Discours 2005-2013 1469


VOYAGE APOSTOLIQUE

AU LIBAN

(14-16 SEPTEMBRE 2012)

ENTRETIEN

ACCORDÉ AUX JOURNALISTES AU COURS DU VOL VERS LE LIBAN

Vendredi 14 septembre 2012




P. Lombardi : Saint-Père, en ces jours, il y a des anniversaires terribles, comme le 11 septembre ou le massacre de Sabra et Chatila ; aux frontières du Liban, il y a une sanglante guerre civile, et nous voyons aussi dans d’autres pays, le risque de la violence toujours présent. Saint-Père, avec quels sentiments vous affrontez ce voyage ? Est-ce que vous avez été tenté d’y renoncer pour l’insécurité, ou quelqu’un vous a-t-il suggéré d’y renoncer ?

Saint-Père : Chers amis, je suis très heureux et reconnaissant pour cette possibilité de parler avec vous. Je puis dire que personne ne m’a conseillé de renoncer à ce voyage, et pour ma part, je n’ai jamais pensé à cette hypothèse parce que je sais que, si la situation devient plus compliquée, il est encore plus nécessaire de donner ce signe de fraternité, d’encouragement, de solidarité. Et donc, c’est le sens de mon voyage : inviter au dialogue, inviter à la paix contre la violence, aller ensemble pour trouver les solutions des problèmes. Et donc, mes sentiments pour ce voyage sont surtout des sentiments de reconnaissance pour la possibilité d’aller en ce moment dans ce grand pays, ce pays qui est – comme l’a dit le Pape Jean-Paul II – un message multiple, dans cette Région, de la rencontre et de l’origine des trois religions abrahamiques. Et je suis reconnaissant surtout au Seigneur qui m’a donné cette possibilité ; je suis reconnaissant à toutes les Institutions et aux personnes qui ont collaboré et collaborent encore pour cette possibilité. Et je suis reconnaissant pour tant de personnes qui m’accompagnent avec la prière. Avec cette protection de la prière et de la collaboration, je suis heureux et je suis sûr que nous pouvons faire un service réel pour le bien des hommes et pour la paix.

Père Lombardi : Merci Saint-Père. Un grand nombre de catholiques manifestent leur inquiétude devant la croissance des fondamentalismes dans différentes régions du monde et devant les agressions dont sont victimes plusieurs chrétiens. Dans ce contexte difficile et souvent sanglant, comment l’Église peut-elle répondre à l’impératif du dialogue avec l’islam, sur lequel vous avez plusieurs fois insisté ?

1470 Saint-Père : Le fondamentalisme est toujours une falsification de la religion. Il va contre l’essence de la religion qui veut réconcilier et créer la paix de Dieu dans le monde. Donc, la tâche de l’Église et des religions est se purifier, une haute purification de cette tentation de la religion est toujours nécessaire. Il est de notre tâche d’illuminer et de purifier les consciences et de rendre clair que chaque homme est une image de Dieu, et nous devons respecter dans l’autre, non seulement son altérité, mais dans l’altérité, la réelle essence commune d’être image de Dieu et traiter l’autre comme une image de Dieu. Donc, le message fondamental de la religion doit être contre la violence qui en est une falsification – comme le fondamentalisme – et doit être l’éducation, l’illumination et la purification des consciences pour les rendre capables du dialogue, de la réconciliation et de la paix.

Père Lombardi : Dans le contexte de la vague de désir de démocratie qui s’est mise en mouvement dans beaucoup de pays du Moyen-Orient avec ledit « printemps arabe », vu la réalité sociale, dans la plupart de ces pays, où les chrétiens sont minoritaires, n’y-a-t-il pas le risque d’une tension inévitable entre la domination de la majorité et la survie du christianisme ?

Saint-Père : Je dirais qu’en lui-même, le printemps arabe est une chose positive : il est un désir de plus de démocratie, de plus de liberté, de plus de coopération, d’une rénovation de l’identité arabe. Et ce cri de liberté qui vient d’une jeunesse plus formée sur le plan culturel et professionnel, qui désire une plus grande participation à la vie politique et sociale, est un progrès, une chose très positive et saluée aussi par nous les chrétiens. De l’histoire des révolutions, nous savons bien que le cri de la liberté, aussi important et positif, est toujours guetté par le danger d’oublier un aspect, une dimension fondamentale de la liberté, qui est la tolérance envers l’autre, le fait que la liberté humaine est toujours une liberté partagée, qui peut se développer seulement dans le partage, dans la solidarité et dans le “vivre ensemble”, avec des règles précises. C’est toujours le danger, c’est aussi le danger dans ce cas. Nous devons faire tout notre possible pour que le concept de liberté, le désir de liberté aillent dans la juste direction, et n’oublient pas la tolérance, le “vivre ensemble”, la réconciliation, comme faisant partie fondamentalement de la liberté. De même, la rénovation de l’identité arabe implique aussi – je pense – un renouvellement de la convivialité séculaire et millénaire des chrétiens et des arabes, qui, dans la tolérance entre la majorité et la minorité, ont construit ces terres et ne peuvent pas ne pas y vivre ensemble. C’est pourquoi, je pense qu’il est important de voir l’élément positif dans ces mouvements et de faire notre part afin que la liberté soit comprise d’une manière juste et réponde à plus de dialogue et non à la domination des uns sur les autres.

Père Lombardi : Saint-Père, en Syrie, comme en Irak il y a quelques années, de nombreux chrétiens se sentent contraints à quitter, à contre coeur, leur pays. Qu’est-ce que l’Église catholique entend faire ou dire pour aider dans cette situation, pour empêcher la disparition des chrétiens en Syrie et dans d’autres pays moyen-orientaux ?

Saint-Père : Je dois dire avant tout, que non seulement les chrétiens fuient mais aussi les musulmans. Naturellement, le danger que les chrétiens s’éloignent et ne soient plus présents sur ces terres est grand, et nous devons faire notre possible pour les aider à rester. L’aide essentielle serait la cessation de la guerre, de la violence : celle-ci crée la fuite. Donc, la première chose est de faire tout ce qui est possible pour que finisse la violence et que soit réellement créée une possibilité de rester ensemble aussi dans l’avenir. Que pouvons-nous faire contre la guerre ? Nous disons, naturellement, répandre toujours le message de la paix, rendre clair que la violence ne résout jamais un problème et consolider les forces de la paix. Ici est important le travail des journalistes, qui peuvent beaucoup aider à montrer comment la violence détruit, ne construit pas, n’est utile à personne. Ensuite, je dirais peut-être des gestes du peuple chrétien, des jours de prière pour le Moyen-Orient, pour les chrétiens et les musulmans, et montrer la possibilité de dialogue et de solutions. Je dirais aussi que doit enfin cesser l’importation des armes : parce que sans l’importation des armes, la guerre ne pourrait continuer. Au lieu d’importer les armes, qui est un péché grave, nous devrions importer des idées de paix, de créativité, trouver des solutions pour accepter chacun dans son altérité ; nous devons donc rendre visible dans le monde, le respect des religions les unes vis à vis des autres, le respect de l’homme comme créature de Dieu, l’amour du prochain comme fondamental pour toutes les religions. En ce sens, avec tous les gestes possibles, avec les aides matérielles aussi, aider pour que cesse la guerre, la violence, et que tous puissent reconstruire le pays.

Père Lombardi : Saint-Père, vous apportez une Exhortation apostolique adressée à tous les chrétiens du Moyen-Orient. Aujourd’hui, c’est une population qui souffre. En plus de la prière et des sentiments de solidarité, voyez-vous des pas concrets que les Églises et les catholiques de l’Occident, surtout en Europe et en Amérique, peuvent faire pour soutenir leurs frères du Moyen-Orient ?

Saint-Père : Je dirais que nous devons influer sur l’opinion politique et sur les hommes politiques pour qu’on s’engage réellement, avec toutes les forces, toutes les possibilités, avec une vraie créativité, pour la paix, contre la violence. Personne ne devrait attendre de la violence des avantages, tous doivent apporter leur contribution. En ce sens, un travail d’avertissement, d’éducation, de purification est très nécessaire de notre part. En outre, nos organisations caritatives devraient aussi aider matériellement et faire tout ce qui est possible. Nous avons des organisations comme les Chevaliers du Saint-Sépulcre, en soi pour la Terre Sainte, mais des organisations similaires pourraient aussi aider sur le plan matériel, politique et humain dans ces pays. Une fois encore, je dirais que des gestes visibles de solidarité, des journées de prière publique, des choses similaires peuvent attirer l’attention de l’opinion publique, en être de réels facteurs. Nous sommes convaincus que la prière a un effet ; si elle est faite avec beaucoup de confiance et de foi, elle aura son effet.

VOYAGE APOSTOLIQUE

AU LIBAN

(14-16 SEPTEMBRE 2012)

CÉRÉMONIE DE BIENVENUE

Aéroport international Rafiq Hariri, Beyrouth Vendredi 14 septembre 2012
[Vidéo]


Monsieur le Président de la République,
1471 Messieurs les Présidents du Parlement et du Conseil des ministres,
Chères Béatitudes, Membres du Corps diplomatique,
Autorités civiles et religieuses présentes, chers amis,

J’ai la joie, Monsieur le Président, de répondre à l’aimable invitation que vous m’avez adressée à me rendre dans votre pays, ainsi qu’à celle reçue des Patriarches et des Évêques catholiques du Liban. Cette double invitation manifeste, si nécessaire, le double but de ma visite dans votre pays. Elle souligne l’excellence des relations qui existent depuis toujours entre le Liban et le Saint-Siège, et elle voudrait contribuer à les renforcer. Cette visite est aussi la réponse à celles que vous m’avez faites au Vatican en novembre 2008, et plus récemment en février 2011, visite qui a été suivie neuf mois plus tard par celle de Monsieur le Premier Ministre.

C’est lors de la seconde de nos rencontres, que la majestueuse statue de saint Maron a été bénie. Sa présence silencieuse au chevet de la basilique Saint-Pierre rappelle de manière permanente le Liban sur le lieu même où l’apôtre Pierre a été enseveli. Elle manifeste un héritage spirituel séculaire en confirmant la vénération des Libanais pour le premier des Apôtres et pour ses successeurs. C’est pour marquer leur grande dévotion à Simon Pierre que les Patriarches maronites ajoutent à leur prénom celui de Boutros. Il est beau de voir que du sanctuaire pétrinien, Saint Maron intercède continuellement pour votre pays et pour l’ensemble du Moyen-Orient. Je vous remercie par avance, Monsieur le Président, pour tous les efforts entrepris en vue de la bonne réussite de mon séjour parmi vous.

Un autre motif de ma visite est la signature et la remise de l’Exhortation apostolique post-synodale de l’assemblée spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des évêques, Ecclesia in Medio Oriente. Il s’agit-là d’un événement ecclésial d’importance. Je remercie tous les Patriarches catholiques qui se sont déplacés, et plus particulièrement le Patriarche émérite, le cher Cardinal Nasrallah Boutros Sfeir, et son successeur, le Patriarche Bechara Boutros Raï. Je salue fraternellement tous les Évêques du Liban, ainsi que ceux qui ont voyagé pour prier avec moi et recevoir des mains-mêmes du Pape ce document. À travers eux, je salue paternellement tous les chrétiens du Moyen-Orient. Destinée à l’ensemble du monde, l’Exhortation se propose d’être pour eux une feuille de route pour les années à venir. Je me réjouis également de pouvoir rencontrer durant ces jours-ci de nombreuses représentations des communautés catholiques de votre pays, de pouvoir célébrer et prier ensemble. Leur présence, leur engagement et leur témoignage sont une contribution reconnue et hautement appréciée dans la vie quotidienne de tous les habitants de votre cher pays.

Je tiens à saluer aussi avec grande déférence les Patriarches et Évêques orthodoxes venus me recevoir, ainsi que les représentants des diverses communautés religieuses du Liban. Votre présence, chers amis, démontre l’estime et la collaboration que vous souhaitez promouvoir entre tous dans le respect mutuel. Je vous remercie pour vos efforts et je suis certain que vous continuerez à rechercher des voies d’unité et de concorde. Je n’oublie pas les événements tristes et douloureux qui ont affligés votre beau pays durant de longues années. L’heureuse convivialité toute libanaise, doit démontrer à l’ensemble du Moyen-Orient et au reste du monde qu’à l’intérieur d’une nation, peuvent exister la collaboration entre les différentes Églises, toutes membres de l’unique Église catholique, dans un esprit fraternel de communion avec les autres chrétiens, et dans le même temps, la convivialité et le dialogue respectueux entre les chrétiens et leurs frères d’autres religions. Vous savez comme moi que cet équilibre qui est présenté partout comme un exemple, est extrêmement délicat. Il menace parfois de se rompre lorsqu’il est tendu comme un arc, ou soumis à des pressions qui sont trop souvent partisanes, voire intéressées, contraires et étrangères à l’harmonie et à la douceur libanaises. C’est là qu’il faut faire preuve de réelle modération et de grande sagesse. Et la raison doit prévaloir sur la passion unilatérale pour favoriser le bien commun de tous. Le grand roi Salomon qui connaissait Hiram, le roi de Tyr, n’a-t-il pas jugé que la sagesse était la vertu suprême ? C’est pourquoi il l’a demandée à Dieu instamment, et Dieu lui donna un coeur sage et intelligent (cf.
1R 3,9-12).

Je viens aussi pour dire combien est importante la présence de Dieu dans la vie de chacun et combien la façon de vivre ensemble, cette convivialité dont désire témoigner votre pays, ne sera profonde que si elle est fondée sur un regard accueillant et une attitude de bienveillance envers l’autre, que si elle est enracinée en Dieu qui désire que tous les hommes soient frères. Le fameux équilibre libanais qui veut continuer à être une réalité, peut se prolonger grâce à la bonne volonté et à l’engagement de tous les Libanais. Alors seulement, il servira de modèle aux habitants de toute la région, et au monde entier. Il ne s’agit pas là uniquement d’une oeuvre humaine, mais d’un don de Dieu qu’il faut demander avec insistance, préserver à tout prix, et consolider avec détermination.

Les liens entre le Liban et le Successeur de Pierre sont historiques et profonds. Monsieur le Président et chers amis, je viens au Liban comme un pèlerin de paix, comme un ami de Dieu, et comme un ami des hommes. «?????? ???????? [«Je vous donne ma paix»] dit le Christ (Jn 14,27). Et au-delà de votre pays, je viens aussi aujourd’hui symboliquement dans tous les pays du Moyen Orient, comme un pèlerin de paix, comme un ami de Dieu, et comme un ami de tous les habitants de tous les pays de la région quelles que soient leur appartenance et leur croyance. À eux aussi le Christ dit : ?????? ???????? [« Je vous donne ma paix »]. Vos joies et vos peines sont continuellement présentes dans la prière du Pape et je demande à Dieu de vous accompagner et de vous soulager. Je puis vous assurer que je prie particulièrement pour tous ceux qui souffrent dans cette région, et ils sont nombreux. La statue de saint Maron me rappelle ce que vous vivez et endurez.

Monsieur le Président, je sais que votre pays me prépare un bel accueil, un accueil chaleureux, l’accueil que l’on réserve à un frère aimé et respecté. Je sais que votre pays veut être digne de « l’Ahlan wa Sahlan » libanais. Il l’est déjà et le sera dorénavant encore plus. Je suis heureux d’être avec vous tous. ?????????? ?????? ????????[Que Dieu vous bénisse tous !] Merci !

VOYAGE APOSTOLIQUE

AU LIBAN

(14-16 SEPTEMBRE 2012)

SIGNATURE DE L'EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE Basilique Saint-Paul, Harissa Vendredi 14 septembre 2012

14912


Monsieur le Président de la République,
Béatitude, vénérés Patriarches,
chers frères dans l’Épiscopat et membres du Conseil Spécial du Synode des Évêques pour le Moyen-Orient,
illustres représentants des confessions religieuses, du monde de la culture et de la société civile,
chers frères et soeurs dans le Christ, chers amis,

J’exprime ma gratitude au Patriarche Gregorios Laham pour ses paroles d’accueil, ainsi qu’au Secrétaire général du Synode des Évêques, Mgr Nikola Eterovic, pour ses mots de présentation. Mes vives salutations vont aux Patriarches, à l’ensemble des évêques orientaux et latins qui sont réunis dans cette belle basilique Saint-Paul, et aux membres du Conseil Spécial du Synode des Évêques pour le Moyen-Orient. Je me réjouis aussi de la présence de délégations orthodoxe, musulmane et druze, ainsi que de celles du monde de la culture et de la société civile. L’heureuse cohabitation de l’Islam et du Christianisme, deux religions ayant contribué à façonner de grandes cultures, fait l’originalité de la vie sociale, politique et religieuse au Liban. On ne peut que se réjouir de cette réalité qu’il faut absolument encourager. Je confie ce désir aux responsables religieux de votre pays. Je salue affectueusement la chère communauté grecque-melkite qui me reçoit. Votre présence solennise la signature de l’Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Medio Oriente, et témoigne que ce document, destiné certes à l’Église universelle, revêt une importance particulière pour l’ensemble du Moyen-Orient.

Il est providentiel que cet acte ait lieu le jour même de la fête de la Croix glorieuse, dont la célébration est née en Orient en 335, au lendemain de la Dédicace de la Basilique de la Résurrection construite sur le Golgotha et le sépulcre de Notre-Seigneur, par l’empereur Constantin-le-Grand, que vous vénérez comme un saint. Dans un mois se célébrera le 1.700ème anniversaire de l’apparition qui lui fit voir dans la nuit symbolique de son incroyance, le chrisme flamboyant, alors qu’une voix lui disait : « Par ce signe, tu vaincras ! ». Plus tard, Constantin signa l’édit de Milan et donna son nom à Constantinople. Il me semble que l’Exhortation post-synodale peut être lue et interprétée à la lumière de la fête de la Croix glorieuse, et plus particulièrement à la lumière du chrisme, le X et le P, des deux premières lettres du mot ???st??. Une telle lecture conduit à une véritable redécouverte de l’identité du baptisé et de l’Église, et elle constitue en même temps comme un appel au témoignage dans et par la communion. La communion et le témoignage chrétiens ne sont-ils pas fondés sur le Mystère pascal, sur la crucifixion, la mort et la résurrection du Christ ? N’y trouvent-ils pas leur accomplissement plénier ? Il existe un lien inséparable entre la Croix et la Résurrection qui ne peut pas être oublié par le chrétien. Sans ce lien, exalter la Croix signifierait justifier la souffrance et la mort pour ne voir en eux qu’une fin fatale. Pour un chrétien, exalter la Croix veut dire communier à la totalité de l’amour inconditionnel de Dieu pour l’homme. C’est poser un acte de foi ! Exalter la croix, dans la perspective de la Résurrection, c’est désirer vivre et manifester la totalité de cet amour. C’est poser un acte d’amour ! Exalter la Croix conduit à s’engager à être des hérauts de la communion fraternelle et ecclésiale, source du véritable témoignage chrétien. C’est poser un acte d’espérance !

En se penchant sur la situation actuelle des Églises au Moyen-Orient, les Pères synodaux ont pu réfléchir sur les joies et les peines, les craintes et les espoirs des disciples du Christ vivant en ces lieux. Toute l’Église a pu ainsi entendre le cri anxieux et percevoir le regard désespéré de tant d’hommes et de femmes qui se trouvent dans des situations humaines et matérielles ardues, qui vivent de fortes tensions dans la peur et l’inquiétude, et qui veulent suivre le Christ - Celui qui donne sens à leur existence - mais qui s’en trouvent souvent empêchés. C’est pourquoi j’ai désiré que la Première Lettre de Saint Pierre soit la trame du document. En même temps, l’Église a pu admirer ce qu’il y a de beau et de noble dans ces Églises sur ces terres. Comment ne pas rendre grâce à Dieu à tout moment pour vous tous (cf.
1Th 1,2 Première Partie l’Exhortation post-synodale ), chers chrétiens du Moyen-Orient ! Comment ne pas le louer pour votre courage dans la foi ? Comment ne pas le remercier pour la flamme de son amour infini que vous continuez à maintenir vive et ardente en ces lieux qui ont été les premiers à accueillir son Fils incarné ? Comment ne pas lui chanter notre reconnaissance pour les élans de communion ecclésiale et fraternelle, pour la solidarité humaine sans cesse manifestée envers tous les enfants de Dieu ?

Ecclesia in Medio Oriente permet de repenser le présent pour envisager l’avenir avec le regard même du Christ. Par ses orientations bibliques et pastorales, par son invitation à un approfondissement spirituel et ecclésiologique, par le renouveau liturgique et catéchétique préconisés, par ses appels au dialogue, elle veut tracer un chemin pour retrouver l’essentiel : la sequela Christi, dans un contexte difficile et quelquefois douloureux, un contexte qui pourrait faire naître la tentation d’ignorer ou d’oublier la Croix glorieuse. C’est justement maintenant qu’il faut célébrer la victoire de l’amour sur la haine, celle du pardon sur la vengeance, celle du service sur la domination, celle de l’humilité sur l’orgueil, celle de l’unité sur la division. À la lumière de la fête d’aujourd’hui et en vue d’une application fructueuse de l’Exhortation, je vous invite tous à ne pas avoir peur, à demeurer dans la vérité et à cultiver la pureté de la foi. Tel est le langage de la Croix glorieuse ! Telle est la folie de la Croix : celle de savoir convertir nos souffrances en cri d’amour envers Dieu et de miséricorde envers le prochain ; celle de savoir aussi transformer des êtres attaqués et blessés dans leur foi et leur identité, en vases d’argile prêts à être comblés par l’abondance des dons divins plus précieux que l’or (cf. 2Co 4,7-18). Il ne s’agit pas là d’un langage purement allégorique, mais d’un appel pressant à poser des actes concrets qui configurent toujours davantage au Christ, des actes qui aident les différentes Églises à refléter la beauté de la première communauté des croyants (cf. Ac Ac 2,41-47 Deuxième partie l’Exhortation ) ; des actes similaires à ceux de l’empereur Constantin qui a su témoigner et sortir les chrétiens de la discrimination pour leur permettre de vivre ouvertement et librement leur foi dans le Christ crucifié, mort et ressuscité pour le salut de tous.

1473 Ecclesia in Medio Oriente offre des éléments qui peuvent aider à un examen de conscience personnel et communautaire, à une évaluation objective de l’engagement et du désir de sainteté de chaque disciple du Christ. L’Exhortation ouvre au véritable dialogue interreligieux basé sur la foi au Dieu Un et Créateur. Elle veut aussi contribuer à un oecuménisme plein de ferveur humaine, spirituelle et caritative, dans la vérité et l’amour évangéliques, puisant sa force dans le commandement du Ressuscité : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,19-20).

Dans toutes ses composantes, l’Exhortation voudrait aider chaque disciple du Seigneur à vivre pleinement et à transmettre réellement ce qu’il est devenu par le baptême : un fils de Lumière, un être illuminé par Dieu, une lampe nouvelle dans l’obscurité troublante du monde afin que des ténèbres resplendissent la lumière (cf. Jn 1,4-5 et 2Co 4,1-6). Ce document veut contribuer à dépouiller la foi de ce qui l’enlaidit, de tout ce qui peut obscurcir la splendeur de la lumière du Christ. La communion est alors une adhésion véritable au Christ, et le témoignage est un rayonnement du Mystère pascal qui donne un sens plénier à la Croix glorieuse. Nous suivons et « proclamons … un Christ crucifié … puissance de Dieu et sagesse de Dieu » (1Co 1,23-24 cf. Troisième Partie l’Exhortation ).

« Sois sans crainte, petit troupeau » (Lc 12,32) et souviens-toi de la promesse faite à Constantin : « Par ce signe, tu vaincras ! » Églises au Moyen-Orient, soyez sans crainte, car le Seigneur est vraiment avec vous jusqu’à la fin du monde ! Soyez sans crainte, car l’Église universelle vous accompagne par sa proximité humaine et spirituelle ! C’est dans ces sentiments d’espérance et d’encouragement à être des protagonistes actifs de la foi par la communion et le témoignage, que dimanche je confierai l’Exhortation post-synodale Ecclesia in Medio Oriente à mes vénérés frères Patriarches, Archevêques et Évêques, à tous les prêtres, aux diacres, aux religieux et aux religieuses, aux séminaristes et aux fidèles laïcs. « Gardez courage » (Jn 16,33) ! Par l’intercession de la Vierge Marie, la Theotókos, j’invoque avec grande affection l’abondance des dons divins sur vous tous ! Puisse Dieu accorder à tous les peuples du Moyen-Orient de vivre dans la paix, la fraternité et la liberté religieuse ! ?????????? ?????? ???????? [Que Dieu vous bénisse tous !] Merci !

VOYAGE APOSTOLIQUE

AU LIBAN

(14-16 SEPTEMBRE 2012)

RENCONTRE AVEC LES MEMBRES DU GOUVERNEMENT,

DES INSTITUTIONS DE LA RÉPUBLIQUE, AVEC LE CORPS DIPLOMATIQUE, LES CHEFS RELIGIEUX ET LES REPRÉSENTANTS DU MONDE DE LA CULTURE


Palais présidentiel, Baabda Samedi 15 septembre 2012
[Vidéo]


Monsieur le Président de la République,
Mesdames et Messieurs les représentants des Autorités parlementaires, gouvernementales, institutionnelles et politiques du Liban,
Mesdames et Messieurs les Chefs de mission diplomatique,
Béatitudes, Responsables religieux,
chers frères dans l’Épiscopat, Mesdames, Messieurs, chers amis,

1474 ?????? ???????? [« Je vous donne ma paix »] (Jn 14,27) ! C’est avec cette parole du Christ Jésus que je désire vous saluer et vous remercier de votre accueil et de votre présence. Je vous remercie, Monsieur le Président, non seulement pour vos paroles cordiales mais aussi pour avoir permis cette rencontre. Avec vous, je viens de planter un cèdre du Liban, symbole de votre beau pays. En voyant cet arbrisseau et les soins qu’il demandera pour se fortifier jusqu’à étendre ses branches majestueuses, j’ai pensé à votre pays et à sa destinée, aux Libanais et à leurs espérances, à toutes les personnes de cette Région du monde qui semble connaître les douleurs d’un enfantement sans fin. J’ai alors demandé à Dieu de vous bénir, de bénir le Liban et de bénir tous les habitants de cette Région qui a vu naître de grandes religions et de nobles cultures. Pourquoi Dieu a-t-il choisi cette Région ? Pourquoi vit-elle dans la tourmente ? Dieu l’a choisie, me semble-t-il, afin qu’elle soit exemplaire, afin qu’elle témoigne à la face du monde la possibilité qu’a l’homme de vivre concrètement son désir de paix et de réconciliation ! Cette aspiration est inscrite depuis toujours dans le plan de Dieu, qui l’a imprimée dans le coeur de l’homme. C’est de la paix que je désire vous entretenir car Jésus a dit : ?????? ???????? [« Je vous donne ma paix »] .

Un pays est avant tout riche des personnes qui vivent en son sein. De chacune d’elles et de toutes ensemble dépend son avenir et sa capacité à s’engager pour la paix. Un tel engagement ne sera possible que dans une société unie. Cependant, l’unité n’est pas l’uniformité. La cohésion de la société est assurée par le respect constant de la dignité de chaque personne et la participation responsable de chacune selon ses capacités en engageant ce qu’il y a de meilleur en elle. Afin d’assurer le dynamisme nécessaire pour construire et consolider la paix, il faut inlassablement revenir aux fondements de l’être humain. La dignité de l’homme est inséparable du caractère sacré de la vie donnée par le Créateur. Dans le dessein de Dieu, chaque personne est unique et irremplaçable. Elle vient au monde dans une famille, qui est son premier lieu d’humanisation, et surtout la première éducatrice à la paix. Pour construire la paix, notre attention doit donc se porter vers la famille afin de faciliter sa tâche, pour ainsi la soutenir et donc promouvoir partout une culture de la vie. L’efficacité de l’engagement pour la paix dépend de la conception que le monde peut avoir de la vie humaine. Si nous voulons la paix, défendons la vie ! Cette logique disqualifie non seulement la guerre et les actes terroristes, mais aussi toute atteinte à la vie de l’être humain, créature voulue par Dieu. L’indifférence ou la négation de ce qui constitue la véritable nature de l’homme empêchent le respect de cette grammaire qu’est la loi naturelle inscrite dans le coeur humain (cf. Message pour la Journée mondiale de la paix 2007, n. 3). La grandeur et la raison d’être de toute personne ne se trouvent qu’en Dieu. Ainsi, la reconnaissance inconditionnelle de la dignité de tout être humain, de chacun de nous, et celle du caractère sacré de la vie impliquent la responsabilité de tous devant Dieu. Nous devons donc unir nos efforts pour développer une saine anthropologie qui intègre l’unité de la personne. Sans elle, il n’est pas possible de construire la paix véritable.

Pour être plus évidentes dans les pays qui connaissent des conflits armés - ces guerres pleines de vanités et d’horreurs -, les atteintes à l’intégrité et à la vie des personnes existent aussi dans d’autres pays. Le chômage, la pauvreté, la corruption, les diverses addictions, l’exploitation, les trafics de toutes sortes et le terrorisme entraînent, avec la souffrance inacceptable de ceux qui en sont victimes, un affaiblissement du potentiel humain. La logique économique et financière veut sans cesse nous imposer son joug et faire primer l’avoir sur l’être ! Mais la perte de chaque vie humaine est une perte pour l’humanité entière. Celle-ci est une grande famille dont nous sommes tous responsables. Certaines idéologies, en remettant en cause de façon directe ou indirecte, ou même légale, la valeur inaliénable de toute personne et le fondement naturel de la famille, sapent les bases de la société. Nous devons être conscients de ces atteintes à l’édification et à l’harmonie du vivre ensemble. Seule une solidarité effective constitue l’antidote à tout cela. Solidarité pour rejeter ce qui fait obstacle au respect de tout être humain, solidarité pour soutenir les politiques et les initiatives qui oeuvrent en vue d’unir les peuples de façon honnête et juste. Il est beau de voir les actions de collaboration et de vrai dialogue qui construisent une nouvelle manière de vivre ensemble. Une meilleure qualité de vie et de développement intégral n’est possible que dans le partage des richesses et des compétences, en respectant l’identité de chacun. Mais un tel mode de vie convivial, serein et dynamique ne peut exister sans la confiance en l’autre, quel qu’il soit. Aujourd’hui, les différences culturelles, sociales, religieuses, doivent aboutir à vivre un nouveau type de fraternité, où justement ce qui unit est le sens commun de la grandeur de toute personne, et le don qu’elle est à elle-même, aux autres et à l’humanité. Là se trouve la voie de la paix ! Là est l’engagement qui nous est demandé ! Là est l’orientation qui doit présider aux choix politiques et économiques, à chaque niveau et à l’échelle planétaire !

Pour ouvrir aux générations de demain un avenir de paix, la première tâche est donc celle d’éduquer à la paix pour construire une culture de paix. L’éducation, dans la famille ou à l’école, doit être avant tout l’éducation aux valeurs spirituelles qui donnent à la transmission du savoir et des traditions d’une culture, leur sens et leur force. L’esprit humain a le goût inné du beau, du bien et du vrai. C’est le sceau du divin, la marque de Dieu en lui ! De cette aspiration universelle découle une conception morale ferme et juste, qui place toujours la personne au centre. Mais c’est seulement librement que l’homme peut se tourner vers le bien, car « la dignité de l’homme exige de lui qu’il agisse selon un choix conscient et libre, personnellement, c’est-à-dire mû et déterminé de l’intérieur, et non sous l’effet de poussées intérieures aveugles ou d’une contrainte purement extérieure » (Gaudium et spes GS 17). La tâche de l’éducation est d’accompagner la maturation de la capacité à faire des choix libres et justes, qui peuvent aller à contre-courant des opinions répandues, des modes, des idéologies politiques et religieuses. L’établissement d’une culture de paix est à ce prix ! Il faut évidemment bannir la violence verbale ou physique. Elle est toujours une atteinte à la dignité humaine, celle de l’auteur comme celle de la victime. Par ailleurs, en valorisant les oeuvres pacifiques et leur rayonnement pour le bien commun, on crée aussi l’intérêt pour la paix. Comme en témoigne l’histoire, de tels gestes de paix ont un rôle considérable dans la vie sociale, nationale et internationale. L’éducation à la paix formera ainsi des hommes et des femmes généreux et droits, attentifs à tous, et particulièrement aux personnes les plus faibles. Pensées de paix, paroles de paix et gestes de paix créent une atmosphère de respect, d’honnêteté et de cordialité, où les fautes et les offenses peuvent être reconnues en vérité pour avancer ensemble vers la réconciliation. Que les hommes d’État et les responsables religieux y réfléchissent !

Nous devons être bien conscients que le mal n’est pas une force anonyme qui agit dans le monde de façon impersonnelle ou déterministe. Le mal, le démon, passe par la liberté humaine, par l’usage de notre liberté. Il cherche un allié, l’homme. Le mal a besoin de lui pour se déployer. C’est ainsi qu’ayant offensé le 1er commandement, l’amour de Dieu, il en vient à pervertir le second, l’amour du prochain. Avec lui, l’amour du prochain disparaît au profit du mensonge et de l’envie, de la haine et de la mort. Mais il est possible de ne pas se laisser vaincre par le mal et d’être vainqueur du mal par le bien (cf. Rm 12,21). C’est à cette conversion du coeur que nous sommes appelés. Sans elle, les ‘libérations’ humaines si désirées déçoivent car elles se meuvent dans l’espace réduit concédé par l’étroitesse d’esprit de l’homme, sa dureté, ses intolérances, ses favoritismes, ses désirs de revanche et ses pulsions de mort. La transformation en profondeur de l’esprit et du coeur est nécessaire pour retrouver une certaine clairvoyance et une certaine impartialité, le sens profond de la justice et celui du bien commun. Un regard nouveau et plus libre rendra capable d’analyser et de remettre en cause des systèmes humains qui conduisent à des impasses, afin d’avancer en tenant compte du passé pour ne plus le répéter avec ses effets dévastateurs. Cette conversion demandée est exaltante car elle ouvre des possibilités en faisant appel aux ressources innombrables qui habitent le coeur de tant d’hommes et de femmes désireux de vivre en paix et prêts à s’engager pour la paix. Or elle est particulièrement exigeante : il s’agit de dire non à la vengeance, de reconnaître ses torts, d’accepter les excuses sans les rechercher, et enfin de pardonner. Car seul le pardon donné et reçu pose les fondements durables de la réconciliation et de la paix pour tous (cf. Rm 12,16 Rm 12,18).

Alors seulement peut croître la bonne entente entre les cultures et les religions, la considération sans condescendance des unes pour les autres et le respect des droits de chacune. Au Liban, la Chrétienté et l’Islam habitent le même espace depuis des siècles. Il n’est pas rare de voir dans la même famille les deux religions. Si dans une même famille cela est possible, pourquoi cela ne le serait-il pas au niveau de l’ensemble de la société ? La spécificité du Moyen-Orient se trouve dans le mélange séculaire de composantes diverses. Certes, elles se sont combattues, hélas aussi ! Une société plurielle n’existe qu’à cause du respect réciproque, du désir de connaître l’autre et du dialogue continu. Ce dialogue entre les hommes n’est possible que dans la conscience qu’il existe des valeurs communes à toutes les grandes cultures, parce qu’elles sont enracinées dans la nature de la personne humaine. Ces valeurs qui sont comme un substrat, expriment les traits authentiques et caractéristiques de l’humanité. Elles appartiennent aux droits de tout être humain. Dans l’affirmation de leur existence, les différentes religions apportent une contribution décisive. N’oublions pas que la liberté religieuse est le droit fondamental dont dépendent beaucoup d’autres. Professer et vivre librement sa religion sans mettre en danger sa vie et sa liberté doit être possible à quiconque. La perte ou l’affaiblissement de cette liberté prive la personne du droit sacré à une vie intègre sur le plan spirituel. La soi-disant tolérance n’élimine pas les discriminations, parfois elle les conforte même. Et sans l’ouverture au transcendant qui permet de trouver des réponses aux interrogations de son coeur sur le sens de la vie et sur la manière de vivre de façon morale, l’homme devient incapable d’agir selon la justice et de s’engager pour la paix. La liberté religieuse a une dimension sociale et politique indispensable à la paix ! Elle promeut une coexistence et une vie harmonieuses par l’engagement commun au service de nobles causes et par la recherche de la vérité qui ne s’impose pas par la violence mais par « la force de la vérité elle-même » (Dignitatis humanae DH 1), cette Vérité qui est en Dieu. Car la croyance vécue conduit invariablement à l’amour. La croyance authentique ne peut pas conduire à la mort. L’artisan de paix est humble et juste. Les croyants ont donc aujourd’hui un rôle essentiel, celui de témoigner de la paix qui vient de Dieu et qui est un don fait à tous dans la vie personnelle, familiale, sociale, politique et économique (cf. Mt 5,9 He 12,14). L’inaction des hommes de bien ne doit pas permettre au mal de triompher. Il est pire encore de ne rien faire.

Ces quelques réflexions sur la paix, la société, la dignité de la personne, sur les valeurs de la famille et de la vie, sur le dialogue et la solidarité ne peuvent demeurer de simples idéaux énoncés. Ils peuvent et doivent être vécus. Nous sommes au Liban et c’est ici qu’ils doivent être vécus. Le Liban est appelé, maintenant plus que jamais, à être un exemple. Politiques, diplomates, religieux, hommes et femmes du monde de la culture, je vous invite donc à témoigner avec courage, à temps et à contretemps autour de vous, que Dieu veut la paix, que Dieu nous confie la paix. ?????? ???????? [« Je vous donne ma paix »] (Jn 14,27) nous dit le Christ ! Que Dieu vous bénisse ! Merci !

Discours 2005-2013 1469