Discours 2005-2013 22112

17e CONFÉRENCE DES DIRECTEURS DES ADMINISTRATIONS PÉNITENTIAIRES DU CONSEIL DE L'EUROPE Salle Clémentine Jeudi 22 novembre 2012

22112 Monsieur le ministre, Monsieur le vice-secrétaire général, Mesdames et messieurs les directeurs !

Je suis heureux de vous accueillir à l’occasion de votre conférence et je désire avant tout remercier le ministre de la justice du gouvernement italien, Mme Paola Severino, ainsi que le vice-secrétaire général du Conseil de l’Europe, Mme Gabriella Battaini-Dragoni, pour le salut qu’elles m’ont adressé également en votre nom.

Les thèmes de la justice pénale sont constamment au centre de l’attention de l’opinion publique et des gouvernements, en particulier à une époque où les différences économiques et sociales, ainsi que l’individualisme croissant, alimentent les sources de la criminalité. Toutefois, la tendance est de restreindre le débat uniquement à l’aspect législatif de la question des délits et des sanctions ou au procès judiciaire, concernant les temps et les modalités pour parvenir à une sentence qui corresponde le plus possible à la vérité des faits. Une attention mineure est en revanche prêtée à la modalité d’exécution des peines de détention, à l’égard de laquelle il est essentiel que le paramètre de justice aille de pair avec celui du respect de la dignité et des droits de l’homme. Mais ce paramètre également, bien qu’indispensable et dans de nombreux pays, malheureusement encore loin d’être observé, ne peut être considéré comme suffisant, précisément afin de préserver de façon intégrale les droits de la personne. Il faut s’engager de façon concrète et non seulement comme affirmation de principe, en vue d’une rééducation effective de la personne, qui est une exigence non seulement en ce qui concerne sa propre dignité, mais en ce qui concerne sa réinsertion dans la société. L’exigence personnelle du détenu de vivre en prison un temps de réhabilitation et de maturation est, en effet, une exigence de la société elle-même, tant pour réinsérer une personne qui puisse contribuer de façon utile au bien de tous que pour en réduire la tendance à la délinquance et le danger pour la société. Au cours des dernières années, de nombreux progrès ont été accomplis, bien qu’il reste encore beaucoup à faire. Ce n’est pas seulement une question de disponibilité de ressources financières adéquates, pour rendre plus dignes le milieu carcéral et assurer aux détenus des moyens de soutien et des parcours de formation plus adéquats ; une évolution de la mentalité est également nécessaire, afin d’unir le débat carcéral concernant le respect des droits humains du détenu à celui, plus vaste relatif à la mise en application de la justice pénale.

Afin que la justice humaine puisse, dans ce domaine, se tourner vers la justice divine et trouver en elle son orientation, il est nécessaire que la fonction de rééducation de la peine ne soit pas considérée comme un aspect accessoire et secondaire du système pénal, mais au contraire, comme sa dimension culminante et qualifiante. En effet, pour « faire justice », il ne suffit pas que celui qui est reconnu coupable d’un crime soit simplement puni ; il faut que, en le punissant, l’on fasse tout ce qui est possible pour corriger et améliorer l’homme. Lorsque ce n’est pas le cas, la justice ne se réalise pas au sens intégral. Il faut dans tous les cas s’engager afin d’éviter qu’une détention qui a échoué dans sa fonction rééducative devienne une peine anti-éducative qui accentue, au lieu de combattre, la tendance à la délinquance et le danger de la personne pour la société.

En tant que directeurs des administrations pénitentiaires, vous pouvez contribuer de façon significative à promouvoir cette justice « plus vraie », « ouverte à la force libératrice de l’amour » (Jean-Paul II, Message pour le jubilé dans les prisons, 9 juillet 2000) et liée à la dignité même de l’homme. Votre rôle est, dans un certain sens, encore plus décisif que celui des organismes législatifs, car, même en présence de structures et de ressources adéquates, l’efficacité des parcours de rééducation dépend toujours de la sensibilité, de la capacité et de l’attention des personnes appelées à réaliser de façon concrète ce qui est établi sur le papier. Le devoir des agents pénitentiaires, quel que soit le niveau auquel ils opèrent, n’est certainement pas facile. C’est pourquoi aujourd’hui, à travers vous, je désire rendre hommage à tous ceux qui, dans les administrations pénitentiaires, accomplissent leurs fonctions avec un grand sérieux et un grand dévouement. Le contact avec ceux qui ont commis des fautes pour lesquelles ils doivent payer et l’engagement nécessaire pour redonner dignité et espérance à ceux qui souvent, ont déjà été victimes de la marginalisation et du mépris, rappellent la mission même du Christ, qui est venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs (cf.
Mt 9,13 Mc 2,17 Lc 5,32), destinataires privilégiés de la miséricorde de Dieu. Chaque homme est appelé à devenir gardien de son frère, dépassant ainsi l’indifférence meurtrière de Caïn (cf. Gn Gn 4,9) ; il vous est demandé en particulier d’être les gardiens de ceux qui, dans les conditions de la détention, peuvent plus facilement égarer le sens de la vie et la valeur de la dignité personnelle, en cédant au découragement et au désespoir. Le respect profond de la personne, l’engagement à la réhabilitation du prisonnier, la création d’une véritable communauté éducative, deviennent encore plus urgents si l’on considère également la présence croissante de « détenus étrangers », souvent dans des conditions difficiles et fragiles. De façon évidente, au rôle des institutions et des administrateurs pénitentiaires doit correspondre la disponibilité des détenus à vivre un temps de formation. Une réponse positive ne devrait toutefois pas être simplement attendue et souhaitée, mais sollicitée et favorisée à travers des initiatives et des propositions capables de vaincre l’oisiveté et de briser l’isolement dans lequel sont souvent confinés les détenus. À cet égard, un rôle particulièrement important revient à la promotion d’activités d’évangélisation et d’assistance spirituelle, capables de susciter chez le détenu les aspects les plus nobles et profonds, réveillant en lui l’enthousiasme de la vie et le désir de beauté, propres à celui qui redécouvre qu’il porte en lui de façon indélébile l’image de Dieu.

Accompagnée de la certitude de la possibilité de renouveau, la détention dans la prison peut accomplir sa fonction de rééducation et devenir pour le détenu une occasion de goûter à la rédemption opérée par le Christ dans le Mystère pascal, qui assure la victoire sur tout mal.

Chers amis, tandis que je vous remercie de tout coeur pour cette rencontre et pour le travail que vous accomplissez, j’invoque sur vous et sur votre travail l’abondance des bénédictions du Seigneur.


AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS MONDIAL SUR L'APOSTOLAT DE LA MER Salle Clémentine Vendredi, 23 novembre 2012

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Vénérés frères,
chers frères et soeurs!

Je vous accueille avec joie, au terme des travaux du XXIIIe congrès mondial de l’apostolat de la mer. Je salue cordialement le cardinal Antonio Maria Vegliò, président du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement, reconnaissant pour ses aimables paroles, ainsi que les collaborateurs du dicastère et tous ceux qui oeuvrent dans ce secteur spécifique. Vous avez vécu des journées intenses d’approfondissement sur des thèmes importants, comme l’annonce de l’Evangile à un nombre croissant de gens de mer appartenant aux Eglises orientales, l’assistance à ceux qui sont non chrétiens ou non croyants, la recherche d’une collaboration oecuménique et interreligieuse toujours plus solide. Ensuite, face aux malaises qu’affrontent les professionnels de l’industrie maritime, ainsi que les pêcheurs et leurs familles, apparaît toujours plus clairement la nécessité d’affronter les problèmes avec «une vision intégrale de l’homme qui prenne en compte les différents aspects de la personne humaine, considérée avec un regard purifié par la charité» (Enc. Caritas in veritate ).

Ce ne sont ici qu’un petit nombre des multiples aspects qui sont au coeur de l’apostolat de la mer, apparus durant votre congrès et, surtout, dont témoigne la longue histoire de cette oeuvre de grand mérite. En effet, en 1922 déjà, le Pape Pie XI en approuva les constitutions et le règlement, en encourageant les premiers aumôniers et volontaires dans la mission à «étendre le ministère maritime»; et, 75 ans plus tard, le bienheureux Pape Jean-Paul II confirma cette mission par le motu proprio Stella maris. Dans le sillage de cette précieuse tradition, vous avez réfléchi sur le thème de la nouvelle évangélisation dans le monde maritime, dans la même salle où, le mois dernier, s’est tenue la XIIIe assemblée ordinaire du synode des évêques «pour tracer des manières et des expressions inédites de la Bonne Nouvelle à transmettre à l’homme d’aujourd’hui, avec un nouvel enthousiasme» (Lineamenta, Introduction). De cette manière, vous avez répondu à l’appel que j’ai adressé à tous en promulguant l’Année de la foi, pour «donner un élan renouvelé à la mission de toute l’Eglise… pour aider tous ceux qui croient au Christ à rendre plus consciente et à revigorer leur adhésion à l’Evangile» (Motu proprio Porta fidei, n. 8).

Dès l’aube du christianisme, le monde maritime a été un véhicule efficace d’évangélisation. Les apôtres et les disciples de Jésus eurent la possibilité d’aller dans le monde entier et de prêcher l’Evangile à toutes les créatures (cf.
Mc 16,15) grâce aussi à la navigation maritime; pensons seulement aux voyages de saint Paul. De cette façon, ils entamèrent le chemin pour diffuser la Parole de Dieu «jusqu’aux extrémités de la terre» (Ac 1,8). Encore aujourd’hui, l’Eglise sillonne les mers pour apporter l’Evangile à toutes les nations, et votre présence ramifiée dans les ports du monde, les visites que vous faites quotidiennement sur les navires au mouillage dans les ports d’escale et l’accueil fraternel lors des heures de halte des équipages, sont le signe visible de la sollicitude à l’égard de ceux qui ne peuvent pas recevoir de soins pastoraux ordinaires. Ce monde de la mer, avec la pérégrination continuelle des personnes, doit aujourd’hui tenir compte des effets complexes de la mondialisation et, malheureusement, doit affronter aussi des situations d’injustice, en particulier lorsque les équipages sont sujets à des restrictions pour descendre à terre, lorsqu’ils sont abandonnés avec les embarcations sur lesquelles ils travaillent, lorsqu’ils tombent sous la menace de la piraterie maritime ou subissent les préjudices de la pêche illégale (cf. Angelus, 18 janvier 2009). La vulnérabilité des marins, pêcheurs et navigateurs, doit rendre plus attentive encore la sollicitude de l’Eglise et stimuler le soin maternel qu’à travers vous, elle manifeste à tous ceux que vous rencontrez dans les ports ou sur les navires, ou que vous assistez à bord au cours de long mois de navigation.

Une pensée particulière va à ceux qui travaillent dans le vaste secteur de la pêche et à leurs familles. Plus que d’autres, en effet, ils doivent faire face aux difficultés du présent et vivent l’incertitude de l’avenir, marqué par les effets négatifs des changements climatiques et par l’exploitation excessive des ressources. A vous pêcheurs, qui cherchez des conditions de travail dignes et sûres, en sauvegardant la valeur de la famille, la protection de l’environnement et la défense de toute personne, je voudrais vous assurer de la proximité de l’Eglise. L’apostolat des laïcs, dans ce domaine, est déjà particulièrement actif, et compte de nombreux diacres permanents et volontaires dans les Centres «Stella maris», mais aussi et surtout voit chez les marins eux-mêmes une attention croissante pour soutenir les autres membres de l’équipage, en les encourageant aussi à retrouver et intensifier la relation avec Dieu au cours des longues traversées en mer, et en les assistant avec un esprit de charité dans les situations de danger.

Pour reprendre une métaphore que vous connaissez bien, je vous exhorte vous aussi à tirer profit du Concile oecuménique Vatican II, qui est «une boussole qui permet au navire de l’Eglise d’avancer en haute mer, au milieu des tempêtes ou des vagues calmes et tranquilles, pour naviguer en toute sûreté et arriver à bon port» (Audience générale, 10 octobre 2012). En particulier, rappelant le décret Ad gentes sur l’activité missionnaire de l’Eglise, je souhaite aujourd’hui renouveler le mandat ecclésial qui, en communion avec vos Eglises d’appartenance, vous place en première ligne dans l’évangélisation de tant d’hommes et de femmes de diverses nationalités qui transitent dans vos ports. Soyez des apôtres fidèles à la mission d’annoncer l’Evangile, manifestez le visage attentif de l’Eglise qui accueille et se fait proche de cette portion du Peuple de Dieu, répondez sans hésiter aux gens de mer, qui vous attendent à bord pour combler les profondes nostalgies de l’âme et se sentir une part active de la communauté. Je souhaite à chacun de vous de redécouvrir chaque jour la beauté de la foi, pour en témoigner toujours avec la cohérence de la vie. Que la bienheureuse Vierge Marie, Stella maris et Stella matutina, éclaire toujours votre action afin que les gens de mer puissent connaître l’Evangile et rencontrer le Seigneur Jésus qui est Chemin, Vérité et Vie. De tout coeur, je vous donne, ainsi qu’à vos collaborateurs et à vos proches, la Bénédiction apostolique.

CONSISTOIRE ORDINAIRE PUBLIC

POUR LA CRÉATION DE NOUVEAUX CARDINAUX

CHAPELLE PAPALE

ALLOCUTION

Basilique vaticane Samedi 24 novembre 2012

[Vidéo]

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Galerie photographique

« Je crois en l’Église, une, sainte, catholique et apostolique ».

Chers frères et soeurs !

Ces paroles que d’ici peu les nouveaux cardinaux prononceront solennellement en émettant la profession de foi, font partie du symbole de Nicée-Constantinople, synthèse de la foi de l’Église que chacun reçoit au moment du baptême. C’est seulement en professant et en gardant intacte cette règle de vérité que nous sommes des disciples authentiques du Seigneur. Dans ce consistoire, je voudrais m’arrêter en particulier sur la signification du terme « catholique », qui indique un trait essentiel de l’Église et de sa mission. Le discours serait vaste et pourrait être abordé selon diverses perspectives : aujourd’hui je me limite à quelques pensées.

Les notes caractéristiques de l’Église répondent au dessein divin, comme le dit le Catéchisme de l’Église catholique : « C'est le Christ qui, par l'Esprit Saint, donne à son Église, d'être une, sainte, catholique et apostolique, et c'est lui encore qui l'appelle à réaliser chacune de ces qualités » (n. 811). Spécifiquement, l’Église est catholique parce que le Christ embrasse toute l’humanité dans sa mission de salut. Tandis que la mission de Jésus durant sa vie terrestre était limitée au peuple juif, « aux brebis perdues d’Israël » (
Mt 15,24), elle était toutefois orientée dès le début à porter à tous les peuples la lumière de l’Évangile et à faire entrer toutes les nations dans le Royaume de Dieu. Devant la foi du centurion à Capharnaüm, Jésus s’exclame : « Je vous le dis : Beaucoup viendront de l’orient et de l’occident et prendront place avec Abraham, Isaac et Jacob au festin du Royaume des cieux » (Mt 8,11). Cette perspective universaliste affleure, entre autres, dans la présentation que Jésus fait de lui-même non seulement comme « Fils de David », mais comme « Fils de l’homme » (Mc 10,33), comme nous l’avons aussi entendu dans le passage évangélique qui vient d’être proclamé. Le titre de « Fils de l’homme », dans le langage de la littérature apocalyptique juive inspirée de la vision de l’histoire dans le Livre du prophète Daniel (cf. 7, 13-14) rappelle le personnage qui vient « sur les nuées du ciel » (v. 13) et est une image qui annonce un royaume tout à fait nouveau, un royaume soutenu non par des pouvoirs humains, mais par le vrai pouvoir qui vient de Dieu. Jésus se sert de cette expression riche et complexe et la rapporte à lui-même pour manifester le vrai caractère de son messianisme, comme mission destinée à tout l’homme et à tout homme, dépassant tout particularisme ethnique, national et religieux. Et c’est justement dans la suite de Jésus, dans le fait de se laisser attirer à l’intérieur de son humanité et donc dans la communion avec Dieu qu’on entre dans ce nouveau royaume, que l’Église annonce et anticipe et qui vainc morcellement et dispersion.

Ensuite Jésus envoie son Église non à un groupe, mais à la totalité du genre humain pour le rassembler, dans la foi, en un unique peuple afin de le sauver, comme l’exprime bien le Concile Vatican II dans la constitution dogmatique Lumen gentium : « À faire partie du peuple de Dieu, tous les hommes sont appelés. C'est pourquoi ce peuple, demeurant un et unique, est destiné à se dilater aux dimensions de l'univers entier et à toute la suite des siècles pour que s'accomplisse ce que s'est proposé la volonté de Dieu » (n. 13). L’universalité de l’Église puise donc à l’universalité de l’unique dessein divin de salut du monde. Ce caractère universel émerge avec clarté le jour de la Pentecôte, quand l’Esprit remplit de sa présence la première communauté chrétienne, pour que l’Évangile s’étende à toute les nations et fasse grandir dans tous les peuples l’unique Peuple de Dieu. Ainsi, l’Église, depuis ses origines, est orientée kat’holon, elle embrasse tout l’univers. Les apôtres rendent témoignage au Christ en s’adressant à des hommes provenant de toute la terre et chacun les comprend comme s’ils parlaient dans sa langue maternelle (cf. Ac Ac 2,7-8). Depuis ce jour, l’Église avec la « force de l’Esprit Saint », selon la promesse de Jésus, annonce le Seigneur mort et ressuscité « à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1,8). La mission universelle de l’Église, par conséquent, ne part pas d’en bas, mais descend d’en haut, de l’Esprit Saint, et depuis son premier instant, elle tend à s’exprimer dans toutes les cultures pour former ainsi l’unique Peuple de Dieu. Elle n’est pas tant une communauté locale qui s’élargit et se répand lentement, mais elle est comme un levain qui tend à l’universel, à la totalité, et qui porte en lui-même l’universalité.

« Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création » (Mc 16,15) ; « de toutes les nations faites des disciples » (Mt 28,19) dit le Seigneur. Par ces paroles Jésus envoie les apôtres à toute la création, pour que l’action salvifique de Dieu parvienne partout. Mais si nous pensons au moment de l’ascension de Jésus au Ciel, racontée dans les Actes des Apôtres, nous voyons que les disciples sont encore enfermés dans leur vision, ils pensent à la restauration d’un nouveau royaume davidique, et ils demandent au Seigneur : « Est-ce maintenant que tu vas rétablir la royauté en Israël ? » (Ac 1,6). Et comment Jésus répond-il ? Il répond en ouvrant leurs horizons et en leur donnant la promesse et une tâche : il promet qu’ils seront remplis de la puissance de l’Esprit Saint et il leur confère la charge d’en témoigner dans le monde entier dépassant les limites culturelles et religieuses à l’intérieur desquelles ils étaient habitués à penser et à vivre, pour s’ouvrir au Royaume universel de Dieu. Et aux commencements du cheminement de l’Église, les apôtres et les disciples partent sans aucune sécurité humaine, mais avec l’unique force de l’Esprit Saint, de l’Évangile et de la foi. C’est le ferment qui se répand dans le monde, entre dans les divers événements et dans les multiples contextes culturels et sociaux, mais demeure une unique Église. Autour des apôtres fleurissent les communautés chrétiennes, mais elles sont « l’ »Église, qui, à Jérusalem, à Antioche ou à Rome, est toujours la même, une et universelle. Et quand les Apôtres parlent d’Église, ils ne parlent pas d’une communauté particulière, ils parlent de l’Église du Christ, et ils insistent sur cette identité unique, universelle et totale de la catholica, qui se réalise dans chaque Église locale. L’Église est une, sainte, catholique et apostolique, elle reflète en elle-même la source de sa vie et de son cheminement : l’unité et la communion de la Trinité.

Dans le sillon et dans la perspective de l’unité et de l’universalité de l’Église se place aussi le collège cardinalice : il présente une variété de visages, car il exprime le visage de l’Église universelle. Par ce consistoire, de manière particulière, je désire mettre en valeur que l’Église est Église de tous les peuples, et par conséquent elle s’exprime dans les différentes cultures des divers continents. C’est l’Église de la Pentecôte, qui dans la polyphonie des voix élève un unique chant harmonieux au Dieu vivant.

Je salue cordialement les délégations officielles des divers pays, les évêques, les prêtres, les personnes consacrées, les fidèles laïcs des différentes communautés diocésaines et tous ceux qui participent à la joie des nouveaux membres du collège cardinalice, auxquels ils sont liés par le lien de la parenté, de l’amitié, de la collaboration. Les nouveaux cardinaux qui représentent divers diocèses du monde, sont à partir d’aujourd’hui agrégés, à titre tout à fait spécial, à l’Église de Rome et ils renforcent ainsi les liens spirituels qui unissent l’Église tout entière, vivifiée par le Christ et rassemblée autour du Successeur de Pierre. En même temps, le rite d’aujourd’hui exprime la valeur suprême de la fidélité. En effet, dans le serment que vous allez faire, vénérés frères, sont écrites des paroles chargées d’une profonde signification spirituelle et ecclésiale : « Je promets et je jure de demeurer, maintenant et pour toujours tant que je vivrai, fidèle au Christ et à son Évangile, constamment obéissant à la sainte et apostolique Église romaine ». Et en recevant la barrette rouge, vous vous souviendrez qu’elle indique « que vous devez être prêts à vous comporter avec courage, jusqu’à l’effusion du sang, pour l’essor de la foi chrétienne, pour la paix et la tranquillité du peuple de Dieu ». Alors que la remise de l’anneau sera accompagnée de l’avertissement : « Sache qu’avec l’amour du Prince des Apôtres se renforce ton amour envers l’Église ».

Voici indiquée, dans ces gestes et dans les expressions qui les accompagnent, la physionomie que vous assumez aujourd’hui dans l’Église. Désormais vous serez encore plus étroitement et intimement unis au Siège de Pierre : les titres ou les diaconies des Églises de la ville de Rome vous rappelleront le lien qui vous unit, comme membres à titre très spécial, à cette Église de Rome, qui préside à la charité universelle. Spécialement par votre collaboration avec les dicastères de la Curie romaine, vous serez mes précieux coopérateurs, avant tout dans le ministère apostolique pour la catholicité tout entière, comme Pasteur du troupeau du Christ tout entier et premier garant de la doctrine, de la discipline et de la morale.

Chers amis, louons le Seigneur, qui « avec largesse ne cesse d’enrichir de dons son Église répandue dans le monde » (Oraison) et la fortifie dans la jeunesse éternelle qu’il lui a donnée. Confions-lui le nouveau service ecclésial de ces estimés et vénérés frères, afin qu’ils puissent rendre un courageux témoignage au Christ, dans le dynamisme exemplaire de la foi et dans le signe d’un amour oblatif incessant. Amen.



CONSISTOIRE ORDINAIRE PUBLIC

POUR LA CRÉATION DE NOUVEAUX CARDINAUX


AUX NOUVEAUX CARDINAUX ACCOMPAGNÉS DE LEURS FAMILLES ET DES FIDÈLES Salle Paul VI Lundi 26 novembre 2012

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Messieurs les cardinaux, chers frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce, chers amis !

L’âme pleine de reconnaissance à l’égard du Seigneur, nous voulons aujourd’hui prolonger les sentiments et les émotions, que nous avons vécues hier et avant-hier, à l’occasion de la création de six nouveaux cardinaux. Il s’est agi de moments d’intense prière et de profonde communion, vécus dans la conscience d’un événement qui concerne l’Église universelle, appelée à être un signe d’espérance pour tous les peuples. Je suis donc heureux de vous accueillir aujourd’hui aussi, à l’occasion de cette rencontre simple et familiale, et d’adresser mon salut cordial aux nouveaux cardinaux, ainsi qu’à leurs parents, amis et à ceux qui les accompagnent en cette circonstance si solennelle et importante.

Je souhaite une bienvenue cordiale aux prélats anglophones, que j’ai eu la joie d’élever à la dignité de cardinaux au cours du consistoire de samedi dernier : le Cardinal James Michael Harvey, archiprêtre de la basilique papale Saint-Paul-hors-les-Murs ; le Cardinal Baselios Cleemis Thottunkal, archevêque majeur de Trivandrum des Syro-malankars (Inde) ; le Cardinal John Olorunfemi Onaiyekan, archevêque d’Abuja (Nigéria) ; et le Cardinal Luis Antonio Tagle, archevêque de Manille (Philippines).

Je souhaite également la bienvenue à leurs familles et à leurs amis, et à tous les fidèles qui les accompagnent aujourd’hui ici.

Le Collège des cardinaux, dont l’origine est liée à l’antique clergé de l’Église de Rome, a pour tâche d’élire le Successeur de Pierre et de le conseiller dans les questions de majeure importance. Que ce soit dans les bureaux de la Curie romaine ou dans leur ministère dans les Églises locales du monde entier, les cardinaux sont appelés à partager de manière particulière la sollicitude du Pape pour l’Église universelle. La couleur vive de leurs vêtements a été traditionnellement vue comme un signe de leur engagement à défendre le troupeau du Christ, jusqu’à l’effusion de leur sang. Alors que les nouveaux cardinaux assument leur charge, je suis certain qu’ils seront soutenus par vos prières et par votre aide quand, avec le Pontife Romain, ils s’efforceront de promouvoir dans le monde entier la sainteté, la communion et la paix de l’Église.

Je salue cordialement les pèlerins francophones, et surtout les Libanais, dans l’heureux souvenir de ma toute récente visite apostolique dans leur pays, motivée avant tout par la signature de l’exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in Medio Oriente.Par le cardinalat du patriarche Boutros Raï, je désire encourager particulièrement la vie et la présence des chrétiens au Moyen-Orient où ils doivent pouvoir vivre librement leur foi, et lancer une nouvelle fois un appel pressant à la paix dans la région. L’Église encourage tout effort en vue de la paix dans le monde et au Moyen-Orient, paix qui ne sera effective que si elle se base sur un authentique respect de l’autre. Puisse le temps de l’Avent qui est à notre porte, nous faire redécouvrir la grandeur du Christ, vrai homme et vrai Dieu, venu dans le monde pour sauver tous les hommes et apporter la paix et la réconciliation ! Bon pèlerinage à tous !

Je salue avec beaucoup d’affection le cardinal Rubén Salazar Gómez, archevêque métropolitain de Bogotá et président de la conférence épiscopale de Colombie, ainsi que ses proches, les évêques, les prêtres, les religieux et les laïcs qui l’accompagnent et qui participent à sa joie intime et spirituelle, pour son incorporation dans le collège cardinalice. J’invite chacun à élever de ferventes prières pour le nouveau cardinal, afin qu’il soit toujours davantage uni au Successeur de Pierre et qu’il collabore inlassablement avec le Siège apostolique. Nous demandons également à Dieu qu’il l’assiste de ses dons, pour qu’il continue à être un témoin de la vérité de l’Évangile du salut, en présentant avec droiture et fidélité son contenu et en apportant à tous la force rédemptrice du Christ. Que la Très Sainte Vierge Marie, que est invoquée dans ces nobles terres sous le doux nom de Notre-Dame du Rosaire de Chiquinquirá, le soutienne toujours avec son amour de Mère, ainsi que tous les chers fils et filles de la Colombie, que je garde profondément présents dans mon coeur et dans ma prière, pour qu’ils avancent dans la paix et dans la concorde sur les chemins de la justice, de la réconciliation et de la solidarité.

Chers et vénérés frères qui êtes entrés dans le collège cardinalice, votre ministère s’enrichit d’un nouvel engagement en soutenant le Successeur de Pierre, dans son service universel à l’Église. C’est pourquoi, alors que je renouvelle à chacun de vous mes voeux les plus cordiaux, je suis assuré du soutien de votre prière et de votre aide précieuse. Poursuivez avec confiance et force votre mission spirituelle et apostolique, en gardant le regard fixé sur le Christ et en renforçant votre amour pour son Église. Nous pouvons également apprendre cet amour des saints, qui sont la réalisation la plus accomplie de l’Église : ils l’ont aimée et, en se laissant façonner par le Christ, ils ont entièrement donné leur vie pour que tous les hommes soient illuminés par la lumière du Christ qui resplendit sur le visage de l’Église (Conc. oecum. Vat. ii, Const. dogm. Lumen gentium
LG 1). J’invoque sur vous et sur les personnes présentes la protection maternelle de la Vierge Marie, Mère de l’Église, et de tout coeur je vous donne, ainsi qu’à toutes les personnes présentes, ma bénédiction apostolique spéciale.



AUX PRÉLATS DE LA CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES DE FRANCE EN VISITE AD LIMINA APOSTOLORUM Salle du Consistoire Vendredi 30 novembre 2012

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Monsieur le Cardinal, chers frères dans l’épiscopat,

Je garde toujours vivant le souvenir de mon voyage apostolique en France à l’occasion des célébrations marquant le cent cinquantième anniversaire des apparitions à Lourdes de l’Immaculée Conception. Vous êtes le dernier des trois groupes d’Évêques de France venus en visite ad limina. Je vous remercie, Éminence, pour vos aimables paroles. En m’adressant à vos prédécesseurs, j’ai ouvert comme un triptyque dont l’indispensable prédelle pourrait être le discours que je vous avais adressé à Lourdes en 2008. L’examen de cet ensemble indissociable vous sera certainement d’utilité, et guidera vos réflexions.

Vous êtes en charge de régions où la foi chrétienne a très tôt pris racine et porté des fruits admirables. Des régions liées à des noms illustres qui ont tant travaillé pour l’enracinement et l’épanouissement du Royaume de Dieu dans ce monde ; les martyrs tels que Pothin et Blandine, de grands théologiens comme Irénée et Vincent de Lérins, des maîtres de la spiritualité chrétienne comme Bruno, Bernard, François de Sales, et tant d’autres. L’Église en France s’inscrit dans une longue lignée de saints, de docteurs, de martyrs et de confesseurs de la foi. Vous êtes les héritiers d’une grande expérience humaine et d’une immense richesse spirituelle. Elles sont donc pour vous, sans aucun doute, source d’inspiration dans votre mission de pasteurs.

Ces origines et ce passé glorieux, toujours présents dans notre pensée et si chers à notre esprit, nous permettent de nourrir une grande espérance, à la fois solide et hardie, à l’heure de relever les défis du troisième millénaire et d’écouter les attentes des hommes de notre époque, auxquelles Dieu seul peut apporter une réponse satisfaisante. La Bonne Nouvelle que nous sommes chargés d’annoncer aux hommes de tous les temps, de toutes langues et de toutes cultures, peut se résumer en quelques mots : Dieu, créateur de l’homme, en son fils Jésus nous fait connaître son amour pour l’humanité : « Dieu est amour » (cf. 1Jn ), il veut le bonheur de ses créatures, de tous ses enfants. La constitution pastorale Gaudium et spes (cf. n. 10) a posé les questions clés de l’existence humaine, sur le sens de la vie et de la mort, du mal, de la maladie et de la souffrance, si présents dans notre monde. Elle a rappelé que, dans sa bonté paternelle, Dieu a voulu apporter des réponses à toutes ces questions et que le Christ a fondé son Église pour que tous les hommes puissent les connaître. C’est pourquoi, l’un des plus graves problèmes de notre époque est celui de l’ignorance pratique religieuse dans laquelle vivent beaucoup d’hommes et de femmes, y compris des fidèles catholiques (cf. Exhort. apost. Christifideles laici, ch. V).

C’est pour cette raison que la nouvelle évangélisation, dans laquelle l’Église s’est résolument engagée depuis le concile Vatican II et dont le Motu proprio Ubicumque et semper a tracé les principales modalités, se présente avec une urgence particulière comme l’ont souligné les Pères du Synode qui vient de s’achever. Elle demande à tous les chrétiens de « rendre compte de l’espérance qui les habite » (
1P 3,15), consciente que l’un des obstacles les plus redoutables de notre mission pastorale est l’ignorance du contenu de la foi. Il s’agit en réalité d’une double ignorance : une méconnaissance de la personne de Jésus Christ et une ignorance de la sublimité de ses enseignements, de leur valeur universelle et permanente dans la quête du sens de la vie et du bonheur. Cette ignorance produit en outre dans les nouvelles générations l’incapacité de comprendre l’histoire et de se sentir héritier de cette tradition qui a façonné la vie, la société, l’art et la culture européenne.

En cette Année de la foi, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a donné, dans la note du 6 janvier 2012, les indications pastorales souhaitables pour mobiliser toutes les énergies de l’Église, l’action de ses pasteurs et de ses fidèles, en vue de l’animation en profondeur de la société. C’est l’Esprit Saint qui, par « la vigueur de l’Évangile, assure la jeunesse de l’Église et la renouvelle sans cesse » (Lumen gentium LG 4). Cette note rappelle que « chaque initiative prise pour l’Année de la foi veut favoriser la redécouverte joyeuse et le renouvellement du témoignage de la foi pour que cette Année soit une occasion privilégiée de partager ce que le chrétien a de plus cher : le Christ Jésus, Rédempteur de l’homme, Roi de l’univers, « principe et terme de la foi » (He 12,2) ». Le Synode des Évêques proposait récemment à tous et à chacun, les moyens pour mener à bon port cette mission. L’exemple de notre divin Maître est toujours le fondement de toute notre réflexion et de notre action. Prière et action, tels sont les moyens que notre Sauveur nous demande encore et toujours d’employer.

La nouvelle évangélisation sera efficace si elle engage en profondeur les communautés et les paroisses. Les signes de vitalité et l’engagement des fidèles laïcs dans la société française sont déjà une réalité encourageante. Nombreux sont dans le passé les engagements des laïcs, je pense à Pauline-Marie Jaricot, dont nous avons célébré le 150e anniversaire de la mort, et à son oeuvre de la Propagation de la foi, si déterminante pour les missions catholiques au XIXe et au XXe siècles. Les laïcs, avec leurs évêques et les prêtres, sont protagonistes dans la vie de l’Église et dans sa mission d’évangélisation. Dans plusieurs de ses documents (Lumen gentium, Apostolicam actuositatem, entre autres), le Concile Vatican II a souligné la spécificité de leur mission : imprégner les réalités humaines de l’esprit de l’Évangile. Les laïcs sont le visage du monde dans l’Église et en même temps le visage de l’Église dans le monde. Je connais la valeur et la qualité de l’apostolat multiforme des laïcs, hommes et femmes. J’associe ma voix à la vôtre pour leur exprimer mes sentiments d’appréciation.

L’Église en Europe et en France ne peut rester indifférente face à la diminution des vocations et des ordinations sacerdotales, non plus que des autres genres d’appel que Dieu suscite dans l’Église. Il est urgent de mobiliser toutes les énergies disponibles, pour que les jeunes puissent écouter la voix du Seigneur. Dieu appelle qui il veut et quand il veut. Cependant, les familles chrétiennes et les communautés ferventes demeurent des terrains particulièrement favorables. Ces familles, ces communautés et ces jeunes se trouvent donc au coeur de toute initiative d’évangélisation, malgré un contexte culturel et social marqué par le relativisme et l’hédonisme.

La jeunesse étant l’espoir et l’avenir de l’Église et du monde, je ne veux pas omettre de mentionner l’importance de l’éducation catholique. Elle accomplit une tâche admirable, souvent difficile, rendue possible par le dévouement inlassable de formateurs : prêtres, personnes consacrées ou laïcs. Au-delà du savoir transmis, le témoignage de vie des formateurs doit permettre aux jeunes d’assimiler les valeurs humaines et chrétiennes afin de tendre à la recherche et à l’amour du vrai et du beau (cf. Gaudium et spes GS 15). Continuez de les encourager et de leur ouvrir de nouvelles perspectives pour qu’ils bénéficient aussi de l’évangélisation. Les Instituts catholiques sont évidemment au premier poste du grand dialogue entre la foi et la culture. L’amour de la vérité qui y rayonne est en lui-même évangélisateur. Ce sont des lieux d’enseignement et de dialogue, et aussi des centres de recherche, qui doivent toujours être plus développés, plus ambitieux. Je connais bien la contribution que l’Église en France a apportée à la culture chrétienne. Je sais votre attention – et je vous encourage dans ce sens – à cultiver la rigueur académique et à tisser des liens plus intenses de communication et de collaboration avec des universités d’autres pays, tantôt pour les faire bénéficier de vos propres excellences, tantôt pour apprendre d’elles, afin de toujours mieux servir l’Église, la société, l’homme tout entier. Je souligne avec gratitude les initiatives prises, dans certains de vos diocèses, pour favoriser l’initiation théologique de jeunes étudiants en disciplines profanes. La théologie est une source de sagesse, de joie, d’émerveillement qui ne peut être réservée aux seuls séminaristes, prêtres et personnes consacrées. Proposée à de nombreux jeunes et adultes, elle les confortera dans leur foi, et fera d’eux, à n’en pas douter, des apôtres audacieux et convaincants. C’est donc une perspective qui pourrait être proposée largement aux Instituts supérieurs de théologie, comme expression de la dimension intrinsèquement missionnaire de la théologie, et comme service de la culture dans son sens le plus profond.

Quant aux écoles catholiques qui ont façonné la vie chrétienne et culturelle de votre pays, elles ont aujourd’hui une responsabilité historique. Lieux de transmission du savoir et de formation de la personne, d’accueil inconditionnel et d’apprentissage de la vie en commun, elles bénéficient souvent d’un prestige mérité. Trouver les chemins pour que la transmission de la foi demeure au centre de leur projet éducatif, est nécessaire. La nouvelle évangélisation passe par ces écoles et par l’oeuvre multiforme de l’éducation catholique qui sous-tend de nombreuses initiatives et mouvements dont l’Église est reconnaissante. L’éducation aux valeurs chrétiennes donne les clés de la culture de votre pays. En ouvrant à l’espérance et à la liberté authentique, elle continuera de lui apporter dynamisme et créativité. L’ardeur apportée à la nouvelle évangélisation sera notre meilleure contribution à l’épanouissement de la société humaine et la meilleure réponse aux défis de toute sorte qui se posent à tous en ce début du troisième millénaire.

1506 Chers frères dans l’épiscopat, je vous confie, ainsi que votre travail pastoral et l’ensemble des communautés dont vous avez la charge, à la sollicitude maternelle de la Vierge Marie qui vous accompagnera dans votre mission au cours des années à venir ! Et comme je l’ai affirmé avant de laisser la France en 2008 : « De Rome, je vous resterai proche et lorsque je m'arrêterai devant la réplique de la grotte de Lourdes, qui se trouve dans les jardins du Vatican depuis un peu plus d'un siècle, je penserai à vous. Que Dieu vous bénisse ! »
Décembre 2012



Discours 2005-2013 22112