Benoît XVI Homélies 10112

MESSE EN LA SOLENNITÉ DE SAINTE MARIE MÈRE DE DIEU 1er janvier 2012

10112
XLVe JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX

Basilique Saint-Pierre

Dimanche 1er janvier 2012





Chers frères et soeurs,

En ce premier jour de l’année, la liturgie fait résonner dans toute l’Église disséminée dans le monde l’antique bénédiction sacerdotale, que nous avons écoutée dans la première Lecture : « Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il se penche vers toi ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix ! » (
Nb 6,24-26). Cette bénédiction fut confiée par Dieu, à travers Moïse, à Aaron et à ses fils, c’est-à-dire aux prêtres du peuple d’Israël. C’est un triple voeu plein de lumière, qui provient de la répétition du nom de Dieu, le Seigneur, et de l’image de son visage. En effet, pour être bénis, il faut demeurer en présence de Dieu, recevoir sur soi son Nom et rester dans le cône de lumière qui part de son visage, dans l’espace illuminé par son regard, qui répand grâce et paix.

C’est aussi l’expérience qu’ont fait les bergers de Bethléem, qui apparaissent encore dans l’Évangile d’aujourd’hui. Ils ont fait l’expérience de demeurer en présence de Dieu, de sa bénédiction, non pas dans la salle d’un palais majestueux, devant un grand souverain, mais dans une étable, devant un « nouveau-né couché dans une mangeoire » (Lc 2,16). C’est justement de cet enfant que rayonne une lumière nouvelle, qui resplendit dans l’obscurité de la nuit, comme nous pouvons le voir sur de nombreux tableaux qui représentent la Nativité du Christ. C’est de lui, désormais, que vient la bénédiction : de son nom – Jésus, qui signifie « Dieu sauve » – et de son visage humain, en qui Dieu, le tout-puissant Seigneur du ciel et de la terre, a voulu s’incarner, cacher sa gloire sous le voile de notre chair, pour nous révéler pleinement sa bonté (cf. Tt Tt 3,4).

La première à être comblée de cette bénédiction a été Marie, la vierge, épouse de Joseph, que Dieu a choisie dès le premier instant de son existence pour être la mère de son Fils fait homme. Elle est « bénie entre toutes les femmes » (Lc 1,42) – comme la salue sainte Élisabeth. Toute sa vie est dans la lumière du Seigneur, dans le rayon d’action du nom et du visage de Dieu incarné en Jésus, le « fruit béni de son sein ». C’est ainsi que nous la présente l’Évangile de Luc : retenant tous ces événements et méditant dans son coeur tout ce qui concernait son fils Jésus (cf. Lc Lc 2,19 Lc Lc 2,51). Le mystère de sa maternité divine, que nous célébrons aujourd’hui, renferme dans une mesure surabondante ce don de grâce que toute maternité humaine comporte, si bien que la fécondité du sein a toujours été associée à la bénédiction de Dieu. La Mère de Dieu est la première qui est bénie et elle est celle qui porte la bénédiction ; c’est la femme qui a accueilli Jésus en elle et qui lui a donné le jour pour toute la famille humaine. Comme prie la liturgie : « Gardant pour toujours la gloire de sa virginité, elle a donné au monde la lumière éternelle, Jésus Christ notre Seigneur » (Préface de la B. V. Marie 1).

Marie est mère et modèle de l’Église qui accueille dans la foi la Parole divine et s’offre à Dieu comme « bonne terre » en qui Il peut continuer à accomplir son mystère de salut. L’Église aussi participe au mystère de la maternité divine, à travers la prédication, qui répand dans le monde la semence de l’Évangile, et qui, à travers les sacrements, communiquent aux hommes la grâce et la vie divine. En particulier, dans le sacrement du Baptême, l’Église vit cette maternité, quand elle engendre les fils de Dieu de l’eau et de l’Esprit Saint, qui en chacun d’eux crie : « Abbà ! Père ! » (Ga 4,6). Comme Marie, l’Église est médiatrice de la bénédiction de Dieu pour le monde : elle la reçoit en accueillant Jésus et la transmet en portant Jésus. Il est lui la miséricorde et la paix que le monde ne peut se donner de lui-même et dont il a besoin toujours, comme et plus que du pain.

Chers amis, la paix, dans son sens le plus plein et le plus élevé, est la somme et la synthèse de toutes les bénédictions. C’est pourquoi, quand deux personnes amies se rencontrent, elles se saluent en se souhaitant mutuellement la paix. L’Église aussi, le premier jour de l’année, invoque de manière spéciale ce plus grand bien, et elle le fait, comme la Vierge Marie, en montrant à tous Jésus, car, comme l’affirme l’apôtre Paul, « il est notre paix » (Ep 2,14) et, en même temps, il est le « chemin » par lequel les hommes et les peuples peuvent atteindre ce but, auquel tous aspirent. Avec, dans le coeur, ce désir profond, je suis donc heureux de vous accueillir et de vous saluer vous tous, qui au cours de cette 45ème Journée Mondiale de la Paix, êtes réunis dans la Basilique Saint Pierre : Messieurs les Cardinaux ; les Ambassadeurs de nombreux pays amis, qui, plus que jamais, en cette heureuse circonstance, partagent avec moi et avec le Saint-Siège la volonté de renouveler leur engagement pour la promotion de la paix dans le monde ; le Président du Conseil pontifical ‘Justice et Paix’, qui, avec le Secrétaire et les collaborateurs, travaille de façon spéciale dans ce but ; les autres Prélats et Autorités présents ; les représentants d’Associations et Mouvements ecclésiaux et vous tous, frères et soeurs, en particulier ceux d’entre vous qui travaillent dans le domaine de l’éducation des jeunes. En effet – comme vous le savez – la perspective éducative est celle que j’ai indiquée dans mon Message cette année.

« Éduquer les jeunes à la justice et à la paix » est une tâche qui concerne toutes les générations, et, grâce à Dieu, la famille humaine, après les drames des deux grandes guerres mondiales, a montré qu’elle en était toujours plus consciente, comme l’attestent, d’une part, des déclarations et initiatives internationales et, de l’autre, l’affirmation parmi les jeunes eux-mêmes, ces dernières décennies, de nombreuses et différentes formes d’engagement social dans ce domaine. Pour la communauté ecclésiale, éduquer à la paix rentre dans la mission reçue du Christ, fait partie intégrante de l’évangélisation, car l’Évangile du Christ est aussi l’Évangile de la justice et de la paix. Toutefois, ces derniers temps, l’Église s’est fait l’interprète d’une exigence qui engage toutes les consciences plus sensibles et responsables vis-à-vis des destinées de l’humanité : l’exigence de relever un défi décisif qui est justement le défi éducatif. Pourquoi un « défi » ? Pour deux raisons au moins : en premier lieu, parce que dans l’ère actuelle, fortement marquée par la mentalité technologique, vouloir éduquer et non seulement instruire ne va pas de soi, mais est un choix ; en deuxième lieu, parce que la culture relativiste pose une question radicale : est-ce qu’éduquer a encore un sens ?, et ensuite éduquer à quoi ?

Naturellement nous ne pouvons pas affronter maintenant ces questions de fond, auxquelles j’ai cherché à répondre à d’autres occasions. Je voudrais par contre souligner que, face aux ombres qui obscurcissent aujourd’hui l’horizon du monde, assumer la responsabilité d’éduquer les jeunes à la connaissance de la vérité, aux valeurs et aux vertus fondamentales, signifie considérer l’avenir avec espérance. Dans cet engagement pour une éducation intégrale, entre aussi la formation à la justice et à la paix. Les jeunes, garçons et filles, d’aujourd’hui grandissent dans un monde qui est devenu, pour ainsi dire, plus petit, où les contacts entre les différentes cultures et traditions, même s’ils ne sont pas toujours directs, sont constants. Pour eux, aujourd’hui plus que jamais, il est indispensable d’apprendre la valeur et la méthode de la coexistence pacifique, du respect réciproque, du dialogue et de la compréhension. De par leur nature, les jeunes sont ouverts à ces attitudes, mais justement la réalité sociale dans laquelle ils grandissent peut les amener à penser et à agir à l’inverse, de manière même intolérante et violente. Seule une solide éducation de leur conscience peut les mettre à l’abri de ces risques et les rendre capables de lutter sans cesse, en comptant seulement sur la force de la vérité et du bien. Cette éducation part de la famille et se développe à l’école et durant les autres expériences de formation. Il s’agit essentiellement d’aider les tout-petits, les enfants, les adolescents, à développer une personnalité qui unisse un profond sens de la justice au respect de l’autre, à la capacité d’affronter les conflits sans autoritarisme, à la force intérieure de témoigner le bien même lorsque cela coûte sacrifice, au pardon et à la réconciliation. Ils pourront ainsi devenir des hommes et des femmes vraiment pacifiques et constructeurs de paix.

Dans cette action éducative à l’égard des nouvelles générations, une responsabilité particulière incombe aussi aux communautés religieuses. Tout itinéraire de formation religieuse authentique conduit la personne, dès son plus jeune âge, à connaître Dieu, à l’aimer et à faire sa volonté. Dieu est amour, il est juste et pacifique, et quiconque veut l’honorer doit avant tout se comporter comme un fils qui suit l’exemple de son père. Un psaume affirme : « Le Seigneur fait oeuvre de justice, il défend le droit des opprimés. (…) Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour » (Ps 103,6 Ps 103,8). En Dieu, justice et miséricorde cohabitent parfaitement, comme Jésus nous l’a démontré par le témoignage de sa vie. En Jésus, « amour et vérité » se sont rencontrées, « justice et paix » se sont embrassées (cf. Ps Ps 85,11). Ces jours-ci, l’Église célèbre le grand mystère de l’Incarnation : la vérité de Dieu a germé de la terre et, du ciel, s’est penchée la justice, la terre a donné son fruit (cf. Ps Ps 85,12 Ps Ps 85,13). Dieu nous a parlé en son Fils Jésus. Écoutons ce que dit Dieu : « il annonce la paix » (Ps 85,9). Jésus est un chemin praticable, ouvert à tous. Il est le chemin de la paix. Aujourd’hui la Vierge Mère nous l’indique, nous montre le chemin : suivons-la ! Et toi, Sainte Mère de Dieu, accompagne-nous de ta protection. Amen.



MESSE EN LA SOLENNITÉ DE L'ÉPIPHANIE DU SEIGNEUR Vendredi 6 janvier 2012

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Basilique Vaticane

Vendredi 6 janvier 2012





Chers Frères et Soeurs!

L’Épiphanie est une fête de la lumière. « Debout ! [Jérusalem] Rayonne ! Car voici ta lumière et sur toi se lève la gloire du Seigneur » (
Is 60,1). Avec ces paroles du prophète Isaïe, l’Église décrit le contenu de la fête. Oui, Il est venu dans le monde Celui qui est la vraie Lumière, Celui qui rend les hommes lumière. Il leur donne le pouvoir de devenir enfants de Dieu (cf. Jn 1,9 Jn 1,12). Le voyage des Mages d’Orient est pour la liturgie le début seulement d’une grande procession qui continue tout au long de l’histoire. Avec ces hommes commence le pèlerinage de l’humanité vers Jésus-Christ – vers ce Dieu qui est né dans une étable ; qui est mort sur la croix et qui depuis sa résurrection demeure avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde (cf. Mt Mt 28,20). L’Église lit le récit de l’Évangile de Matthieu avec celui de la vision du prophète Isaïe, que nous avons écouté dans la première lecture : le voyage de ces hommes est seulement un commencement. D’abord étaient venus les bergers – des âmes simples qui demeuraient au plus près du Dieu fait petit enfant et qui pouvaient aller vers Lui plus facilement (cf. Lc Lc 2,15) et Le reconnaître comme Seigneur. Mais maintenant, viennent aussi les sages de ce monde. Viennent les grands et les petits, les rois et les serviteurs, les hommes de toutes les cultures et de tous les peuples. Les hommes d’Orient sont les premiers, suivis par tant d’autres, tout au long des siècles. Après la grande vision d’Isaïe, la lecture tirée de la lettre aux Éphésiens exprime la même réalité d’une façon sobre et simple : les païens partagent le même héritage (cf. Ep Ep 3,6). Le Psaume 2 l’avait exprimé ainsi : « Je te donne les nations pour héritage et pour domaine les extrémités de la terre » (Ps 2,8).

Les Mages d’Orient précèdent. Ils inaugurent la marche des peuples vers le Christ. Durant cette Messe je confèrerai l’Ordination épiscopale à deux prêtres, je les consacrerai Pasteurs du peuple de Dieu. Selon les paroles de Jésus, précéder le troupeau fait partie de la charge du Pasteur (Jn 10,4). Donc, dans ces personnages qui comme les premiers païens trouvèrent le chemin vers le Christ, nous pouvons peut-être chercher – malgré toutes les différences de vocations ou de fonctions – des indications regardant la charge des Évêques. Quel genre d’hommes étaient-ils ? Les experts nous disent qu’ils appartenaient à la grande tradition de l’astronomie qui à travers les siècles s’était développée en Mésopotamie et y fleurissait encore. Cependant cette information seule ne suffit pas. Il y avait peut-être de nombreux astronomes dans la Babylone antique, mais seul ce petit nombre s’est mis en route et a suivi l’étoile en laquelle il avait reconnu l’étoile de la promesse, celle qui indique la route vers le vrai Roi et Sauveur. Ils étaient, pourrions-nous dire, des hommes de science, mais non seulement dans le sens où ils voulaient connaître beaucoup de choses : ils voulaient davantage. Ils voulaient comprendre ce qui compte dans l’être humain. Probablement avaient-ils entendu parler de la prophétie du prophète païen Balaam : « Un astre issu de Jacob devient chef et un sceptre se lève, issu d’Israël » (Nb 24,17). Ceux-ci approfondirent cette promesse. C’étaient des personnes au coeur inquiet, qui ne se contentaient pas de ce qui paraît et est habituel. C’étaient des hommes à la recherche de la promesse, à la recherche de Dieu. Et c’étaient des hommes attentifs, capables de percevoir les signes de Dieu, son langage discret et insistant. Mais c’étaient encore des hommes à la fois courageux et humbles : nous pouvons imaginer qu’ils durent supporter quelques moqueries parce qu’ils s’étaient mis en route vers le Roi des Juifs, affrontant pour cela beaucoup de fatigue. Pour eux, ce que pensait d’eux celui-ci ou celui-là ou encore les personnes influentes ou intelligentes, n’était pas déterminant. Pour eux, ce qui comptait était la vérité elle-même, et non l’opinion des hommes. Pour cela ils affrontèrent les renoncements et les fatigues d’un voyage long et incertain. Ce fut leur courage humble qui leur permit de pouvoir s’incliner devant le petit enfant de gens pauvres et de reconnaître en Lui le Roi promis dont la recherche et la reconnaissance avait été le but de leur cheminement extérieur et intérieur.

Chers amis, comment ne pas voir en tout cela quelques-uns des traits essentiels du ministère épiscopal ? L’Évêque lui aussi doit être un homme au coeur inquiet qui ne se contente pas des choses habituelles de ce monde, mais suit l’inquiétude de son coeur qui le pousse à s’approcher intérieurement toujours plus de Dieu, à chercher son Visage, à Le connaître toujours mieux, pour pouvoir l’aimer toujours plus. L’Évêque doit être lui aussi un homme au coeur vigilant qui perçoit le langage discret de Dieu et sait discerner le vrai de l’apparent. L’Évêque encore doit être rempli du courage de l’humilité, qui ne s’interroge pas sur ce que peut dire de lui l’opinion dominante, mais tire son critère de mesure de la vérité de Dieu, et pour elle s’engage « opportune – importune » à temps et à contre-temps. Il doit être capable d’ouvrir et d’indiquer la route. Il doit marcher en avant, suivant Celui qui nous a tous précédés, parce qu’il est le vrai Pasteur, l’étoile véritable de la promesse : Jésus-Christ. Et il doit avoir l’humilité de s’incliner devant ce Dieu qui s’est rendu si concret et si simple qu’il contredit notre stupide orgueil, qui ne veut pas voir Dieu aussi proche et aussi petit. Il doit vivre l’adoration du Fils de Dieu fait homme, adoration qui lui indique toujours à nouveau la route.

La liturgie de l’Ordination épiscopale interprète l’essentiel de ce ministère en huit questions posées aux candidats à l’ordination, qui commencent toujours par la parole : « Vultis ? – Voulez-vous ? ». Les questions orientent la volonté et lui indiquent la route à prendre. Je voudrais ici mentionner brièvement quelques unes des paroles-clés d’une telle orientation, dans lesquelles se concrétise ce sur quoi nous avons réfléchi peu auparavant à partir des Mages de la fête d’aujourd’hui. La charge des Évêques est de « predicare Evangelium Christi », « custodire » et « dirigere », « pauperibus se misericordes praebere », « indesinenter orare ». Annoncer l’Évangile de Jésus-Christ, précéder et conduire, garder le patrimoine sacré de notre foi, la miséricorde et la charité envers les plus nécessiteux et les pauvres en qui se reflète l’amour miséricordieux de Dieu pour nous et, pour finir, la prière continue sont des caractéristiques fondamentales du ministère épiscopal. La prière continue qui signifie ne jamais perdre contact avec Dieu, se laisser toujours toucher par Lui dans l’intime de notre coeur et être ainsi envahis par sa lumière. Seul celui qui connaît Dieu personnellement peut guider les autres vers Dieu. Seul celui qui guide les hommes vers Dieu, les guide sur le chemin de la vie.

Le coeur inquiet, dont nous avons parlé en nous reportant à saint Augustin, est le coeur qui, en fin de compte, ne se contente de rien de moins que de Dieu et, précisément ainsi, devient un coeur qui aime. Notre coeur est inquiet à l’égard de Dieu et il le reste, même si aujourd’hui on s’efforce, avec des « narcotiques » très efficaces, de libérer l’homme de cette inquiétude. Toutefois, ce n’est pas seulement nous, les êtres humains, qui sommes inquiets par rapport à Dieu. Le coeur de Dieu est inquiet pour l’homme. Dieu nous attend. Il nous cherche. Il n’est pas tranquille lui non plus tant qu’il ne nous a pas trouvés. Le coeur de Dieu est inquiet, et c’est pour cela qu’il s’est mis en chemin vers nous – vers Bethléem, vers le Calvaire, de Jérusalem à la Galilée et jusqu’aux confins du monde. Dieu est inquiet à notre égard, il est à la recherche de personnes qui se laissent gagner par son inquiétude, par sa passion pour nous. De personnes qui portent en elles la recherche qui est dans leur coeur et, en même temps, qui se laissent toucher dans leur coeur par la recherche de Dieu à notre égard. Chers amis, c’est la tâche des Apôtres d’accueillir l’inquiétude de Dieu à l’égard de l’homme et de porter Dieu lui-même aux hommes. Et c’est votre tâche sur les pas des Apôtres de vous laisser toucher par l’inquiétude de Dieu afin que le désir de Dieu à l’égard de l’homme puisse être satisfait.

Les Mages ont suivi l’étoile. À travers le langage de la création, ils ont trouvé le Dieu de l’histoire. Certes, le langage de la création à lui-seul ne suffit pas. Seule la Parole de Dieu, que nous rencontrons dans la Sainte Écriture, pouvait leur indiquer de façon définitive la route. Création et Écriture, raison et foi doivent coexister pour nous conduire au Dieu vivant. On a beaucoup discuté sur le genre d’étoile qu’était celle qui avait guidé les Mages. On pense à une conjonction de planètes, à une Super nova, c’est-à-dire à une de ces étoiles au départ très faible en qui une explosion interne libère pendant un certain temps une immense splendeur, à une comète, etc. Que les savants continuent de discuter ! La grande étoile, la véritable Super nova qui nous guide, c’est le Christ lui-même. Il est, pour ainsi dire, l’explosion de l’amour de Dieu, qui fait resplendir sur le monde le grand éclat de son coeur. Et nous pouvons ajouter : les Mages d’Orient dont parle l’Évangile d’aujourd’hui, de même que les saints en général, sont devenus eux-mêmes petit à petit des constellations de Dieu, qui nous indiquent la route. En toutes ces personnes, le contact avec la Parole de Dieu a, pour ainsi dire, provoqué une explosion de lumière, à travers laquelle la splendeur de Dieu illumine notre monde et nous indique la route. Les saints sont des étoiles de Dieu, par lesquelles nous nous laissons guider vers Celui auquel notre coeur aspire. Chers amis, vous avez suivi l’étoile Jésus Christ, quand vous avez dit votre « oui » au sacerdoce et au ministère épiscopal. Et des étoiles mineures ont certainement brillé aussi pour vous, vous aidant à ne pas perdre la route. Dans les litanies des Saints, nous invoquons toutes ces étoiles de Dieu, afin qu’elles brillent toujours à nouveau pour vous et vous indiquent la route. En étant ordonnés Évêques, vous êtes appelés à être vous aussi étoiles de Dieu pour les hommes, à les guider sur la route vers la véritable lumière, vers le Christ. Prions donc à présent tous les Saints afin que vous puissiez toujours accomplir votre tâche et montrer aux hommes la lumière de Dieu. Amen



FÊTE DU BAPTÊME DU SEIGNEUR - MESSE ET BAPTÊME DE NOUVEAUX-NÉS 8 janvier 2012

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Chapelle Sixtine

Dimanche 8 janvier 2012





Chers frères et soeurs !

C’est toujours une joie de célébrer cette Messe pendant laquelle ont lieu les baptêmes des enfants, en la fête du Baptême du Seigneur. Je vous salue tous avec affection, chers parents, parrains et marraines, ainsi que vous tous parents et amis ! Vous êtes venus — vous l’avez dit à haute voix — afin que vos enfants nouveau-nés reçoivent le don de la grâce de Dieu, la semence de la vie éternelle. Vous, parents, avez voulu cela. Vous avez pensé au baptême avant encore que votre petit garçon ou votre petite fille ne vienne au monde. Votre responsabilité de parents chrétiens vous a fait penser immédiatement au sacrement qui marque l’entrée dans la vie divine, dans la communauté de l’Eglise. Nous pouvons dire que cela a été votre premier choix éducatif comme témoins de la foi envers vos enfants : le choix est fondamental !

La tâche des parents, aidés par le parrain et par la marraine, est celle d’éduquer son fils ou sa fille. Eduquer requiert un grand engagement, cela est parfois difficile pour nos capacités humaines, toujours limitées. Mais éduquer devient une mission merveilleuse si on l’accomplit en collaboration avec Dieu, qui est le premier et véritable éducateur de chaque homme.

Dans la première lecture que nous avons écoutée, tirée du livre du prophète Isaïe, Dieu s’adresse à son peuple précisément comme un éducateur. Il met en garde les Israélites contre le danger de chercher à étancher sa soif et à se nourrir à des sources erronées : « Pourquoi — dit-il — dépenser de l'argent pour autre chose que du pain, et ce que vous avez gagné, pour ce qui ne rassasie pas ? » (
Is 55,2). Dieu veut nous donner de bonnes choses à boire et à manger, des choses qui nous font du bien ; alors que parfois, nous utilisons mal nos ressources, nous les utilisons pour des choses qui ne servent pas, et qui sont même au contraire nocives. Dieu veut en particulier nous donner sa Personne et sa Parole : il sait qu’en nous éloignant de Lui, nous nous trouverions très vite en difficulté, comme le fils prodigue de la parabole, et surtout, nous perdrions notre dignité humaine. Et c’est pour cela qu’il nous assure qu’Il est la miséricorde infinie, que ses pensées et ses voies ne sont pas comme les nôtres — heureusement pour nous ! — et que nous pouvons toujours revenir à Lui, à la maison du Père. Il nous assure ensuite que si nous accueillons sa Parole, celle-ci portera de bons fruits dans notre vie, comme la pluie qui irrigue la terre (cf. Is Is 55,10-11).

A cette parole que le Seigneur nous a adressée à travers le prophète Isaïe, nous avons répondu avec le refrain du Psaume : « Nous puiserons avec joie aux sources du salut ». En tant que personnes adultes, nous nous sommes engagés à puiser à de bonnes sources, pour notre bien et pour celui de ceux qui sont confiés à notre responsabilité, en particulier vous, chers parents, parrains et marraines, pour le bien de ces enfants. Et quelles sont « les sources du salut » ? Ce sont la Parole de Dieu et les sacrements. Les adultes sont les premiers à devoir se nourrir à ces sources, pour pouvoir guider les plus jeunes dans leur croissance. Les parents doivent beaucoup donner, mais pour pouvoir donner, ils ont à leur tour besoin de recevoir, autrement ils se vident, ils s’assèchent. Les parents ne sont pas la source, de même que nous, prêtres, ne sommes pas la source: nous sommes plutôt comme des canaux, à travers lesquels doit couler la sève vitale de l’amour de Dieu. Si nous nous détachons de la source, nous sommes les premiers à en ressentir les effets négatifs et nous ne sommes plus en mesure d’éduquer les autres. C’est pourquoi nous nous sommes engagés en disant : « Nous puiserons avec joie aux sources du salut ».

Et venons-en à présent à la deuxième lecture et à l’Evangile. Ces derniers nous disent que la première et principale éducation a lieu à travers le témoignage. L’Evangile nous parle de Jean le Baptiste. Jean a été un grand éducateur de ses disciples, car il les a conduits à la rencontre de Jésus, auquel il a rendu témoignage. Il ne s’est pas exalté lui-même, il n’a pas voulu garder les disciples liés à lui. Et pourtant, Jean était un grand prophète, sa renommée était très grande. Lorsque Jésus est arrivé, il s’est retiré et c’est Lui qu’il a indiqué : « Vient derrière moi celui qui est plus fort que moi [...] Moi, je vous ai baptisés avec de l'eau, mais lui vous baptisera avec l'Esprit Saint » (Mc 1,7-8). Le véritable éducateur ne lie pas les personnes à lui, il n’est pas possessif. Il veut que son fils ou son disciple apprenne à connaître la vérité, et établisse avec celle-ci une relation personnelle. L’éducateur accomplit son devoir jusqu’au bout, il ne fait pas manquer sa présence attentive et fidèle ; mais son objectif est que celui qu’il éduque écoute la voix de la vérité parler à son coeur et la suive le long d’un chemin personnel.

Revenons encore au témoignage. Dans la deuxième lecture, l’apôtre Jean écrit : « C'est l'Esprit qui rend témoignage » (1Jn 5,6). Il se réfère à l’Esprit Saint, l’Esprit de Dieu, qui rend témoignage à Jésus, en attestant qu’il est le Christ, le Fils de Dieu. On le voit également dans la scène du Baptême dans le fleuve Jourdain : l’Esprit Saint descend sur Jésus comme une colombe pour lui révéler qu’Il est le Fils unique du Père éternel (cf. Mc Mc 1,10). Jean souligne également cet aspect dans son Evangile, là où Jésus dit aux disciples : « Lorsque viendra le Paraclet, que je vous enverrai d'auprès du Père, l'Esprit de vérité, qui vient du Père, il me rendra témoignage. Mais vous aussi, vous témoignerez, parce que vous êtes avec moi depuis le commencement » (Jn 15,26-27). Cela est pour nous un grand réconfort dans l’engagement d’éduquer à la foi, car nous savons que nous ne sommes pas seuls et que notre témoignage est soutenu par l’Esprit Saint.

Il est très important pour vous parents, et également pour les parrains et les marraines, de croire fortement dans la présence et dans l’action de l’Esprit Saint, de l’invoquer et de l’accueillir en vous, à travers la prière et sacrements. C’est Lui, en effet, qui illumine l’esprit, qui réchauffe le coeur de l’éducateur pour qu’il sache transmettre la connaissance et l’amour de Jésus. La prière est la première condition pour éduquer, car en priant, nous nous mettons dans la disposition de laisser à Dieu l’initiative, de Lui confier nos enfants, à Lui qui les connaît avant nous et mieux que nous, et qui sait parfaitement quel est leur bien véritable. Et, dans le même temps, quand nous prions, nous nous mettons à l’écoute des inspirations de Dieu pour bien accomplir notre part, qui nous revient quoi qu’il en soit et que nous devons réaliser. Les sacrements, en particulier l’Eucharistie et la Pénitence, nous permettent d’accomplir l’action éducative en union avec le Christ, en communion avec Lui et en étant sans cesse renouvelés par son pardon. La prière et les sacrements nous permettent d’obtenir cette lumière de vérité, grâce à laquelle nous pouvons être dans le même temps tendres et forts, faire usage de douceur et de fermeté, nous taire et parler lorsqu’il le faut, faire des remontrances et corriger de la juste manière.

Chers amis, invoquons donc tous ensemble l’Esprit Saint, afin qu’il descende en abondance sur ces enfants, qu’il les consacre à l’image de Jésus Christ, et qu’il les accompagne toujours sur le chemin de leur vie. Nous les confions à la direction maternelle de la Très Sainte Vierge, afin qu’ils grandissent en âge, en sagesse et en grâce et qu’ils deviennent de véritables chrétiens, témoins fidèles et joyeux de l’amour de Dieu. Amen.



VÊPRES EN CONCLUSION DE LA SEMAINE DE PRIÈRE POUR L'UNITÉ DES CHRÉTIENS 25 janv. 2012

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Fête de la Conversion de saint Paul Apôtre
Basilique Saint-Paul-hors-les-murs
Mercredi 25 janvier 2012


Chers frères et soeurs !

C’est avec une grande joie que j’adresse mes salutations chaleureuses à vous tous qui êtes réunis dans cette Basilique en la fête liturgique de la conversion de saint Paul, pour conclure la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, en cette année au cours de laquelle nous célébrerons le cinquantième anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II, que le bienheureux Jean XXIII annonça précisément dans cette basilique le 25 janvier 1959. Le thème offert à notre méditation au cours de la Semaine de prière que nous concluons aujourd’hui est : « Tous, nous serons transformés par la victoire de Jésus Christ, notre Seigneur » (cf.
1Co 15,51-58).

La signification de cette mystérieuse transformation, dont nous parle la seconde lecture brève de ce soir, nous est merveilleusement indiquée par l’expérience personnelle de saint Paul. Suite à l’événement extraordinaire sur le chemin de Damas, Saul, qui se distinguait par le zèle avec lequel il persécutait l’Eglise naissante, fut transformé en un inlassable apôtre de l’Evangile de Jésus Christ. Dans l’expérience de cet extraordinaire évangélisateur apparaît clairement que cette transformation n’est pas le résultat d’une longue réflexion intérieure ni même le fruit d’un effort personnel. Elle est avant tout l’oeuvre de la grâce de Dieu qui a agi selon ses voies impénétrables. C’est pour cette raison que Paul, en écrivant à la communauté de Corinthe quelques années après sa conversion, affirme, comme nous l’avons entendu lors de la première lecture de ces Vêpres : « C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis, et sa grâce à mon égard n’a pas été stérile » (1Co 15,10). Par ailleurs, si l’on considère attentivement l’expérience de saint Paul, on comprend que la transformation qu’il a connue dans son existence ne se limite pas au plan éthique — comme conversion de l’immoralité à la moralité —, ni au plan intellectuel — comme changement de sa façon de comprendre la réalité —, mais il s’agit plutôt d’un renouveau radical de son être, semblable par bien des aspects à une renaissance. Une telle transformation trouve son fondement dans la participation au mystère de la Mort et de la Résurrection de Jésus Christ, et se présente comme un chemin graduel de configuration à Lui. A la lumière de cette conscience, saint Paul, lorsque par la suite, il sera appelé à défendre la légitimité de sa vocation apostolique et de l’Evangile qu’il annonce, dira : « Et ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi. Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi » (Ga 2,20).

L’expérience personnelle vécue par saint Paul lui permet d’attendre avec une espérance fondée l’accomplissement de ce mystère de transformation, qui concernera tous ceux qui ont cru en Jésus Christ ainsi que toute l’humanité et la création tout entière. Dans la seconde brève lecture qui a été proclamée ce soir, saint Paul, après avoir développé une longue argumentation destinée à renforcer chez les fidèles l’espérance de la résurrection, en utilisant les images traditionnelles de la littérature apocalyptique de son époque, décrit en quelques lignes le grand jour du jugement dernier, où s’accomplit le destin de l’humanité : « En un instant, en un clin d’oeil, au son de la trompette finale... les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons transformés » (1Co 15,52). Ce jour-là, tous les croyants seront rendus conformes au Christ et tout ce qui est corruptible sera transformé par sa gloire : « Il faut, en effet — dit saint Paul —, que cet être corruptible revête l’incorruptibilité, que cet être mortel revête l’immortalité » (v. 53). Alors le triomphe du Christ sera finalement complet, parce que, nous dit encore saint Paul en montrant que les anciennes prophéties des Ecritures se réalisent, la mort sera vaincue définitivement et, avec elle, le péché qui l’a faite entrer dans le monde et la Loi qui fixe le péché sans donner la force de le vaincre : « La mort a été engloutie dans la victoire. / Où est-elle, ô mort, ta victoire ? / Où est-il, ô mort, ton aiguillon ? / L’aiguillon de la mort, c’est le péché, et la force du péché, c’est la Loi » (vv. 54-56). Saint Paul nous dit donc que chaque homme, à travers le baptême dans la mort et la résurrection du Christ, participe à la victoire de Celui qui le premier a vaincu la mort, en entamant un chemin de transformation qui se manifeste dès lors dans une nouveauté de vie et qui atteindra sa plénitude à la fin des temps.

Il est très significatif que le texte se conclue par une action de grâce : « Mais grâces soient à Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ ! » (v. 57). Le chant de victoire sur la mort se transforme en chant de gratitude élevé au Vainqueur. Nous aussi ce soir, en célébrant les louanges vespérales de Dieu, nous voulons unir nos voix, nos esprits et nos coeurs à cet hymne d’action de grâce pour ce que la grâce divine a opéré dans l’Apôtre des nations et pour le merveilleux dessein salvifique que Dieu le Père accomplit en nous au moyen du Seigneur Jésus Christ. Tandis que nous élevons notre prière, nous sommes convaincus que nous serons transformés nous aussi et configurés à l’image du Christ. Cela est particulièrement vrai dans la prière pour l’unité des chrétiens. En effet, lorsque nous implorons le don de l’unité des disciples du Christ, nous faisons nôtre le souhait exprimé par Jésus Christ à la veille de sa passion et de sa mort dans la prière adressée au Père : « Afin que tous soient un » (Jn 17,21). C’est pour cette raison que la prière pour l’unité des chrétiens n’est rien d’autre que la participation à la réalisation du projet divin pour l’Eglise, et l’engagement actif pour le rétablissement de l’unité est un devoir et une grande responsabilité pour tous.

Bien que faisant l’expérience à notre époque de la situation douloureuse de la division, nous chrétiens pouvons et devons regarder vers l’avenir avec espérance, car la victoire du Christ signifie le dépassement de tout ce qui nous empêche de partager la plénitude de la vie avec Lui et avec les autres. La résurrection de Jésus Christ confirme que la bonté de Dieu l’emporte sur le mal, l’amour va au-delà de la mort. Il nous accompagne dans la lutte contre la force destructrice du péché qui entâche l’humanité et la création de Dieu tout entière. La présence du Christ ressuscité nous appelle tous, en tant que chrétiens, à agir ensemble pour la cause du bien. Unis dans le Christ, nous sommes appelés à partager sa mission, qui est celle d’apporter l’espérance là où dominent l’injustice, la haine et le désespoir. Nos divisions rendent notre témoignage au Christ moins lumineux. L’objectif de la pleine unité que nous attendons dans une espérance active et pour laquelle nous prions avec confiance, n’est pas une victoire secondaire, mais elle est importante pour la famille humaine.

Dans la culture aujourd’hui dominante, l’idée de victoire est souvent associée à un succès immédiat. Dans l’optique chrétienne, en revanche, la victoire est un long processus de transformation et de croissance dans le bien qui, à nos yeux d’hommes, n’apparaît pas toujours linéaire. Celle-ci arrive selon les temps de Dieu, et non les nôtres, et exige de nous une foi profonde et une persévérance patiente. Bien que le Royaume de Dieu fasse définitivement irruption dans l’histoire avec la résurrection de Jésus, celui-ci n’est pas encore pleinement réalisé. La victoire finale adviendra uniquement avec la seconde venue du Seigneur, que nous attendons avec une espérance patiente. Notre attente pour l’unité visible de l’Eglise doit elle aussi être patiente et confiante. C’est uniquement dans de telles dispositions que trouvent tout leur sens notre prière et notre engagement quotidien pour l’unité des chrétiens. L’attitude d’attente patiente ne signifie pas passivité ou résignation, mais une réponse prompte et attentive à toute possibilité de communion et de fraternité, que le Seigneur nous donne.

Dans ce climat spirituel, je voudrais adresser des saluts particuliers, en premier lieu au cardinal Monterisi, archiprêtre de cette basilique, à l’abbé et à la communauté des moines bénédictins qui nous accueillent. Je salue le cardinal Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, et tous les collaborateurs de ce dicastère. J’adresse mes salutations cordiales et fraternelles à Son Eminence le métropolite Gennadios, représentant le patriarcat oecuménique, et au révérend chanoine Richardson, représentant personnel à Rome de l’archevêque de Canterbury, et à tous les représentants des diverses Eglises et communautés ecclésiales, réunis ici ce soir. En outre, je suis particulièrement heureux de saluer plusieurs membres du Groupe de travail composé de représentants de diverses Eglises et communautés ecclésiales présentes en Pologne, qui ont préparé les documents de travail pour la Semaine de prière de cette année, auxquels je voudrais exprimer ma gratitude et mes meilleurs voeux en vue de poursuivre sur le chemin de la réconciliation et d’une fructueuse collaboration, ainsi que les membres du Global Christian Forum qui sont à Rome ces jours-ci pour réfléchir sur l’élargissement de la participation au mouvement oecuménique de nouveaux sujets. Et je salue aussi le groupe d’étudiants de l’Institut oecuménique de Bossey du Conseil oecuménique des Eglises.

Je souhaite confier à l’intercession de saint Paul tous ceux qui, par leur prière et leur engagement, travaillent pour la cause de l’unité des chrétiens. Même si on peut parfois avoir l’impression que le chemin vers le plein rétablissement de la communion est encore très long et pavé d’obstacles, j’invite tous à renouveler leur détermination à poursuivre, avec courage et générosité, l’unité qui est volonté de Dieu, en suivant l’exemple de saint Paul qui, devant les difficultés en tout genre, a conservé toujours ferme la confiance en Dieu qui conduit à l’accomplissement de son oeuvre. D’ailleurs, sur ce chemin, ne manquent pas les signes positifs d’une fraternité renouvelée et d’un sens partagé de responsabilité face aux grandes problématiques qui affligent notre monde. Tout cela est un motif de joie et de grande espérance et doit nous encourager à poursuivre notre engagement pour parvenir tous ensemble à l’objectif final, en sachant que nos efforts ne sont pas vains dans le Seigneur (cf. 1Co 15,58). Amen.




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