Benoît XVI Homélies 25117

CONCÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE AVEC LES NOUVEAUX CARDINAUX ET REMISE DE L'ANNEAU CARDINALICE, 25 novembre 2007

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Basilique Vaticane Solennité du Christ Roi de l'univers 25 novembre 2007





Messieurs les Cardinaux,
vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,
Mesdames et messieurs,
chers frères et soeurs!

Cette année la solennité du Christ Roi de l'univers, couronnement de l'année liturgique, est enrichie par l'accueil dans le Collège cardinalice de 23 nouveaux membres que j'ai invités, selon la tradition, à concélébrer l'Eucharistie avec moi. A chacun d'eux j'adresse mes salutations cordiales, les étendant avec une affection fraternelle à tous les Cardinaux présents. Par ailleurs, je suis heureux de saluer les délégations venues de différents pays et le Corps diplomatique près le Saint-Siège, les nombreux Evêques et prêtres, les religieux et les religieuses, et tous les fidèles, en particulier ceux qui proviennent des diocèses confiés à la direction pastorale de certains des nouveaux Cardinaux.

La fête liturgique du Christ Roi offre à notre célébration un fond très significatif, défini et illuminé par les lectures bibliques. Nous nous trouvons comme face à une fresque imposante composée de trois grandes scènes: au centre, la Crucifixion, selon le récit de l'évangéliste Luc; avec d'un côté, l'onction royale de David par les anciens d'Israël; de l'autre, l'hymne christologique par laquelle saint Paul introduit la Lettre aux Colossiens. La figure du Christ domine l'ensemble, l'unique Seigneur devant lequel nous sommes tous frères. Toute la hiérarchie de l'Eglise, chaque charisme et ministère, tout et tous, nous sommes au service de sa grandeur.

Nous devons partir de l'événement central: la Croix. Le Christ manifeste ici sa royauté singulière. Sur le Calvaire, deux attitudes opposées sont confrontées. Plusieurs personnages au pied de la croix, ainsi que l'un des deux larrons, s'adressent avec mépris au Crucifié: Si tu es le Christ, le Roi Messie - disent-ils -, sauve-toi toi-même et descends de la potence. Jésus, en revanche, révèle sa gloire en demeurant là, sur la Croix, comme Agneau immolé. D'une manière inattendue, l'autre larron se range de son côté et confesse implicitement la royauté du juste innocent et implore: "Souviens-toi de moi lorsque tu viendras avec ton royaume" (
Lc 23,42). Saint Cyrille d'Alexandrie commente: "Tu le vois crucifié et tu l'appelles roi. Tu crois que celui qui supporte les railleries et la souffrance parviendra à la gloire divine" (Commentaire de Luc, homélie 153). Selon l'évangéliste Jean, la gloire divine est déjà présente, bien que cachée et défigurée par la la croix. Mais dans le langage de Luc aussi le futur est anticipé dans le présent quand Jésus promet au bon larron: "Aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis" (Lc 23,43). Saint Ambroise observe: "Celui-là priait pour que le Seigneur se rappelât de lui, une fois entré dans son Royaume, mais le Seigneur lui répondit: en vérité, en vérité je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis. La vie consiste à demeurer avec le Christ, car là où est le Christ, là est le Royaume" (Démonstration de l'Evangile selon Luc 10,121). L'accusation: "Celui-là est le roi des Juifs", inscrite sur un écriteau cloué au-dessus de la tête de Jésus, devient ainsi la proclamation de la vérité. Saint Ambroise fait encore remarquer: "A juste titre l'inscription se trouve au-dessus de la croix, car bien que le Seigneur fût en croix, toutefois il resplendissait du haut de la croix avec une majesté royale" (ibid., 10, 113).

Dans les quatre Evangiles, la scène de la crucifixion constitue le moment de la vérité, lorsque le "voile du temple" se déchire et qu'apparaît le Saint des Saints. En Jésus crucifié advient la plus haute révélation possible de Dieu en ce monde, car Dieu est amour et la mort sur la croix de Jésus est le plus grand acte d'amour de toute l'histoire. Or, sur l'anneau cardinalice, que je remettrai d'ici peu aux nouveaux membres du sacré Collège, la crucifixion est précisément représentée. Ceci, chers Frères nouveaux Cardinaux, sera toujours pour vous une invitation à vous souvenir de quel Roi vous êtes les serviteurs, sur quel trône il a été élevé et de la façon dont il a été fidèle jusqu'à la fin pour vaincre le péché et la mort par la force de la miséricorde divine. Notre mère l'Eglise, épouse du Christ, vous donne ce signe en mémoire de son Epoux, qui l'a aimée et qui s'est livré lui-même pour elle (cf. Ep 5,25). Ainsi, en portant l'anneau cardinalice, vous êtes constamment invités à vous souvenir de donner votre vie pour l'Eglise.

Si nous tournons maintenant notre regard vers la scène de l'onction royale de David, présentée par la première lecture, nous sommes frappés par un aspect important de la royauté, à savoir sa dimension "corporative". Les anciens d'Israël vont à Hébron, scellent un pacte d'alliance avec David, en déclarant se considérer unis à lui et ne vouloir former qu'un avec lui. Si nous rapportons cette figure au Christ, il me semble que cette même profession d'alliance se prête très bien à être faite par vous précisément, chers Frères Cardinaux. Vous aussi, qui formez le "sénat" de l'Eglise, vous pouvez dire à Jésus: "Nous sommes de tes os et de ta chair" (2S 5,1). Nous T'appartenons et nous ne voulons former qu'un avec Toi. Tu es le berger du Peuple de Dieu, Tu es le chef de l'Eglise (cf. 2S 5,2). Au cours de cette célébration eucharistique solennelle, nous voulons renouveler notre pacte avec Toi, notre amitié, car ce n'est que dans cette relation intime et profonde avec Toi, Jésus notre Roi et Seigneur, que la dignité qui nous a été conférée et la responsabilité qu'elle comporte prennent leur sens et leur valeur.

Il nous reste maintenant à admirer la troisième partie du "triptyque" devant lequel nous place la Parole de Dieu: l'hymne christologique de la Lettre aux Colossiens. Avant tout, faisons nôtre le sentiment de joie et de gratitude d'où elle jaillit, pour le fait que le royaume du Christ, le "sort des saints dans la lumière", n'est pas quelque chose de simplement entrevu de loin, mais la réalité dont nous sommes appelés à faire partie, dans laquelle nous avons été "transférés" grâce à l'oeuvre rédemptrice du Fils de Dieu (cf. Col 1,12-14). Cette action de grâce ouvre l'esprit de saint Paul à la contemplation du Christ et de son mystère dans ses deux dimensions principales: la création de toutes les choses et leur réconciliation. Pour le premier aspect, la grandeur du Christ consiste dans le fait que "c'est en lui qu'ont été créées toutes choses... et pour lui.... et tout subsiste en lui" (Col 1,16). La seconde dimension est centrée sur le mystère pascal: par la mort du Fils sur la croix, Dieu s'est réconcilié toute créature, il a fait la paix entre le ciel et la terre; en le ressuscitant d'entre les morts, il en a fait la prémice de la nouvelle création, "plénitude" de toute réalité et "tête du corps" mystique qu'est l'Eglise (cf. Col 1,18-20). Nous sommes à nouveau devant la croix, événement central du mystère du Christ. Dans la vision paulinienne, la croix est encadrée à l'intérieur de l'ensemble de l'économie du salut, où la royauté de Jésus se déploie dans toute son ampleur cosmique.

Ce texte de l'Apôtre exprime une synthèse de vérité et de foi si puissante que nous ne pouvons pas ne pas être profondément admiratifs. L'Eglise est dépositaire du mystère du Christ: elle l'est en toute humilité et sans ombre d'orgueil ou d'arrogance, car il s'agit du don le plus élevé qu'elle a reçu sans aucun mérite et qu'elle est appelée à offrir gratuitement à l'humanité de chaque époque, comme horizon de sens et de salut. Ce n'est pas une philosophie, ce n'est pas une gnose, bien qu'elle comprenne aussi la sagesse et la connaissance. C'est le mystère du Christ; c'est le Christ lui-même, le Logos incarné, mort et ressuscité, constitué Roi de l'univers. Comment ne pas éprouver un élan d'enthousiasme rempli de gratitude pour avoir été admis à contempler la splendeur de cette révélation? Comment ne pas ressentir en même temps la joie et la responsabilité de servir ce Roi, de témoigner de sa grandeur par la vie et par la parole? Tel est, de façon particulière, notre devoir, vénérés Frères Cardinaux: annoncer au monde la vérité du Christ, espérance pour chaque homme et pour la famille humaine tout entière. Dans le sillage du Concile oecuménique Vatican II, mes vénérés prédécesseurs, les Serviteurs de Dieu Paul VI, Jean-Paul I et Jean-Paul II, ont été d'authentiques hérauts de la royauté du Christ dans le monde contemporain. C'est pour moi un motif de consolation de toujours pouvoir compter sur vous, aussi bien collégialement qu'individuellement, pour mener à bien moi aussi cette tâche fondamentale du ministère pétrinien.

En conclusion, étroitement lié à cette mission, se trouve un aspect que je voudrais aborder et confier à votre prière: la paix entre tous les disciples du Christ, comme signe de la paix que Jésus est venu instaurer dans le monde. Nous avons écouté dans l'hymne christologique la grande nouvelle: il a plu à Dieu de "réconcilier" l'univers par la croix du Christ (cf. Col 1,20)! Eh bien, l'Eglise est cette portion d'humanité où se manifeste déjà la royauté du Christ, dont la paix est la manifestation privilégiée. C'est la Jérusalem nouvelle, encore imparfaite car pèlerine dans l'histoire, mais en mesure d'anticiper, en quelque sorte, la Jérusalem céleste. Ici, nous pouvons enfin nous référer au texte du Psaume responsorial, le Psaume Ps 121: il fait partie de ce qu'on appelle les "chants des ascensions" et c'est l'hymne de joie des pèlerins qui, montant vers la cité sainte et qui arrivés à ses portes, lui adressent le salut de paix: shalom! Selon une étymologie populaire, Jérusalem était interprétée comme la "cité de la paix", cette paix que le Messie, fils de David, aurait instauré dans la plénitude des temps. En Jérusalem, nous reconnaissons la figure de l'Eglise, sacrement du Christ et de son Royaume.

Chers Frères Cardinaux, ce Psaume exprime bien le chant d'amour ardent pour l'Eglise que vous portez assurément dans votre coeur. Vous avez consacré votre vie au service de l'Eglise et vous êtes désormais appelés à assumer en elle une tâche d'une plus haute responsabilité. Les paroles du Psaume trouvent en vous une pleine adhésion: "Appelez la paix sur Jérusalem" (Ps 121,6). Que la prière pour la paix et l'unité constitue votre première et principale mission, afin que l'Eglise soit "ferme et compacte" (Ps 121,3), signe et instrument d'unité pour tout le genre humain (cf. Lumen gentium LG 1). Je place, plus encore, nous plaçons tous ensemble votre mission sous la protection vigilante de la Mère de l'Eglise, la Très Sainte Vierge Marie. C'est à Elle, unie à son Fils sur le Calvaire et élevée comme Reine à sa droite dans la gloire, que nous confions les nouveaux Cardinaux, le Collège cardinalice et la communauté catholique tout entière qui s'efforce de semer dans les sillons de l'histoire le Royaume du Christ, Seigneur de la vie et Prince de la paix.



PREMIÈRES VÊPRES DE L'AVENT - Samedi 1er décembre 2007

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Basilique Saint-Pierre


Chers frères et soeurs!


L'Avent est, par excellence, le temps de l'espérance. Chaque année, cette attitude fondamentale de l'esprit se réveille dans le coeur des chrétiens qui, alors qu'ils se préparent à célébrer la grande fête de la naissance du Christ Sauveur, ravivent l'attente de son retour glorieux, à la fin des temps. La première partie de l'Avent insiste précisément sur la parousie, sur la dernière venue du Seigneur. Les antiennes de ces Premières Vêpres sont entièrement orientées, avec différentes nuances, dans cette perspective. La brève lecture, tirée de la Première Lettre aux Thessaloniciens (
1Th 5,23-24), fait une référence explicite à la venue finale du Christ, en utilisant précisément le terme grec de parousie (1Th 5,23). L'Apôtre exhorte les chrétiens à être irrépréhensibles, mais il les encourage surtout à avoir confiance en Dieu, qui "est fidèle" (1Th 5,24) et qui ne manquera pas d'opérer la sanctification chez ceux qui répondront à sa grâce.

Toute cette liturgie des vêpres invite à l'espérance en indiquant, à l'horizon de l'histoire, la lumière du Sauveur qui vient: "Ce jour, une grande lumière brillera" (2 antienne); "le Seigneur viendra dans toute sa gloire" (3 antienne); "sa splendeur remplit l'univers" (Antienne au Magnificat). Cette lumière, qui émane de l'avenir de Dieu, s'est déjà manifestée dans la plénitude des temps; c'est pourquoi notre espérance n'est pas privée de fondement, mais repose sur un événement qui s'inscrit dans l'histoire et qui, dans le même temps, dépasse l'histoire: c'est l'événement constitué par Jésus de Nazareth. L'évangéliste Jean applique à Jésus le titre de "lumière": c'est un titre qui appartient à Dieu. En effet, dans le Credo nous professons que Jésus Christ est "Dieu, né de Dieu, Lumière, née de la Lumière".

J'ai voulu consacrer au thème de l'espérance ma deuxième Encyclique, qui a été publiée hier. Je suis heureux de l'offrir en esprit à toute l'Eglise en ce premier Dimanche d'Avent, afin que, durant la préparation à Noël, les communautés et chaque fidèle puissent la lire et la méditer, pour redécouvrir la beauté et la profondeur de l'espérance chrétienne. En effet, celle-ci est inséparablement liée à la connaissance de la face de Dieu, cette face que Jésus, le Fils unique, nous a révélée à travers son incarnation, sa vie terrestre et sa prédication, et surtout à travers sa sa mort et sa résurrection. L'espérance véritable et sûre est fondée sur la foi en Dieu Amour, Père miséricordieux qui "a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique" (Jn 3,16), afin que les hommes, et avec eux toutes les créatures, puissent avoir la vie en abondance (cf. Jn 10,10). L'Avent est donc un temps favorable à la redécouverte d'une espérance qui n'est ni vague ni illusoire, mais certaine et fiable, car elle est "ancrée" dans le Christ, Dieu fait homme, roc de notre salut.

Dès le début, comme il ressort du Nouveau Testament et en particulier des Lettres aux Apôtres, une nouvelle espérance distingua les chrétiens de ceux qui vivaient la religiosité païenne. En écrivant aux Ephésiens, saint Paul leur rappelle qu'avant d'embrasser la foi dans le Christ, ils étaient "sans espérance, et, dans le monde, étaient sans Dieu" (cf. Ep 2,12). Cette expression apparaît plus que jamais actuelle pour le paganisme de nos jours: on peut en particulier l'appliquer au nihilisme contemporain, qui ronge l'espérance dans le coeur de l'homme, le poussant à penser qu'en lui et autour de lui ne règne que le néant: le néant avant la naissance, le néant après la mort. En réalité, sans Dieu, il n'y a pas d'espérance. Toute chose perd son "épaisseur". C'est comme si venait à manquer la dimension de la profondeur et que chaque chose s'aplatissait, privée de son relief symbolique, de son "ressaut" par rapport au pur matérialisme. Le rapport entre l'existence, ici et maintenant, et ce que nous appelons "l'au-delà" est en jeu: il ne s'agit plus d'un lieu où nous finirons après la mort, mais c'est en revanche la réalité de Dieu, la plénitude de la vie vers laquelle, pour ainsi dire, tend chaque être humain. A cette attente de l'homme, Dieu a répondu dans le Christ avec le don de l'espérance.

L'homme est l'unique créature libre de dire oui ou non à l'éternité, c'est-à-dire à Dieu. L'être humain peut éteindre en lui-même l'espérance en éliminant Dieu de sa propre vie. Comment cela peut-il se produire? Comment peut-il arriver que la créature "faite pour Dieu", intérieurement orientée vers Lui, la plus proche de l'Eternel, puisse se priver de cette richesse? Dieu connaît le coeur de l'homme. Il sait que celui qui le refuse n'a pas connu son véritable visage, et c'est pourquoi il ne cesse de frapper à notre porte, comme un humble pèlerin qui cherche à être accueilli. Voilà pourquoi le Seigneur accorde encore du temps à l'humanité: afin que tous puissent arriver à le connaître! Tel est également le sens d'une nouvelle année liturgique qui commence: c'est un don de Dieu, qui veut à nouveau se révéler dans le mystère du Christ, à travers la Parole et les Sacrements. A travers l'Eglise il veut parler à l'humanité et sauver les hommes d'aujourd'hui. Et il le fait en allant à leur rencontre, pour "chercher et sauver ce qui était perdu" (Lc 19,10). Dans cette perspective, la célébration de l'Avent est la réponse de l'Eglise Epouse à l'initiative toujours nouvelle de Dieu Epoux, "qui était et qui vient" (Ap 1,8). A l'humanité qui n'a plus de temps pour Lui, Dieu offre à nouveau du temps, un nouvel espace pour revenir sur elle-même, pour se remettre en marche, pour retrouver le sens de l'espérance.

Voilà alors la découverte surprenante: mon espérance, notre espérance est précédée par l'attente que Dieu cultive à notre égard! Oui, Dieu nous aime et c'est précisément pour cela qu'il attend que nous revenions à Lui, que nous ouvrions notre coeur à son amour, que nous mettions notre main dans la sienne et que nous nous rappelions que nous sommes ses enfants. Cette attente de Dieu précède toujours notre espérance, exactement comme son amour nous rejoint toujours en premier (cf. 1Jn 4,10). C'est dans ce sens que l'espérance chrétienne est dite "théologale": Dieu en est la source, le soutien et le terme. Quel grand réconfort dans ce mystère! Mon Créateur a placé dans mon esprit un reflet de son désir de vie pour tous. Chaque homme est appelé à espérer en répondant à l'attente que Dieu a pour lui. Du reste, l'expérience nous démontre qu'il en est précisément ainsi. Qu'est-ce qui fait avancer le monde, sinon la confiance que Dieu a en l'homme? C'est une confiance qui a son reflet dans le coeur des petits, des humbles, lorsque malgré les difficultés et les efforts ils s'engagent chaque jour à faire de leur mieux, à accomplir ce peu de bien qui est cependant beaucoup aux yeux de Dieu: en famille, sur leur lieu de travail, à l'école, dans les divers milieux de la société. Dans le coeur de l'homme l'espérance est inscrite de manière indélébile, car Dieu notre Père est vie, et nous sommes faits pour la vie éternelle et bienheureuse.

Chaque enfant qui naît est le signe de la confiance de Dieu en l'homme et la confirmation, tout au moins implicite, de l'espérance que l'homme nourrit dans un avenir ouvert sur l'éternité de Dieu. Dieu a répondu à cette espérance de l'homme en naissant dans le temps comme un petit être humain. Saint Augustin a écrit: "En croyant que ton Verbe était beaucoup trop loin de s'unir à l'homme, nous aurions bien pu désespérer de nous, s'il ne s'était fait chair, habitant parmi nous" (Conf. X, 43, 69, op. cit. in Spe Salvi, ). Laissons-nous alors guider par Celle qui a porté dans son coeur et dans son sein le Verbe incarné. O Marie, Vierge de l'attente et Mère de l'espérance, ravive dans toute l'Eglise l'esprit de l'Avent, pour que l'humanité tout entière se remette en marche vers Bethléem, où est venu, et où viendra à nouveau nous rendre visite le Soleil qui naît d'en-haut (cf. Lc 1,78), le Christ notre Dieu. Amen.



MESSE DE MINUIT 2007

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SOLENNITÉ DE LA NATIVITÉ DU SEIGNEUR

Basilique Vaticane

25 décembre 2007

Chers Frères et Soeurs,


« Pour Marie, arrivèrent les jours où elle devait enfanter. Et elle mit au monde son fils premier-né; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune » (cf.
Lc 2,6ss). De manière toujours nouvelle, ces mots nous touchent le coeur. Il est arrivé le moment annoncé par l’Ange à Nazareth : « Tu vas enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut » (cf. Lc 1,31). Il est arrivé le moment attendu par Israël depuis tant de siècles, durant tant d’heures sombres – le moment attendu en quelque sorte par toute l’humanité à travers des figures encore confuses : le moment où Dieu prendrait soin de nous, où il ne serait plus caché, où le monde deviendrait sain et où il renouvellerait tout. Nous pouvons imaginer par quelle préparation intérieure, avec quel amour Marie est allée au devant de cette heure. La courte notation « elle l’emmaillota » nous laisse entrevoir une part de la joie sainte et de l’empressement silencieux de cette préparation. Les langes étaient prêts pour que l’enfant puisse être bien accueilli. Mais dans la salle commune, il n’y avait pas de place. D’une certaine façon, l’humanité attend Dieu, elle attend qu’il se fasse proche. Mais quand arrive le moment, il n’y a pas de place pour lui. Elle est si occupée d’elle-même, elle a besoin de tout l’espace et de tout le temps de manière si exigeante pour ses propres affaires qu’il ne reste rien pour l’autre – pour le prochain, pour le pauvre, pour Dieu. Et plus les hommes deviennent riches, plus ils remplissent tout d’eux-mêmes. Et moins l’autre peut y entrer.

Dans son Évangile, saint Jean, allant à l’essentiel, a approfondi la brève allusion de saint Luc sur la situation à Bethléem : « Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçu » (Jn 1,11). Cela concerne d’abord Bethléem : le Fils de David vient dans sa ville, mais il doit naître dans une étable, parce que, dans la salle commune, il n’y a pas de place pour Lui. Cela concerne ensuite Israël : l’envoyé vient chez les siens, mais on ne le veut pas. Cela concerne en réalité l’humanité tout entière : Celui par lequel le monde a été fait, le Verbe créateur, entre dans le monde, mais il n’est pas écouté, il n’est pas accueilli.

Ces paroles, en définitive, nous concernent nous, chacun en particulier et la société dans son ensemble. Avons-nous du temps pour le prochain qui a besoin de notre parole, de ma parole, de mon affection ? Pour la personne souffrante qui a besoin d’aide ? Pour le déplacé ou le réfugié qui cherche asile ? Avons-nous du temps et de l’espace pour Dieu ? Peut-il entrer dans notre vie ? Trouve-t-il un espace en nous, ou avons-nous occupé pour nous-mêmes tous l’espace de notre réflexion, de notre agir, de notre vie ?

Grâce à Dieu, l’élément négatif n’est pas l’unique ni l’ultime que nous trouvons dans l’Évangile. De même qu’en Luc nous rencontrons l’amour de la Vierge Mère Marie et la fidélité de saint Joseph, la vigilance des bergers ainsi que leur grande joie, de même qu’en Matthieu nous assistons à la visite des Mages, pleins de sagesse, venus de loin, de même aussi Jean nous dit : « Mais à tous ceux qui l’ont reçu, … il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu » (Jn 1,12). On trouve des personnes qui l’accueillent et ainsi, à partir de l’étable, de l’extérieur, grandit silencieusement la maison nouvelle, la cité nouvelle, le monde nouveau. Le message de Noël nous fait reconnaître l’obscurité d’un monde clos, et il illustre ainsi, sans aucun doute, une réalité que nous rencontrons quotidiennement. Mais il nous dit aussi que Dieu ne se laisse pas mettre dehors. Il trouve un espace, même s’il faut entrer par une étable; on trouve des personnes qui voient sa lumière et qui la transmettent. A travers la parole de l’Évangile, l’Ange nous parle à nous aussi et, dans la sainte liturgie, la lumière du Rédempteur entre dans notre vie. Que nous soyons bergers ou sages – sa lumière et son message nous appellent à nous mettre en chemin, à sortir de notre enfermement dans nos désirs et dans nos intérêts, pour aller à la rencontre du Seigneur et pour l’adorer. Nous l’adorons en ouvrant le monde à la vérité, au bien, au Christ, au service des personnes marginalisées, dans lesquelles Lui nous attend.

Dans certaines représentations de la Nativité à la fin du Moyen-Âge et au début de l’époque moderne, l’étable apparaît comme un palais un peu délabré. Si l’on peut encore en reconnaître la grandeur d’autrefois, il est maintenant en ruines, les murs sont effondrés – il est précisément devenu une étable. Bien que n’ayant aucun fondement historique, cette interprétation exprime cependant sur un mode métaphorique quelque chose de la vérité qui se cache dans le mystère de Noël. Le trône de David, auquel était promis une durée éternelle, est vide. D’autres exercent leur domination sur la Terre Sainte. Joseph, le descendant de David, est un simple artisan; le palais est, de fait, devenu une cabane. David lui-même était à l’origine un pasteur. Quand Samuel le chercha en vue de l’onction, il semblait impossible et contradictoire qu’un jeune berger comme lui puisse devenir celui qui porterait la promesse d’Israël. Dans l’étable de Bethléem, de là où précisément tout est parti, la royauté davidique renaît de façon nouvelle – dans cet enfant emmailloté et couché dans une mangeoire. Le nouveau trône d’où ce David attirera le monde à lui est la Croix. Le nouveau trône – la Croix – correspond au nouveau commencement dans l’étable. Mais c’est précisément ainsi qu’est construit le vrai palais de David, la véritable royauté. Ce nouveau palais est tellement différent de la façon dont les hommes imaginent un palais et le pouvoir royal. Il est constitué par la communauté de ceux qui se laissent attirer par l’amour du Christ et, avec Lui, deviennent un seul corps, une humanité nouvelle. Le pouvoir qui vient de la Croix, le pouvoir de la bonté qui se donne – telle est la véritable royauté. L’étable devient palais – à partir de ce commencement, Jésus édifie la grande et nouvelle communauté dont les anges chantent le message central à l’heure de sa naissance : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes, qu’il aiment », aux hommes qui déposent leur volonté dans la sienne, devenant ainsi des hommes de Dieu, des hommes nouveaux, un monde nouveau.

Dans ses homélies de Noël, Grégoire de Nysse a développé la même perspective en partant du message de Noël dans l’Évangile de Jean : « Il a planté sa tente parmi nous » (Jn 1,14). Grégoire applique ce mot de tente à la tente de notre corps, devenu usé et faible, toujours exposé à la douleur et à la souffrance. Et il l’applique au cosmos tout entier, lacéré et défiguré par le péché. Qu’aurait-il dit s’il avait vu les conditions dans lesquelles se trouvent aujourd’hui la terre en raison de l’utilisation abusive des ressources et de leur exploitation égoïste et sans aucune précaution ? De manière quasi prophétique, Anselme de Canterbury a un jour décrit par avance ce que nous voyons aujourd’hui dans un monde pollué et menacé dans son avenir : « Tout ce qui avait été fait pour servir à ceux qui louent Dieu était comme mort, avait perdu sa dignité. Les éléments du monde étaient oppressés, avaient perdu leur splendeur à cause de l’excès de ceux qui les asservissaient à leurs idoles, pour lesquelles ils n’avaient pas été créés » (PL 158, 955 ss). Ainsi, selon la vision de Grégoire, dans le message de Noël, l’étable représente la terre maltraitée. Le Christ ne reconstruit pas un palais quelconque. Il est venu pour redonner à la création, au cosmos, sa beauté et sa dignité : c’est ce qui est engagé à Noël et qui fait jubiler les anges. La terre est restaurée précisément par le fait qu’elle est ouverte à Dieu, qu’elle retrouve sa vraie lumière; et, dans l’harmonie entre vouloir humain et vouloir divin, dans l’union entre le haut et le bas, elle retrouve sa beauté, sa dignité. Aussi, la fête de Noël est-elle une fête de la création restaurée. À partir de ce contexte, les Pères interprètent le chant des anges dans la Nuit très sainte : il est l’expression de la joie née du fait que le haut et le bas, le ciel et la terre se trouvent de nouveau unis ; que l’homme est de nouveau uni à Dieu. Selon les Pères, le chant que désormais les anges et les hommes peuvent chanter ensemble fait partie du chant de Noël des anges; c’est ainsi que la beauté du cosmos s’exprime par la beauté du chant de louange. Le chant liturgique – toujours selon les Pères – possède une dignité particulière parce qu’il unit le chant de la terre aux choeurs célestes. C’est la rencontre avec Jésus Christ qui nous rend capables d’entendre le chant des anges, créant ainsi la véritable musique qui disparaît quand nous perdons la possibilité de chanter ensemble et d’écouter ensemble.

Dans l’étable de Bethléem, le ciel et la terre se rejoignent. Le ciel est venu sur la terre. C’est pourquoi, de là émane une lumière pour tous les temps; c’est pourquoi, là s’allume la joie; c’est pourquoi, là naît le chant. Au terme de notre méditation de Noël, je voudrais citer une parole extraordinaire de saint Augustin. Interprétant l’invocation de la Prière du Seigneur : « Notre Père qui est aux cieux », il se demande : quel est ce ciel ? Où est-il ce ciel ? Et suit une réponse étonnante : « … qui est aux cieux – cela signifie : dans les saints et dans les justes. En effet, les cieux sont les corps les plus élevés de l’univers, mais, étant cependant des corps, qui ne peuvent exister sinon en un lieu. Si toutefois on croit que le lieu de Dieu est dans les cieux comme dans les parties les plus hautes du monde, alors les oiseaux seraient plus heureux que nous, parce qu’ils vivraient plus près de Dieu. Mais il n’est pas écrit : ‘Le Seigneur est proche de ceux qui habitent sur les hauteurs ou sur les montagnes, mais plutôt : ‘Le Seigneur est proche du coeur brisé’ (Ps 34,19 [33], 19), expression qui se réfère à l’humilité. Comme le pécheur est appelé ‘terre’, ainsi, à l’inverse, le juste peut être appelé ‘ciel’ » (Serm. in monte II 5, 17). Le ciel n’appartient pas à la géographie de l’espace, mais à la géographie du coeur. Et le coeur de Dieu, dans cette Nuit très sainte, s’est penché jusque dans l’étable : l’humilité de Dieu est le ciel. Et si nous entrons dans cette humilité, alors, nous toucherons le ciel. Alors, la terre deviendra aussi nouvelle. Avec l’humilité des bergers, mettons-nous en route, en cette Nuit très sainte, vers l’Enfant dans l’étable ! Touchons l’humilité de Dieu, le coeur de Dieu ! Alors, sa joie nous touchera et elle rendra le monde plus lumineux. Amen.



VÊPRES ET DU TE DEUM D'ACTION DE GRÂCE POUR LA FIN DE L’ANNÉE 2007

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Lundi 31 décembre 2007

Chers frères et soeurs!


Cette année encore, qui touche désormais à sa fin, nous sommes réunis dans la Basilique vaticane pour célébrer les Premières Vêpres de la solennité de la Très Sainte Mère de Dieu. La liturgie fait coïncider cette fête mariale significative avec la fin et le début de l'année solaire. A la contemplation du mystère de la divine maternité s'unit donc le cantique de notre gratitude pour l'année 2007 à son couchant et pour l'année 2008, que nous entrevoyons déjà. Le temps passe et son cours inexorable nous pousse à tourner notre regard avec une profonde reconnaissance vers Celui qui est éternel, le Seigneur du temps. Nous lui rendons grâce tous ensemble, chers frères et soeurs, au nom de toute la Communauté diocésaine de Rome. A chacun de vous j'adresse mon salut. Je salue en premier lieu le Cardinal-Vicaire, les Evêques auxiliaires, les prêtres, les personnes consacrées, ainsi que tous les fidèles laïcs ici réunis. Je salue Monsieur le Maire et les Autorités présentes, et j'étends ma pensée à toute la population de Rome et, de manière particulière, à tous ceux qui traversent des situations de difficultés et de malaise. J'assure chacun de ma proximité cordiale, accompagnée d'un souvenir constant dans la prière.

Dans la brève lecture que nous avons écoutée, tirée de la Lettre aux Galates, saint Paul, en parlant de la libération de l'homme accomplie par Dieu à travers le mystère de l'Incarnation, évoque de manière très discrète Celle par l'intermédiaire de laquelle le Fils de Dieu est entré dans le monde: "Quand vint la plénitude du temps - écrit-il - Dieu envoya son Fils, né d'une femme" (
Ga 4,4). Dans la "femme", l'Eglise contemple les traits de Marie de Nazareth, femme singulière parce qu'appelée à réaliser une mission qui la place en relation très étroite avec le Christ: c'est même une relation absolument unique, puisque Marie est la Mère du Sauveur. Avec tout autant d'évidence, toutefois, nous pouvons et nous devons affirmer qu'elle est notre mère car, vivant dans une relation maternelle tout à fait singulière avec son Fils, elle a partagé sa mission pour nous et pour le salut de tous les hommes. En la contemplant, l'Eglise découvre en Elle les traits de sa propre physionomie: Marie vit la foi et la charité; Marie est une créature sauvée elle aussi par l'unique Sauveur; Marie collabore à l'initiative de salut de toute l'humanité. Ainsi Marie constitue pour l'Eglise son image la plus vraie: celle dans laquelle la Communauté ecclésiale doit continuellement découvrir le sens authentique de sa vocation et de son mystère.

Ce bref mais intense passage paulinien continue ensuite en montrant que le fait que le Fils ait assumé la nature humaine ouvre la perspective d'une mutation radicale de la condition même de l'homme. Il est dit que "Dieu envoya son fils... afin de racheter les sujets de la Loi, afin de nous conférer l'adoption filiale" (Ga 4,5). Le Verbe incarné transforme de l'intérieur l'existence humaine, en partageant avec nous son essence de Fils du Père. Il s'est fait comme nous, pour nous faire comme Lui: fils dans le Fils, c'est-à-dire hommes libérés de la loi du péché. N'est-ce pas là la raison fondamentale pour élever à Dieu notre action de grâce? Une action de grâce qui ne peut manquer d'être encore plus justifiée à la fin de l'année, en considérant les nombreux biens et sa constante assistance, dont nous avons fait l'expérience au cours des douze mois passés. Voilà pourquoi chaque communauté chrétienne, ce soir, se réunit et chante le Te Deum, hymne de louange et d'action de grâce traditionnel à la Très Sainte Trinité. Ainsi ferons-nous nous aussi, au terme de notre rencontre liturgique, devant le Très Saint Sacrement.

En chantant, nous prierons: "Te ergo, quaesumus, tuis famulis subveni, quos pretioso sanguine redemisti - Daigne alors secourir tes serviteurs que tu as rachetés par ton précieux sang". Telle est notre prière, ce soir: daigne secourir, Seigneur, à travers ta miséricorde, les habitants de notre Ville, dans laquelle, comme ailleurs, de graves difficultés et la pauvreté pèsent sur la vie des personnes et des familles, empêchant d'envisager l'avenir avec confiance; beaucoup de personnes, en particulier les jeunes, sont attirées par une fausse exaltation ou, plutôt, par la profanation du corps et par la banalisation de la sexualité; comment énumérer ensuite les multiples défis qui, liées au consumisme et au sécularisme, interpellent les croyants et les hommes de bonne volonté? Pour le dire en un mot, à Rome aussi l'on ressent ce manque d'espérance et de confiance dans la vie qui constitue le mal obscur de la société occidentale moderne.

Mais si les faiblesses sont évidentes, les lumières et les raisons d'espérer sur lesquelles implorer une bénédiction divine particulière ne manquent pas. C'est précisément dans cette perspective, qu'en chantant le Te Deum nous prierons: "Salvum fac populum tuum, Domine, et benedic hereditati tuae - Sauve ton peuple, Seigneur, et bénis ton héritage". O Seigneur, bénis en particulier la communauté diocésaine engagée avec une vigueur croissante sur la frontière de l'éducation, pour répondre à cette grande "urgence éducative" que j'ai évoquée le 11 juin dernier, en rencontrant les participants au Congrès diocésain, à savoir la difficulté que l'on perçoit dans la transmission aux nouvelles générations des valeurs de base de l'existence et d'un juste comportement. Sans éclat, avec une confiance patiente, nous tentons de faire front à cette urgence, notamment dans le cadre de la famille, et il est sans aucun doute réconfortant de constater que le travail entrepris ces dernières années par les paroisses, par les mouvements et par les associations pour la pastorale familiale continue à se développer et à porter ses fruits.

Bénis en outre, Seigneur, les initiatives missionnaires qui interpellent le monde des jeunes: elles grandissent constamment et voient un nombre désormais important de jeunes assumer personnellement la responsabilité et la joie de l'annonce et du témoignage de l'Evangile. Dans ce contexte, comment ne pas rendre grâce à Dieu pour le précieux service pastoral offert au monde par les Universités romaines? Il convient de mettre en route quelque chose d'analogue, malgré les nombreuses difficultés, également dans les écoles.

Bénis Seigneur, les nombreux jeunes et adultes qui, ces dernières décennies, se sont consacrés au sacerdoce pour le diocèse de Rome: actuellement 28 diacres attendent l'ordination sacerdotale, prévue pour le mois d'avril prochain. Ainsi l'âge moyen du clergé rajeunit et il est possible de faire front à l'élargissement des besoins pastoraux, tout comme de venir en aide aux autres diocèses. Dans les banlieues en particulier augmente la nécessité de nouveaux centres paroissiaux et huit sont déjà en construction, après que j'ai personnellement eu le plaisir récemment de consacrer le dernier de ceux qui sont déjà terminés: la paroisse "Santa Maria del Rosario ai Martiri Portuensi". Il est beau de toucher du doigt la joie et la gratitude des habitants d'un quartier, qui entrent pour la première fois dans leur nouvelle église.

"In te, Domine, speravi: non confundat in aeternum - Tu es, Seigneur, mon espérance, jamais je ne serai déçu". L'hymne majestueux du Te Deum s'achève sur cette exclamation de foi, de totale confiance en Dieu, avec cette proclamation solennelle de notre espérance. Le Christ est notre espérance "fiable", et c'est à ce thème que j'ai consacré la récente Encyclique intitulée Spe salvi. Mais notre espérance est toujours essentiellement aussi une espérance pour les autres, et c'est uniquement ainsi qu'elle est vraiment espérance aussi pour chacun de nous (cf. ). Chers frères et soeurs de l'Eglise de Rome, demandons au Seigneur qu'il fasse de chacun de nous un authentique ferment d'espérance dans les divers milieux, afin de pouvoir construire pour toute la ville un avenir meilleur. Tel est mon voeu pour tous à la veille d'une nouvelle année, un voeu que je confie à l'intercession maternelle de Marie, Mère de Dieu et Etoile de l'espérance, Amen!




Benoît XVI Homélies 25117