Bible chrétienne Evang. - § 289. Avertissement à Jérusalem : Mt 23,37-39; (Lc 13,34-35)

§ 289. Avertissement à Jérusalem : Mt 23,37-39; (Lc 13,34-35)


(Mt 23,37-39 Lc 13,34-35)

— Sur la différence de contexte en Saint-Luc, cf. § 222 *. Ici, après la dureté de tout le ch. 23 de Mt, l'apostrophe est un cri d'amour (v. 37 b), comme d'un ultime appel (v. 39) : « Je trouve trois lamentations dans notre Sauveur, dont celles de Jérémie n égaleront jamais la tendresse. A son entrée à Jérusalem : « Ah ! si tu savais au moins en ce jour qui t'est encore donné, ce qui peut t'apporter la paix » (Lc 19,42). Ici : « Jérusalem, Jérusalem ! » etc. Allant au Calvaire : « Fil les de Jérusalem, pleurez sur vous-mêmes... » Ô malheureuse Jérusalem ! Ô âmes appelées et rebelles ! que vous avez été amèrement pleurées ! Revenez donc aux cris empressés de cette mère charitable : ses ailes vous sont encore ouvertes » (bossuet: Méditations, 63° jour, p. 245).

Il y a changement d'interlocuteur (« Jérusalem ») et de ton, mais en continuité avec ce qui précède : « toi qui tues les prophètes ».

et lapides ceux qui te sont envoyés : Voir au § 222 les // Complémentaires (Ex 17,3 Jn 8,58-59 Ac 7,52-58 — Moïse, comme ici David (// 1S 30,1 1S 30,6) eut à craindre une lapidation ; Jésus lui-même en a été menacé (Jn 8,59, et ici // 10,31). C'était le supplice de mort prévu par la Loi mosaïque : cf. Ex 19,13 ; 21,28 ; Lv 20,2.27; 24,14-16.23; Nb 15,35-36; Dt 13,10-12. On voit d'après le discours d'Etienne (Ac 7, en // au § 222 qu'immédiatement, la prédication chrétienne a mis en rapport le Christ et les prophètes : ceux-ci l'annonçaient non seulement par leurs oracles, mais en étant persécutés pour la Vérité, comme Jésus le sera. Liste de ces meurtres dans Lagrange: Sur Luc, p. 395.

Que de fois: Si l'on s'en tenait aux Synoptiques, Jésus ne serait monté à Jérusalem que cette fois-ci, et depuis quelques jours seulement. Ce « que de fois » s'accorde donc beaucoup mieux avec ce que Saint-Jean nous a dit d'autres séjours antécédents (cf. Introd. aux § 256 -267) : toujours la < Concordantia discordantium >*.

Rassembler: Le malheur d'Israël avait été la dispersion et l'exil de Babylone. L'oeuvre messianique devait en être de rassemblement, comme un pasteur le fait de son troupeau : Is 11,12; 40,11 ; 56,8; Jr 31,10; 32,37; Ez 11,17; 20,34; 36,24 etc... Jésus a repris cette image pour annoncer la réunion des Juifs et des païens § 263 — Jn 10,16*, et // Mi 2,12-13 Jr 23,1-3 Ez 34,11-13), qu'exaltera Ep 2 (en // au § 10 . Comme la poule sous ses ailes : L'image de l'aigle, en Dt 32,10-12 (en // au § 222 ; cf. ici Ps 17,8 Ps 91,1-2) est plus impériale, mais moins maternelle que celle de la < mère-poule >, choisie par le Christ : cf. le beau texte d'Augustin, au § 81 — Jn 4,6*. Désolation du : « et vous n'avez pas voulu ! »

Mt 23,38 Lc 13,34-35a // Ez 4,16-17 Is 64,9 — Voici.

Votre demeure vous est abandonnée : Certains manuscrits ajoutent : «... vous sera laissée déserte ». Mais Nestlé, que nous suivons, ne retient pas ce dernier mot, qu'a pu faire rajouter le souvenir des prophéties sur la ruine de Jérusalem, telles que Jr 22,5-6 et 12,7 (en // au § 222 . En tous cas, l'accent porte sur le « vous » : la menace n'est pas d'un nouvel Exil, qui laisserait désertes les maisons abandonnées par leurs habitants. C'est Dieu qui s'en retire, comme il avait menacé de le faire après le Veau d'Or (Ex 33,3-5), comme Ézéchiel avait vu la Gloire divine quitter le Temple (10,18-22 et 11,22-23), laissant à eux-mêmes ceux qui n'ont pas voulu < suivre le Christ >* : « votre demeure vous est abandonnée », par Dieu. C'est bien plus terrible !... Dieu ne châtie pas : il nous laisse à notre liberté. Mais seulement, il est vrai, après avoir tout tenté (« que de fois... ») ; car même là où une mère-poule « oublierait son petit enfant, Moi, je ne t'oublierai pas » (Is 49,14-15, en // au § 232 .

Mt 23,39; (Lc 13,35b) // Ps 118,23-26 — La foule des Rameaux avait déjà salué Jésus de ce titre messianique § 273 — Mt 21,9*). Mais comme le laissait entrevoir le psaume prophétique 118, cette acclamation saluait Celui qui, par sa Passion et sa Résurrection rédemptrice, se révélerait l'Envoyé de l'Amour Sauveur du Père. Qui le reconnaît pour tel n'est plus « abandonné à lui-même » (v. 38*), mais « demeure en moi comme moi en lui... mon Père l'aimera, et nous ferons en lui notre demeure » (Jn 15,4 et 14,23).

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§ 290. L’obole de la veuve : Mc 12,41-44; Lc 21,1-4 // 2R 12,10-13 1R 17,12-15 2Co 8,13-14 2Co 9,8-9


(Mc 12,41-44 Lc 21,1-4)// 2R 12,10-13 1R 17,12-15 2Co 8,13-14 2Co 9,8-9)

— La leçon est trop claire pour nécessiter un commentaire. Il faut plutôt en tirer personnellement la conclusion pratique, sagement (// 2Co 8,13), mais généreusement...


§ 291-307. Le discours eschatologique : Mt 24-25; Mc 13; Lc 21,5-38


(Mt 24-25 Mc 13 Lc 21,5-38)

Lc 17,20-18,8 a déjà en partie traité de ces questions. Voir aux § 242 -244 le commentaire de ce qui lui est propre. Mais les trois Synoptiques se rejoignent pour conclure la prédication du Christ en l'ouvrant sur l'avenir, comme le fera Saint-Jean de son côté § 309 -311), juste avant que l'on entre, par la Cène, dans le Sacrifice du Christ, où s'accomplira enfin pleinement le Dessein éternel d'amour du Père § 24Mt 3,17 b*). Marc témoigne de l'importance qu'il attache à ce « discours », du fait que c'est le seul qu'il ait gardé dans son Évangile. Matthieu, à son habitude, regroupe à la suite de ce même discours, une série de paragraphes qui en prolongent l'enseignement majeur: 94 versets contre 33 à Marc.

L'exégèse de ces Paroles étant difficile, elle a suscité des thèses excessives, désormais réfutées. Non! Jésus ne s'est pas grossièrement trompé, en prédisant une fin du monde toute proche ! C'est même le souci premier du Christ en ce discours, que de dénoncer une telle illusion § 292Mt 24,4*). Le bref rappel des principales interprétations se trouve au début des études d'A. Feuillet à propos de ce Discours sur la Ruine du Temple, selon Marc et Luc, puis de La synthèse eschatologique de Matthieu (respectivement cités par simple référence à RB 1948-49-50). Soutenir que les 3 Synoptiques visent seulement la prise de Jérusalem par Titus, en 70 après J.C., à l'exclusion de toute perspective sur la Fin des temps, serait sans doute un excès inverse. Du moins, la plupart des remarques pour préciser la portée des mots sont fort utiles pour mieux cerner leurs limites, réduisant d'autant le flou dont naît « le mirage de l'eschatologisme ». On retrouve ainsi les conclusions de J. Carmignac, même s'il se réfère très peu à ce Discours, l'objet de son livre étant de montrer plutôt que tout, dans l'Évangile — et notamment ce qui concerne « la Royauté, le Règne et le Royaume de Dieu » — ne se rapporte pas à la Fin des temps, comme si l'enseignement du Christ avait été uniquement polarisé sur le thème de sa proximité.

Nous suivrons surtout, dans ces paragraphes, le récent ouvrage de Dom J. Dupont sur Les trois apocalypses synoptiques, heureux de le voir concentrer l'acuité habituelle de son esprit à leur simple analyse littéraire, d'une précision encore inégalée, sans se perdre en de vaines hypothèses sur les sources et la préhistoire de ces textes.

Mais avant d'entrer dans leurs imbrications, extrêmement serrées (textum = trame, tissu), indiquons la liberté que la perspective ainsi ouverte par les Évangiles, apporte à notre compréhension de l'histoire et de la destinée humaines :

J. Ratzinger : La mort et l'au-delà, p. 232) — Croire au retour du Christ c'est d'abord nier que le monde puisse trouver sa plénitude au sein de l'histoire ; et c'est précisément cette attitude de refus qui préserve l'homme de la déshumanisation. Evidemment, si l'on s'en tenait à cette seule attitude de refus (même considérée comme rationnelle), la résignation aurait le dernier mot. Mais la foi au retour du Christ est en outre la certitude que le monde s'accomplira, non pas en vertu d'une raison planifiante, mais du fait de l'invincibilité de l'amour qui a vaincu dans le Christ ressuscité. Croire au retour du Christ, c’est croire que finalement c'est la vérité qui jugera, et que l'amour triomphera, mais seulement en dépassant l'histoire d'ici-bas qui, finalement, appelle elle-même ce dépassement. L'histoire ne peut trouver qu'en dehors d'elle-même sa plénitude. Quand on admet cela, quand l'histoire est vécue pour être dépassée, alors elle s'ouvre chaque fois à sa plénitude. Alors la raison garde sa place et reçoit l'obligation d'oeuvrer selon ses propres règles; alors aussi l'espérance garde sa place sans être dénaturée en laboratoire. Le salut du monde, c'est que le monde en tant que tel soit dépassé. Le Christ ressuscité est la certitude vivante que ce dépassement, sans lequel le monde reste absurde, ne se heurte pas au néant, que par conséquent l'histoire peut être vécue positivement, et que notre action rationnelle, pour limitée et précaire qu'elle soit, a un sens. Par suite, l'antichrist est la fermeture absolue de l'histoire sur sa propre logique, comme antithèse à Celui dont, selon Ap 1,17, tout oeil verra enfin le flanc ouvert.


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§ 291. L’introduction au discours : Mt 24,1-3; Mc 13,1-4; Lc 21,5-7


(Mt 24,1-3 Mc 13,1-4 Lc 21,5-7)

- Les circonstances et les interlocuteurs ne concordent pas exactement. En Mc et Mt, la remarque initiale du Christ vient en réponse à l'un (Mc) ou à plusieurs (Mt) des disciples, au sortir du Temple. Puis une fois arrivés au Mont des Oliviers, donc face à la vue générale sur Jérusalem et l'esplanade du Temple, Mc précise que la question est posée par Pierre, Jean, Jacques et André, donc les 4 Apôtres qui viennent en premier (cf. Introd. aux § 46 -49, in fine). En tous cas, c'est « à part », privatim qu'ont lieu la demande et le discours qui s'ensuit. Par contre, en Lc, toute la section entre 19,45 (= les Rameaux) et 21,38 (= la conclusion qui suit le Discours eschatologique), se déroule au Temple, en présence de la foule (nommée en 20,1.9.19.26.45, ou équivalemment en 21,1.5). Les intervenants du v. 5 sont laissés dans l'anonymat sans doute voulu des « certains », aussi impersonnels que notre < on > ; ils relèvent non plus la puissance impressionnante des murs de soutènement hérodiens (encore visibles aujourd'hui, de l'extérieur), mais l'ornementation intérieure du Temple. À ces gens qui l'appellent < Maître > (< didascalè >) — titre marquant qu'il ne s'agit pas de disciples proprement dits (J. Dupont, p. 102) — le Christ répond cette fois publiquement, par ce discours.

Mt 24,1-2 Mc 13,2 Lc 21,6 // Jr 7,12-15 Ps 78,60-61 Lm 1,6 Lm 1,8 Lm 2,15 Lm 4,1 Lm 1,10 — La remarque initiale de Jésus est donc une prophétie, simple et sans ambiguïté, de la ruine du Temple, comparable à celles de Silo ou du premier Temple (de Salomon), données par les // de Jérémie, du Ps 78 et des Lamentations comme une leçon à méditer, pour les générations à venir.

Mais déjà perce l'intention, qui va rester dominante jusqu'au bout : il ne faut se laisser impressionner ni par la stabilité apparente du Temple, ni par les bouleversements du monde. Notre assurance est inébranlable parce qu'elle vient d'ailleurs, comme la suite le précisera aussi...

Mt 24,3 Mc 13,4 Lc 21,7 — Dans les trois Synoptiques, la question est toujours dédoublée : « Quand cela arrivera-t-il, et quel en sera le signe? » Mais elle est plus ou moins strictement déterminée par la remarque précédente du Christ. En Lc, elle porte tout entière sur « ces choses » (ou « ce ») dont Il vient de dire qu'elles seront ruinées : donc, sur la date de cette ruine, et ses signes précurseurs. En Mc, de même pour la date; mais les signes visent une perspective élargie: l'indiquent l'adjonction du « toutes choses », comme le verbe « finir », qui dit beaucoup plus que simplement « arriver ». Il faut en effet l'entendre au sens plénier de « s'achever », < trouver sa consommation >, ou son accomplissement* § 355Jn 19,30*) ; et même déjà — par le préfixe < sun > de ce même verbe grec < Suntéleisthaï > — au sens de la synthétisation, de la convergence finale qu'Ep 1,10 appelle une « récapitulation » : « quel sera le signe que toutes choses seront sur le point de converger pour aboutir à leur fin ».

Mt répartit plus clairement la double demande: la date reste celle du « cela » (= ruine du Temple); mais le signe demandé est celui de l'avènement du Christ (en grec < Parousia >), et de la Fin (= de la consommation, comme en Mc) du monde. Seulement, A. Feuillet fait remarquer que ces mots n'ont pas nécessairement pour les questionneurs la portée qu'ils ont prise depuis lors. Parousie, qui reviendra aux v. 27.37 et 39, est bien devenu un terme technique pour désigner le Retour glorieux du Christ à la Fin des temps, et cela dès les textes où le N.T. dit son espérance eschatologique : 1Co 15,23.8; Jc 5,7-8 2P 3,4 1Jn 2,28. Mais il y a d'autres cas où < Parousia > signifie simplement : présence, arrivée, venue, fût-ce d'un simple disciple comme Stéphanas ou Tite : « En soi la Parousie chrétienne peut donc être toute manifestation du Christ, et en particulier du Christ victorieux, au cours de l'histoire du monde », et non pas seulement à sa Fin (RB 1949, p. 346). Dans le contexte de Mt 24, il peut pourtant paraître plus indiqué de donner à ce mot le sens eschatologique, tout de même plus caractéristique, et dominant semble-t-il, dans le N.T.

De même, il est vrai que cette « Fin du monde » pourrait n'être que « la consommation des siècles » (autre traduction de cette même expression, en grec) qui, d'après He 10,26, se trouve déjà réalisée « une fois pour toutes » par la Passion rédemptrice du Christ, « qui accomplit tout » (He 2,10 He 7,28 He 10,14). Autrement dit : la question pourrait ne porter que sur l'avènement du Christ et de son Royaume au cours des siècles (RB 1949, p. 344). Mais cela ne prouve pas que la perspective eschatologique doive être exclue de la question, comme l'admet d'ailleurs A. Feuillet: « Les apôtres, entendant parler de la destruction du sanctuaire, ont sans doute songé plus ou moins confusément à la disparition de l'univers qu'ils avaient sous les yeux* (puisque le sort du monde était tenu par les Juifs contemporains pour lié à celui du Temple). Jésus ne récuse pas cette manière de voir, que l'événement devait d'une certaine manière confirmer; mais il va faire comprendre que, si la ruine du Temple équivaudra, en effet, à la liquidation définitive de l'ancienne économie de salut, ce sera là pour l'humanité en général, non la fin mais le signal d'une ère nouvelle » (Ibid. p. 345).

Car, bien entendu, la remarque du Christ ne vient pas d'une vaine gloire de jouer au devin des événements à venir: dans la destruction matérielle du Temple, ce qu'il voit c'est la Fin de l'Ancienne Alliance et de son Sanctuaire interdit, que sa mort va ouvrir § 355Mt 27,51*). De l'Alliance renouvelée par son sacrifice, le vrai Temple, c'est Lui § 77Jn 2,21*), si bien qu'unis à Lui, ses membres deviennent jusque dans leurs corps le Temple de l'Esprit (1Co 6,19), et forment entre eux, sous son Chef, < l'Église > :

Hilaire : Sur Mt ch. 25 (PL 9,1053 ; SC 258, p. 180) : [Aux disciples qui lui montrent les constructions du Temple] le Christ dit que tout sera détruit, et les pierres dispersées. C'est alors, en effet, que s'opérait la consécration du Temple éternel comme habitation de l'Esprit Saint : par la connaissance du Fils, la confession du Père, et l'obéissance aux préceptes, l'homme deviendrait digne d'être l'habitation de Dieu.

structure du discours : Le Christ va répondre point par point : (Suite du commentaire d'HILAIRE, Ibid) : Comme les Apôtres posent trois questions en une seule [1) Quand cela se fera-t-il — 2) Quel sera le signe de ton Avènement — 3) et de la consommation du siècle?], il y a lieu de distinguer :

1°) Le Seigneur répond d'abord au sujet de la ruine de Jérusalem, et confirme les Apôtres dans la vérité de son enseignement, afin qu'un imposteur ne trouve pas devant lui des ignorants (Hilaire résume ici les § 292 -93)... À la faveur même de la dispersion des Apôtres (entraînée par les persécutions), l'Évangile sera prêché ; et quand la connaissance du mystère céleste aura pénétré partout, Jérusalem tombera (= Mt 24,14).

2°) Ensuite viennent les indices du second avènement du Christ. Ici nous renvoyons à , et à 2Th 2,4. Il s'agit du temps de l'Antichrist § 294 -298).

3°) Dieu ne nous fait pas connaître la fin du monde. Il nous laisse largement le temps de la pénitence, mais veut nous garder toujours attentifs. Comme au temps du Déluge, ce grand Jour viendra pendant que nous serons occupés à agir et à souffrir. Les comparaisons de la meule et du champ (Mt 24,40-41) évoquent la séparation que Dieu fera entre les bons et les mauvais § 299 -307).

On peut hésiter sur l'endroit exact où le Christ passe d'un plan à l'autre, c'est-à-dire de la fin de Jérusalem à la Fin du monde. Et par suite, les exégètes en discutent encore. Cette imprécision provient sans doute de ce que non seulement le discours, mais l'histoire est un continuum, où nos distinctions d'époques bien tranchées sont en réalité forcées. Mais, de même que la continuité de l'évolution laisse hésiter sur le point exact où apparaît la vie (le virus est-il déjà un vivant?), sans pour autant effacer la différence de nature et d'être entre une pierre, un végétal et un animal, de même s'il y a profilation entre la destruction du Temple et la consommation des siècles — et donc empiétement de l'une sur l'autre -cela n'empêche que la réponse du Christ s'étage bien entre ce double registre, relativement proche ou final (= proprement < eschatologique >).

C'est donc cette perspective d'ensemble qu'il faut garder à l'esprit pour suivre, au ras du texte, les méandres du discours sans en perdre le fil. Plus encore est-il nécessaire d'en comprendre le but, et le ton, qui seront définis dès les premiers versets (Mt 24,4*).

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§ 292. « Le commencement des douleurs » : Mt 24,4-8 ; Mc 13,5-8 ; Lc 21, 8-11


(Mt 24,4-8 Mc 13,5-8 Lc 21,8-11)

— C'est le début du < discours > proprement dit, au moins chez Mt et Mc (pour Lc, voir au v. 10*). J. Dupont note qu'en Mc il y a triple inclusion entre les v. 4-6 et 23.21-22 : « Jésus commença à leur dire I Je vous ai dit d'avance ». « Prenez garde que nul ne vous séduise I de faux Christs séduiront même les élus... ouvrez les yeux (même mot, en grec, que < prenez garde > = voyez à...). Cette inclusion renforcée tendrait à montrer que la réponse proprement dite à la question du v. 4 tient en ces v. 5-23, le reste venant en complément.

Mt 24,4-5 Mc 13,5-6 Lc 21,8 // Da 2,28-30 — Prenez garde : Se retrouve en Mt 24,6 : « Tenez-vous sur vos gardes », et en Mc 13,9 : « Soyez sur vos gardes ». Puis, à partir du § 300 , reviendra comme un refrain la recommandation de « veiller » (Mc 13,33*). Les verbes peuvent changer, mais ce qu'ils caractérisent différemment, c'est une même attitude spirituelle, puisque « prendre garde », « garder les yeux ouverts », « ouvrir l'oeil » (Mc 13,23) et « veiller » s'équivalent. Tel est donc le but premier que vise le Christ, son < propos > fondamental, plus encore que Daniel (// Da 2,28-30) : non pas donner des précisions sur la succession des faits jusqu'à la Fin de l'Histoire, mais « amener les auditeurs du message à une disposition d'esprit qui les mette à même de soutenir avec honneur l'événement » (H. Kahlefeld: Paraboles et Leçons n, p. 112-113-cite à l'appui h. conzelmann).

Mais une autre suite de verbes, également à l'impératif, corrige ce que tous ces avertissements ont de nécessairement inquiétant : « Ne vous troublez pas » (Mt 24,6 et //) ; « ne vous préoccupez pas » (Mc 13,11) ; « pas un cheveu de votre tête*... » (Lc 21,18) ; « à cause des élus, ces jours seront abrégés » (Mt 24,22), et « ils seront rassemblés »* pour toujours (Mt 24,31 — cf. 25,10.21.23.34-40); « levez vos têtes, car votre délivrance approche » (Lc 21,28). Le ton est ainsi donné, qui est de confiance. Dans le même sens, voir à Mt 24,8* : « le commencement des douleurs*.

Si le discours est, par son objet, < apocalyptique >, et s'il a donc recours aux moyens et images habituels à ce < genre littéraire >, il en évite les pièges, et notamment la propension à terrifier. Il y aurait pourtant de quoi, puisque sont expressément évoquées « les pires détresses » (Mt 24,21) et de « grandes terreurs » (Lc 21,11), à « faire pécher de frayeur les humains » (Lc 21,26). Mais en cette apocalypse même, l'Évangile demeure « la Bonne Nouvelle », et nous invite à espérer (au sens à la fois d'une attente et d'une confiance imperturbables).

que nul ne vous séduise: Si notre espérance vient du Christ et de Lui seul, elle doit donc s'accompagner de prudence (« prenez garde ») et de discernement, pour ne pas prendre le change. Les faux christs n'ont pas manqué, dès avant la prise de Jérusalem (J. Dupont, p. 17; cf. M.J. Lagrange: Le messianisme..., p. 21 ss), jusqu'au « Christ de Montfavet » et autres faiseurs de sectes ; et il y en aura encore à la fin des temps § 295 *). Or, en ce nouveau paragraphe, l'avertissement sera le même, de ne pas se laisser séduire, ou induire en erreur : « Ce verbe appartient à la terminologie de l'apocalyptique juive. Il fait allusion à des séductions messianiques (Mt 24,5 Mt 24,11 Mt 24,24), diaboliques ou politiques (Ap 2,20 Ap 12,9 Ap 13,14) et doctrinales (1Jn 1,8 1Jn 2,26 1Jn 3,7) » — Note de la Tob. La tentation est d'autant plus trompeuse que ces faux-messies peuvent se présenter « en mon Nom », et prendre l'appellation même par laquelle, en Saint-Jean, le Christ se dit Personne divine : « C'est Moi » § 260 — Jn 8,24*).

Mt 24,6-7 Mc 13,7-8 Lc 21,9-11 // Is 19,2 2Ch 15,6 Jr 15,2 Jr 14,12 Guerres, famines, tremblements de terre : Ici encore, il ne s'agit pas de prédictions d'événements inouïs, mais au contraire de la triade classique des prophètes « le glaive, la famine et la peste » — en termes textuels, « nation contre nation » = // 2Ch 15,6; et « royaume contre royaume » = // Is 19,2.

Il faut que ces choses arrivent : C'est le « Il faut »* de l'infaillible Dessein de Dieu, qui est avant tout Dessein d'amour et de salut. C'est l'Évangile même (cf. § 78Jn 3,16*, et passim). Si les calamités rentrent dans ce Dessein, c'est peut-être comme un rappel de ce qu'il y a de caduc en cette vie terrestre, dont les hommes n'auraient que trop tendance à se contenter; mais c'est surtout et plus sûrement le mystère d'une Sagesse (divine) qui nous dépasse complètement et à laquelle nous avons à faire confiance, en un acte de foi et d'adoration.

Mais ce n'est pas encore la fin: Inclusion avec Mt 24,14: « Alors viendra la fin ». Les v. 15 à 22 montreront de quelle fin il s'agit § 294 *). Mais en tout cas, cela signifie d'abord que tout ce qui est annoncé du v. 4 au v. 14 vise à nous dissuader de guetter dans « les guerres, famines, tremblements de terre » et autres « terreurs » (Lc 21,11), quelque signe précurseur de la Parousie. Ces malheurs sont d'ailleurs, hélas! trop constants pour présager l'approche de la Fin des temps !...

Mt 24,8 Mc 13,8 // Ag 2,6-7 Ag 2,9 Gn 3,16 — C'est le commencement des douleurs : Ce terme désigne bien < les douleurs de l'enfantement >. Les prophètes l'emploient souvent comme image du Jugement, généralement de condamnation : Is 13,8 Jr 13,21 Os 13,13; parfois pour annoncer à « la Fille de Sion », le siège et l'exil: Jr 6,22-26 Mi 4,9-10. Mais en contrepartie, au prix de ces douleurs, dues au Péché Originel (// Gn 3,16), « un homme vient au monde » § 332Jn 16,21*). L'image n'est donc pas tant négative qu'annonciatrice de ce qui est à naître, et que le // Ag 2,6-7 Ag 2,9 plus expressément. On n'en est encore qu'au commencement (se rappeler le « Au commencement » de Gn 1,1 et Jn 1,1), non seulement des douleurs mais de l'Alliance nouvelle = tout le contraire d'une « fin ».

Le plan de Luc est assez différent de celui de Mt-Mc. D'abord parce qu'il a déjà parlé, séparément, « des jours du Fils de l'Homme » et du Jour où Il se révélera § 243 — Lc 17,22-37*) ; de même qu'il a situé dès les Rameaux l'annonce de la prise de Jérusalem § 274 — Lc 19,41-44*). Le terrain étant ainsi jalonné d'avance, Lc peut concentrer le discours suivant un schéma < concentrique >* :

1) Avertissement préalable (v. 8-9) et conclusif (34-36) : Prendre garde et veiller.

2) On entre dans le corps du discours : « Alors il leur dit », et le 2° cercle annonçant les perturbations cosmiques de la Fin du monde : v. 10-11 (où Lc, à la différence de Mt-Mc, ajoute « les grands signes donnés du ciel »), puis v. 25-33.

3) Au centre du discours, le 1° cercle : chrétiens persécutés (12-19), Jérusalem assiégée et piétinée (12-24).

En tout cela, Lc manifeste son souci de nous apprendre à ne pas tout mélanger : certes ! il y aura une Fin du monde, cosmique, « mais avant tout cela », c'est-à-dire d'ici là — et nous savons à présent que cela fait au moins 20 siècles — persécutions pour les chrétiens, et piétinement pour les Juifs ; et bien entendu, en situant cela au centre du discours, l'Évangéliste manifeste que c'est le coeur de son propos. Par contre, la préoccupation de la Fin du monde est rejetée en arrière-plan par une sorte d’inclusion : au départ, «Ne suivez pas ceux qui disent : Le temps est proche » ; en finale : quand arriveront les signes dans le ciel, alors seulement « comprenez que votre délivrance est proche, et proche le Royaume» (v. 28 et 31).

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§ 293. Les persécutions : Mt 24,9-14; Mc 13,9-13; Lc 21,12-19


(Mt 24,9-14 Mc 13,9-13 Lc 21,12-19)

— On est dans les temps intermédiaires, qui sont « les temps des nations » : l'expression est de Lc 21,24*, mais Matthieu le souligne aussi par une inclusion : c'est « dans et devant les nations » que les disciples du Christ seront persécutés (Mt 24,9 et Mt 24,14). Ces nations qui auront à être évangélisées (Mt 28,19*) et finalement jugées (Mt 25,32*).

Si les 3 Synoptiques s'accordent en substance, l'exposé diffère. Ils ont en commun:

1°) L'annonce des persécutions, à la fois de la part des Juifs et des Romains (Mc 13,9), sur dénonciation même des proches (Mc 13,12), « en haine à cause de moi ou de mon Nom » (Mc 13,9 et Mc 13,13 Lc 21,17). Elles ont déjà été prédites par le Christ non seulement dans son discours sur la Mission § 100Mt 10,17-25), mais dès l'ouverture du Sermon sur la Montagne, en conclusion des Béatitudes § 50Mt 5,11-12*). Cf. aussi § 330 *; et encore Mt 13,21. C'est donc une constante, une des lignes de fond de la vision que le Christ a de l'histoire subséquente. En // Ac 4,2-7 Ac 5,40 en donnent un premier exemple.

2°) La promesse du Salut à qui « tiendra bon » (Mt 24,13 Mc 13,13 Lc 21,19). Les 3 Évangélistes emploient le même terme : c'est l'endurance (c'est-à-dire la constance à travers les épreuves), à laquelle nous exhortent à l'envi saint Paul, saint Jacques, saint Pierre et saint Jean (Rm 5,3-4 2Th 1,4 Jc 1,3-4 1P 2,20 Ap 3,10 et passim: cf. Concordance NT, « Supporter » Ap 4 et P. Jouôn, dans Rech SR 1938, p. 310-311). Nous l'avons déjà rencontrée en Mt 10,22 (autre prédiction des persécutions, dans le discours sur la Mission) et Lc 8,15 où, dans la parabole du Semeur, c'est par l'endurance que le bon grain porte du fruit. On sent que cette endurance est prolongation de la Passion du Christ, si bien que nous avons hésité à traduire Lc 21,19 : « par votre passion vous sauverez vos âmes », en // à Ap 13,10 : « C'est ici la passion et la fidélité des saints » cf. // 2Co 4,16-18 Mt 10,22, nous gardons : « cette passion ».

3°) Il y aura là un témoignage. Mais les 3 Évangélistes le situent différemment. Pour Mc 13,9-10, les souffrances subies par les chrétiens témoigneront devant les Juifs et les Romains, de pair avec la prédication de l'Évangile. Mt 24,14 retient surtout ce dernier point. On sait que le titre de < martyr > vient du grec < Martureô > : je rends témoignage. Lc 21,13 peut s'interpréter soit au sens de Mc 13,9, soit comme d'un témoignage utile aux chrétiens persécutés eux-mêmes, suivant la conclusion de l. hartman sur ce verset (Testimonium linguae, Lund-Copenhague 1963). J. Dupont la résume ainsi (dans Ass. S., n, n° 64, p. 84) : « Le témoignage rendu par les souffrances endurées par les persécutés doit plaider en leur faveur devant le tribunal de Dieu. Elles constitueront, en quelque sorte, les pièces à conviction sur lesquelles se basera la sentence divine qui décide du salut de chaque homme. Le retournement de perspective opéré par Luc est significatif. Il se place au point de vue des persécutés, pour leur montrer l'avantage qu'ils doivent retirer de leurs épreuves », suivant la promesse de Lc 12,8 : « Quiconque m'aura confessé devant les hommes, le Fils de l'homme le confessera devant les anges de Dieu ».

Mt 24,10-12 // Sg 14,22-25 Lm 2,14 — Sur le fond commun, Matthieu introduit sa préoccupation du scandale*, et des divisions que les persécutions risquent d'entraîner (Mt 24,10) : cf. § 176Mt 18,6-7*. Il ajoute donc ici que le plus grand péril viendra de l’intérieur : divisions, faux-prophètes séducteurs (comme aux v. 4-5, 23-24 et 26). Ce sont eux qui sont principalement cause que l'iniquité, portée à son comble, dominera : comparer à § 74Mt 7,23*, où les faux-prophètes sont précisément accusés de « faire l'iniquité » (cf. e. cothenet, dans BETL 29, p. 302-305). Cette marée montante de l'iniquité est un des reproches fondamentaux de la prédication prophétique ou sapientielle : // Lm 2,14 Sg 14,22-25 et Mi 7,6-7, en // à Mt 10,35-36 § 102 , que Mc 13,12 et Lc 21,16 reprennent ici.

la charité d'un grand nombre se refroidira : Sur l'attention avec laquelle l'Eglise a reçu l'avertissement, dès les premiers siècles — car on note cet attiédissement incapable de résister à l'apostasie, dès les persécutions, celle de Dèce en particulier (Lagrange, Sur Mt, p. 461) — cf. le dossier de M. Aubineau, dans « St. Patristica » IV, p. 3-19. Augustin en situe la cause dans le Péché Originel même : c'est dire que le danger reste permanent. Les Pères relèvent le symbolisme, non seulement biblique mais naturel, entre : charité = ferveur = chaleur (« Dieu est un feu consumant »), et: péché = frigidité = glace (« L'enfer, c'est le froid »), Bernanos, et Dante. Cf. § 264 — Jn 10,22*, et § 339 — Jn 18,18*. D'après le contexte (v. 10), il semblerait qu'il s'agisse plutôt ici de la charité envers le prochain; mais « la charité fraternelle qui s'attiédit est celle-là qui trouvait d'abord sa ferveur dans l'amour du Christ» (Maxime de Turin: Hom95; Pl 57, 474).

Il est non moins important de remarquer combien ces versets soulignent l'opposition entre « le grand nombre » (< Polloï >*, beaucoup, aux v. 10, 11, 12), et le caractère personnel de l'endurance et de la fidélité < jusqu'au bout> (v. 13). À mettre en relation avec « beaucoup d'appelés et peu d'élus » § 282 — Mt 22,14*), et avec « le petit Reste » des Sauvés, d'après les prophètes et notamment Isaïe (cf. A. Feuillet, rb 1948, p. 498-500).

Mt 24,14 rejoint Mc 13, 10 : C'est déjà l'universalisme de la Mission sur lequel se conclura Mt 28,19*, et qui devra remplir l'intervalle de temps nécessaire à cette prédication mondiale entre Pâques-Pentecôte et Fin du monde (v. 14b). Mc introduit cette annonce par le < Il faut >*, indiquant bien que, comme la Passion du Christ, qui est la source du Témoignage et de la Mission des chrétiens, cette proclamation universelle de l'Évangile rentre dans le Dessein de l'amour divin.

Mc 13,11-12; Lc 21,14-18 // Jr 1,8-10 — Mt avait mis ces promesses à la fin de son Discours sur la Mission (10,19-21 et 34-36). Revient avec insistance le verbe « être livré », qui est premièrement celui de la Passion du Christ § 172 — Mt 17,22-23*). Sur l'assistance du Saint-Esprit, voir Lc 12,11-12, et tous les // de ce § 204 , notamment Ac 4,8-13, montrant que cette prédiction s'est réalisée, dès les premières persécutions que les Apôtres eurent à souffrir.

En tout ce passage, on remarque ï'appel à la confiance non moins qu'à la constance, spécialement marqué par Luc: au v. 15, « vos adversaires seront incapables de résister » ; et au v. 18, « pas un cheveu de votre tête... » — ce qui n'est certainement pas à prendre matériellement, pour tous ceux qui ont été mutilés ou décapités ! C'est plutôt un écho à Lc 12,7, sur l'abandon à la Providence que peuvent et doivent vivre les chrétiens (Lc 12,22-31 = Mt 6,25-32, au § 67 * ; cf. J. Dupont : Les 3 apocalypses..., p. 114-120).

Luc précise : « Vous sauverez vos âmes », c'est-à-dire non pas « vos vies » (car beaucoup mourront dans les persécutions), mais la survie éternelle : c'est une application du « qui perd son âme la gagne » § 168 — Mt 16,25*). De fait, le verbe employé par Luc signifie littéralement, lui aussi, « gagner »: « vous gagnerez vos âmes ». Cf. J. Dupont, qui ajoute: « par rapport à Mc, non seulement Lc encourage plutôt qu'il ne menace, mais aussi il se place au point de vue du chrétien individuel qui, risquant sa propre âme, est ainsi assuré de la sauvegarder, indépendamment de l'hypothèse d'une fin prochaine et du salut définitif dont l'espérance serait liée à la venue de cette fin. La promesse faite aux persécutés... prend une valeur générale, valable pour n'importe quel temps ».

De toutes façons, Mt 24,14 (explicitement), et Mc 13,13 (implicitement), précisent bien que tout ce qui précède est la période d'avant la fin (cf. // Is 10,24-25 Ps 119,95-96). Et si les chrétiens doivent tout endurer «jusqu'à la fin », c'est au sens général de « jusqu'au bout » § 316 — Jn 13,1*).

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Bible chrétienne Evang. - § 289. Avertissement à Jérusalem : Mt 23,37-39; (Lc 13,34-35)