Benoît XVI Homélies 10312

VÊPRES À L'OCCASION DE LA VISITE DE L'ARCHEVÊQUE DE CANTERBURY 10 mars 2012

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Basilique de Saint Grégoire au Caelius

Samedi 10 mars 2012


Votre Grâce, Vénérés frères, chers moines et moniales camaldules, chers frères et soeurs !


C’est pour moi un motif de grande joie d’être ici aujourd’hui en cette basilique Saint-Grégoire au Celio pour la célébration solennelle des vêpres en mémoire du trépas de saint Grégoire le Grand. Avec vous, chers frères et soeurs de la famille des camaldules, je rends grâce à Dieu pour les mille ans écoulés depuis la fondation du saint ermitage de Camaldoli par saint Romuald. Je me réjouis vivement de la présence, en cette circonstance particulière, de Sa Grâce le Docteur Rowan Williams, archevêque de Canterbury. Je vous adresse mon salut cordial, cher frère dans le Christ, ainsi qu’à chacun de vous, chers moines et moniales, et à toutes les personnes présentes.

Nous avons écouté deux passages de saint Paul. Le premier, tiré de la deuxième Lettre aux Corinthiens, est particulièrement en harmonie avec le temps liturgique que nous vivons: le carême. En effet, il contient l’exhortation de l’apôtre à profiter du moment favorable pour accueillir la grâce de Dieu. Le moment favorable est naturellement celui où Jésus Christ est venu nous révéler et nous donner l’amour de Dieu, avec son incarnation, sa passion, sa mort et sa résurrection. Le « jour du salut » est cette réalité que saint Paul appelle dans un autre passage « la plénitude des temps », le moment où Dieu, en s’incarnant, entre d’une manière tout à fait particulière dans le temps et le remplit de sa grâce. C’est donc à nous qu’il revient d’accueillir ce don, qui est Jésus lui-même: sa Personne, sa Parole, son Esprit Saint. En outre, toujours dans la première lecture que nous avons écoutée, saint Paul nous parle également de lui-même et de son apostolat: de la manière dont il s’efforce d’être fidèle à Dieu dans son ministère, pour que celui-ci soit vraiment efficace et ne représente pas, en revanche, un obstacle pour la foi. Ces paroles nous font penser à saint Grégoire le Grand, au témoignage lumineux qu’il donna au peuple de Rome et à l’Eglise tout entière, à travers un service irrépréhensible et plein de zèle pour l’Evangile. On peut vraiment appliquer à Grégoire ce que Paul écrivit à propos de lui-même: la grâce de Dieu en lui n’a pas été vaine (cf.
1Co 15,10). Tel est, en réalité, le secret pour la vie de chacun de nous: accueillir la grâce de Dieu et consentir de tout notre coeur et de toutes nos forces à son action. C’est également le secret de la vraie joie, et de la paix profonde.

La deuxième lecture est, en revanche, tirée de la Lettre aux Colossiens. Ce sont les paroles — toujours si touchantes en raison de leur souffle spirituel et pastoral — que l’apôtre adresse aux membres de cette communauté pour les former selon l’Evangile, pour que tout ce qu’ils accomplissent, « quoi qu’ils puissent dire ou faire, soit toujours au nom du Seigneur Jésus » (cf. Col Col 3,17). « Soyez parfaits » avait dit le Maître à ses disciples; et à présent l’apôtre exhorte à vivre selon cette haute mesure de la vie chrétienne qu’est la sainteté.

Il peut le faire parce que les frères auxquels il s’adresse sont « choisis par Dieu, saints et aimés ». Ici aussi, à la base de tout, il y a la grâce de Dieu, il y a le don de l’appel, le mystère de la rencontre avec Jésus vivant. Mais cette grâce demande la réponse des baptisés, elle demande l’engagement de se revêtir des sentiments du Christ: la tendresse, la bonté, l’humilité, la douceur, la magnanimité, le pardon réciproque, et surtout, comme synthèse et couronnement, l’agapè, l’amour que Dieu nous a donné à travers Jésus et que l’Esprit Saint a déversé dans nos coeurs. Et pour se revêtir du Christ, il est nécessaire que sa Parole habite parmi nous et en nous avec toute sa richesse, et en abondance. Dans un climat de constante action de grâce, la communauté chrétienne se nourrit de la Parole et fait remonter vers Dieu, comme un chant de louange, la Parole que Lui-même nous a donnée. Et chaque action, chaque geste, chaque service, est accompli à l’intérieur de cette relation profonde avec Dieu, dans le mouvement intérieur de l’amour trinitaire qui descend vers nous et remonte vers Dieu, un mouvement qui, dans la célébration du sacrifice eucharistique, trouve sa forme la plus élevée.

Cette Parole illumine également les heureuses circonstances qui nous voient réunies aujourd’hui, au nom de saint Grégoire le Grand. Grâce à la fidélité et à la bienveillance du Seigneur, la Congrégation des moines camaldules de l’ordre de saint Benoît a pu parcourir mille ans d’histoire, en se nourrissant quotidiennement de la Parole de Dieu et de l’Eucharistie, de la manière dont l’avait enseigné leur fondateur saint Romuald, selon le « triplex bonum » de la solitude, de la vie en commun et de l’évangélisation. Des figures exemplaires d’hommes et de femmes de Dieu, comme saint Pier Damiani, Graziano — l’auteur du Decretum — saint Bruno de Querfurt et les cinq frères martyrs, Rodolphe ier et ii, la bienheureuse Gherardesca, la bienheureuse Giovanna da Bagno et le bienheureux Paolo Giustiniani; des hommes de science et d’art comme Frère Mauro le Cosmographe, Lorenzo Monaco, Ambrogio Traversari, Pietro Delfino et Guido Grandi; des historiens illustres comme les annalistes camaldules Giovanni Benedetto Mittarelli et Anselmo Costadoni; de zélés pasteurs de l’Eglise, parmi lesquels ressort le Pape Grégoire XVI, ont montré les horizons et la grande fécondité de la tradition camaldule.

Chaque phase de la longue histoire des camaldules a connu des témoins fidèles de l’Evangile, non seulement dans le silence de la vie cachée et de la solitude et dans la vie commune partagée avec les frères, mais également dans le service humble et généreux envers tous. L’accueil offert par les maisons pour pèlerins des camaldules a été particulièrement fécond. Au temps de l’humanisme florentin, les murs des camaldules ont accueilli les célèbres disputationes, auxquelles participaient de grands humanistes tels que Marsile Ficin et Cristoforo Landino; pendant les années dramatiques de la deuxième guerre mondiale, les cloîtres eux-mêmes ont favorisé la naissance du célèbre « Code de Camaldoli », l’une des sources les plus significatives de la Constitution de la République italienne. Tout aussi fécondes furent les années du Concile Vatican ii, pendant lesquelles ont mûri parmi les camaldules des personnalités de grande valeur, qui ont enrichi la Congrégation et l’Eglise et qui ont été à l’origine de nouveaux élans et de fondations aux Etats-Unis d’Amérique, en Tanzanie, en Inde et au Brésil. Dans tout cela, le soutien de moines et de moniales qui accompagnaient les nouvelles fondations par leur prière constante, vécue dans la profondeur de leur « réclusion », parfois jusqu’à l’héroïsme, était une garantie de fécondité.

Le 17 septembre 1993, le bienheureux Pape Jean-Paul II, en rencontrant les moines du saint ermitage de Camaldoli, commentait le thème de leur imminent chapitre général, « Choisir l’espérance, choisir l’avenir », avec ces mots: «Choisir l’espérance et l’avenir signifie, en dernière analyse, choisir Dieu... Cela signifie choisir le Christ, espérance de chaque homme». Et il ajoutait: «Cela a lieu, en particulier, dans cette forme de vie que Dieu lui-même a suscitée dans l’Eglise en inspirant saint Romuald à fonder la famille bénédictine des camaldules, avec la complémentarité caractéristique de l’ermitage et du monastère, de la vie solitaire et de la vie cénobitique coordonnées entre elles ». En outre, mon bienheureux prédécesseur souligna que « choisir Dieu signifie également cultiver humblement et patiemment — en acceptant précisément les temps de Dieu — le dialogue oecuménique et le dialogue interreligieux», toujours à partir de la fidélité au charisme originel reçu de saint Romuald et transmis à travers une tradition millénaire et multiforme.

Encouragés par la visite et par les paroles du Successeur de Pierre, vous, moines et moniales camaldules, avez poursuivi votre chemin en recherchant toujours à nouveau le juste équilibre entre l’esprit érémitique et l’esprit cénobitique, entre l’exigence de vous consacrer entièrement à Dieu dans la solitude et celle de vous soutenir dans la prière commune et celle d’accueillir vos frères, pour qu’ils puissent puiser aux sources de la vie spirituelle et juger les événements du monde avec une conscience vraiment évangélique. Vous cherchez ainsi à parvenir à cette perfecta caritas que saint Grégoire le Grand considérait comme le point d’arrivée de toute manifestation de la foi, un engagement qui trouve confirmation dans la devise de votre blason : « Ego Vobis, Vos Mihi », synthèse de la formule d’alliance entre Dieu et son peuple, et source de la vitalité éternelle de votre charisme.

Le monastère de saint Grégoire au Celio est le contexte romain dans lequel nous célébrons le millénaire des camaldules avec Sa Grâce l’archevêque de Canterbury qui, avec nous, reconnaît ce monastère comme le lieu de naissance du lien entre le christianisme dans les terres britanniques et l’Eglise de Rome. La célébration d’aujourd’hui est donc marquée par un profond caractère oecuménique qui, comme nous le savons, fait désormais partie de l’esprit camaldule contemporain. Ce monastère camaldule romain a développé avec Canterbury et la communion anglicane, en particulier après le Concile Vatican ii, des liens désormais traditionnels. Pour la troisième fois aujourd’hui, l’Evêque de Rome rencontre l’archevêque de Canterbury dans la maison de saint Grégoire le Grand. Et il est juste qu’il en soit ainsi, car c’est précisément dans ce monastère que le Pape Grégoire choisit Augustin et ses quarante moines pour les envoyer apporter l’Evangile parmi les Angles, il y a un peu plus de mille quatre cents ans. La présence constante de moines en ce lieu, et pendant une période aussi longue, est déjà en soi un témoignage de la fidélité de Dieu à son Eglise, que nous sommes heureux de pouvoir proclamer au monde entier. Souhaitons que le geste que nous effectuerons ensemble, devant le saint autel où Grégoire lui-même célébrait le sacrifice eucharistique, ne demeure pas seulement un souvenir de notre rencontre fraternelle, mais constitue également un encouragement pour tous les fidèles, catholiques et anglicans, afin qu’en visitant les sépulcres glorieux des saints apôtres et martyrs à Rome, ils renouvellent également l’engagement de prier constamment et d’oeuvrer pour l’unité, pour vivre pleinement selon cet « ut unum sint » que Jésus a adressé au Père.

Nous confions ce désir profond, que nous avons la joie de partager, à l’intercession céleste de saint Grégoire le Grand et de saint Romuald. Amen.



VOYAGE APOSTOLIQUE AU MEXIQUE ET À CUBA (23-29 MARS 2012)


MESSE Parc des expositions du Bicentenaire de León, Dimanche 25 mars 2012

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Chers frères et soeurs,

Je me réjouis d’être parmi vous, et je remercie vivement Mgr José Guadalupe Martín Rábago, Archevêque de León, pour ses aimables paroles de bienvenue. Je salue l’épiscopat mexicain, de même que Messieurs les Cardinaux et les autres Évêques ici présents, particulièrement ceux qui sont venus de l’Amérique Latine et des Caraïbes. Mon salut chaleureux va également aux autorités qui nous accompagnent, de même qu’à tous ceux qui se sont réunis pour participer à cette Sainte Messe présidée par le Successeur de Pierre.

« Crée en moi un coeur pur, ô mon Dieu » (
Ps 50,12), avons-nous invoqué dans le psaume responsorial. Cette exclamation montre la profondeur avec laquelle nous devons nous préparer à célébrer la semaine prochaine le grand mystère de la passion, mort et résurrection du Seigneur. Elle nous aide pareillement à regarder au plus profond du coeur humain, spécialement dans les moments à la fois de douleur et d’espérance, comme ceux que traverse actuellement le peuple mexicain et bien d’autres de l’Amérique Latine.

Le désir d’un coeur pur, sincère, humble, agréable à Dieu, était déjà très ressenti par Israël, à mesure qu’il prenait conscience de la persistance du mal et du péché en son sein, comme une puissance pratiquement implacable et impossible à dépasser. Il restait seulement à se confier à la miséricorde de Dieu tout-puissant et dans l’espérance qu’il changera de l’intérieur, au fond du coeur, une situation insupportable, obscure et sans avenir. Ainsi fut ouvert le chemin du recours à la miséricorde infinie du Seigneur, qui ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et vive (cf. Ez Ez 33,11). Un coeur pur, un coeur nouveau, est celui qui se reconnait impuissant par lui-même, et s’en remet entre les mains de Dieu pour continuer à espérer en ses promesses. De cette manière, le psalmiste peut dire avec conviction au Seigneur : « Vers toi, reviendront les égarés » (Ps 50,15). Et, vers la fin du psaume, il donnera une explication qui est en même temps une ferme confession de foi : « Tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un coeur brisé et broyé » (v. 19).

L’histoire d’Israël raconte aussi des grandes prouesses et des batailles. Toutefois, au moment d’affronter son existence la plus authentique, son destin le plus décisif : le salut, il met son espérance en Dieu plus qu’en ses propres forces, en Dieu qui peut recréer un coeur nouveau, qui n’est ni insensible ni arrogant. Cela peut nous rappeler aujourd’hui, à chacun de nous et à nos peuples que, quand il s’agit de la vie personnelle et communautaire dans sa dimension la plus profonde, les stratégies humaines ne suffiront pas pour nous sauver. On doit aussi avoir recours au seul qui peut donner la vie en plénitude, parce qu’il est lui-même l’essence de la vie et son auteur, et il nous a donné d’y participer par son Fils Jésus-Christ.

L’Évangile d’aujourd’hui poursuit en nous faisant voir comment ce désir antique de vie plénière s’est accompli réellement dans le Christ. Saint Jean l’explique dans un passage où le désir de quelques grecs de voir Jésus coïncide avec le moment où le Seigneur va être glorifié. À la demande des grecs, représentants du monde païen, Jésus répond en disant : « L’heure est venue pour le Fils de l’homme d’être glorifié » (Jn 12,23). Voici une réponse étrange, qui semble incohérente avec la demande des grecs. Qu’est-ce que la glorification de Jésus a à voir avec la demande de le rencontrer ? Il existe pourtant un lien. Quelqu’un pourrait penser – observe saint Augustin – que Jésus se sent glorifié parce que les gentils viennent à lui. Nous dirions aujourd’hui: quelque chose de similaire aux applaudissements de la foule qui rend « gloire » aux grands de ce monde. Il n’en est pourtant pas ainsi. « Il était convenable que la grandeur de sa glorification soit précédée par l’humiliation de sa passion » (In Joannis EV 51,9, PL 35, 1766).

La réponse de Jésus, annonçant sa passion imminente, veut dire qu’une rencontre fortuite en ces moments-là serait superflue et peut-être trompeuse. Ce que les grecs désirent voir, en réalité ils le verront quand il sera élevé sur la croix, d’où il attirera tous les hommes à lui (cf. Jn 12,32). Là commencera sa « gloire », à cause de son sacrifice d’expiation pour tous ; comme le grain de blé tombé en terre qui, en mourant, germe et porte beaucoup de fruit. Ils rencontreront celui qu’assurément ils recherchaient, sans le savoir, dans leurs coeurs, le vrai Dieu qui se rend reconnaissable à tous les peuples. Ceci est également la manière par laquelle Notre-Dame de Guadeloupe a montré son divin Fils à saint Juan Diego. Non pas comme un héros prodigieux d’une légende, mais comme le vrai Dieu, pour lequel on vit, le Créateur de toutes les personnes, dans la proximité et l’immédiateté, le Créateur du ciel et de la terre (cf. Nican Mopohua, v. 33). La Vierge fit en ce moment ce dont elle avait déjà fait l’expérience lors des Noces de Cana. Devant la gêne causée par le manque de vin, elle a indiqué clairement aux serviteurs que la voie à suivre était son Fils : « Faites tout ce qu’il vous dira » (Jn 2,5).

Chers frères, en venant ici j’ai pu m’approcher du monument dédié au Christ Roi, sur la hauteur du Cubilete. Mon vénéré prédécesseur, le bienheureux Pape Jean-Paul II, bien que l’ayant désiré ardemment, n’a pas pu visiter, ce lieu emblématique de la foi du peuple mexicain, au cours de ses voyages dans cette terre bien-aimée. Il se réjouira certainement aujourd’hui du ciel du fait que le Seigneur m’ait donné la grâce de pouvoir être maintenant avec vous, comme il bénirait aussi tant de millions de mexicains qui ont voulu vénérer récemment ses reliques partout dans le pays. Et bien, c’est le Christ Roi qui est représenté dans ce monument. Pourtant les couronnes qui l’accompagnent, l’une de souverain et l’autre d’épines, montrent que sa royauté n’est pas comme beaucoup l’avaient comprise et la comprennent. Son règne ne consiste pas dans la puissance de ses armées pour soumettre les autres par la force ou la violence. Il se fonde sur un pouvoir plus grand qui gagne les coeurs: l’amour de Dieu qu’il a apporté au monde par son sacrifice, et la vérité dont il a rendu témoignage. C’est cela sa seigneurie, que personne ne pourra lui enlever, et que personne ne doit oublier. C’est pourquoi, il est juste que, par-dessus tout, ce sanctuaire soit un lieu de pèlerinage, de prière fervente, de conversion, de réconciliation, de recherche de la vérité et de réception de la grâce. À lui, au Christ, demandons qu’il règne dans nos coeurs en les rendant purs, dociles, pleins d’espérance et courageux dans leur humilité.

Aujourd’hui aussi, depuis ce parc par lequel on veut rappeler le bicentenaire de la naissance de la nation mexicaine, qui unit en elle beaucoup de différences, mais avec un destin et une ardeur communs, demandons au Christ un coeur pur, où il puisse habiter comme prince de la paix, grâce au pouvoir de Dieu, qui est pouvoir du bien, pouvoir d’amour. Et, pour que Dieu habite en nous, il faut l’écouter; il faut se laisser interpeler par sa Parole chaque jour, en la méditant dans son coeur, à l’exemple de Marie (cf. Lc Lc 2,51). Ainsi grandit notre amitié personnelle avec lui ; s’apprend ce qu’il attend de nous et se reçoit le courage pour le faire connaître aux autres.

À Aparecida, les Évêques de l’Amérique latine et des Caraïbes ont ressenti avec clairvoyance la nécessité de renforcer, de renouveler et de revitaliser la nouveauté de l’Évangile enracinée dans l’histoire de ces terres « depuis la rencontre personnelle et communautaire avec Jésus-Christ, qui suscite des disciples et des missionnaires » (Document conclusif, 11). La Mission Continentale, qui est maintenant mise en acte dans chaque diocèse de ce Continent, a précisément pour but de faire parvenir cette conviction à tous les chrétiens et aux communautés ecclésiales, pour qu’ils résistent à la tentation d’une foi superficielle et routinière, parfois fragmentaire et incohérente. Ici aussi, on doit dépasser la fatigue de la foi et récupérer « la joie d’être chrétiens, le fait d’être soutenus par le bonheur intérieur de connaître le Christ et d’appartenir à son Église. De cette joie naissent aussi les énergies pour servir le Christ dans les situations opprimantes de souffrance humaine, pour se mettre à sa disposition sans se replier sur son propre bien-être » (Discours à la Curie romaine, 22 décembre 2011). Nous le voyons très bien dans les saints, qui se sont donnés pleinement à la cause de l’Évangile avec enthousiasme et avec joie, sans épargner les sacrifices, y compris celui de leur propre vie. Leur coeur était un choix inconditionnel pour le Christ, dont ils ont appris ce que signifie aimer vraiment jusqu’au bout.

En ce sens, l’Année de la foi, à laquelle j’ai convié toute l’Église, « est une invitation à une conversion authentique et renouvelée au Seigneur, unique Sauveur du monde […] la foi grandit quand elle est vécue comme expérience d’un amour reçu et quand elle est communiquée comme expérience de grâce et de joie » (Porta fidei, 11 octobre 2011, nn. 6,7).

Demandons à la Vierge Marie de nous aider à purifier notre coeur, particulièrement alors que s’approche la célébration des fêtes de Pâques, pour que nous puissions mieux participer au mystère du salut de son Fils, tel qu’elle l’a fait connaître sur ces terres. Et demandons-lui aussi de continuer à accompagner et à protéger ses chers enfants mexicains et latino-américains, pour que le Christ règne dans leur vie et les aide à promouvoir avec audace la paix, la concorde, la justice et la solidarité. Amen.


VÊPRES AVEC LES ÉVÊQUES DU MEXIQUE ET DE L'AMÉRIQUE LATINE, Leon 25 mars 2012

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DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI

Cathédrale Notre-Dame de la Lumière, León

Dimanche 25 mars 2012




Messieurs les Cardinaux,

Chers frères dans l’Épiscopat,

C’est une grande joie de prier avec vous tous dans cette basilique-cathédrale de León, dédiée à Notre-Dame de la Lumière (Nuestra Señora de la Luz). Sur la belle image que l’on vénère dans ce temple, la Très Sainte Vierge tient avec une grande tendresse son Fils dans une main, et tend l’autre pour secourir les pêcheurs. C’est ainsi que l’Eglise de tous les temps voit Marie, qu’elle la loue pour nous avoir donné le Rédempteur, qu’elle se confie à elle pour être la Mère que son divin Enfant nous a laissé depuis la croix. C’est pourquoi nous l’implorons fréquemment comme « notre espérance » parce qu’elle nous a montré Jésus et transmis les grandeurs que Dieu a réalisées et réalise avec l’humanité, sensiblement, comme en les expliquant aux petits de la maison.

La brève lecture que nous avons proclamée durant ces Vêpres nous offre un signe décisif de ces grandeurs. Les habitants de Jérusalem et ses chefs ne reconnurent pas le Christ mais, en le condamnant à mort, ils accomplirent en réalité les paroles des prophètes (cf. Ha
Ha 13,27). Oui, la méchanceté et l’ignorance des hommes ne sont pas capables de freiner le plan divin de salut, la rédemption. Le mal ne peut pas en faire tant.

Une autre merveille de Dieu nous est rappelée par le second psaume que nous venons de réciter. Les « rochers » sont transformés « en étangs, le roc en source d’eau » (Ps 114,8). Ce qui pourrait être une pierre d’achoppement et de scandale se transforme avec le triomphe de Jésus sur la mort en pierre angulaire : « C’est là l’oeuvre du Seigneur; ce fut merveille à nos yeux » (Ps 118,23). Il n’y a donc pas de motif pour succomber au despotisme du mal. Et demandons au Seigneur Ressuscité qu’il manifeste sa force dans nos faiblesses et nos manques.

J’attendais avec grande joie cette rencontre avec vous, pasteurs de l’Église du Christ qui est en pèlerinage au Mexique et dans les autres pays de ce grand continent, comme une occasion pour regarder ensemble le Christ qui vous a confié cette belle tâche d’annoncer l’Evangile à ces peuples de forte tradition catholique. La situation actuelle de vos diocèses présente certainement des défis et des difficultés de nature très différente. Mais, en sachant que le Seigneur est ressuscité, nous pouvons continuer, confiants, avec la conviction que le mal n’a pas le dernier mot de l’histoire et que Dieu est capable d’ouvrir de nouveaux espaces à une espérance qui ne déçoit pas (cf. Rm Rm 5,5).

J’accueille avec gratitude le salut cordial que m’a adressé Mgr l’Archevêque de Tlalnepantla et Président de la Conférence de l’Épiscopat du Mexique et du Conseil épiscopal latino-américain, se faisant ainsi l’interprète et le porte-parole de tous. Et je vous prie tous, pasteurs des diverses Églises particulières, de transmettre à vos fidèles, après votre retour chez vous, l’affection profonde du Pape qui porte au fond de son coeur toutes leurs souffrances et leurs espoirs.

En voyant sur vos visages le reflet des préoccupations du troupeau dont vous avez la charge, me viennent à la pensée les assemblées du Synode des Évêques auxquelles les participants applaudissent quand interviennent ceux qui exercent leur ministère dans des situations particulièrement douloureuses pour la vie et la mission de l’Église. Ce geste jaillit de la foi dans le Seigneur et signifie la fraternité dans les travaux apostoliques, tout comme la gratitude et l’admiration pour ceux qui sèment l’Évangile dans les épines, certaines en forme de persécution, d’autres de marginalisation ou de mépris. Les préoccupations ne manquent pas également pour l’absence de moyens et de ressources humaines, ou les obstacles imposés à la liberté de l’Église pour l’accomplissement de sa mission.

Le Successeur de Pierre partage ces sentiments et est reconnaissant pour votre sollicitude pastorale patiente et humble. Vous n’êtes pas seuls face aux difficultés comme vous ne l’êtes pas dans les réussites de l’évangélisation. Nous sommes tous unis dans les souffrances et dans la consolation (cf. 2Co 1,5). Sachez que vous avez une place particulière dans la prière de celui qui a reçu du Christ la charge de confirmer ses frères dans la foi (cf. Lc Lc 22,31), qui les encourage aussi dans la mission de faire que notre Seigneur Jésus Christ soit toujours plus connu, aimé et suivi sur ces terres, sans se laisser effrayer par les contrariétés.

La foi catholique a marqué significativement la vie, les coutumes et l’histoire de ce continent, où beaucoup de nations commémorent le bicentenaire de leur indépendance. C’est un moment historique où le nom du Christ continue de briller, arrivé ici grâce à des missionnaires éminents et dévoués qui le proclamèrent avec audace et sagesse. Ils donnèrent tout pour le Christ, montrant que l’homme rencontre en Lui sa consistance et la force nécessaire pour vivre en plénitude et édifier une société digne de l’être humain comme son Créateur l’a voulu. Cet idéal de ne rien faire passer avant le Seigneur et de faire pénétrer la Parole de Dieu en tous, en se servant de ses propres signes et de ses meilleures traditions, continue d’être une précieuse orientation pour les pasteurs d’aujourd’hui.

Les initiatives qui se réalisent dans le cadre de l’Année de la foi, doivent être orientées de manière à conduire les hommes vers le Christ dont la grâce leur permettra de laisser les chaînes du péché qui les asservit et d’avancer vers la liberté authentique et responsable. La Mission continentale promue à Aparecida aide également en cela; le renouveau ecclésial donne déjà de nombreux fruits dans les Églises particulières d’Amérique latine et des Caraïbes. Parmi eux, l’étude, la diffusion et la méditation des Écritures Saintes qui annoncent l’amour de Dieu et notre salut. En ce sens, je vous exhorte à continuer d’ouvrir les trésors de l’Évangile afin qu’ils deviennent une puissance d’espérance, de liberté et de salut pour tous les hommes (cf. Rom Rm 1,16). Et soyez toujours de fidèles témoins et interprètes de la parole du Fils incarné, qui vécut pour accomplir la volonté du Père et, étant homme avec les hommes, s’est dévoué pour eux jusqu’à la mort.

Chers frères dans l’Épiscopat, dans l’horizon pastoral et évangélisateur qui s’ouvre devant nous, il est particulièrement important de porter une grande attention aux séminaristes, les encourageant à « ne rien vouloir savoir d’autre, sinon Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié » (1Co 2,2). La proximité avec les prêtres n’en est pas moins fondamentale, eux qui ne doivent jamais manquer de la compréhension et de l’encouragement de leur Évêque, et si c’est nécessaire, également de sa réprobation paternelle pour des attitudes incorrectes. Ce sont ses premiers collaborateurs dans la communion sacramentelle du sacerdoce, auxquels il doit montrer une proximité constante et privilégiée. Il en va de même des différentes formes de vie consacrée dont les charismes doivent être estimés avec gratitude et accompagnés avec responsabilité et respect du don reçu. Une attention toute particulière doit être apportée aux laïcs les plus engagés dans la catéchèse, l’animation liturgique, l’action caritative et l’engagement social. Leur formation à la foi est essentielle pour rendre présent et fécond l’Évangile dans la société d’aujourd’hui. Et ce n’est pas juste qu’ils aient l’impression de ne pas compter dans l’Église malgré l’enthousiasme qu’ils mettent en y travaillant selon leur propre vocation et le grand sacrifice que parfois demande ce dévouement. A ce sujet, il est particulièrement important pour les pasteurs que règne un esprit de communion entre les prêtres, les religieux et les laïcs, évitant les divisions stériles, les critiques et les méfiances nocives.

C’est avec ces voeux fervents que je vous invite à être des sentinelles qui proclament jour et nuit la gloire de Dieu qui est la vie de l’homme. Soyez du côté de ceux qui sont marginalisés par la force, le pouvoir ou une richesse qui ignore ceux qui manquent de presque tout. L’Église ne peut pas séparer la louange de Dieu du service des hommes. L’unique Dieu Père et Créateur est celui qui nous a constitués frères: être homme c’est être frère et gardien du prochain. Sur ce chemin, aux côtés de l’humanité, l’Église doit revivre et actualiser ce que fut Jésus : le Bon Samaritain qui, venant de loin, s’est inséré dans l’histoire des hommes, nous a relevé et s’est préoccupé de notre guérison.

Chers frères dans l’Épiscopat, l’Église en Amérique latine, qui tant de fois s’est unie à Jésus Christ dans sa passion, doit continuer à être semence de l’espérance qui permet à tous de voir comment les fruits de la résurrection atteignent et enrichissent ces terres.

Que la Mère de Dieu, invoquée sous son nom de Très Sainte Marie de la Lumière, dissipe les ténèbres de notre monde et éclaire notre chemin, pour que nous puissions confirmer dans la foi le peuple latino-américain dans ses difficultés et ses aspirations, avec fermeté, courage et une foi ferme en celui qui peut tout et aime tout le monde à l’extrême. Amen.




SOLENNITÉ DE L'ANNONCIATION DU SEIGNEUR Place Antonio Maceo de Santiago de Cuba, Lundi 26 mars 2012

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Chers frères et soeurs,

Je rends grâce à Dieu qui m’a permis de venir jusqu’à vous et d’accomplir ce voyage tant désiré. Je salue Mgr Dionisio García Ibáñez, Archevêque de Santiago de Cuba, le remerciant de ses aimables paroles d’accueil au nom de vous tous ; je salue également les Évêques cubains et ceux venus d’ailleurs, ainsi que les prêtres, les religieux, les séminaristes et les fidèles laïcs présents lors de cette célébration. Je ne peux pas oublier ceux qui, pour cause de maladie, de leur âge avancé et pour d’autres raisons, n’ont pas pu être ici avec nous. Je salue aussi les autorités qui ont gentiment voulu nous accompagner.

Cette sainte messe, que j’ai la joie de présider pour la première fois durant ma visite pastorale dans ce pays, s’insère dans le contexte de l’Année mariale jubilaire, convoquée pour honorer et vénérer la Vierge de la Charité de Cobre (Virgen de la Caridad del Cobre), patronne de Cuba, à l’occasion du quatre centième anniversaire de la découverte et de la présence de sa vénérable image en ces terres bénies. Je n’ignore pas le sacrifice et le dévouement avec lesquels s’est préparé ce jubilé, spécialement du point de vue spirituel. Connaître la ferveur avec laquelle Marie, lors de son pèlerinage à travers tous les recoins et les lieux de l’Ile, a été saluée et invoquée par tant de Cubains m’a rempli d’émotion.

Ces événements importants pour l’Église à Cuba sont illuminés d’un éclat inhabituel par la fête que l’Église universelle célèbre aujourd’hui : l’Annonciation du Seigneur à la Vierge Marie. En effet, l’incarnation du Fils de Dieu est le mystère central de la foi chrétienne, et en lui, Marie occupe un rôle de premier ordre. Mais, que veut dire ce mystère ? et quelle importance a-t-il pour nos vies concrètes ?

Voyons avant tout ce que signifie l’Incarnation. Dans l’évangile de saint Luc, nous avons écouté les paroles de l’ange à Marie : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très Haut te prendra sous son ombre. C'est pourquoi celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu » (
Lc 1,35). En Marie, le Fils de Dieu se fait homme, accomplissant ainsi la prophétie d’Isaïe : « Voici, la jeune fille deviendra enceinte, elle enfantera un fils, et elle lui donnera le nom d'Emmanuel, qui signifie ‘Dieu-avec-nous’ » (Is 7,14). Oui, Jésus, le Verbe fait chair, est le Dieu-avec-nous, qui est venu habiter parmi nous et partager notre condition humaine elle-même. L’apôtre saint Jean l’exprime de la manière suivante : « Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous » (Jn 1,14). L’expression « s’est fait chair » souligne la réalité humaine la plus concrète et la plus tangible. Dans le Christ, Dieu est venu réellement au monde, il est entré dans notre histoire, il a installé sa demeure parmi nous, accomplissant ainsi l’intime aspiration de l’être humain que le monde soit réellement un foyer pour l’homme. En revanche, quand Dieu est jeté dehors, le monde se transforme en un lieu inhospitalier pour l’homme, décevant en même temps la vraie vocation de la création d’être un espace pour l’alliance, pour le « oui » de l’amour entre Dieu et l’humanité qui lui répond. C’est ce que fit Marie, étant la prémisse des croyants par son « oui » sans réserve au Seigneur.

Pour cela, en contemplant le mystère de l’Incarnation, nous ne pouvons pas nous empêcher de tourner notre regard vers elle et nous remplir d’étonnement, de gratitude et d’amour en voyant comment notre Dieu, en entrant dans le monde, a voulu compter avec le consentement libre d’une de ses créatures. Ce n’est que quand la Vierge répondit à l’ange : « Voici la servante du Seigneur; que tout se passe pour moi selon ta parole » (Lc 1,38), que le Verbe éternel du Père commença son existence humaine dans le temps. Il est émouvant de voir comment Dieu non seulement respecte la liberté humaine, mais semble en avoir besoin. Et nous voyons aussi comment le commencement de l’existence terrestre du Fils de Dieu est marqué par un double « oui » à la volonté salvatrice du Père : celui du Christ et celui de Marie. Cette obéissance à Dieu est celle qui ouvre les portes du monde à la vérité et au salut. En effet, Dieu nous a créés comme fruit de son amour infini, c’est pourquoi vivre conformément à sa volonté est la voie pour rencontrer notre authentique identité, la vérité de notre être, alors que s’éloigner de Dieu nous écarte de nous-mêmes et nous précipite dans le néant. L’obéissance dans la foi est la vraie liberté, l’authentique rédemption qui nous permet de nous unir à l’amour de Jésus en son effort pour se conformer à la volonté du Père. La rédemption est toujours ce processus de porter la volonté humaine à la pleine communion avec la volonté divine (cf. Lectio divina avec le clergé de Rome, 18 février 2010).

Chers frères, nous louons aujourd’hui la Très Sainte Vierge pour sa foi et nous lui disons aussi avec sainte Elisabeth : « Heureuse celle qui a cru » (Lc 1,45). Comme dit saint Augustin, avant de concevoir le Christ dans son sein, Marie le conçut dans la foi de son coeur. Marie crut et s’accomplit dans ce qu’elle croyait (cf. Sermon 215, 4 : PL 38, 1074). Demandons au Seigneur de faire grandir notre foi, qu’il la rende vive et féconde dans l’amour. Demandons-lui de savoir accueillir en notre coeur comme elle la parole de Dieu et de l’appliquer avec docilité et constance.

La Vierge Marie, de par son rôle irremplaçable dans le mystère du Christ, représente l’image et le modèle de l’Église. L’Église aussi, de même que fit la Mère du Christ, est appelée à accueillir en soi le mystère de Dieu qui vient habiter en elle. Chers frères, je connais les efforts, l’audace et l’abnégation avec lesquels vous travaillez chaque jour pour que, dans les réalités concrètes de votre pays, et en cette période de l’histoire, l’Église reflète toujours plus son vrai visage comme un lieu où Dieu s’approche et rencontre les hommes. L’Église, corps vivant du Christ, a la mission de prolonger sur la terre la présence salvatrice de Dieu, d’ouvrir le monde à quelque chose de plus grand que lui-même, l’amour et la lumière de Dieu. Cela vaut la peine, chers frères, de dédier toute sa vie au Christ, de grandir chaque jour dans son amitié et de se sentir appelé à annoncer la beauté et la bonté de sa vie à tous les hommes, nos frères. Je vous encourage dans cette tâche de semer dans le monde la parole de Dieu et d’offrir à tous le vrai aliment du corps du Christ. Pâques s’approchant déjà, décidons-nous sans peur et sans complexe à suivre Jésus sur le chemin de la croix. Acceptons avec patience et foi n’importe quel contrariété ou affliction, avec la conviction que dans sa résurrection il a vaincu le pouvoir du mal qui obscurcit tout, et a fait se lever un monde nouveau, le monde de Dieu, de la lumière, de la vérité et de la joie. Le Seigneur n’arrêtera pas de bénir par des fruits abondants la générosité de votre dévouement.

Le mystère de l’incarnation, dans lequel Dieu se fait proche de nous, nous montre également la dignité incomparable de toute vie humaine. C’est pourquoi, dans son projet d’amour, depuis la création, Dieu a confié à la famille fondée sur le mariage, la très haute mission d’être la cellule fondamentale de la société et la vraie Église domestique. C’est avec cette certitude que, vous, chers époux, vous devez être spécialement pour vos enfants, le signe réel et visible de l’amour du Christ pour l’Église. Cuba a besoin du témoignage de votre fidélité, de votre unité, de votre capacité à accueillir la vie humaine, spécialement celle sans défense et dans le besoin.

Chers frères, devant le regard de la Vierge de la Charité de Cobre, je désire lancer un appel pour que vous donniez un nouvel élan à votre foi, pour que vous viviez du Christ et pour le Christ, et qu’avec les armes de la paix, le pardon et la compréhension, vous luttiez pour construire une société ouverte et rénovée, une société meilleure, plus digne de l’homme, qui reflète davantage la bonté de Dieu. Amen.




Benoît XVI Homélies 10312