Bible chrétienne Actes 7

7

§ 7. LE SANG DES MARTYRS EST SEMENCE DE CHRÉTIENS : Ac 8,1 -40


L'histoire des persécutions vérifie ce que le Christ annonçait peu avant sa propre Passion : « Si le grain de blé meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12,24). Le sang d'Etienne sera comme une semence pour l'extension de la foi chrétienne, et, par-dessus tout, la conversion du futur «Apôtre des nations». L'auteur des Actes tient à bien marquer le lien, comme de l'effet à sa cause, entre ce retournement du persécuteur et la passion du protomartyr. D'abord, par deux fois, il signale la présence et le consentement de Saul à cette lapidation : dès 7,58 puis en 8,1a; ensuite sont tressés trois fils directifs (lb,2,3) dont le second ensevelit littéralement Etienne — non seulement parce qu'il est «mis en terre » comme le grain de blé, mais parce qu'il semble disparaître au milieu de la persécution (premier fil, au v. lb), dont Saul est un des meneurs (v. 3). Enfin, avant même d'en venir à sa conversion, au chapitre 9, les Actes consacrent tout un chapitre au premier rayonnement de la foi hors de Jérusalem, en Samarie et, d'une certaine façon, jusqu'en Ethiopie (v. 26-39). Or ceci vient encore du « sang du martyr», puisque c'est la dispersion des disciples annoncée en lb, juste avant la sépulture d'Etienne, qui amène ceux qui s'étaient dispersés à porter l'Evangile dans les régions où ils se trouvent réfugiés (v. 4).

Ac 8,1Saul approuvait son « exécution » : Le sens premier littéral du mot serait « cette suppression ». On aggraverait le sens péjoratif en traduisant par « ce meurtre ». En réalité, nous sommes en présence de la continuation du mystère pascal ; comme on avait voulu « enlever » le Christ dont la mort est principe même de sa résurrection, donc de sa présence définitive à ses disciples (Ph 2,8-9 Mt 28,20), ainsi Etienne, que l'on avait cru «supprimer», vivifie l'Eglise et provoque la propagation de « la Parole », immédiatement (v. 4) puis à long terme par la conversion de Saul.

Saul : Première mention d'un personnage si connu qu'il n'est pas présenté ici ; lui-même nous a renseignés sur ses origines, en particulier en ce chapitre 3 des Philippiens où il témoigne vivre lui aussi le mystère pascal chanté au chapitre 2. Il est, dit-il, « de la tribu de Benjamin » (Ph 3,5) ; et les Pères ont aimé voir en lui l'accomplissement de la bénédiction prophétique de Jacob sur son dernier enfant, à la fois « fils de sa bien-aimée Rachel » et « fils de sa douleur» (Gn 35,18) : « Benjamin est un loup qui déchire : le matin il dévore sa proie, et le soir, partage le butin » (Gn 49,27 — en // à Ac 9,1-2).

Augustin : S. 279, sur la conversion de saint Paul (pl 38, 1275 — dans le même sens, S. 168, 4 ; pl 38, 913) — De persécuteur des chrétiens, l'Apôtre Paul devient héraut du Christ. Le Christ a terrassé le persécuteur pour en faire un docteur de l'Églisele frappant pour le guérir, le tuant pour lui donner la vie. Le Christ fut tué par des loups ; mais des loups il fait des agneaux. La fameuse prophétie où le patriarche Jacob bénit ses filsposant ses mains sur les hommes présents autour de lui, mais voyant de loin les événements futurs — , cette prophétie avait prédit ce qui s'est réalisé en Paul.

Paul appartenait, comme lui-même l'atteste, à la tribu de Benjamin. Or Jacob, quand il bénit ses fils et en vint à Benjamin, dit de lui : « Benjamin, loup rapace ! » Quoi donc ? Loup rapace, pour toujours ? Loin de là ! Mais le matin, il ravit sa proie, et le soir il distribue la nourriture. Cette prophétie s'est accomplie en l'Apôtre Paul, parce que c'est de lui qu'elle parlait.

« Matin » et « soir » veulent dire ici « d'abord » et «plus tard ». Comprenons donc ainsi : d'abord, il ravit sa proie, et plus tard il distribue la nourriture. Regardez d'abord le ravisseur...: «Paul allait, ne respirant que meurtre... » Quand Etienne, premier martyr, fut lapidé pour le nom du Christ, chacun sait que Paul était là : il assistait ceux qui jetaient les pierres, comme s'il ne lui suffisait pas de lapider de ses propres mains seulement ! Car afin d'être dans les mains de tous, il gardait leurs vêtements à tousplus féroce en les aidant tous que s'il avait lapidé de ses propres mains. « Rapace le matin », nous venons de l'entendre.

Mais voyons comment, le soir, il distribue la nourriture. Du ciel, la voix du Christ le terrasse ; et d'en haut, on lui interdit de plus jamais persécuter. Il tombe la face contre terre. Il fallait le prostrer pour le relever, le frapper pour le guérir.

Il est si bien converti qu'aussitôt nous le voyons «distribuer la nourriture », en « prêchant Jésus dans les synagogues » de Damas, puis aux païens d'Asie mineure, de Grèce, et jusqu'à Rome. Il distribuera ses épîtres, qui sont encore un aliment préféré de notre foi, de notre espérance et de notre charité ; et tout l'argent qu'il récoltera pour les pauvres de Jérusalem; et sa vie tout entière ()... Et tout cela, il l'a reçu d'Etienne et ne l'oublie pas, puisqu'il en fera mention explicitement et implicitement dans les deux relations qu'il donnera lui-même de sa conversion (Ac 22,20 et 26,9-10).

Ac 8,1 // Jn 15,20 Mt 10,23 Mt 10,7 Le Christ avait donc annoncé persécution et dispersion. Un tel programme peut sembler dur, mais le Christ lui-même ayant dû passer par là, nous avons à « le suivre », sans mettre en doute son amour.

Grégoire le grand : Hom. 26, sur Jn 20,19 (pl 76, 1198) — Le Père a envoyé son Fils, et a voulu qu'il s'incarnât pour la rédemption du genre humain : cela veut dire qu'il l'a envoyé à la Passion. Et pourtant, le Père aime le Fils. Pareillement, le Seigneur a élu ses Apôtres et les a envoyés non aux joies de ce monde mais aux souffrances de ce monde, comme lui-même avait été envoyé. De même que le Fils est aimé du Père, et qu’il est cependant envoyé à la Passion, ainsi les disciples sont aimés du Seigneur et cependant envoyés à la Passion de ce monde. Cette parole du Seigneur est donc parfaitement juste: «Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie», c'est-à-dire : quand je vous envoie dans le scandale des persécutions, je vous aime de cette même charité dont le Père m'a aimé en m'envoyant souffrir la Passion, et tous, à l'exception des Apôtres, furent dispersés : Que la persécution ait visé davantage les « Hellénistes » que les croyants hébreux plus proches des traditions juives (tob), c'est possible. Mais l'intention première des Actes est de tenir les Douze comme en réserve à Jérusalem, de façon qu'en un premier temps l'expansion de la foi chrétienne soit le fruit de l'évangélisation par « les Sept », et nommément Philippe qui, second de liste (Ac 6,5), semble prendre la tête après la « suppression » d'Etienne (en réalité actif, depuis le ciel). dans diverses régions de la Judée (v. 26-40) et de la Somalie (v. 5-25) : C'est le second point du programme des Actes, annoncé par le Christ en 1,8 : « Vous serez mes témoins à Jérusalem (chapitres 2-7), dans toute la Judée et la Sama-rie (chapitres 8-12), et jusqu'aux extrémités de la terre» (chapitres 13-28).

Ac 8,5 // Lc 9,53-56 Jn 4,40-41 1 Ch 1Ch 16,10 1 Ch 1Ch 16,31 1 Ch 1Ch 16,33 Philippe, le seul des Sept, après Etienne, dont on nous rapporte des « actes » , « II proclame le Christ», et baptise (v. 16 et 38), l'épisode intercalaire de Simon le magicien mettant mieux en relief, par contraste, le désintéressement du missionnaire chrétien, sur quoi saint Paul insistera tellement.

la cité de Samarie : Rappel implicite de cette bourgade qui, dans l'Évangile, n'avait pas reçu le Christ (// Lc 9). À présent, la grâce du martyre d'Etienne ouvre la porte des coeurs, tout comme Jésus avait su gagner la conversion de la femme de Samarie et, à sa suite, ses concitoyens (// Jn 4). proclamait le Christ : C'est le verbe du « kérygme* » (BC II*, p. 124, et table), où il y a, en même temps que l'essentiel de l'annonce de l'Evangile (au verset 4, il y avait le verbe « évangéliser»), l'image du héraut «proclamant» à son de trompe. Se retrouve souvent dans les Actes et les épîtres, mais comme son emploi est assez lourd, nous le traduisons, suivant l'occasion, par:

- « annoncer » (avec note de nouveauté),

- «prêcher» (l'Evangile est à crier sur les toits),

- «proclamer» (avec autorité, au besoin pour surmonter une opposition qui fait non seulement «clamer» mais «pro-clamer».

Cf. Ac 9,20; 13,24; 19,13 ; 20,25 ; 28,31 ; Rm 10,8; 1Co 1,21.23; 2,4; 9 27; 15,11-12.14; 2Co 1,19; 4,5; 11,4; Ga 2,2 ; 5,11; Ph 1,15; Col 1,23; 1Th 2,9; 1Tm 3,16; 2Tm 4,2.17; Tt 1,3; 1P 3,19 ; Ap 5,2

Ac 8,6-8 // 1 Ch 1Ch 16,10 1 Ch 1Ch 16,31 1 Ch 1Ch 16,33 Le parallèle est surtout entre ces débuts de l'Église et ceux de l'Évangile (par exemple, Lc 4,40-41 ; 6,17-19), y compris la grande joie souvent notée par saint Luc comme signe de l'avènement messianique, non moins que les miracles et les expulsions de démons (bc n*, p. 37 et table — dans les Actes, cf. 5,41 ; 8,39; 11,23 ; 13,48.52; 15,3.31). Mais plus généralement, même si les épreuves ne leur sont pas épargnées, la joie se révèle en définitive à ceux qui cherchent Dieu, puisque Dieu c'est la Joie: Si vous me cherchez, cherchez-moi vers la joie, car nous sommes les habitants du pays de la joie, comme le dit si admirablement Djalâl al-Dîn al-Rûmî, grand poète et mystique soufi du xme siècle. La révélation judéo-chrétienne y ajoute que le Messie l'apporte avec lui-même dans l'instauration du Règne de Dieu (// 1 Ch 16), pour autant du moins que nous l'acceptons.

bernanos : Journal d'un curé de campagne (PI. 1045-1046) — D'où vient que le temps de notre petite enfance nous apparaît si doux, si rayonnant ? Un gosse a des peines comme tout le monde, et il est, en somme, si désarmé contre la douleur, la maladie ! L'enfance et l'extrême vieillesse devraient être les deux grandes épreuves de l'homme. Mais c'est du sentiment de sa propre impuissance que l'enfant tire humblement le principe même de sa joie. Il s'en rapporte à sa mère, comprends-tu ? Présent, passé, avenir, toute sa vie, la vie entière tient dans un regard, et ce regard est un sourire. Eh bien mon enfant, si l'on nous avait laissé faire, nous autres (hommes d'Église) , l'Église eût donné aux hommes cette espèce de sécurité souveraine. Retiens que chacun n'en aurait pas moins eu sa part d'embêtements... Mais l'homme se serait su fus de Dieu, voilà le miracle!... Nous aurions aboli, nous aurions arraché du coeur d'Adam le sentiment de sa solitude... Hors l'Église, un peuple sera toujours un peuple de bâtards, un peuple d'enfants trouvés. Évidemment, il leur reste encore l'espoir de se faire reconnaître par Satan. Bernique ! Ils peuvent l'attendre longtemps, leur petit Noël noir ! Ils peuvent mettre dans la cheminée leurs souliers ! Voilà déjà que le diable se lasse d'y déposer des tas de mécaniques aussi vite démodées qu'inventées, il n'y met plus maintenant qu'un minuscule paquet de cocaïne, d'héroïne, de morphine, une saleté de poudre qui ne lui coûte pas cher. Pauvres types! Ils auront usé jusqu'au péché... L'Église dispose de la joie, de toute la part de joie réservée à ce triste monde. Ce que vous avez fait contre elle, vous l'avez fait contre la joie...

Ac 8,9-13 // Ps 16,4 Ex 7,10-12 et Ex 8,12-13 Ex 8,15 La Bible ne nie pas toute réalité à la magie, qu'elle recoure ou non à des puissances démoniaques qui peuvent singer l'action miraculeuse de Dieu (// Éx). Autour d'une apparition véritable, comme à Lourdes ou à Fatima, on vu foisonner les pseudovisions. L'erreur serait, pour bien des «croyants» d'aujourd'hui comme pour Simon, non seulement de suivre des « révélations » sans garantie, mais premièrement de s'attacher à des phénomènes somme toute secondaires et qui n'ont de valeur que comme signes, au risque de dévier de la perspective centrale — qui est le Christ en son mystère pascal. Un degré de plus dans la déviation, et l'on tombe soit dans l'occultisme, c'est-à-dire la recherche de pouvoirs secrets supranormaux, soit dans l'ésotérisme. De ce fait, l'occultisme et l'ésotérisme trompent en remplaçant l'union vitale à Dieu par des idées trop purement intellectuelles, ce qui est exactement prendre l'ombre pour la proie. Simon est le type même de cette double déviation, lui qui, magicien converti et baptisé, ne semble suivre Philippe comme une ombre que pour les « signes et prodiges* » qui le fascinent (Ac 8,13) ; en même temps, la tradition voit en lui un des initiateurs de la gnose, qui sera au IIe siècle un piège analogue à l'ésotérisme d'aujourd'hui pour détourner la vraie foi vers un syncrétisme plus facile et attirant que l'austérité non déguisée du mystère de la Croix... Ainsi, dès sa première sortie hors du berceau juif de Jérusalem, l'Église persécutée par les

Juifs se trouve aux prises avec la séduction païenne. Sa réaction sera sans ambiguïté (v. 18-24).

Ac 8,14-17 // Lc 8,12 Lc 8,13 Lc 8,15 Lc 11,28 Mt 19,13 Mt 19,15 la Samarie recevait la parole de Dieu , C'est beaucoup plus qu'une simple attention à la prédication de Philippe , cette Parole est une semence vivante et fructifiante (// Lc 8), à laquelle nos vies ont à se conformer (// Lc 11).

Pierre et Jean: Comme en Ac 3,1.3-4.11, et en 4,13.19. Et par la suite, les Actes n'en parleront plus. Pourquoi Jean se distingue-t-il des autres Apôtres ? Pourquoi est-il toujours placé aux côtés de Pierre, chef des Douze, répliquant au sanhédrin ou imposant les mains aux Samaritains avec Pierre et comme lui ? — Peut-être le mystère de Jean a-t-il été deviné par la tradition qui voit en Pierre le type de la vie active et en Jean le type de la vie contemplative (bc // *, p. 784-785) , Pierre était le chef de la communauté des croyants, la bouche du collège apostolique; Jean en était le coeur secret... Pierre rendait présente l'autorité de Jésus, et Jean rendait présent son amour... Pierre proteste vouloir mourir pour le Christ, paraissant prendre en quelque sorte l'initiative de l'amour... Jean ne parle pas, il est comme submergé par un amour qui de toutes parts l'investit et le possède. H n'est pas celui qui aime, il est celui qui est « l'aimé » (d. barsotti).

Quoi qu'il en soit, ici, Pierre et Jean représentent bien les Douze, qui les ont envoyés. Que leur venue donne à la mission amorcée par Philippe sa plénitude pour l'implantation de l'Eglise en Samarie ressort du fait que, sur la prière (v. 15) et l'imposition des mains des Apôtres (v. 18), le Saint-Esprit vienne sur les baptisés. Il ne s'agit donc pas d'un simple geste de bénédiction, comme peut l'être l'imposition des mains (// Mt 19), mais, ici encore, la prière jointe au geste prend valeur « sacramentelle ».

La théologie ultérieure en a fait la base de la pratique — conjointe en Orient, séparée en Occident — des deux sacrements complémentaires du baptême et de la confirmation, ce dernier relevant des évêques, successeurs des Apôtres. Calvin l'avait nié. L'exégèse contemporaine est là-dessus tellement divisée qu'on n'y trouvera guère d'explication décisive, et, dans l'étude déjà citée sur l'imposition des mains, j. coppens maintient que l'interprétation traditionnelle n'a pas perdu sa valeur (betl 48, p. 423-432 — cf. aussi c.k. barrett, ibid. p. 281-295). Mais en tout cas, on peut retenir la remarque de m. gourgues que le verbe est ici le même qu'en 10,44, à propos du centurion Corneille sur lequel «tombe» aussi l'Esprit Saint avant même qu'il ait reçu le baptême, en une manifestation aussi visible que lors de la Pentecôte. Ainsi, les trois étapes (du développement de l'Église, à Jérusalem, en Samarie, chez les païens) sont inaugurées et comme « commandées » par l'Esprit... si bien que l'ensemble de l'activité et de la mission ecclésiales décrites dans les Actes est vu comme conforme au dessein de Dieu et découlant de son initiative (La « Pentecôte des Samaritains », dans rb 1986, p. 376-385).

Ac 8,18-24 112M 4,8.24-26 ; Is 55,1 Mt 10,8 — La tentation d'acheter Dieu de tous les temps (112 M) et de toutes les religions. C'est elle qui tend à transformer la prière elle-même en action magique. Simon, qui s'adonnait à la magie, croit donc tout naturellement pouvoir acquérir les dons de Dieu à prix d'argent: d'où viendra le nom de «simonie», stigmatisant «l'achat (ou la vente), pour un prix temporel, d'un bien spirituel ou d'un objet étroitement lié à un bien spirituel ». Ce n'est pas seulement un abus pernicieux: c'est d'abord un contresens, s'il est vrai que le sacré est par définition du domaine de «la grâce », donc gratuit, le propre de Dieu étant de se donner. C'est même un des noms du Saint-Esprit que d'être « Don », et source des « sept dons » (Is 11,2). C'est même, à l'inverse, notre dénuement qui attire la générosité de Dieu (// Is 55), d'où la réponse de Pierre à l'infirme de « la Belle Porte » , « D'argent et d'or, je n'en ai pas ; mais ce que j'ai, je te le donne: au nom de Jésus-Christ, marche ! » (Ac 3,6). Aussi la réaction de Pierre à la requête de Simon est-elle violente.

Ac 8,20-21 // Ex 32,13 Ps 119,111 Si 24,20 Si 24,23 Jr 17,1 Jr 17,4 C'est un rnotif perdition, nous enlevant le droit à «notre part et notre lot», c'est-à-dire à ce que le sort devait nous attribuer de l'héritage promis à Abraham (// Ex 32,13). Et plus cet héritage était tenu pour précieux (// Ps 119; Si 24), plus sa privation était un terrible châtiment (// Jr 17).

ton coeur n'est pas droit devant Dieu (// Si 1,30 Si 2,2 Si 2,6) : Thème constant que celui des «coeurs droits» auxquels s'oppose l'esprit tortueux du pécheur, le péché lui-même étant désigné dans l’A.T.par un mot signifiant : « tordu »... Va de pair avec « simplicité du coeur » // « coeur double ».

Ac 8,22-24 // Dt 29,17-19 Pr 5,22 Jr 4,18 — Quand Dieu, le prophète ou l'Eglise dénoncent le péché ou menacent de la peine qu'il risque d'entraîner par le fait même, ce n'est pas pour punir mais, au contraire, pour amener à un repentir qui détourne le malheur encouru. Et comme les habitants de Ninive, à la prédication de Jonas, ont fait pénitence, Simon le magicien demande la prière de Simon-Pierre — bien placé pour savoir qu'«à tout péché, miséricorde » — , comme le « Confiteor » amenait le pénitent à supplier la bienheureuse Marie toujours vierge, saint Michel archange, saint Jean-Baptiste, les saints apôtres Pierre et Paul, tous les saints, et vous mon père, de prier pour moi le Seigneur notre Dieu.

Car telle est en somme l'alternative entre qui pense pouvoir acheter Dieu par son argent ou ses techniques de yoga, de zen, etc., et le fidèle se confiant au Christ pour être racheté en son sang.

Augustin: Sur saint Jean, 10,6 (pl 35, 1469-1470) — Tout est à vendre, aux yeux de ceux qui ne veulent pas être rachetés. Leur souci, c'est d'acheter et de vendre ; mais leur gain, c’est qu’ils soient rachetés par le sang du Christ pour arriver à la paix du Christ. Car, que sert d'acquérir en ce siècle des biens temporaires et transitoires ?...

Simon le Mage voulait acheter l'Esprit Saint parce qu'il voulait vendre l'Esprit Saint. Et il pensait que les Apôtres étaient des commerçants, pareils à ceux que le Seigneur chassa du Temple à coups de fouet. Lui, Simon le Mage, il était de ceux-là, et c'est pour revendre qu'il voulait acheter : il était de ceux qui vendent les colombes. Notez que l'Esprit Saint apparut sous la forme d'une colombe (Mt 3,16). Frères, ceux qui vendent les colombes ne sont-ils pas les mêmes qui disent: «Nous donnons l'Esprit Saint » ? Pourquoi le donnent-ils, en effet, et à quel prix vendent-ils l'Esprit Saint ? Au prix de leur honneur ! En échange, ils reçoivent des places temporelles, pour montrer qu'ils vendent les colombes. Gare au fouet de cordes ! La colombe ne se vend pas : elle se donne gratuitement, car elle s'appelle «la grâce ». Frères, avez-vous vu les revendeurs ? comment chacun vante sa marchandise ? Si un homme cherche à acheter la colombe, chaque revendeur lui fait l'éloge de ce qu'il vend. Qu'il se détourne donc de tous ces commerçants ! Et qu’il vienne là où, gratuitement, on reçoit la colombe.

CHROMACE d’aquilée: S. 2, 4 (SC 154, p. 139) — Les Apôtres ne venaient pas vendre la grâce de Dieu, eux qui par le sang du Christ rachetaient le monde entier. Et recevoir de l'argent pour la grâce du Christ, voilà qui n'était pas permis aux Apôtres, alors qu'ils devaient distribuer aux fidèles les trésors célestes. L'Evangile avait dit : « Vous avez, reçu gratuitement, donnez gratuitement ! »

Mais bien que Simon le Mage fût indigne de la grâce, fût même coupable d'un crime très grave, saint Pierre lui montre la voie du salut. Car le saint Apôtre voulait que nul ne se perde.

Ac 8,25 — Conclusion sur la Samarie, montrant comment la parole de Dieu gagne de « la cité » premièrement évangélisée par Philippe (v. 5 et 9) à la région (v. 14), suivant les déplacements des évangélisateurs (v. 25 et 40).

Ac 8,26-40 — On passe de la Samarie à l'autre terrain d'expansion annoncé au verset lb: la Judée. Du nord de Jérusalem, on vient au sud-ouest, jusqu'à l'ancien pays des Philistins, dont Gaza (v. 26) et Azot (v. 40) étaient les villes. Le port de Césarée était bien plus au nord : cette fois, c'est donc à la plaine maritime de Saron que Philippe annonce le Christ.

Ac 8,26-27un ange du Seigneur: L'initiative vient de Dieu (v. 37*), tout comme pour la suite du voyage (v. 39), où c'est l'Esprit qui «enlève» Philippe. Sans explication, puisque la route est (encore) déserte. L'ange a dit : Lève-toi et va... Il se leva et partit, avec la parfaite correspondance du parfait obéissant, entre l'ordre et son exécution (règle de saint benoît, chapitre 5), comme saint Joseph (Mt 2,13-14 Mt 2,19-21). Au contraire de ce que pensait Simon le Mage, ceux que Dieu s'est choisis pour un ministère dans l'Église ne possèdent pas l'Esprit: ils ne peuvent user pour eux-mêmes, à leur gré, des pouvoirs qu'ils ont reçus. L'Esprit qui les possède est une personne vivante et toute-puis santé, qui les a appelés librement à son service. A travers ces pauvres hommes, c’est le Dieu vivant qui parle et qui opère, c’est lui qui sauve et qui condamne p. barsotti).

Ac 8,27 // — L'Ethiopie, c'était l'Afrique, et le teint sombre de ses habitants l'assimilait au continent noir. De la Samarie et la Judée, c'est donc au monde entier que, dès cet épisode, passe la Parole. Mais ce n'était pas la première fois (// 1R 10), et Jésus avait reproché aux Pharisiens de ne pas entendre la sagesse même qui leur parlait par sa bouche, alors que « la reine du Midi » l'avait reconnue dans pâle reflet qu'en donnait Salomon (Lc 11,31).

Candace : Ce n'est pas le nom, mais le titre générique des reines d'Ethiopie, comme Pharaon pour les souverains de l'Egypte.

eunuque : Déjà exclu comme étranger, il l'est doublement en raison de son infirmité (Dt 23,2). L'annonce prophétique du parallèle Is 56 — dont les vers précédant notre citation s'adressaient également aux étrangers — s'accomplit donc ici. L'Évangile n'a pas seulement valeur universelle parmi les nations, mais rachète aussi les infirmes et les humiliés. À cause de la venue de Jésus comme Messie, l'eunuque n'est plus un homme rejeté. Dieu ne tient plus compte de son état, mais seulement de sa disposition spirituelle Q. meimer-dinger : La Foi de l'eunuque éthiopien, dans etr 1988, p. 521-528).

Ac 8,28-31 // Ne 8,8 Ne 8,12 Il ne suffit pas d'avoir une Bible, ni même de la lire , elle demande à être « comprise ». Or chacun sait, par expérience, que cela ne va pas de soi, en notre temps pas davantage que pour ce haut personnage antique. Et l'interprète authentifié de l'Écriture sainte, c'est la Tradition, autrement dit la compréhension que le Christ en a communiqué à son Église.

AUGUSTIN : Doc. chrét., Prologue 7 (ddb xi, 176) — Cet eunuque, qui lisait le prophète Isaïe et ne le comprenait pas... ce qu'il ne comprenait pas ne lui fut pas expliqué par un ange, ni révélé divinement dans l'esprit sans le ministre d'un homme ; mais plutôt Philippe, par une inspiration divine, fut envoyé "A s'assit avec l'officier de la reine... et il découvrit à l'eunuque avec des mots humains et une langue humaine ce qui était caché dans l'Écriture. (Auparavant, Augustin citait l'exemple du centurion Corneille (Ac 10,41*), dont nous verrons l'importance pour une définition de la foi incluant « l'enseignement de l’Église».)

Vatican il : Constitution « Dei Verbum » ri" 9-10La sainte Tradition et a Sainte Écriture sont donc reliées et communiquent étroitement entre elles. Zar toutes deux, jaillissant d'une source divine identique, ne forment pour ainsi dire qu'un tout et tendent à une même fin... La charge d'interpréter de façon authentique la parole de Dieu, écrite ou transmise, a été confiée au seul magistère vivant de l'Église dont l'autorité s'exerce au nom de Jésus-Christ. Pourtant ce magistère n’est pas au-dessus de la parole de Dieu, mais il la sert,’.' enseignant que ce qui fut transmis... Il est donc clair que la sainte Tradition, a Sainte Écriture et le magistère de l'Église, par une très sage disposition de Dieu, sont tellement reliés et solidaires entre eux qu’aucune de ces réalités ne subsiste sans les autres, et que toutes ensemble, chacune à sa façon, sous l'action de l'Esprit Saint, contribuent efficacement au salut des âmes.

Ac 8,32-35 // Lc 18,31-34 Lc 24,45 Lc 24,27 Lc 24,46 Comme l'a montré dodd (Conformément aux Écritures, p. 61 -62), en citant court passage, les Actes nous réfèrent à l'ensemble de l'oracle d'Isaïe 53,12 sur «le Serviteur souffrant». D'après les Évangiles, le Christ s'est appliqué à lui-même cette prophétie (Lc 22,37), qui est l'une des principales clés de l’A.T.utilisée par le n.t. pour donner le sens de la Passion , cf. Mt Mt 8,17 Jn 12,38 et Rm 15,21 Rm 15, aujourd'hui, c'est la lecture que l'Église propose à notre méditation le Vendredi saint. En particulier, l'image de l'agneau sans défense (v. 32) convient parfaitement à celui que Jean-Baptiste a reconnu comme «l'Agneau qui porte le péché du monde», acceptant de mourir en agneau pascal pour nous délivrer de la mort et, comme lui, donné en nourriture à la Cène. Avec cette différence qu'au repas de la première Pâque seuls étaient admis les enfants d'Israël (Ex 12,43-48), tandis que cet eunuque annonce l'accès de tous les hommes au repas eucharistique — moyennant conversion et baptême, bien entendu.

Philippe ouvrit la bouche (v. 35) : Ce n'est pas une expression embarrassée en même temps qu'inutile, mais une «ouverture» plus solennelle, annonçant l'importance du discours, si brièvement formulé soit-il. Et de fait on y trouve l'essentiel de la catéchèse primitive et de sa méthode.

à partir de ce passage de l'Ecriture (v. 35) : Quand Jésus s'était référé «aux prophètes» pour annoncer sa Passion, ses disciples «n'y comprirent rien» (// Lc 18). Maintenant, non seulement l'événement a eu lieu, mais le Christ ressuscité a lui-même enseigné aux disciples d'Emmaus et aux Apôtres à lire dans «Moïse et tous les prophètes» ce qui l'annonce (// Lc 24). Bien plus encore, il leur a «insufflé l'Esprit Saint» pour leur «ouvrir l'intelligence des Écritures» (Jn 20,22 et // Lc 24,45). La Tradition s'amorce: par l'imposition des mains (Ac 6,6), les Douze ont transmis l'Esprit aux Sept ; par eux commence la première mission, auprès des Samaritains puis de cet Éthiopien, d'«évangéliser Jésus, à partir de Moïse, des prophètes et des Psaumes» (Lc 24,44).

Ac 8,36-38 112R 5,1.10.14 — Le Christ avait cité en exemple la foi de Naaman, cet autre étranger (même s'il avait commencé par s'indigner, en refusant de croire au remède trop facile donné par le prophète Elisée : Lc 4,27). Et la guérison de sa lèpre par les eaux du Jourdain annonçait justement la purification des péchés par le baptême chrétien, inauguré par le Christ dans ces mêmes eaux du Jourdain. C'est aussi la même condition que pose Jésus pour la guérison de l'enfant épileptique : « À qui croit, tout est possible » (Mc 9,23), et Philippe à l'eunuque (au v. 37).

Ce verset 37, la Vulgate ne l'a pas inventé. Il se trouve dans la v.o., sous une forme encore plus complète : Philippe dit : « Si tu crois de tout ton coeur, c'est possible. » Il répondit : «Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu. » Ce verset n'a pas été retenu dans l'édition critique de Nestlé, que nous avons pris le parti de suivre. Mais les études récentes tendent à réhabiliter cette v.o. ; et sur ce verset notamment, j. heimerdinger montre que ni la critique interne, ni ce que nous pouvons savoir des confessions de foi baptismale, ni l'exégèse enfin, ne s'opposaient à ce que cette « forme longue » soit « une possible leçon primitive », autant que « la forme courte ». L'abus d'une critique trop radicale est corrigé par les progrès de la critique ! La conversion de l'eunuque éthiopien est ainsi comme la préfiguration de l'entrée dans le peuple de Dieu des croyants non juifs. Dans cette composition savante, et sans nier le fondement historique des événements, on notera l'habileté de l'auteur à les organiser de manière à exprimer une pensée théologique. La rencontre entre Philippe et l'eunuque est clairement l'oeuvre de Dieu. Philippe n’est qu’un exécutant qui ne prend aucune initiative... et annonce à l'exclu la bonne nouvelle. A cause de la venue de Jésus, l'eunuque n’est plus un homme rejeté. Dieu ne tient plus compte de son état, mais seulement de sa disposition spirituelle.

(Au surplus,) le texte dis 53 utilisé par Philippe pour parler de Jésus a comme arrière-fond la Pâque. Or le repas pascal fait partie des rites interdits aux incirconcis (Ex 12,48). La bonne nouvelle, pour l'eunuque, c'est aussi qu’il n’est plus exclu de la participation à la Pâque. Il devient le bénéficiaire de la Pâque nouvelle, qui lui assure l'entrée dans la communauté nouvelle. Dans ce contexte, le verset 8,37 des Actes apparaît comme une explicitation de la foi de l'eunuque, qui ne fait aucun doute, plutôt que comme une condition au baptême (art. cité, etr 1988, p. 525). En tout cas, il est émouvant de trouver en ce premier «païen» admis au baptême la même foi que celle de Simon-Pierre à Césarée (Mt 16,16), sur laquelle repose l'Église, depuis sa première origine jusqu'à nous.

Ac 8,39-40 // Dn 14,33.36-37; — Le parallèle avec Dn 14 est encore plus marqué suivant la v.o. : « ... l'Esprit Saint fondit sur l'eunuque (par l'effet du baptême), et un ange du Seigneur lui enleva Philippe, et l'eunuque ne le vit plus, etc. » (en italique les additions). Quoi qu'il en soit, on voit que l'Esprit ne perd pas de temps et demande à ceux qu'il mène un grand détachement vis-à-vis de leurs «conquêtes». C'est ce que demandait implicitement l'Évangile, dans le discours du Christ sur la mission, du fait qu'elle devait être itinérante (comme nous le voyons en ce chapitre 8,25 et 39-40 des Actes), et qu'il ne fallait même pas «s'attarder à saluer» ceux que l'on rencontrait «le long de la route» (Lc 10,1-9). Un grand apôtre comme saint François-Xavier ne s'attachera pas non plus aux Eglises qu'il fonde comme « en passant », toujours attiré vers ces « extrémités de la terre » encore païennes que, pour lui, était par excellence la Chine... Saint Paul, le tout premier, avait tracé la voie.

8

§ 8. LA CONVERSION DE SAUL : Ac 9,1 -43


Nous restons dans la suite du martyre de saint Etienne, comme l'indiquait la double mention de Saul, en Ac 7,58 et 8,1 ; et dans la même perspective d'une persécution, source de conversions. Mais cette fois, il s'agit de l'un des persécuteurs, et non des moindres : celui-là même qui, de simple témoin ap-Drouvant la mort d'Etienne, est devenu l'un des meneurs de la «chasse aux :hrétiens ». L'événement est d'une telle importance que les Actes y reviendront încore deux autres fois (Ac 22 et 26), en mettant alors le récit dans la bouche le saint Paul, de sorte que son attestation paraisse encore plus directe. Qu'il y lit entre les trois relations d'un fait aussi avéré certaines divergences s'explique naturellement par la loi même du témoignage qui, provenant en effet l'un «témoin oculaire», donne par hypothèse son «point de vue», propre à chacun, donc différant de l'un à l'autre. S'y ajoute une élaboration littéraire mettant l'accent sur tel ou tel des aspects du même événement. Mais l'auteur étant ici le même dans le triple récit qu'il en donne, c'est un cas excellent pour avertir la critique historique de l'abus qu'il y aurait à conclure de ces divergences à des « sources » elles aussi diverses. C'est plutôt un rappel que Luc et ses contemporains n'avaient pas tant le souci historique de ces précisions que l'art littéraire d'adapter ces détails pour qu'ils s'ajustent mieux à «l'effet» cherché — qui est notre propre édification sur l'autorité souveraine avec laquelle Dieu conduit son Église.

Qu'après avoir traité de Pierre et de la naissante communauté judéo-chrétienne les Actes passent à l'activité de Paul et de lui seul n'est pas pour nous étonner, puisque nous avons déjà pu remarquer cette constante de la conduite providentielle qu'à chaque nouveau départ Dieu se choisit «un homme » qui devient l'instrument du salut de tous, comme il est dit de Joseph au Psaume 105,17. Cela vaut pour Noé, Abraham, Gédéon et Samson, Moïse et les prophètes. Souvent même, l'élu n'est pas dans la droite ligne de succession, pour que la libre initiative divine soit d'autant plus patente: cela vaut pour Jacob, «préféré» à Ésau, pour David, appelé à suppléer à la défaillance de Saul ; et dans le Nouveau Testament, sans que Pierre soit destitué de la primauté que le Christ lui-même a confiée non seulement à lui mais à tous ses successeurs, il n'empêche que Paul aura un rôle de premier plan dans l'universalisation du salut qui est, pour les Actes, l'essentiel de l'histoire de l'Église en ces premières années.

Tout cela pourtant n'adviendra qu'à partir du chapitre 13. Pour l'instant nous restons dans le sillage ouvert par le martyre d'Etienne, et Pierre sera au premier plan encore aux chapitres 10 à 12.

Ac 9,1-2 // Gn 49,1 Gn 49,27 Ps 119,1 Jr 2,17-18 Jn 14,6 — (Commentaire du parallèle Gn 49 : voir Ac 8,1a*, Augustin). L'initiative vient de Saul même, et au verset Jn 3 il est en route vers Damas, donc en pleine action. Comme dans le cas des Apôtres au matin de Pâques, il est à l'opposé d'une quelconque préparation psychologique à voir le Christ vivant. Attribuer sa prochaine vision à la projection d'un désir secret est, ici comme là, purement gratuite — donc à l'opposé de cet esprit critique dont on se targue. Non ! tous les témoignages sur le fonds de notre foi qu'est la résurrection du Christ donnent ces faits pour objectifs. Tenons ce point pour solide, après cent cinquante ans où l'on a tout fait pour l'ébranler.

disciples... qui suivraient la Voie : Ce mot important (cf. Ac 2,25-28*) désigne premièrement une sagesse, une ligne de conduite, comme dans les parallèles Ps 119 et Jr 2. Mais dans le christianisme, c'est Jésus lui-même qui s'est déclaré « la Voie » — et elle nous mène au Père. C'est donc un nom désignant la religion chrétienne elle-même, en y ajoutant cette nuance qu'elle requiert d'avoir toujours à y progresser. Dans le même sens, cf. Ac 19,9.23; 22,4; 24,14.22). Secondairement, on peut sentir ici une antithèse entre cette «Voie» et la route que fait Saul vers Damas. Alors qu'il pense aller contre le Christ, son chemin va croiser cette Voie où il sera si définitivement réquisitionné, comme Simon de Cyrène...

Ac 9,3-4 // Ez 1,27-28 Dn Ez 8,17 Mt 17,5-6 La manifestation la gloire divine saisit d'abord Saul comme par l'extérieur, puisqu'il est « enveloppé » par cette lumière. Au chapitre Est 22, Paul dira que ses compagnons «virent cette lumière», et au chapitre Est 26, qu'il la «vit» lui-même, ce qui implique plus encore un minimum de distance. Donc une objectivité plus indéniable. Mais on peut aussi en tirer une conclusion touchant plus directement à l'étape encore préliminaire que cette «vision» dénote en Saul.

Bernard de clairvaux : S. pour la conversion de saint Paul (pl 183, 359 ; trad. Orval, «Lectures chrét. » n" 15) — Inestimable condescendance de la bonté de Dieu! Elle illumine extérieurement d'un éclat céleste un homme intérieurement incapable de lumière. Ne pouvant pas encore pénétrer en lui, elle l’enveloppe de divine clarté.

Ac 9,4-5 // Is 43,1 Is 43,4 Mt 25,40tombant à terre , Cela indique au moins physiquement une forte commotion. Mais si l'on se rappelle que l'adoration se marque normalement par une prosternation, face contre terre (// Dn 8), on voit la différence avec Saul, encore trop peu « éclairé » par la divine lumière pour reconnaître par lui-même qu'il est en présence de Dieu, et mis seulement en posture d'humilité. Cependant, après la vision vient l'audition, qui est également objective, puisque entendue aussi par les gardes (v. 7). Mais déjà «la voix» pénètre davantage à l'intérieur, sollicitant la foi, pour qu'ensuite Paul, instruit par sa propre expérience, enseigne que « la foi vient de l'écoute » (Rm 10,17).

Saoul, Saoul: Prononciation sémitique. — Qui es-tu: Confirme que Saul n'a pas reconnu le Christ, même si certaines expressions de ses lettres pourraient le faire penser. Pourtant il ajoute : Seigneur, ce qui est un titre divin et montre qu'il a perçu, au moins confusément, non pas seulement la transcendance vague, indéfinie, du «divin», mais «Quelqu'un» d'aussi personnel que se montre Dieu dans la religion juive.

Et la voix: Confirme que ce n'est pas directement du domaine de la vision, à la différence des parallèles Ez 1 et Dn 8, mais plus proche de la vocation d'Abraham : « Yahvé dit à Abram... » (Gn 12,1). Pourquoi me persécutes-tu ?... Je suis Jésus, que tu persécutes : La répétition souligne que c'est l'essentiel de la révélation faite au persécuteur. Aucune parole en effet ne témoignerait aussi vivement de la solidarité que Jésus ressuscité, glorieux, céleste, invulnérable comme Dieu, garde avec le moindre de ses membres persécutés, humiliés, souffrants : elle va jusqu'à une identification.

C'est ce que professe la foi chrétienne en affirmant avec le concile de Nicée-Constantinople, et plus simplement avec le catéchisme, que, s'il y a en Jésus deux natures complètes, divine et humaine, il n'y a qu'une seule Personne, qui est la Personne divine. Ainsi, tout en assumant intégralement la nature humaine, le Fils de Dieu évitait de la munir d'une personne humaine séparée, limitée, dans laquelle sa divinité eût été comme enfermée. Ainsi évitait-il d'entrer comme en rivalité avec nos petites personnes humaines, tandis que, dans l'immensité ouverte qui est le propre des Personnes trinitaires (entièrement intérieures l'une à l'autre et pourtant bien distinctes), le Verbe, incarné en Jésus de Nazareth, restait capable d'assumer tous les hommes sans attenter ni diminuer le libre exercice que nos personnes humaines assurent à chacun de nous. Tel est bien ce grand mystère : nous sommes bien nous, sans que cela nous empêche d'être « membres » du Christ, d'être « du Christ ». C'est Paul qui, par la suite, trouvera les formules les plus fortes pour le dire : « Je vis, mais ce n'est plus moi : celui qui vit en moi, c'est le Christ» (Ga 2,20) ; «Pour moi, vivre c'est le Christ» (Ph 1,21); «Si nous vivons, c'est pour le Seigneur que nous vivons, et si nous mourons, c'est pour le Seigneur que nous mourons ; et soit que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes < du Seigneur >» (Rm 14,8). Et cela explique la vérité de ce qu'annonçait l'Évangile : « Toutes les fois que vous l'avez fait pour l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait » (Mt 25,40). Ce n'est pas une manière pieuse ou «charitable» de parler, c'est la réalité la plus profonde, métaphysique, inscrite dans la vocation de tout chrétien !

augustin : S. sur le Ps 31 (30), n, 3 (pl 36, 231) — Le Christ total est tout ensemble Tête et Corps. Le Christ-Tête, Sauveur de son Corps, est déjà remonté au ciel, tandis que son Corps, l'Église, oeuvre et souffre sur terre. Mais si ce Corps n’adhérait à sa Tête par un lien de charité, de sorte que Tête et Corps ne fassent qu'un, le Christ-Tête pourrait-il, du ciel, reprendre le persécuteur en lui-disant : «Saoul, Saoul, pourquoi me persécutes-tu ? » N'était-il pas assis au ciel, où nul ne pouvait l'atteindre ; comment alors les sévices de Paul contre les chrétiens pouvaient-ils l'offenser ? Il n’a pas dit : « Qu’en est-il de mes saints, de mes serviteurs ? », mais « pourquoi me persécutes-tu », c’est-à-dire moi, mes membres. La Tête crie, crie pour les membres. La Tête transfigurait en soi les membres.

d. barsotti : Aucun acte de l'homme ne rejoint un autre homme qu'à travers le Christ. Et d'autre part, Dieu étant transcendance absolue, il n'y a pas de voie qui, de la créature, monte jusqu’à lui, si le Christ n’est pas cette voie. Ainsi le Christ devient le nouveau monde dans lequel l'homme doit s'insérer pour vivre une communion avec Dieu... En ce moment, Saul apprend que toute offense faite aux hommes est faite au Seigneur. Le Seigneur a pu devenir le monde dans lequel l'homme a retrouvé sa communion d'amour parce qu'il s'est d'abord rendu vulnérable à l'offense de l'homme. Saul, dans sa haine, n'a pas encore touché les fidèles... n'a pas encore sévi contre la communauté de Damas, et déjà il a persécuté Jésus. Avant même que ton acte rejoigne un homme, déjà l'acte intérieur rejoint le Christ...

Ac 9,6 — C'est Jésus lui-même qui prend en main les opérations, sans bailleurs les préciser. En Ac 22,10, c'est Saul qui pose la question: « Que dois-je faire, Seigneur? » En 26,16-18, le programme de la mission de saint Paul est tracé. Sous quelque forme que ce soit, ce qui caractérise l'attitude du converti, c'est qu'au lieu de prendre l'initiative, puis d'agir en conséquence ( (v. 1-3), il va être mené par un Autre désormais, si bien que ce qui est demandé à l'Apôtre, c'est seulement une totale disponibilité à ce qu'on lui dira de faire.

Tel est, mes frères, reprend BERNARD de clairvaux (loc. cit. aux versets 3-4), le signe d'une parfaite conversion : «Mon coeur est prêt, ô Dieu, mon coeur est prêt », dit-il (Ps 108,2). « Prêt, et non troublé ni hésitant, pour garder tes commandements » (Ps 119,60). « Seigneur, que me veux-tu ? »O parole brève, et de toute plénitude, vivante et efficace, parole digne d'être agréée! Qu'ils sont peu nombreux, ceux qu'on trouve à ce parfait degré d'obéissance et qui ont si bien renoncé à leur volonté que leur propre coeur ne leur appartient plus, de sorte qu'ils recherchent à toute heure non ce qui est d'eux-mêmes, mais ce que Dieu veut. Sans cesse ils demandent : « Seigneur, que me veux-tu ? » ou encore, comme Samuel : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute. »

Ac 9,7-8 // Dt 28,28-29 Tb 5,10 Tb 2,10 Ex 33,20 Ex 33,22 Dn Ex 10,7-8 — Phénomène semblable à Fatima, où François voyait «la belle Dame», sans entendre qu'elle disait, et que Lucie ou Jacintha devaient lui répéter ensuite (d'après le quatrième tome des Mémoires de Lucie, ddb 1975, p. 122 s).

Ouvrant les yeux, il ne voyait pas. Le Bienheureux Paul a illuminé la terre, et c'est lui justement qui, au moment où il fut appelé, fut aveuglé quelque temps. Mais ce non-voir est devenu illumination de l’OEcuménè... Ce n'est pas l'obscurité qui le plongea dans les ténèbres, c'est la surabondance de la lumière qui l'enveloppa d'obscurité (jean chrysostome: H. 4, 2; SC 300, p. 182-186).

L'expérience de la lumière est ordonnée à une expérience religieuse qui se consomme dans un rapport d'amour. Dieu parle. Il est la Parole. L'enseignement est secondaire, comparé au rapport que la Parole établit avec l'homme. Le Seigneur parle, et Saul ne voit plus rien, mais entre en communion avec Dieu (d. barsotti).

Le parallèle Dt 28 annonce la malédiction qui atteint celui qui va contre la volonté de Dieu. Mais l'exemple du parallèle Tb 5 et 2 montre que l'épreuve n'atteint pas moins le juste. C'est que « non seulement quand Dieu châtie, mais même quand il fait du bien, l'homme ne peut que défaillir» en présence du Dieu trois fois saint, fût-il prophète comme Isaïe (6,5) ou Daniel (// Dn 10), fût-ce Moïse qui pourtant « parlait avec Dieu face à face comme avec un ami » (// Ex 33).

Ils le prirent donc par la main, et le conduisirent à Damas : Extérieurement ils l'entraînaient ; mais intérieurement c'est le Seigneur qui l'attirait, car s'il n’avait pas été attiré il n’aurait pu venir à celui qui a dit : « Nul ne vient à moi si mon Père ne l'attire » (Jn 6,44) (pierre de blois : pl 207, 793).

Ac 9,9 // Ex 34,28 Est 4,15-16 Dn Est 9,3 Os 6,1-2 — Les trois jours ont pour nous valeur d'évocation du mystère pascal, car il fallu laps temps pour bien établir le fait de la mort; et c'est seulement à partir de là qu'a pu intervenir la résurrection, comme glorification obtenue par ce sacrifice rédempteur (prophétisée par le parallèle Os 6). Mais les parallèles Ex 34, Est Ex 4 et Dn Ex 9 nous rappellent aussi la nécessité d'une préparation, par le jeûne et la prière, avant d'être introduit devant le roi (et Dieu est encore plus grand qu'Assuérus). Même association du jeûne et de la prière en Ac 13,2-3, avant l'envoi de Paul en mission: : ce qui vaut pour l’A.T.vaut encore pour le n.t.

Ac 9,10-12 // Tb 5,11 Tb 5,13-14 Nb 12,6 Lc 6,12-13 Nb 8,10-11 — L'admirable est la correspondance entre les deux visions d'Ananie et de Saul, comme entre les prières de Tobie et de Sarra, Dieu faisant tout converger pour le bien de ses élus.

à Damas un disciple : Ainsi apprenons-nous incidemment que l'évangélisation a débordé « la Samarie et la Judée » (Ac 8 — mais déjà Ac 9,2 le laissait supposer). Du nom d'Ananie: En 22,12 Paul précisera qu'il appartenait aux milieux juifs. On trouve ce nom d'Ananias au parallèle Tb 5, provenant d'une famille connue. Dans une vision: Le parallèle Nb 12 et toute l'Écriture, du patriarche Joseph au père adoptif de Jésus, admettent que lorsque le salut est en cause Dieu peut donner à des rêves valeur prémonitoire ou même proprement prophétique.

« Ananie ! » Il répondit: «Me voici»: Parallèle exact avec Gn 22,1. Dieu appelle chacun de nous par son nom (Is 43,1 « Je t'ai appelé par ton nom : tu es à moi » — qu'on se rappelle Jésus ressuscité apparaissant à Marie-Madeleine : « Marie ! »). Me voici est la réponse de la disponibilité, comme au verset 11 voici souligne le fait décisif (cf. bc i*, p. 42-43, 49-50). Prier, c'est décisif ! Le parallèle Lc 6 rappelle que le Christ a donné l'exemple : l'institution du collège apostolique est née de cette prière ; et l'Apôtre des nations lui aussi recevra sa vocation d'une prière.

et lui imposait les mains pour lui faire recouvrer la vue : Le premier effet sera donc une guérison ; mais on a déjà vu que l'imposition des mains était aussi le signe rituel de l'ordination (comparer Àc 6,6* et 8,14-17*), comme déjà dans l’A.T.: // Nb 8 et 1Tm 4.

Ac 9,13-14 // — À l'ordre divin, qui de la plus grande portée pour l'avenir de l'Eglise du Christ (Ac 9,11-12), Ananie objecte ce qui est prudence humaine, haute et pure puisqu'il cherche à préserver de la persécution « tes saints, Seigneur... tous ceux qui invoquent ton nom » (deux expressions désignant les chrétiens : pour la première, cf. Ac 9,32.41* ; pour la seconde, Ac 2,15-21* et 4,12* — cf. Il 1M 7 et Ps 145). C'est, remarque pierre chrysoi.ogue, une application de la parabole sur le danger de classer trop vite les gens « froment » ou « ivraie »: Si la patience de Dieu n'était pas intervenue en faveur^ de l'ivraie, jamais l'Eglise n'aurait connu de publicain devenu Évangéliste, ni Paul, de persécuteur, Apôtre. Ainsi Ananie cherchait-il à déraciner ce bon froment (à venir) ... Il voyait Saul, tandis que le Seigneur discernait Paul. Celui qu’Ananie appelait persécuteur, déjà le Seigneur le savait prédicateur ; et quand le premier jugeait l'homme ivraie d'enfer, le Christ, lui, le tenait « vase d'élection », froment pour-son grenier céleste... (S. 97, 7; pl 52, 474 ; ccl 24 A, 601).

Ac 9,15-16 // — Élection et mission apostolique: «c'est moi qui vous ai choisis» (Jn 15,16 et // l S 9). Sera plus développé en 26,16-18*. Comme pour Etienne (Ac 8, introd.*), ou pour Jérémie (// ), pour Paul aussi les persécutions iront pair avec la fécondité l'apostolat (// 1Co 1 ; 2Co 7 ; 2Tm 3). L'Apôtre continue la mission du Christ en continuant de quelque manière sa Passion (D. barsotti).

^Ac 9,17 // Jn 17,18; Lc 24,13.15.30-31 — Par le ministère d'Ananie, c'est à l'Église que le Christ confie la tâche de recevoir et d'éclairer tout catéchumène.

pierre de blois (ibid.)Saul, jeté à terre sur la route, est envoyé dans la ville pour être instruit : le doux Maître de justice et de miséricorde veut qu’il soit instruit par un homme, aimablement et fraternellement, car il sait que Saul ne pourrait supporter le tonnerre de la voix divine. C'est ainsi que Moïse était médiateur entre Dieu et le peuple d'Israël, car les Juifs disaient : « Parle-nous, toi : si le Seigneur nous parle, nous mourrons » (Dt 5,24-27).

Augustin : Questions sur l'Év. de Luc, a, 40, 3 (pl 35, 1355) — À l'Église il appartient proprement, soit de pénétrer les âmes de sa doctrine par les sacrements, soit de les catéchiser par discours publics et lectures, où l'on découvre en quelque sorte la couleur de la vérité et de la sincérité, parce qu’elle est à la portée de tous et parfaitement mise en évidence, non seulement intérieurement, mais par une manifestation extériorisée. Aussi, après avoir entendu les paroles du Seigneur même, Paul fut-il envoyé vers Ananie pour recevoir, du sacerdoce établi dans l'Église, le mystère de la foi, et être reconnu comme un véritable docteur. Ce n'est pas que le Seigneur ne puisse tout faire par lui-même...

ambroise: La Pénitence, i, 8, 34 (SC 179, p. 82) — C'est la volonté du Seigneur que ses disciples aient le plus de pouvoirs possible ; c’est sa volonté que ses serviteurs fassent en son nom ce que lui-même faisait quand il était sur la terre. Du reste il a dit : « Vous ferez de plus grandes oeuvres » (Jn 14,12), Il leur a donné de ressusciter les morts (Mt 10,8) et, alors qu'il aurait bien pu rendre lui-même l'usage de la vue à Saul, il l'a envoyé à son disciple Ananie, afin que par la bénédiction de cet homme Saul retrouve les yeux qu'il avait perdus... Il a même donné à ses disciples d'être par sa grâce la lumière du monde, lui qui était Lumière du monde (Mt 5,14 Jn 8,12)... Il a donc tout donné, mais sans que rien vienne du pouvoir de l'homme, là où c'est la grâce du don divin qui manifeste sa vigueur.

c'est le Seigneur qui m'envoie, dit Ananie (// Jn 17) ; et si même il se montre à nous sur la route, c'est pour disparaître dès qu'on l'a reconnu, nous laissant comme aux disciples d'Emmaus les signes de sa présence dans le sacrement eucharistique et dans ces autres signes sacramentels que sont les ministres du Seigneur (// Lc 24).

Ac 9,18-19 // Tb 11,11-13 Dans cette conversion tout comme dans l'histoire sainte (// Tb et 1S), tout comme dans l'Évangile où Jésus recommande donner à manger à la fille Jaïre qu'il vient ressusciter (Mc 5,43), les miracles la grâce ont à se conjuguer avec les besoins les plus humblement humains.

Ac 9,20-22 // Lc 5,15 Mt 14,33 Mt 16,16dans les synagogues , Comme Jésus (// Lc 5). Jésus est le Fils de Dieu... le Christ: Le message du salut est tout entier dans cette proclamation... et lorsque, sans nier cette foi, on n'a pas le courage de la proclamer, et qu'on tourne autour de l'obstacle en parlant de l'Eglise, du «service», etc., tout chavire (d. barsotti). Suffit à la prédication de Saul converti cette profession de foi fondamentale (// Mt 14 et 16), parce que son retournement en est la meilleure preuve.

Grégoire le grand: Sur Job, xi, 16 (SC 212, p. 65) — Il arrive que l'esprit humain, visité par le don de Dieu, se mette à faire le contraire de ce qui lui était habituel... Entre autres exemples, il me plaît de citer saint Paul qui, dans le temps même où il se rendait à Damas avec des lettres lui donnant licence de combattre, fut, sur la route, pénétré par la grâce de l'Esprit et immédiatement converti, abandonnant son plan cruel. Dans la suite, il reçut pour l'amour du Christ les coups qu’il venait porter aux chrétiens. Et lui qui s'efforçait de livrer à la mort les saints du Seigneur quand il vivait « selon la chair », il se réjouit plus tard d'immoler la vie de sa propre chair pour la vie des saints. Lui qui comptait comme un gain de tuer le Christ dans ses disciples, il estime désormais que le Christ est sa vie et que mourir lui est un gain.

La conversion de saint Paul n'est pas d'abord ni seulement du domaine de la morale : elle est « religieuse » ; elle naît d'une rencontre définitive entre Saul et Jésus, reconnu comme à la fois « le Fils de Dieu » et « le Christ » (= le Messie). C'est à lui que Paul désormais consacrera sa vie, c'est de sa grâce qu'il tiendra la force nécessaire pour surmonter tous les obstacles, c'est de son amour qu'il tirera le principe de son ascèse et de son énergie missionnaire illimitée ; c'est pour lui que désormais il donnera tout (Ph 3,7-16).

Ac 9,23-25 // Mc 3,6 Jos 2,7 Jos 2,15 Jos 2,21 Ps 18,29-30 — Paul devient un témoin gênant, à supprimer comme Jésus (// Mc 3). Autre complot en Ac EN 20,3 EN 19 23,30. L'évasion des explorateurs de Jéricho (// Jos 2) prépare un retour en force et le salut assuré seulement à la maison de Rahab ; mais Paul, lui, s'échappe pour aller porter bientôt le salut à toutes les nations. Autre mention de ce fait en 2Co EN 11,33 Par contre, rien sur le séjour en Arabie et le second séjour à Damas (Ga 1,17).

Ac 9,26-30 // Za 10,3 Za 10,6 Za 10,12 Mc 1,22 Gn 28,6-7La peur n'est pas seulement, « intra », que la conversion du persécuteur soit feinte ; elle vient que, « extra », son zèle apologétique (v. 29a) risque de mettre le feu aux poudres et de relancer l'affaire du martyre d'Etienne.

prêchant avec assurance : Comme Pierre et Jean (Ac 4,13*). Et ce n'est pas étonnant puisque c'est au nom de Jésus, Seigneur (v. 27-28 et // Za 10 Mc 1,22).

avec les Hellénistes : Non pas ceux qui étaient déjà convertis (Ac 6,1*), mais des Juifs appartenant à la diaspora*, encore à convertir au Christ.

le renvoyèrent à Tarse : Sa ville natale, en Cilicie (Ac 22,3 Ga 1,21). Manière à peine déguisée de l'éloigner pour qu'il ne rompe pas la trêve annoncée au verset suivant. Mais ce délai supplémentaire est, comme le séjour en Arabie ou comme celui de Jacob à Paddân-Aram (// Gn 28), le retrait préalable nécessaire à la maturation spirituelle du futur Apôtre.

En outre, la mention de ce retour à sa ville natale est conforme à la composition « scénique » de Luc (bc n*, p. 134) : une fois racontée la conversion de Paul, fruit majeur du martyre d'Etienne, l'acteur est congédié jusqu'à nouvel ordre (= Ac 13), et l'on en revient tout naturellement à « l'Église » et à Pierre, protagoniste de cette première partie des Actes.

Ac 9,31 // Gn 17,1-4 Gn 22,17 Pr 14,26 Pr 14,27 la Galilée: Première mention. Ac Ac 8 ne parlait que de la Samarie et de la Judée. Mais c'était assez prévisible, la Galilée ayant été le lieu de la première évangélisation, par le Christ lui-même.

Elle s'édifiait: Répond à l'image même que le nom d'Église annonce. Dommage qu'être « édifiant » soit devenu un terme suspect ! car ce devrait être le rôle de chacun de nous (voir dnt, p. 220). Elle marchait : Comme pour Abraham, «marcher», c'est progresser non seulement en nombre, mais en fidélité à l'Alliance (// Gn 17 et 22), renouvelée dans le Christ.

la consolation de l'Esprit Saint: Donc l'amour de Dieu et du prochain ne supprime pas mais bien au contraire intensifie cette crainte filiale, aimante, qui est précisément le don reçu de l'Esprit, et doit aller de pair avec la sagesse, l'intelligence, le conseil, la force, et la science (Is 11).

ambroise : S. 5 sur le Ps 119, ri" 36-37 (pl 15, 1264) — Si la crainte du Seigneur n’est pas selon la science, elle ne sert de rien : bien pire, elle est un grand obstacle...

Oui, les Juifs ont le zèle de Dieu. Mais parce que leur zèle n’est pas selon la science, ils commettent, dans ce zèle et cette science mêmes, une plus grande faute envers la divinité. Circoncire leurs enfants, garder le sabbat, c’est de la crainte de Dieu : mais parce qu’ils ignorent que la Loi est spirituelle, ils pratiquent la circoncision sur leur corps, et non sur leur coeur. Et pourquoi m'en tiendrais-je aux Juifs ? Même chez nous, certains ont la crainte de Dieu, mais non selon la science : ils établissent des préceptes trop durs, tels que la condition humaine ne puisse les porter. La crainte de Dieu est là, car ils estiment oeuvrer pour la discipline, demander un acte de vertu. Mais leur ignorance consiste en ceci qu’ils n’ont pas de compassion pour la nature, ne comptent pas avec ses possibilités. Que la crainte ne soit donc pas déraisonnable ! De même, en effet, que la vraie sagesse commence par la crainte de Dieu, ainsi la crainte ne doit pas aller sans la sagesse.

Ac 9,32-35 // Mc 1,35-38 Mt 4,23-24 Lc 5,18 Lc 5,24-26 Parallélisme évident de cette « visite » avec la « circulation (de Jésus) dans toute la Galilée ». Comme alors, c'est «Dieu qui visite son peuple» (cf. bc i*, p. 109; bc m*. p. 67).

Lydda = Lod (db, p. 814) à une vingtaine de km au sud-est de Joppé = Jaffa -Iel-Aviv (v. 38 s), elle-même au sud de Césarée (Ac 10): Pierre parcourt le ittoral sud.

Ac 9,36-42 // Pr 5,18-19 Ct 7,1 Ct 7,4 Ct 7,7 Ps 41,4 Ps 41,11 Pr 31,10 Pr 31,13 Pr 31,19-21Tabitha-Dorcas , Cette double dénomination, sémitique ou hellénique (comme en Ac 1,23 ; 12,12 ; 13,1.9), répond à la destination des Actes s'adressant aux «deux peuples» réunis dans la même Église du Christ (Ep 2,14-22). Ce nom de «gazelle» est aussi celui de la femme aimée, en parallèle Pr 5 et Ct 7 et ses oeuvres sont celles la « femme forte», qui peut être gracieuse et non pas revêche comme certaines «dames d'oeuvres» (// Pr 31).

dans la chambre haute : Comme dans le miracle d'Elisée, qui est aussi parallèle à la résurrection de la fille de Jaïre (// ).

Pierre mit tout le monde dehors (// Mc 5,40) : Mais tandis que Pierre s'agenouille et prie, Jésus n'a qu'à commander pour ressusciter la morte. Ainsi reconnaissons-nous le Maître de son disciple.

Ac 9,43 — Conformément au précepte du Christ (// Mt 10,11), Pierre attend les directives de l'Esprit. Et de fait celui-ci va engager l'Eglise à s'étendre aux païens, par le ministère de ce même prince des Apôtres. De la sorte, Pierre sera bien à l'origine de la réunion des Gentils avec les Juifs, non moins qu'à la naissance de l'Eglise judéo-chrétienne.


Bible chrétienne Actes 7