Bible chrétienne Evang. - § 138. Le filet: Mt 13,47-50 //Jr 48,44 Ha 1,14-15 Os 7,12 Ps 66,10-11 Ps 116,3-4 Ps 116,8-9

§ 138. Le filet: Mt 13,47-50 //Jr 48,44 Ha 1,14-15 Os 7,12 Ps 66,10-11 Ps 116,3-4 Ps 116,8-9


(Mt 13,47-50 // Jr 48,44 Ha 1,14-15 Os 7,12 Ps 66,10-11 Ps 116,3-4 Ps 116,8-9)

— Image familière aux apôtres, pêcheurs du Lac. Elle est aussi fréquente dans la Bible (cf. les //). Piège retenant toute proie indistinctement, le filet est d'abord symbole de la fatalité (// Jr 48,44). Dieu est Celui au filet duquel on n'échappe pas (// Os 7,12 et Ha 1,14-15); mais c'est pour un jugement (// Ps 66,10-11) qui délivre et introduit dans l'éternité du Royaume, « pays des vivants » (// Ps 116).

Le parallélisme de cette parabole avec celle de l'ivraie se traduit jusque dans les rencontres d'images et des mots: séparation, rassemblement du bon grain ou des bons poissons, rejet de l'ivraie ou des mauvaises prises, par les anges, à la Fin du monde. Les paraboles du Royaume se concluent donc aussi sur une alternative, inéluctable. D'où les mises en garde multipliées au cours de ce chapitre, que ce soit en clair (v. 10-17*) ou en images (v. 19-22; 40-42; 49-50).



§ 139. Conclusion : Mt 13,51-53


(Mt 13,51-53)

— Saisissez-vous tout cela : Correspond à « entendre et saisir » au sens du comprendre et prendre à son compte, du v. 13* et 19*. Ainsi, tout le chapitre est sous-tendu par cette question: entendre de façon à comprendre et s'engager. Oui, répondent-ils: plus généralement, là où Mc rapporte crûment et en termes très proches de la prophétie d'Isaïe (citée par Mt 13,14-15), la lenteur des Apôtres à comprendre, Mt préfère signifier que malgré tout, ils croient: comparer § 152 ) — Mt 14,33 à Mc 6,51-52; § 161 ) — Mt 16,8-9a.l2 à Mc 8,17-18.21; § 172 ) — Mt 17,23b à Mc 9,32, etc... (cf. J. Dupont: Le point de vue de Mt... p. 245-249).

Mt 13,52 // Esd 7 Ne 8 — Le retour de l'Exil est un bel exemple de l'importance bénéfique prise alors par les scribes et docteurs de la Loi, pour puiser à ce trésor (rappel de celui du v. 44). Mais ici, il s'agit plus précisément du « vrai docteur du Royaume. » Cela vaut de Mt, si soucieux de citer l'Ancien Testament à l'appui du Nouveau. On peut bien aussi l'appliquer à tout chrétien, devenu « père de famille » ou « serviteur fidèle » du Royaume, riche de ce trésor. Mais plus fondamentalement, c'est le fait du Christ même:

IRÉNÉE: Adv. Hoer, IV, 9,1 (SC 100, p. 480): Voici, dit-il, que j'établis une Alliance nouvelle, non pas comme celle que j'ai conclue avec vos pères sur le Mont Horeb. Ces deux Alliances, un seul et même Maître de maison les a tirées de son trésor : le Verbe de Dieu, notre Seigneur Jésus-Christ, qui a parlé à Abraham et à Moïse et qui nous a rendu la liberté de la « vie nouvelle » et a multiplié la grâce qui vient de Lui. (Les choses anciennes = la Loi. Les nouvelles = l'Evangile).

l'ancien et le nouveau: C'est la concordance et la convergence de l’A.T. et du N.T., sur lesquelles se guide la < Bible chrétienne >, suivant les indications du Christ lui-même, plus explicites encore aux § 163 ) — Jn 5,46-47* et § 364 .366) — Lc 24,25-27 Lc 24,44-47*). La faute des < docteurs de la Loi > contemporains du Christ « assis sur la chaire de Moïse », est de s'en être tenus aux prescriptions de la Loi dans ce qu'elle avait de plus formel (§ 287 -288*), se fermant à l'accomplissement que le Christ apportait au moindre des commandements de « la Loi et des prophètes (§ 53 ) — Mt 5,15-20*).



§ 140. La vraie parenté de Jésus: Lc 8,19-21; Mt 12,46-50 Mc 3,31-35//Lc 2,48-50 Dt 6,3 Jn 14,2


(Lc 8,19-21 Mt 12,46-50 Mc 3,31-35 // Lc 2,48-50 Dt 6,3 Jn 14,23

— Voir explications au § 122 . Qu'il soit placé avant le chapitre des paraboles (Mt-Mc) ou après (Lc), cet épisode témoigne de ce qu'enseignent ces paraboles : non seulement écouter, mais faire la volonté de Dieu. En Lc 11,27-28, épisode du même type (voir § 199 *).

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§ 141-143. La tempête apaisée, le possédé de Gadara, la fille de Jaïre : Mc 4,35 à 5,43; Lc 8,22-56; (Mt 8,18-34 Mt 9,18-26)



(Mc 4,35-5,43 Lc 8,22-56 Mt 8,18-34 Mt 9,18-26)

Maîtrise du Christ sur les éléments déchaînés, sur l'homme que l'emprise du démon déchaîne (Mc 5,3-4), enfin sur la maladie ou même la mort. Pour encourager à s'en remettre plus complètement à Lui, avec une foi entière (Mc 4,40 Mc 5,34 Mc 5,36).



§ 141. La tempête apaisée : Mc 4,35-41 ; Lc 8,22-25; (Mt 8,18 Mt 8,23-27 Mt 88)


(Mc 4,35-41 Lc 8,22-25 Mt 8,18 Mt 8,23-27)

— Mc est plus évocateur, par la triple opposition entre tempête et grand calme, barque en péril et sommeil de Jésus, peur des Apôtres — marins de profession pourtant — et intrépidité du « Maître », debout, face au vent et à la mer. Tout vise à mettre en valeur la transcendance (divine) du Christ.

Si par contre Mt fait moins de place au pittoresque, c'est pour centrer davantage ce paragraphe sur la leçon de foi. (Sur ce point — dans le cadre plus large d'une étude pour établir la valeur historique du miracle — cf. X. Léon-Dufour: Et. d'Ev. p. 150-182). Le suit Mc, avec moins de relief.

Mc 4,38 ; Lc 8,24 ; (Mt 8,25) : Nous périssons! Cela ne te touche pas ? — En Mc, l'invocation est si vive qu'elle implique un reproche voilé. BJ : « Tu ne te soucies pas de ce que nous périssons » (phrase trop littéraire pour rendre le cri). Tob : « Cela ne te fait rien que... » est plus proche du véritable sens, mais frise par trop l'irrespect. Aussi préférons-nous le cri, suivi de l'appel au coeur aimant du « Maître ». Lc, lui, emploie un terme spécial, qu'il redouble : « Maître, Maître », pour mieux souligner la déférence (sur ce terme, cf. § 38 ) — Lc 5,5*). En Mt, « Seigneur sauve ! » devient « un appel quasi-liturgique » (x.l-d).

Mc 4,39; Lc 8,24b; (Mt 8,26 — // Se leva, menaça le vent et la mer: Comme Jésus a « menacé » la fièvre, ou les démons (§ 33 -35) — Lc 4,34.39.41, etc.). Debout, Il domine. Et Il < exorcise > le bouillonnement des eaux, symbolisant les Puissances du Mal (Ps 74,13-15 — cf. pc III, p. 129).

// Ps 69,2-16 Ps 107,23-29 (+ // Ps 65,8-9 et Jon 1,4-6, au § 88 ) — Dans la Bible, apaiser la mer (physiquement et symboliquement) est oeuvre divine. Il est d'autant plus remarquable qu'ici, à la différence du psalmiste ou de Jonas, Jésus n'invoque pas Dieu mais agit par lui-même, suscitant ainsi la question: « Qui est-il doncl » (Mc 4,41 ; cf. § 146 ) — Lc 9,9*), qui sera résolue solennellement par la profession de foi de Pierre à Césarée (§ 165 ). Et de fait, il faut bien que Jésus soit lui-même Dieu pour faire, de lui-même les oeuvres de Dieu.

Mais pour l'instant, les Apôtres n'en sont encore qui la question. Et c'est pourquoi sans doute Mt 8,27 les tient seulement pour de simples « hommes » — terme désignant plus normalement les non-croyants: Mt 5,13.16.19; 10,17.32-33.

Mc 4,40 ; Lc 8,25 ; (Mt 8,26 — « Vous n'avez pas encore la foi ? » (Mc) — Pourtant, s'ils ont recours à Lui, c'est au moins un début de foi. D'où le terme plus précis de Mt: « Hommes de peu de foi ». Il nous réfère à la confiance absolue demandée par le Sermon sur la Montagne (§ 67 ) — Mt 6,30; cf. encore Mt 14,31 ; 16,8; 17,20). En Lc, « Où est votre foi? » souligne le déplacement: en ce danger, ils ne se sont pas tellement tournés vers Dieu (comme dans le // De Jonas), que vers Lui, Jésus. Ils pourraient donc répondre: « Où donc, sinon en Toi », comme le fera Pierre encore, après le Discours sur le Pain de Vie (§ 164 ) — Jn 6,68*). Ce qui, à présent, manque aux Apôtres, c'est plutôt la logique de leur foi: leur comportement ne correspond pas à l'adhésion totale, à la remise d'eux-mêmes qu'ils ont en principe donnée au Maître (x. l-d, p. 169-170).

// Jon 1,4-6 (au § 88 ) — C'est le Christ lui-même qui s'est comparé à Jonas, pour « le sacrement de sa Passion » (§ 120 ) — Mt 12,39-41):

Jérôme : Sur Mt 1,9 (PL 26,53): Nous lisons dans Jonas une figure de ce miracle : alors que tous sont en péril, lui seul est en sécurité et dort — et on le réveille. Par son commandement et par le sacrement de sa Passion, le Christ délivre ceux qui le réveillent.

Rupert de Deutz  : Sur Mt vu (PL 168, 1470) : Jésus dormant dans la barque: qu'est cela, sinon que parfois le secours de sa grâce est soustrait à l'Église ? Quand cela arrive, c'est pour que soient manifestés ceux qui traversent victorieusement l'épreuve (1Co 11,19) ; pour que soient instruits par l'adversité ceux que la prospérité aurait pu séduire ; pour que soient purifiés ceux qui vivaient dans le péché; et pour qu'un grand nombre de martyrs soient couronnés.

L'application traditionnelle de ce miracle historique au rôle permanent mais secret (= < Mystique >) du Christ dormant dans la barque, figure de l'Église (1P 3,20-21) se trouve ratifiée par la critique contemporaine elle-même: « C'est l'annonce, dans ce contexte, que Jésus un jour traversera les eaux de la mort et que l'Eglise doit, pleine de confiance, les traverser à sa suite, avec lui, comme les disciples le firent ce jour-là... Le sommeil du Maître signifie de façon exemplaire la confiance que l'homme doit avoir en Dieu... : autant que par son apostrophe véhémente, Jésus en dormant invite les disciples apeurés à découvrir, à travers son silence ou son absence apparente, la présence de Celui qui peut tout » (X. Léon-dufour: Et. d'Ev., p. 180 et 163). Exemple: saint Paul, // Ac 27,18-25 Ac 27,

Mt donne même à l'épisode valeur eschatologique, en désignant la tempête par le terme insolite de : « l'ébranlement de la mer » (8,24) : en grec < Seismos >, d'où nous avons tiré < Séisme >, signe avant-coureur de la fin des temps (Mt 24,7). En attendant sa glorieuse Parousie, Jésus dort, mais Il est dans la barque.

p. 372

§ 142. Le possédé de Gadara: Mc 5,1-20; Lc 8,26-39; (Mt 8,28-34)


(Mc 5,1-20 Lc 8,26-39 Mt 8,28-34)

— Première incursion de Jésus en terre païenne, dans la Décapole, sur la rive Est du Lac. Dès l'abord, Il s'y heurte aux démons.

Mc 5,2-5 ; Lc 8,27.29 ; (Mt 9,28 — Le possédé apparaît comme un terrible symbole de leur oeuvre: violence surhumaine, rejetant toute entrave, littéralement « dé-chaînée » (répété 2 fois en Mc), mais pour se retourner contre elle-même, « se meurtrissant avec des pierres » (Mc) ; humanité dépouillée: « il ne portait plus de vêtement» (Lc: symbolisme du vêtement, cf. § 43 - Mc 2,21-22) ; existence déchirée, réduite au cri (Mc-Lc) ; hostile à tout le monde (Mt). Ce démoniaque s'est lui-même exclu de sa ville, et condamné à vivre au désert (Lc : lieu symboliquement attribué aux démons, cf. § 121 ) — Mt 12,43*) ; ou dans les tombeaux (Mc le répète trois fois), séjour impur de la mort, où les cadavres se décomposent.

// Jg 14,5-19 — À l'opposé, l'Esprit Saint de Yahvé, Esprit de Conseil et de Force (Is 11,2), capable de dompter le lion, mais d'où sort la douceur du miel. Par-delà une mésalliance, fait revenir Samson « à la maison de son Père ».

Mc 5,2 Mc 5,6-8 Lc 8,27-29 Mt 8,28-29 — L'initiative vient du possédé, qui accourt. D'emblée, il reconnaît la supériorité du Christ en se prosternant (Mc-Lc). Pas de résistance, car le démon sait l'identité de Jésus (§ 33 *).

Qu'y a-t-il entre moi et toi! — Même aveu de rupture qu'en Mc Mt 1,24* — § 33 . Sur le sens de l'expression, cf. § 29 ) — Jn 2,4*. C'est au fond le même vain effort que celui d'Achaz pour refuser l'offre du Salut; et la même libération par Dieu qui donne mieux que nous n'aurions même osé rêver et demander: (Cf. Is 7,12-14, en // au § 213 ).

Fils du Dieu Très Haut: Ce titre pourrait n'appartenir qu'au vocabulaire religieux, commun aux païens eux-mêmes, s'il n'était surtout équivalemment celui que l'Ange lui avait reconnu, au sens fort, divin, de l'Annonciation (Lc 1,32*).

Es-tu venu ici (= en ce territoire païen) nous torturer avant le temps (Mt) = avant que s'établisse universellement le Règne de Dieu, soit définitivement lors de la Parousie, soit en germe, de par la Résurrection, la Pentecôte et l'évangélisation des nations païennes (Mt 28,19). Mais la seule présence du Christ provoque dès à présent le démon, et l'oblige à se démasquer.

// Is 65,1-5, H.Sahlin a bien établi le // et ses nombreux recoupements de vocabulaire avec l'Évangile (Die Perikope vom gersenischen Besessenen... dans « Stud. Théol. » 1964, p. 159-172). Le sens général menaçant d'Isaïe fait mieux ressortir la bénignité du Christ. C'est ce qu'il y a de bouleversant dans toutes ces rencontres de Jésus, que ce soit avec les pécheurs ou les possédés (qui ne sont qu'un degré de plus d'emprise du mal) : Lui, « le plus fort » (// Lc 11,22), Il ne se sert de sa Puissance que pour nous délivrer, en forçant à « sortir » celui que nous avons laissé nous contaminer et tyranniser, pour qu'il ne reste que le meilleur de notre « miel » (// Jg 14,5-19).

Mc 5,9 Lc 8,30 — « Quel est ton nom ? » : Saisir le nom, c'est avoir prise sur l'être même. Légion: Ce mot a fini par signifier simplement: le grand nombre. Déjà en Lc 8,2, Marie de Magdala était dite délivrée de 7 démons — ce qui, d'après la parabole du § 121 ) — Mt 12,43-45*, témoigne d'un endurcissement complet (vu le symbolisme du nombre 7). Mais « légion » évoque aussi l'armée, la guerre, l'occupation romaine. À travers le possédé, ce qui barre le chemin (Mt 8,28) à Jésus, quand il débarque en ce pays païen, c'est l'armée du Prince de ce monde, qui se considérait « ici » pour l'instant comme chez lui.

// Lc 11,21-22 — Mais Jésus est bien « le plus fort ». Pas plus que lors de son dernier affrontement avec Satan à Gethsémani, Il n'a besoin d'appeler à son aide les « douze légions d'anges » (Mt 26,53). Il le vaincra seul à seul, au cours de sa sainte Agonie et Passion.


Mc 5,10-13 Lc 8,31-33 Mt 8,30-32 // Ap 20,10-15 — Ne pas les chasser de cette région (Mc)... dans l’Abîme (Lc): L'Apocalypse donne l'image devenue classique de ces tourments. Mais ce qui « torture » le diable « et ceux qui lui appartiennent » (Sg 2,24), c'est la seule mise en présence du Dieu Saint, avec qui tout mal est absolument incompatible. La retraite de cette maudite « légion » démoniaque « de cette région » (païenne) dans les porcs (bêtes impures) puis dans la mer (symbole des Puissances mauvaises mais reprise en mains par le Christ au § précédent), préfigure sa victoire encore à venir, libérant la terre entière de l'impureté satanique. Bêtement, le diable ne peut être qu'une puissance qui mène « sur la pente », jusqu'à la mort. Par là il se couvre de ridicule, comme l'a si bien compris l'imagerie populaire, des chapiteaux de Vézelay ou d'Autun aux contes folkloriques.

Mc 5,14-15 Lc 8,34-35 Mt 8,33 — Assis, vêtu, dans son bon sens: À l'inverse de l'errance, la nudité, l'aliénation où le démon avait réduit cet homme. Aux pieds de Jésus (Lc) : comme un disciple, et comme au § 192 .


Mc 5,15-17 Lc 8,35-37 Mt 8,34 — Mc laisserait entendre que les habitants de Gérasa réagissent à la perte des porcs, tandis que Mt et Lc mettent en avant ce qui est arrivé au démoniaque. Mais comme Lc, Mc souligne que ces païens sont sous l'emprise d'une « grande crainte » (religieuse). Dès lors, leur réaction semble du même type que celle de Pierre: « Éloigne-toi de moi, parce que je suis un homme pécheur » (§ 38 ) — Lc 5,8*).

Mc 5,18-20 Lc 8,37-39 — Aller avec Lui (cf. § 25 ) — Jn 1,37*): C'est en particulier le propre des Douze (§ 49 ) — Mc 3,14) que Jésus va envoyer en mission, munis de son « pouvoir sur les esprits impurs » (§ 145 = § 98 -99). Mais il y a une première façon, plus fondamentale, d'annoncer l'Évangile: c'est de rentrer dans sa maison, parmi les siens, ce qui serait déjà un témoignage silencieux de la guérison (par opposition à la vie « dans les tombeaux », solitaire et méchante). Il suffit de reconnaître la Miséricorde que Dieu nous a faite, en Jésus-Christ (Mc 5,19b), pour que soit annoncé l'essentiel de l'Évangile (cf. le « Magnificat » ou le « Benedictus »*). Le verbe « publier » (v. 20, et Lc 8,39b) est en effet celui du < Kérygme >*. Jésus peut retraverser le Lac : Il ne semble être venu que pour chasser les démons, et laisser un témoin évangélisateur, « dans toute la cité » (dont s'était d'abord exilé l'homme possédé du diable — comparer Lc 8,27 et 39), et « dans la Décapole » (Mc). Sur Jésus et les païens, cf. J. Jérémias.


p. 378

§ 143. L’hémorroïsse et la fille de jaïre: Mc 5,21-43; Lc 8,40-56; (Mt 9,18-26)


(Mc 5,21-43 Lc 8,40-56 Mt 9,18-26)

— D'un côté la foule, sur le rivage, pendant le trajet, dans la maison de Jaïre; de l'autre les disciples, parmi lesquels Pierre d'abord se détache (Lc 8,45), puis Pierre, Jacques et Jean, seuls témoins de cette résurrection comme ils le seront de la Transfiguration et de l'Agonie ; au milieu, Jésus, qu'approchent vraiment, grâce à leur foi, l'hémorroïsse, Jaïre et sa fille.

Le parallélisme entre les deux miracles est souligné par le vocabulaire lui-même, notamment chez Mt — qui réduit comme à son ordinaire le récit à ses articulations majeures, pour mieux en faire ressortir la leçon : « Voici » aux v. 18 et 20 ; « le chef s'avance et se prosterne devant Lui, en disant »... et « la femme s'approche, par derrière, touche la frange... et elle se disait »... Surtout, ici et là, c'est la même foi dans l'effet sauveur du contact physique avec le Christ: « impose-lui la main (au singulier, comme pour un toucher) qu'elle soit sauvée »... « si je puis toucher son manteau, je suis sauvée ». Jésus lui-même confirme que là est bien l'essentiel : « ta foi t'a sauvée » (v. 22, central) : « Dans tout l'évangile de Matthieu, ... on discerne cette même tendance à concentrer l'attention sur la personne et l'autorité de Jésus... ainsi que la place centrale donnée à la parole toute-puissante de Jésus sur la foi qui sauve » (l. dambrine, dans « Foi et Vie », cahier de mai 1971, p. 75-81).

Mc 5,23 Lc 8,41 Mt 9,18 // Ac 28,8 — Impose-lui les mains (Mc) ou la main (Mt): Geste de bénédiction (Gn 48,14-20 Lv 9,22), voire de consécration (Ex 29,10 Ex 29,15 Ex 29,19 Lv 1,4 Lv 3,2 etc; Nb 8,10-14) par lequel passe — et parfois se transmet — un pouvoir (Nb 27,18-23 Dt 34,9). Jésus impose les mains pour bénir les enfants (Mt 19,13 Mt 19,15) et pour guérir (Mc 6,5 Mc 7,32 Mc 8,23 Mc 8,25 Lc 13,13). Il a prescrit lui-même ce geste, pour la guérison des malades, à ses Apôtres qui en tiendront compte (Mc 16,18 Ac 6,6 Ac 8,17 Ac 9,12 1Tm 5,22 et // Ac 28). L'Eglise a gardé ce geste pour la confirmation, l'ordination, la réconciliation des pécheurs, l'onction des malades. Et ceci nous avertit que le contact sauveur avec le Christ nous est bien à présent donné dans et par les sacrements. Cf. J. coppens: L'imposition des mains... et Catholicisme, au dtc.

Il le suppliait d'entrer dans sa maison (Mt): Même demande que le Centurion, version Saint-Jean (§ 83 ), qui en était blâmé, alors qu'ici Jésus emboîte le pas. Dieu ne décide pas sur nos demandes, mais sur la foi que nous avons au coeur.

Mc 5,28-30; Lc 8,45-46; (Mt 9,21 — Cette croyance en la vertu physique émanant du corps du Christ se retrouve en Mc 3,10; 6,56 ou Lc 6,19; mais nulle part de façon plus patente qu'ici. Qui suspecterait « une attitude religieuse plutôt primitive », se verrait démenti par cet Évangile (suivant la remarque de J. potin, dans Ass. S. 13° D. ord. p. 40). C'est que Jésus a discerné la foi qu'exprimé ce besoin, même très matérialisé, de « toucher », aujourd'hui encore si populaire (par exemple baiser le rocher de la Grotte, à Lourdes). Foi dans l'Incarnation, dans le rôle du Corps même du Christ pour notre Salut :

Hilaire: Sur Mt IX (PL 9, 964-65) : La puissance du Seigneur habitant son corps donnait une efficacité aux moindres choses, et l'opération divine se communiquait jusqu'aux franges du vêtement. Car Dieu n'est pas divisible ni limité. Or, la foi atteint partout cette puissance divine qui est partout. Le fait d'assumer un corps n'enferma pas cette puissance, au contraire : c'est la puissance divine qui assuma la fragilité du corps pour la Rédemption. Et cette puissance est si infinie, si libérale, que l'oeuvre du Salut des hommes était présente jusque dans les franges du manteau du Christ.

// Ps 45,3 Ps 45,8-9 Ps 133,2 — Les noces du Verbe de Dieu avec la nature humaine font de Jésus « le Christ », le « Messie », l'Oint par excellence, imprégnant jusqu'à ses vêtements (cf. pc III, p. 207 et 209-210; et pc nb, p. 730).

Pour mieux apprécier le privilège que nous vaut la présence corporelle du Christ au milieu de nous, se rappeler l'inaccessibilité de Dieu, dans l’A.T. Tout spécialement, la guérison de 1 hémorroïsse illustre physiquement, extérieurement, l'effet sacramentel = < mystique > = caché parce que nous atteignant au plus profond, de la communion eucharistique. Le culte des reliques lui-même en est la pure application à toute « la communion des saints »...

// Nb 15,38-40 Lv 15,25-27 — Jusque dans son vêtement, Jésus tient compte de la Loi. Mais il est tellement < Le Saint > que le contact avec notre souillure, sans l'atteindre, nous purifie (cf. § 123 ) — Lc 7,39*).

Et aussitôt elle sut... Et aussitôt Jésus... (Mc 5,29 Mc 5,30 — L'acte (de foi) du toucher, et la parole d'approbation du Christ vont de pair.

Mc 5,30-34; Lc 8,46-48; (Mt 9,22 — L'Évangile donne bien cette « force » comme si réelle, que Jésus la < sent > sortir de Lui (Mc-Lc). Mt n'en parle pas, pour mettre en valeur l'efficacité de la Parole du Christ.

Jésus se retourna... et il regardait autour de lui : Comme le note J. Guillet, le temps presse pourtant, car la fille de Jaïre est mourante. Mais Jésus n'en donne pas moins son temps pour encourager la foi de l'hémorroïsse. Leçon de liberté, de disponibilité. Et en réalité, Il y gagne, puisque de simple guérison le miracle sur la fille de Jaïre deviendra résurrection, comme pour Lazare (Jésus-Christ hier et auJ. p. 99-100).

« Qui m'a touché? » : Ce n'est pas ignorance, puisqu'il va montrer qu'il connaît le coeur même de cette femme, tout comme Il sait ce qu'il adviendra de la fille de Jaïre: c'est pour saluer, honorer, remercier cette foi, et souligner le Pouvoir qu'elle a sur lui (à l'inverse, cf. § suivant, Mt 13,58).

Ta foi t'a sauvée: elle obtient plus que la guérison: le Salut et la Paix.


Mc 5,35-43 ; Lc 8,49-53 ; (Mt 9,23-26) // 1R 17,17-23 — Comme à Naïm (§ 105 ), la résurrection de la fille de Jaïre montre la transcendance du Christ, même par rapport aux deux grands prophètes de l’A.T. Élie ou Elisée (2R 4, en // au § 104 -105): Comme lorsqu'il commandait à la tempête (§ 141 ), Jésus n'a pas besoin de prier; il agit de sa propre autorité, si souveraine qu'il lui suffit de «prendre la main » de l'heureuse petite fille (// Is 43,13).

// Ep 5,14a — Dormir, s'éveiller, se lever, 3 verbes qui, en cette résurrection temporaire de la fille de Jaïre, nous annoncent qu'elle préfigure celle du chrétien dès ici-bas, mystiquement (comme l'indique le contexte d'Ep 5,14-16) — cf. J. potin, art. cit. p. 44-45).

Mc 5,43; Lc 8,56) — C'est le < secret messianique >* (cf. § 165 -166*).

p. 380

§ 144-145. Conclusion des « premiers temps »



§ 144. Jésus à Nazareth: Mt 13,54-58; Mc 6,1-6; (Lc 4,16-30)


(Mt 13,54-58 Mc 6,1-6 Lc 4,16-30)

 — Luc, nous gardant précieusement la teneur de l'homélie où Jésus, s'appliquant les prophéties du « Livre de la consolation » d'Isaïe, en fait son programme, racontait cette venue à Nazareth au début de la vie publique du Christ (voir § 30 *, où l'on trouvera le commentaire de ce qu'il y a de commun aux trois Evangélistes). Mais l'allusion aux miracles de Capharnaüm (Lc 4,23-27*) montrait déjà qu'en fait, cet épisode se situe bien plus tard. Précisément, Mt et Mc en font une conclusion de ces « premiers temps » (Pour Mt, cf. X. Léon-Dufour: Et. d'Év. p. 232 ss; pour Mc., L'Év. selon Marc, comme indiqué au § 115 *). Une conclusion qui est donc un aveu de l'échec de la prédication de l'Évangile d'abord faite aux foules. Jean le confirmera, à la fin du Discours sur le Pain de Vie (§ 164 ) — Jn 6,66*), qui fait suite à la multiplication des pains. Or, d'après les trois Synoptiques, elle se situe peu après Nazareth (§ 151 ) — Mt 14,13 ss). Enfin, le plan de Luc s'accorde à ce constat, comme on le verra au § 146 . Ainsi, suivant des voies diverses, les 4 Evangiles s'accordent sur la marche du drame.

Mt 13,54 Mc 6,1-2 Lc 4,16 // Gn 32,10-11 — Jésus revient en < Rabbi >, entouré de ses disciples, riche de ces deux « caravanes »: la sagesse de son enseignement et les miracles, signes de son Pouvoir divin. Dans la synagogue: § 30 *.

Mt 13,55-56 Mc 6,3 ; cf. Jn 6,42 au § 163 ) — Les frères de Jésus, ici nommés Jacques, Joseph, Simon et Jude. Expression déjà rencontrée: § 30 ) — Jn 2,12; § 122 ; cf. § 154 ) — Jn 7,3. Trois types d'interprétation:

- 1) Il s'agit de < frères > au sens strict, nés de Joseph et de Marie (qui ne serait donc pas restée vierge). Seuls à le soutenir dans la Tradition ancienne : Tertullien (d'orthodoxie douteuse) et Helvidius ; repris par la critique du XIX° - - début XX° (Guignebert), suspecte d'incroyance, et à présent révolue (arguments bien résumés et réfutés par H. Gazelles, dans « Catholicisme »).

— 2) demi-frères, nés d'un premier mariage de Joseph: Protévangile de Jacques (apocryphe II° siècle), Clément d'Alexandrie, Origène, Épiphane. Solution qui pourrait avoir valeur de tradition (H. Gazelles, Ibid. col. 1633).

— 3) En milieu sémitique, « frères » est à prendre au sens large de « parenté par le sang»: Lot, neveu d'Abraham (Gn 12,5) est dit son «frère» en Gn 14,14 Gn 14,16; Laban, oncle de Jacob (Gn 28,2) l'appelle son « frère » en Gn 29,15 (cf. encore Lv 10,4 1Ch 23,22). Les Évangiles eux-mêmes précisent que Jacques et José sont fils de « l'autre Marie » (Mt 28,1), « soeur de la Mère (de Jésus) et femme de Clopas » (Jn 19,25). La Sainte Vierge est donc la tante de Jacques et de José, qui sont à coup sûr seulement cousins du Christ. Probablement il en va de même de Jude — qui se dit « frère de Jacques » au début de son Épître — et de Simon, nommés à la suite de Jacques et de José, comme sur la même ligne. La démonstration de saint Jérôme est encore corroborée par l'importance de mieux en mieux reconnue des sources hébraïques des Évangiles (en hébreu, comme il n'y a pas de mot particulier pour les < cousins >, on se sert couramment de celui qui désigne les frères. Encore moins pourrait-on nier la virginité de Marie, affirmée par Matthieu comme par Luc (sur l'objection du « primogenitus », cf. § 9 ) — Lc 2,7*). Outre H. Gazelles, cf. M. Overney, très clair, dans « Nova et Vetera » 1931, p. 392-403 ; ou, plus exhaustif: J. Blinzler : Die Bruder und Schwestern Jésus, Stuttgart 1967. Sur Jacques — dit « le mineur » pour le distinguer de Jacques fils de Zébédée, frère de Jean — Apôtre et 1° évêque de Jérusalem, cf. le tableau de R. Laurentin : Év. de l'Enfance, p. 374.

Mt 13,57 Mc 6,3-4 Lc 4,24 // Jr 11,21 etc. — Ils se scandalisaient à son sujet: Sur le scandale, cf. § 55 ) — Mt 5,29-30*. Sur le Christ, comme pierre d'achoppement, cf. § 106 ) — Mt 11,6*, et la prophétie de Syméon, au § 11 - Lc 2,34*. Un prophète est honoré, excepté dans sa patrie : cf. § 30 ) — Lc 4,24*. Jésus y référait aux figures d'Élie et d'Elisée, qui l'annonçaient, lui et sa puissance de résurrection (§ précédent — Mc 5,35-43 et //). Les plaintes de Jérémie, données ici en //, ne sont pas moins typiques.

Mt 13,58 Mc 6,6Origène: Sur Mt x, 19 (PG 13, 884): « Il ne fit que peu de miracles, à cause de leur manque de foi ». Marc dit même qu'il < ne pouvait pas > faire de miracles. Il ne dit pas « ne voulait pas », mais « ne pouvait pas », comme si le miracle était aidé par la foi de son bénéficiaire, et au contraire empêché par le manque de foi. Notons qu'aux disciples qui l'interrogent disant: «Pourquoi n'avons-nous pas pu chasser les démons? », le Christ répond: « à cause de votre incrédulité » ; et à Pierre qui enfonçait dans la mer: « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Par contre, la femme qui ne demandait même pas à être guérie, mais pensait seulement qu'en touchant la frange du vêtement elle serait sauvée, fut guérie aussitôt; et le Seigneur lui-même reconnaît la cause de cette guérison: « Qui m'a touché? dit-il, une puissance est sortie de moi ». De même qu'il existe une sorte d'attraction entre certaines substances matérielles, par exemple entre l'aimant et le fer, il y en a une aussi entre la foi et la puissance divine. C’est pourquoi le Christ dit: « Si vous aviez la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à cette montagne : « Change de place », et elle se déplacerait... »

... Cependant, la puissance divine garde toujours son efficacité, même quand la foi manque ; et c'est la puissance divine qui fait le miracle, même si la foi est grande.

p. 381

§ 145. Mission des douze : Mc 6,7-13 ; Lc 9,1-6 ; (Mt 10,1-14)


(Mc 6,7-13 Lc 9,1-6 Mt 10,1-14)

— Cf. l'introduction aux § 97 -104, et § 98 *-99* (surtout à partir de Mt 10,9-10*).

// Sg 12,3-4 Sg 12,8 Sg 12,16-19 — Le Dieu de l’A.T. proclamait le même < Kérygme > que le Christ, donnant possibilité à la conversion, au repentir et à la pénitence (v. 19). Mais c'est tout ce passage de Sg 11,21 à 12,1 et de 12,12 à 22 qui témoigne, de façon grandiose, en faveur de l'union, en Dieu, de la Justice, de la Toute-Puissance et de la Miséricorde — qu'il serait stupide d'opposer, et qui mérite plutôt notre action de grâce émerveillée pour le don de Dieu, si mal compris et reçu des hommes...





III. JÉSUS PRÉPARE L’AVENIR PARAGRAPHES 146 À 278







1. LA CONCEPTION DE L'ÉGLISE (§ 146-182).





Saint-Marc clôt le cycle des « Premiers Temps » par une série de correspondances inclusives*. La mort de Jean-Baptiste (6,14-29) répond à la première annonce de sa captivité (1,14); la prédication des Apôtres « pour que les hommes fassent pénitence » (6,12), à la proclamation de l'Évangile: « Convertissez-vous et croyez » (1,15); l'envoi des Apôtres, deux par deux, aux premières vocations deux par deux (6,7 et 1,16-20). Jésus prend par la main la fille de Jaïre et lui dit « Lève-toi » comme Il avait fait de la belle-mère de Simon Pierre (5,41 et 1,31); Il expulse les démons du possédé de Gérasa comme du démoniaque de Capharnaüm, et se voit reconnu ici comme « le Saint de Dieu », là comme « le Fils du Dieu Très-Haut » (5,7 et 1,24) — sur ces rapprochements, cf. b. stan-daert: L'Év. selon Mc, p. 263 ss).

Avec Mc 6,14, commence donc une nouvelle section, centrale, qui nous mènera jusqu'à la veille des Rameaux: Mc 10,52 (schéma de cette section dans B. Standoert, p. 148). Or le début de cette seconde étape correspond à ce que L. Cerfaux appelle « la section des pains » (Mc 6,31 à 8,26 ou Mt 14,13 à 16,12), mais dont il a montré qu'elle témoignait surtout d'un souci plus marqué de formation des Apôtres, et qui aboutit à la confession de foi de Pierre à Césarée (Mt 16,13 ss). Ce que confirment Lc 9 et Jn 6, même si la structure de leur Evangile est par ailleurs différente (pour Lc, cf. e.e. ellis: La composition de Lc 9 betl Lc 40, p. 193-94 pour Jn, cf. bussche, p. 56 et 209 ss).

Suivant les conclusions de X. Léon-Dufour, complétant L. Cerfaux et h.J. Held, on peut schématiser ainsi le mouvement de l'Évangile (Et. d'Év. p. 231-256): Après l'échec auprès des foules,

- 1) devant les soupçons d'Hérode, Jésus se retire*: 1° multiplication des pains, marche sur les eaux, guérisons (= Mt 14, § 146 -147 et § 151 -153);

— 2) à la suite de sa controverse avec des Pharisiens, Jésus se retire: la Cananéenne, guérisons, 2° multiplication des pains (= Mt 15, § 154 -159);

- 3) refusant aux Pharisiens « le signe venant du ciel », Jésus s'en va: leçon tirée de la multiplication des pains, profession de foi de Pierre (Mt 16,1-20, § 160 -162. § 165 );

— Conclusion: 1° annonce de la Passion et Transfiguration, puis discours sur l'Église (Mt 16,21-18,35, § 165 -182).

En somme, après l'échec de l'évangélisation en direct (§ 144 * et § 164 *), Jésus « conçoit » l'Église pour prendre le relais et Le transmettre Lui-même, Verbe de Dieu, aux générations à venir, par l'Évangile et les sacrements. Conception qui est non seulement dessein de l'Esprit (divin), mais enfantement progressif du Germe de Vie qu'est le Verbe incarné, et qui nourrit et forme peu à peu son Corps, jusqu'à le faire naître douloureusement de son sacrifice — Cène et Calvaire — à la Pentecôte.

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Bible chrétienne Evang. - § 138. Le filet: Mt 13,47-50 //Jr 48,44 Ha 1,14-15 Os 7,12 Ps 66,10-11 Ps 116,3-4 Ps 116,8-9