Discours 2005-2013 1458

AUX PARTICIPANTS À L’ASSEMBLÉE DE LA

RÉUNION DES OEUVRES POUR L'AIDE AUX ÉGLISES ORIENTALES (R.O.A.C.O.) Salle Clémentine Jeudi 21 juin 2012

Monsieur le Cardinal, Béatitudes,

Chers frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce,

Chers membres et amis de la ROACO,

           Je suis très heureux de vous accueillir et de vous saluer en cette rencontre habituelle. Je salue le Cardinal Préfet de la Congrégation pour les Églises Orientales et Président de la ROACO et je le remercie pour les mots cordiaux qu’il m’a adressés. J’ai une pensée reconnaissante pour l’Archevêque Secrétaire, pour le Sous-Secrétaire, pour les collaborateurs et pour tous les présents, renouvelant ma gratitude aux oeuvres représentées ici, aux Églises des continents européen et américain qui les soutiennent, de même qu’aux nombreux bienfaiteurs. Je vous assure de ma prière au Seigneur, dans la certitude consolante qu’« il aime celui qui donne avec joie » (2Co 9,7).

Je désire avant tout exprimer le souhait de persévérer dans « ce mouvement de charité que, sur mandat du Pape, la Congrégation supervise afin que de manière ordonnée et équitable la Terre Sainte et les autres régions orientales reçoivent le soutien spirituel et matériel nécessaire pour faire front à la vie ecclésiale ordinaire et à des nécessités particulières » (Discours à la Congrégation pour les Églises orientales, 9 juin 2007). C’est par ces mots que je m’exprimais il y a cinq ans, en visitant le Dicastère pour les Églises orientales et, maintenant, je désire répéter avec force cette exhortation pour souligner aussi les nécessités urgentes du moment présent.

1459             En effet, la conjoncture économique et sociale actuelle, particulièrement délicate à cause de la dimension mondiale qu’elle a prise, ne semble pas laisser de répit aux zones du monde économiquement évoluées et, dans une mesure encore plus préoccupante, se répand sur celles qui sont plus désavantagées, en pénalisant sérieusement le présent et l’avenir. L’Orient, mère patrie d’antiques traditions chrétiennes, est concerné de manière particulière par ce processus, qui engendre insécurité et instabilité aussi au niveau ecclésial et dans le domaine oecuménique et interreligieux. Il s’agit de facteurs qui alimentent les blessures endémiques de l’histoire et qui contribuent à rendre plus fragiles le dialogue, la paix et la coexistence entre les peuples, ainsi que le respect authentique des droits humains, spécialement du droit à la liberté religieuse personnelle et communautaire. Ce droit doit être garanti dans sa profession publique, et non seulement en termes cultuels, mais aussi pastoraux, éducatifs, caritatifs et sociaux, qui sont tous des aspects indispensables à son exercice effectif.

Aux représentants de la Terre Sainte, à commencer par le délégué apostolique, Mgr Antonio Franco, le vicaire du Patriarche latin de Jérusalem et le Père custode, qui participent en permanence à la ROACO, se sont joints cette année les Archevêques majeurs de l’Église Syro-Malabare de l’Inde, Sa Béatitude le Cardinal George Alencherry et de l’Église grecque-catholique d’Ukraine, Sa Béatitude Sviatoslav Shevchuk, ainsi que le Nonce apostolique en Syrie, Mgr Mario Zenari, et l’Évêque Président de la Caritas syrienne. Ceci me permet d’élargir encore plus le regard de l’Église de Rome à cette dimension universelle qui la caractérise profondément et qui constitue une des notes essentielles du mystère de l’Église. C’est aussi une occasion pour réaffirmer ma proximité aux grandes souffrances des frères et des soeurs de Syrie, en particulier des petits innocents et des plus faibles. Que notre prière, notre engagement et notre fraternité concrète dans le Christ, comme huile de consolation, les aident à ne pas perdre la lumière de l’espérance en ces moments d’obscurité et obtiennent de Dieu la sagesse du coeur pour qui a une responsabilité, afin que cessent toute effusion de sang et la violence qui apporte seulement douleur et mort, et laisse place à la réconciliation, à la concorde et à la paix. Que ne soit épargné aucun effort, également de la part de la communauté internationale, pour faire sortir la Syrie de la situation de violence et de crise actuelle, qui dure déjà depuis longtemps et risque de devenir un conflit généralisé qui aurait des conséquences fortement négatives pour le pays et pour toute la région. J’élève aussi un pressant et douloureux appel pour que, face au besoin extrême de la population, soit garantie la nécessaire assistance humanitaire, ainsi qu’à de nombreuses personnes qui ont du laisser leurs maisons, certaines se réfugiant dans les pays voisins : la valeur de la vie humaine est un bien précieux à sauvegarder toujours.

            Chers amis de la R.O.A.C.O., l’Année de la foi que j’ai proclamée pour le 50e anniversaire de l’ouverture du Concile oecuménique Vatican II offrira des orientations fécondes aux OEuvres d’Aide aux Églises Orientales, qui représentent un témoignage providentiel de ce que nous dit la Parole de Dieu: la foi sans les oeuvres s’éteint et meure (cf. Jc
Jc 2,17). Soyez toujours des signes éloquents de la charité qui jaillit du coeur du Christ et présente au monde l’Église dans sa mission et son identité la plus vraie, la plaçant au service de Dieu qui est Amour. À saint Louis de Gonzague, célébré aujourd’hui par la liturgie latine, je demande de soutenir notre action de grâces à l’Esprit-Saint et de prier avec nous pour que le Seigneur suscite aussi pour notre temps d’exemplaires ouvriers de charité envers le prochain. Que l’intercession de la Très Sainte Mère de Dieu accompagne toujours les Églises orientales dans la mère-patrie et dans la diaspora, apportant partout encouragement et espérance pour un service renouvelé de l’Évangile. Que ce soit Elle aussi qui veille sur le prochain voyage que - s’il plaît à Dieu ­ j’accomplirai au Liban pour apposer le sceau sur l’Assemblée spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Évêques. Je désire dès à présent offrir à l’Église et à la nation libanaise mon affection de père et de frère, tandis que j’accorde de tout coeur à vos organisations, à tous ceux ici présents et aux personnes qui vous sont chères, comme aux communautés qui vous sont confiées, mon affectueuse bénédiction apostolique.

AUX ÉVÊQUES DE COLOMBIE

EN VISITE «AD LIMINA APOSTOLORUM» Salle du Consistoire Vendredi, 22 juin 2012

Chers frères dans l’épiscopat,

1. C’est avec une grande joie que je vous reçois, pasteurs de l’Eglise de Dieu en pèlerinage en Colombie, venus à Rome pour accomplir votre visite ad limina et pour renforcer ainsi les liens qui vous unissent à ce Siège apostolique. En tant que Successeur de Pierre, il s’agit d’une précieuse opportunité pour vous renouveler mon affection et ma cordialité. Je remercie Mgr Rubén Salazar Gómez, archevêque de Bogotá et président de la Conférence épiscopale, des paroles courtoises qu’il m’a adressées, au nom de tous, en me présentant les réalités qui vous préoccupent, ainsi que les défis que les communautés que vous présidez dans la foi doivent affronter.

2. Je connais les efforts que, aussi bien au sein de la Conférence épiscopale que dans vos Eglises particulières, vous avez accompli ces dernières années pour concrétiser des initiatives visant à promouvoir un courant de renouveau et de féconde évangélisation. En effet, la Colombie n’est pas étrangère aux conséquences de l’oubli de Dieu. Alors qu’il y a quelques années encore, il était possible de reconnaître un tissu culturel unitaire, amplement accepté dans sa référence au contenu de la foi et à ce qu’elle inspire, aujourd’hui il ne semble plus qu’il en soit ainsi dans de vastes secteurs de la société, à cause de la crise des valeurs spirituelles et morales qui influence négativement un grand nombre de vos concitoyens. Il est donc indispensable de raviver chez tous les fidèles la conscience d’être des disciples et des missionnaires du Christ, en nourrissant les racines de leur foi, en renforçant leur espérance et en redonnant vigueur à leur témoignage de charité.

3. A cet égard, vous avez inspiré vos programmes d’évangélisation du Plan global de la Conférence épiscopale (2012-2020), résultat d’un discernement conscient du moment que vit l’Eglise en Colombie. Je désire vous encourager à poursuivre avec ténacité et persévérance les lignes qui y sont tracées. Faites-le en renforçant la communion à laquelle sont appelés les évêques dans l’exercice de leur mission, car, en concordant les orientations pastorales et en unissant les volontés, le ministère que le Seigneur vous a confié portera des fruits abondants. Avec ce même objectif, profitez des réflexions de la prochaine assemblée générale ordinaire du synode des évêques, ainsi que des propositions de l’«Année de la foi» que j’ai lancée, pour illustrer à travers celles-ci votre magistère et irriguer de manière bénéfique votre apostolat.

4. Le pluralisme religieux croissant est un fait qui exige d’être sérieusement pris en considération. La présence toujours plus active de communautés pentecôtistes et évangéliques en Colombie, mais également dans de nombreuses autres régions d’Amérique latine, ne peut être ignorée ou sous-évaluée. Dans ce but, il est évident que le peuple de Dieu est appelé à se purifier et à revitaliser sa foi, en se laissant guider par l’Esprit Saint, pour donner ainsi une nouvelle impulsion à son action pastorale, car «très souvent les personnes sincères qui sortent de notre Eglise ne le font pas pour ce en quoi les groupes “non catholiques” croient, mais fondamentalement pour ce qu’ils vivent; non pour des raisons de doctrine, mais de vie; non pour des motifs strictement dogmatiques, mais pastoraux; non pour des problèmes théologiques, mais méthodologiques de notre Eglise» (ve Conférence générale de l’épiscopat latino-américain et des Caraïbes, Document conclusif, n. 225). Il s’agit donc d’être de meilleurs croyants, plus riches de compassion, aimables et accueillants dans nos paroisses et communautés, afin que personne ne se sente éloigné ou exclu. Il faut renforcer la catéchèse, en adressant une attention particulière aux jeunes et aux adultes; préparer avec soin les homélies, ainsi que promouvoir l’enseignement de la doctrine catholique dans les écoles et les universités. Et tout cela en vue de faire réapparaître chez les baptisés leur sens d’appartenance à l’Eglise et de réveiller en eux l’aspiration de partager avec les autres la joie de suivre le Christ et d’être des membres de son corps mystique. Il est également important de faire appel à la tradition ecclésiale, de faire croître la spiritualité mariale et de prendre soin de la riche diversité de la dévotion. Faciliter un échange serein et ouvert avec les autres chrétiens, sans perdre sa propre identité, peut également contribuer à améliorer les relations avec eux et à surmonter la méfiance et les affrontements qui ne sont pas nécessaires.

5. Animés par le zèle apostolique et en aspirant au bien commun, ne cessez pas de rechercher ce qui ralentit le juste progrès de la Colombie, en cherchant à être proches de ceux qui se trouvent privés de la liberté à cause d’une violence injuste. La contemplation du visage souffrant du Christ sur la Croix doit également vous pousser à redoubler les mesures et les programmes visant à accompagner avec amour et à assister ceux qui sont dans la peine, de manière particulière ceux qui sont victimes de catastrophes naturelles, les plus pauvres, les agriculteurs, les malades et les personnes qui souffrent, en multipliant les initiatives solidaires et les oeuvres d’amour et de miséricorde en leur faveur. N’oubliez pas non plus ceux qui doivent émigrer de leur patrie, parce qu’ils ont perdu leur travail ou qu’ils ont du mal à en trouver; ceux qui voient leurs droits fondamentaux foulés au pied et qui sont obligés de quitter leur famille sous la menace de la main sombre de la terreur et de la criminalité; ou ceux qui sont tombés dans le réseau funeste du commerce des drogues et des armes. Je désire vous encourager à poursuivre ce chemin de service généreux et fraternel, qui n’est pas le résultat d’un calcul humain, mais qui naît de l’amour pour Dieu et pour le prochain, source dans laquelle l’Eglise trouve sa force pour mener à bien sa tâche, en offrant aux autres ce qu’elle-même a apprise de l’exemple sublime de son divin fondateur.

1460 6. Chers frères dans l’épiscopat, si la grâce de Dieu ne le précède pas et ne le soutient pas, l’homme vacille rapidement dans ses intentions de transformer le monde. C’est pourquoi, afin que la lumière qui vient d’en-Haut continue à rendre fécond l’engagement prophétique et caritatif de l’Eglise qui est en Colombie, insistez pour encourager chez les fidèles la rencontre personnelle avec Jésus Christ, de manière à ce qu’ils prient sans faiblir, qu’ils méditent avec assiduité la Parole de Dieu et qu’ils participent de manière plus digne et fervente aux sacrements, célébrés selon les normes canoniques et les livres liturgiques. Tout cela constituera une voie propice pour un itinéraire adapté à l’initiation chrétienne, invitera chacun à la conversion et à la sainteté et collaborera au renouveau ecclésial si nécessaire.

7. Au terme de cette rencontre, je demande au Tout-Puissant que le nom de notre Seigneur Jésus soit glorifié en vous et vous en Lui (cf.
2Th 1,12). Alors que je vous confie à la protection de Notre-Dame du Rosaire de Chiquinquirá, Patronne céleste de la Colombie, je vous donne avec plaisir la Bénédiction implorée, en gage de paix et de joie en Jésus Christ, Rédempteur de l’homme.

VISITE PASTORALE DANS LES ZONES

FRAPPÉES PAR LES TREMBLEMENTS DE TERRE

EN ÉMILIE-ROMAGNE (ITALIE)

(26 JUIN 2012)

Area Impianti sportivi, San Marino di Carpi - Modène Mardi 26 juin 2012

[Vidéo]




Chers frères et soeurs !

Merci de votre accueil !

Dès les premiers jours du tremblement de terre qui vous a frappés, j’ai toujours été proche de vous à travers ma prière et mon attention. Mais quand j’ai vu que l’épreuve était devenue plus dure, j’ai senti de manière toujours plus forte le besoin de venir en personne parmi vous. Et je rends grâce au Seigneur qui me l’a permis !

Je vous salue donc avec une grande affection, vous tous qui êtes ici réunis, et j’embrasse avec l’esprit et le coeur tous les villages, toutes les populations qui ont subi des dommages à la suite du séisme, en particulier les familles et les communautés qui pleurent leurs défunts : que le Seigneur les accueille dans sa paix. J’aurais voulu visiter toutes les communautés pour être présent de manière personnelle et concrète, mais vous savez bien à quel point cela aurait été difficile. Mais en ce moment, je voudrais que tous, dans chaque ville, vous sentiez que le coeur du Pape est proche de votre coeur pour vous consoler, mais surtout pour vous encourager et vous soutenir. Je salue le ministre représentant du gouvernement, le chef du département de la protection civile, et M. Vasco Errani, président de la Région de l’Émilie-Romagne, que je remercie des paroles qu’il m’a adressées au nom des institutions et de la communauté civile. Je désire ensuite remercier le cardinal Carlo Caffarra, archevêque de Bologne, pour ses paroles affectueuses qui m’étaient destinées et qui font ressortir la force de vos coeurs, qui n’ont pas de failles, mais qui sont profondément unis dans la foi et dans l’espérance. Je salue et je remercie mes frères évêques et prêtres, les représentants des différentes institutions religieuses et sociales, les forces de l’ordre, les bénévoles : il est important d’offrir un témoignage concret de solidarité et d’unité.

Comme je vous le disais, j’ai senti le besoin de venir, ne serait-ce que pour un bref moment, parmi vous. Lorsque je me suis rendu à Milan, au début de ce mois, pour la Rencontre mondiale des famille, j’aurais aussi voulu venir vous rendre visite, ma pensée allait souvent vers vous. Je savais en effet que, outre à souffrir des conséquences matérielles, vous étiez mis à dure épreuve dans votre âme, en raison du prolongement des secousses, souvent fortes; ainsi que de la perte de certains édifices symboliques de vos villages, et en particulier, parmi eux, de nombreuses églises. Ici, à Rovereto di Novi, dans l’effondrement de l’église — que je viens de voir — le père Ivan Martini a perdu la vie. En rendant hommage à sa mémoire, je vous adresse un salut particulier, chers prêtres, ainsi qu’à tous vos confrères, alors que vous donnez preuve, comme cela a déjà été le cas en d’autres heures difficiles de l’histoire de ces terres, de votre amour généreux pour le peuple de Dieu.

Comme vous le savez, nous prêtres — mais aussi les religieux et de nombreux laïcs — nous prions chaque jour avec ce qu’on appelle le « Bréviaire », qui contient la Liturgie des Heures, la prière de l’Église qui rythme la journée. Nous prions avec les psaumes, selon un ordre qui est le même pour toute l’Église catholique, dans le monde entier. Pourquoi est-ce que je vous dit cela ? Parce que ces derniers jours, j’ai rencontré, en priant avec le Psaume 46, cette expression : « Dieu est pour nous refuge et force, / secours dans la détresse, toujours offert. / Nous serons sans crainte si la terre est secouée ; / si les montagnes s’effondrent au creux de la mer » (Ps 46,2-3). Combien de fois ai-je lu ces paroles ? D’innombrables fois ! Et pourtant à certains moments, comme celui-ci, elles frappent profondément, car elles vont dans le vif, elles donnent voix à une expérience que vous vivez à présent, et que tous ceux qui prient partagent. Mais — voyez-vous — ces paroles du Psaume me frappent non seulement parce qu’elles utilisent l’image du tremblement de terre, mais surtout par ce qu’elles affirment à l’égard de notre attitude intérieure face au bouleversement de la nature : une attitude de grande sécurité, fondée sur le roc stable, inamovible qui est Dieu. Nous « serons sans crainte si la terre est secouée » — dit le psalmiste — car « Dieu est pour nous refuge et force », il est « secours dans la détresse, toujours offert ».

1461 Chers frères et soeurs, ces mots semblent être en opposition avec la peur que l’on éprouve inévitablement après une expérience comme celle que vous avez vécue. Une réaction immédiate, qui peut s’imprimer plus profondément si le phénomène se prolonge. Mais en réalité, le Psaume ne se réfère pas à ce type de peur, et la sécurité qu’il affirme n’est pas celle de surhommes qui ne sont pas touchés par des sentiments normaux. L’assurance dont il parle est celle de la foi ; il peut donc, en effet, exister la peur, l’angoisse — Jésus l’a éprouvée lui aussi — mais il existe surtout la certitude que Dieu est avec moi ; comme l’enfant qui peut toujours compter sur son père et sur sa mère, parce qu’il se sent aimé, voulu, quoi qu’il advienne. C’est ainsi que nous sommes par rapport à Dieu: petits, fragiles, mais en sécurité entre ses mains; c’est-à-dire confiés à son Amour qui est solide comme le roc. Nous voyons cet Amour dans le Christ crucifié, qui est le signe à la fois de la douleur et de l’amour. Il est la révélation de Dieu Amour, solidaire avec nous jusqu’à l’humiliation extrême.

Sur ce roc, avec cette ferme espérance, on peut construire, on peut reconstruire. Sur les ruines de l’après-guerre — pas seulement matérielles — l’Italie a bien sûr été reconstruite également grâce aux aides reçues, mais surtout grâce à la foi de tant de personnes animées par un esprit de véritable solidarité, par la volonté de donner un avenir aux familles, un avenir de liberté et de paix. Vous êtes des personnes que tous les Italiens estiment, en raison de votre humanité et de votre sociabilité, de votre caractère travailleur uni à la jovialité. Tout cela est à présent mis à dure épreuve par cette situation, mais celle-ci ne doit pas et ne peut pas entamer ce que vous êtes comme peuple, votre histoire et votre culture. Restez fidèles à votre vocation de personnes fraternelles et solidaires, et vous affronterez chaque chose avec patience et détermination, en repoussant les tentations qui sont malheureusement liées à ces moments de faiblesse et de besoin.

La situation que vous vivez a mis en lumière un aspect dont je voudrais qu’il soit bien présent dans votre coeur : vous n’êtes pas et vous ne serez pas seuls ! En ces jours, parmi tant de destruction et de douleur, vous avez vu et senti que de nombreuses personnes ont agi pour vous exprimer leur proximité, leur solidarité, leur affection; et cela à travers de nombreux signes et aides concrètes. Ma présence parmi vous veut être l’un de ces signes d’amour et d’espérance. En regardant vos terres, j’ai éprouvé une profonde émotion devant tant de blessures, mais j’ai également vu de nombreuses mains qui veulent les soigner avec vous ; j’ai vu que la vie recommence, veut recommencer avec force et courage, et cela est le signe le plus beau et le plus lumineux.

De ce lieu, je voudrais lancer un appel fort aux institutions, à chaque citoyen à être, malgré les difficultés du moment, comme le bon samaritain de l’Évangile qui ne passe pas avec indifférence devant celui qui est dans le besoin, mais, avec amour, se penche, secourt, reste à ses côtés, prenant en charge jusqu’au bout les nécessités de l’autre (cf.
Lc 10, 29, 37). L’Église est proche de vous et sera proche par sa prière et par l’aide concrète de ses organisations, en particulier de la Caritas, qui s’engagera également dans la reconstruction du tissu communautaire des paroisses.

Chers amis, je vous bénis tous et chacun, et je vous porte avec une grande affection dans mon coeur.

SALUT

À LA DÉLÉGATION DU PATRIARCAT OECUMÉNIQUE

DE CONSTANTINOPLE Jeudi 28 juin 2012

«Magnifiez avec moi le Seigneur,
exaltons tous ensemble son nom» (Ps 34,4)

Chers frères dans le Christ,

En cette joyeuse circonstance de la Fête des saints Pierre et Paul, patrons de la Ville et de l’Église de Rome, je suis particulièrement heureux de vous accueillir avec les paroles du psaume qui seront chantées au cours de la liturgie eucharistique solennelle en l’honneur de ces deux grands Apôtres et Martyrs. En vous adressant une chaleureuse bienvenue, je vous demande de porter à Sa Sainteté Bartholomée Ier et au Saint Synode mes sentiments d’affection fraternelle et de vive gratitude pour avoir voulu envoyer cette année aussi de dignes représentants pour participer à notre célébration, et de transmettre un salut cordial au clergé, aux moines et à tous les fidèles du Patriarcat oecuménique.

Votre présence ici à Rome à l’occasion de la fête liturgique des saints Pierre et Paul nous offre une opportunité particulière d’élever notre chant de louange pour les merveilles que la grâce divine, dont provient tout bien, a accomplies dans la vie des deux Apôtres, les rendant dignes d’entrer triomphants dans la gloire céleste après être passés par le bain régénérateur du martyre. La fête des saints Pierre et Paul, nous donne, en outre, la possibilité de remercier ensemble le Seigneur pour les oeuvres extraordinaires qu’il a accomplies et continue d’accomplir à travers les Apôtres dans la vie de l’Église. C’est leur prédication, scellée par le témoignage du martyr, qui est le fondement solide et pérenne sur lequel s’édifie l’Église, et c’est dans la fidélité au dépôt de la foi transmis par eux, que nous trouvons les racines de la communion dont nous faisons déjà l’expérience entre nous.

1462 Vénérés frères, en notre rencontre d’aujourd’hui, tandis que nous confions à l’intercession des glorieux apôtres et martyrs Pierre et Paul notre supplication pour que le Seigneur, riche en miséricorde, nous accorde de parvenir bientôt au jour béni où nous pourrons partager la table eucharistique, nous élevons nos voix dans l’hymne à Dieu pour le chemin de paix et de réconciliation qu’il nous donne de parcourir ensemble. Cette année marque le cinquantième anniversaire de l’ouverture du Concile oecuménique Vatican II, qui sera célébré solennellement le 11 octobre prochain. Et c’est en concomitance avec ce Concile, auquel, comme vous le savez bien, étaient présents certains représentants du Patriarcat oecuménique en qualité de Délégués fraternels, que commença une nouvelle phase importante des relations entre nos Églises. Nous voulons louer le Seigneur avant tout pour la redécouverte de la profonde fraternité qui nous lie, et aussi pour le chemin parcouru en ces années par la Commission Mixte Internationale pour le Dialogue théologique entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe dans son ensemble, avec le souhait que des progrès puissent se réaliser aussi dans la phase actuelle.

Rappelant l’anniversaire du Concile Vatican II, il me semble juste de faire mémoire de la figure et de l’activité de l’inoubliable Patriarche oecuménique Athénagoras, dont ce sera, dans quelques jours, le quarantième anniversaire de la disparition. Le Patriarche Athénagoras, avec le Bienheureux Pape Jean XXIII et le Serviteur de Dieu le Pape Paul VI, animés par cette passion pour l’unité de l’Église qui jaillit de la foi au Christ Seigneur, se firent les promoteurs d’initiatives courageuses qui ont ouvert la voie à des relations renouvelées entre le Patriarcat oecuménique et l’Église catholique. C’est pour moi un motif de joie particulière de constater comment Sa Sainteté Bartholomée Ier suit, avec une fidélité renouvelée et une créativité féconde, le chemin tracé par ses prédécesseurs les Patriarches Athénagoras et Dimitrios, se distinguant au niveau international pour son ouverture au dialogue entre les chrétiens et pour l’engagement au service de l’annonce de l’Évangile dans le monde contemporain.

Éminence, chers membres de la délégation, vous remerciant encore une fois pour votre présence ici au milieu de nous, je vous assure de ma prière pour que le Seigneur accorde santé et force à Sa Sainteté Bartholomée Ier et donne prospérité et paix au Patriarcat oecuménique. Que Dieu tout-puissant nous fasse le don d’une communion toujours plus pleine selon sa volonté, pour que « d’un seul coeur et d’une seule âme » (
Ac 4,32), nous puissions toujours exalter son nom.

DISCOURS

AUX ARCHEVÊQUES ARCIVESCOVI MÉTROPOLITAINS

AYANT REÇU LE PALLIUM Salle Paul VI Samedi, 30 juin 2012

Chers frères et soeurs,

Je suis heureux de vous souhaiter cordialement la bienvenue à tous, vous qui avez accompagné à Rome, sur la tombe des apôtres, les archevêques métropolitains, auxquels j’ai eu la joie de remettre le pallium hier dans la basilique vaticane, au cours d’une célébration solennelle, durant laquelle nous avons fait mémoire des saints apôtres Pierre et Paul. A l’occasion de cette rencontre, nous voulons en quelque sorte prolonger le climat de profonde communion ecclésiale que nous avons vécu hier. En effet, la présence des archevêques métropolitains, qui proviennent de diverses régions du monde, manifeste de manière visible l’universalité de l’Eglise, appelée à faire connaître le Christ et à annoncer l’Evangile sur tous les continents et dans les différentes langues.

Je salue avec affection chacun de vous, vénérés et estimés frères métropolitains, et avec vous je salue les parents, les amis et les fidèles confiés à votre sollicitude pastorale, qui vous entourent dans ces journées tellement significatives. J’adresse, en outre, un salut cordial aussi à vos diocèses d’origine.

Rivolgo il mio pensiero in primo luogo a voi, cari Pastori della Chiesa che è in Italia! Saluto Lei, Mons. Francesco Moraglia, Patriarca di Venezia; saluto Lei, Mons. Filippo Santoro, Arcivescovo di Taranto; e Lei, Mons. Arrigo Miglio, Arcivescovo di Cagliari. Vi assicuro la mia costante preghiera, affinché possiate svolgere con gioia e fedeltà il vostro ministero episcopale, per edificare nella carità le vostre Comunità diocesane, sostenendole nella testimonianza della fede e aiutandole ad evidenziare sempre più il rinnovato entusiasmo dell’incontro con la persona del Cristo.

Je suis heureux d’accueillir les pèlerins francophones, venus accompagner les nouveaux archevêques métropolitains à qui j’ai eu la joie de remettre le pallium. Je salue bien cordialement Mgr Luc Cyr, archevêque de Sherbrooke, Mgr Paul-André Durocher, archevêque de Gatineau, Mgr Pascal Wintzer, archevêque de Poitiers, et Mgr André Lépine, archevêque de Montréal. Le pallium est le symbole de l’unité qui lie les pasteurs des Eglises particulières au Successeur de Pierre, Evêque de Rome. Il rappelle aussi aux pasteurs leurs responsabilités d’être exemplaires et zélés, riches d’amour pour tous, afin de guider le peuple de Dieu confié à leur sollicitude pastorale. Je donne de grand coeur, à tous les prêtres et aux fidèles de vos archidiocèses la Bénédiction apostolique, en gage de paix et de joie dans le Seigneur!

I extend warm greetings to the English-speaking Metropolitan Archbishops upon whom I conferred the Pallium yesterday. From the United States of America: Archbishop Charles Chaput of Philadelphia, Archbishop William Skurla of Pittsburgh, Archbishop William Lori of Baltimore, Archbishop Samuel Aquila of Denver. From Papua New Guinea: Archbishop Francesco Panfilo of Rabaul. From the Philippines: Archbishop Luis Tagle of Manila, Archbishop Jose Advincula of Capiz, Archbishop Romulo Valles of Davao, Archbishop John Du of Palo. From Bangladesh: Archbishop Patrick D’Rozario of Dhaka. From the Antilles: Archbishop Joseph Harris of Port of Spain. From Zambia: Archbishop Ignatius Chama of Kasama. From India: Archbishop John Moolachira of Guwahati, Archbishop Thomas D’Souza of Calcutta. From Pakistan: Archbishop Joseph Coutts of Karachi. From Australia: Archbishop Timothy Costelloe of Perth, Archbishop Mark Coleridge of Brisbane. From Korea: Archbishop Andrew Yeom Soo Jung of Seoul. From Nigeria: Archbishop Alfred Martins of Lagos.

1463 I also welcome their family members, their relatives, friends and the faithful of their respective Archdioceses who have come to Rome to pray with them and to share their joy.

Mit Freude grüße ich die Delegation und die Gäste aus Berlin sowie alle Pilger aus Deutschland, die Kardinal Rainer Maria Woelki zum Empfang des Palliums nach Rom begleitet haben. Seid herzlich willkommen! Das Pallium macht auf besondere Weise die enge Verbundenheit der Erzbischöfe und ihrer Kirchenprovinzen mit dem Papst und dem Stuhl Petri sichtbar. Zugleich erinnert es an die Aufgabe, gleich Christus, dem Guten Hirten, dem verlorenen Schaf nachzugehen, es auf die Schultern zu nehmen, zur Herde zurückzubringen und für es zu sorgen. So steht das Pallium für die Fürsorge und Verantwortung der Hirten für ihre Herde. Und gerade aufgrund dieser gemeinsamen Verantwortung müssen wir die Einheit pflegen und wahren. Tragt auch ihr mit eurem Gebet und eurem Einsatz dazu bei, die Einheit der Kirche zu fördern und zu festigen. Von Herzen segne ich euch alle.

Con ocasión de la imposición del palio, saludo cordialmente al Arzobispo de Guadalajara, Cardenal Francisco Robles Ortega; al de Tucumán, Monseñor Alfredo Horacio Zecca; al de Los Altos-Quetzaltenango-Totonicapán, Monseñor Mario Alberto Molina Palma; al de Ayacucho o Huamanga, Monseñor Salvador Piñeiro García-Calderón; al de Ciudad Bolívar, Monseñor Ulises Antonio Gutiérrez Reyes, y al de San Luis Potosí, Monseñor Jesús Carlos Cabrero Romero, así como a quienes los arropan con su oración y afecto en esta significativa circunstancia. Pongo a todos bajo la fiel custodia de San Pedro y San Pablo, para que se incremente cada vez más la cercanía espiritual y los vínculos de comunión de vuestras Iglesias particulares con la Sede Apostólica, y así se intensifique entre vosotros el anuncio del Evangelio. Que Dios os bendiga.

Saúdo com alegria os Arcebispos brasileiros, Dom Wilson Jönck, de Florianópolis; Dom José Francisco Dias, de Niterói; Dom Esmeraldo de Farias, de Porto Velho; Dom Jaime Rocha, de Natal; Dom Airton dos Santos, de Campinas; Dom Jacinto de Brito Sobrinho, de Teresina; e Dom Paulo Peixoto, de Uberaba; e também o Arcebispo de Malanje em Angola, Dom Benedito Roberto, que ontem receberam o Pálio, sinal de particular comunhão com o Sucessor de Pedro. Queridos Arcebispos, sede para o vosso Povo um sinal de Cristo, Bom Pastor, que guia as suas ovelhas. Dou também as boas-vindas aos sacerdotes, religiosos e fiéis que vos acompanham, pedindo-lhes que rezem pelos seus Arcebispos para que não lhes faltem as forças no cumprimento da sua missão. E, como penhor de alegria e de paz no Senhor, concedo a vós aqui presentes e às vossas comunidades arquidiocesanas a minha Bênção Apostólica.

Serdecznie pozdrawiam nowych Arcybiskupów metropolitów z Polski, którzy wczoraj otrzymali paliusze: Stanislawa Budzika z Lublina, Wiktora Skworca z Katowic i Waclawa Depo z Czestochowy. Pozdrawiam takze wiernych, którzy podzielaja ich radosc, a szczególnie pielgrzymów z ich metropolii i wszystkich im bliskich, wspierajacych ich swoja modlitwa. Paliusz jest znakiem szczególnej jednosci z Chrystusem i komunii z Nastepca Swietego Piotra. Niech ta komunia przenika serca wiernych kazdej metropolii. Polecam Bogu to pragnienie w mojej modlitwie i wszystkim z serca blogoslawie. Niech bedzie pochwalony Jezus Chrystus.

Chers frères et soeurs, apportez dans vos communautés l’expérience d’intense spiritualité et d’authentique unité évangélique de ces journées, afin qu’elle touche le coeur des croyants et se reflète sur la société tout entière, en laissant des traces de bien. Puisse l’intercession de la céleste Mère de Dieu et des apôtres Pierre et Paul obtenir au peuple chrétien la capacité de faire resplendir sur le monde, à travers le témoignage tenace et limpide des individus, la parole de vérité que le Seigneur Jésus nous a laissée en don. Avec ces sentiments, je vous donne de tout coeur la Bénédiction apostolique.
Juillet 2012


Discours 2005-2013 1458