Benoît XVI Homélies 12121

CÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE POUR LE BICENTENAIRE DE L'INDÉPENDENCE DES PAYS D'AMÉRIQUE LATINE ET DES CARAÏBES 12 décembre 2011

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Solennité de la Bienheureuse Vierge Marie de Guadalupe, Basilique Saint-Pierre

Lundi 12 décembre 2011





Chers frères et soeurs,

«La terre a donné son produit» (
Ps 67,7). Dans cette image du Psaume que nous avons écouté, dans laquelle tous les peuples et toutes les nations sont invités à louer avec joie le Seigneur qui nous sauve, les Pères de l’Eglise ont su reconnaître la Vierge Marie et le Christ, son Fils: «La terre est la sainte Vierge, qui vient de notre terre, de notre lignage, de cette glaise, de cette boue, d’Adam [...] la terre a donné son produit: d’abord, elle a donné une fleur [...] puis cette fleur s’est transformée en fruit, afin que nous puissions le manger, afin que nous mangions sa chair. Voulez-vous savoir quel est ce fruit? C’est le Vierge qui procède de la Vierge; le Seigneur, de l’esclave; Dieu, de l’homme; le Fils, de la Mère; le fruit, de la terre» (Saint Jérôme, Breviarum in Psalm. 66; PL 26, 1010-1011). Nous aussi, aujourd’hui, en exultant pour le fruit de cette terre, nous disons: «Que les peuples te rendent grâce, ô Dieu, que les peuples te rendent grâce tous!» (Ps 67,4). Nous proclamons le don de la rédemption obtenue par le Christ et nous reconnaissons dans le Christ son pouvoir et sa majesté divine.

Animé par ces sentiments, je salue avec une affection fraternelle Messieurs les cardinaux et les évêques qui nous accompagnent, les diverses représentations diplomatiques, les prêtres, les religieux et les religieuses, ainsi que les groupes de fidèles réunis dans cette basilique Saint-Pierre pour célébrer avec joie la solennité de Notre-Dame de Guadalupe, Mère et Etoile de l’Evangélisation en Amérique. J’adresse également une pensée à tous ceux qui sont unis spirituellement et qui prient Dieu avec nous dans les divers pays d’Amérique latine et des Caraïbes, dont un grand nombre fêtent en ce moment le bicentenaire de leur indépendance, et qui, au-delà des aspects historiques, sociaux et politiques des événements, renouvellent au Très-Haut leur gratitude pour le grand don de la foi reçue, une foi qui annonce le Mystère rédempteur de la mort et de la résurrection de Jésus Christ, afin que tous les peuples de la terre aient la vie en Lui. Le Successeur de Pierre ne pouvait laisser passer cet anniversaire sans tenir compte de la joie de l’Eglise pour les dons abondants que Dieu, dans son infinie bonté, a accordés à ces bien-aimées nations qui, du plus profond de leur coeur, invoquent la Très Sainte Vierge Marie.

L’image vénérée de la Morenita del Tepeyac, au visage doux et serein, imprimée sur le manteau de l’indien saint Juan Diego, se présente comme «sainte Marie, toujours Vierge, Mère du véritable Dieu pour lequel on vit» (De la lectura del Oficio. Nicán Mopohua. 12e éd., Mexico, DF, 1971, 3-19). Elle évoque «une Femme! Le soleil l'enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête; elle est enceinte» (Ap 12,1-2) et indique la présence du Sauveur à sa population autochtone et métisse. Elle nous conduit toujours à son Fils divin, qui se révèle comme fondement de la dignité de tous les êtres humains, comme un amour plus fort que les forces du mal et de la mort, étant également source de joie, confiance filiale, réconfort et espérance.

Le Magnificat que nous proclamons dans l’Evangile est le «cantique de la Mère de Dieu et celui de l’Eglise, cantique de la Fille de Sion et du nouveau Peuple de Dieu, cantique d’action de grâces pour la plénitude de grâces répandues dans l’Economie du salut, cantique des “pauvres” dont l’espérance est comblée par l’accomplissement des Promesses faites à nos pères» (Catéchisme de l’Eglise catholique, CEC 2619). Dans un geste de reconnaissance à son Seigneur et d’humilité de sa servante, la Vierge Marie élève à Dieu une louange pour tout ce qu’Il a fait en faveur de son peuple, Israël. Dieu est Celui qui mérite tout honneur et toute gloire, le Tout-Puissant qui accomplit des merveilles pour sa fidèle servante et qui continue aujourd’hui à manifester son amour pour tous les hommes, en particulier pour ceux qui affrontent de dures épreuves.

«Voici que ton roi vient à toi: il est juste et victorieux, humble, monté sur un âne» (Za 9,9), avons-nous écouté dans la première lecture. A partir de l’incarnation du Verbe, le Mystère divin se révèle dans l’événement de Jésus Christ, qui est contemporain de toute personne humaine en tout temps et en tout lieu au moyen de l’Eglise, dont Marie est la Mère et le modèle. C’est pourquoi nous pouvons aujourd’hui continuer de rendre grâce à Dieu pour les merveilles qu’il a accomplies dans la vie des peuples latino-américains et du monde entier, en manifestant sa présence dans le Fils et dans l’effusion de son Esprit comme nouveauté de vie personnelle et communautaire. Dieu a caché ces choses «aux sages et aux intelligents» et les a révélées aux tout-petits, aux humbles, aux coeurs purs (cf. Mt Mt 11,25).

A travers son «oui» à l’appel de Dieu, la Vierge Marie manifeste l’amour divin parmi les hommes. Dans ce sens, avec simplicité et un coeur de mère, elle continue à indiquer l’unique Lumière et l’unique Vérité: son Fils Jésus Christ, qui est «la réponse définitive à la question sur le sens de la vie et aux interrogations fondamentales qui angoissent tant d'hommes et de femmes aujourd'hui sur le continent américain» (Exhortation apostolique Ecclesia in America ). De la même façon, «par son intercession multiple, elle continue à nous obtenir les dons qui assurent notre salut éternel. Son amour maternel la rend attentive aux frères de son Fils dont le pèlerinage n’est pas achevé, et qui se trouvent engagés dans les périls et les épreuves, jusqu’à ce qu’ils parviennent à la patrie bienheureuse» (Lumen gentium, LG 62).

En ce moment, tandis que l’on commémore dans divers lieux d’Amérique latine le bicentenaire de leur indépendance, le chemin de l’intégration de ce bien-aimé continent se poursuit et, dans le même temps, on perçoit l’émergence de son nouveau rôle de tout premier plan au niveau mondial. Dans ces circonstances, il est important que ses divers peuples préservent leur riche trésor de foi et leur dynamisme historique et culturel, en étant toujours des défenseurs de la vie humaine, de sa conception à son terme naturel, et des promoteurs de la paix; ils doivent également protéger la famille dans sa nature et sa mission authentiques, en intensifiant dans le même temps un travail éducatif vaste et ramifié, qui prépare correctement les personnes et les rende conscientes de leurs capacités, afin qu’elle affrontent de façon digne et responsable leur destin. Ils sont également appelés à promouvoir toujours davantage d’initiatives adéquates et de programmes concrets qui encouragent la réconciliation et la fraternité, renforcent la solidarité et la protection de l’environnement, intensifient les efforts pour surmonter la pauvreté, l’analphabétisme et la corruption et pour déraciner toute injustice, violence, criminalité, insécurité civile, trafic de drogue et extorsion.

Tandis que l’Eglise se préparait à rappeler le cinquième centenaire de la plantatio de la Croix du Christ sur la bonne terre du continent américain, le bienheureux Jean-Paul II formula sur son sol, pour la première fois, le programme d’une évangélisation nouvelle, «nouvelle dans son ardeur, dans ses méthodes, dans son expression» (cf. Discours à l’assemblée du CELAM, 9 mars 1983, III, AAS 75, 1983, 778). En raison de ma responsabilité de confirmer dans la foi, je désire moi aussi encourager le zèle apostolique qui anime actuellement et que requiert la «mission continentale» promue à Aparecida, afin que «la foi chrétienne s’enracine plus profondément dans le coeur des personnes et des peuples latino-américains, comme un événement fondateur et une rencontre vivifiante avec le Christ» (Ve Conférence générale de l’épiscopat latino-américain et des Caraïbes, Document de conclusion, n. 13). Ainsi se multiplieront les authentiques disciples et missionnaires du Seigneur et se renouvellera la vocation à l’espérance de l’Amérique latine et des Caraïbes. Que la lumière de Dieu resplendisse donc toujours plus sur le visage de chacun des fils de cette terre bien-aimée et que sa grâce rédemptrice oriente leurs décisions, afin qu’ils continuent de progresser sans se décourager dans l’édification d’une société fondée sur le développement du bien, sur le triomphe de l’amour et sur la diffusion de la justice. Avec ces voeux fervents, et soutenu par l’aide de la providence divine, j’ai l’intention d’entreprendre un voyage apostolique avant Pâques au Mexique et à Cuba, pour y proclamer la Parole du Christ et pour renforcer la conviction qu’il s’agit d’un temps précieux pour évangéliser au moyen d’une foi vigoureuse, d’une espérance vive et d’une charité ardente.

Je confie toutes ces intentions à la médiation affectueuse de la Vierge de Guadalupe, notre Mère du ciel, ainsi que le destin actuel des nations latino-américaines et des Caraïbes, et le chemin qu’elles parcourent vers un avenir meilleur. En outre, j’invoque sur elles l’intercession des nombreux saints et bienheureux que l’Esprit a suscités tout au long de l’histoire de ce continent, en offrant des modèles héroïques de vertu chrétienne dans la diversité des conditions de vie et de milieux sociaux, afin que leur exemple favorise toujours plus une nouvelle évangélisation sous le regard du Christ, Sauveur de l’homme et force de sa vie. Amen.




VÊPRES AVEC LES UNIVERSITAIRES ROMAINS 15 décembre 2011

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Basilique Vaticane

Jeudi 15 décembre 2011


« Soyez donc patients, frères, jusqu'à l'Avènement du Seigneur » (Jc 5,7).


Avec ces paroles, l’Apôtre Jacques nous indique l’attitude intérieure pour nous préparer à écouter et accueillir à nouveau l’annonce de la naissance du Rédempteur dans la grotte de Bethléem, mystère ineffable de lumière, d’amour et de grâce. A vous, chers universitaires de Rome, que j’ai la joie de rencontrer à l’occasion de ce traditionnel rendez-vous, j’adresse un salut affectueux: je vous accueille à l’approche de Noël avec vos souhaits, vos attentes, vos préoccupations ; et je salue également les communautés académiques que vous représentez. Je remercie le recteur magnifique, le prof. Massimo Egidi, pour les aimables paroles qu’il m’a adressées en votre nom à tous, et avec lesquelles il a souligné la délicate mission du professeur universitaire. Je salue avec une profonde cordialité le ministre chargé des universités, M. Francesco Profumo, ainsi que les autorités académiques des diverses universités.

Chers amis, saint Jacques exhorte à imiter le laboureur, qui « attend patiemment le précieux fruit de la terre » (Jc 5,7). A vous qui vivez au coeur du milieu culturel et social de notre temps, qui faites l’expérience des technologies nouvelles et toujours plus sophistiquées, qui jouez un rôle de premier plan au service d’un dynamisme historique qui semble parfois irréfrénable, l’invitation de l’apôtre peut sembler anachronique, presque comme une invitation à sortir de l’histoire, à ne pas désirer voir les fruits de votre travail, de votre recherche. Mais en est-il vraiment ainsi ? L’invitation à attendre Dieu est-elle vraiment hors du temps ? Et, de façon encore plus radicale, nous pourrions nous demander : que signifie Noël pour moi ; est-il vraiment important pour mon existence, pour la construction de la société ? A notre époque, nombreuses sont les personnes, en particulier celles que vous rencontrez dans les amphithéâtres des universités, qui donnent voix à la question de savoir si nous devons attendre quelque chose ou quelqu’un; si nous devons attendre un autre messie, un autre dieu ; s’il vaut la peine d’avoir confiance en cet Enfant que, la nuit de Noël, nous trouverons dans la crèche entre Marie et Joseph.

L’exhortation de l’Apôtre à la constance et à la patience, qui pourrait laisser un peu perplexe à notre époque, est en réalité la voie pour accueillir en profondeur la question de Dieu, le sens qu’il a dans la vie et dans l’histoire, car c’est précisément dans la patience, dans la fidélité et dans la constance de la recherche de Dieu, de l’ouverture à Lui, qu’Il révèle son Visage. Nous n’avons pas besoin d’un dieu générique, indéfini, mais du Dieu vivant et vrai, qui ouvre l’horizon de l’avenir de l’homme à une perspective d’espérance ferme et certaine, une espérance riche d’éternité qui permette d’affronter avec courage le présent sous tous ses aspects. Mais nous devrions alors nous demander : où ma recherche trouve-t-elle le véritable Visage de ce Dieu ? Ou mieux encore : où Dieu lui-même vient-il à ma rencontre en me montrant son Visage, en me révélant son mystère, en entrant dans mon histoire ?

Chers amis, l’invitation de saint Jacques : « Soyez donc patients, frères, jusqu'à l'Avènement du Seigneur » nous rappelle que la certitude de la grande espérance du monde nous est donnée et que nous ne sommes pas seuls et que nous ne sommes pas les seuls à construire l’histoire. Dieu n’est pas loin de l’homme, mais il s’est penché sur lui et s’est fait chair (Jn 1,14), afin que l’homme comprenne où est le solide fondement de tout, l’accomplissement de ses aspirations les plus profondes : dans le Christ (cf. Exhort. apost. post-syn. Verbum Domini, n. 10). La patience est la vertu de ceux qui s’en remettent à cette présence dans l’histoire, qui ne se laissent pas vaincre par la tentation de placer toute leur espérance dans l’immédiat, dans des perspectives purement horizontales, dans des projets techniquement parfaits, mais éloignés de la réalité la plus profonde, celle qui donne sa dignité la plus élevée à la personne humaine: la dimension transcendante, être une créature à l’image et à la ressemblance de Dieu et porter dans le coeur le désir de s’élever vers Lui.

Il y a, toutefois, un autre aspect que je voudrais souligner ce soir. Saint Jacques nous a dit : « Voyez le laboureur: il attend patiemment » (5, 7). Dieu, dans l’incarnation du Verbe, dans l’incarnation de son Fils, a fait l’expérience du temps de l’homme, de sa croissance, de son devenir dans l’histoire. Cet Enfant est le signe de la patience de Dieu, qui le premier est patient, constant, fidèle à son amour pour nous; c’est Lui le véritable « laboureur » de l’histoire, qui sait attendre. Combien de fois les hommes ont-ils tenté de construire le monde seuls, sans ou contre Dieu ! Le résultat est marqué par le drame des idéologies qui, en fin de compte, se sont révélées contre l’homme et sa dignité profonde. La constance et la patience dans la construction de l’histoire, tant au niveau personnel que communautaire, ne s’identifie pas avec la vertu traditionnelle de la prudence, dont on a certainement besoin, mais c’est quelque chose de plus grand et de plus complexe. Etre constants et patients signifie apprendre à construire l’histoire avec Dieu, car ce n’est qu’en édifiant sur Lui et avec Lui que la construction possède de solides fondements, qu’elle n’est pas instrumentalisée à des fins idéologiques, mais qu’elle est véritablement digne de l’homme.

Rallumons alors ce soir de façon encore plus lumineuse l’espérance dans nos coeurs, car la Parole de Dieu nous rappelle que la venue du Seigneur est proche, et même que le Seigneur est avec nous et qu’il est possible de construire avec Lui. Dans la grotte de Bethléem, la solitude de l’homme est vaincue, notre existence n’est plus abandonnée aux forces impersonnelles des processus naturels et historiques, notre maison peut être construite sur le roc: nous pouvons projeter notre histoire, l’histoire de l’humanité, non pas dans l’utopie, mais dans la certitude que le Dieu de Jésus Christ est présent et nous accompagne.

Chers amis universitaires, courons avec joie vers Bethléem, accueillons dans nos bras l’Enfant que Marie et Joseph nous présenteront. Repartons de Lui et avec Lui, en affrontant toutes les difficultés. A chacun de vous, le Seigneur demande de collaborer à la construction de la ville de l’homme, en conjuguant de façon sérieuse et passionnée foi et culture. C’est pourquoi je vous invite à chercher toujours, avec constance et patience, le véritable Visage de Dieu, aidés par l’itinéraire pastoral qui vous est proposé en cette année académique. Chercher le Visage de Dieu est l’aspiration profonde de notre coeur et également la réponse à la question fondamentale qui émerge sans cesse aussi dans la société contemporaine. Chers amis universitaires, sachez que l’Eglise de Rome est proche de vous, à travers la direction sage et attentionnée du cardinal-vicaire et de vos aumôniers. Nous rendons grâce au Seigneur car, comme cela a été rappelé, il y a vingt ans, le bienheureux Jean-Paul II institua le bureau de pastorale universitaire au service de la communauté académique romaine. Le travail accompli a promu la naissance et le développement des aumôneries pour parvenir à un réseau bien organisé, où les propositions de formation des diverses universités publiques, privées, catholiques et pontificales peuvent contribuer à l’élaboration d’une culture au service de la croissance intégrale de l’homme.

Au terme de cette liturgie, l’Icône de la Sedes Sapientiae sera remise par la délégation universitaire espagnole à celle de l’« Université La Sapienza de Rome ». C’est ainsi que commencera la peregrinatio mariale dans les aumôneries, que j’accompagnerai de ma prière. Sachez que le Pape a confiance en vous et dans votre témoignage de fidélité et d’engagement apostolique.

Chers amis, ce soir, hâtons-nous ensemble avec confiance sur notre chemin vers Bethléem, en portant avec nous les attentes et les espérances de nos frères, afin que tous puissent rencontrer le Verbe de la vie et s’en remettre à Lui. Tel est le voeu que j’adresse à la communauté académique romaine: apportez à tous l’annonce que le véritable visage de Dieu se trouve dans l’Enfant de Bethléem, si proche de chacun de nous que personne ne peut se sentir exclu, personne ne doit douter de la possibilité de la rencontre, car Il est le Dieu patient et fidèle qui sait attendre et respecter notre liberté. Nous voulons ce soir lui confesser avec confiance le désir le plus profond de notre coeur : « Je cherche ton visage, Seigneur ; viens, ne tarde pas ! ». Amen.



MESSE DE MINUIT 2011

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Basilique Vaticane

24 décembre 2011




Chers frères et soeurs,

La lecture tirée de la Lettre de Saint Paul Apôtre à Tite, que nous venons d’écouter, commence solennellement par la parole « apparuit », qui revient aussi de nouveau dans la lecture de la Messe de l’aurore : apparuit – « il est apparu ». C’est une parole programmatique par laquelle l’Église, d’une manière synthétique, veut exprimer l’essence de Noël. Dans le passé, les hommes avaient parlé et créé, de multiples manières, des images humaines de Dieu. Dieu lui-même avait parlé sous des formes diverses (cf. He
He 1,1, lecture de la Messe du jour). Mais, quelque chose de plus s’est produit maintenant : Il est apparu. Il s’est montré. Il est sorti de la lumière inaccessible dans laquelle il demeure. Lui-même est venu au milieu de nous. C’était pour l’Église antique la grande joie de Noël : Dieu est apparu. Il n’est plus seulement une idée, non pas seulement quelque chose à deviner à partir des paroles. Il est « apparu ». Mais demandons-nous maintenant : comment est-Il apparu ? Qui est-Il vraiment ? La lecture de la Messe de l’aurore dit à ce sujet : « Apparurent la bonté de Dieu (…) et son amour pour les hommes » (Tt 3,4). Pour les hommes de l’époque préchrétienne, qui face aux horreurs et aux contradictions du monde craignaient que Dieu aussi ne fût pas totalement bon, mais pouvait sans doute être aussi cruel et arbitraire, c’était une vraie « épiphanie », la grande lumière qui nous est apparue : Dieu est pure bonté. Aujourd’hui aussi, des personnes qui ne réussissent plus à reconnaître Dieu dans la foi, se demandent si l’ultime puissance qui fonde et porte le monde, est vraiment bonne, ou si le mal n’est pas aussi puissant et originaire que le bien et le beau, que nous rencontrons à des moments lumineux dans notre cosmos. « Apparurent la bonté de Dieu (…) et son amour pour les hommes » : c’est une certitude nouvelle et consolante qui nous est donnée à Noël.

Dans les trois messes de Noël, la liturgie cite un passage tiré du Livre du Prophète Isaïe, qui décrit encore plus concrètement l’épiphanie qui s’est produite à Noël : « Un enfant nous est né, un fils nous a été donné ; l’insigne du pouvoir est sur son épaule ; on proclame son nom : Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix. Ainsi le pouvoir s’étendra, la paix sera sans fin » (Is 9, 5s). Par ces paroles, nous ne savons pas si le prophète a pensé à un enfant quelconque né en son temps historique. Cela semble pourtant impossible. Ce texte est l’unique de l’Ancien Testament dans lequel il est dit d’un enfant, d’un être humain : son nom sera Dieu-Fort, Père-à-jamais. Nous sommes en présence d’une vision qui va beaucoup plus au-delà du moment historique vers ce qui est mystérieux, placé dans le futur. Un enfant, dans toute sa faiblesse, est Dieu-Fort. Un enfant, dans toute son indigence et sa dépendance, est Père-à-jamais. Et « la paix sera sans fin ». Le prophète en avait parlé auparavant comme d’« une grande lumière » et au sujet de la paix venant de Lui, il avait affirmé que le bâton de l’oppresseur, toutes les chaussures de soldat qui piétinaient bruyamment sur le sol, tout manteau roulé dans le sang seraient dévorés par le feu (cf. Is Is 9,1 Is Is 9,3-4).

Dieu est apparu – comme un enfant. Par cela même il s’oppose à toute violence et apporte un message qui est la paix. En ce moment où le monde est continuellement menacé par la violence en de nombreux endroits et de diverses manières ; où il y a toujours encore des bâtons de l’oppresseur et des manteaux roulés dans le sang, nous crions vers le Seigneur : Toi, le Dieu-Fort, tu es apparu comme un enfant et tu t’es montré à nous comme Celui qui nous aime et Celui par lequel l’amour vaincra. Et Tu nous as fait comprendre qu’avec Toi nous devons être des artisans de paix. Nous aimons Ton être-enfant, Ta non-violence, mais nous souffrons du fait que la violence persiste dans le monde, c’est pourquoi nous te prions aussi : montre Ta puissance, ô Dieu. En notre temps, dans notre monde, fais que les bâtons de l’oppresseur, les manteaux roulés dans le sang et les chausseurs bruyantes des soldats soient brûlées, qu’ainsi Ta paix triomphe dans notre monde.

Noël est une épiphanie – la manifestation de Dieu et de sa grande lumière dans un enfant qui est né pour nous. Né dans l’étable de Bethléem, non pas dans les palais des rois. Quand, en 1223, François d’Assise célébra Noël à Greccio avec un boeuf et un âne et une mangeoire pleine de foin, une nouvelle dimension du mystère de Noël a été rendue visible. François d’Assise a appelé Noël « la fête des fêtes » – plus que toutes les autres solennités – et il l’a célébré avec « une prévenance indicible » (2 Celano, 199 : Fonti Francescane, 787).Avec une profonde dévotion, il embrassait les images du petit enfant et balbutiait des paroles de tendresse à la manière des enfants, nous raconte Thomas de Celano (ibid.). Pour l’Église antique, la fête des fêtes était Pâques : dans la résurrection, le Christ avait ouvert les portes de la mort et il avait ainsi changé radicalement le monde : il avait créé en Dieu même une place pour l’homme. Eh bien, François n’a pas changé, il n’a pas voulu changer cette hiérarchie objective des fêtes, toute la structure de la foi centrée sur le mystère pascal. Toutefois, par lui et par sa façon de croire, quelque chose de nouveau s’est produit : François a découvert avec une profondeur toute nouvelle l’humanité de Jésus. Cet être-homme de la part de Dieu, lui a été rendu évident au maximum au moment où le Fils de Dieu, né de la Verge Marie, fut enveloppé de langes et fut couché dans une mangeoire. La résurrection suppose l’incarnation. Le Fils de Dieu comme un enfant, comme un vrai fils d’homme – cela toucha profondément le coeur du Saint d’Assise, transformant la foi en amour. « Apparurent la bonté de Dieu (…) et son amour pour les hommes » : cette phrase de Saint Paul acquérait ainsi une profondeur toute nouvelle. Dans l’enfant dans l’étable de Bethleem, on peut, pour ainsi dire, toucher Dieu et le caresser. Ainsi, l’année liturgique a reçu un second centre dans une fête qui est, avant tout, une fête du coeur.

Tout ceci n’a rien d’un sentimentalisme. Dans la nouvelle expérience de la réalité de l’humanité de Jésus se révèle justement le grand mystère de la foi. François aimait Jésus, le petit enfant, parce que, dans ce fait d’être enfant, l’humilité de Dieu se rendait évidente. Dieu est devenu pauvre. Son Fils est né dans la pauvreté d’une étable. Dans l’enfant Jésus, Dieu s’est fait dépendant, ayant besoin de l’amour de personnes humaines, en condition de demander leur – notre – amour. Aujourd’hui Noël est devenu une fête commerciale, dont les scintillements éblouissants cachent le mystère de l’humilité de Dieu, et celle-ci nous invite à l’humilité et à la simplicité. Prions le Seigneur de nous aider à traverser du regard les façades étincelantes de ce temps pour trouver derrière elles l’enfant dans l’étable de Bethléem, pour découvrir ainsi la vraie joie et la vraie lumière.

Sur la mangeoire qui était entre le boeuf et l’âne, François faisait célébrer la sainte Eucharistie (cf. 1 Celano, 85 : Fonti, 469). Par la suite, sur cette mangeoire un autel fut construit, afin que là où un temps les animaux avaient mangé le foin, maintenant les hommes puissent recevoir, pour le salut de l’âme et du corps, la chair de l’Agneau immaculé Jésus Christ, comme raconte Celano (cf. 1 Celano, 87 : Fonti, 471). Dans la sainte nuit de Greccio, François comme diacre avait personnellement chanté d’une voix sonore l’Évangile de Noël. Grâce aux splendides cantiques de Noël des Frères, la célébration semblait tout un tressaillement de joie (cf. 1 Celano, 85 et 86 : Fonti, 469 et 470). Justement la rencontre avec l’humilité de Dieu se transforme en joie : sa bonté crée la vraie fête.

Celui qui aujourd’hui veut entrer dans l’église de la Nativité de Jésus à Bethléem découvre que le portail, qui un temps était haut de cinq mètres et demi et à travers lequel les empereurs et les califes entraient dans l’édifice, a été en grande partie muré. Est demeurée seulement une ouverture basse d’un mètre et demi. L’intention était probablement de mieux protéger l’église contre d’éventuels assauts, mais surtout d’éviter qu’on entre à cheval dans la maison de Dieu. Celui qui désire entrer dans le lieu de la naissance de Jésus, doit se baisser. Il me semble qu’en cela se manifeste une vérité plus profonde, par laquelle nous voulons nous laisser toucher en cette sainte Nuit : si nous voulons trouver le Dieu apparu comme un enfant, alors nous devons descendre du cheval de notre raison « libérale ». Nous devons déposer nos fausses certitudes, notre orgueil intellectuel, qui nous empêche de percevoir la proximité de Dieu. Nous devons suivre le chemin intérieur de saint François – le chemin vers cette extrême simplicité extérieure et intérieure qui rend le coeur capable de voir. Nous devons nous baisser, aller spirituellement, pour ainsi dire, à pied, pour pouvoir entrer à travers le portail de la foi et rencontrer le Dieu qui est différent de nos préjugés et de nos opinions : le Dieu qui se cache dans l’humilité d’un enfant qui vient de naître. Célébrons ainsi la liturgie de cette sainte Nuit et renonçons à nous fixer sur ce qui est matériel, mesurable et touchable. Laissons-nous simplifier par ce Dieu qui se manifeste au coeur devenu simple. Et prions en ce moment avant tout pour que tous ceux qui doivent vivre Noël dans la pauvreté, dans la souffrance, dans la condition de migrants, afin que leur apparaisse un rayon de la bonté de Dieu ; afin que les touche, ainsi que nous, cette bonté que Dieu, par la naissance de son Fils dans l’étable, a voulu porter dans le monde. Amen.


VÊPRES ET TE DEUM D'ACTION DE GRÂCE 31 décembre 2011

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POUR LA FIN DE L’ANNÉE 2011
Basilique Saint-Pierre

Samedi 31 décembre 2011




Messieurs les Cardinaux,
Chers frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce,
Autorités,
Chers frères et soeurs,

Nous sommes réunis dans la Basilique Vaticane pour célébrer les Premières Vêpres de la solennité de Sainte Marie Mère de Dieu et pour rendre grâce au Seigneur au terme de l’année, en chantant ensemble le Te Deum. Je vous remercie vous tous qui avez voulu vous unir à moi en cette circonstance toujours dense en sentiments et en signification. Je salue tout d’abord Messieurs les Cardinaux, les vénérés Frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce, les religieux et les religieuses, les personnes consacrées et les fidèles laïcs qui représentent la communauté ecclésiale de Rome tout entière. Je salue de façon spéciale les Autorités présentes, à commencer par le Maire de Rome, le remerciant pour le don du calice qui, selon une belle tradition, se renouvelle chaque année. Je souhaite de tout coeur que l’engagement de tous ne manque pas afin que le visage de notre ville soit toujours plus conforme aux valeurs de foi, de culture et de civilisation qui appartiennent à sa vocation et à son histoire millénaire.

Une autre année s’achève alors que nous en attendons une nouvelle : avec l’anxiété, les désirs et les attentes de toujours. Si on pense à l’expérience de la vie, on demeure étonnés de ce qu’au fond elle soit brève et fugace. C’est pour cela, qu’il n’est pas rare que nous nous interrogions : quel sens pouvons-nous donner à nos jours ? Quel sens, en particulier, pouvons-nous donner aux jours de difficulté et de souffrance ? C’est une question qui traverse l’histoire, qui traverse même le coeur de toute génération et de tout être humain. Mais à cette question il y a une réponse : elle est écrite sur le visage d’un Enfant qui, il y a deux mille ans, est né à Bethléem et qui aujourd’hui est le Vivant, ressuscité de la mort pour toujours. Dans le tissu de l’humanité déchiré par tant d’injustices, de méchancetés et de violences, fait irruption de manière surprenante la nouveauté joyeuse et libératrice du Christ Sauveur qui, dans le mystère de son Incarnation et de sa naissance, nous fait contempler la bonté et la tendresse de Dieu. Dieu éternel est entré dans notre histoire et demeure présent de façon unique dans la personne de Jésus, son Fils fait homme, notre Sauveur, venu sur la terre pour renouveler radicalement l’humanité et la libérer du péché et de la mort, pour élever l’homme à la dignité de fils de Dieu. Noël ne rappelle pas seulement la réalisation historique de cette vérité qui nous concerne directement, mais, de façon mystérieuse et réelle, nous la donne de nouveau.

Comme il est suggestif, en ce crépuscule d’une année, d’écouter à nouveau l’annonce joyeuse que l’Apôtre Paul adressait aux Chrétiens de Galatie : « Lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils ; il est né d’une femme, il a été sous la domination de la loi de Moïse pour racheter ceux qui étaient sous la domination de la Loi et pour faire de nous des fils » (
Ga 4,4-5). Ces paroles rejoignent le coeur de l’histoire de tous et l’illuminent, ou mieux la sauvent, car depuis le jour de la nativité du Seigneur la plénitude des temps est venue à nous. Donc il n’y a plus de place pour l’angoisse face au temps qui s’écoule et ne revient pas ; il y a maintenant la place pour une confiance illimitée en Dieu, dont nous savons être aimés, pour qui nous vivons et vers qui notre vie est orientée dans l’attente de son retour définitif. Depuis que le Sauveur est descendu du ciel, l’homme n’est plus esclave d’un temps qui passe sans un pourquoi, ou qui est marqué par la difficulté, la tristesse, la souffrance. L’homme est fils d’un Dieu qui est entré dans le temps pour racheter le temps du non-sens ou de la négativité et qui a racheté l’humanité tout entière, lui donnant comme nouvelle perspective de vie l’amour qui est éternel.

L’Église vit et professe cette vérité et entend la proclamer aujourd’hui encore avec une vigueur spirituelle renouvelée. Dans cette célébration nous avons des raisons spéciales de louer Dieu pour son mystère de salut, oeuvrant dans le monde par le ministère ecclésial. Nous avons de nombreux motifs de remerciement au Seigneur pour ce que notre communauté ecclésiale, au coeur de l’Église universelle, accomplit au service de l’Évangile dans cette ville. À ce propos, avec le Cardinal Vicaire, Agostino Vallini, les Évêques auxiliaires, les curés et le presbyterium diocésain tout entier, je désire remercier le Seigneur, en particulier, pour le cheminement communautaire prometteur visant à adapter la pastorale ordinaire aux exigences de notre temps, par le projet « Appartenance ecclésiale et coresponsabilité pastorale ». Il a pour objectif de mettre l’évangélisation à la première place, afin de rendre plus responsable et fructueuse la participation des fidèles aux sacrements, de sorte que chacun puisse parler de Dieu à l’homme d’aujourd’hui et annoncer l’Évangile de façon incisive à tous ceux qui ne l’ont jamais connu ou qui l’ont oublié.

La quaestio fidei est également le défi pastoral prioritaire pour le diocèse de Rome. Les disciples du Christ sont appelés à faire renaître en eux et dans les autres la nostalgie de Dieu et la joie d’en vivre et d’en témoigner, à partir de la question toujours très personnelle : pourquoi est-ce que je crois ? Il faut accorder la primauté à la vérité, accréditer l’alliance entre foi et raison comme deux ailes grâce auxquelles l’esprit humain s’élève vers la contemplation de la Vérité (cf. Jean-Paul II, Enc. Fides et ratio, Prologue) ; rendre fécond le dialogue du christianisme avec la culture moderne ; faire redécouvrir la beauté et l’actualité de la foi non comme un acte en soi, isolé, qui concerne un moment quelconque de la vie, mais comme une orientation constante, même des choix les plus simples, qui conduit à l’unité profonde de la personne la rendant juste, laborieuse, bienfaisante, bonne. Il s’agit de raviver une foi qui fonde un nouvel humanisme capable de faire naître culture et engagement social.

Dans ce cadre de référence, durant le Congrès diocésain de juin dernier, le diocèse de Rome a entrepris un parcours d’approfondissement sur l’initiation chrétienne et sur la joie de faire naître de nouveaux chrétiens à la foi. Annoncer la foi dans le Verbe fait chair est, en effet, le coeur de la mission de l’Église et la communauté ecclésiale tout entière doit redécouvrir avec une ardeur missionnaire renouvelée cette tâche incontournable. Surtout les jeunes générations, qui ressentent le plus le désarroi qu’accentue aussi la crise actuelle, non seulement économique mais aussi des valeurs, ont besoin de reconnaître en Jésus Christ « la clé, le centre et la fin de toute l’histoire humaine » (Conc. Vat. II, Const. Gaudium et spes GS 10)

Les parents sont les premiers éducateurs à la foi de leurs enfants, dès leur plus jeune âge. C’est pourquoi il est nécessaire de soutenir les familles dans leur mission éducative à travers des initiatives opportunes. En même temps, il est à souhaiter que le chemin baptismal, première étape de l’itinéraire formateur de l’initiation chrétienne, outre à favoriser la préparation consciente et digne à la célébration du Sacrement, porte aussi une attention adéquate aux années suivant immédiatement le baptême, à travers des itinéraires appropriés tenant compte des conditions de vie que les familles doivent affronter. J’encourage donc les communautés paroissiales et les autres réalités ecclésiales à poursuivre avec application leur réflexion pour promouvoir une meilleure compréhension et réception des sacrements par lesquels l’homme est rendu participant de la vie même de Dieu. Que ne manquent pas à l’Église de Rome des fidèles laïcs prêts à offrir leur propre contribution pour édifier des communautés vivantes, qui permettent à la Parole de Dieu de faire irruption dans le coeur de ceux qui n’ont pas encore connu le Seigneur ou qui se sont éloignés de lui ! En même temps, il est opportun de créer des occasions de rencontre avec la ville, qui permettent un dialogue fructueux avec ceux qui sont à la recherche de la Vérité.

Chers amis, puisque Dieu a envoyé son Fils unique, pour que nous puissions obtenir la filiation adoptive (cf. Ga Ga 4,5), il ne peut exister pour nous de devoir plus grand que celui d’être totalement au service du projet divin. À ce propos, je désire encourager et remercier tous les fidèles du Diocèse de Rome, qui sentent la responsabilité de redonner une âme à notre société. Merci à vous, familles romaines, premières et fondamentales cellules de la société ! Merci aux membres des nombreuses communautés, associations et mouvements qui s’emploient à animer la vie chrétienne dans notre ville !

« Te Deum laudamus ! ». Nous te louons, Dieu ! L’Église nous suggère de ne pas finir l’année sans adresser au Seigneur notre remerciement pour tous ses bienfaits. C’est en Dieu que doit prendre fin notre dernière heure, la dernière heure du temps et de l’histoire. Oublier cette fin de notre vie signifierait tomber dans le vide, vivre sans aucun sens. C’est pourquoi l’Église met sur nos lèvres l’hymne antique du Te Deum. C’est un hymne plein de la sagesse de nombreuses générations chrétiennes qui sentent le besoin d’orienter leur coeur vers le haut, conscientes que nous sommes tous entre les mains pleines de miséricorde du Seigneur.

« Te Deum laudamus ! ». C’est aussi ce que chante l’Église qui est à Rome, pour les merveilles que Dieu a opérées et opère en elle. Le coeur rempli de gratitude, nous nous disposons à franchir le seuil de l’an 2012, nous rappelant que le Seigneur veille sur nous et nous protège. C’est à lui que nous voulons confier, ce soir, le monde entier. Remettons entre ses mains les drames de notre monde et offrons-lui aussi nos espérances pour un avenir meilleur. Déposons ces voeux dans les mains de Marie, Mère de Dieu, Salus Populi Romani. Amen.




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