Benoît XVI Homélies 21111


PREMIÈRES VÊPRES DE L'AVENT Basilique vaticane - Samedi 27 novembre 2010

27111

Chers frères et soeurs,

Avec cette célébration des Vêpres, le Seigneur nous donne la grâce et la joie d’inaugurer la Nouvelle Année liturgique à partir de sa première étape: l’Avent, la période qui fait mémoire de la venue de Dieu parmi nous. Chaque début comporte une grâce particulière, car il est béni par le Seigneur. Au cours de cet Avent, il nous sera donné, une fois de plus, de faire l’expérience de la proximité de Celui qui a créé le monde, qui oriente l’histoire et qui a pris soin de nous jusqu’à arriver au sommet de sa complaisance: en se faisant homme. C’est précisément le grand et fascinant mystère du Dieu avec nous, et même du Dieu qui se fait l’un de nous, que nous célébrerons au cours des prochaines semaines, en nous mettant en marche vers Noël. Au cours du temps de l’Avent, nous sentirons l’Eglise nous prendre par la main et, à l’image de la Très Sainte Vierge Marie, nous exprimer sa maternité en nous faisant faire l’expérience de l’attente joyeuse de la venue du Seigneur, qui nous embrasse tous dans son amour qui sauve et réconforte.

Tandis que nos coeurs tendent vers la célébration annuelle de la naissance du Christ, la liturgie de l’Eglise oriente notre regard vers le but ultime: la rencontre avec le Seigneur, qui viendra dans la splendeur de la gloire. C’est pourquoi, nous qui, dans chaque Eucharistie, «annonçons sa mort, proclamons sa résurrection dans l’attente de sa venue», nous veillons dans la prière. La liturgie ne se lasse jamais de nous encourager et de nous soutenir, en plaçant sur nos lèvres, au cours des jours de l’Avent, le cri par lequel se conclut toute la Sainte Ecriture, dans la dernière page de l’Apocalypse de Jean: «Viens, Seigneur Jésus!» (
Ap 22,20).

Chers frères et soeurs, notre rassemblement ce soir en vue de commencer le chemin de l’Avent s’enrichit d’un autre motif important: avec toute l’Eglise, nous voulons célébrer solennellement une veillée de prière pour la vie naissante. Je désire exprimer mes remerciements à tous ceux qui ont répondu à cette invitation et à ceux qui se consacrent de façon spécifique à accueillir et à protéger la vie humaine dans ses diverses situations de fragilité, en particulier à ses débuts et dans ses premiers pas. Le début de l’Année liturgique nous fait vivre précisément à nouveau l’attente de Dieu qui se fait chair dans le sein de la Vierge Marie, de Dieu qui se fait petit, devient enfant; il nous parle de la venue d’un Dieu proche, qui a voulu reparcourir la vie de l’homme, depuis ses débuts, et ce pour la sauver totalement, en plénitude. Et ainsi, le mystère de l’Incarnation du Seigneur et le début de la vie humaine sont intimement et harmonieusement liés entre eux au sein de l’unique dessein salvifique de Dieu, Seigneur de la vie de tous et de chacun. L’Incarnation nous révèle avec une lumière intense et de façon surprenante que chaque vie humaine possède une dignité très élevée, incomparable.

L’homme présente une originalité indéniable par rapport à tous les autres êtres vivants qui peuplent la terre. Il se présente comme sujet unique et singulier, doté d’intelligence et de volonté libre, et composé de réalité matérielle. Il vit de façon simultanée et indissociable dans la dimension spirituelle et dans la dimension corporelle. C’est ce que suggère également le texte de la Première Lettre aux Thessaloniciens, qui a été proclamée: «Que le Dieu de la paix lui-même — écrit saint Paul — vous sanctifie totalement, et que votre être entier, l'esprit, l'âme et le corps, soit gardé sans reproche à l'Avènement de notre Seigneur Jésus Christ» (1Th 5,23). Nous sommes donc esprit, âme et corps. Nous faisons partie de ce monde, liés aux possibilités et aux limites de la condition matérielle; dans le même temps, nous sommes ouverts à un horizon infini, capables de dialoguer avec Dieu et de l’accueillir en nous. Nous oeuvrons dans les réalités terrestres et à travers elles, nous pouvons percevoir la présence de Dieu et tendre vers Lui, vérité, bonté et beauté absolue. Nous goûtons des fragments de vie et de bonheur et nous aspirons à la plénitude totale.

Dieu nous aime de façon profonde, totale, sans distinction; il nous appelle à l’amitié avec Lui; il nous fait participer à une réalité au delà de toute imagination et de toute pensée et parole: sa vie divine elle-même. Avec émotion et gratitude, nous prenons conscience de la valeur, de la dignité incomparable de toute personne humaine et de la responsabilité que nous avons envers tous. «Nouvel Adam, le Christ, dans la révélation même du mystère du Père et de son amour, manifeste pleinement l’homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation... par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme» (Const. Gaudium et spes GS 22).

Croire en Jésus Christ exige également de porter un regard nouveau sur l’homme, un regard de confiance, d’espérance. Du reste, l’expérience même et la juste raison attestent que l’être humain est un sujet capable d’entendre et de vouloir, conscient de lui-même et libre, unique et irremplaçable, sommet de toutes les réalités terrestres, qui exige d’être reconnu comme valeur en lui-même et mérite toujours d’être accueilli avec respect et amour. Il a le droit de ne pas être traité comme un objet à posséder ou comme une chose que l’on peut manipuler selon son bon vouloir, de ne pas être réduit à un simple instrument au bénéfice des autres et de leurs intérêts. La personne est un bien en elle-même et il faut toujours rechercher son développement intégral. Ensuite, l’amour envers tous, s’il est sincère, tend spontanément à devenir une attention préférentielle pour les plus pauvres et les plus faibles. C’est dans cette optique que s’inscrit la sollicitude de l’Eglise pour la vie naissante, la plus fragile, la plus menacée par l’égoïsme des adultes et par l’obscurcissement des consciences. L’Eglise réaffirme sans cesse ce qu’a déclaré le Concile Vatican II: «La vie, une fois conçue, doit être protégée avec le plus grand soin» (ibid., GS 51).

Il existe des tendances culturelles qui cherchent à anesthésier les consciences par des motivations qui sont des prétextes. A propos de l’embryon dans le sein maternel, la science elle-même met en évidence son autonomie capable d’interagir avec sa mère, la coordination de processus biologiques, la continuité du développement, la complexité croissante de l’organisme. Il ne s’agit pas d’une accumulation de matériel biologique, mais d’un nouvel être vivant, dynamique et merveilleusement ordonné, un nouvel individu de l’espèce humaine. Il en a été ainsi pour Jésus dans le sein de Marie; il en a été ainsi pour chacun de nous, dans le sein de sa mère. Avec l’antique auteur chrétien Tertullien, nous pouvons affirmer: «Il est déjà un homme celui qui le sera» (Apologétique, IX, 8); il n’y a aucune raison de ne pas le considérer comme une personne dès sa conception.

Malheureusement, après la naissance également, la vie des enfants continue à être exposée à l’abandon, à la faim, à la misère, à la maladie, aux abus, à la violence, à l’exploitation. Les multiples violations de leurs droits qui sont commises dans le monde blessent douloureusement la conscience de chaque homme de bonne volonté. Devant le triste panorama des injustices commises contre la vie de l’homme, avant et après la naissance, je fais mien l’appel passionné du Pape Jean-Paul II à la responsabilité de tous et de chacun: «Respecte, défends, aime et sers la vie, toute la vie humaine! C’est seulement sur cette voie que tu trouveras la justice, le développement, la liberté véritable, la paix et le bonheur!» (Enc. Evangelium vitae, EV 5). J’exhorte les acteurs de la politique, de l’économie et de la communication sociale à faire ce qui est en leur pouvoir, pour promouvoir une culture toujours respectueuse de la vie humaine, pour créer des conditions favorables et des réseaux de soutien à l’accueil et au développement de celle-ci.

Nous confions à la Vierge Marie, qui a accueilli le Fils de Dieu fait homme par sa foi, dans son sein maternel, avec une sollicitude prévenante, en l’accompagnant de façon solidaire et vibrante d’amour, la prière et l’engagement en faveur de la vie naissante. Nous le faisons dans la liturgie — qui est le lieu où nous vivons la vérité et où la vérité vit avec nous — en adorant la divine Eucharistie, dans laquelle nous contemplons le Corps du Christ, ce Corps qui s’incarna en Marie par l’oeuvre de l’Esprit Saint, et qui naquit d’elle à Bethléem, pour notre salut. Ave, verum corpus, natum de Maria Virgine!





VISITE PASTORALE À LA PAROISSE SAINT-MAXIMILIEN KOLBE À TORRE ANGELA III Dimanche de l'Avent, 12 décembre 2010

12120
Chers frères et soeurs de la paroisse Saint-Maximilien Kolbe! Vivez de manière engagée le chemin personnel et communautaire à la suite du Seigneur. L’Avent est une puissante invitation pour tous à laisser entrer toujours davantage Dieu dans notre vie, dans nos maisons, dans nos quartiers, dans nos communautés, pour avoir une lumière parmi les nombreuses ombres, les multiples difficultés de chaque jour. Chers amis! Je suis très content de me trouver parmi vous, aujourd’hui, pour célébrer le jour du Seigneur, le troisième dimanche de l’Avent, dimanche de la joie. Je salue cordialement le cardinal-vicaire, l’évêque auxiliaire du secteur, votre curé, que je remercie des paroles qu’il m’a adressées en votre nom à tous, et le vicaire paroissial. Je salue ceux qui sont actifs dans le cadre de la paroisse: les catéchistes, les membres des divers groupes, ainsi que les nombreux adhérents au chemin néocatéchuménal. J’apprécie beaucoup votre choix de laisser place à l’adoration eucharistique, et je vous remercie des prières que vous élevez pour moi devant le Très Saint Sacrement. Je voudrais englober dans ma pensée tous les habitants du quartier, en particulier les personnes âgées, les malades, les personnes seules et en difficulté. Nous prierons pour tous et chacun au cours de cette Messe.

J’admire avec vous cette nouvelle église et les édifices paroissiaux et, à travers ma présence, je désire vous encourager à réaliser toujours mieux cette Eglise de pierres vivantes que vous-mêmes constituez. Je connais les nombreuses et significatives oeuvres d’évangélisation que vous accomplissez. J’exhorte tous les fidèles à apporter leur propre contribution à l’édification de la communauté, en particulier dans le domaine de la catéchèse, de la liturgie et de la charité — piliers de la vie chrétienne — en communion avec tout le diocèse de Rome. Aucune communauté ne peut vivre comme une cellule isolée du contexte diocésain; elle doit être en revanche l’expression vivante de la beauté de l’Eglise qui, sous la direction de l’évêque — et, dans la paroisse, sous la direction du curé qui en assume les fonctions —, marche en communion vers le Royaume de Dieu. J’adresse une pensée particulière aux familles, en les accompagnant du voeu que celles-ci puissent pleinement réaliser leur vocation à l’amour avec générosité et persévérance. Même lorsque des difficultés se présentent dans la vie conjugale et dans les relations avec les enfants, les époux ne doivent jamais cesser de rester fidèles à ce «oui» fondamental qu’ils ont prononcé devant Dieu et réciproquement le jour de leur mariage, en se rappelant que la fidélité à leur vocation exige du courage, de la générosité et du sacrifice.

Votre communauté comprend en son sein de nombreuses familles venues de l’Italie centrale et méridionale à la recherche de travail et de meilleures conditions de vie. Au fil du temps, la communauté a grandi et s’est en partie transformée, avec l’arrivée de nombreuses personnes des pays de l’Est européen et d’autres pays. Précisément à partir de cette situation concrète de la paroisse, efforcez-vous de croître toujours davantage dans la communion avec tous: il est important de créer des occasions de dialogue et de favoriser la compréhension réciproque entre personnes provenant de cultures, de modèles de vie et de conditions sociales différentes. Mais il faut surtout chercher à les faire participer à la vie chrétienne, à travers une pastorale attentive aux besoins réels de chacun. Ici, comme dans chaque paroisse, il faut partir des «voisins» pour parvenir jusqu’aux personnes les plus «éloignées», pour apporter une présence évangélique dans les milieux de vie et de travail. Tous doivent pouvoir trouver dans la paroisse des chemins adaptés de formation et faire l’expérience de cette dimension communautaire qui est une caractéristique fondamentale de la vie chrétienne. De cette manière, ils seront encouragés à redécouvrir la beauté de suivre le Christ et de faire partie de son Eglise.

Sachez donc créer une communauté avec tous, unis dans l’écoute de la Parole de Dieu et dans la célébration des sacrements, en particulier de l’Eucharistie. A cet égard, la mission diocésaine en cours, sur le thème «Eucharistie dominicale et témoignage de la charité», constitue une occasion propice pour approfondir et mieux vivre ces deux composantes fondamentales de la vie et de la mission de l’Eglise et de chaque croyant, c’est-à-dire l’Eucharistie du dimanche et la pratique de la charité. Réunis autour de l’Eucharistie, nous ressentons plus facilement que la mission de chaque communauté chrétienne est d’apporter le message de l’amour de Dieu à tous les hommes. Voilà pourquoi il est important que l’Eucharistie soit toujours le coeur de la vie des fidèles. Je voudrais également adresser une parole particulière d’affection et d’amitié à vous, chers enfants et jeunes qui m’écoutez, et aux jeunes de votre âge qui vivent dans cette paroisse. L’Eglise attend beaucoup de vous, de votre enthousiasme, de votre capacité de regarder de l’avant et de votre désir de choix de vie radicaux. Vous devez vous sentir les véritables acteurs de la paroisse, en mettant vos jeunes énergies et toute votre vie au service de Dieu et de vos frères.

Chers frères et soeurs, à côté de l’invitation à la joie, la liturgie d’aujourd’hui — avec les paroles de saint Jacques que nous avons entendues — nous adresse également celle d’être constants et patients dans l’attente du Seigneur qui vient, et de l’être ensemble, comme communauté, en évitant les plaintes et les jugements (cf.
Jc 5,7-10).

Dans l’Evangile, nous avons entendu la question de Jean-Baptiste qui se trouve en prison; Jean-Baptiste, qui avait annoncé la venue du Juge qui change le monde, et qui à présent voit que le monde reste le même. Il fait donc demander à Jésus: «Est-ce toi, celui qui doit venir? Ou devons-nous en attendre un autre? Est-ce toi ou devons-nous en attendre un autre?». Au cours des deux, trois derniers siècles de nombreuses personnes ont demandé: «Mais est-ce réellement toi? Ou le monde doit être changé de manière plus radicale? Tu ne le fais pas?». Et de nombreux prophètes, idéologues et dictateurs sont venus, qui ont dit: «Ce n’est pas lui! Il n’a pas changé le monde! C’est nous!». Et ils ont créé leurs empires, leurs dictatures, leur totalitarisme qui auraient dû changer le monde. Et cela l’a changé, mais de manière destructrice. Aujourd’hui, nous savons que ces grandes promesses n’ont laissé qu’un grand vide et une grande destruction. Ce n’étaient pas eux.

Et ainsi nous devons à nouveau voir le Christ et demander au Christ: «Est-ce toi?». Le Seigneur, de la manière silencieuse qui lui est propre, répond: «Voyez ce que, moi, j’ai fait. Je n’ai pas accompli une révolution sanglante, je n’ai pas changé le monde par la force, mais j’ai allumé de nombreuses lumières qui forment, entre temps, une grande route de lumière au cours des millénaires » .

Commençons ici, dans notre paroisse: saint Maximilien Kolbe, qui se propose de mourir de faim pour sauver un père de famille. Quelle grande lumière est-il devenu! Quelle lumière est venue de cette figure et a encouragé les autres à se donner, à être proche de ceux qui souffrent, des opprimés! Pensons au père que Damien de Veuster représentait pour les lépreux, lui qui a vécu et est mort avec et pour les lépreux, et qui a ainsi mis cette communauté en lumière. Pensons à Mère Teresa, qui a donné tant de lumière à tant de personnes, qui, après une vie sans lumière, sont mortes avec un sourire, car elles étaient touchées par la lumière de l’amour de Dieu.

Nous pourrions continuer ainsi et nous verrions, comme le Seigneur l’a dit dans sa réponse à Jean, que ce n’est pas la révolution violente du monde, ce ne sont pas les grandes promesses qui change le monde, mais c’est la lumière silencieuse de la vérité, de la bonté de Dieu qui est le signe de sa présence et nous donne la certitude que nous sommes aimés jusqu’au bout et que nous ne sommes pas oubliés, que nous ne sommes pas un produit du hasard, mais d’une volonté d’amour.

Ainsi, nous pouvons vivre, nous pouvons ressentir la proximité de Dieu. «Dieu est proche», dit la première lecture d’aujourd’hui, il est proche, mais nous, nous sommes souvent loin. Rapprochons-nous, marchons vers sa lumière, prions le Seigneur et dans le contact de la prière devenons nous-mêmes lumière pour les autres.

Cela est aussi précisément le sens de l’Eglise paroissiale: entrer ici, entrer en dialogue , en contact avec Jésus, avec le Fils de Dieu, de manière à ce que nous devions nous-mêmes l’une des plus petites lumières qu’Il a allumées et que nous apportions la lumière dans le monde qui sent qu’il est racheté.

Notre esprit doit s’ouvrir à cette invitation et nous marchons ainsi avec joie vers Noël, en imitant la Vierge Marie, qui a attendu dans la prière, avec une profonde et joyeuse impatience, la naissance du Rédempteur. Amen!



VÊPRES AVEC LES UNIVERSITAIRES DE ROME Basilique Vaticane - Jeudi 16 décembre 2010

16120
«Frères, en attendant la venue du Seigneur, ayez de la patience» (
Jc 5,7).

Avec ces paroles, l’apôtre Jacques nous a introduits sur le chemin de préparation immédiate à Noël que, en cette liturgie des vêpres, j’ai la joie de commencer avec vous, chers étudiants et illustres professeurs des universités de Rome. J’adresse à tous mon salut cordial, en particulier au groupe nombreux de ceux qui se préparent à recevoir la confirmation, et j’exprime ma vive appréciation pour l’engagement dont vous faites preuve dans l’animation chrétienne de la culture de notre ville. Je remercie le recteur magnifique de l’université de Rome Tor Vergata, le professeur Renato Lauro, pour les voeux qu’il m’a adressées au nom de tous. J’adresse un salut particulier et déférent au cardinal-vicaire et aux différentes autorités académiques et institutionnelles.

L’invitation de l’apôtre nous indique la voie qui conduit à Bethléem en libérant notre coeur de tout ferment d’intolérance et de fausse attente, qui peut toujours se cacher en nous si nous oublions que Dieu est déjà venu, est déjà à l’oeuvre dans notre histoire personnelle et communautaire et demande à être accueilli. Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob s’est révélé, a montré son visage et à pris sa demeure dans notre chair, en Jésus, fils de Marie — vrai Dieu et vrai homme — que nous rencontrerons dans la grotte de Bethléem. Revenir là, dans ce lieu humble et étroit, n’est pas un simple itinéraire idéal: c’est le chemin que nous sommes appelés à parcourir en expérimentant dans notre aujourd’hui la proximité de Dieu et son action qui renouvelle et soutient notre existence. La patience et la constance chrétienne — dont parle saint Jacques — ne sont pas synonyme d’apathie ou de résignation, mais sont les vertus de celui qui sait qu’il peut et qu’il doit construire, non sur le sable, mais sur le roc; les vertus de celui qui sait respecter les temps et les modes de la condition humaine et, donc, qui évite de voiler les attentes les plus profondes de l’âme avec des espérances utopistes ou fugaces, qui ensuite déçoivent.

«Voyez le cultivateur: il attend les produits précieux de la terre avec patience» (Jc 5,7). Chers amis, cette invitation qui fait référence au monde rural, rythmé par la cadence de la nature, peut nous paraître surprenante, nous qui sommes plongés dans une société toujours plus dynamique. Mais la comparaison choisie par l’apôtre nous appelle à tourner notre regard vers le véritable et unique «agriculteur», le Dieu de Jésus Christ, vers son mystère plus profond qui s’est révélé dans l’Incarnation du Fils. En effet, le Créateur de toutes les choses n’est pas un despote qui ordonne et intervient avec force dans l’histoire, mais il est plutôt comme l’agriculteur qui sème, fait croître et porter du fruit. L’homme aussi peut être, avec Lui, un bon agriculteur, qui aime l’histoire et la construit en profondeur, reconnaissant et contribuant à faire croître les semences de bien que le Seigneur a données. Allons donc nous aussi vers Bethléem en ayant le regard tourné vers le Dieu patient et fidèle, qui sait attendre, qui sait s’arrêter, qui sait respecter les temps de notre existence. Cet Enfant que nous rencontrerons est la pleine manifestation du mystère de l’amour de Dieu qui aime en donnant la vie, qui aime de manière désintéressée, qui nous enseigne à aimer et ne demande qu’à être aimé.

«Que vos coeurs se rassurent». Le chemin vers la Grotte de Bethléem est un itinéraire de libération intérieure, une expérience de liberté profonde, car il nous pousse à sortir de nous-mêmes et à aller vers Dieu qui s’est fait proche de nous, qui rassure nos coeurs par sa présence et par son amour gratuit, qui nous précède et nous accompagne dans nos choix quotidiens, qui nous parle dans le secret du coeur et dans les Saintes Ecritures. Il veut donner du courage à notre vie, en particulier dans les moments où nous nous sentons las et fatigués et avons besoin de retrouver la sérénité du chemin et de nous sentir des pèlerins vers l’éternité.

«La venue du Seigneur est proche ». Telle est l’annonce qui remplit d’émotion et d’émerveillement cette célébration, et qui hâte notre pas vers la grotte. L’Enfant que nous trouverons, entre Marie et Joseph, est le Logos-Amour, la Parole qui peut donner sa pleine consistance à notre vie. Dieu nous a ouvert les trésors de son profond silence et, avec sa Parole, il s’est communiqué à nous. A Bethléem, l’aujourd’hui éternel de Dieu touche notre temps passager, qui reçoit orientation et lumière pour son chemin dans la vie.

Chers amis de l’université de Rome, à vous, qui parcourez le chemin fascinant et exigeant de la recherche et de l’élaboration culturelle, le Verbe incarné demande de partager avec Lui la patience de «construire». Construire sa propre existence, construire la société, n’est pas une oeuvre qui puisse être réalisée par des esprits et des coeurs distraits et superficiels. Une profonde action éducative et un discernement permanent sont nécessaires, qui doivent interpeller toute la communauté académique, en favorisant cette synthèse entre formation intellectuelle, discipline morale et engagement religieux que le bienheureux John Henry Newman avait proposé dans son «Idée d’université». A notre époque, on ressent le besoin d’une nouvelle classe d’intellectuels capables d’interpréter les dynamiques sociales et culturelles, en offrant des solutions non abstraites, mais concrètes et réalistes. L’université est appelée à jouer ce rôle irremplaçable et l’Eglise s’en fait le soutien convaincu et effectif. L’Eglise de Rome, en particulier, est depuis de nombreuses années engagée dans le soutien à la vocation de l’université et à la servir avec la contribution simple et discrète de nombreux prêtres qui oeuvrent dans les aumôneries et dans les institutions ecclésiales. Je voudrais exprimer mon appréciation au cardinal-vicaire et à ses collaborateurs pour le programme de pastorale universitaire qui, cette année, en harmonie avec le projet diocésain, est bien synthétisé par le thème: «Ite, missa est... dans la cour des païens». Le salut au terme de la célébration eucharistique — «Ite missa est» — invite chacun à être des témoins de cette charité qui transforme la vie de l’homme et ainsi greffe dans la société le germe de la civilisation de l’amour. Votre programme d’offrir à la ville de Rome une culture au service du développement intégral de la personne humaine, comme je l’ai indiqué dans l’encyclique Caritas in veritate, est un exemple concret de votre engagement pour promouvoir des communautés académiques dans lesquelles mûrit et s’exerce ce que Giovanni Battista Montini, quand il était assistant de la FUCI, appelait «la charité intellectuelle».

La communauté universitaire romaine, avec sa richesse d’institutions publiques, privées, catholiques et pontificales, est appelée à une tâche historique importante: celle de surmonter les incompréhensions et les préjugés qui empêchent parfois le développement d’une culture authentique. En travaillant en synergie, en particulier avec les les facultés théologiques, les universités romaines peuvent indiquer qu’un nouveau dialogue et une nouvelle collaboration sont possibles entre la foi chrétienne et les divers savoirs, sans confusion et sans séparation, mais en partageant la même aspiration à servir l’homme dans sa plénitude. Je souhaite que le prochain symposium international sur le thème: «L’université et le défi des savoirs: vers quel avenir?», puisse constituer une étape significative sur ce chemin renouvelé de recherche et d’engagement. Dans cette perspective, je désire également encourager les initiatives promues par la Direction générale de la coopération au développement du ministère des affaires étrangères, qui a vu la participation d’universités de tous les continents, et également de celles du Moyen-Orient, ici représentées par plusieurs recteurs.

Chers jeunes universitaires, le souvenir de la Croix des Journées mondiales de la jeunesse a retenti dans cette assemblée. Au terme de la célébration, la délégation universitaire africaine remettra l’icône de Marie Sedes Sapientiae à la délégation universitaire espagnole. C’est ainsi que commencera le pèlerinage de cette effigie mariale dans toutes les universités d’Espagne, un signe qui nous oriente vers la rencontre du prochain mois d’août à Madrid. La présence de jeunes universitaires préparés et désireux de communiquer aux jeunes de leur âge la fécondité de la foi chrétienne, non seulement en Europe mais dans le monde entier, est très importante. Avec Marie, qui nous précède sur notre chemin de préparation, je vous donne rendez-vous à Madrid et je compte beaucoup sur votre engagement généreux et créatif. A Elle, Sedes Sapientiae, je confie toute la communauté universitaire romaine. Avec elle, apprêtons-nous à rencontrer l’Enfant dans la grotte de Bethléem: c’est le Seigneur qui vient pour nous! Amen.




MESSE DE MINUIT Basilique Vaticane - 24 décembre 2010

24120
Chers Frères et Soeurs!


«Tu es mon Fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré» – par ces paroles du Psaume deuxième, l’Église commence la liturgie de la Nuit Sainte. Elle sait qu’à à l’origine ces paroles appartenaient au rituel du couronnement des rois d’Israël. Le roi, qui en soi est un être humain comme les autres hommes, devient “ fils de Dieu” par l’appel et l’installation dans sa charge: c’est une espèce d’adoption de la part de Dieu, un acte de décision, par lequel il donne à cet homme une nouvelle existence, l’attire dans son propre être. De façon encore plus claire, la lecture tirée du prophète Isaïe, que nous venons d’entendre, présente le même procédé dans une situation de tourment et de menace pour Israël: “Un enfant nous est né, un fils nous a été donné; l’insigne du pouvoir est sur son épaule” (
Is 9,5). L’installation dans la charge du roi est comme une nouvelle naissance. Justement comme nouveau né de la décision personnelle de Dieu, comme un petit enfant venant de Dieu, le roi constitue une espérance. Sur ses épaules repose l’avenir. Il est le détenteur de la promesse de paix. Dans la nuit de Bethléem, cette parole prophétique est devenue réalité d’une manière qui au temps d’Isaïe aurait encore été inimaginable. Oui, aujourd’hui c’est vraiment un petit enfant celui sur les épaules duquel est le pouvoir. En lui apparaît la nouvelle royauté que Dieu établit dans le monde. Ce petit enfant est vraiment né de Dieu. Il est la Parole éternelle de Dieu, qui unit l’une à l’autre humanité et divinité. Pour ce petit enfant valent les titres de dignité que le cantique de couronnement d’Isaïe lui attribue : Merveilleux Conseiller – Dieu-Fort – Père-à-jamais – Prince de la Paix (Is 9,5). Oui, ce roi n’a pas besoin de conseillers appartenant aux sages du monde. Il porte en lui-même la sagesse et le conseil de Dieu. Justement dans la faiblesse du fait d’être un petit enfant il est le Dieu fort et il nous montre ainsi, devant les pouvoirs prétentieux du monde, la force propre de Dieu.

Les paroles du rituel du couronnement en Israël, en vérité, étaient toujours seulement des rituels d’espérance, qui prévoyaient de loin un avenir qui aurait été donné par Dieu. Aucun des rois salués de cette façon ne correspondait à la sublimité de ces paroles. En eux, toutes les paroles sur la filiation de Dieu, sur l’installation dans l’héritage des nations, sur la domination des terres lointaines (Ps 2,8) restaient seulement un renvoi à un avenir – presque des panneaux signalétiques de l’espérance, des indications qui conduisaient vers un avenir qui en ce moment là était encore inconcevable. Ainsi l’accomplissement des paroles qui commence dans la nuit de Bethléem est en même temps immensément plus grand et – du point de vue du monde – plus humble que ce que les paroles prophétiques laissaient entrevoir. Il est plus grand, parce que ce petit enfant est vraiment Fils de Dieu, vraiment “ Dieu né de Dieu, lumière née de la lumière, engendré, non pas créé, de même nature que le Père”. L’infinie distance entre Dieu et l’homme est dépassée. Dieu ne s’est pas seulement penché vers en bas, comme disent les Psaumes; il est vraiment “descendu”, entré dans le monde, devenu l’un de nous pour nous attirer tous à lui. Ce petit enfant est vraiment l’Emmanuel, “le Dieu-avec-nous”. Son royaume s’étend vraiment jusqu’aux confins de la terre. Dans l’étendue universelle de la sainte Eucharistie, il a vraiment érigé des îlots de paix. Partout où elle est célébrée, on a un îlot de paix, de cette paix qui est propre à Dieu. Ce petit enfant a allumé parmi les hommes la lumière de la bonté et leur a donné la force de résister à la tyrannie du pouvoir. En chaque génération il construit son royaume de l’intérieur, à partir du coeur. Mais il est vrai aussi que “le bâton du tortionnaire” n’a pas été brisé. Aujourd’hui aussi marchent, bruyantes, les chaussures des soldats et toujours encore et toujours de nouveau il y a le “manteau couvert de sang“ (Is 9,3s). Ainsi la joie pour la proximité de Dieu fait partie de cette nuit. Nous rendons grâce parce que Dieu, comme un petit enfant, se donne entre nos mains, il mendie, pour ainsi dire, notre amour, il répand sa paix dans notre coeur. Cette joie, toutefois, est aussi une prière: Seigneur, réalise totalement ta promesse. Brise les bâtons des tortionnaires. Brûle les chaussures bruyantes. Fais que finissent le temps des manteaux couverts de sang. Réalise la promesse: “La paix sera sans fin” (Is 9,6). Nous te rendons grâce pour ta bonté, mais nous te prions encore: montre ta puissance. Établis dans le monde la domination de ta vérité, de ton amour – le «royaume de la justice, de l’amour et de la paix».

“Marie mit au monde son fils premier-né” (Lc 2,7). Avec cette phrase, saint Luc raconte, de manière absolument privée de pathos, le grand événement que les paroles prophétiques dans l’histoire d’Israël avaient entrevu par avance. Luc qualifie le petit enfant de “premier-né”. Dans le langage qui s’est formé dans la Sainte Écriture de l’Ancienne Alliance, “premier-né” ne signifie pas le premier d’une série d’autres enfants. La parole “premier-né” est un titre d’honneur, indépendamment de la question de savoir si ensuite suivent d’autres frères et soeurs ou non. Ainsi dans le Livre de l’Exode (Ex 4,22), Israël est appelé par Dieu “mon fils premier-né”, et ainsi s’exprime son élection, sa dignité unique, l’amour particulier de Dieu Père. L’Église naissante savait qu’en Jésus cette parole avait reçu une nouvelle profondeur; qu’en lui sont résumées les promesses faites à Israël. Ainsi la Lettre aux Hébreux appelle Jésus “le premier-né”, simplement pour le qualifier, après les préparations de l’Ancien Testament, comme le Fils que Dieu envoie dans le monde (cf. He 1,5-7). Le premier-né appartient de façon particulière à Dieu, et pour cela – comme dans de nombreuses religions – il devait être de façon particulière remis à Dieu et être racheté par un sacrifice substitutif, comme saint Luc le raconte dans l’épisode de la présentation de Jésus au temple. Le premier-né appartient à Dieu de façon particulière, il est, pour ainsi dire, destiné au sacrifice. Dans le sacrifice de Jésus sur la croix, la destination du premier-né s’accomplit de façon unique. En lui-même, il offre l’humanité à Dieu et unit homme et Dieu de manière telle que Dieu soit tout en tous. Saint Paul, dans les Lettres aux Colossiens et aux Éphésiens, a développé et approfondi l’idée de Jésus comme premier-né: Jésus, nous disent ces Lettres, est le Premier-né de la création – le véritable archétype de l’homme selon lequel Dieu a formé la créature homme. L’homme peut être image de Dieu parce que Jésus est Dieu et Homme, la véritable image de Dieu et de l’homme. Il est le premier-né d’entre les morts, nous disent en outre ces Lettres. Dans la Résurrection, il a abattu le mur de la mort pour nous tous. Il a ouvert à l’homme la dimension de la vie éternelle dans la communion avec Dieu. Enfin, il nous est dit: il est le premier-né de nombreux frères. Oui, aujourd’hui il est cependant le premier d’une série de frères, le premier, c’est-à-dire, qui inaugure pour nous l’être en communion avec Dieu. Il crée la véritable fraternité – non la fraternité, défigurée par le péché, de Caïn et Abel, de Romulus et Remus, mais la fraternité nouvelle dans laquelle nous sommes la famille même de Dieu. Cette nouvelle famille de Dieu commence au moment où Marie enveloppe le “premier-né” dans les langes et le dépose dans la mangeoire. Prions-le: Seigneur Jésus, toi qui as voulu naître comme premier de nombreux frères, donne-nous la vraie fraternité. Aide-nous à devenir semblables à toi. Aide-nous à reconnaître dans l’autre qui a besoin de moi, en ceux qui souffrent ou qui sont abandonnés, en tous les hommes, ton visage, et à vivre avec toi comme des frères et des soeurs pour devenir une famille, ta famille.

L’Évangile de Noël nous raconte, à la fin, qu’une multitude d’anges de la troupe céleste louait Dieu et disait: “Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime” (Lc 2,14). Dans le chant du Gloria, l’Église a amplifié cette louange, que les anges ont entonnée devant l’événement de la Nuit Sainte, en en faisant une hymne de joie sur la gloire de Dieu. “Nous te rendons grâce pour ton immense gloire”. Nous te rendons grâce pour la beauté, pour la grandeur, pour ta bonté, qui en cette nuit nous deviennent visibles. L’apparition de la beauté, du beau, nous rend joyeux sans que nous devions nous interroger sur son utilité. La gloire de Dieu, d’où provient toute beauté, fait exploser en nous l’étonnement et la joie. Celui qui entrevoit Dieu éprouve de la joie, et en cette nuit nous voyons quelque chose de sa lumière. Mais le message des anges dans la Nuit sainte parle aussi des hommes: “Paix aux hommes qu’il aime”. La traduction latine de cette parole, que nous utilisons dans la liturgie et qui remonte à Jérôme, résonne autrement : “Paix aux hommes de bonne volonté”. L’expression “les hommes de bonne volonté” dans les dernières décennies est entrée de façon particulière dans le vocabulaire de l’Église. Mais quelle traduction est juste? Nous devons lire les deux textes ensemble; nous comprenons seulement ainsi la parole des anges de façon juste. Serait erronée une interprétation qui reconnaîtrait seulement l’oeuvre exclusive de Dieu, comme s’il n’avait pas appelé l’homme à une réponse d’amour qui soit libre. Serait aussi erronée, cependant, une interprétation moralisante, selon laquelle l’homme avec sa bonne volonté pourrait, pour ainsi dire, se racheter lui-même. Les deux choses vont ensemble: grâce et liberté; l’amour de Dieu, qui nous précède et sans lequel nous ne pourrions pas l’aimer, et notre réponse, qu’il attend et pour laquelle, dans la naissance de son Fils, il nous prie même. L’enchevêtrement de grâce et de liberté, l’enchevêtrement d’appel et de réponse, nous ne pouvons pas le scinder en parties séparées l’une de l’autre. Les deux sont indissolublement tressés entre eux. Ainsi cette parole est en même temps promesse et appel. Dieu nous a précédés par le don de son Fils. Toujours de nouveau Dieu nous précède de façon inattendue. Il ne cesse pas de nous chercher, de nous relever chaque fois que nous en avons besoin. Il n’abandonne pas la brebis égarée dans le désert où elle s’est perdue. Dieu ne se laisse pas troubler par notre péché. Il recommence toujours à nouveau avec nous. Toutefois il attend en retour notre amour. Il nous aime pour que nous puissions devenir des personnes qui aiment avec lui et ainsi il peut y avoir la paix sur la terre.

Luc n’a pas dit que les anges ont chanté. Il écrit très sobrement: la troupe céleste louait Dieu et disait: “Gloire à Dieu au plus haut des cieux…” (Lc 2,13s). Mais depuis toujours les hommes savaient que le parler des anges est différent de celui des hommes; que justement en cette nuit du joyeux message, il a été un chant dans lequel la gloire sublime de Dieu a brillé. Ainsi ce chant des anges a été perçu depuis le commencement comme une musique provenant de Dieu, et bien plus, comme une invitation à s’unir dans le chant, dans la joie du coeur pour le fait d’être aimés de Dieu. Cantare amantis est, dit Saint Augustin: chanter est le propre de celui qui aime. Ainsi, au long des siècles, le chant des anges est devenu toujours de nouveau un chant d’amour et de joie, un chant de ceux qui aiment. En ce moment, nous nous associons pleins de gratitude à ce chant de tous les siècles, qui unit ciel et terre, anges et hommes. Oui, nous te rendons grâce pour ton immense gloire. Nous te remercions pour ton amour. Fais que nous devenions toujours plus des personnes qui aiment avec toi et donc des personnes de paix. Amen.






Benoît XVI Homélies 21111