Benoît XVI Homélies 20212

VÊPRES EN LA FÊTE DE LA PRÉSENTATION DU SEIGNEUR 2 février 2012

20212
À L'OCCASION DE LA XVIe JOURNÉE DE LA VIE CONSACRÉE


Basilique Vaticane

Jeudi 2 février 2012




Chers frères et soeurs!

La fête de la Présentation du Seigneur, quarante jours après la naissance de Jésus, nous montre Marie et Joseph qui, en obéissance à la Loi mosaïque, se rendent au temple de Jérusalem pour offrir l’enfant, en tant que premier-né, au Seigneur et le racheter au moyen d’un sacrifice (cf. Lc
Lc 2,22-24). Il s’agit de l’un des cas où le temps liturgique reflète le temps historique, car précisément aujourd’hui, quarante jours se sont écoulés depuis la solennité du Noël du Seigneur ; le thème du Christ Lumière, qui a caractérisé le cycle des fêtes de Noël et qui a atteint son sommet dans la solennité de l’Epiphanie, est repris et prolongé dans la fête d’aujourd’hui.

Le geste rituel des parents de Jésus, qui a lieu dans le style d’une humble vie cachée qui caractérise l’Incarnation du Fils de Dieu, trouve un accueil singulier de la part du vieillard Syméon et de la prophétesse Anne. Par une inspiration divine, ceux-ci reconnaissent en cet enfant le Messie annoncé par les prophètes. Dans la rencontre entre le vieillard Syméon et Marie, jeune mère, l’Ancien et le Nouveau Testament se rejoignent de manière admirable dans l’action de grâce pour le don de la Lumière, qui a brillé dans les ténèbres et qui les a empêchées de prévaloir: le Christ Seigneur, lumière pour illuminer les nations et gloire de son peuple Israël (cf. Lc Lc 2,32).

On célèbre la Journée de la vie consacrée le jour où l’Eglise fait mémoire de la présentation de Jésus au Temple. En effet, l’épisode évangélique auquel nous faisons référence constitue une icône significative du don de leur vie, de la part de ceux qui ont été appelés à représenter dans l’Eglise et dans le monde, à travers les conseils évangéliques, les traits caractéristiques de Jésus, vierge, pauvre et obéissant, le Consacré du Père. Dans la fête d’aujourd’hui, nous célébrons donc le mystère de la consécration: la consécration du Christ, la consécration de Marie, la consécration de tous ceux qui se mettent à la suite de Jésus par amour du Royaume de Dieu.

Selon l’intuition du bienheureux Jean-Paul II, qui l’a célébrée pour la première fois en 1997, la Journée dédiée à la vie consacrée se fixe plusieurs objectifs particuliers. Elle veut tout d’abord répondre à l’exigence de louer et rendre grâce au Seigneur pour le don de cet état de vie, qui appartient à la sainteté de l’Eglise. Aujourd’hui, c’est à chaque personne consacrée qu’est dédiée la prière de toute la communauté, qui rend grâce à Dieu le Père, dispensateur de tout bien, pour le don de cette vocation, et qui avec foi l’invoque à nouveau. En outre, en cette occasion, on entend valoriser toujours davantage le témoignage de ceux qui ont choisi de suivre le Christ au moyen de la pratique des conseils évangéliques, en promouvant la connaissance et l’estime de la vie consacrée au sein du peuple de Dieu. Enfin, la Journée de la vie consacrée entend être, en particulier pour vous, chers frères et soeurs qui avez embrassé cette condition dans l’Eglise, une occasion précieuse de renouveler vos intentions et de raviver les sentiments qui ont inspiré et inspirent le don de vous-mêmes au Seigneur. Voilà ce que nous voulons faire aujourd’hui, tel est l’engagement que vous êtes appelés à réaliser chaque jour de votre vie.

A l’occasion du cinquantième anniversaire de l’ouverture du Concile oecuménique Vatican ii, j’ai proclamé — comme vous le savez — l’Année de la foi, qui s’ouvrira au mois d’octobre prochain. Tous les fidèles, mais de manière particulière les membres des Instituts de vie consacrée, ont accueilli cette initiative comme un don, et je souhaite qu’ils vivent l’Année de la foi comme un temps propice pour le renouveau intérieur, dont on ressent toujours le besoin, avec un approfondissement des valeurs essentielles et des exigences de sa propre consécration. En l’Année de la foi, vous qui avez accueilli l’appel à suivre le Christ de plus près à travers la profession des conseils évangéliques, vous êtes invités à approfondir encore davantage la relation avec Dieu. Les conseils évangéliques, acceptés comme d’authentique règles de vie, renforcent la foi, l’espérance et la charité, qui unissent à Dieu. Cette profonde proximité au Seigneur, qui doit être l’élément prioritaire et caractéristique de votre existence, vous conduira à Lui renouveler votre adhésion et aura une influence positive sur votre présence et votre forme d’apostolat particulières au sein du peuple de Dieu, à travers la contribution de vos charismes, en fidélité au Magistère, dans le but d’être des témoins de la foi et de la grâce, des témoins crédibles pour l’Eglise et pour le monde d’aujourd’hui.

La Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, avec les moyens qu’elle considérera les plus adaptés, suggérera des orientations et se prodiguera pour faire en sorte que cette Année de la foi constitue pour vous tous une année de renouveau et de fidélité, afin que tous les consacrés, hommes et femmes, s’engagent avec enthousiasme dans la nouvelle évangélisation. Alors que j’adresse mon salut cordial au préfet du dicastère, Mgr João Braz de Aviz — que j’ai voulu inscrire au nombre des cardinaux que je créerai lors du prochain consistoire —, je saisis volontiers cette heureuse circonstance pour le remercier, ainsi que ses collaborateurs, du précieux service qu’ils rendent au Saint-Siège et à toute l’Eglise.

Chers frères et soeurs, je remercie également chacun de vous, pour avoir voulu participer à cette liturgie, qui, également grâce à votre présence, se distingue par un climat particulier de dévotion et de recueillement. Je souhaite toutes sortes de bien pour le chemin de vos familles religieuses, ainsi que pour votre formation et pour votre apostolat. Que la Vierge Marie, disciple, servante et mère du Seigneur, obtienne du Seigneur Jésus que « ceux qui ont reçu le don de le suivre dans la vie consacrée sachent lui rendre témoignage par une existence transfigurée, en avançant joyeusement, avec tous leurs autres frères et soeurs, vers la patrie céleste et la lumière sans crépuscule » (Jean-Paul II, Exhort. apos. post-syn. Vita consecrata VC 112). Amen.



CONSISTOIRE ORDINAIRE PUBLIC Dimanche 19 février 2012

19212
POUR LA CRÉATION DE NOUVEAUX CARDINAUX ET POUR LE VOTE SUR QUELQUES CAUSES DE CANONISATION

CONCÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE AVEC LES NOUVEAUX CARDINAUX


Basilique vaticane

Dimanche 19 février 2012





Messieurs les Cardinaux,
Vénérés frères dans l’Épiscopat et dans le Sacerdoce,
Chers frères et soeurs !

En la solennité de la Chaire de Saint Pierre Apôtre, nous avons la joie de nous rassembler autour de l’Autel du Seigneur avec les nouveaux Cardinaux, qu’hier j’ai agrégés au Collège cardinalice. C’est à eux avant tout que j’adresse mon cordial salut, remerciant le Cardinal Fernando Filoni pour les paroles courtoises qu’il m’a adressées au nom de tous. J’étends ma salutation aux autres Cardinaux et à tous les Prélats présents, ainsi qu’aux Autorités, à Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, aux prêtres, aux religieux et à tous les fidèles, venus des différentes parties du monde pour cette heureuse circonstance, qui revêt un caractère particulier d’universalité.

Dans la seconde lecture proclamée il y a quelques instants, l’Apôtre Pierre exhorte les « Anciens » de l’Église à être des pasteurs zélés et prévenants du troupeau du Christ (cf. 1 Pt 5, 1-2). Ces paroles sont avant tout adressées à vous, chers et vénérés Frères, qui avez déjà de nombreux mérites auprès du Peuple de Dieu pour l’oeuvre généreuse et sage menée dans le Ministère pastoral dans des Diocèses importants, dans la direction des Dicastères de la Curie Romaine, ou encore dans le service ecclésial de l’étude et de l’enseignement. La nouvelle dignité qui vous a été conférée veut manifester l’estime pour votre fidèle travail dans la vigne du Seigneur, rendre honneur aux Communautés et aux Nations d’où vous venez et dont vous êtes de dignes représentants dans l’Église, vous investir de nouvelles et plus importantes responsabilités ecclésiales, et enfin vous demander un supplément de disponibilité pour le Christ et pour la Communauté chrétienne tout entière. Cette disponibilité au service de l’Évangile est solidement fondée sur la certitude de la foi. Nous savons en effet que Dieu est fidèle à ses promesses et nous attendons dans l’espérance la réalisation de ces paroles de l’apôtre Pierre : « Et quand se manifestera le berger suprême, vous remporterez la couronne de gloire qui ne se flétrit pas » (1 Pt 5, 4).

Le passage évangélique d’aujourd’hui présente Pierre qui, mû par une inspiration divine, exprime sa foi solide en Jésus, le Fils de Dieu et le Messie promis. En réponse à cette profession de foi limpide, faite par Pierre mais aussi au nom des autres Apôtres, le Christ lui révèle la mission qu’il entend lui confier, autrement dit celle d’être la « pierre », le « rocher », le fondement visible sur lequel est construit tout l’édifice spirituel de l’Église. (cf.
Mt 16,16-19). Cette dénomination de « rocher-pierre » ne fait pas référence au caractère de la personne, mais doit être comprise seulement à partir d’un aspect plus profond, du mystère : à travers la charge que Jésus lui confère, Simon-Pierre deviendra ce qu’il n’est pas par « la chair et le sang ». L’exégète Joachim Jeremias a montré qu’en arrière-plan se trouve le langage symbolique du « rocher saint ». A cet égard peut nous venir en aide un texte rabbinique dans lequel on affirme : « Le Seigneur dit ‘ Comment puis-je créer le monde, quand surgiront ces sans-Dieu et qu’ils se révolteront contre moi ? ’. Mais quand Dieu vit qu’Abraham devait naître, il dit : ‘Regarde, j’ai trouvé un roc, sur lequel je peux construire et fonder le monde’. C’est pourquoi il appela Abraham un rocher ». Le prophète Isaïe y fait référence quand il rappelle au peuple « regardez le rocher d’où l’on vous a taillés… Abraham votre père » (51, 1-2). Abraham, le père des croyants, avec sa foi est vu comme le roc qui soutient la création. Simon, qui le premier a confessé Jésus en tant que Christ et a été le premier témoin de la résurrection, devient maintenant avec sa foi renouvelée, le roc qui s’oppose aux forces destructrices du mal.

Chers frères et soeurs ! Cet épisode évangélique que vous avons écouté trouve une explication autre et plus éloquente encore dans un élément artistique très connu qui orne cette Basilique Vaticane : l’autel de la Cathèdre. Quand on parcourt la grandiose nef centrale et, dépassant le transept, on arrive à l’abside, on se trouve devant un énorme trône de bronze, qui semble élevé dans les airs, mais qui en réalité est soutenu par les quatre statues des illustres Pères de l’Église d’Orient et d’Occident. Et au-dessus du trône, entourée par un triomphe d’anges suspendus dans les airs, resplendit dans la fenêtre ovale la gloire de l’Esprit-Saint. Que nous dit cet ensemble sculpté, dû au génie du Bernin ? Il représente une vision de l’essence de l’Église et, à l’intérieur de celle-ci, du magistère pétrinien.

La fenêtre de l’abside ouvre l’Église sur l’extérieur, vers la création tout entière, tandis que l’image de la colombe de l’Esprit-Saint montre Dieu comme la source de la lumière. Mais il y a encore un autre aspect à mettre en valeur : l’Église elle-même est en effet, comme une fenêtre, le lieu dans lequel Dieu se fait proche et va à la rencontre de notre monde. L’Église n’existe pas pour elle-même, elle n’est pas un point d’arrivée, mais elle doit renvoyer au-delà d’elle-même, vers le haut, au-dessus de nous. L’Église est vraiment elle-même dans la mesure où elle laisse transparaître l’Autre – avec un « A » majuscule – de qui elle provient et à qui elle conduit. L’Église est le lieu où Dieu « arrive » à nous, et où nous, nous « partons » vers Lui ; elle a le devoir d’ouvrir au-delà d’elle-même ce monde qui tend à se fermer sur lui-même et de lui porter la lumière qui vient d’en-haut, sans laquelle il deviendrait inhabitable.

La grande chaire de bronze renferme un siège en bois du IXe siècle, qui fut longtemps considéré comme la cathèdre de l’apôtre Pierre et fut justement placé sur cet autel monumental en raison de sa grande valeur symbolique. Il exprime en effet la présence permanente de l’Apôtre dans le magistère de ses successeurs. Le siège de saint Pierre, peut-on dire, est le trône de la Vérité, qui tire ses origines du mandat du Christ après la confession à Césarée de Philippe. Le siège magistériel renouvelle aussi en nous la mémoire des paroles adressées par le Seigneur à Pierre au Cénacle : « Moi j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères » (Lc 22,32).

La chaire de Pierre évoque un autre souvenir : la célèbre expression de saint Ignace d’Antioche, qui dans sa lettre aux Romains appelle l’Église de Rome « celle qui préside à la charité » (Inscr. : ). En effet le fait de présider dans la foi est inséparablement lié au fait de présider dans l’amour. Une foi sans amour ne serait plus une authentique foi chrétienne. Mais les paroles de saint Ignace ont encore une autre résonnance beaucoup plus concrète : le mot « charité » était aussi utilisé par l’Église des origines pour parler de l’Eucharistie. En effet, l’Eucharistie est Sacramentum caritatis Christi, par lequel Celui-ci continue à nous attirer tous à Lui, comme Il le fit du haut de la croix (cf. Jn 12,32). Par conséquent, « présider à la charité » signifie attirer les hommes dans une étreinte eucharistique - l’étreinte du Christ -, qui vainc toute barrière et tout manque de relation, et crée la communion à partir des différences multiples. Le ministère pétrinien est donc primauté dans l’amour au sens eucharistique, autrement dit sollicitude pour la communion universelle de l’Église dans le Christ. L’Eucharistie est la forme et la mesure de cette communion et la garantie qu’elle demeure fidèle au critère de la tradition de la foi.

La grande chaire est soutenue par les Pères de l’Église. Les deux maîtres de l’Orient, saint Jean Chrysostome et saint Athanase, avec les latins, saint Ambroise et saint Augustin, représentent l’ensemble de la tradition et donc la richesse de l’expression de la vraie foi dans l' Église unique et sainte. Cet élément de l’autel nous dit que l’amour s’appuie sur la foi. Il s’effrite si l’homme ne compte plus sur Dieu ni ne Lui obéit plus. Tout dans l’Église repose sur la foi : les sacrements, la liturgie, l’évangélisation, la charité. Même le droit, même l’autorité dans l’Église reposent sur la foi. L’Église ne s’auto-régule pas, elle ne se donne pas à elle-même son ordre propre, mais elle le reçoit de la Parole de Dieu, qu’elle écoute dans la foi et qu’elle cherche à comprendre et à vivre. Les Pères de l’Église ont dans la communauté ecclésiale la fonction de garants de la fidélité à la Sainte Écriture. Ceux-ci assurent une exégèse fiable, solide, capable de former avec la chaire de Pierre un ensemble stable et homogène. Les Saintes Écritures, interprétées avec autorité par le Magistère à la lumière des Pères, éclairent le chemin de l’Église dans le temps, lui assurant un fondement stable au milieu des mutations historiques.

Après avoir considéré les divers éléments de l’autel de la Chaire, jetons vers lui un regard d’ensemble. Nous voyons qu’il est traversé par un double mouvement : ascendant et descendant. C’est la réciprocité entre la foi et l’amour. La chaire est bien mise en relief en ce lieu, puisqu’ici se trouve la tombe de l’Apôtre Pierre, mais elle aussi tend vers l’amour. En effet, la foi est orientée vers l’amour. Une foi égoïste ne serait pas une foi vraie. Qui croit en Jésus-Christ et entre dans le dynamisme d’amour qui trouve sa source dans l’Eucharistie, découvre la vraie joie et devient à son tour capable de vivre selon la logique de ce don. La vraie foi est éclairée par l’amour et conduit à l’amour, vers le haut, comme l’autel de la Cathèdre élève vers la fenêtre lumineuse, la gloire de l’Esprit-Saint, qui constitue le vrai point focal pour le regard du pèlerin quand il franchit le seuil de la Basilique Vaticane. A cette fenêtre, le triomphe des anges et les grands rayons dorés donne le plus grand relief avec un sens de plénitude débordante qui exprime la richesse de la communion avec Dieu. Dieu n’est pas solitude, mais amour glorieux et joyeux, rayonnant et lumineux.

Chers frères et soeurs, à nous, à chaque chrétien est confié le don de cet amour : un don à répandre par le témoignage de notre vie. Ceci est particulièrement votre devoir vénérés Frères Cardinaux : témoigner la joie de l’amour du Christ. A la Vierge Marie, présente dans la Communauté apostolique réunie en prière dans l’attente du Saint Esprit (cf. Ac Ac 1,14), nous confions à présent votre nouveau service ecclésial. Que la Mère du Verbe Incarné protège la marche de l’Église, soutienne l’oeuvre des Pasteurs par son intercession et accueille sous son manteau tout le Collège cardinalice. Amen !


Mercredi des Cendres 22 février 2012

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STATION ET PROCESSION PÉNITENTIELLE EN L'ÉGLISE SAINT-ANSELME À LA BASILIQUE SAINTE-SABINE SUR L’AVENTIN

MESSE, BÉNÉDICTION ET IMPOSITION DES CENDRES


Basilique Sainte-Sabine

Mercredi des Cendres, 22 février 2012


Vénérés frères, chers frères et soeurs !


Avec ce jour de pénitence et de jeûne — le mercredi des cendres — nous commençons un nouveau chemin vers la Pâque de la Résurrection: le chemin du carême. Je voudrais m’arrêter brièvement pour réfléchir sur le signe liturgique de la cendre, un signe matériel, un élément de la nature, qui dans la liturgie devient un symbole sacré, très important en cette journée qui marque le début de l’itinéraire quadragésimal. Dans l’antiquité, dans la culture juive, l’usage de déposer de la cendre sur la tête comme signe de pénitence était commun, souvent associé à celui de s’habiller d’un sac ou de haillons. Pour nous chrétiens, en revanche, il n’y a que cet unique moment, qui possède par ailleurs une grande importance rituelle et spirituelle.

Tout d’abord, la cendre est l’un des signes matériels qui introduisent l’univers au sein de la liturgie. Les principaux sont évidemment ceux des sacrements : l’eau, l’huile, le pain et le vin, qui deviennent une véritable matière sacramentelle, un instrument à travers lequel se transmet la grâce du Christ qui parvient jusqu’à nous. Dans le cas de la cendre, il s’agit en revanche d’un signe non sacramentel, mais toutefois toujours lié à la prière et à la sanctification du peuple chrétien : en effet, avant l’imposition individuelle sur la tête, une bénédiction spécifique des cendres est prévue — que nous accomplirons dans quelques instants —, avec deux formules possibles. Dans la première, celles-ci sont définies « austère symbole » ; dans la deuxième, on invoque directement sur elles la bénédiction et on fait référence au texte du Livre de la Genèse, qui peut également accompagner le geste de l’imposition : « Car tu es glaise et tu retourneras à la glaise » (cf. Gn
Gn 3,19).

Arrêtons-nous un instant sur ce passage de la Genèse. Il conclut le jugement prononcé par Dieu après le péché originel: Dieu maudit le serpent, qui a fait tomber l’homme et la femme dans le péché ; ensuite il punit la femme, en lui annonçant les douleurs de l’accouchement et une relation inégale avec son mari; enfin, il punit l’homme, il lui annonce la fatigue du travail et maudit le sol. « Maudit soit le sol à cause de toi ! » (Gn 3,17), à cause de ton péché. L’homme et la femme ne sont donc pas maudits directement comme l’est en revanche le serpent, mais, à cause du péché d’Adam, le sol, dont il avait été tiré, est maudit. Relisons le magnifique récit de la création de l’homme tiré de la terre : « Alors le Seigneur Dieu modela l'homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l'homme devint un être vivant. Le Seigneur Dieu planta un jardin en Eden, à l'orient, et il y mit l’homme qu'il avait modelé » (Gn 2,7-8) ; ainsi est-il écrit dans le livre de la Genèse.

Voilà donc que le signe de la cendre nous reconduit à la grande fresque de la création, où il est dit que l’être humain est une unité de matière et de souffle divin particulière, à travers la glaise du sol modelée par Dieu et animée par son haleine insufflée dans les narines de la nouvelle créature. Nous pouvons observer que dans le récit de la Genèse le symbole de la glaise subit une transformation négative à cause du péché. Alors qu’avant la chute, le sol est une potentialité entièrement bonne, irrigué par une source d’eau (Gn 2,6) et capable, par l’oeuvre de Dieu, de faire germer « toute espèce d'arbres séduisants à voir et bons à manger » (Gn 2,9), après la chute et la malédiction divine conséquente, celui-ci produira des « épines et des chardons » et ce n’est qu’en échange de « peines » et de « la sueur du front » qu’il accordera ses fruits à l’homme (cf. Gn Gn 3,17-18). La glaise de la terre ne rappelle plus seulement le geste créateur de Dieu, entièrement ouvert à la vie, mais devient le signe d’un inexorable destin de mort : « Car tu es glaise et tu retourneras à la glaise » (Gn 3,19).

Il est évident dans le texte biblique que la terre participe au destin de l’homme. Saint Jean Chrysostome dit à ce propos, dans l’une de ses homélies : « Tu vois comment après sa désobéissance tout lui est imposé [à l’homme] de manière contraire à son précédent style de vie » (Homélie sur la Gn 17,9, pg 53, 146). Cette malédiction du sol a une fonction curative pour l’homme, qui en raison des «résistances» de la terre devrait être aidé à rester dans ses limites et à reconnaître sa propre nature (cf. ibid.). C’est ainsi que s’exprime un autre commentaire antique, avec une belle synthèse, qui dit : « Adam fut créé pur par Dieu pour son service. Toutes les créatures lui furent données pour le servir. Il était destiné à être le seigneur et roi de toutes les créatures. Mais lorsque le mal parvint à lui et parla avec lui, il le reçut au moyen d’une écoute extérieure. Ensuite, il pénétra dans son coeur et prit possession de son être tout entier. Lorsqu’il fut ainsi capturé, la création, qui l’avait assisté et servi, fut capturée avec lui » (Pseudo-Macaire, Homélies 11, 5 : ).

Nous disions il y a peu, en citant saint Jean Chrysostome, que la malédiction du sol a une fonction « curative ». Cela signifie que l’intention de Dieu, qui est toujours bénéfique, est plus profonde que la malédiction. En effet, celle-ci est due au péché et non à Dieu, mais Dieu ne peut pas ne pas l’infliger, car elle respecte la liberté de l’homme et ses conséquences, même négatives. A l’intérieur de la punition, et également à l’intérieur de la malédiction du sol, demeure donc une bonne intention qui vient de Dieu. Lorsqu’Il dit à l’homme : « Car tu es glaise et tu retourneras à la glaise », avec la juste punition il entend également annoncer une voie de salut, qui passera précisément à travers la terre, à travers cette « glaise », cette « chair » qui sera assumée par le Verbe. C’est dans cette perspective salvifique que la parole de la Genèse est reprise par la liturgie du Mercredi des Cendres: comme invitation à la pénitence, à l’humilité, à garder à l’esprit sa propre condition mortelle, non pour finir dans le désespoir, mais pour accueillir, précisément dans notre mortalité, la proximité impensable de Dieu, qui, au-delà de la mort, ouvre le passage à la résurrection, au paradis finalement retrouvé. C’est dans ce sens que nous oriente un texte d’Origène qui dit : « Ce qui au début était chair, venant de la terre, un homme de glaise (cf. 1Co 15,47), et qui fut dissout à travers la mort et de nouveau rendu glaise et cendre — en effet, il est écrit : car tu es glaise et tu retourneras à la glaise — est fait renaître à nouveau de la terre. Ensuite, selon les mérites de l’âme qui habite le corps, la personne avance vers la gloire d’un corps spirituel » (Traité des principes 3, 6, 5 : Sch, 268, 248).

Les « mérites de l’âme », dont parle Origène, sont nécessaires; mais les mérites du Christ, l’efficacité de son Mystère pascal, sont fondamentaux. Saint Paul nous en a offert une formulation synthétique dans la deuxième Lettre aux Corinthiens, aujourd’hui objet de la deuxième lecture : « Celui qui n'avait pas connu le péché, Il l'a fait péché pour nous, afin qu'en lui nous devenions justice de Dieu » (2Co 5,21). La possibilité du pardon divin pour nous dépend essentiellement du fait que Dieu lui-même, en la personne de son Fils, a voulu partager notre condition, mais non la corruption du péché. Et le Père l’a ressuscité avec la puissance de son Esprit Saint et Jésus, le Nouvel Adam, est devenu, comme le dit saint Paul, « esprit vivifiant » (1Co 15,45), prémisses de la nouvelle création. Le même Esprit qui a ressuscité Jésus d’entre les morts peut transformer nos coeurs, de coeurs de pierre en coeurs de chair (cf. Ez Ez 36,26). Nous l’avons invoqué il y a peu avec le Psaume Miserere : « Dieu, crée pour moi un coeur pur, restaure en ma poitrine un esprit ferme ; ne me repousse pas loin de ta face, ne m'enlève pas ton esprit de sainteté » (Ps 50,12-13). Ce Dieu qui chassa nos ancêtres de l’Eden, a envoyé son propre Fils sur notre terre dévastée par le péché, il ne l’a pas épargné, afin que nous, fils prodigues, puissions revenir, repentis et rachetés par sa miséricorde, dans notre véritable patrie. Ainsi soit-il pour chacun de nous, pour tous les croyants, pour chaque homme qui, humblement, reconnaît avoir besoin de salut. Amen.



VISITE PASTORALE À LA PAROISSE ROMAINE SAINT JEAN-BAPTISTE DE LA SALLE, DANS LE QUARTIER DU TORRINO 4 mars 2012

40312

Dimanche 4 mars 2012





Chers frères et soeurs de la paroisse Saint Jean-Baptiste de La Salle!

Je voudrais tout d’abord vous remercier, de tout mon coeur, pour cet accueil si cordial, si chaleureux. Merci à votre bon curé pour ses belles paroles, merci pour cet esprit familial que je trouve ici. Nous sommes réellement la famille de Dieu et le fait que le Pape représente également pour vous un père est pour moi quelque chose de très beau qui m’encourage! Mais à présent, nous devons penser que le Pape n’est pas la dernière instance: la dernière instance est le Seigneur et nous regardons le Seigneur pour percevoir, pour comprendre — dans la mesure du possible — quelque chose du message de ce deuxième dimanche de carême.

La liturgie de ce jour nous prépare aussi bien au mystère de la Passion — nous l’avons entendu dans la première lecture — qu’à la joie de la Résurrection.

La première lecture nous rapporte l’épisode où Dieu met Abraham à l’épreuve (cf. Gn
Gn 22,1-18). Celui-ci avait un fils unique, Isaac, qui était né alors qu’il était âgé. C’était le fils de la promesse, le fils qui devrait ensuite apporter le salut aux peuples. Mais un jour, Abraham reçoit de Dieu le commandement de l’offrir en sacrifice. Le patriarche âgé se trouve face à la perspective d’un sacrifice qui pour lui, père, est certainement le plus grand que l’on puisse imaginer. Toutefois, il n’hésite pas même un instant et, après avoir préparé le nécessaire, il part avec Isaac pour le lieu décidé. Et nous pouvons imaginer lors de cette marche vers le sommet du mont, ce qui a pu se passer dans son coeur et dans le coeur de son fils. Il construit un autel, il place le bois et, après avoir attaché le jeune garçon, il prend le couteau pour l’immoler. Abraham a entièrement confiance en Dieu, au point d’être disposé à sacrifier également son propre fils et, avec son fils, également l’avenir, car sans son fils la promesse de la terre n’était rien, elle finit dans le néant. Et en sacrifiant son fils, il se sacrifie lui-même, tout son avenir, toute la promesse. C’est réellement un acte de foi extrêmement radical. A cet instant, il est arrêté par un ordre venant d’en-haut: Dieu ne veut pas la mort, mais la vie, le véritable sacrifice ne donne pas la mort, mais il est la vie et l’obéissance d’Abraham devient source d’une immense bénédiction jusqu’à aujourd’hui. Laissons cela, mais nous pouvons méditer ce mystère.

Dans la deuxième lecture, saint Paul affirme que Dieu lui-même a accompli un sacrifice: il nous a donné son propre Fils, il l’a donné sur la Croix pour vaincre le péché et la mort, pour vaincre le malin et pour dépasser toute la malice qui existe dans le monde. Et cette miséricorde extraordinaire de Dieu suscite l’admiration de l’apôtre et une profonde confiance dans la force de l’amour de Dieu pour nous; en effet, saint Paul affirme: «Lui [Dieu] qui n'a pas épargné son propre Fils mais l'a livré pour nous tous, comment avec lui ne nous accordera-t-il pas toute faveur?» (Rm 8,32). Si Dieu se donne lui-même dans le Fils, il nous donne tout. Et Paul insiste sur la puissance du sacrifice rédempteur du Christ contre tout autre pouvoir qui peut menacer notre vie. Il se demande: «Qui se fera l'accusateur de ceux que Dieu a élus? C'est Dieu qui justifie. Qui donc condamnera? Le Christ Jésus, celui qui est mort, que dis-je? Ressuscité, qui est à la droite de Dieu, qui intercède pour nous?» (vv. 33-34). Nous sommes dans le coeur de Dieu, telle est la raison de notre grande confiance. Cela crée l’amour et dans l’amour nous allons vers Dieu. Si Dieu a donné son propre Fils pour nous tous, personne ne pourra nous accuser, personne ne pourra nous condamner, personne ne pourra nous séparer de son immense amour. C’est précisément le sacrifice suprême d’amour sur la Croix, que le Fils de Dieu a accepté et choisi volontairement, qui devient source de notre justification, de notre salut. Et pensons que dans la Sainte Eucharistie est toujours présent cet acte du Seigneur qui reste pour l’éternité dans son coeur, et cet acte d’amour de son coeur nous attire, nous unit à lui-même.

L’Evangile nous parle, pour finir, de l’épisode de la Transfiguration (cf. Mc Mc 9,2-10): Jésus se manifeste dans sa gloire avant le sacrifice de la croix et Dieu le Père le proclame son Fils préféré, le bien-aimé, et il invite les disciples à l’écouter. Jésus gravit une haute montagne et emmène avec lui trois apôtres — Pierre, Jacques et Jean —, qui seront particulièrement proches de lui dans sa dernière agonie, sur un autre mont, celui des Oliviers. Le Seigneur avait annoncé sa passion depuis peu et Pierre n’avait pas réussi à comprendre pourquoi le Seigneur, le Fils de Dieu, parlait de souffrance, de refus, de mort, de croix, il s’était même opposé de manière décidée à cette perspective. A présent, Jésus emmène les trois disciples avec lui pour les aider à comprendre que la voie pour parvenir à la gloire, la voie de l’amour lumineux qui vainc les ténèbres, passe à travers le don total de soi, passe à travers le scandale de la Croix. Et le Seigneur doit toujours à nouveau nous emmener nous aussi avec lui, au moins pour commencer à comprendre que cela est le chemin nécessaire. La Transfiguration est un moment anticipé de lumière qui nous aide également à considérer la passion de Jésus avec le regard de la foi. Celle-ci est en effet un mystère de souffrance, mais elle est également la «passion bienheureuse» car elle est — en son coeur — un mystère d’amour extraordinaire de Dieu; elle est l’exode définitif qui nous ouvre la porte vers la liberté et la nouveauté de la Résurrection, qui nous sauve du mal. Nous en avons besoin sur notre chemin quotidien, souvent marqué également par l’obscurité du mal!

Chers frères et soeurs! Comme je l’ai déjà dit, je suis très heureux de me trouver parmi vous aujourd’hui, pour célébrer le jour du Seigneur. Je salue cordialement le cardinal-vicaire, l’évêque auxiliaire du secteur, votre curé, le p. Giampaolo Perugini, que je remercie, encore une fois des paroles aimables qu’il m’a adressées au nom de vous tous et également pour les dons appréciés que vous m’avez offerts. Je salue les vicaires paroissiaux. Et je salue les Soeurs franciscaines missionnaires du Coeur Immaculé de Marie, ici présentes depuis tant d’années, particulièrement dignes d’éloge pour la vie de cette paroisse, qui a trouvé une hospitalité immédiate et généreuse dans leur maison au cours de ses trois premières années de vie. J’étends ensuite mon salut aux Frères des Ecoles chrétiennes, qui éprouvent naturellement de l’affection pour cette église paroissiale qui porte le nom de leur fondateur. En outre, je salue ceux qui sont actifs dans le cadre de la paroisse: je pense aux catéchistes, aux membres des Associations et des Mouvements, ainsi qu’aux divers groupes paroissiaux. Je voudrais enfin étendre ma pensée à tous les habitants du quartier, en particulier les personnes âgées, les malades, les personnes seules et en difficulté.

En venant parmi vous aujourd’hui, j’ai remarqué la position particulière de cette église, située à l’endroit le plus élevé du quartier, et dotée d’un clocher élancé, comme un doigt ou une flèche vers le ciel. Il me semble qu’il s’agit d’une indication importante: comme les trois apôtres de l’Evangile, nous avons nous aussi besoin de monter sur le mont de la Transfiguration pour recevoir la lumière de Dieu, pour que sa Face illumine notre visage. Et c’est dans la prière personnelle et communautaire que nous rencontrons le Seigneur, non comme une idée ou comme une proposition morale, mais comme une Personne qui veut entrer en relation avec nous, qui veut être notre ami et qui veut renouveler notre vie pour la rendre comme la sienne. Et cette rencontre n’est pas seulement un fait personnel; votre église située à l’endroit le plus élevé du quartier vous rappelle que l’Evangile doit être communiqué, annoncé à tous. N’attendons pas que d’autres viennent apporter des messages différents, qui ne conduisent pas à la vraie vie, devenez vous-mêmes les missionnaires du Christ auprès de vos frères, là où ils vivent, travaillent, étudient ou passent simplement leur temps libre. Je connais les nombreuses oeuvres d’évangélisation significatives que vous réalisez, en particulier à travers l’aumônerie appelée «Stella polare», — je suis heureux de porter également ce vêtement [le t-shirt de l’aumônerie] — où, grâce au volontariat de personnes compétentes et généreuses et avec la participation des familles, on encourage le rassemblement des jeunes à travers l’activité sportive, sans pour autant négliger la formation culturelle, à travers l’art et la musique, et où l’on éduque en particulier à la relation avec Dieu, aux valeurs chrétiennes et à une participation toujours plus consciente à la célébration eucharistique du dimanche.

Je me réjouis que le sens d’appartenance à la communauté paroissiale ait toujours davantage mûri et se soit consolidé au cours des années. La foi doit être vécue ensemble et la paroisse est un lieu dans lequel on apprend à vivre sa propre foi dans le «nous» de l’Eglise. Et je désire vous encourager afin que grandisse également la coresponsabilité pastorale, dans une perspective d’authentique communion entre toutes les réalités présentes, qui sont appelées à marcher ensemble, à vivre la complémentarité dans la diversité, à témoigner le «nous» de l’Eglise, de la famille de Dieu. Je connais l’engagement dont vous faites preuve pour préparer les enfants et les jeunes aux sacrements de la vie chrétienne. Que la prochaine «Année de la foi» soit une occasion propice, également pour cette paroisse, pour faire croître et consolider l’expérience de la catéchèse sur les grandes vérités de la foi chrétienne, de manière à permettre à tout le quartier de connaître et d’approfondir le Credo de l’Eglise, et de surmonter cet «analphabétisme religieux» qui est l’un des plus grands problèmes d’aujourd’hui.

Chers amis! Votre communauté est une communauté jeune — on le voit —, constituée de familles jeunes, et, grâce à Dieu, nombreux sont les enfants et les jeunes qui la peuplent. A ce propos, je voudrais rappeler la tâche de la famille et de toute la communauté chrétienne d’éduquer à la foi, aidés en cela par le thème de l’année pastorale en cours, par les orientations pastorales proposées par la Conférence épiscopale italienne et sans oublier l’enseignement profond et toujours actuel de saint Jean-Baptiste de La Salle. Chères familles, vous êtes en particulier le cadre de vie dans lequel se font les premiers pas de la foi; soyez une communauté dans laquelle on apprend à connaître et à aimer toujours plus le Seigneur, une communauté dans laquelle on s’enrichit réciproquement pour vivre une foi vraiment adulte.

Je voudrais enfin rappeler à tous l’importance et le caractère central de l’Eucharistie dans la vie personnelle et communautaire. Que la Messe soit le centre de votre dimanche, qui doit être redécouvert et vécu comme le jour de Dieu et de la communauté, le jour où louer et célébrer Celui qui est mort et ressuscité pour notre salut, le jour où vivre ensemble dans la joie d’une communauté ouverte et prête à accueillir chaque personne seule ou en difficulté. En effet, réunis autour de l’Eucharistie, nous ressentons plus facilement que la mission de chaque communauté chrétienne est celle d’apporter le message de l’amour de Dieu à tous les hommes. Voilà pourquoi il est important que l’Eucharistie soit toujours le coeur de la vie des fidèles comme elle l’est aujourd’hui.

Chers frères et soeurs! Du Thabor, le mont de la Transfiguration, l’itinéraire quadragésimal nous conduit jusqu’au Golgotha, mont du sacrifice d’amour suprême de l’unique Prêtre de l’Alliance nouvelle et éternelle. Dans ce sacrifice est contenue la plus grande force de transformation de l’homme et de l’histoire. En prenant sur lui chaque conséquence du mal et du péché, Jésus est ressuscité le troisième jour comme vainqueur de la mort et du Malin. Le carême nous prépare à participer personnellement à ce grand mystère de la foi, que nous célébrerons dans le Triduum de la passion, de la mort et de la résurrection du Christ. Nous confions notre chemin quadragésimal, ainsi que celui de l’Eglise tout entière, à la Vierge Marie. Que Celle-ci, qui a suivi son Fils Jésus jusqu’à la Croix, nous aide à être des disciples fidèles du Christ, des chrétiens mûrs, pour pouvoir participer avec Elle à la plénitude de la joie pascale. Amen!




Benoît XVI Homélies 20212