son rôle de vertu sociale lorsqu’elle peut s’appuyer à la fois sur des structures de subsidiarité et sur la détermination ferme et persévérante de chaque personne à travailler pour le bien commun, dans la conscience d’une responsabilité commune. Les nouveaux défis auxquels vos pays se trouvent aujourd’hui confrontés appellent certainement une mobilisation des intelligences et de la créativité de l’homme pour lutter contre la pauvreté et pour une plus efficace et plus saine utilisation des énergies et des ressources disponibles. Tant sur le plan individuel que politique, il s’agit de s’acheminer résolument vers un engagement plus concret et plus largement partagé à l’égard du respect et de la protection de la création. J’encourage donc vivement les autorités politiques de vos pays à oeuvrer dans ce sens.

Enfin, faire croître la responsabilité de tous entraine aussi une vigilance active et efficace pour le respect et la promotion de la dignité humaine face à toute tentative de l’amoindrir, voire de la nier ou à une instrumentalisation de chaque personne. Une telle attitude contribuera à éviter à l’agir social de devenir trop facilement la proie d’intérêts privés et de logiques de pouvoir qui entrainent la désagrégation de la société et accentuent la pauvreté. C’est en s’appuyant sur la notion de développement intégral de la personne humaine que la solidarité pourra advenir et permettre davantage de justice. À cet égard, il revient non seulement aux religions de mettre en honneur la primauté de l’esprit, mais aussi aux États de le faire, notamment à travers une politique culturelle qui favorise l’accès de quiconque aux biens de l’esprit, valorise la richesse du lien social et ne décourage jamais l’homme de poursuivre librement sa quête spirituelle.

Alors que vous débutez votre mission auprès du Saint-Siège, je tiens à vous assurer, Excellences, que vous trouverez toujours auprès de mes collaborateurs l’écoute attentive et l’aide dont vous pourrez avoir besoin. Sur vous-même, sur vos familles, sur les membres de vos Missions diplomatiques et sur toutes les nations que vous représentez, j’invoque l’abondance des Bénédictions divines.




À LA DÉLÉGATION UKRAINIENNE, POUR LE DON DU SAPIN DE NOËL DE LA PLACE SAINT-PIERRE Salle Clémentine Vendredi 16 décembre 2011

Chers frères et soeurs !

Je suis heureux de vous accueillir et d’adresser à chacun une salutation cordiale. Je salue l’archevêque majeur de Kiev-Halyc, Sa Béatitude Sviatoslav Schevchuk, l’archevêque de Lviv des Latins, Mgr Mieczyslaw Mokrzycki et l’éparque de Mukachevo, Mgr Milan Šašik, ainsi que les autres frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce de l’Eglise grecque-catholique et de l’Eglise latine; j’étends ma pensée affectueuse à tous les fidèles de l’Ukraine, que vous représentez ici. Je salue avec respect les autorités civiles, en particulier le vice-premier ministre, M. Kolesnikov Borys. Je le remercie pour les paroles courtoises qu’il m’a adressées et pour le don du grand arbre de Noël qui orne place Saint-Pierre, et également pour l’icône. J’adresse une pensée particulière aux illustres représentants de l’Eglise orthodoxe, avec l’archevêque de Poltava et Myrhorod, en exprimant ma sincère gratitude pour le sens de leur présence. Je salue, enfin, tous les Ukrainiens, ceux qui ceux dans leur patrie, ceux qui sont dispersés dans le monde entier et ceux qui sont présents également ici, à Rome.

Cet arbre restera à côté de la crèche, qui est en train d’être aménagée, jusqu’au terme des fêtes de Noël, pour être admiré par les habitants de Rome et par les pèlerins qui arrivent ici de toutes les régions du monde. Symbole significatif du Noël du Christ, car avec ses branches toujours vertes, il rappelle la vie qui perdure, le sapin est également le signe de la religiosité populaire de votre terre et des racines chrétiennes de votre culture. Je souhaite que ces racines puissent renforcer toujours plus votre unité nationale, en favorisant la promotion de valeurs authentiques et partagées. Au cours des siècles, votre pays a été le carrefour de cultures diverses, un point de rencontre entre les richesses spirituelles d’Orient et d’Occident. Dans la ferme adhésion aux valeurs de la foi, puisse-t-il continuer à répondre à cette vocation particulière.

Vous avez voulu accompagner cet imposant sapin rouge d’arbres plus petits pour le palais apostolique et d’autres lieux du Vatican. Ces arbres, avec les costumes traditionnels, les musiques suggestives et les produits locaux, feront connaître à Rome les éléments typiques de votre terre. Puisse votre pèlerinage susciter dans la communauté chrétienne d’Ukraine tout entière un désir renouvelé de vivre et de témoigner avec joie de la foi et de promouvoir les valeurs de la vie, de la solidarité et de la paix, que le Noël du Christ nous repropose chaque année.

En ce temps de l’Avent, l’Eglise nous invite à nous préparer à la naissance du Seigneur, en intensifiant notre chemin spirituel et notre relation avec le Christ. Notre époque a besoin de chrétiens saints, enthousiastes de leur foi ! La Vierge Marie est pour nous un modèle et un guide : pour comprendre la volonté de Dieu sur sa vie et le sens des événements qui concernent le Fils de Dieu, Elle révèle un regard contemplatif particulier: elle écoute, observe, conserve, médite, prie. Combien avons-nous besoin de retrouver le goût de la prière ! Combien devons-nous être attentifs à ne pas nous laisser écraser par les rythmes effrénés de la vie, qui nous empêchent de rentrer en nous-mêmes et de nous retrouver devant le mystère merveilleux de Dieu qui habite notre coeur !

Chers amis, l’arbre et la crèche sont des éléments du climat typique de Noël qui appartient au patrimoine spirituel de nos communautés; un climat diffus de religiosité et d’intimité familiale, que nous devons conserver également dans les sociétés modernes, où semble parfois prévaloir la consommation et la recherche de biens matériels. Noël est une fête chrétienne et ses symboles constituent d’importantes références au grand mystère de l’Incarnation et de la Naissance de Jésus, que la liturgie évoque constamment à nouveau. Le Créateur de l’univers, en se faisant enfant, est venu parmi nous pour partager notre chemin ; il s’est fait petit pour entrer dans le coeur de l’homme et le renouveler ainsi par son amour. Préparons-nous à l’accueillir avec foi.

1379 Je renouvelle ma profonde gratitude à vous tous, à vos collaborateurs restés dans votre pays et à tous ceux qui se sont prodigués pour le transport de l’arbre. Merci pour la contribution que chacun de vous a offerte avec une grande générosité. Je profite de cette occasion propice pour vous présenter mes meilleurs voeux pour Noël. Je vous assure de mon souvenir dans la prière pour vous, pour vos familles, pour l’Ukraine et pour tous les Ukrainiens, tandis que je donne de tout coeur ma Bénédiciton apostolique. Bon Noël !



AUX ÉVÊQUES DE NOUVELLE-ZÉLANDE ET DU PACIFIQUE EN VISITE «AD LIMINA APOSTOLORUM» Salle du Consistoire Samedi 17 décembre 2011




Chers Frères dans l’Épiscopat et le sacerdoce,

Je suis heureux de vous souhaiter une chaleureuse et fraternelle bienvenue à l’occasion de votre visite ad limina Apostolorum. Cette rencontre est un signe tangible de notre communion dans la foi et la charité dans l’unique l’Église du Christ. Je désire remercier Mgr Dew et Mgr Mafi pour les aimables paroles qu’ils m’ont adressées en votre nom. Je salue cordialement les prêtres, les personnes consacrées, ainsi que tous les fidèles qui sont confiées à vos soins pastoraux. Veuillez les assurer de mes prières pour leur croissance dans la sainteté, et de mon affection pour eux dans le Seigneur.

Reconnaissant envers Dieu Tout-puissant, je relève, dans vos Relations, les nombreuses bénédictions que le Seigneur a accordées à vos circonscriptions ecclésiastiques. Je suis également conscient des défis de la vie chrétienne qui sont communs à chacun de vous, malgré les divers contextes sociaux, économiques et culturels dans lesquels vous opérez. Vous avez mentionné en particulier le défi que la sécularisation, caractéristique de vos sociétés, représente pour vous. Cette réalité a un impact important sur la compréhension et la pratique de la foi catholique. Cela est rendu particulièrement visible dans une approche déficiente de la nature sacrée du mariage chrétien et de la stabilité de la famille. Dans ce contexte, le combat pour mener une vie digne de notre vocation baptismale (cf. Ép. Ep 4,1) et pour s’abstenir des passions terrestres qui font la guerre à nos âmes (cf. 1P 2,11), demande toujours plus d’engagement. De plus et en dernière analyse, nous savons que la foi chrétienne apporte à la vie une base plus sûre que la vision sécularisée. « En réalité, le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné » (Gaudium et Spes GS 22).

C’est pourquoi le Conseil pontifical pour la promotion de la Nouvelle Évangélisation a été institué récemment. Puisque la foi chrétienne est fondée sur le Verbe incarné, Jésus-Christ, la nouvelle évangélisation n’est pas un concept abstrait mais la reprise d’une vie chrétienne authentique qui s’appuie sur les enseignements de l’Église. En tant qu’Évêques et Pasteurs, vous êtes appelés à être les protagonistes de la formulation de cette réponse selon les nécessités locales et les situations au sein de vos pays et de vos peuples respectifs. En renforçant les liens visibles de la communion ecclésiale, vous construisez entre vous les liens toujours plus forts de foi et de charité, afin que les personnes que vous servez, puissent à leur tour imiter votre charité et devenir des ambassadeurs du Christ dans l’Église et dans la société.

En affrontant ce défi historique, vous devez vous laisser guider par l’Esprit Saint qui appelle aussi, consacre et envoie les prêtres comme les « collaborateurs de l’Ordre des Évêques, auxquels ils sont unis dans le ministère sacerdotal et avec lesquels ils sont appelés au service du peuple de Dieu » (Rite d’ordination des Prêtres). Chers frères dans l’Épiscopat, je vous encourage à prendre particulièrement soin de vos prêtres. Comme vous le savez, l’une de vos premières obligations pastorales concerne vos prêtres et de leur sanctification, spécialement ceux qui connaissent des difficultés ou qui ont peu de contact avec leurs confrères. Soyez pour eux des pères qui les guident sur le chemin de la sainteté, pour que leur vie puisse aussi attirer d’autres personnes à la suite du Christ. Nous savons que des prêtres bons, avisés et saints sont les meilleurs promoteurs des vocations au sacerdoce. Avec la conviction qui vient de la foi, nous pouvons dire que le Seigneur appelle toujours encore des hommes au sacerdoce, et vous êtes conscients qu’encourager ceux-ci à envisager de consacrer toute leur vie au Christ fait partie de vos priorités majeures. Aujourd’hui, les jeunes ont davantage besoin d’être aidés par un discernement spirituel afin qu’ils puissent comprendre la volonté de Dieu. Dans un monde marqué par une « profonde crise de la foi » (Porta Fidei, 2), assurez-vous aussi que vos séminaristes reçoivent une formation complète qui les prépare à servir le Seigneur et à aimer son troupeau en suivant l’exemple du Bon Pasteur.

Dans ce contexte, je désire souligner l’importante contribution qu’ont apportée les religieux et les religieuses, présents dans vos pays, à la diffusion de l’Évangile, sans oublier ceux qui exercent leur activité dans le domaine pastoral, catéchétique et éducatif. En union avec ceux qui mènent une vie contemplative, puissent-ils rester fidèles aux charismes de leurs fondateurs, qui sont toujours en communion avec la vie et la discipline de toute l’Église. Que leur témoignage rendu à Dieu continue d’être un phare montrant une vie pleine de foi, d’amour et de droiture.

De même, le rôle des fidèles laïcs dans la vie concrète de l’Église est essentiel puisque le Seigneur n’attend pas que les pasteurs assument « à eux seuls toute la mission de salut de l’Église » (Lumen Gentium, LG 30). De vos Rapports, j’ai compris que votre mission de répandre l’Évangile dépend souvent de l’aide apportée par les missionnaires et catéchistes laïcs. Continuez à vous assurer qu’une formation, solide et continue, leur soit fournie, spécialement dans le cadre de leurs associations. En faisant ainsi, vous les équiperez pour toute oeuvre bonne en vue de la construction du Corps du Christ (cf. 2Tm 3,17 Ep 4,12). Leur zèle pour la foi, sous votre conduite et avec votre soutien continuel, portera certainement de nombreux fruits dans la vigne du Seigneur.

Chers Frères dans l’Épiscopat et le sacerdoce, puisque j’ai eu la possibilité de parler avec vous de la Nouvelle Évangélisation, je le fais en pensant aussi à l’Année de la Foi, récemment proclamée, pour « donner un élan renouvelé à la mission de toute l’Église de conduire les hommes hors du désert dans lequel ils se trouvent souvent » (Homélie, 16 octobre 2011). Puisse ce temps privilégié servir d’inspiration au moment où vous vous unissez à l’Église tout entière dans ses efforts assidus pour la Nouvelle Évangélisation, afin que, bien que vous soyez disséminés sur de nombreuses îles et que de grandes distances nous séparent, nous professions ensemble « un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous » (Ep 4,5-6). Puissiez-vous continuer à être unis entre vous et avec le Successeur de Pierre ! Vous confiant à l’intercession de Notre-Dame, Étoile de la Mer, et vous assurant de mon affection et de mes prières, pour vous et pour les personnes dont vous avez la charge pastorale, je vous accorde volontiers ma Bénédiction apostolique.



VISITE PASTORALE À LA PRISON ROMAINE DE REBIBBIA Rebibbia (Rome) Dimanche 18 décembre 2011

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Discours 2005-2013 21211