Benoît XVI Homélies 31111

CHAPELLE PAPALE EN SUFFRAGE DES CARDINAUX ET ÉVÊQUES DÉFUNTS AU COURS DE L'ANNÉE, 3 novembre 2011

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Basilique Vaticane, Autel de la Chaire

Jeudi 3 novembre 2011



Vénérés frères, chers frères et soeurs !

Au lendemain de la commémoration liturgique de tous les fidèles défunts, nous sommes réunis autour de l’autel du Seigneur pour offrir son Sacrifice à l’intention des cardinaux et des évêques qui, au cours de l’année écoulée, ont conclu leur pèlerinage terrestre. Avec une grande affection, nous rappelons les vénérés membres du Collège cardinalice qui nous ont quittés : Urbano Navarrete, s.j., Michele Giordano, Varkey Vithayathil, c.ss.r., Giovanni Saldarini, Agustín García-Gasco Vicente, Georg Maximilian Sterzinsky, Kazimierz Swiatek, Virgilio Noè, Aloysius Matthew Ambrozic, Andrzej Maria Deskur. Avec eux, nous présentons au trône du Très-Haut les âmes de nos regrettés frères dans l’épiscopat. Pour tous et chacun, nous élevons notre prière, animés par la foi dans la vie éternelle et dans le mystère de la communion des saints. Une foi pleine d’espérance, illuminée également par la parole de Dieu que nous avons écoutée.

Le passage tiré du Livre du prophète Osée nous fait immédiatement penser à la résurrection de Jésus, au mystère de sa mort et de son réveil à la vie immortelle. Ce passage d’Osée — la première moitié du chapitre vi — était profondément imprimé dans le coeur et l’esprit de Jésus. En effet, dans les Evangiles, il reprend plus d’une fois le verset 6 : « Car c'est l'amour qui me plaît et non les sacrifices,/la connaissance de Dieu plutôt que les holocaustes ». En revanche, Jésus ne cite pas le verset 2, mais le fait sien, et le réalise dans le mystère pascal : « Après deux jours il nous fera revivre, le troisième jour il nous relèvera et nous vivrons en sa présence ». A la lumière de cette parole, le Seigneur Jésus est allé à la rencontre de la passion, a emprunté avec résolution le chemin de la croix ; Il parlait ouvertement à ses disciples de ce qui devait lui arriver à Jérusalem, et l’oracle du prophète Osée retentissait dans ses propres paroles : « Le Fils de l'homme est livré aux mains des hommes et ils le tueront, et quand il aura été tué, après trois jours il ressuscitera » (
Mc 9,31).

L’évangéliste souligne que les disciples « ne comprenaient pas cette parole et ils craignaient de l'interroger » (v. 32). Nous aussi, face à la mort, ne pouvons manquer d’éprouver les sentiments et les pensées dictées par notre condition humaine. Et nous sommes toujours surpris et dépassés par un Dieu qui se fait proche de nous au point de ne pas s’arrêter devant l’abîme de la mort, qu’il traverse même, restant deux jours au sépulcre. Mais c’est précisément ici que se réalise le mystère du « troisième jour ». Le Christ assume jusqu’au bout notre chair mortelle afin qu’elle soit investie de la puissance glorieuse de Dieu, du vent de l’Esprit vivifiant, qui la transforme et la régénère. C’est le baptême de la passion (cf. Lc Lc 12,50), que Jésus a reçu pour nous et dont saint Paul parle dans la Lettre aux Romains. L’expression que l’apôtre utilise — « c'est dans sa mort que tous nous avons été baptisés » (Rm 6,3) — ne cesse de nous étonner, tant elle résume avec concision le mystère vertigineux. La mort du Christ est source de vie, car en elle, Dieu a déversé tout son amour, comme dans une immense cascade, qui fait penser à l’image contenue dans le Psaume 41 : « L'abîme appelant l'abîme/au bruit de tes écluses, la masse de tes flots et de tes vagues/a passé sur moi » (v. 8). L’abîme de la mort est rempli par un autre abîme, encore plus grand, qui est celui de l’amour de Dieu, de sorte que la mort n’a plus aucun pouvoir sur Jésus Christ (cf. Rm Rm 8,9), ni sur ceux qui, grâce à la foi et au Baptême, sont associés à Lui: «Mais si nous sommes morts avec le Christ — dit saint Paul —, nous croyons que nous vivons aussi avec lui» (Rm 6,8). Ce « vivre avec Jésus » est l’accomplissement de l’espérance prophétisée par Osée : « ... et nous vivrons en sa présence » (6, 2).

En réalité, ce n’est que dans le Christ que cette espérance trouve son fondement réel. Auparavant, elle risquait de se réduire à une illusion, à un symbole tiré du rythme des saisons : « comme l'ondée, comme la pluie de printemps » (Os 6,3). A l’époque du prophète Osée, la foi des Israélites menaçait d’être contaminée par les religions naturalistes de la terre de Canaan, mais cette foi n’est en mesure de sauver personne de la mort. En revanche, l’intervention de Dieu dans le drame de l’histoire humaine n’obéit à aucun cycle de la nature, mais uniquement à sa grâce et à sa fidélité. La vie nouvelle et éternelle est le fruit de l’arbre de la Croix, un arbre qui fleurit et produit des fruits en vertu de la lumière et de la force qui proviennent du soleil de Dieu. Sans la Croix du Christ, toute l’énergie de la nature demeure impuissante face à la force négative du péché. Une force bénéfique plus grande que celle qui fait se dérouler les cycles de la nature était nécessaire, un Bien plus grand que celui de la création elle-même: un Amour qui procède du «coeur» même de Dieu et qui, tandis qu’il révèle le sens ultime du créé, le renouvelle et l’oriente vers son but originel et ultime.

Tout cela a lieu au cours de ces « trois jours » lorsque le « grain de blé » tomba en terre, y demeura le temps nécessaire pour combler la mesure de la justice et de la miséricorde de Dieu et finalement produisit « beaucoup de fruit » ne restant pas seul, mais il fut la prémice d’une multitude de frères (cf. Jn 12,24 Rm 8,29). A présent oui, grâce à l’oeuvre accomplie en Lui par la Très Sainte Trinité, les images tirées de la nature ne sont plus simplement des symboles, des mythes illusoires, mais elles nous parlent d’une réalité. Au fondement de cette espérance, il y a la volonté du Père et du Fils, que nous avons écoutée dans l’Evangile de cette Liturgie : « Père, ceux que tu m'as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi » (Jn 17,24). Et parmi ceux que le Père a donnés à Jésus figurent également les vénérés frères pour lesquels nous offrons cette Eucharistie; ils «ont connu» Dieu à travers Jésus, ils ont connu son nom et l’amour du Père et du Fils, l’Esprit Saint, est demeuré en eux (cf. Jn 12,25-26), ouvrant leur vie au Ciel, à l’éternité. Nous rendons grâce à Dieu pour ce don inestimable. Et, par l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, prions afin que ce mystère de communion, qui a empli toute leur existence, s’accomplisse pleinement en chacun d’eux.


VÊPRES POUR LE DÉBUT DE L'ANNÉE ACADÉMIQUE DES UNIVERSITÉS PONTIFICALES, 4 novembre 2011

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Basilique Vaticane, Autel de la Chaire

Vendredi 4 novembre 2011



Vénérés frères, chers frères et soeurs !

C’est pour moi une joie de célébrer ces Vêpres avec vous, qui formez la grande communauté des Universités pontificales romaines. Je salue le cardinal Zenon Grocholewski, en le remerciant pour les paroles courtoises qu’il m’a adressées et surtout pour le service qu’il accomplit comme préfet de la Congrégation pour l’éducation catholique, assisté par le secrétaire et par les autres collaborateurs. A eux et à tous les recteurs, les professeurs et les étudiants, j’adresse mon salut le plus cordial.

Il y a soixante-dix ans, le vénérable Pie XII, par le Motu proprio «Cum Nobis» (cf. AAS 33, [1941], 479-481) instituait l’OEuvre pontificale pour les vocations sacerdotales, ayant pour objectifs de promouvoir les vocations sacerdotales, de diffuser la connaissance de la dignité et de la nécessité du ministère ordonné et d’encourager la prière des fidèles pour obtenir du Seigneur de nombreux et dignes prêtres. A l’occasion de cet anniversaire, je voudrais vous proposer ce soir certaines réflexions précisément sur le ministère sacerdotal. Le Motu Proprio «Cum Nobis» rereprésenta le début d’un vaste mouvement d’initiatives de prière et d’activités pastorales. Ce fut une réponse claire et généreuse à l’appel du Seigneur: «La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux; priez donc le Maître de la moisson d'envoyer des ouvriers à sa moisson» (
Mt 9,37). Après la naissance de l’OEuvre pontificale, d’autres se développèrent partout. Parmi celles-ci, je voudrais rappeler le «Serra International», fondé par des entrepreneurs des Etats-Unis et qui prit le nom du père Junípero Serra, frère franciscain espagnol, dans le but d’encourager et de soutenir les vocations au sacerdoce et d’apporter une aide économique aux séminaristes. J’adresse une pensée cordiale aux membres du Serra, qui commémorent le 60ème anniversaire de la reconnaissance du Saint-Siège. L’OEuvre pontificale pour les vocations sacerdotales fut instituée lors de la fête liturgique de saint Charles Borromée, vénéré protecteur des séminaires. Nous lui demandons également, en cette célébration, d’intercéder pour le réveil, la bonne formation et la croissance des vocations au sacerdoce.

La Parole de Dieu, que nous avons écoutée dans le passage de la Première Lettre de Pierre, invite elle aussi à méditer sur la mission des pasteurs dans la communauté chrétienne. Depuis les origines de l’Eglise, est apparue de façon évidente l’importance conférée aux guides des premières communautés, établies par les apôtres pour l’annonce de la Parole de Dieu à travers la prédication et pour célébrer le sacrifice du Christ, l’Eucharistie. Pierre adresse un encouragement passionné: « Les anciens qui sont parmi nous, je les exhorte, moi, ancien comme eux, témoin des souffrances du Christ, et qui dois participer à la gloire qui va être révélée » (1P 5,1). Saint Pierre adresse cet appel en vertu de sa relation personnelle avec le Christ, qui culmina dans les épisodes dramatiques de la passion et dans l’expérience de la rencontre avec Lui, ressuscité d’entre les morts. En outre, Pierre s’appuie sur la solidarité réciproque des pasteurs dans le ministère, en soulignant son appartenance, ainsi que la leur, à l’unique ordre apostolique: il dit en effet être « ancien comme eux », le terme grec étant sumpresbyteros. Paître le troupeau du Christ est une vocation et un devoir qui leur est commun et qui les rend particulièrement liés entre eux, car ils sont unis au Christ par un lien spécial. En effet, le Seigneur Jésus s’est comparé plusieurs fois à un pasteur attentionné, attentif à chacune de ses brebis. Il a dit de lui : « Je suis le Bon Pasteur » (Jn 10,11). Et saint Thomas d’Aquin commente : « Bien que les chefs de l’Eglise soient tous pasteurs, toutefois, il dit l’être de façon particulière : “Je suis le bon pasteur”, dans le but d’introduire avec douceur la vertu de la charité. En effet, on ne peut être un bon pasteur si l’on ne devient pas une seule chose avec le Christ et ses membres à travers la charité. La charité est le premier devoir du bon pasteur » — c’est ce que dit saint Thomas d’Aquin dans son commentaire sur l’Evangile de saint Jean (Commentaire sur saint Jean, chap. 10, lect. 3).

Telle est la grande vision qu’a l’apôtre Pierre de l’appel au ministère de guide de la communauté, conçu dans la continuité avec l’élection particulière reçue des Douze. La vocation apostolique vit grâce au rapport personnel avec le Christ, alimenté par la prière assidue et animé par la passion de communiquer le message reçu et la même expérience de foi que les Apôtres. Jésus appela les Douze pour être auprès de Lui et pour les envoyer prêcher son message (cf. Mc Mc 3,14). Il existe certaines conditions afin qu’il y ait une harmonie croissante avec le Christ dans la vie du prêtre. Je voudrais en souligner trois, qui ressortent de la Lecture que nous avons écoutée : l’aspiration à collaborer avec Jésus à la diffusion du Royaume de Dieu, la gratuité de l’engagement pastoral et l’attitude du service.

Avant tout, dans l’appel au ministère sacerdotal, il y a la rencontre avec Jésus et le fait d’être fascinés, frappés par ses paroles, par ses gestes, par sa personne même. Et le fait d’avoir distingué sa voix, parmi tant de voix, en répondant comme Pierre : « Tu as les paroles de la vie éternelle. Nous, nous croyons, et nous avons reconnu que tu es le Saint de Dieu » (Jn 6,68-69). C’est comme avoir été touché par le rayonnement de Bien et d’Amour qui émane de Lui, s’en sentir enveloppés et inclus au point de vouloir demeurer avec Lui comme les deux disciples d’Emmaüs — « Reste avec nous, car le soir tombe » (Lc 24,29) — et d’apporter au monde l’annonce de l’Evangile. Dieu le père a envoyé le Fils éternel dans le monde pour réaliser son plan de salut. Le Christ Jésus a constitué l’Eglise afin que s’étendent dans le temps les effets bénéfiques de la rédemption. La vocation des prêtres a sa racine dans cette action du Père réalisée dans le Christ, à travers l’Esprit Saint. Le ministre de l’Evangile est alors celui qui se laisse atteindre par le Christ, qui sait «rester» avec Lui, qui entre en harmonie dans une amitié intime, avec Lui, afin que tout s’accomplisse « selon Dieu » (1P 5,2), selon sa volonté d’amour, avec une grande liberté intérieure et une joie profonde dans le coeur.

En second lieu, on est appelé à être les administrateurs des Mystères de Dieu « non pour un gain sordide, mais avec l'élan du coeur», dit saint Pierre dans la Lecture de ces Vêpres (ibidem). Il ne faut jamais oublier que l’on entre dans le sacerdoce à travers le Sacrement, l’Ordination, et cela signifie précisément s’ouvrir à l’action de Dieu en choisissant chaque jour de se donner pour Lui et pour les frères, selon le dicton évangélique : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (Mt 10,8). L’appel du Seigneur au ministère n’est pas le fruit de mérites particuliers, mais un don à accueillir et auquel répondre en se consacrant non pas à un projet personnel, mais à celui de Dieu, de façon généreuse et désintéressée, afin qu’Il dispose de nous selon sa volonté, même si celle-ci pourrait ne pas correspondre à nos désirs de réalisation personnelle. Aimer avec Celui qui nous a aimés en premier et s’est donné entièrement à nous. Cela signifie être disposé à se laisser entraîner dans son acte d’amour plein et total au Père et à chaque homme consommé sur le Calvaire. Nous ne devons jamais oublier — en tant que prêtres — que l’unique accès légitime vers le ministère de Pasteur n’est pas celui du succès, mais celui de la Croix.

Dans cette logique, être prêtres signifie être serviteurs également par l’exemple de sa vie. « Devenez les modèles du troupeau » est l’invitation de l’apôtre Pierre (1P 5,3). Les prêtres sont dispensateurs des moyens de salut, des sacrements, en particulier de l’Eucharistie et de la Pénitence, ils n’en disposent pas selon leur propre arbitre, mais en sont les humbles serviteurs pour le bien du peuple de Dieu. Il s’agit donc d’une vie profondément marquée par ce service : par le soin attentif du troupeau, par la célébration fidèle de la liturgie, et par la sollicitude zélée pour tous les frères, en particulier les plus pauvres et les plus démunis. En vivant cette « charité pastorale » sur le modèle du Christ et avec le Christ, où que le Seigneur appelle, chaque prêtre pourra se réaliser pleinement lui-même, ainsi que sa vocation.

Chers frères et soeurs, j’ai offert quelques réflexions sur le ministère sacerdotal. Mais les personnes consacrées et les laïcs également, je pense en particulier aux nombreuses religieuses et laïques qui étudient dans les Universités ecclésiastiques de Rome, ainsi que ceux qui prêtent leur service comme professeurs ou comme personnel dans ces Universités, pourront trouver des éléments utiles pour vivre plus intensément la période qu’ils passent dans la Ville éternelle. En effet, il est important pour tous d’apprendre toujours plus à «demeurer» avec le Seigneur, chaque jour, dans la rencontre personnelle avec Lui pour se laisser séduire et toucher par son amour et être des annonciateurs de son Evangile; il est important de chercher à suivre dans la vie, avec générosité, non pas un projet propre, mais celui que Dieu a pour chacun, en conformant sa volonté à celle du Seigneur; il est important de se préparer, également à travers l’étude sérieuse et appliquée, à servir le Peuple de Dieu dans les devoirs que l’on se verra confiés.

Chers amis, en communion intime avec le Seigneur, vivez de façon positive ce temps de formation : il s’agit d’un don précieux que Dieu vous offre, en particulier ici à Rome où l’on respire de façon toute particulière, la catholicité de l’Eglise. Que saint Charles Borromée obtienne la grâce de la fidélité pour tous ceux qui fréquent les facultés ecclésiastiques romaines. A vous tous, par l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, Sedes Sapientiae, que le Seigneur accorde une année académique bénéfique. Amen.





MESSE ET REMISE DE L'EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE AUX ÉVÊQUES D'AFRIQUE, Cotonou 20 novembre 2011

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"Stade de l’amitié" - Cotonou

Dimanche 20 novembre 2011




Chers frères dans l’Épiscopat et le sacerdoce,
Chers frères et soeurs,

À la suite de mon bienheureux prédécesseur le Pape Jean-Paul II, c’est une grande joie pour moi de visiter pour la deuxième fois ce cher continent africain, en venant chez vous, au Bénin, et de vous adresser un message d’espérance et de paix. Je voudrais tout d’abord remercier très cordialement Monseigneur Antoine Ganyé, Archevêque de Cotonou, pour ses paroles de bienvenue et saluer les Évêques du Bénin, ainsi que tous les Cardinaux et les Évêques venus de nombreux pays d’Afrique et d’autres continents. Et à vous tous, frères et soeurs bien-aimés, venus participer à cette messe célébrée par le Successeur de Pierre, j’adresse mes salutations les plus chaleureuses. Je pense certes aux béninois, mais aussi aux fidèles des pays francophones voisins, le Togo, le Burkina Faso, le Niger et d’autres. Notre célébration eucharistique en cette solennité du Christ Roi de l’univers, est l’occasion de rendre grâce à Dieu pour le cent cinquantième anniversaire des débuts de l’évangélisation du Bénin ainsi que pour la deuxième Assemblée spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques qui s’est tenue à Rome il y a quelques mois.

L’évangile que nous venons d’entendre, nous dit que Jésus, le Fils de l’homme, le juge final de nos vies, a voulu prendre le visage de ceux qui ont faim et soif, des étrangers, de ceux qui sont nus, malades ou prisonniers, finalement de toutes les personnes qui souffrent ou sont mises de côté ; le comportement que nous avons à leur égard sera donc considéré comme le comportement que nous avons à l’égard de Jésus lui-même. Ne voyons pas là une simple formule littéraire, une simple image ! Toute l’existence de Jésus en est une illustration. Lui, le Fils de Dieu, est devenu homme, il a partagé notre existence, jusque dans les détails les plus concrets, se faisant le serviteur du plus petit de ses frères. Lui qui n’avait pas où reposer sa tête, sera condamné à mourir sur une croix. Tel est le Roi que nous célébrons !

Sans doute cela peut nous paraître déconcertant ! Aujourd’hui encore, comme il y a 2000 ans, habitués à voir les signes de la royauté dans la réussite, la puissance, l’argent ou le pouvoir, nous avons du mal à accepter un tel roi, un roi qui se fait le serviteur des plus petits, des plus humbles, un roi dont le trône est une croix. Et pourtant, nous disent les Écritures, c’est ainsi que se manifeste la gloire du Christ ; c’est dans l’humilité de son existence terrestre qu’il trouve son pouvoir de juger le monde. Pour lui, régner c’est servir ! Et ce qu’il nous demande, c’est de le suivre sur ce chemin, de servir, d’être attentifs au cri du pauvre, du faible, du marginalisé. Le baptisé sait que sa décision de suivre le Christ peut l’amener à de grands sacrifices, parfois même à celui de sa vie. Mais, comme nous l’a rappelé saint Paul, le Christ a vaincu la mort et il nous entraîne à sa suite dans sa résurrection. Il nous introduit dans un monde nouveau, un monde de liberté et de bonheur. Aujourd’hui encore, tant de liens avec le monde ancien, tant de peurs nous tiennent prisonniers et nous empêchent de vivre libres et heureux. Laissons le Christ nous libérer de ce monde ancien ! Notre foi en lui qui est vainqueur de toutes nos peurs, de toutes nos misères, nous donne accès à un monde nouveau, un monde où la justice et la vérité ne sont pas une parodie, un monde de liberté intérieure et de paix avec nous-mêmes, avec les autres et avec Dieu. Tel est le don que Dieu nous a fait dans notre baptême !

‘Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde’ (
Mt 25,34). Accueillons cette parole de bénédiction que le Fils de l’homme adressera, au jour du Jugement, à ceux et à celles qui auront reconnu sa présence parmi les plus humbles de ses frères, dans un coeur libre et rempli de l’amour du Seigneur ! Frères et Soeurs, ce passage de l’Évangile est vraiment une parole d’espérance, parce que le Roi de l’univers s’est fait tout proche de nous, serviteur des plus petits et des plus humbles. Et je voudrais m’adresser avec affection à toutes les personnes qui souffrent, aux malades, à celles qui sont touchées par le sida ou par d’autres maladies, à tous les oubliés de la société. Gardez courage ! Le Pape vous est proche par la prière et la pensée. Gardez courage ! Jésus a voulu s’identifier au petit, au malade ; il a voulu partager votre souffrance et reconnaître en vous des frères et des soeurs, pour les libérer de tout mal, de toute souffrance ! Chaque malade, chaque pauvre mérite notre respect et notre amour car à travers lui Dieu nous indique le chemin vers le ciel.

Et ce matin, je vous invite encore à vous réjouir avec moi. En effet, voici 150 ans que la croix du Christ a été implantée sur votre terre, que l’Évangile y a été annoncé pour la première fois. En ce jour, rendons grâce à Dieu pour l’oeuvre accomplie par les missionnaires, par les « ouvriers apostoliques » originaires de chez vous ou venus d’ailleurs, évêques, prêtres, religieux, religieuses, catéchistes, tous ceux qui, hier comme aujourd’hui, ont permis l’extension de la foi en Jésus-Christ sur le continent africain ! Je salue ici la mémoire du vénéré Cardinal Bernardin Gantin, exemple de foi et de sagesse pour le Bénin et pour le continent africain tout entier !

Chers frères et soeurs, tous ceux qui ont reçu ce don merveilleux de la foi, ce don de la rencontre avec le Seigneur ressuscité, ressentent aussi le besoin de l’annoncer aux autres. L’Église existe pour annoncer cette Bonne Nouvelle ! Et ce devoir est toujours urgent ! Après 150 ans, nombreux sont ceux qui n’ont pas encore entendu le message de salut du Christ ! Nombreux sont aussi ceux qui sont réticents à ouvrir leurs coeurs à la Parole de Dieu ! Nombreux sont ceux dont la foi est faible, et dont la mentalité, les habitudes, la façon de vivre ignorent la réalité de l’Évangile, pensant que la recherche d’un bonheur égoïste, du gain facile ou du pouvoir, est le but ultime de la vie humaine. Avec enthousiasme, soyez des témoins ardents de la foi que vous avez reçue ! Faites resplendir en tous lieux le visage aimant du Sauveur, en particulier devant les jeunes, en recherche de raisons de vivre et d’espérer dans un monde difficile !

L’Église au Bénin a beaucoup reçu des missionnaires : elle doit à son tour porter ce message d’espérance aux peuples qui ne connaissent pas ou qui ne connaissent plus le Seigneur Jésus. Chers frères et soeurs, je vous invite à avoir ce souci de l’évangélisation, dans votre pays et parmi les peuples de votre continent et du monde entier. Le récent Synode des Évêques pour l’Afrique le rappelle avec insistance : homme d’espérance, le chrétien ne peut se désintéresser de ses frères et de ses soeurs. Ce serait en pleine contradiction avec le comportement de Jésus. Le chrétien est un bâtisseur inlassable de communion, de paix et de solidarité, ces dons que Jésus lui-même nous a faits. En y étant fidèles, nous collaborons à la réalisation du plan de salut de Dieu pour l’humanité.

Chers frères et soeurs, je vous engage donc à affermir votre foi en Jésus Christ, en opérant une authentique conversion à sa personne. Lui seul nous donne la vie véritable et peut nous libérer de toutes nos peurs et lenteurs, de toutes nos angoisses. Retrouvez les racines de votre existence dans le baptême que vous avez reçu et qui fait de vous des enfants de Dieu ! Que le Christ Jésus vous donne à tous la force de vivre en chrétiens et de chercher à transmettre généreusement aux générations nouvelles ce que vous avez reçu de vos Pères dans la foi ! (en fon) AKLUN? NI K?N F?NU T?N L? DO MI JI (Que le Seigneur vous comble de ses grâces !)

On this feast day, we rejoice together in the reign of Christ the King over the whole world. He is the one who removes all that hinders reconciliation, justice and peace. We are reminded that true royalty does not consist in a show of power, but in the humility of service; not in the oppression of the weak, but in the ability to protect them and to lead them to life in abundance (cf. Jn 10,10). Christ reigns from the Cross and, with his arms open wide, he embraces all the peoples of the world and draws them into unity. Through the Cross, he breaks down the walls of division, he reconciles us with each other and with the Father. We pray today for the people of Africa, that all may be able to live in justice, peace and the joy of the Kingdom of God (cf. Rom Rm 14,17). With these sentiments I affectionately greet all the English-speaking faithful who have come from Ghana and Nigeria and neighbouring countries. May God bless all of you!

[En ce jour de fête, nous nous réjouissons du règne du Christ-Roi sur la terre entière. C’est lui qui délie tout ce qui entrave la réconciliation, la justice et la paix. Nous nous rappelons que la vraie royauté ne consiste pas dans une démonstration de puissance, mais dans l’humilité du service, ni non plus dans l’oppression des faibles, mais dans la capacité de les protéger pour les conduire à la vie en abondance (cf. Jn 10,10). Le Christ règne par la Croix et, avec ses bras ouverts, il embrasse tous les peuples de la terre et les attire à l’unité. Par la Croix, il abat les murs de la division, il nous réconcilie les uns avec les autres et avec le Père. Nous prions aujourd’hui pour les peuples d’Afrique, afin que tous puissent vivre dans la justice, la paix et la joie du Règne de Dieu (cf. Rm Rm 14,17). C’est avec ces sentiments que je salue affectueusement tous les fidèles anglophones venus du Ghana et du Nigéria, et des pays limitrophes. Que Dieu vous bénisse !]

Queridos irmãos e irmãs da África lusófona que me ouvis, a todos dirijo a minha saudação e convido a renovar a vossa decisão de pertencer a Cristo e de servir o seu Reino de reconciliação, de justiça e de paz. O seu Reino pode ser posto em perigo no nosso coração. Aqui Deus cruza-se com a nossa liberdade. Nós – e só nós – podemos impedi-Lo de reinar sobre nós mesmos e, em consequência, tornar difícil a sua realeza sobre a família, a sociedade e a história. Por causa de Cristo, tantos homens e mulheres se opuseram, vitoriosamente, às tentações do mundo para viver fielmente a sua fé, às vezes mesmo até ao martírio. A seu exemplo, amados pastores e fiéis, sede sal e luz de Cristo na terra africana! Amen.

[Chers frères et soeurs de l’Afrique lusophone qui m’écoutez, j’adresse à tous mon salut et je vous invite à renouveler votre décision d’appartenir au Christ et de servir son Règne de réconciliation, de justice et de paix ! Son Règne peut être mis en péril dans notre coeur. Là, Dieu se rencontre avec notre liberté. Nous - et seulement nous - pouvons l’empêcher de régner sur nous-mêmes et, par conséquent, rendre difficile sa seigneurie sur la famille, la société et l’histoire. À cause du Christ, de nombreux hommes et femmes, se sont opposés victorieusement aux tentations du monde pour vivre fidèlement leur foi, parfois jusqu’au martyre. Chers pasteurs et fidèles, soyez à leur exemple, sel et lumière du Christ sur la terre africaine ! Amen.]



VISITE PASTORALE À LA PAROISSE ROMAINE SANTA MARIA DELLE GRAZIE À CASAL BOCCONE 11 décembre 2011

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III Dimanche de l'Avent «Gaudete», 11 décembre 2011





Chers frères et soeurs de la paroisse Santa Maria delle Grazie!

Nous avons écouté la prophétie d’Isaïe: «L'esprit du Seigneur Dieu est sur moi, car le Seigneur m'a donné l'onction; il m'a envoyé porter la nouvelle aux pauvres... proclamer une année de grâce de la part du Seigneur» (
Is 61,1-2). Ces paroles, prononcées il y a tant de siècles, gardent toute leur actualité également pour nous aujourd’hui, tandis que nous sommes parvenus à la moitié du chemin de l’Avent et en vue désormais de la grande solennité de Noël. Ce sont des paroles qui ravivent l’espérance, préparent à accueillir le salut du Seigneur et annoncent l’inauguration d’un temps de grâce et de libération.

L’Avent est précisément un temps d’attente, d’espérance et de préparation à la visite du Seigneur. La figure et la prédication de Jean-Baptiste nous invitent également à cet engagement, comme nous l’avons écouté dans l’Evangile qui vient d’être proclamé (cf. Jn 1,6-8 Jn 1,19-28). Jean s’est retiré dans le désert pour vivre une vie très austère et pour inviter, également à travers sa vie, les personnes à se convertir; il confère un baptême d’eau, un rite de pénitence unique, qui le distingue des multiples rites de purification extérieure des sectes de l’époque. Qui est donc cet homme, qui est Jean-Baptiste? Sa réponse est d’une humilité surprenante. Ce n’est pas le Messie, ce n’est pas la lumière. Ce n’est pas Elie revenu sur terre, ni le grand prophète attendu. C’est le précurseur, simple témoin, entièrement soumis à Celui qui annonce; une voix dans le désert, de même qu’aujourd’hui également, dans le désert des grandes villes de ce monde, de grande absence de Dieu, nous avons besoin de voix qui nous annoncent simplement: «Dieu est là, toujours proche, même s’il semble absent». C’est une voix dans le désert et un témoin de la lumière; et cela nous touche au coeur, car dans ce monde avec tant de ténèbres, tant d’obscurité, nous sommes tous appelés à être témoins de la lumière. Telle est précisément la mission du temps de l’Avent: être témoins de la lumière, et nous ne pouvons l’être que si nous portons en nous la lumière, si nous sommes non seulement sûrs qu’il y a la lumière, mais que nous avons vu un peu de lumière. Dans l’Eglise, dans la Parole de Dieu, dans la célébration des Sacrements, dans le Sacrement de la Confession, avec le pardon que nous recevons, dans la célébration de la Sainte Eucharistie où le Seigneur se donne entre nos mains et dans nos coeurs, nous touchons la lumière et recevons cette mission: être aujourd’hui témoins que la lumière est là, apporter la lumière dans notre temps.

Chers frères et soeurs! Je suis très heureux d’être parmi vous en ce beau dimanche, «Gaudete», dimanche de la joie, qui nous dit: «Même au milieu de tant de doutes et de difficultés, la joie existe car Dieu existe et il est avec nous». Je salue cordialement le cardinal-vicaire, l’évêque auxiliaire du secteur, votre curé, dom Domenico Monteforte, que je remercie non seulement pour les aimables paroles qu’il m’a adressées en votre nom à tous, mais également pour le beau don de l’histoire de la paroisse. Et je salue le vicaire paroissial. Je salue également les communautés religieuses: les soeurs apôtres de la Consolata, les maîtresses pies Venerini et les guanéliennes; elles représentent l’une des présences précieuses dans votre paroisse et une grande ressource spirituelle et pastorale pour la vie de la communauté, témoins de lumière! Je salue, en outre, tous ceux qui sont engagés dans le milieu paroissial: je veux parler des catéchistes — je les remercie pour leur travail — des membres du groupe de prière inspiré par le Renouveau dans l’Esprit Saint, des jeunes du mouvement Jeunesse ardente mariale. Je voudrais également étendre ma pensée à tous les habitants du quartier, en particulier aux personnes âgées, aux malades, aux personnes seules et en difficultés, sans oublier la nombreuse communauté philippine, bien intégrée et participant activement aux moments fondamentaux de la vie communautaire.

Votre paroisse est née dans l’une des banlieues typiques de l’ager romanus, le territoire de Rome; elle a été canoniquement érigée en 1985 avec ce beau titre de Sainte-Marie-des-Grâces, et a commencé son activité autour des années soixante, lorsque, à l’initiative d’un groupe de pères dominicains, guidés par l’inoubliable père Gerard Reed, fut établie, auprès d’un logement familial, une petite chapelle, successivement transférée dans des locaux plus grands, qui a revêtu la fonction d’église paroissiale jusqu’en 2010, l’an dernier. En effet, comme vous le savez, cette année-là, précisément le 1er mai, a été consacré l’édifice dans lequel nous célébrons l’Eucharistie. Cette nouvelle église est un espace privilégié pour croître dans la connaissance et dans l’amour de Celui que, dans peu de jours, nous accueillerons dans la joie de son Noël. En regardant cette église et les édifices paroissiaux, je vois le fruit de la patience, du dévouement, de l’amour et je désire vous encourager par ma présence à édifier toujours plus cette Eglise de pierres vivantes que vous êtes vous-mêmes; chacun de vous doit se sentir comme un élément de cet édifice vivant; la communauté se construit avec la contribution que chacun offre, avec l’engagement de tous; et je pense, de façon particulière, au domaine de la catéchèse, de la liturgie et de la charité, colonnes portantes de la vie chrétienne.

Votre communauté est jeune, je l’ai vu en saluant vos enfants. Elle est jeune parce qu’elle est constituée, en particulier en ce qui concerne les nouveaux quartiers, par des familles jeunes, également parce que les enfants et les jeunes qui la peuplent sont nombreux, grâce à Dieu! Je souhaite vivement que, à travers la contribution de personnes compétentes et généreuses aussi, votre engagement éducatif se développe toujours plus et que votre paroisse, notamment avec l’aide du vicariat de Rome, puisse se doter au plus tôt d’une aumônerie bien organisée, avec des espaces adaptés pour le jeu et les rencontres, de manière à satisfaire le besoin de croissance dans la foi et dans des relations sociales saines des jeunes générations. Je me réjouis de ce que vous accomplissez pour préparer les jeunes et les enfants aux sacrements. Le défi que nous devons affronter consiste à tracer et à proposer un véritable parcours de formation à la foi, qui concerne ceux qui s’approchent de l’initiation chrétienne, en les aidant non seulement à recevoir les sacrements, mais à les vivre, pour être de véritables chrétiens. Ce but, recevoir, doit être aussi de vivre, comme nous l’avons entendu dans la première lecture: la justice doit germer, comme germe la semence dans la terre. Vivre les sacrements, c’est ainsi que germe la justice et également le droit et l’amour.

A cet égard, le contrôle pastoral diocésain en cours, qui concerne précisément l’initiation chrétienne, est une occasion propice pour approfondir et vivre les sacrements que nous avons reçus, comme le Baptême et la Confirmation, et ceux dont nous nous approchons pour nourrir notre chemin de foi, la Pénitence et l’Eucharistie. C’est pourquoi, il est nécessaire, en premier lieu, de porter attention à la relation avec Dieu, à travers l’écoute de sa Parole, la réponse à la Parole dans la prière, et le don de l’Eucharistie. Je sais que dans la paroisse sont organisées des rencontres de prière, de lectio divina et que se déroule l’adoration eucharistique: ce sont des initiatives précieuses pour la croissance spirituelle au niveau personnel et communautaire. Je vous exhorte chaleureusement à y participer toujours plus nombreux. Je désire de manière particulière rappeler l’importance et le caractère central de l’Eucharistie. Que la Messe soit au centre de votre dimanche, qui doit être redécouvert et vécu comme jour de Dieu et de la communauté, un jour où louer et célébrer Celui qui est né pour nous, qui est mort et ressuscité pour notre salut, et qui nous demande de vivre ensemble dans la joie et d’être une communauté ouverte et prête à accueillir chaque personne seule ou en difficulté. Ne perdez pas le sens du dimanche et soyez fidèles à la rencontre eucharistique. Les premiers chrétiens ont été prêts à donner leur vie pour cela. Ils ont compris que celle-ci est la vie, et qu’elle fait vivre.

En venant parmi vous, je ne peux ignorer que sur votre territoire, un grand défi est constitué par des groupes religieux qui se présentent comme les dépositaires de la vérité de l’Evangile. A cet égard, mon devoir est de vous recommander d’être vigilants et d’approfondir les raisons de la foi et du Message chrétien, tel que nous le transmet avec une garantie d’authenticité la tradition millénaire de l’Eglise. Poursuivez l’oeuvre d’évangélisation à travers la catéchèse et une correcte information à propos de ce que croit et annonce l’Eglise catholique; proposez de manière claire les vérités de la foi chrétienne, soyez — comme le dit saint Pierre — prêts «à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l’espérance qui est en vous» (1P 3,15); vivez le langage compréhensible à tous de l’amour et de la fraternité, mais sans oublier l’engagement de purifier et de renforcer votre foi face aux dangers et aux pièges qui peuvent la menacer à notre époque. Dépassez les limites de l’individualisme, de la fermeture sur vous- mêmes, l’attrait du relativisme, qui fait croire que tout comportement est licite, l’attraction qu’exercent les formes de sentiments religieux qui exploitent les besoins et les aspirations les plus profondes de l’âme humaine, en proposant des perspectives de satisfaction faciles mais illusoires. La foi est un don de Dieu, qui exige notre réponse, la décision de suivre le Christ non seulement quand il guérit et soulage, mais également quand il parle d’amour jusqu’au don de soi-même.

Un autre point sur lequel je voudrais insister est le témoignage de la charité, qui doit caractériser la vie de votre communauté. Ces dernières années, vous l’avez vue grandir rapidement, également en ce qui concerne le nombre de ses membres, mais vous avez également vu arriver de nombreuses personnes en difficulté et dans des situations de précarité, qui ont besoin de vous, de votre aide matérielle, mais également et surtout de votre foi et de votre témoignage de croyants. Faites en sorte que le visage de votre communauté puisse toujours exprimer concrètement l’amour de Dieu riche de miséricorde et invite à s’approcher de Lui avec confiance.

Je désire vous adresser une parole particulière d’affection et d’amitié, très chers enfants et jeunes qui m’écoutez, ainsi qu’aux camarades de votre âge qui vivent dans cette paroisse. L’aujourd’hui et le demain de l’histoire, ainsi que l’avenir de la foi, sont confiés de manière particulière à vous qui êtes les nouvelles générations. L’Eglise attend beaucoup de votre enthousiasme, de votre capacité d’envisager l’avenir, d’être animés par des idéaux, et par votre désir de radicalité dans les choix de vie. La paroisse vous accompagne et je voudrais que vous ressentiez également mon encouragement.

«Soyez toujours dans la joie» (1Th 5,16). Cette invitation à la joie, adressée par saint Paul aux chrétiens de Thessalonique à l’époque, caractérise également le dimanche d’aujourd’hui, communément appelé «Gaudete». Elle retentit dès les premières paroles de l’antienne d’entrée: «Soyez toujours dans la joie du Seigneur; laissez-moi vous le redire: soyez dans la joie, le Seigneur est proche»; voilà ce que saint Paul a écrit en prison aux chrétiens de Philippes (cf. Ph Ph 4,4-5) et il nous le dit également. Oui, nous sommes heureux car le Seigneur est proche de nous et dans quelques jours, lors de la nuit de Noël, nous célébrerons le mystère de sa naissance. Marie, celle qui la première a écouté l’invitation de l’Ange: «Je te salue, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi» (Lc 1,28), nous indique la voie pour parvenir à la véritable joie, celle qui provient de Dieu. Sainte Marie des Grâces, Mère du Divin Amour, prie pour nous tous. Amen!






Benoît XVI Homélies 31111