Discours 2005-2013 1511

AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS INTERNATIONAL

ORGANISÉ PAR LA COMMISSION PONTIFICALE POUR L'AMÉRIQUE LATINE


Basilique Vaticane

Dimanche 9 décembre 2012

[Vidéo]


Messieurs les cardinaux,
chers frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce,
1512 éminents chevaliers de Colomb,

J’exprime mes vifs remerciements pour les paroles que m’a adressées le cardinal Marc Ouellet, président de la Commission pontificale pour l’Amérique latine, et je suis heureux que, avec les chevaliers de Colomb, vous ayez voulu promouvoir un congrès international pour approfondir la réflexion et l’application de l’exhortation apostolique post-synodale Ecclesia in America, du bienheureux Jean-Paul II, qui rassemble les contributions de l’assemblée spéciale du Synode des évêques pour l’Amérique. Je salue cordialement Messieurs les cardinaux, les évêques, les prêtres et les personnes consacrées, ainsi que les nombreux laïcs venus participer à cette importante initiative. Vos visages me font revenir à l’esprit et dans le coeur le souffle du continent américain, si présent dans la prière du Pape, et dont j’ai pu éprouver avec gratitude la dévotion à l’égard du siège apostolique, non seulement durant mes visites pastorales dans certains de ses pays, mais également à chaque fois que je rencontre ici les pasteurs et les fidèles de cette terre bien-aimée.

Mon vénéré prédécesseur, le bienheureux Jean-Paul II, a eu l’intuition clairvoyante de développer les relations de coopération entre les Églises particulières de toute l’Amérique du nord, du centre et du sud, et, dans le même temps, de susciter une plus grande solidarité entre ses nations. Aujourd’hui, ces intentions méritent d’être poursuivies, afin que le message rédempteur du Christ soit mis en pratique avec un plus grand engagement et produise des fruits abondants de sainteté et de renouveau ecclésial.

Le thème qui a guidé les réflexions de cette assemblée synodale peut également servir d’inspiration pour les travaux de ces journées : « La rencontre avec Jésus Christ vivant, chemin pour la conversion, la communion et la solidarité en Amérique ». En effet, l’amour pour le Seigneur Jésus et la puissance de sa grâce doivent s’enraciner toujours davantage dans le coeur des personnes, des familles et des communautés chrétiennes de vos nations, afin que dans celles-ci, l’on avance avec dynamisme le long des sentiers de la concorde et du juste progrès. Le fait que votre congrès ait lieu peu après le début de l’Année de la foi et après l’assemblée générale du synode des évêques consacrée à la nouvelle évangélisation est donc un don de la Providence, car vos décisions contribueront courageusement à la tâche difficile et pressante de faire retentir avec clarté et audace l’Évangile du Christ.

L’exhortation apostolique susmentionnée indiquait déjà des défis et des difficultés qui continuent à être présentes à l’heure actuelle, avec des caractéristiques particulières et complexes. De fait, le sécularisme et divers groupes religieux se développent sous toutes les latitudes, donnant lieu à de nombreuses problématiques. L’éducation et la promotion d’une culture de la vie est une urgence fondamentale face à la diffusion d’une mentalité qui porte atteinte à la dignité de la personne et qui ne favorise ni ne protège l’institution matrimoniale et familiale. Comment ne pas se préoccuper face aux douloureuses situations d’émigration, de déracinement ou de violence, en particulier par celles causées par la délinquance organisée, par le trafic de drogue, par la corruption ou par le commerce des armes ? Et que dire des inégalités déchirantes et des poches de pauvreté provoquées par des mesures économiques, politiques et sociales discutables ?

Toutes ces questions importantes requièrent une étude attentive. Toutefois, au-delà de leur évaluation technique, l’Église catholique est convaincue que la lumière pour une solution adaptée ne peut provenir que de la rencontre avec Jésus Christ vivant qui suscite des attitudes et des comportements fondés sur l’amour et sur la vérité. Telle est la force décisive qui transformera le continent américain.

Chers amis, l’amour du Christ nous pousse à nous consacrer sans réserve à proclamer son nom dans chaque lieu de l’Amérique, en l’apportant avec liberté et enthousiasme dans les coeurs de tous ses habitants. Il n’y a pas d’oeuvre plus gratifiante et bénéfique que celle-ci. Il n’y a pas de service plus grand que nous puissions rendre à nos frères. Ils ont soif de Dieu. C’est pourquoi nous devrions prendre cet engagement avec conviction et un joyeux dévouement, en encourageant les prêtres, les diacres, les hommes et les femmes consacrés, ainsi que les agents de pastorale à purifier et à renforcer toujours plus leur vie intérieure à travers une relation sincère avec le Seigneur et une participation digne et assidue aux sacrements. C’est à cela que contribueront une catéchèse adaptée et une formation doctrinale rigoureuse et permanente, caractérisées par une fidélité totale à la Parole de Dieu et au magistère de l’Église et visant à apporter une réponse aux interrogations et aux aspirations les plus profondes du coeur humain. De cette manière, le témoignage de votre foi sera plus éloquent et incisif, et vous grandirez dans l’unité en accomplissant votre apostolat. Un esprit missionnaire renouvelé et l’ardeur et une générosité zélée dans votre engagement constitueront une contribution irremplaçable à ce que l’Église universelle attend et demande à l’Église qui est en Amérique.

Que la figure de la Très Sainte Vierge Marie, Étoile de la nouvelle évangélisation, qui est invoquée dans toute l’Amérique sous le titre glorieux de Nuestra Señora de Guadalupe, resplendisse sur votre continent comme modèle d’ouverture à la grâce de Dieu et de parfaite sollicitude pour les autres. Alors que je confie ce congrès à sa protection maternelle et aimante, je donne à ses organisateurs et à ses participants ma Bénédiction apostolique, signe d’abondantes grâces divines.

AUX NOUVEAUX AMBASSADEURS NON-RÉSIDENTS

ACCRÉDITÉS PRÈS LE SAINT-SIÈGE Salle Clémentine Jeudi 13 décembre 2012


Madame et Messieurs les Ambassadeurs,

1513 C’est avec plaisir que je vous accueille à l’occasion la présentation des Lettres qui vous accréditent comme ambassadeurs extraordinaires et plénipotentiaires de vos pays près le Saint-Siège : la République de Guinée, Saint-Vincent et les Grenadines, le Niger, la Zambie, la Thaïlande, le Sri Lanka. Je vous remercie de vos aimables adresses ainsi que pour les salutations que vous m’avez transmises de la part de vos chefs d’État respectifs. En retour, je vous saurais gré de leur faire parvenir mes voeux les meilleurs pour leur personne et pour l’accomplissement de leur charge au service de leurs peuples. Je prie Dieu d’accorder à tous vos compatriotes de mener une vie paisible et digne, dans la concorde et dans l’unité.

En scrutant les nombreux défis de notre époque, nous pouvons constater que l’éducation y occupe une place de premier plan. Elle se fait aujourd’hui dans des contextes où l’évolution des modes de vie et de connaissance crée des ruptures humaine, culturelle, sociale et spirituelle inédites dans l’histoire de l’humanité. Les réseaux sociaux, autre nouveauté, ont tendance à substituer les espaces naturels de société et de communication en devenant souvent l’unique référence de l’information et de la connaissance. La famille et l’école ne semblent plus être le terreau fertile premier et naturel où les jeunes générations puisent la sève nourricière de leur existence. Par ailleurs, dans les domaines scolaire et académique, l’autorité des enseignants et des professeurs est remise en cause et, malheureusement, la compétence de certains d’entre eux n’est pas exempte de partialité cognitive et de carence anthropologique, excluant ou diminuant ainsi la vérité sur la personne humaine. Celle-ci est un être intégral et non pas une somme d’éléments qu’on peut isoler et manipuler selon son goût. L’école et l’université semblent être devenues incapables de projets créateurs portant en eux une téléologie transcendantale apte à séduire les jeunes dans leur être profond, si bien que ceux-ci, néanmoins inquiets pour leur avenir, sont tentés par le moindre effort, le minimum suffisant et le succès facile utilisant parfois de manière inappropriée les possibilités offertes par la technologie contemporaine. Beaucoup voudrait réussir et atteindre vite un statut social et professionnel importants tout en faisant fi de la formation, des compétences et de l’expérience requises. Le monde actuel et les adultes responsables n’ont pas su leur donner les repères nécessaires. Le dysfonctionnement de certaines institutions et de certains services publics et privés ne pourrait-il pas être expliqué par une éducation mal assurée et mal assumée ?

Faisant mien les mots de mon prédécesseur, le Pape Léon XIII, je suis convaincu que « la vraie dignité de l’homme et son excellence résident dans ses moeurs, c’est-à-dire dans sa vertu ; la vertu est le patrimoine commun des mortels, à la portée de tous, des petits et des grands, des pauvres et des riches » (Rerum novarum, 20). \J’invite donc vos gouvernements à contribuer avec courage à l’avancée de notre humanité en favorisant l’éducation des nouvelles générations grâce à la promotion d’une saine anthropologie, base indispensable pour toute éducation authentique, et conforme au patrimoine naturel commun. Cette tâche pourrait passer d’abord par une réflexion sérieuse sur les différentes problématiques existant dans vos pays respectifs où certaines options politiques ou économiques peuvent éroder sournoisement vos propres patrimoines anthropologiques et spirituels. Ceux-ci ont passé au tamis des siècles et se sont constitués patiemment sur des bases qui respectent l’essence de la personne humaine dans sa réalité plurielle tout en demeurant en parfaite syntonie avec l’ensemble du cosmos. J’invite encore vos gouvernants à avoir le courage de travailler à la consolidation de l’autorité morale – comprise comme appel à une cohérence de vie – nécessaire pour une véritable et saine éducation des jeunes générations.

Le droit à une éducation aux justes valeurs ne doit jamais être nié ou oublié. Le devoir d’éduquer à ces valeurs ne doit jamais être tronqué ou affaibli par un quelconque intérêt politique national ou supranational. C’est pourquoi, il est nécessaire d’éduquer dans la vérité et à la vérité. Mais « qu’est-ce que la vérité ? » (
Jn 18,38), se demandait déjà Pilate qui était un gouvernant. De nos jours, dire le vrai est devenu suspect, vouloir vivre dans la vérité semble suranné, et la promouvoir semble être un effort vain. Et pourtant, l’avenir de l’humanité se trouve également dans la relation des enfants et des jeunes avec la vérité : la vérité sur l’homme, la vérité sur la création, la vérité sur les institutions, etc. Avec l’éducation à la rectitude du coeur et de la pensée, les jeunes ont aussi besoin, aujourd’hui plus que jamais, d’être éduqués au sens de l’effort et de la persévérance dans les difficultés. Il faut leur apprendre que tout acte que pose la personne humaine doit être responsable et cohérent avec son désir d’infini, et que cet acte accompagne sa croissance en vue de la formation à une humanité toujours plus fraternelle et libérée des tentations individualistes et matérialistes.

Vous me permettrez de saluer par votre intermédiaire les Évêques et les fidèles des communautés catholiques présentes dans vos pays. L’Église accomplit sa mission dans la fidélité à son Seigneur et avec le désir ardent d’apporter sa contribution spécifique à la promotion intégrale de vos compatriotes, notamment par l’éducation des enfants et des jeunes. Elle participe quotidiennement aux efforts communs pour l’épanouissement spirituel et humain de tous, par ses structures éducatives, caritatives et sanitaires, ayant à coeur l’éveil des consciences au respect mutuel et à la responsabilité. Dans ce sens, j’encourage vos gouvernants à continuer à permettre à l’Église de s’occuper librement de ses champs d’activités traditionnels qui, comme vous le savez, contribuent au développement de vos pays et au bien commun.

Madame et Messieurs les Ambassadeurs, alors que commence officiellement votre mission auprès du Saint-Siège, je vous offre mes voeux les meilleurs, vous assurant du soutien des divers services de la Curie romaine pour l’accomplissement de votre fonction. À cette fin, j’invoque bien volontiers sur vous et sur vos familles, ainsi que sur vos collaborateurs l’abondance des bénédictions divines.

À LA DÉLÉGATION DE LA COMMUNE ITALIENNE DE PESCOPENNATARO (MOLISE),

EN REMERCIEMENT DU SAPIN DE NOËL PLACE SAINT-PIERRE Salle Clémentine Vendredi 14 décembre 2012



Chers frères et soeurs !

Je suis heureux de vous accueillir le jour où est présenté l’arbre de Noël de la place Saint-Pierre, un sapin qui cette année provient de Pescopennataro, dans la province d’Isernia, dans le Molise. Je pense que tout le village est ici présent aujourd’hui ! J’adresse à chacun mes salutations cordiales, à commencer par le maire, M. Pompilio Sciulli, que je remercie des paroles qu’il vient de m’adresser au nom des personnes présentes. Je salue en outre les autres autorités civiles, avec une pensée particulière pour le président de la région. Je suis heureux de saluer avec une affection fraternelle l’évêque de Trivento, Mgr Domenico Scotti, et le curé de Pescopennataro.

Ce soir, au terme de la cérémonie de remise officielle, les lumières qui ornent l’arbre seront allumées. Celui-ci restera à côté de la crèche jusqu’à la fin des festivités de Noël et sera admiré par les nombreux pèlerins, provenant de toutes les parties du monde. Merci pour ce pieu hommage, ainsi que pour les autres arbres plus petits destinés au Palais apostolique et aux salles du Vatican ! Le sapin blanc que vous avez voulu me donner, chers habitants de Pescopennataro et de toute la région du Molise, manifeste également la foi et la générosité du peuple molisan, qui à travers les siècles, a conservé un important trésor spirituel exprimé à travers la culture, l’art et les traditions locales. La tâche de chacun d’entre vous et de vos compatriotes est de puiser constamment à ce patrimoine et de le développer, pour pouvoir affronter les nouvelles urgences sociales et les défis culturels actuels, dans le sillage de la fidélité au christianisme consolidée et féconde.

1514 Je souhaite de tout coeur à vous tous ici présents, à vos concitoyens et à tous les habitants de votre région, de passer avec sérénité et intensité le Noël du Seigneur. Selon le célèbre oracle du prophète Isaïe, il est apparu comme une grande lumière pour le peuple qui marchait dans les ténèbres (cf. Is Is 9,1). Dieu s’est fait homme et il est venu habiter parmi nous pour dissiper les ténèbres de l’erreur et du péché, apportant à l’humanité sa lumière divine. Cette lumière très haute, dont l’arbre de Noël est le signe et le rappel, non seulement n’a pas diminué d’intensité au fil des siècles et des millénaires, mais elle continue à resplendir sur nous et à illuminer chaque homme qui vient au monde, en particulier quand nous devons traverser des moments d’incertitude et de difficulté. Jésus lui-même dira à propos de lui : « Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie » (Jn 8,12).

Et lorsqu’à différentes époques, on a tenté d’éteindre la lumière de Dieu, pour allumer des flammes illusoires et trompeuses, des saisons marquées par de tragiques violences sur l’homme sont apparues. Car lorsque l’on cherche à effacer le nom de Dieu sur les pages de l’histoire, le résultat est que l’on trace des lignes tordues, où même les paroles les plus belles et les plus nobles perdent leur véritable signification. Pensons à des termes comme « liberté », « bien commun », « justice » : privés de l’enracinement en Dieu et dans son amour, dans le Dieu qui a montré son visage en Jésus Christ, ces réalités restent très souvent en proie aux intérêts humains, en perdant leur lien avec les exigences de vérité et de responsabilité civile.

Chers amis, je vous remercie encore de tout coeur pour le geste que vous avez accompli. Votre arbre est celui de l’Année de la foi : que le Seigneur veuille récompenser votre don, en renforçant la foi en vous et dans vos communautés ! Je le demande par l’intercession de la Vierge Marie, Celle qui la première a accueilli et suivi le Verbe de Dieu fait homme, alors que je donne de tout coeur à vous et à vos familles ma Bénédiction apostolique.

À LA DÉLÉGATION DES JEUNES

DE L'ACTION CATHOLIQUE ITALIENNE Salle du Consistoire Jeudi 20 décembre 2012



Très chers garçons et filles de l’acr,

Je suis heureux de vous rencontrer et de recevoir vos voeux pour le Noël du Seigneur. Je vous salue avec affection, ainsi que vos éducateurs, le président M. Franco Miano et l’assistant général, Mgr Domenico Sigalini.

Vous m’avez dit que vous êtes « en quête d’auteur », et que cela est la phrase qui guide votre chemin de cette année au sein de l’acr. Il me vient spontanément à l’esprit de vous demander : Qui est cet auteur ? L’avez-vous déjà trouvé ? Je suis certain que, avec les formateurs et avec les autres amis de l’Action catholique, vous trouverez une réponse toujours plus claire à votre recherche et que vous serez capables d’aider également de nombreuses autres personnes à la trouver. Mais je voudrais moi aussi vous dire quelque chose. Tout d’abord, je sais que vous cherchez l’auteur de la vie, qui vous aide à bien vivre, à être contents de vous-mêmes et des autres. Mais nous savons qui est cet auteur : c’est Dieu, qui nous a montré son visage. Dieu nous a créés, il nous a faits à son image, il nous a en particulier donné son Fils Jésus, qui s’est fait enfant — nous le contemplerons d’ici peu dans le saint Noël — il est devenu un jeune homme comme vous, il a parcouru les routes de notre monde pour nous communiquer l’amour de Dieu, qui rend la vie belle et heureuse, pleine de bonté et de générosité.

Vous cherchez certainement également l’auteur de votre joie. Si je vous demandais ce qui vous donne de la joie, la réponse serait sans doute ; les jeux, le sport, les amis, les parents, qui vivent pour vous et vous aiment. Tant de personnes vous rendent heureuses, mais il y a un grand Ami qui est l’auteur de la joie de tous et avec lequel notre coeur se rempli d’une joie qui dépasse toutes les autres et qui dure toute la vie : c’est Jésus. Chers amis, souvenez-vous : plus vous apprendrez à le connaître et à dialoguer avec Lui, plus vous sentirez dans votre coeur d’être heureux et vous serez capables de vaincre les petites tristesses qui habitent parfois l’âme.

En outre, vous êtes en quête de l’auteur de l’amour. Peut-on vivre seuls, refermés sur soi-même ? Si vous réfléchissez un moment, vous verrez que la réponse est un « non » clair. Nous avons tous besoin d’aimer et de sentir que quelqu’un nous accepte et nous aime. Se sentir aimés est nécessaire pour vivre, mais il est tout aussi important d’être capables d’aimer les autres, pour rendre leur vie belle, la vie de tous, même des jeunes de votre âge qui se trouvent dans des situations difficiles. Jésus nous a fait voir à travers sa vie que Dieu aime chacun sans distinction et qu’il veut que nous vivions tous heureux. C’est pourquoi j’apprécie votre initiative au mois de janvier de soutenir un projet en Égypte d’aide concrète aux jeunes des rues.

Enfin, vous cherchez certainement l’auteur de la paix, dont le monde a tant besoin. Souvent, les hommes pensent pouvoir construire la paix seuls, mais il est important de comprendre que c’est Dieu qui peut nous donner une paix vraie et solide. Si nous savons l’écouter, si nous lui réservons une place dans notre vie, Dieu élimine l’égoïsme qui envenime souvent les relations entre les personnes et entre les nations et fait naître des désirs de réconciliation, de pardon et de paix, également chez ceux dont le coeur est endurci.

1515 Chers jeunes garçons et filles de l’acr, je vous souhaite de faire cette recherche ensemble, entre vous et avec vos compagnons d’école et de jeux. Si vous vous aidez les uns les autres à chercher le grand Auteur de la vie, de la joie, de l’amour, de la paix, vous découvrirez que cet Auteur n’est jamais loin de vous, il est même tout proche : c’est le Dieu qui s’est fait enfant en Jésus !

Chers amis, tous mes voeux de Bon Noël à vous et à toute l’Action catholique !

À L'OCCASION DE LA PRÉSENTATION DES

VOEUX DE NOËL DE LA CURIE ROMAINE Salle Clémentine Vendredi 21 décembre 2012

[Vidéo]

Messieurs les Cardinaux,
vénérés Frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce,
chers frères et soeurs !

C’est avec grande joie que je vous rencontre aujourd’hui, chers membres du Collège cardinalice, Représentants de la Curie romaine et du Gouvernorat, pour ce moment traditionnel avant Noël. J’adresse à chacun un cordial salut, à commencer par le Cardinal Angelo Sodano, que je remercie pour les belles paroles et les voeux fervents qu’il m’a adressés aussi en votre nom. Le Cardinal Doyen nous a rappelé une expression qui revient souvent en ces jours dans la liturgie latine : Prope est iam Dominus, venite, adoremus ! Désormais le Seigneur est proche, venez adorons-le ! Nous aussi, comme une unique famille, nous nous disposons à adorer, dans la grotte de Bethléem, cet Enfant qui est Dieu lui-même qui se fait proche jusqu’à devenir homme comme nous. Je vous rends volontiers vos souhaits et je vous remercie tous de grand coeur, y compris les Représentants pontificaux dispersés à travers le monde, pour la collaboration généreuse et qualifiée que chacun de vous prête à mon Ministère.

Nous nous trouvons à la fin d’une année qui de nouveau, dans l’Église et dans le monde, a été caractérisée par de multiples situations tourmentées, par de grandes questions et des défis, mais aussi par des signes d’espérance. Je mentionne seulement quelques moments saillants dans le domaine de la vie de l’Église et de mon ministère pétrinien. Il y a eu avant tout – comme l’a mentionné le Cardinal Doyen – les voyages au Mexique et à Cuba – rencontres inoubliables avec la force de la foi, profondément enracinée dans les coeurs des hommes, et avec la joie pour la vie qui naît de la foi. Après l’arrivée au Mexique, je me rappelle que, sur les bords de la longue route à parcourir, il y avait d’interminables foules de personnes qui saluaient, agitant des foulards et des drapeaux. Je me rappelle que durant le trajet vers Guanajuato, pittoresque capitale de l’État du même nom, il y avait des jeunes pieusement agenouillés au bord de la route pour recevoir la bénédiction du Successeur de Pierre ; je me rappelle comment la grande liturgie auprès de la statue du Christ Roi est devenue un acte rendant présente la royauté du Christ – sa paix, sa justice, sa vérité. Tout cela s’est déroulé avec en arrière-plan les problèmes d’un pays qui souffre de multiples formes de violence et des difficultés d’une dépendance économique. Ce sont des problèmes qui, certes, ne peuvent pas être résolus simplement par la religiosité, mais encore moins sans cette purification intérieure des coeurs qui vient de la force de la foi, de la rencontre avec Jésus Christ. Et il y eut ensuite l’expérience de Cuba – ici aussi au cours des grandes liturgies, à travers les chants, les prières et les silences, la présence de Celui à qui, pendant longtemps, on avait voulu refuser une place dans le pays se rendait perceptible. La recherche, dans ce pays, d’une nouvelle organisation du rapport entre contraintes et liberté ne peut assurément pas réussir sans une référence à ces critères fondamentaux qui se sont manifestés à l’humanité dans la rencontre avec le Dieu de Jésus Christ.

Comme étapes ultérieures de l’année qui touche à sa fin, je voudrais mentionner la grande Fête de la Famille à Milan, ainsi que ma visite au Liban avec la remise de l’Exhortation apostolique post-synodale, qui maintenant devra constituer, dans la vie des Églises et de la société au Moyen-Orient, une orientation sur les difficiles chemins de l’unité et de la paix. Le dernier événement important de cette année qui s’achève a été le Synode sur la Nouvelle Évangélisation qui a été en même temps un commencement communautaire de l’Année de la Foi, par laquelle nous commémorons l’ouverture du Concile Vatican II, il y a cinquante ans, pour le comprendre et l’assimiler de nouveau dans une situation changeante.

1516 Avec toutes ces occasions on a abordé des thèmes fondamentaux de notre moment de l’histoire : la famille (Milan), le service de la paix dans le monde et le dialogue interreligieux (Liban), ainsi que l’annonce à notre époque du message de Jésus Christ à ceux qui ne l’ont pas encore rencontré et aux nombreuses personnes qui le connaissent seulement de l’extérieur et qui, justement pour cela, ne le reconnaissent pas. Parmi ces grands thèmes je voudrais réfléchir un peu plus en détail surtout sur le thème de la famille et sur la nature du dialogue, pour ajouter ensuite encore une brève annotation sur le thème de la Nouvelle Évangélisation.

La grande joie avec laquelle des familles provenant du monde entier se sont rencontrées à Milan a montré que, malgré toutes les impressions inverses, la famille est forte et vivante encore aujourd’hui. Cependant la crise qui – particulièrement dans le monde occidental – la menace jusque dans ses fondements est aussi incontestable. J’ai été frappé du fait qu’au Synode on a souligné à maintes reprises l’importance de la famille pour la transmission de la foi, comme lieu authentique où se transmettent les formes fondamentales du fait d’être une personne humaine. On les apprend en les vivant et aussi en les souffrant ensemble. Et ainsi, il apparaît avec évidence que la question de la famille n’est pas seulement celle d’une forme sociale déterminée, mais celle de la question de l’être humain lui-même – de la question de ce qu’est l’être humain et de ce qu’il faut faire pour être de façon juste une personne humaine. Dans ce contexte, les défis sont complexes. Il y a avant tout la question de la capacité de l’homme de se lier ou de son manque de liens. L’être humain peut-il se lier pour toute une vie ? Cela correspond-il à sa nature ? N’est-ce pas en opposition avec sa liberté et avec la dimension de son autoréalisation ? L’être humain devient-il lui-même en demeurant autonome et en entrant en contact avec l’autre uniquement par des relations qu’il peut interrompre à tout moment ? Un lien pour toute la vie est-il en opposition avec la liberté ? Le lien mérite-t-il aussi qu’on en souffre ? Le refus du lien humain, qui se répand toujours plus à cause d’une compréhension erronée de la liberté et de l’autoréalisation, comme aussi en raison de la fuite devant le support patient de la souffrance, signifie que l’homme demeure fermé sur lui-même et, en dernière analyse, conserve son propre « moi » pour lui-même, et ne le dépasse pas vraiment. Mais c’est seulement dans le don de soi que l’être humain se réalise lui-même, et c’est seulement en s’ouvrant à l’autre, aux autres, aux enfants, à la famille, c’est seulement en se laissant modeler dans la souffrance, qu’il découvre la dimension du fait d’être une personne humaine. Avec le refus de ce lien disparaissent aussi les figures fondamentales de l’existence humaine : le père, la mère, l’enfant ; des dimensions essentielles de l’expérience du fait d’être une personne humaine tombent.

Le Grand Rabbin de France, Gilles Bernheim, dans un traité soigneusement documenté et profondément touchant, a montré que l’atteinte à l’authentique forme de la famille, constituée d’un père, d’une mère et d’un enfant – une atteinte à laquelle nous nous trouvons exposés aujourd’hui – parvient à une dimension encore plus profonde. Si jusqu’ici nous avons vu comme cause de la crise de la famille un malentendu sur l’essence de la liberté humaine, il devient clair maintenant qu’ici est en jeu la vision de l’être même, de ce que signifie en réalité le fait d’être une personne humaine. Il cite l’affirmation devenue célèbre, de Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme, on le devient ». Dans ces paroles se trouve le fondement de ce qui aujourd’hui, sous le mot « gender », est présenté comme une nouvelle philosophie de la sexualité. Le sexe, selon cette philosophie, n’est plus un donné d’origine de la nature, un donné que l’être humain doit accepter et remplir personnellement de sens, mais c’est un rôle social dont on décide de manière autonome, alors que jusqu’ici c’était à la société d’en décider. La profonde fausseté de cette théorie et de la révolution anthropologique qui y est sous-jacente, est évidente. L’être humain conteste d’avoir une nature préparée à l’avance de sa corporéité, qui caractérise son être de personne. Il nie sa nature et décide qu’elle ne lui est pas donnée comme un fait préparé à l’avance, mais que c’est lui-même qui se la crée. Selon le récit biblique de la création, il appartient à l’essence de la créature humaine d’avoir été créée par Dieu comme homme et comme femme. Cette dualité est essentielle pour le fait d’être une personne humaine, telle que Dieu l’a donnée. Justement, cette dualité comme donné de départ est contestée. Ce qui se lit dans le récit de la création n’est plus valable : « Homme et femme il les créa » (
Gn 1,27). Non, maintenant ce qui vaut c’est que ce n’est pas lui qui les a créés homme et femme, mais c’est la société qui l’a déterminé jusqu’ici et maintenant c’est nous-mêmes qui décidons de cela. Homme et femme n’existent plus comme réalité de la création, comme nature de l’être humain. Celui-ci conteste sa propre nature. Il est désormais seulement esprit et volonté. La manipulation de la nature, qu’aujourd’hui nous déplorons pour ce qui concerne l’environnement, devient ici le choix fondamental de l’homme à l’égard de lui-même. L’être humain désormais existe seulement dans l’abstrait, qui ensuite, de façon autonome, choisit pour soi quelque chose comme sa nature. L’homme et la femme sont contestés dans leur exigence qui provient de la création, étant des formes complémentaires de la personne humaine. Cependant, si la dualité d’homme et de femme n’existe pas comme donné de la création, alors la famille n’existe pas non plus comme réalité établie à l’avance par la création. Mais en ce cas aussi l’enfant a perdu la place qui lui revenait jusqu’à maintenant et la dignité particulière qui lui est propre. Bernheim montre comment, de sujet juridique indépendant en soi, il devient maintenant nécessairement un objet, auquel on a droit et que, comme objet d’un droit, on peut se procurer. Là où la liberté du faire devient la liberté de se faire soi-même, on parvient nécessairement à nier le Créateur lui-même, et enfin par là, l’homme même – comme créature de Dieu, comme image de Dieu – est dégradé dans l’essence de son être. Dans la lutte pour la famille, l’être humain lui-même est en jeu. Et il devient évident que là où Dieu est nié, la dignité de l’être humain se dissout aussi. Celui qui défend Dieu, défend l’être humain !

Avec cela, je voudrais aborder le deuxième grand thème qui, depuis Assise jusqu’au Synode sur la nouvelle Évangélisation, a traversé toute l’année qui touche à son terme : c’est-à-dire la question du dialogue et de l’annonce. Parlons d’abord du dialogue. Pour l’Église de notre temps, je vois surtout trois domaines de dialogue dans lesquels elle doit être présente, dans la lutte pour la personne humaine et pour ce que signifie être une personne humaine : le dialogue avec les États, le dialogue avec la société – qui inclut le dialogue avec les cultures et la science – et, enfin, le dialogue avec les religions. Dans tous ces dialogues, l’Église parle à partir de la lumière que lui offre la foi. Toutefois, elle incarne en même temps la mémoire de l’humanité qui, depuis les origines et à travers les temps, est la mémoire des expériences et des souffrances de l’humanité, dans laquelle l’Église a appris ce que signifie être humains, en en expérimentant la limite et la grandeur, les possibilités et les limitations. La culture de l’Humain, dont elle se fait la garante, est née et s’est développée à partir de la rencontre entre la révélation de Dieu et l’existence humaine. L’Église représente la mémoire de l’humain face à une civilisation de l’oubli, qui désormais connaît seulement elle-même et son propre critère de mesure. Mais, de même qu’une personne sans mémoire a perdu sa propre identité, de même une humanité sans mémoire perdrait sa propre identité. Ce qui a été montré à l’Église, dans la rencontre entre la révélation et l’expérience humaine, va, certes, au-delà du domaine de la raison, mais ne constitue pas un monde particulier qui serait sans aucun intérêt pour le non croyant. Si l’être humain, par sa pensée, entre dans la réflexion et dans la compréhension de ces connaissances, celles-ci élargissent l’horizon de la raison et ceci concerne aussi ceux qui ne réussissent pas à partager la foi de l’Église. Dans le dialogue avec l’État et avec la société, l’Église n’a certainement pas de solutions toute faites à chaque question. Avec les autres forces sociales, elle luttera en faveur des réponses qui correspondent le plus à la juste mesure de l’être humain. Elle doit défendre avec la plus grande clarté ce qu’elle a identifié comme valeurs fondamentales, constitutives et non négociables, de l’existence humaine. Elle doit faire tout son possible pour créer une conviction qui ensuite puisse se traduire en action politique.

Dans la situation actuelle de l’humanité, le dialogue des religions est une condition nécessaire pour la paix dans le monde, et il est par conséquent un devoir pour les chrétiens comme aussi pour les autres communautés religieuses. Ce dialogue des religions a différentes dimensions. Avant tout, il sera simplement un dialogue de la vie, un dialogue du partage pratique. On n’y parlera pas des grands thèmes de la foi – si Dieu est trinitaire ou comment il faut comprendre l’inspiration des Saintes Écritures etc. Il s’agit des problèmes concrets de la cohabitation et de la responsabilité commune pour la société, pour l’État, pour l’humanité. En cela, on doit apprendre à accepter l’autre dans sa diversité d’être et de pensée. Dans ce but, il est nécessaire de faire de la responsabilité commune pour la justice et pour la paix le critère fondamental de l’entretien. Un dialogue où il s’agit de paix et de justice, devient en soi, – au-delà de ce qui est simplement pragmatique – une lutte éthique pour la vérité et pour l’être humain ; un dialogue à propos des évaluations qui sont les prémisses à tout. Ainsi, simplement pragmatique dans un premier temps, le dialogue devient cependant aussi une lutte pour le juste mode d’être personne humaine. Même si les choix fondamentaux ne sont pas comme tels en discussion, les efforts autour d’une question concrète deviennent un processus où, par l’écoute de l’autre, les deux parties peuvent trouver purification et enrichissement. Ainsi, ces efforts peuvent aussi avoir le sens de pas communs vers l’unique vérité, sans que les choix fondamentaux soient changés. Si les deux parties partent d’une herméneutique de justice et de paix, la différence de fond ne disparaîtra pas, mais, entre elles grandira plutôt une proximité plus profonde.

Pour l’essence du dialogue interreligieux, deux règles sont aujourd’hui généralement considérées comme fondamentales :

1. Le dialogue ne vise pas la conversion, mais bien la compréhension. En cela, il se distingue de l’évangélisation, de la mission.

2. Conformément à cela, dans ce dialogue, les deux parties restent consciemment dans leur identité, qu’elles ne mettent pas en question dans le dialogue ni pour elles-mêmes ni pour les autres.

Ces règles sont justes. Mais je pense que, sous cette forme, elles sont formulées trop superficiellement. Oui, le dialogue ne vise pas la conversion, mais une meilleure compréhension réciproque – c’est juste. Cependant, la recherche de connaissance et de compréhension veut toujours être aussi un rapprochement de la vérité. Ainsi, les deux parties, en s’approchant pas à pas de la vérité, avancent et sont en marche vers un plus grand partage, fondé sur l’unité de la vérité. En ce qui concerne le fait de rester fidèle à sa propre identité, ce serait trop peu, si par sa décision pour sa propre identité, le chrétien interrompait, pour ainsi dire, de sa propre volonté, le chemin vers la vérité. Son être chrétien deviendrait alors quelque chose d’arbitraire, un choix simplement factuel. Alors, évidemment, il ne prendrait pas en compte que dans la religion on touche à la vérité. À ce sujet, je dirais que le chrétien a la grande confiance fondamentale, ou mieux, la grande certitude fondamentale de pouvoir tranquillement prendre le large dans la vaste mer de la vérité, sans avoir à craindre pour son identité de chrétien. Certes, ce n’est pas nous qui possédons la vérité, mais c’est elle qui nous possède : le Christ qui est la Vérité nous a pris par la main, et sur le chemin de notre recherche passionnée de connaissance, nous savons que sa main nous tient fermement. Le fait d’être intérieurement soutenus par la main du Christ nous rend libres et en même temps assurés. Libres : si nous sommes soutenus par lui, nous pouvons ouvertement et sans peur, entrer dans tout dialogue. Assurés, nous le sommes, car le Christ ne nous abandonne pas, si nous ne nous détachons pas de lui. Unis à lui, nous sommes dans la lumière de la vérité.

Enfin, il est juste qu’il y ait aussi une brève annotation sur l’annonce, sur l’évangélisation, dont en effet, suite aux propositions des Pères synodaux, parlera largement le document post-synodal. Je trouve que les éléments essentiels du processus d’évangélisation apparaissent de manière très éloquente dans le récit de saint Jean sur la vocation de deux disciples du Baptiste, qui deviennent disciples du Christ (cf. Jn 1,35-39). Il y a d’abord le simple acte de l’annonce. Jean-Baptiste indique Jésus et il dit : « Voici l’agneau de Dieu ». Un peu plus loin, l’évangéliste raconte un événement similaire. Cette fois-ci, c’est André qui dit à son frère Simon : « Nous avons trouvé le Messie » (1, 41). L’élément premier et fondamental est la simple annonce, le kérygme, qui tire sa force de la conviction intérieure de celui qui annonce. Dans le récit des deux disciples, vient ensuite l’écoute, la marche à la suite de Jésus, une suite qui n’est pas encore une sequela, mais plutôt une sainte curiosité, un mouvement de recherche. Les deux personnes sont en effet à la recherche ; des personnes qui, au-delà du quotidien, vivent dans l’attente de Dieu – dans l’attente, car il est là et il se montrera ensuite. Touchée par l’annonce, leur recherche devient concrète. Ils veulent mieux connaître celui que le Baptiste a qualifié d’Agneau de Dieu. Le troisième acte commence ensuite par le fait que Jésus se retourne, regarde les deux disciples et leur demande : « Que cherchez-vous ? ». La réponse des deux est, à nouveau, une demande qui indique l’ouverture de leur attente, leur disponibilité à faire de nouveaux pas. Ils demandent : « Rabbi, où demeures-tu ? ». La réponse de Jésus : « Venez, et vous verrez ! », est une invitation à l’accompagner et, en marchant avec lui, à devenir des personnes qui voient.

La parole de l’annonce devient efficace là où existe dans l’homme la disponibilité docile pour s’approcher de Dieu ; là où l’homme est intérieurement en recherche et ainsi en marche vers le Seigneur. Alors, l’attention de Jésus pour lui touche son coeur et l’impact de l’annonce suscite ensuite la sainte curiosité de connaître Jésus de plus près. Ce fait d’aller avec lui conduit au lieu où Jésus habite, dans la communauté de l’Église, qui est son Corps. Cela signifie entrer dans la communion itinérante des catéchumènes, qui est une communion d’approfondissement et, en même temps, de vie, dans laquelle, le fait de marcher avec Jésus, nous fait devenir des personnes qui voient.

1517 « Venez et vous verrez ! » Ces paroles que Jésus adresse aux deux disciples en recherche, il les adresse aussi aux personnes d’aujourd’hui qui sont en recherche. Au terme de cette année, nous voulons prier le Seigneur, afin que l’Église, malgré ses pauvretés, devienne toujours plus identifiable comme sa demeure. Nous le prions pour que, dans la marche vers sa maison, il nous rende aussi toujours plus voyants, afin que nous puissions dire toujours mieux et de manière toujours plus convaincante : nous avons trouvé celui que le monde entier attend, Jésus Christ, vrai Fils de Dieu et vrai homme. Dans cet esprit, je vous souhaite de tout coeur à tous un saint Noël et une heureuse nouvelle Année. Merci.
35e RENCONTRE EUROPÉENNE DES JEUNES

Discours 2005-2013 1511