Benoît XVI Homélies 11916

VÊPRES MARIALES AVEC LES RELIGIEUX ET LES SÉMINARISTES DE BAVIÈRE - 11 septembre 2006

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Basilique Sainte-Anne, Altötting

Lundi 11 septembre 2006

Chers amis!


Dans ce lieu de grâce, Altötting, nous sommes réunis - séminaristes en chemin vers le sacerdoce, prêtres, religieuses et religieux et membres de l'OEuvre pontificale pour les Vocations de consécration spéciale - dans la Basilique Sainte-Anne devant le sanctuaire de sa fille, la Mère du Seigneur. Nous nous sommes réunis pour nous interroger sur notre vocation au service de Jésus Christ et pour comprendre notre vocation sous le regard de sainte Anne, dans la maison de laquelle a mûri la vocation la plus grande de l'histoire du salut. Marie reçut sa vocation de la bouche de l'Ange. L'Ange n'entre pas chez nous de façon visible, mais le Seigneur a un projet pour chacun de nous, Il appelle chacun par son nom. Notre devoir est donc de devenir des personnes à l'écoute, capables de percevoir son appel, courageuses et fidèles, pour le suivre et, à la fin, devenir des serviteurs fiables qui ont accompli de bonnes oeuvres avec le don qui leur a été confié.

Nous savons que le Seigneur cherche des ouvriers pour sa moisson. Lui-même l'a dit: "La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux; priez donc le Maître de la moisson d'envoyer des ouvriers à sa moisson" (
Mt 9,37sq). C'est pour cela que nous sommes réunis ici: pour lancer cette requête au Maître de la moisson. Oui, la moisson de Dieu est grande et attend des ouvriers: dans ce que l'on appelle le Tiers-Monde - en Amérique latine, en Afrique, en Asie - les personnes attendent des messagers qui apportent l'Evangile de la paix, le message du Dieu fait homme. Mais également dans ce que l'on appelle l'Occident, chez nous, en Allemagne, ainsi que dans le vaste territoire de Russie, où il est vrai que la moisson pourrait être très abondante. Mais il manque d'hommes disposés à devenir des ouvriers pour la moisson de Dieu. La situation est la même aujourd'hui qu'alors, lorsque le Seigneur fut pris de compassion pour les foules qui lui apparaissaient comme des brebis sans pasteur - des personnes qui, probablement, savaient beaucoup de choses, mais qui n'étaient pas en mesure de comprendre comment orienter correctement leur vie. Seigneur, vois les difficultés de notre époque, qui a besoin de messagers de l'Evangile, de témoins pour Toi, de personnes qui indiquent le chemin vers la "vie en abondance"! Vois le monde et laisse-toi gagner encore aujourd'hui par la compassion! Regarde le monde et envoie des ouvriers! Avec cette requête, nous frappons à la porte de Dieu; mais c'est avec cette requête que le Seigneur frappe également à notre propre coeur. Seigneur, me veux-tu? N'est-ce pas une trop grande tâche pour moi? Ne suis-je pas trop petit pour cela? "N'aie pas peur" a dit l'Ange à Marie. "Ne crains pas, je t'ai appelé par ton nom" nous dit-il à travers le prophète Isaïe (Is 43,1) - dit-il à chacun de nous.

Où allons-nous, si nous disons "oui" à l'appel du Seigneur? La description la plus concise de la mission sacerdotale - qui vaut également pour les religieux et les religieuses - nous est donnée par l'évangéliste Marc qui, dans le récit de l'appel des Douze, dit: "Il en institua Douze pour être ses compagnons et pour les envoyer" (Mc 3,14). Etre avec Lui et, en tant qu'envoyés, être en chemin vers les personnes - ces deux choses vont ensemble et, ensemble, constituent l'essence de la vocation spirituelle, du sacerdoce. Etre avec Lui et être envoyés - deux choses indissociables l'une de l'autre. Seul celui qui est "avec Lui" apprend à le connaître et peut l'annoncer vraiment. Et celui qui est avec Lui ne garde pas pour lui-même ce qu'il a trouvé, mais doit le transmettre. Il en est de même pour André, qui dit à son frère Simon: "Nous avons trouvé le Messie!" (Jn 1,41). Et "il l'amena à Jésus", ajoute l'évangéliste (Jn 1,42). Le Pape Grégoire le Grand, dans l'une de ses homélies, dit un jour que les anges de Dieu, quelle que soit la distance qu'ils parcourent pour leurs missions, sont toujours en chemin en Dieu. Ils sont toujours avec Lui. Et, en parlant des Anges, saint Grégoire pensait également aux Evêques et aux prêtres: où qu'ils aillent, ils devraient toujours "être avec Lui". La pratique le montre: là où les prêtres, en raison de leurs devoirs importants, permettent que leur présence aux côtés du Seigneur se réduise toujours davantage, ils perdent alors, en dépit de leur activité assurément héroïque, la force intérieure qui les soutient. Ce qu'ils font devient à la fin un activisme vain. Etre avec Lui - comment cela peut-il se réaliser? Eh bien, la première chose et la plus importante pour le prêtre est la Messe quotidienne, célébrée toujours avec une profonde participation intérieure. Si nous la célébrons véritablement comme des hommes de prière, si nous unissons notre parole et notre action à la parole qui nous précède et au rite de la célébration eucharistique, si dans la communion, nous nous laissons véritablement embrasser par Lui et que nous l'accueillons - alors nous sommes avec Lui.

Une façon fondamentale d'être avec Lui est la Liturgie des Heures: au cours de celle-ci, nous prions en tant qu'hommes qui avons besoin du dialogue avec Dieu, touchant toutefois également toutes les autres personnes qui n'ont ni le temps, ni la possibilité pour une telle prière. Afin que notre Célébration eucharistique et que notre Liturgie des Heures demeurent emplies de sens, nous devons nous consacrer toujours à nouveau à la lecture spirituelle de l'Ecriture Sainte; non seulement déchiffrer et expliquer les paroles du passé, mais rechercher la parole de réconfort que le Seigneur m'adresse à présent, le Seigneur qui aujourd'hui m'interpelle au moyen de cette parole. Ce n'est qu'ainsi que nous serons en mesure d'apporter la Parole sacrée aux hommes de notre temps comme Parole présente et vivante de Dieu.

Une façon essentielle d'être avec le Seigneur est l'Adoration eucharistique. Altötting, grâce à Monseigneur Schraml, a obtenu une nouvelle "salle du trésor". Là où jadis, étaient conservés les trésors du passé, des objets précieux de l'histoire et de la piété, se trouve à présent le lieu du véritable trésor de l'Eglise: la présence permanente du Seigneur dans son Sacrement. Le Seigneur, dans l'une de ses paraboles, nous parle du trésor caché dans le champ. Celui qui l'a trouvé, nous raconte-t-il, vend tous ses biens pour pouvoir acheter le champ car le trésor caché dépasse tout autre valeur. Le trésor caché, le bien au-dessus de tous les autres biens, est le Royaume de Dieu - c'est Jésus lui-même, le Royaume en personne. Dans l'Hostie sacrée, il est présent, le véritable trésor, que nous pouvons toujours atteindre. Ce n'est que dans l'adoration de cette présence que nous apprenons à le recevoir de façon juste - nous apprenons à dialoguer, nous apprenons de l'intérieur la célébration de l'Eucharistie. Je voudrais citer à ce propos une belle parole d'Edith Stein, la sainte co-patronne de l'Europe, qui écrit dans l'une de ses lettres: "Le Seigneur est présent dans le tabernacle avec divinité et humanité. Il est là, non pas pour lui-même, mais pour nous: car sa joie est d'être avec les hommes. Et parce qu'il sait que nous, tel que nous sommes, avons besoin de sa proximité personnelle. La conséquence pour tous ceux qui ont des pensées et des sentiments normaux est de se sentir attirés et de s'arrêter là à chaque fois et aussi longtemps que cela leur est permis" (Gesammelte Werke, VII, 136f). Nous aimons être avec le Seigneur! Là, nous pouvons parler avec Lui de tout. Nous pouvons lui soumettre nos questions, nos préoccupations, nos angoisses. Nos joies. Notre gratitude, nos déceptions, nos requêtes et nos espérances. Là, nous pouvons également lui répéter toujours à nouveau: "Seigneur, envoie des ouvriers à ta moisson! Aide-moi à être un bon ouvrier dans ta vigne!".

Ici, dans cette basilique, notre pensée se tourne vers Marie, qui a vécu sa vie totalement "en étant avec Jésus" et qui était donc, et qui est toujours, également totalement à disposition des hommes: les ex-voto le démontrent de façon concrète. Et nous pensons à sa sainte Mère, Anne, et avec elle, à l'importance des mères et des pères, des grands-mères et des grands-pères, nous pensons à l'importance de la famille comme milieu de vie et de prière, où l'on apprend à prier et où peuvent croître les vocations.

Ici, à Altötting, nous pensons naturellement de façon particulière au bon frère Conrad. Il a renoncé à un grand héritage, car il voulait suivre Jésus Christ sans réserve et être totalement avec Lui. Comme le Seigneur l'a proposé dans sa parabole, il a choisi pour lui véritablement la dernière place, celle de l'humble frère tourier. A la porterie, il a réalisé précisément ce que saint Marc nous dit des Apôtres: "être avec Lui" et "être envoyé" vers les hommes. De sa cellule, il pouvait toujours regarder vers le tabernacle; toujours "être avec Lui". De ce regard, il a appris la bonté inépuisable, avec laquelle il traitait les personnes qui frappaient de façon presque ininterrompue à sa porte - parfois même de façon assez agressive pour le provoquer, et parfois même avec impatience et vacarme. A travers sa bonté et son humanité, il a donné à tous, sans grandes paroles, un message qui valait plus que de simples mots. Nous prions le frère Conrad afin qu'il nous aide à maintenir le regard fixé sur le Seigneur et que, de cette façon, il nous aide à apporter l'amour de Dieu aux hommes. Amen!


MESSE À RATISBONNE - Mardi 12 septembre 2006

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Esplanade de l'"Islinger Feld", Ratisbonne

Mardi 12 septembre 2006




Chers frères dans le ministère épiscopal et sacerdotal!
Chers frères et soeurs!

"Celui qui croit n'est jamais seul". Permettez-moi de reprendre une fois de plus la devise de ces jours-ci et d'exprimer ma joie car nous pouvons voir cette devise réalisée ici: la foi nous réunit et nous offre une fête. Elle nous donne la joie en Dieu, la joie pour la création et la joie d'être ensemble. Je sais qu'auparavant, cette fête a exigé de grands efforts et beaucoup de travail. A travers les comptes-rendus des journaux, j'ai pu me rendre un peu compte du nombre de personnes qui ont consacré leur temps et leurs forces pour préparer cette esplanade de façon si digne; grâce à elles, la Croix se trouve ici, sur la colline, comme signe de Dieu pour la paix dans le monde; les voies d'accès et de sortie sont libres; la sécurité et l'ordre sont garantis; des logements ont été préparés, etc. Je ne pouvais pas imaginer, et même maintenant, je ne le sais que sommairement - combien de travail jusque dans les moindres détails a été nécessaire pour que nous puissions nous trouver à présent tous ensemble de cette façon. Pour tout cela, je ne peux dire simplement que: "Merci de tout coeur!". Que le Seigneur vous récompense pour tout, et que la joie que nous pouvons à présent ressentir grâce à votre préparation soit rendue au centuple à chacun de vous! J'ai été ému d'apprendre que certaines personnes, en particulier dans les écoles professionnelles de Weiden et Amberg, ainsi que des entreprises et des particuliers, hommes et femmes, ont collaboré pour décorer aussi ma petite maison et mon jardin. Un peu confus devant tant de bonté, je ne peux dire qu'un humble "merci!" pour de tels efforts. Vous n'avez pas fait tout cela pour une seule personne, pour ma pauvre personne; en définitive, vous l'avez fait dans la solidarité de la foi, en vous laissant guider par l'amour du Christ et de l'Eglise. Tout cela est un signe de véritable humanité, qui naît du fait d'avoir été touchés par Jésus Christ.

Nous nous sommes réunis pour une fête de la foi. Mais à présent, surgit la question: mais que croyons-nous en réalité? Que signifie: croire? Une telle chose peut-elle réellement exister à notre époque moderne? En voyant les grandes "Sommes" de théologie rédigées au Moyen-Age ou en pensant à la quantité de livres écrits chaque jour en faveur ou contre la foi, nous sommes tentés de nous décourager et de penser que tout cela est trop compliqué. En voyant chaque arbre, on finit par ne plus voir la forêt. Et cela est vrai: la vision de la foi comprend le ciel et la terre; le passé, le présent, l'avenir, l'éternité - c'est pourquoi cela est inépuisable. Et toutefois, dans son noyau, cela est très simple. En effet, le Seigneur lui-même en a parlé avec le Père en disant: "Tu as voulu le révéler aux tout-petits - à ceux qui sont capables de voir avec le coeur" (cf.
Mt 11,25). L'Eglise, pour sa part, nous offre une toute petite "Somme", dans laquelle tout l'essentiel est exprimé: c'est ce que l'on appelle le "Credo des Apôtres". Il est en général divisé en douze articles - selon le nombre des Douze Apôtres - et parle de Dieu, Créateur et Principe de toutes choses, du Christ et de son oeuvre de salut, jusqu'à la résurrection des morts et la vie éternelle. Mais dans sa conception de fond, le Credo n'est composé que de trois parties principales, et selon son histoire, n'est rien d'autre qu'une extension de la formule baptismale que le Seigneur ressuscité lui-même remit aux disciples de tous les temps lorsqu'il leur dit: "Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit" (Mt 28,19).

Dans cette vision se révèlent deux choses: la foi est simple. Nous croyons en Dieu - en Dieu, principe et fin de la vie humaine. Dans ce Dieu qui entre en relation avec nous, êtres humains, qui est notre origine et notre avenir. Ainsi, dans le même temps, la foi est également toujours espérance, elle est la certitude que nous avons un avenir et que nous ne tomberons pas dans le vide. Et la foi est amour, car l'amour de Dieu veut nous "contaminer". Telle est la première chose: nous croyons simplement en Dieu, et cela comporte également l'espérance et l'amour.

Comme second point, que pouvons-nous constater? Le Credo n'est pas un ensemble de sentences, ce n'est pas une théorie. Il est, précisément, ancré dans l'événement du Baptême, - dans l'événement de rencontre entre Dieu et l'homme. Dieu, dans le mystère du Baptême, se penche sur l'homme; il vient à notre rencontre et de cette façon, nous rapproche les uns des autres. Car le Baptême signifie que Jésus Christ, pour ainsi dire, nous adopte comme ses frères et soeurs, nous accueillant par cela comme des fils dans la famille de Dieu. De cette façon, il fait donc de nous tous une grande famille dans la communauté universelle de l'Eglise. Oui, celui qui croit n'est jamais seul. Dieu vient à notre rencontre. Marchons nous aussi vers Dieu, et c'est alors que nous nous rapprochons les uns des autres! Ne laissons seul, pour autant que nos forces nous le permettent, aucun des fils de Dieu!

Nous croyons en Dieu. Telle est notre décision de fond. Mais à présent se pose à nouveau la question: cela est-il possible aujourd'hui encore? Est-ce une chose raisonnable? Depuis le siècle des Lumières, au moins une partie de la science s'applique à chercher une explication du monde, dans laquelle Dieu devient superflu. Et il devrait ainsi devenir inutile également pour notre vie. Mais à chaque fois qu'il pouvait sembler que l'on y était presque parvenu, il apparaissait toujours à nouveau avec évidence que: non, le compte n'y est pas! Sans Dieu, les comptes sur l'homme ne sont pas justes, de même que les comptes sur le monde, sur tout l'univers ne sont pas justes. En fin de compte, il reste une alternative: qu'existe-t-il à l'origine? La Raison créatrice, l'esprit créateur qui opère tout et suscite le développement, ou l'Irrationalité qui, privée de toute raison, produit étrangement un univers ordonné de façon mathématique et également l'homme, sa raison. Mais cela ne serait alors qu'un résultat fortuit de l'évolution et donc, au fond, également une chose irrationnelle. Nous, chrétiens, disons: "Je crois en Dieu le Père, Créateur du ciel et de la terre" - Je crois dans l'Esprit Créateur. Nous croyons qu'à l'origine, il y a le Verbe éternel, la Raison et non l'Irrationalité. Avec cette foi, nous n'avons pas besoin de nous cacher, nous ne devons pas avoir peur de nous trouver avec elle dans une impasse. Nous sommes heureux de pouvoir connaître Dieu! Et nous nous efforçons de rendre accessible également aux autres la raison de la foi, comme saint Pierre y a exhorté de façon explicite les chrétiens de son époque et avec eux, nous aussi dans sa Première Lettre (cf. 1P 3,15)!

Nous croyons en Dieu. C'est ce qu'affirment les parties principales du Credo et ce que souligne en particulier la première partie. Mais à présent surgit immédiatement la deuxième question: dans quel Dieu? Eh bien, nous croyons précisément dans le Dieu qui est l'Esprit Créateur, la Raison créatrice, dont tout provient et dont nous provenons nous aussi. La seconde partie du Credo nous en dit davantage. Cette Raison créatrice est Bonté. Elle est Amour. Elle possède un visage. Dieu ne nous laisse pas avancer à tâtons. Il s'est révélé en tant qu'homme. Il est si grand qu'il peut se permettre de devenir tout petit. "Celui qui m'a vu a vu le Père" dit Jésus (Jn 14,9). Dieu a revêtu un visage humain. Il nous aime au point de se laisser clouer sur la Croix pour nous, pour apporter les souffrances de l'homme jusqu'au coeur de Dieu. Aujourd'hui, alors que nous connaissons les pathologies et les maladies mortelles de la religion et de la raison, les destructions de l'image de Dieu à cause de la haine et du fanatisme, il est important de dire avec clarté dans quel Dieu nous croyons et de professer de façon convaincue ce visage humain de Dieu. Seul cela nous libère de la peur de Dieu - un sentiment dont, en définitive, naît l'athéisme moderne. Seul ce Dieu peut nous sauver de la peur du monde et de l'inquiétude face au vide de notre existence. Ce n'est qu'en regardant Jésus Christ que notre joie en Dieu atteint sa plénitude, devient joie rachetée. Au cours de la célébration solennelle de l'Eucharistie, tournons notre regard vers le Seigneur qui ici, devant nous, est élevé sur la Croix et demandons-Lui la grande joie qu'à l'heure de son départ, Il a promis aux disciples (cf. Jn 16,24)!

La seconde partie du Credo se conclut par la perspective du Jugement dernier et la troisième par celle de la résurrection d'entre les morts. Jugement - est-ce que cela ne va pas nous inspirer à nouveau la peur? Mais, ne désirons-nous pas tous qu'un jour, justice soit faite pour tous les condamnés injustement, pour tous ceux qui ont souffert tout au long de leur vie et qui, après une vie pleine de douleur, ont été engloutis par la mort? Ne voulons-nous pas que l'excès d'injustice et de souffrance que nous constatons dans l'histoire disparaisse à la fin; que tous, en définitive, puissent devenir heureux et que tout prenne un sens? Cette affirmation du droit, cet assemblage de tant de fragments d'histoire qui semblent privés de sens, de façon à tous les intégrer dans un tout, dans lequel dominent la vérité et l'amour: c'est ce que l'on entend par le concept de Jugement du monde. La foi ne veut pas nous faire peur; mais elle veut nous appeler à la responsabilité! Nous ne devons pas gâcher notre vie, ni en abuser; nous ne devons pas non plus la garder simplement pour nous; face à l'injustice, nous ne pouvons pas demeurer indifférents, en devenant d'accord ou même complices. Nous devons trouver notre mission dans l'histoire et tenter d'y répondre. Non pas la peur, mais la responsabilité - responsabilité et préoccupation pour notre salut, et pour le salut du monde entier sont nécessaires. Chacun doit apporter sa propre contribution à cela. Mais lorsque responsabilité et préoccupation tendent à devenir peur, alors rappelons-nous des paroles de saint Jean: "Petits enfants, je vous écris ceci pour que vous ne péchiez pas. Mais si quelqu'un vient à pécher, nous avons comme avocat auprès du Père Jésus Christ, le Juste" (1Jn 2,1). "Si notre coeur venait à nous condamner, [...] Dieu est plus grand que notre coeur et il connaît tout" (1Jn 3,20).

Nous célébrons aujourd'hui la fête du "Nom de Marie". A toutes celles qui portent ce nom - ma mère et ma soeur en faisaient partie, comme l'Evêque l'a rappelé - je voudrais donc exprimer mes voeux les plus cordiaux pour leur fête. Marie, la Mère du Seigneur, a reçu du peuple fidèle le titre d'Advocata: elle est notre Avocate auprès de Dieu. C'est ainsi que nous la connaissons depuis les noces de Cana: comme la femme bienveillante, pleine de sollicitude maternelle et d'amour, la femme qui comprend les nécessités d'autrui et qui, pour y venir en aide, les apporte devant le Seigneur. Aujourd'hui, nous avons entendu dans l'Evangile que le Seigneur la donne comme mère au disciple bien-aimé et, en lui, à nous tous. A chaque époque, les chrétiens ont entendu avec gratitude ce testament de Jésus et, auprès de la Mère, ont toujours trouvé à nouveau cette sécurité et cette espérance réconfortante, qui nous rend heureux en Dieu et joyeux dans notre foi en Lui. Nous accueillons nous aussi Marie comme l'étoile de notre vie qui nous introduit dans la grande famille de Dieu! Oui, celui qui croit n'est jamais seul. Amen!


CÉLÉBRATION OECUMÉNIQUE DES VÊPRES À RATISBONNE - 12 sept. 06

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Cathédrale de Ratisbonne

Mardi 12 septembre 2006



Chers frères et soeurs dans le Christ!


Nous sommes réunis, chrétiens orthodoxes, catholiques et protestants, - des amis juifs se trouvent également avec nous - nous sommes réunis pour chanter ensemble les Louanges vespérales de Dieu. Les Psaumes sont le coeur de cette liturgie, dans lesquels s'unissent l'Ancienne et la Nouvelle Alliance et où notre prière s'unit à l'Israël croyant qui vit dans l'espérance. Il s'agit d'une heure de gratitude pour le fait que nous puissions ainsi réciter ensemble les psaumes et que, en nous adressant au Seigneur, nous puissions croître également en même temps dans l'unité entre nous.

Parmi les participants à ces Vêpres, je voudrais tout d'abord saluer cordialement les représentants de l'Eglise orthodoxe. Je considère déjà depuis toujours comme un grand don de la Providence le fait que, comme professeur à Bonn, j'ai eu l'occasion de connaître et d'aimer l'Eglise orthodoxe, pour ainsi dire personnellement, c'est-à-dire en la personne de deux jeunes Archimandrites, ensuite devenus Métropolites, Stylianos Harkianakis et Damaskinos Papandreou. A Ratisbonne, grâce aux initiatives de l'Evêque Graber, des rencontres supplémentaires se sont ajoutées: à l'occasion des Symposiums sur le "Spindlhof" et grâce aux boursiers qui ont étudié ici. Je suis heureux de pouvoir revoir plusieurs visages qui me sont familiers depuis longtemps et de voir les vieilles amitiés retrouvées. Dans quelques jours, reprendra à Belgrade le dialogue théologique sur le thème fondamental de la koinonia, de la communion - dans les deux dimensions que la Première Lettre de Jean nous indique immédiatement au début, dans le premier chapitre. Notre koinonia est tout d'abord une communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ dans l'Esprit Saint; elle est la communion avec Dieu Trine lui-même, rendue possible par le Seigneur à travers son incarnation et l'effusion de l'Esprit. Cette communion avec Dieu crée ensuite également la koinonia entre les hommes, comme participation à la foi des Apôtres et, ainsi, comme communion dans la foi - une communion qui, dans l'Eucharistie, devient "corporelle", édifiant l'unique Eglise qui s'étend au-delà de toutes les frontières (cf.
1Jn 1,3). J'espère et je prie pour que ces entretiens portent des fruits et que la communion avec le Dieu vivant qui nous unit, ainsi que la communion entre nous dans la foi transmise par les Apôtres, s'approfondissent et mûrissent jusqu'à cette pleine unité, à partir de laquelle le monde peut reconnaître que Jésus Christ est véritablement l'envoyé de Dieu, le Fils de Dieu, le Sauveur du monde (cf. Jn 17,21). "Pour que le monde croie", il est nécessaire que nous soyons un: le sérieux de cet engagement doit animer notre dialogue.

Je salue de tout coeur également les amis des diverses traditions de la Réforme. Dans ce contexte également, de nombreux souvenirs se réveillent en moi: les souvenirs des amis du cercle Jäger-Stählin, qui sont désormais décédés; à ces souvenirs se mêle la gratitude pour les rencontres de ce moment. Bien sûr, je pense en particulier à l'engagement de recherche difficile pour trouver un accord à propos de la justification. Je me rappelle de toutes les phases de ce processus jusqu'à la rencontre mémorable avec le défunt Evêque Hanselmann, ici à Ratisbonne - une rencontre qui put contribuer de manière essentielle à atteindre une conclusion concordante. Je suis heureux que, entre temps, le "Conseil mondial des Eglises méthodistes" ait également adhéré à cette Déclaration. L'accord à propos de la justification reste pour nous un engagement important qui - selon moi - n'est en réalité pas encore complètement accompli: dans la théologie, la justification est un thème essentiel, mais dans la vie des fidèles - me semble-t-il - il est rarement présent aujourd'hui. Même si en raison des événements dramatiques de notre époque le thème du pardon réciproque se révèle à nouveau dans toute son urgence - nous sommes peu conscients du fait que nous ayons tout d'abord besoin du pardon reçu de Dieu, de la justification à travers Lui. Il n'apparaît plus, en grande partie, à la conscience moderne - et nous tous, d'une certaine façon, sommes "modernes" - le fait que, devant Dieu, nous avons vraiment des dettes et que le péché est une réalité qui ne peut être surmontée que sur l'initiative de Dieu. Derrière cet affaiblissement du thème de la justification et du pardon des péchés se trouve, en définitive, un affaiblissement de notre relation avec Dieu. C'est pourquoi, notre première tâche sera peut-être de redécouvrir de manière nouvelle le Dieu vivant dans notre vie, dans notre temps et dans notre société.

Ecoutons à présent dans cette intention ce que saint Jean souhaitait nous dire, il y a peu, dans la lecture biblique. Je voudrais souligner de manière particulière trois affirmations de ce texte complexe et riche. Le thème central de toute la lecture apparaît dans le verset 15 (1Jn 4,15: "Celui qui confesse que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui et lui en Dieu". Encore une fois, comme déjà dans les versets 2 et 3 du quatrième chapitre 1Jn 4,2-3), Jean met en lumière la confession qui, au fond, nous caractérise en tant que chrétiens: c'est-à-dire la foi dans le fait que Jésus est le Fils de Dieu venu dans la chair. "Dieu, personne ne l'a jamais vu; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, c'est lui qui a conduit à le connaître", lit-on à la fin du prologue du quatrième Evangile (Jn 1,18). Nous savons par Jésus Christ qui est Dieu: par l'unique qui est Dieu. C'est à travers Lui que nous entrons en contact avec Dieu. A l'époque des rencontres multireligieuses, nous sommes facilement tentés d'atténuer un peu cette confession centrale ou même de la cacher. Mais ainsi nous ne rendons pas service à la rencontre, ni au dialogue. Ainsi, nous rendons seulement Dieu moins accessible, aux autres et à nous-mêmes. Il est important que nous mettions en discussion de manière complète, et pas seulement fragmentaire, notre image de Dieu. Pour en être capable, il faut développer et approfondir notre communion personnelle avec le Christ et notre amour pour Lui. Dans cette confession commune et dans cette tâche commune, il n'existe aucune division entre nous. Nous voulons prier, afin que ce fondement commun se renforce toujours davantage.

Cela nous place déjà face au deuxième thème que je souhaitais aborder. On parle de celui-ci dans le verset 1Jn 4,14, où on peut lire: "Et nous, nous avons contemplé et nous attestons que le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du monde". Le mot central de cette phrase est µa?t????ˆ µe? - nous témoignons, nous sommes témoins. La confession doit devenir témoignage. La parole sous-jacente µ??t??, réévoque le fait que le témoin de Jésus Christ doit affirmer son témoignage à travers toute son existence, sa vie et sa mort. L'auteur de la Lettre dit à propos de lui-même: "Nous avons contemplé". Etant donné qu'il a contemplé, il peut être un témoin. Cela présuppose cependant que nous aussi - les générations suivantes - soyons capables de devenir des voyants, dans le but de pouvoir, en tant que voyants, rendre témoignage. Prions donc le Seigneur de nous rendre voyants! Aidons-nous mutuellement à développer cette capacité, pour pouvoir rendre voyants également les hommes de notre temps, de manière à ce qu'à leur tour, à travers le monde entier qu'ils ont construit, ils réussissent à redécouvrir Dieu! Afin que, franchissant toutes les barrières historiques, ils puissent à nouveau apercevoir Jésus, le Fils envoyé par Dieu, dans lequel nous voyons le Père. Dans le verset 1Jn 4,9, il est dit que Dieu a envoyé son Fils dans le monde, pour que nous ayons la vie. Ne constatons-nous pas aujourd'hui que ce n'est qu'à travers la rencontre avec Jésus Christ que la vie devient véritablement vie? Etre témoin de Jésus Christ signifie surtout: être témoin d'une manière de vivre déterminée. Dans un monde plein de confusion, nous devons à nouveau rendre témoignage des orientations qui font de la vie une vie véritable. Nous devons affronter cette importante tâche commune à tous les croyants de manière ferme: il est de la responsabilité des chrétiens, en cette heure, de rendre visible les orientations pour une vie juste, qui nous sont apparues clairement en Jésus Christ. Sur son chemin de vie, il a résumé toutes les paroles de l'Ecriture: "Ecoutez-le!" (Mc 9,7).

Nous sommes ainsi arrivés au troisième mot que je voulais souligner dans cette lecture: agapè - amour. Telle est la parole guide de toute la Lettre, et en particulier du passage que nous venons d'écouter. Agapè, l'amour comme nous l'enseigne Jean, n'a rien de sentimental ni d'exalté; c'est quelque chose de totalement sobre et réaliste. J'ai cherché à en expliquer certains aspects dans mon Encyclique Deus caritas est. L'agapè, l'amour est véritablement la synthèse de la Loi et des Prophètes. Dans celle-ci tout est "contenu"; un tout qui, dans la vie quotidienne, doit cependant toujours être à nouveau "développé". Dans le verset 1Jn 4,16 de notre texte, on trouve la parole merveilleuse: "Nous avons cru à l'amour". Oui, l'homme peut croire à l'amour. Témoignons notre foi, de manière à ce qu'elle puisse apparaître comme la force de l'amour, "pour que le monde croie" (Jn 17,21)! Amen!



CONCÉLÉBRATION AVEC LES MEMBRES DE LA CTI - 6 octobre 2006

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Chapelle Redemptoris Mater

Vendredi 6 octobre 2006




Chers frères et soeurs,

Je n'ai pas préparé de véritable homélie, mais seulement quelques notes pour guider la méditation. La mission de saint Bruno, le saint du jour, apparaît avec clarté, elle est - pouvons-nous dire - interprétée dans la prière de ce jour qui, même si elle est assez différente dans le texte italien, nous rappelle que sa mission fut faite de silence et de contemplation. Mais silence et contemplation ont un but: ils servent à conserver, dans la dispersion de la vie quotidienne, une union permanente avec Dieu. Tel est le but: que dans notre âme soit toujours présente l'union avec Dieu et qu'elle transforme tout notre être.

Silence et contemplation - une caractéristique de saint Bruno - servent à pouvoir trouver dans la dispersion de chaque jour cette union profonde, continuelle, avec Dieu. Silence et contemplation: la belle vocation du théologien est de parler. Telle est sa mission: dans la logorée de notre époque, et d'autres époques, dans l'inflation des paroles, rendre présentes les paroles essentielles. Dans les paroles, rendre présente la Parole, la Parole qui vient de Dieu, la Parole qui est Dieu.

Mais comment pourrions-nous, en faisant partie de ce monde avec toutes ses paroles, rendre présente la Parole dans les paroles, sinon à travers un processus de purification de notre pensée, qui doit surtout être également un processus de purification de nos paroles? Comment pourrions-nous ouvrir le monde, et tout d'abord nous-mêmes, à la Parole sans entrer dans le silence de Dieu, duquel procède sa Parole? Pour la purification de nos paroles, et donc pour la purification des paroles du monde, nous avons besoin de ce silence qui devient contemplation, qui nous fait entrer dans le silence de Dieu et arriver ainsi au point où naît la Parole, la Parole rédemptrice.

Saint Thomas d'Aquin, s'inscrivant dans une longue tradition, dit que, dans la théologie, Dieu n'est pas l'objet dont nous parlons. Telle est notre conception normale. En réalité, Dieu n'est pas l'objet; Dieu est le sujet de la théologie. Celui qui parle dans la théologie, le sujet parlant, devrait être Dieu lui-même. Et nos paroles et nos pensées devraient uniquement servir pour que Dieu qui parle, la Parole de Dieu puisse être écoutée, puisse trouver un espace dans le monde. Et ainsi, nous sommes invités à nouveau sur ce chemin du renoncement à nos propres paroles; sur ce chemin de la purification, pour que nos paroles ne soient que l'instrument par l'intermédiaire duquel Dieu puisse parler, et que Dieu soit ainsi réellement non pas l'objet, mais le sujet de la théologie.

Dans ce contexte, il me vient à l'esprit une très belle parole de la Première Lettre de saint Pierre, dans le premier chapitre, verset 22. En latin, elle dit ceci: "Castificantes animas nostras in oboedentia veritatis".L'obéissance à la vérité doit "rendre chaste" notre âme, et conduire ainsi à la parole juste et à l'action juste. En d'autres termes, parler pour susciter les applaudissements, parler en fonction de ce que les hommes veulent entendre, parler en obéissant à la dictature des opinions communes, cela est considéré comme une sorte de prostitution de la parole et de l'âme. La "chasteté" à laquelle fait allusion l'Apôtre Pierre est de ne pas se soumettre à ces règles, ne pas rechercher les applaudissements, mais rechercher l'obéissance à la vérité. Telle est, selon moi, la vertu fondamentale du théologien, cette discipline quelquefois difficile de l'obéissance à la vérité qui fait de nous des collaborateurs de la vérité, bouche de la vérité, parce que nous ne parlons pas nous-mêmes dans ce fleuve de paroles d'aujourd'hui, mais réellement purifiés et rendus chastes par l'obéissance à la vérité, pour que la vérité parle en nous. Et nous pouvons vraiment être ainsi des porteurs de la vérité.

Cela me fait penser à saint Ignace d'Antioche et à l'une de ses belles expressions: "Qui a compris les paroles du Seigneur comprend son silence, parce que le Seigneur doit être connu dans son silence". L'analyse des paroles de Jésus arrive jusqu'à un certain point, mais elle demeure dans notre pensée. C'est uniquement lorsque nous arrivons à ce silence du Seigneur, dans sa présence avec le Père dont proviennent les paroles, que nous pouvons réellement commencer à comprendre la profondeur de ces paroles. Les paroles de Jésus sont nées dans son silence sur la Montagne, comme le dit l'Ecriture, dans sa présence avec le Père. C'est de ce silence de la communion avec le Père, de l'immersion dans le Père, que naissent les paroles et ce n'est qu'en arrivant à ce point, et en partant de ce point, que nous arrivons à une véritable profondeur de la Parole et que nous pouvons être d'authentiques interprètes de la Parole. Le Seigneur nous invite, en parlant, à gravir avec Lui la Montagne, et dans son silence, à apprendre ainsi, à nouveau, le véritable sens des paroles.

En disant cela, nous sommes arrivés aux deux lectures d'aujourd'hui. Job avait crié vers Dieu, il avait également combattu avec Dieu face aux évidentes injustices avec lesquelles il le traitait. A présent, il est confronté à la grandeur de Dieu. Et il comprend que, face à la véritable grandeur de Dieu, toutes nos paroles ne sont que pauvreté et elles sont même très loin d'arriver à la grandeur de son être et il dit ceci: "J'ai parlé deux fois, je n'ajouterai rien" (
Jb 40,5). Silence devant la grandeur de Dieu, parce que nos paroles deviennent trop petites. Cela me fait penser aux dernières semaines de la vie de saint Thomas. Au cours de ces dernières semaines, il n'a plus écrit, il n'a plus parlé. Ses amis lui demandent: Maître, pourquoi ne parles-tu plus, pourquoi n'écris-tu pas? Et il dit: Devant ce que j'ai vu, à présent, toutes mes paroles me semblent comme paille. Le grand spécialiste de saint Thomas, le Père Jean-Pierre Torrel, nous dit de ne pas mal interpréter ces paroles. La paille, ce n'est pas rien. La paille porte le blé et cela est la grande valeur de la paille. Elle porte le blé. Et la paille des paroles aussi demeure valable comme porteuse de blé. Mais cela est aussi pour nous, dirais-je, une relativisation de notre travail et, en même temps, une valorisation de celui-ci. C'est aussi une indication, afin que notre manière de travailler, notre paille, porte réellement le blé de la Parole de Dieu.

L'Evangile finit avec les mots: "Qui vous écoute, m'écoute" (Lc 10,16). Quelle mise en garde, quel examen de conscience que ces paroles! Est-il vrai que celui qui m'écoute, écoute réellement le Seigneur? Prions et travaillons pour qu'il soit toujours plus vrai que celui qui nous écoute, écoute le Christ. Amen!




Benoît XVI Homélies 11916