Discours 2005-2013 1407

AUX MEMBRES DU CERCLE SAINT-PIERRE Salle des Papes Vendredi 24 février 2012

Chers membres du Cercle de Saint-Pierre !

Je suis heureux de vous accueillir lors de cette rencontre qui se situe dans le cadre de la Fête de la Chaire de saint Pierre, une circonstance qui m’offre l’occasion de manifester la fidélité particulière au Siège apostolique qui, depuis toujours, caractérise votre Cercle digne d’éloges. Je vous salue tous très cordialement. Je salue le président général, le duc Leopoldo Torlonia, en le remerciant des paroles affectueuses et dévouées qu’il a voulu m’adresser, interprétant vos sentiments à tous, et je salue votre assistant ecclésiastique.

Nous venons d’entamer le chemin quadragésimal et, comme je l’ai rappelé dans mon récent Message (cf. orlf n. 6 du 9 février 2012), ce temps liturgique nous invite à réfléchir sur le coeur de la vie chrétienne : la charité. Le carême est un temps propice afin que, avec l’aide de la Parole de Dieu et des sacrements, nous nous renouvelions dans la foi et dans l’amour, au niveau tant personnel que communautaire. C’est un parcours marqué par la prière et par le partage, par le silence et par le jeûne, dans l’attente de vivre la joie pascale. La Lettre aux Hébreux nous exhorte avec ces mots : « Faisons attention les uns aux autres pour nous stimuler dans la charité et les oeuvres bonnes » (He 10,24).

1408 Chers amis, aujourd’hui comme hier, le témoignage de la charité touche de manière particulière le coeur des hommes ; la nouvelle évangélisation, en particulier dans une ville cosmopolite comme Rome, demande une grande ouverture d’esprit et une sage disponibilité à l’égard de tous. Dans ce sens, le réseau des interventions dans le domaine de l’assistance que vous exercez, chaque jour, en faveur de ceux qui sont dans le besoin, trouve bien sa place. J’ai plaisir à rappeler l’oeuvre généreuse que vous accomplissez dans les « Cucine », dans l’« Asilo notturno », la « Casa famiglia », dans le centre multifonctionnel, ainsi que le témoignage silencieux, mais combien éloquent, que vous offrez pour soutenir les malades et leur familles dans l’Hospice Fondazione Roma, sans oublier l’engagement missionnaire au Laos et les adoptions à distance.

Nous savons que l’authenticité de notre fidélité à l’Evangile se mesure également sur la base de l’attention et de la sollicitude concrète que nous nous efforçons de manifester envers notre prochain, en particulier envers les plus faibles et les exclus. L’attention à l’autre comporte de désirer son bien, sous tous ses aspects: physique, moral et spirituel. Même si la culture contemporaine semble avoir égaré le sens du bien et du mal, il faut réaffirmer avec force que le bien existe et l’emporte. La responsabilité envers le prochain signifie alors vouloir le bien d’autrui et l’accomplir, en désirant qu’il s’ouvre à la logique du bien ; s’intéresser à son frère signifie ouvrir les yeux sur ses nécessités, en surmontant la dureté de coeur qui rend aveugles aux souffrances d’autrui. Ainsi, le service caritatif devient une forme privilégiée d’évangélisation à la lumière de l’enseignement de Jésus, qui considérera comme étant fait à lui-même ce que nous aurons fait à nos frères, en particulier à ceux d’entre eux qui sont petits et ignorés. (cf.
Mt 25,40). Il faut harmoniser notre coeur avec le coeur du Christ, afin que le soutien plein d’amour offert aux autres se traduise en participation et en partage conscient de leurs souffrances et de leurs espérances, en rendant ainsi visible, d’une part, la miséricorde infinie de Dieu envers chaque homme, qui brille sur le visage du Christ et, de l’autre, notre foi en Lui. La rencontre avec l’autre et le fait d’ouvrir son coeur à ses besoins sont une occasion de salut et de béatitude.

Chers membres du Cercle de Saint-Pierre, comme chaque année, vous êtes venus aujourd’hui me remettre l’obole pour la charité du Pape, que vous avez recueillie dans les paroisses de Rome. Elle représente une aide concrète offerte au Successeur de Pierre, afin qu’il puisse répondre aux innombrables demandes qui lui arrivent de toutes les parties du monde, en particulier des pays les plus pauvres. Je vous remercie de tout coeur pour toute l’activité que vous accomplissez avec générosité et esprit de sacrifice et qui naît de votre foi, de la relation avec le Seigneur que vous cultivez chaque jour. Que la foi, la charité et le témoignage continuent à être les lignes d’orientation de votre apostolat. Ensuite, comment ne pas rappeler votre présence au cours des célébrations liturgiques dans la basilique Saint-Pierre ? Celle-ci vous fait d’autant plus honneur que vous manifestez à travers elle le dévouement constant et la pieuse fidélité qui vous unissent au Siège de l’apôtre Pierre. Que le Seigneur vous en rende grâce et comble votre Cercle de bénédictions ; qu’il aide chacun de vous à réaliser sa propre vocation chrétienne en famille, au travail et au sein de votre association.

Chers amis, en renouvelant ma satisfaction pour le service que vous rendez à l’Eglise, je vous confie, avec vos familles, à l’aide maternelle de la Vierge Marie Salus Populi Romani et des saints qui sont vos protecteurs. Quant à moi, je vous assure de mon souvenir dans la prière pour vous, pour ceux qui vous assistent dans les diverses initiatives et pour ceux que vous rencontrez dans votre apostolat quotidien, alors que je donne avec affection à tous une Bénédiction apostolique spéciale.

AUX PARTICIPANTS À L'ASSEMBLÉE DE

L'ACADÉMIE PONTIFICALE POUR LA VIE

Salle Clémentine
Samedi 25 février 2012



Messieurs les cardinaux, vénérés frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce, chers frères et soeurs,

Je suis heureux de vous rencontrer à l’occasion des travaux de la XVIIIe assemblée générale de l’Académie pontificale pour la vie. Je vous salue et je vous remercie tous pour votre service généreux en défense et en faveur de la vie, en particulier le président, Mgr Ignacio Carrasco de Paula, pour les paroles qu’il m’a adressées également en votre nom. La direction que vous avez donnée à vos travaux manifeste la confiance que l’Eglise a toujours placée dans les possibilités de la raison humaine et dans un travail conduit de manière scientifique et rigoureuse, qui garde toujours à l’esprit l’aspect moral. Le thème que vous avez choisi cette année, « Diagnostic et thérapie de l’infertilité », a non seulement une importance humaine et sociale, mais il possède une valeur scientifique particulière et exprime la possibilité concrète d’un dialogue fécond entre dimension éthique et recherche biomédicale. Face au problème de l’infertilité du couple, en effet, vous avez choisi de rappeler et d’analyser de façon approfondie la dimension morale, en recherchant les voies pour un diagnostic correct et une thérapie qui corrige les causes de l’infertilité. Cette approche naît non seulement du désir de donner un enfant au couple, mais de restituer aux époux leur fertilité et toute la dignité d’être responsables de leurs choix en matière de procréation, pour être des collaborateurs de Dieu dans la génération d’un nouvel être humain. La recherche d’un diagnostic et d’une thérapie représente l’approche scientifiquement la plus correcte de la question de l’infertilité, mais également celle qui respecte le mieux l’humanité intégrale des sujets concernés. En effet, l’union de l’homme et de la femme dans cette communauté d’amour et de vie qu’est le mariage, constitue l’unique « lieu » digne pour appeler à l’existence un nouvel être humain, qui est toujours un don.

Mon désir est donc d’encourager l’honnêteté intellectuelle de votre travail, expression d’une science qui garde en éveil son esprit de recherche de la vérité, au service du bien authentique de l’homme, et qui évite le risque d’être une pratique purement fonctionnelle. En effet, la dignité humaine et chrétienne de la procréation ne consiste pas en un « produit », mais dans son lien avec l’acte conjugal, expression de l’amour des conjoints, de leur union non seulement biologique, mais aussi spirituelle. L’Instruction Donum vitae nous rappelle, à cet égard, que « par sa structure intime, l'acte conjugal, unissant les époux par un lien très profond, les rend aptes à la génération de nouvelles vies, selon les lois inscrites dans l'être même de l'homme et de la femme » (n. 126). Les aspirations légitimes du couple à devenir parents, alors qu’ils se trouvent dans une condition d’infertilité, doivent donc trouver, avec l’aide de la science, une réponse qui respecte pleinement leur dignité de personnes et d’époux. L’humilité et la précision avec laquelle vous approfondissez ces problématiques, considérées désuètes par certains de vos collègues face à l’attrait de la technologie de la fécondation artificielle, mérite encouragement et soutien. A l’occasion du xe anniversaire de l’encyclique Fides et ratio, je rappelais que « le gain facile, ou pire encore, l’arrogance de remplacer le Créateur jouent, à leur tour, un rôle déterminant. Il s’agit d’une forme d’hybris de la raison, qui peut prendre des caractéristiques dangereuses pour l’humanité elle-même » (Discours aux participants au Congrès international organisé par l’université pontificale du Latran, 18 octobre 2008 : aas 100 [2008], 788-789). Effectivement, le scientisme et la logique du profit semblent aujourd’hui dominer le domaine de l’infertilité et de la procréation humaine, arrivant à limiter également de nombreux autres domaines de recherche.

L’Eglise prête une grande attention à la souffrance des couples infertiles, elle a soin d’eux et, précisément pour cela, elle encourage la recherche médicale. Toutefois, la science n’est pas toujours en mesure de répondre aux désirs de nombreux couples. Je voudrais alors rappeler aux époux qui connaissent l’infertilité, que leur vocation matrimoniale n’en est pas pour autant frustrée. Les conjoints, en raison de leur vocation baptismale et matrimoniale elle-même, sont toujours appelés à collaborer avec Dieu dans la création d’une humanité nouvelle. En effet, la vocation à l’amour est une vocation au don de soi et cette dernière est une possibilité qu’aucune condition organique ne peut empêcher. Là où la science ne trouve donc pas de réponse, la réponse qui donne la lumière vient du Christ.

Je désire vous encourager, vous tous ici réunis pour ces journées d’étude et qui travaillez parfois dans un contexte médico-scientifique dans lequel la dimension de la vérité apparaît obscurcie : poursuivez le chemin entrepris d’une science intellectuellement honnête et fascinée par la recherche incessante du bien de l’homme. Dans votre parcours intellectuel, ne dédaignez pas le dialogue avec la foi. Je vous adresse à tous l’appel pressant exprimé dans l’encyclique Deus caritas est : « Pour pouvoir agir de manière droite, la raison doit constamment être purifiée, car son aveuglement éthique, découlant de la tentation de l’intérêt et du pouvoir qui l’éblouissent, est un danger qu’on ne peut jamais totalement éliminer [...] La foi permet à la raison de mieux accomplir sa tâche et de mieux voir ce qui lui est propre » (n. 28). D’autre part, c’est précisément la matrice culturelle créée par le christianisme — enracinée dans l’affirmation de l’existence de la Vérité et de l’intelligibilité du réel à la lumière de la Vérité suprême — je dis bien la matrice culturelle, qui a rendu possible dans l’Europe du moyen-âge le développement du savoir scientifique moderne, un savoir qui dans les cultures précédentes n’était resté qu’à l’état de germe.

1409 Illustres scientifiques et vous tous membres de l’Académie engagés à promouvoir la vie et la dignité de la personne humaine, ayez toujours à l’esprit également le rôle culturel fondamental que vous jouez dans la société et l’influence que vous avez dans la formation de l’opinion publique. Mon prédécesseur, le bienheureux Jean-Paul II, rappelait que les scientifiques, « précisément parce qu’ils savent davantage, sont appelés à servir davantage » (Discours à l’Académie pontificale des sciences, 11 novembre 2002 : aas 95 [2003], 206). Les gens ont confiance en vous qui servez la vie, ils ont confiance dans votre engagement pour soutenir ceux qui ont besoin de réconfort et d’espérance. Ne cédez jamais à la tentation de traiter le bien des personnes en le réduisant à un pur problème technique! L’indifférence de la conscience à l’égard du vrai et du bien représente une menace dangereuse pour un authentique progrès scientifique.

Je voudrais conclure en renouvelant le voeu que le Concile Vatican ii adressa aux hommes de pensée et de science : « Heureux sont ceux qui, possédant la vérité, continuent à la chercher, pour la renouveler, pour l’approfondir, pour la donner aux autres » (Message aux hommes de pensée et de science, 8 décembre 1965 : aas 58 [1966], 12). C’est avec ces voeux que je donne à vous tous ici présents et à vos proches ma Bénédiction apostolique. Merci.
Mars 2012

CONCLUSION DES EXERCICES SPIRITUELS DE LA CURIE ROMAINE

PAROLES Chapelle "Redemptoris Mater" Samedi 3 mars 2012



Eminence, chers frères,

A l’issue de ces journées de prière et d’écoute, il convient de dire: merci. Au nom de chacun de nous, je vous dit merci, Eminence, pour votre direction au cours de ces Exercices. Vous nous avez guidés, pour ainsi dire, dans le grand jardin de la première Lettre de saint Jean, ainsi que dans toute l’Ecriture, avec une grande compétence dans le domaine de l’exégèse et une grande expérience spirituelle et pastorale. Vous nous avez guidés le regard toujours tourné vers Dieu, et précisément avec ce regard tourné vers Dieu, nous avons appris l’amour, la foi qui crée la communion. Et vous avez nourri vos méditations de belles histoires, tirées avant tout de votre chère terre africaine, qui nous ont procuré de la joie et nous ont aidés.

J’ai été particulièrement frappé par cette histoire où vous faisiez référence à un ami dans le coma, qui avait l’impression d’être dans un tunnel obscur, mais à la fin voyait un peu de lumière et surtout entendait une belle musique. Il me semble que cela peut être une parabole de notre vie : souvent, nous nous trouvons dans un tunnel obscur en pleine nuit mais, grâce à la foi, à la fin, nous voyons la lumière et nous entendons une belle musique, nous percevons la beauté de Dieu, du ciel et de la terre, de Dieu créateur et de la créature; et ainsi, c’est vrai, spe sumus salvati l’espérance nous a sauvés (cf. Rm 8,24).

Et vous Eminence, vous nous avez confirmés dans la foi, dans l’espérance et dans la charité. Merci.

VISITE PASTORALE

À LA PAROISSE ROMAINE SAINT JEAN-BAPTISTE DE LA SALLE,

DANS LE QUARTIER DU TORRINO Dimanche 4 mars 2012



Avant d’entrer dans l’église paroissiale pour célébrer la Messe, le Pape a salué les nombreux enfants présents

Chers enfants!
1410 Bon dimanche, bonne journée!

C’est pour moi une grande joie de voir tant d’enfants. Ainsi Rome vit et vivra encore demain! Vous êtes sur un chemin de catéchèse: vous apprenez Jésus, vous apprenez ce qu’il a fait, ce qu’il a dit, qu’il a souffert; vous apprenez ainsi également l’Eglise, les sacrements et, ainsi, vous apprenez aussi à vivre, car vivre est un art, et Jésus nous montre cet art.

Je souhaite à tous un bon dimanche. Et, dès aujourd’hui, je vous souhaite aussi une bonne Pâque.

Merci de votre cordialité!
* * *

A l’issue de sa visite pastorale, le Pape a pris congé des fidèles en leur adressant ces quelques mots:

Chers amis,

Merci pour cette belle célébration et pour l’église, avec la Vierge et les saints. Nous formons une famille avec tous les saints.

Dimanche dernier, le Seigneur nous a guidés dans le désert; en ce dimanche, sur la montagne: ce sont toujours des lieux privilégiés pour être un peu plus près de Dieu, pour sortir de toutes les choses de chaque jour et percevoir que Dieu est là, qu’il est le centre de notre vie.

Je souhaite que vous puissiez sentir la proximité de Dieu et qu’il vous guide chaque jour.

Bon dimanche, bon carême à vous tous!



AUX ÉVÊQUES DES ÉTATS-UNIS (RÉGION VII, VIII et IX)

EN VISITE AD LIMINA APOSTOLORUM 9 mars 2012

1411 Chers frères dans l’épiscopat,

Je vous salue tous avec une affection fraternelle à l’occasion de votre visite ad limina Apostolorum. Comme vous le savez, cette année, je désire réfléchir avec vous sur certains aspects de l’évangélisation de la culture américaine à la lumière des défis intellectuels et éthiques du moment présent.

Lors de nos rencontres précédentes, j’ai rappelé notre préoccupation à l’égard des menaces contre la liberté de conscience, de religion et de culte qui ont besoin d’être affrontées de toute urgence, afin que tous les hommes et les femmes de foi, ainsi que les institutions qu’ils inspirent, puissent agir en accord avec leurs convictions morales les plus profondes. A l’occasion de cette audience, je voudrais parler d’une autre question grave que vous avez soulevée avec moi au cours de ma visite pastorale en Amérique : la crise actuelle du mariage et de la famille et, de façon plus générale, de la vision chrétienne de la sexualité humaine. Il est en effet toujours plus évident qu’une reconnaissance amoindrie du caractère indissoluble du contrat matrimonial, ainsi que le refus diffus d’une éthique sexuelle responsable et mûre, fondée sur la pratique de la chasteté, ont conduit à de graves problèmes sociaux qui ont un coût humain et économique immense.

Toutefois, comme le bienheureux Jean-Paul II l’a observé, l’avenir de l’humanité passe par la famille (cf. Familiaris consortio
FC 85). En effet, « le bien que l'Eglise et la société tout entière attendent du mariage et de la famille fondée sur lui est trop grand pour qu’on ne s’engage pas totalement dans ce domaine pastoral spécifique. Mariage et famille sont des institutions qui doivent être promues et garanties de toute équivoque possible quant à leur vérité, parce que tout dommage qui leur est causé constitue de fait une blessure pour la convivialité humaine comme telle » (Sacramentum caritatis, n. 29).

A cet égard, il faut mentionner, en particulier, les puissants courants politiques et culturels qui tentent de modifier la définition juridique du mariage. Les efforts consciencieux de l’Eglise afin de résister à cette pression exigent une défense raisonnée du mariage en tant qu’institution naturelle constituée par une communion spécifique de personnes, fondamentalement enracinées dans la complémentarité des sexes et orientées vers la procréation. Les différences sexuelles ne peuvent pas être mises de côté comme étant sans importance pour la définition du mariage. Défendre l’institution du mariage en tant que réalité sociale est, en ultime analyse, une question de justice, car elle signifie préserver le bien de toute la communauté humaine, ainsi que les droits des parents et des enfants.

Dans nos conversations au cours de nos rencontres, certains de vous ont indiqué avec préoccupation les difficultés croissantes rencontrées pour transmettre l’enseignement de l’Eglise sur le mariage et la famille dans son intégralité, ainsi que la diminution du nombre de jeunes qui s’approchent du sacrement du mariage. Nous devons certainement reconnaître les lacunes de la catéchèse au cours des dernières décennies qui, parfois, n’a pas réussi à communiquer le riche héritage de l’enseignement catholique sur le mariage en tant qu’institution naturelle élevée par le Christ à la dignité de sacrement, la vocation des épouses chrétiennes dans la société et dans l’Eglise, et la pratique de la chasteté conjugale. Cet enseignement, affirmé de façon toujours plus claire dans le magistère post-conciliaire et présenté de façon exhaustive dans le Catéchisme de l’Eglise catholique et le Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise, doit retrouver la place qui lui est due dans la prédication et l’enseignement catéchétique.

Au niveau pratique, les programmes de préparation au mariage doivent être attentivement revus afin de garantir une plus grande concentration sur leur composante catéchétique et leur présentation des responsabilités sociales et ecclésiales contenues dans le mariage chrétien. Dans ce contexte, nous ne pouvons pas ignorer le grave problème pastoral que représente la pratique diffuse du concubinage, souvent par des couples qui ne semblent pas conscients qu’il s’agit d’un grave péché, sans mentionner qu’il représente une grave atteinte à la stabilité de la société. J’encourage vos efforts afin de développer des règles pastorales et liturgiques claires en vue de la célébration digne du mariage, qui représentent un témoignage sans équivoque des exigences objectives de la morale chrétienne, tout en faisant preuve de sensibilité et de sollicitude pour les jeunes couples.

Je voudrais exprimer ici aussi mon appréciation pour les programmes pastoraux que vous promouvez dans vos diocèses et, en particulier, pour la présentation claire et faisant autorité du magistère de l’Eglise que l’on trouve dans votre lettre de 2009 : Marriage: Love and Life in the Divine Plan (Mariage: amour et vie dans le dessein divin).J’apprécie également tout ce que vos paroisses, écoles et organismes caritatifs accomplissent chaque jour pour soutenir les familles et aider les personnes qui traversent des situations conjugales difficiles, en particulier les personnes divorcées et séparées, les parents célibataires, les mères adolescentes et les femmes voulant avorter, ainsi que les enfants souffrant des effets tragiques de l’éclatement familial.

Dans ce grand effort pastoral, il existe un besoin urgent pour toute la communauté chrétienne de redécouvrir la valeur de la vertu de la chasteté. La fonction intégrante et libératrice de cette vertu (cf. Catéchisme de l’Eglise catholique CEC 2338-2343) devrait être soulignée par une formation du coeur, qui présente la compréhension chrétienne de la sexualité comme une source de liberté et de bonheur authentiques, et comme l’accomplissement de notre vocation fondamentale et innée à l’amour. Il ne s’agit pas simplement de présenter les arguments, mais de faire appel à une vision intégrée, cohérente et édifiante de la sexualité humaine. La richesse de cette vision est plus solide et attirante que les idéologies permissives exaltées dans certains milieux; en effet, celles-ci constituent une forme puissante et destructrice de contre-catéchèse pour les jeunes.

Les jeunes ont besoin de connaître l’enseignement de l’Eglise dans son intégralité, aussi exigeant et non-conformiste soit-il; plus encore, ils ont besoin de le voir incarné par des couples mariés fidèles, qui apportent un témoignage convaincant de sa vérité. Ils doivent également être soutenus dans leurs efforts en vue de faire des choix sages dans une période difficile et confuse de leur vie. La chasteté, comme nous le rappelle le Catéchisme, implique une forme permanente d’« apprentissage de la maîtrise de soi, qui est une pédagogie de la liberté humaine » (n. 2339). Dans une société qui tend de plus en plus à mal comprendre et même à ridiculiser cette dimension essentielle de l’enseignement chrétien, les jeunes doivent avoir l’assurance que « celui qui fait entrer le Christ ne perd rien, rien — absolument rien de ce qui rend la vie libre, belle et grande » (Homélie lors de la Messe inaugurale du Pontificat, 24 avril 2005).

Permettez-moi de conclure en rappelant que tous nos efforts dans ce domaine visent en dernière analyse au bien des enfants, qui ont le droit fondamental de grandir en ayant une compréhension saine de la sexualité et de sa place appropriée dans les relations humaines. Les enfants sont le plus grand trésor et l’avenir de toute société : prendre véritablement soin d’eux signifie reconnaître notre responsabilité d’enseigner, de défendre et de vivre les vertus morales qui sont la clé de la réalisation humaine. Je forme le voeu que l’Eglise qui est aux Etats-Unis, bien que freinée par les événements de la décennie passée, persévérera dans sa mission historique d’éduquer les jeunes et de contribuer ainsi à la consolidation d’une vie de famille saine, qui est la garantie la plus sûre de la solidarité entre générations et de la bonne santé de la société en général.

1412 Je vous confie à présent, ainsi que vos frères dans l’épiscopat et le troupeau qui a été confié à votre soin pastoral, à l’intercession bienveillante de la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph. A vous tous, je donne de tout coeur ma Bénédiction apostolique en gage de sagesse, de force et de paix dans le Seigneur.



COURS SUR LE FOR INTERNE ORGANISÉ PAR LA PÉNITENCERIE APOSTOLIQUE

DISCORSO Salle Paul VI Vendredi 9 mars 2011

Chers amis,

Je suis très heureux de vous rencontrer à l’occasion du cours annuel sur le for interne, organisé par la Pénitencerie apostolique. J’adresse un salut cordial au cardinal Manuel Monteiro de Castro, grand pénitencier, qui, pour la première fois dans cette charge, a présidé vos sessions d’étude, et je le remercie pour les paroles courtoises qu’il a bien voulu m’adresser. Je salue également Mgr Francesco Girotti, régent, le personnel de la Pénitencerie et chacun de vous qui, par votre présence, rappelez à tous l’importance que possède le sacrement de la réconciliation pour la vie de foi, en soulignant aussi bien la nécessité permanente d’une préparation théologique, spirituelle et canonique adaptée pour pouvoir être des confesseurs, que, et surtout, le lien constitutif entre célébration sacramentelle et annonce de l’Evangile.

En effet, les sacrements et l’annonce de la Parole ne doivent jamais être conçus comme séparés, mais, au contraire, « Jésus affirme que l’annonce du Royaume de Dieu est le but de sa mission ; cette annonce, toutefois, n’est pas seulement un “discours”, mais elle inclut, dans le même temps, sa propre action ; les signes, les miracles que Jésus accomplit indiquent que le Royaume vient comme une réalité présente et qu’il coïncide en fin de compte avec sa propre personne, avec le don de soi [...] le prêtre représente le Christ, l’Envoyé du Père, il en continue sa mission, à travers la “parole” et le “sacrement”, dans cette totalité de corps et d’âme, de signe et de parole » (Audience générale du 5 mai 2010). C’est précisément cette totalité, qui plonge ses racines dans le mystère même de l’Incarnation, qui nous suggère que la célébration du sacrement de la réconciliation est elle-même une annonce et donc une voie à parcourir pour l’oeuvre de la nouvelle évangélisation.

Dans quel sens la confession sacramentelle est-elle donc une « voie » pour la nouvelle évangélisation ? Tout d’abord parce que la nouvelle évangélisation tire sa sève vitale de la sainteté des fils de l’Eglise, du chemin quotidien de conversion personnelle et communautaire pour se conformer toujours plus profondément au Christ. Et il existe un lien étroit entre sainteté et sacrement de la réconciliation, témoigné par tous les saints de l’histoire. La conversion réelle des coeurs, qui signifie s’ouvrir à l’action transformatrice et rénovatrice de Dieu, est le «moteur» de chaque réforme et se traduit en une véritable force évangélisante. Dans la confession, le pécheur repenti, par l’action gratuite de la miséricorde divine, est justifié, pardonné et sanctifié, il abandonne le vieil homme pour revêtir l’homme nouveau. Seul celui qui s’est laissé profondément renouveler par la Grâce divine, peut porter en lui-même, et donc annoncer, la nouveauté de l’Evangile. Le bienheureux Jean-Paul II, dans la Lettre apostolique Novo millennio ineunte, affirmait : « Je viens aussi solliciter un courage pastoral renouvelé pour que la pédagogie quotidienne des communautés chrétiennes sache proposer de manière persuasive et efficace la pratique du sacrement de la Réconciliation » (n. 37). Je désire réaffirmer cet appel, dans la conscience que la nouvelle évangélisation doit faire connaître à l’homme de notre temps le visage du Christ « comme mysterium pietatis, celui en qui Dieu nous montre son coeur compatissant et nous réconcilie pleinement avec lui. C’est ce visage du Christ qu’il faut faire redécouvrir aussi à travers le sacrement de la Pénitence » (ibid.).

A une époque d’urgence éducative, où le relativisme remet en question la possibilité même d’une éducation entendue comme introduction progressive à la connaissance de la vérité, au sens profond de la réalité, et donc comme introduction progressive à la relation avec la Vérité qui est Dieu, les chrétiens sont appelés à annoncer avec vigueur la possibilité de la rencontre entre l’homme d’aujourd’hui et Jésus Christ, en qui Dieu s’est fait si proche de l’homme qu’il a pu le voir et l’écouter. Dans cette perspective, le sacrement de la réconciliation, qui repose sur un regard sur sa propre condition existentielle concrète, aide de manière singulière cette « ouverture du coeur » qui permet de tourner le regard vers Dieu pour qu’il entre dans notre vie. La certitude qu’Il est proche et que dans sa miséricorde, il attend l’homme, également celui qui est touché par le péché, pour guérir ses infirmités par la grâce du sacrement de la réconciliation, est toujours une lumière d’espérance pour le monde.

Chers prêtres et chers diacres qui vous préparez à la prêtrise, dans l’administration de ce sacrement vous est donnée, ou vous sera donnée, la possibilité d’être des instruments d’une rencontre toujours renouvelée des hommes avec Dieu. Ceux qui s’adresseront à vous, précisément en raison de leur condition de pécheurs, feront en eux l’expérience d’un désir profond: un désir de changement, une demande de miséricorde et, en définitive, le désir que se reproduise, à travers le sacrement, la rencontre et l’étreinte avec le Christ. Vous serez donc des collaborateurs et des protagonistes d’un grand nombre de « nouveaux débuts » possibles, aussi grand que celui des pénitents qui vous approcheront, en gardant à l’esprit que la signification authentique de toute «nouveauté» ne consiste pas tant dans l’abandon ou dans l’oubli du passé, que dans l’accueil du Christ et l’ouverture à sa présence, toujours nouvelle et toujours capable de transformer, d’illuminer toutes les zones d’ombre et d’ouvrir sans cesse un nouvel horizon. La nouvelle évangélisation part donc également du confessionnal ! C’est-à-dire qu’elle part de la rencontre mystérieuse entre l’éternelle question de l’homme, signe en lui du Mystère créateur, et la Miséricorde de Dieu, unique réponse adaptée au besoin humain d’infini. Si la célébration du sacrement de la réconciliation consiste en cela, si en elle les fidèles effectuent l’expérience réelle de la miséricorde que Jésus de Nazareth, Seigneur et Christ, nous a donnée, alors ils deviendront eux-mêmes des témoins crédibles de cette sainteté, qui est l’objectif de la nouvelle évangélisation.
Chers amis, si tout cela est vrai pour les fidèles, pour chacun de nous, cela acquiert une importance encore plus grande. Le ministre du sacrement de la réconciliation collabore à la nouvelle évangélisation en renouvelant lui-même, le premier, la conscience d’être un pénitent et le besoin de s’approcher du pardon sacramentel, afin que se renouvelle cette rencontre avec le Christ qui, commencée lors du baptême, a trouvé dans le sacrement de l’ordre une configuration spécifique et définitive. Tel est mon souhait pour chacun de vous: que la nouveauté du Christ soit toujours le centre et la raison de votre vie sacerdotale, pour que celui qui vous rencontre puisse, à travers votre ministère, proclamer comme André et Jean : « Nous avons rencontré le Messie » (Jn 1,41). De cette manière, chaque confession, dont chaque chrétien sortira renouvelé, représentera un pas en avant de la nouvelle évangélisation. Que Marie, Mère de Miséricorde, Refuge pour nous pécheurs et Etoile de la nouvelle évangélisation, accompagne notre chemin. Je vous remercie de tout coeur et je vous donne avec plaisir ma Bénédiction apostolique.

VOYAGE APOSTOLIQUE AU MEXIQUE ET À CUBA

(23-29 MARS 2012)

RENCONTRE AVEC LES JOURNALISTES

AU COURS DU VOL VERS LE MEXIQUE

Vol Papal
1413
Discours 2005-2013 1407