Bible chrétienne Evang. - § 12. Généalogie de Jésus: Mt 1,1-17

§ 12. Généalogie de Jésus: Mt 1,1-17





(Mt 1,1-17)

Tout est différent entre Mt 1-2 et Lc 1-2, « à 99% ». Mais en ce 1% où ils se rencontrent, il y a l'essentiel à la fois pour l'histoire et pour la foi. Cette < Concordantia discordantium >, cette convergence de deux témoins visiblement indépendants l'un de l'autre, est la meilleure preuve en faveur de l'authenticité de leurs dires (Cf. R. Laurentin: Év. de l'Enfance, p. 358-366).

La composition des deux premiers chapitres de Mt est claire, les épisodes étant reliés par des mots-agrafes — Christ (v. 17 et 18), Jésus (1,25 et 2,1), repartir (2,12 et 13), la mort d'Hérode (2,15 et 19) — et ponctués par une citation de l'Écriture (1,23 ; 2,6.15.18.23) — et implicitement en 2,11 *). Cependant, chacun des chapitres est centré sur un thème: le ch. 1° sur < Joseph fils de David > ; le second sur la méfiance d'Hérode. On verra comment et pourquoi. En tous cas, autant Luc nous racontait les événements du point de vue de Marie, autant Mt nous les dépeint du point de vue de Joseph.

Mt 1,1) — Livre de la genèse de Jésus-Christ: se retrouve au v. 18, comme un signal de la complémentarité des deux parties de ce ch. 1°. Provient de Gn 2,4 et surtout 5,1-3 (en // à Mt 1,18 *).

J. Daniélou: Ev. de l'Enfance, p. 12-13 : Le texte commence par les mots : «Livre de la Genèse de Jésus-Christ, fils de David, fils d'Abraham ». Or cette expression ne se trouve dans toute l'Écriture que dans Gn 5,1 : « Voici le Livre de la Genèse d'Adam » et dans Gn 2,4 à propos du ciel et de la terre. Le rapprochement a été fait par de nombreux critiques. Il ne peut être fortuit, pas plus que le rapprochement de Jn 1,1 et de Gn 1,1. Et cela d'autant moins que ces versets de la Genèse étaient très commentés dans le judaïsme du temps. Il en résulte que Matthieu établit un parallélisme entre la création d'Adam et l'Incarnation du Verbe. L'accent est d'abord mis sur l'événement de l'Incarnation. Celle-ci est la création d'une humanité nouvelle, une reprise de la première création. Et par là semble bien impliqué que, de même que la création d'Adam a été l'oeuvre de Dieu, celle du nouvel Adam est aussi l'oeuvre de Dieu, c'est-à-dire que le parallélisme implique l'affirmation de la conception virginale.

Ceci est d'ailleurs rendu certain par ce qui suit la généalogie. Matthieu reprend en effet au verset 18 la phrase: « Voici comment eut lieu la Genèse de Jésus-Christ ». Et il continue par le récit de l'apparition de l'ange à Joseph, lui disant que Marie a conçu du Saint-Esprit (1,20). Comme l'a montré Vogue, il y a un strict parallélisme entre les deux parties du chapitre. L'une et l'autre ont pour objet de montrer la Genèse du Christ comme celle du nouvel Adam. La première moitié le fait en montrant en Jésus celui qui vient au terme de l’A.T. et inaugure une humanité nouvelle ; la seconde en montrant comment la Genèse du Nouvel Adam est l'oeuvre du Saint-Esprit, c'est-à-dire comment c'est Dieu qui suscite cette nouvelle humanité.

Sur l'importance et le sens des généalogies dans la Bible, cf. BC I *, p. 309-310. Ici, au seuil de l'Évangile, non seulement elle relie le N.T. à l’A.T. (ce qui serait plutôt le sens < remontant > adopté par Saint-Luc 3,23-28) — § 26 *) mais elle résume tout l'A.T. comme une histoire qui monte vers le Messie, sans toutefois y parvenir humainement (Mt 1,16 — le < hiatus > de Joseph à Jésus). Dieu seul donnera cet aboutissement aux promesses faites et réitérées depuis Abraham (comme l'expliqueront les v. 18-25).

Cette image d'une montée se trouve d'ailleurs dans tout < arbre > généalogique. Mais elle se trouve aussi dans l'échelle des générations, chacune portant la suivante sur ses épaules. D'où l'application que Rupert en fait à l'échelle de Jacob :

Rupert de Deutz : Sur Mt I (PL 168,1317): L'échelle qui apparut à Jacob

en songe est la généalogie de Jésus-Christ ; et les degrés de cette échelle sont les principaux pères de cette généalogie : Abraham et David, qui reçurent la promesse avec le serment. Le degré supérieur de l'échelle, sur lequel le Seigneur s'appuie, est saint Joseph, époux de Marie de qui est né Jésus appelé Christ. Comment ce Dieu et Seigneur s'appuie-t-il sur Joseph? Il s'appuie sur lui comme un orphelin sur son tuteur, puisqu'en ce monde il naquit sans père... Pour ce petit enfant, Joseph fut un père excellent. L'enfant et la Vierge Marie furent protégés, portés, par ce soutien paternel.

Il est clair en effet que Matthieu égalise la répartition des ancêtres du Christ suivant les échelons que lui-même relève au v. 17. Le nombre de 14 (=2 fois 7) est donné par la première série, celle des patriarches. La seconde, celle des rois, devrait compter, d'après la Bible, 18 générations. Sont supprimés Ochozias (impie — 1R 22,52-54), Joas et Amasias (réformateurs, mais incomplètement — 2R 12 et 14): est-ce parce qu'ils sont fils, petit-fils et arrière-petit-fils d'Athalie qu'ils se voient ainsi « effacés du Livre » (Ex 32,33) par Dieu, « riche en miséricorde et fidélité... mais qui visite le crime des pères jusqu'à la 3° et 4° génération » (Ex 34,7)? Quant à Joiaqim, qui avait méprisé les avertissements de Jérémie (Jr 36), il disparaît avec le royaume de Juda, qu'il entraîne dans la ruine, si bien que ne se trouvent nommés que ses enfants: « Jéchonias et ses frères » (Cf. // 1Ch 3,15-16 2R 24,14-15).

De la 3° série, la plupart des noms sont inconnus par ailleurs, à l'exception de Salathiel et Zorobabel. Mais on voit bien qu'elle ne se prétend pas complète non plus, puisque d'après le // 1Ch 3,17-19, Zorobabel n'est que le petit-fils de Salathiel, et qu'il manque donc la génération de Pedaya.

La généalogie est significative des courbes d'évolution humaine: prenant son départ avec Abraham, elle atteint son apogée avec David ; puis, malgré quelques règnes restaurateurs, elle décroît jusqu'à la chute de Jérusalem, et ne se prolonge après le retour de l'Exil que dans une lignée ignorée, qui s'éteindrait avec Joseph si Dieu n'intervenait en suscitant à la souche vieillie de Jessé un rejet miraculeux (v. 16 *). Ainsi < accomplit-il > sa Promesse.

Mt 1,1-2 // Ga 3,16 — Abraham est bien au départ de cette promesse d'une descendance, à la fois innombrable puisqu'elle doit s'étendre aux incirconcis non moins qu'à sa race propre, et pourtant unique puisqu'elle passera toute parla grâce d'un seul, qui est le Christ (Ga 3,16).

engendra: Il faut se laisser porter par le retour régulier de ce verbe, pour mieux sentir la rupture de rythme du v. 16, et sa haute signification.

// Gn 21,12 49,10, etc... — Ces // Aideront à situer en plein dans l'histoire d'Israël les personnages mentionnés dans la généalogie du Christ; mais de préférence, nous choisissons les passages qui ont en outre une portée plus messianique, pour aider à discerner dans ces ancêtres les jalons par où Dieu réitère et prépare ses promesses initiales.

Mt 1,3.5.6 // Gn 38,15 Rt 4,11-22 2S 12,15-24 — Thamar, Rahab, Ruth, et « la femme d'Urie ». Les Pères insistent sur la présence de ces quatre seules femmes dans la généalogie, jusqu'à la Vierge Marie: « Puisque Jésus, disent-ils, devait naître avec une chair semblable à celle du péché... pour sauver son peuple du péché » (Rm 8,3 et Mt 1,21) il convenait que ses aïeules fussent elles-mêmes pécheresses.

L'intention de Matthieu est bien marquée en effet, au moins quand il appelle Bethsabée « la femme d'Urie », soulignant ainsi son adultère. Mais l'inceste de Thamar est déjà sinon justifié, du moins pris en bonne part pour le souci qu'elle a de ne pas laisser s'éteindre la descendance de Juda — de qui Jacob avait prophétisé que le Messie viendrait (// Gn 49,10). Rahab s'est rachetée en prenant le parti d'Israël'(Jos 2); et la belle figure de Ruth ne souffre d'aucune tache, son dévouement à sa belle-mère puis son mariage vertueux avec Booz ayant intégré cette < moabite > au peuple élu. Davantage que comme pécheresses ou étrangères, ces femmes apparaissent donc dans la généalogie du Christ parce qu'elles y ont joué un rôle décisif: Thamar et Ruth pour que reparte la lignée messianique, Bethsabée pour qu'entre les multiples fils de David, son héritier soit Salomon (né non pas du péché avec elle, mais après le repentir — // 2S 12,15-24). Même par des voies parfois peu recommandables, ces femmes n'en sont pas moins entrées dans le Dessein de Dieu, comme l'a discerné la Tradition juive, où Dieu reconnaît à propos de Thamar que « la chose est arrivée à cause de Moi, pour que se lève le roi Messie » (Cf. c. Perrot: Récits de l'Enfance, p. 20-21). Dieu prépare notre Salut à partir même du péché ou de l'irrégularité, comme il suscite une descendance à des femmes longtemps stériles — Sara, Rébecca ou Rachel -comme il va tout accomplir en la Vierge Marie (v. 16 *): ainsi est-il manifeste que c'est Lui qui mène l'Histoire de notre Salut...

// Rt 4,11-22 1Ch 17,10-11 — La figure de Ruth est particulièrement significative, elle est dans la ligne de Léa et Rachel, origine de « toute la descendance d'Israël » ; mais de Thamar (qui n'est donc pas citée avec réprobation mais plutôt en exemple). Le lieu est déjà Bethléem ; et il s'agit de « bâtir une maison » comme Dieu le promettra expressément à son arrière-petit-fils, David (1Ch 17,10-11 = la prophétie de Natan de 2S 7).

Mt 1,12-13 // Esd ch. 2.3.5; Ag 2,4-23 Si 49,11-12 — Des aïeuls de toute la troisième période, la Bible ne fait grand cas que de Zorobabel. Pourquoi? — Parce qu'il est l'élu de Dieu, pour marquer de son sceau Jérusalem et Israël en rebâtissant la Maison de Dieu. Or on ne peut oublier que Jésus, fils et < maison > que Dieu avait promise à David, affirmera que par son incarnation il est bien mieux encore la véritable < maison > et le Temple de Dieu. C'est Lui l'élu de Dieu (Lc 9,35), qui enverra sur ses disciples l'Esprit Saint comme un sceau (Ep 1,13 Ep 4,30).

Mt 1,16 — Le verbe, actif, de la génération humaine: «engendra... engendra ... engendra... » s'arrête avec Joseph. Il n'est donné que comme « l'époux de Marie ». Mais celle-ci non plus n'est pas donnée comme sujet actif, comme s'il y avait: « ...époux de Marie qui enfanta Jésus ». Comme en Lc 1,35 *, l'Evangéliste a préféré mettre le verbe au passif. Marie n'est même pas celle par qui Jésus est né, mais celle de qui il est enfanté et nourri : de sa chair et de son coeur. De même, au v. 18, Jésus sera trouvé conçu non par l'Esprit Saint, mais de Lui (Sur cette exclusion de toute mythologie < théogamique >, Lc 1,35 *).

qui est appelé Christ: également au passif, donc sans sujet défini; car on se trouve moins devant une initiative humaine qu'en présence d'un fait. Dès le 1° verset, Mt avait parlé de « la genèse de ce Jésus-Christ » (tellement inséparablement qu'en français on met un trait d'union, dixit Larousse !), fils de David et d'Abraham comme devait l'être le Messie.

p. 99

§ 13. L’annonce à Joseph : Mt 1, 18-25

(Mt 1,18-25)

Mais comment Jésus est-il effectivement la Descendance promise à Abraham (// Ga 3,16), le Fils promis à David (// 1Ch 17,10), s'il n'y a pas de lien de génération entre Joseph et Lui? — C'est ce qu'expliqué cette seconde partie du ch. 1°, bien reliée à la première par la reprise de l'expression: « la genèse de Jésus-Christ ».

// Gn 5,1 1Co 15,45-49 — En se calquant sur la généalogie d'Adam, Mt nous indique déjà implicitement que le Christ sera le Nouvel Adam. Or, est-il dit, le Premier Adam « engendre Seth à sa ressemblance, comme à son image »; c'est-à-dire que « venant de la terre il engendre des hommes terrestres », à son image, déchus par la faute originelle; tandis que, poursuit saint Paul (1Co 15), « l'Adam qui est la Fin — l'accomplissement — nous transmettra l'esprit qui donne la vie, nous restaurant à l'image et ressemblance de Dieu (Gn 1,26 *).

Mt 1,18) — D'emblée, Mt annonce la conception virginale, en des termes tout à fait concordants avec ceux de Lc 1,26-35 : Marie est < promise > à Joseph, mais sans que le mariage soit encore devenu effectif; et si elle a conçu, au sens le plus réaliste — en son ventre (Lc 1,31 *) — c'est « d'Esprit-Saint » (sans article comme en Lc 1,35 *).

Par conséquent, la foi en la conception virginale du Sauveur n'est pas le but visé par ces v. 18 à 25, mais au contraire le point de départ. L'assertion de l'Ange (v. 20), puis la citation d'Is 7,14 (v. 22-23) ne viennent pas prouver ce qui est déjà donné comme admis par la tradition que représente Mt, autant que par celle dont Luc est le témoin. Mais c'est justement parce que les premiers chrétiens ne contestaient pas la conception virginale de Jésus que se posait la question: s'il ne descend pas de Joseph, comment Jésus peut-il être le Messie davidique ?

Mt 1,19) — La réaction de Joseph à la découverte (« Il se trouva... », v. 18). Pour l'essentiel, c'est tout simple et tient en trois propositions successives :

1) « Joseph était un juste », au sens générique des « justes » de l’A.T., ou de Zacharie et d'Elisabeth (Lc 1,6) : sens à la fois religieux et populaire, suivant lequel Joseph était même appelé au début de notre siècle, par les Arabes de Nazareth : < le Juste >.

2) « Il ne voulait pas la dénoncer » : première réaction spontanée d'un homme juste et bon, répugnant à la délation et même simplement à jeter à la curiosité des gens ce qui n'est pas leur affaire.

3) « Il songeait à la renvoyer secrètement » : C'est une idée qui lui vient, un projet plus qu'une décision proprement dite. Et c'est alors que Dieu l'éclairé par son ange (v. 20 *).

Ainsi aurait pu s'exprimer, par exemple, l'Évangile selon Saint-Matthieu premièrement rédigé en araméen. Mais, suivant le principe général de la < Bible chrétienne >, nous comprenons les textes, non à partir de leurs sources, toujours plus ou moins hypothétiques, mais dans la version reçue par l'Église comme inspirée de Dieu. Pour le N.T. c'est le grec, avec son génie propre d'étroite connexion logique des propositions et des mots, correspondant au souci d'analyse et de précision de l'esprit hellénique. Si donc nous voulons pénétrer plus à fond le sens de cet Évangile, il nous faut tenir compte de la construction de la phrase (même si elle risque de durcir ce qui, dans la réalité, dut avoir la souplesse indiquée plus haut).

Or cette phrase présente d'abord deux considérants, d'où découle la solution envisagée. Donnons à chacun de ces membres sa valeur dialectique: Joseph est juste et il exclut de divulguer la nouvelle; d'où découle la solution adoptée: une rupture de leur mutuel engagement, mais secrète.

Joseph, son époux: dramatise l'événement, mais en même temps, prépare la solution (v. 24-25 *).

étant un juste: est mis en avant, comme explication de la suite du verset. Il est donc capital de le bien entendre : Joseph n'est pas un juste seulement par souci de la Loi. Car celle-ci n'exigeait, même en cas d'infidélité assurée, ni la dénonciation ni le renvoi de la fiancée. Si Joseph, rejetant la première solution, décide de se séparer de Marie, c'est en raison d'une autre justice que le simple respect de la Loi.

Être < juste > en effet, selon l'Écriture, c'est bien davantage: correspondre à ce que Dieu a mis en nous de possibilités pour réaliser la destinée à laquelle Il nous appelle (BC I *, p. 96 et 354). Joseph est juste d'abord en ce qu'il évalue au plus juste ce qu'il sait de la situation, sans déborder ni en deçà, sur les causes (qu'il ignore), ni au-delà, sur les conséquences qu'il ne peut prévoir. Il faut qu'il ait été bien juste pour ne pas accuser ou du moins soupçonner, comme il aurait été naturel, la délicate pureté de la Vierge Marie dont il était le témoin : justement parce qu'il est juste, Joseph s'est abstenu déjuger, et c'est ce qui explique qu'il reste dans l'expectative, sans vouloir ni condamner ni s'engager dans ce qu'il ne sait pas, libre de suivre la Voie qui se révélera la sienne, à mesure que Dieu l'en éclairera. La suite du verset vient confirmer cette interprétation.

et ne voulant pas le faire connaître : Le < et > met cette seconde proposition sur le même plan que la précédente. Certes, on peut comprendre: « étant juste et [par conséquent] ne voulant pas le faire connaître » ; mais cette lecture semble peu probable, puisque la conséquence joue expressément entre les considérants préalables et la proposition principale, et que Mt évite précisément d'écrire: « étant juste, il ne voulut pas la dénoncer ni la prendre avec lui ». Au contraire, cette première solution est dite écartée d'emblée, a priori, et comme indépendamment ou en plus de ce que demanderait la < justice >. Ce < et > ne signifie pas : « aussi, par conséquent », mais vient ajouter une cause supplémentaire à la décision principale qui en résulte : Joseph est juste et d'une bonté ou d'une discrétion qui se refuse à jeter dans le domaine public ce qui est encore secret.

le faire connaître : On traduit d'ordinaire : ne voulant pas la dénoncer ou même : la diffamer. Pourtant, il convient de tenir compte de la remarque d'Eusèbe: « L'Evangéliste a raison de dire : « Joseph ne voulut pas la déclarer ». Car il n'a pas dit « ne voulut pas la diffamer » (< paradeigmatisai >), mais « la déclarer » (< deigmatisai >). Il y a une grande différence entre les deux termes. De même qu'écrire n'est pas proscrire, que compter n'est pas imputer, ainsi déclarer n'est pas diffamer. Diffamer (< paradeigmatisai >), c'est jeter la dénonciation et l'accusation sur un homme qui a mal agi publiquement ; déclarer (< deigmatisai >) c'est simplement faire connaître » (Quoestiones evangelicoe I; ro 22,884).

Ce que refuse Joseph, ce serait de rompre le secret; et cela va se confirmer par la résolution conséquente, de renvoyer Marie secrètement.


Toutefois, une telle décision n'est < juste > que si Joseph, loin de condamner Marie, garde plutôt une présomption en sa faveur. D'où le commentaire de saint Jérôme en lequel, avec sa profondeur religieuse habituelle, le P. Lagrange a reconnu « la note juste » :

Jérôme : Sur Mt I, 1 (PL 26,24) : Comment Joseph est-il déclaré < juste >, si l'on suppose qu'il cache la faute de son épouse ? Loin de là : c'est un témoignage en faveur de Marie: Joseph, connaissant sa chasteté, et bouleversé par ce qui arrive, cache, par son silence, l'événement dont il ignore le mystère.

Certains exégètes, aujourd'hui, prétendent exclure une telle explication, tenue pour trop < psychologique >. C'est vrai que l'Évangile ne vise pas premièrement la psychologie, mais le Mystère du Salut, ce qui est < théologique > ou < mystique >. Mais ce n'est pas dire pour autant que les réactions humaines en soient exclues; et surtout, en fait, ce que Jérôme relève ici est bien plutôt l'attitude spirituelle et quasi mystique de Joseph: dans le fait (inexpliqué), il a su reconnaître et respecter le Mystère.

Faut-il supposer qu'il a été mis au courant, soit directement par Dieu (comme le suppose Eusèbe), soit par Marie (comme l'imaginent certains modernes, interprétant ce que le v. 18 dit de la conception « d'Esprit Saint » non pas comme l'énoncé de la foi chrétienne, mais comme faisant état de ce qu'avait appris Joseph lui-même) ? Ce n'est pas impossible ; mais le texte semble plutôt dire que ce sera l'ange qui le lui apprendra, donc seulement au v. 20 *. Qu'il sache ou ne sache pas, Joseph se trouve devant le mystère, seulement plus ou moins défini. Et il le respecte parfaitement: d'abord en ne cherchant pas à le réduire à une explication trop simple et naturelle ; ensuite en ne condamnant pas Marie et en se refusant à l'accuser publiquement. Au contraire, il entend garder au Mystère son caractère secret ; et dans son silence — comme disait si bien saint Jérôme ! toute la scène est pleine du plus religieux silence — il y a sans doute, plus encore que de la prudence, l'adoration (qui est silence) devant ce qui dépasse notre entendement.

forma le dessein: Moins qu'une volonté arrêtée, le verbe grec signifie plutôt: tenir conseil, délibérer, projeter, méditer en soi-même. Le début du v. 20 confirmera qu'il n'avait pas dépassé ce stade avant que Dieu intervienne pour F éclairer définitivement sur la conduite à tenir.

de la renvoyer secrètement : La conclusion apparaît dans la logique de ses considérants: dans ce Mystère, en tous cas, une chose est sûre, l'enfant n'est pas de lui. Donc en toute justice et vérité, il ne se tient pas pour habilité à garder Marie pour « épouse », et l'enfant pour son fils.

La faute d'Adam, lorsqu'il saisit le fruit tendu par Eve, fut de vouloir < prendre > par lui-même au-delà de ce que Dieu lui avait si libéralement donné. Suivant ses vues limitées et faillibles, il se décida contre l'avertissement bienveillant de la Sagesse infaillible qui l'avait créé. À l'inverse, Joseph, en présence de l'Enfant qui est par excellence < le Fruit > de toute la création et de toute l'histoire des hommes (Ps 67,7 et 85,13) — cf. Pc II, p. 311-313), s'en tenante ce qu'il sait, « Craint de prendre avec lui Marie » (v. 20), et reste sur la réserve, non moins humble que disponible. Peut-être même témoigne-t-il de la réaction instinctive de l'homme religieux devant le mystère, obscurément pressenti:

Bernard de Clairvaux: Hom. 2 sur le Missus est (PL 183,68): Pourquoi Joseph voulut-il renvoyer Marie? Prends cette interprétation, qui n'est pas la mienne mais celle des Pères : Joseph voulut la renvoyer pour la même raison qui faisait dire à Pierre : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un pécheur » (Lc 5,8) et au Centurion : « Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon \ toit » (Mt 8,8). Pierre trembla devant la puissance divine, et le Centurion trem- j bla en présence de la Majesté. Joseph fut saisi de crainte — comme il était humainement normal — devant la profondeur du mystère ; c'est pourquoi il voulut renvoyer Marie secrètement.

Tu es surpris de ce que Joseph se juge indigne d'avoir pour compagne la Vierge portant [le Fils de Dieu] ? Mais écoute sainte Elisabeth : elle ne peut accueillir cette présence qu'avec le frisson d'une crainte religieuse. Elle dit en effet: « Comment ai-je ce bonheur, que la Mère de mon Seigneur vienne à moi! »

secrètement: On épilogue sur les suites inévitables d'un tel renvoi, car tout se sait dans un village. Mais se tenir < juste > à son rôle n'implique-t-il pas de laisser aussi à Dieu son rôle? L'Évangile précisément ne fait aucune place à ces hypothèses; par contre, il montre aussitôt qu'effectivement, Dieu tient son rôle.


Mt 1,20) — Pendant qu'il réfléchissait à ces choses : Donc avant qu'il ait eu I à trancher et encore moins qu'il en ait avisé la Vierge Marie...

Voici: le mot de l'intervention divine (§ 4 ) — Lc 1,31 *).

Un ange du Seigneur: sans article, et non au sens où < l'Ange du Seigneur > signifie Dieu lui-même se révélant, comme au // Gn 16,1-11 Gn 16,

en songe: Comme en Mt 2,13.19) — Cf. aussi les songes de Jacob et du 1° Joseph (Gn 28,10-22 et 37,5-11) — Cf. BC I *, p. 141 ; 166; 173).

Joseph, fils de David: Titre qui déjà nous rappelle ce qui est en question: comment Jésus sera-t-il bien le fils promis à David s'il n'y a aucun lien entre lui et le I dernier descendant de la généalogie, qui est Joseph?

Certes, le Christ est fils de Marie. Mais l'Évangile précisément ne dit pas que Marie soit de la famille davidique, ni même de la tribu de Juda (Cf. § 4 ) — Lc 1,27 *). Reste donc seulement que Jésus se rattache à Joseph, comme l'ange va l'indiquer à celui-ci.

Ne crains pas de prendre avec toi : Répond point pour point au v. 19, et confirme son interprétation : « Prends avec toi » s'oppose à « la renvoyer » ; et « Ne crains pas » tend à faire supposer que si Joseph avait résolu de se séparer de Marie, I c'était bien par la crainte sacrée devant le mystère dont parlait saint Bernard.

Rupert de Deutz : Sur Mt 1 (PL 168,1319): « Virum Mariée ». En disant « époux de Marie », l'Évangéliste attribue à Joseph son grand et véritable nom: \ car s'il est époux de Marie, il est père du Seigneur... et non seulement l'Évan-géliste a appelé Joseph « l'époux de Marie », mais, ce qui a la même valeur, l'ange le premier a appelé Marie « l'épouse de Joseph »: «Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre avec toi Marie ton épouse ». Ô mariage vrai et saint! Car comment étaient-ils époux? Parce qu'ils avaient un seul esprit, une seule foi. L'Esprit qui reposait en eux leur inspirait un saint amour conjugal; il avait confié l'épouse à la foi de cet homme [saint Joseph], et quand il formait de la chair de la Vierge l'humanité du Christ, il infusait au père nourricier un amour total pour l'enfant qui naîtrait.

ce qui est conçu en elle : Toujours le passif, de qui n'a pas encore reçu son nom.

vient de l'Esprit Saint : Expression qui ne se trouve pas ailleurs, dans tout l’A.T., mais que Jésus emploiera pour affirmer que ses disciples auront eux aussi à « naître de l'eau et de l'esprit » (Jn 3,5 Jn 3,6 Jn 3,8): en cela nous sommes < à son image >. Sur le rôle re-créateur de l'Esprit, cf. Jdt 16,14; Ps 104,30; Ez 37,5-10.


Mt 1,21 // Gn 16,1-11 — Séquence habituelle des annonces « Ne crains pas car (annonce de la grâce comme venant de Dieu)... concevra... enfantera... sera nommé ». On la retrouve aussi bien pour Jean-Baptiste (§ 3 — Lc 1,13 *) qu'à l'Annonciation (§ 4 — Lc 1,31). Seulement, ici comme en Saint-Luc, cette conception est « de l'Esprit-Saint », et le nom de Jésus est nom divin, comme il est aussitôt expliqué, à Joseph et à nous:

car c'est Lui qui sauvera son peuple de leurs péchés: Le nom désigne l'Être, et la mission. La mission du Christ, c'est notre Salut. Son incarnation est pour la Rédemption. Mais Il est le Rédempteur, c'est-à-dire à la fois « Celui qui nous sauve » et notre Salut, notre rançon; parce qu'il est Dieu, incarné. Sauver en effet, et qui plus est: sauver du péché est oeuvre divine.

// Gn 41,45 Si 46,l;Ps Si 130,7 Ac 4,12 — Le titre de Sauveur est pourtant parfois reconnu à de simples hommes. Mais il s'agit du patriarche Joseph, l'une des plus ressemblantes préfigurations du Christ, par sa < passion > suivie d'une sorte de < résurrection >, et ce pour sauver de la famine, en distribuant le blé non seulement aux Égyptiens mais à Jacob et à sa famille (BC I *, p. 165 ss.). Quant à Josué, il porte le même nom que Jésus et, comme Lui, fait entrer le peuple de Dieu en Terre Promise. Ces figures annoncent donc Jésus « Sauveur du monde » (Jn 4,42), « vaillant au combat » (Ps 118,10-16), miséricodieux et rédempteur (Ps 130,7), au point de s'être donné lui-même comme notre rédemption, notre salut (Ps 118,14 et // Ac 4,12), et notre pain de vie (Jn 6).

Tu lui donneras le nom: Voilà déterminé le rôle de Joseph. Il convient de l'entendre au sens le plus fort:

1) Selon la coutume juive, donner à l'enfant son nom, c'est le reconnaître pour son fils. Adoptif ou non, il n'empêche que du fait de cette reconnaissance, Jésus entre de plein droit dans la lignée de Joseph, donc de David. Et de son côté Joseph va « prendre en charge l'enfant et sa mère » (Mt 2,13-23). Obéissant à l'ordre que Dieu lui a fait (enfin) connaître, « il prend avec lui son épouse » (1,24), comme après la mort du Christ, Jean « prit Marie avec lui » (Jn 19,27).

2) Le sens du message de l'ange porte encore plus directement sur cette adoption si l'on accepte la traduction proposée par le Père Léon-Dufour, se basant sur le jeu des particules grecques : « Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse: certes (< gar >) ce qui a été engendré en elle est l'oeuvre de l'Esprit Saint; mais (< dé >) elle enfantera un fils auquel tu donneras le nom de Jésus... » (Etudes d'Év. p. 73-75) — traduction corroborée par d'autres exemples tirés du N.T.qu'indiqué A. Pelletier, dans Rech. S.R. 1966, p. 67-68) Suivant cette lecture, la phrase prend un tour dialectique: l'ange commence par prévenir l'objection de Joseph : certes l'enfant n'est pas de lui, il est « de l'Esprit Saint ». Mais que Joseph ne craigne pas pour cela de prendre Marie pour épouse et d'adopter l'enfant, car toute cette affaire est de Dieu (ce que confirment les termes du v. 21, qui sont précisément ceux des naissances miraculeuses et providentielles — cf. le // Gn 16 *). Et c'est Dieu aussi qui charge Joseph d'être le <père > de Jésus.

Cette lecture confirme donc aussi l'interprétation du v. 19: la < justice > de Joseph avait été de rester sur la réserve, sans intervenir prématurément et de sa propre initiative dans le Mystère. À présent que Dieu répond à son objection en même temps qu'il lui révèle de qui est l'Enfant et ce qu'il sera, pour lui enjoindre de l'adopter, Joseph se montrera < juste > en faisant tout juste ce que l'ange lui a commandé (v. 24 * — et de même en 2,14 * et 21). Par là il entre en première ligne dans le Dessein de Dieu :

X. Léon-Dufour: Études d'Év., p. 79 et 81 : La tradition tardive n'a pas erré quand elle a reconnu un grand saint en Joseph, époux de Marie, père nourricier de Jésus... Joseph le juste peut être comparé à Jean le Précurseur. Jean annonce et désigne le Messie ; Joseph accueille le Sauveur d'Israël. Jean est la voix qui se fait V écho de la tradition prophétique ; Joseph est le fils de David qui adopte le Fils de Dieu. Par sa proclamation officielle, Jean est Elle, le grand prophète ; par l'humble accueil qu'il fait de l'Emmanuel dans sa lignée, Joseph est le juste par excellence. Comme tous les justes, il attend le Messie, mais M seul reçoit l'ordre de jeter un pont entre les deux Testaments ; bien plus que Syméon recevant Jésus dans ses bras, il accueille le Sauveur dans sa propre lignée. Joseph réagit comme les justes de la Bible devant Dieu qui intervient dans leur histoire : comme Moïse ôtant ses sandales, comme Isaïe terrifié par l'apparition du Dieu trois fois saint, comme Elisabeth demandant pourquoi la mère de son Seigneur vient à elle, comme le centurion de l'Évangile, comme Pierre enfin, disant: « Éloignez-vous de moi, Seigneur, car je suis un pécheur ».

Mt 1,22-25) — Double confirmation, l'une scripturaire, l'autre historique: d'une part l'initiative de Dieu révélée par l'ange — conception virginale, rôle de Joseph — était bien celle qu'annonçait l’A.T. ; d'autre part elle entre dans les faits par l'adhésion de Joseph comme de Marie (§ 4 — Lc 1,37-38 *) à la Parole de Dieu. Pour bien marquer cette concordance, les paroles de l'ange au v. 21 se retrouvent soit en Isaïe (v. 23) soit dans la conclusion (v. 25): elle enfanta un fils, et il lui donna le nom...

Mt 1,22-23) — Tout cela arriva pour que... Cette formule revient en Mt2,15. 17.23;4,14;8,17; 12,17; 13,35; 21,4; 26,54; 27,9: c'est donc systématique. Comme le < Il faut > ou < Il fallait > du Christ à propos de sa Passion (§ 78 *), c'est une référence à l'inéluctable Dessein divin de Salut. Sur cette question, cf. Ch. Dodd: Conformément aux Écritures (Seuil 1968). Dieu tient Parole, et Il entend qu'on le sache en constatant la correspondance. L'Évangile est l'interprétation des événements à la lumière de l’A.T. qui, annonçant le Dessein déterminé de Dieu, donne donc le sens des faits, en même temps que ces faits < accomplissent > le Dessein (Dodd, p. 126). C'est la méthode même de notre < Bible chrétienne >. C'est notre Credo :...«!! ressuscita le troisième jour, conformément aux Écritures... »

Mt 1,23) — Mt cite Is 7,14, prophétie célèbre s'il en est.


La vierge : Quel que soit le sens de l'original hébreu (< Almah >), qui est à déterminer en son lieu, c'est-à-dire au sujet d'Isaïe, Matthieu, lui, utilise le mot grec, plus précis, qui est déjà celui de la Septante. Cela prouve qu'au moins dès le II° siècle avant le Christ, la Tradition juive elle-même interprétait cette prophétie comme celle de la conception virginale du Messie. Son application à Marie n'est donc pas une majoration abusive des chrétiens, pour faire cadrer l’A.T. avec ce dogme de leur foi, mais la réponse à l'attente messianique d'Israël même (Sur les rapports entre le sens littéral de l’A.T. et le sens accompli que permet d'y lire le N.T., cf. l'Introduction à ce volume — L'accomplissement des prophéties, p. xvn).

et on lui donnera le nom: Sujet indéterminé, comme dans le texte d'Isaïe retrouvé à Qumrân. L'ange avait bien dit à Joseph : « Tu lui donneras... », mais il s'agissait du nom de Jésus, et de son adoption par Joseph. Ici la prophétie est en rapport avec l'annonce de la conception virginale, et l'incarnation qui fait de Jésus l'Emmanuel, Dieu-Homme, Dieu avec nous (signification étymologique du mot).

Emmanuel: Le nom lui-même ne se trouve qu'en ces ch. 7 et 8 d'Isaïe. Mais ce qu'il signifie est l'Alliance même (BC I *, p. 134; 209), cette Alliance de nouveau proposée à la Vierge Marie (§ 4 ) — Lc 1,38 *).

// Is 8,7-10 — Plutôt qu'Is 7,14, qui se trouve déjà cité en Mt 1,23, ces autres versets où se retrouvent le nom et l'espérance qu'apporté Emmanuel, préludent au chant du ch. 9. Non seulement la venue du Messie se révèle — comme dans le Prologue de Saint-Jean et comme au ch. 2 de Matthieu lui-même — dans une situation de crise, de perdition et de ténèbres, mais le prophète donne la < traduction > indiquée par Mt en 1,23. Comment la parole de l'homme — fût-ce d'« Assur en toute sa gloire » — tiendrait-elle devant la Parole de Dieu, Verbe incarné, « Dieu avec nous » ?

Mt 1,24-25) — Réveillé... Joseph fit... et il prit... : En grec, < réveillé > signifie aussi < ressuscité >. Après la passion de l'incertitude, c'est une résurrection que de savoir ce que Dieu demande, et d'entrer dans ce Dessein.

L'exactitude de l'obéissance est soulignée à la fois par la formule : « il fit ce que l'ange lui avait dit », et par l'identité entre l’ordre : « prend avec toi ton épouse », et son exécution (v. 24) :

Benoit : Règle des Moines, ch. 5 : Obéissance agréable à Dieu et douce aux hommes si l'ordre est exécuté sans impatience, sans retard, sans tiédeur ni murmure, ni parole de résistance, mais de bon coeur.

son épouse, et il ne la connaissait pas : ceci n'empêche pas la réalité de l'union conjugale, d'autant plus profonde que c'est Dieu qui y préside, et qu'elle est non seulement quotidienne mais mystique.

Une la connaissait pas jusqu'à... : Pas plus que le < primogenitus > de Lc 2,7 *, Mt n'indique par là un terme après lequel la relation entre Marie et Joseph aurait changé. Ainsi, nous est-il annoncé que Mikal, fille insolente de Saiïl, « n'eut pas d'enfant jusqu'au jour de sa mort» — ce qui fut évidemment définitif ! (2S 6,23) : « Selon l'usage sémitique, cette formule marque le terme et la limite d'intérêt » (R. Laurentin: Év. de l'Enfance, p. 322) — Sur < les frères du Seigneur >, cf. § 144 *).

p. 105


Bible chrétienne Evang. - § 12. Généalogie de Jésus: Mt 1,1-17