Bible chrétienne Evang. - § 259. La femme adultère: Jn 8,1-11

§ 259. La femme adultère: Jn 8,1-11


(Jn 8,1-11)

— On s'accorde à tenir ce passage (à partir de 7,53) pour ajouté à l'Évangile selon Saint-Jean: vocabulaire et style sont assez différents ; les principaux manuscrits l'omettent, ou le placent ailleurs: après 8,36, ou 44, ou à la fin de l'Évangile, ou même après Lc 21,38) — ce qui conviendrait fort bien à cet Évangile de la miséricorde: Lc 5,32; 6,36-37; 7,36-50; 15; 19,1-10. Mais la tradition en est très ancienne (1° trace : Papias, 1° moitié du II° siècle, d'après Eusèbe) ; son historicité est généralement admise; il a même valeur inspirée, sacrée, que tout ce qui est reconnu comme faisant partie intégrante des Écritures; l'Église lui attache même une telle importance qu'elle le proclame un dimanche (5° de Carême; voir Ass.S. n, n° 18, p. 55-65).

Jn 8,1-5) — Première mention des nuits au mont des Oliviers : cf. Mc 11,11.19; Lc 21,37; Jn 18,2. Sans doute pour cette prière nocturne pratiquée en Galilée (Mc 1,35 Lc 6,12 Jn 6,15). Opposition habituelle : le peuple < vient à Lui >* ; scribes et Pharisiens par contre, cherchent à le prendre en flagrant délit de contradiction avec la Loi mosaïque.

// Mb 5,12-16; Dt 17,5 Dt 17,7 Dt 22,22 — Le prêtre lofera tenir debout devant Yahvé : C'est ce qui se réalise ici à la lettre, puisque Jésus, c'est Dieu ; et que les Pharisiens « placent la femme au milieu » (v. 3), « debout » (v. 9). Jésus n'est d'ailleurs pas moins exigeant que la Loi mosaïque : cf. // Mt 5,27, c'est par amour

A. Guillerand: L'Abîme de Dieu, p. 297 : En face de cette femme coupable, horriblement humiliée et qui doit souffrir le martyre, et de ces hommes sans coeur qui ne songent qu'à leur haine sous le couvert du zèle, Lui qui sait le secret des consciences et des conduites il rétablit cette vérité qu'au-dessus de la Loi qui punit les fautes connues il y a la justice du Législateur qui frappe les culpabilités masquées sous des dehors de vertus. C'était le fond de la révolution qu'il venait opérer... Le Dieu qui est Esprit, Esprit d'amour, mouvement qui se donne, dans lequel il n'y a pas de surface, mais une profondeur infinie, un Être tout en profondeur et en dedans, où des relations uniquement intérieures mettent trois Personnes en possession de ce même Etre qu'elles se communiquent sans réserve et sans fin, où il n'y a que Lumière égale à l'Etre, identique à lui, et Amour identique et égal à la Lumière et à l'Être, où l'une voit tout ce que voit l'autre, où les trois s'unissent en cette vision qui est la vision de leur amour, où cette union qui ne fait qu'un avec leur vision et avec elles-mêmes est leur vie éternelle... ce Dieu était entièrement absent de ces coeurs où régnait la haine.

Jn 8,6 // Ez 33,11 2S 11,2 2S 11,4-5 2S 11,12-13 — Pour le tenter : Ce qui « tente » le Christ, c'est la miséricorde... Quelle merveille ! Mais c'est en cela même qu'il se conduit comme Dieu, comme le Yahvé de l’A.T. : outre le // Ez 33,11, voir les deux grandes hymnes à la Miséricorde : Ps 103,8-14, en // au § 40 ; et Sg 12,16-19, en // au § 145 .

Jésus, penché en avant, écrivait : une façon de ne pas regarder cette femme dans sa honte, et de signifier que, Lui à qui le Père a remis le pouvoir du Jugement § 149 — Jn 5,27) « ne juge — au sens de condamner — personne » (v. 11 et 15) et veut s'abstenir d'avoir à se prononcer. La fonction d'accusateur se nomme < Satan >* ; Dieu, Lui, « se tient à la droite du pauvre pour le sauver de ceux qui jugeaient son âme » (Ps 109,6 et 31).

Jn 8,7-11 // Mt7,l ; Rm3, 23-24) — Par contre, Jésus se redresse pour regarder les accusateurs. Sa réponse est conforme à l'avertissement que constituait la parabole de la paille et de la poutre (Mt 7,3-5). Il ne contredit pas la Loi de Moïse, mais Il fait prendre conscience de ce que développera saint Paul (// Rm 3,23-24): en justice, qui ne serait condamnable (Ga 3,10-11)? Le Salut est grâce, don, amour de Dieu; donc pour l'homme, humble gratitude et fraternelle compréhension des faiblesses du prochain.

Jésus resta seul, et la femme était là, debout : « Ils sont restés tous les deux : la misère et la miséricorde... Nous avons entendu la réponse de sa justice (aux Pharisiens), écoutons la voix de sa douceur » (Augustin: Sur Jn, tr. 33,5-6) — Pl 35,1650; Vives 9, p. 609):

Je ne te condamne pas. Va et ne pèche plus : « Le Seigneur condamne donc, mais le péché, non pas l'homme », qu'il est venu racheter de ses péchés (Augustin : ).

p. 521

§ 260. Le Christ et son père : Jn 8,12-30


(Jn 8,12-30)

— Par-delà l'intermède (Femme adultère), le chapitre 8 est la suite directe de la question sur les origines du ch. 7. Comme d'habitude, Saint-Jean revient sur ce qui a déjà été dit, pour l'approfondir. C'est ainsi que, dès le ch. 5, Jésus avait parlé de ses rapports avec le Père; mais il s'agissait alors de « ses oeuvres » : non seulement du miracle en cause (paralytique de Béthesda), mais du Jugement pour la Résurrection que le Père Lui a confié. Au ch. 7, à partir de son enseignement et des doutes sur ses origines humaines, localisées, le Christ a commencé de révéler plus directement ce qu'il va compléter maintenant: sa relation au Père n'est pas seulement d'union dans l'action, mais constitutive de ce qu'il EST.

Jn 8,12-20) — Jésus leur parla encore : Introduction qui paraît banale (cf. v. 21). Mais le verbe ne signifie pas seulement < dire >, mais « publier un message divin, annoncer la Parole » — et donc une « parole de Révélation ». C'est ce même verbe < Laleïn > qu'on retrouve au v. 20, renforcé du complément < Rhêma >*, et faisant par conséquent inclusion*. Ainsi se trouve bien cadré un premier ensemble, qui va des v. 12 à 20. Nous y suivrons J.P. Charlier, dans RB 1960, p. 503-515. Cf. v. 25 b*.

Jn 8,12 // Is 60,1-3 Ex 13,21 Ps 89,16 Ps 27,1 — Comme la promesse des eaux-vives (7,37-39*), cette déclaration se rapporte sans doute à une cérémonie de la fête des Tentes : à la tombée du jour en effet, lorsqu'on allumait les lampadaires du Temple, on célébrait la Lumière. Ce que Jésus proclame, c'est donc le transfert en Lui de ce que signifiaient les rites de l'Ancienne Alliance. Cette « lumière au temps du soir » annoncée par Zacharie dans cette même prophétie sur la fête des tentes messianique (// Za 14,6-7 sur la suite de cette prophétie, v. Za 8-16, cf. § 258 — Jn 7,38*, 1. les prophéties), le Christ-Lumière en est l'accomplissement*.

Dès le Prologue, nous avions été avertis que « le Verbe est la Lumière véritable » (< Alèthinos > = d'ordre céleste, comme le rappellent ici les // de l’A.T...), de même qu'il est la Vie. Effectivement, Jésus se déclare ici la Lumière, la Vie, et entre deux Il parle de « faire la route avec moi » et de « marcher » — appel classique à se faire disciple en Le suivant (1,37*) — sans quoi l'on ne peut discerner la Vérité de sa doctrine (7,17). Donc c'est déjà l'équivalent de 14, 6 : « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie ». — Sur la Lumière : 1,4-5.9; 3,20-21 ; 9,5; 11,9-10; 12,35-36.46. Sur la Vérité, dans la suite de ce ch. 8 voir aux v. 32* et 44*.

Jn 8,13-18 // Dt 19,15 1Jn 5,9 — L'objection des Pharisiens pourrait paraître juste. Jésus n'a-t-il pas reconnu expressément au ch. 5,31 : « Si je me rends témoignage à moi-même, mon témoignage n'est pas digne de foi » ? C'est si vrai qu'il avait alors allégué d'autres témoignages : Jean-Baptiste, ses miracles, son Père, Moïse et ta.T. qui l'annonce. Pourquoi, cette fois, n'y revient-il pas ?


C'est qu'à présent, il ne s'agit plus précisément de « ses oeuvres », ni même de sa « venue », dont Jean-Baptiste pouvait témoigner, mais de ses origines: « d'où je suis venu (7,27.41-42.52) et où je vais » (7,33-36*). Sur cette question, les gens avaient plus raison encore qu'ils ne le pensaient : « nul ne peut savoir d'où est le Christ » (7,27). C'est que, savoir son origine, ce serait pénétrer le mystère de la vie trinitaire, que Jésus seul peut connaître et nous ré vêler parce qu'il en naît :

Dom Guillerand : L'Abîme de Dieu, p. 287 : Sa connaissance repose sur son origine et ne fait qu'un avec elle ; il sait son Père parce qu'il est son Fils; c'est ce rapport qui le lui révèle et qui lui montre en même temps le lien dont ils sont éternellement unis et embrassés. Il voit son Père dans le mouvement même de son Être infini qui se communique à lui; il le voit dans la lumière de son amour qui le meut à se donner ; il voit que ce mouvement c est son Être et qu'il le lui donne tout entier; et il voit que sa mission n'est que le prolongement jusqu'à la terre de ce don qui est leur esprit mutuel et leur Vie.

D'où la réponse du Christ au v. 14 : De ce mystère de la Trinité, il est évident que peuvent seuls porter un témoignage* digne de foi parce qu'authentique (< Alèthès >*) ceux qui en vivent, donc Lui-même et son Père. Plus tard, quand Il annoncera le Saint-Esprit à ses Apôtres, Il ajoutera que Celui-ci lui « rendra témoignage » § 330 — Jn 15,26).

Vous jugez selon la chair (v. 15-16) : C'est davantage que le « ne jugez pas sur l'apparence » de 7,24. « La chair », c'est très exactement celle de l'Incarnation, par laquelle Jésus se présente comme un homme (1,14). Juger selon la chair, c'est ne voir en Jésus que l'homme (qu'il est). Comparer avec § 165 — Mt 16,17 : « Ni la chair ni le sang ». Lui, Jésus, ne juge pas de ce point de vue < de la chair >, extérieur, passager, mais d'un jugement qui atteint le fond de l'être et qui est donc jugement < dernier >, éternel : jugement < alèthinos > (v. 16), digne de foi parce que d'ordre divin (ces v. 15-16 sont une reprise de ce qu'avait développé le ch. 5). Sur ce jugement, cf. 3,17-21 ; 5,22-30; 9,39; 12,47.


Jn 8,21-30; // Ez 33,13 1Co 15,45-49 — Reprise de la question des origines, sous la forme non plus < d'où vient Jésus >, mais < où il va > (7,33-36). Avec le même avertissement : « où je vais, vous ne pouvez venir », mais en donnant cette fois l’explication : « Vous mourrez dans vos péchés » : empêchement non de lieu, mais d'état spirituel. La distinction des deux ordres est clairement marquée, jusqu'à l’opposition : l'en bas et l'en haut, la terre et < le Père qui est au deux >, le monde et « le Royaume qui n'est pas de ce monde » (18,36), la mort du péché et la Vie sur-naturelle. Pour passer de l'un à l'autre ordre, la condition : croire = s'engager à la suite du Christ et faire route avec Lui (v. 12). Sinon, la mort ! (répété par deux fois aux v. 23-24 + déjà au v. 21).

Jn 8,24 // Dt 32,39 Is 43,10-11 Ex 3,14-15 Ps 102,28 Ps 90,2 — Si vous ne croyez pas que je suis: Cet emploi à l'absolu (sans complément ni attribut) du verbe être, à la première personne du présent, va se retrouver 3 fois de suite dans ce chapitre: ici au v. 24, puis au v. 28 et au v. 58. Il revient au ch. 13,19, et de façon moins nette en 4,25-26 (Samaritaine); 6,20 (Jésus marchant sur les eaux); 18,5 (arrestation). Peut être traduit soit : Je suis (mettant le verbe être en valeur), soit : c'est moi, où le sujet, devenant attribut, se trouve désigné (Cf. A. Feuillet: Les < Ego eimi > christologiques...).

En ce deuxième sens, familier surtout au Deutéro-Isaïe (// 43,10 ; cf. 41,4 et 46,4, en BC I / Pi et Ra), mais que l'on voit aussi dans Dt 32,39, ce moi est celui de Yahvé, « premier et dernier », donc Dieu éternel, unique et Sauveur. Mais le je suis est également Nom divin, depuis la révélation initiale du Buisson ardent (// Ex 3,14-15 — voir Bc I*, p. 210; et Ps 90 ou 102). Dans l’A.T., l'expression prend ainsi 3 sens principaux: 1) de révélation: « Je suis Yahvé » (Gn 28,13 Is 45,5-6 Is 45,18 Is 45,21-22 Os 13,4); 2) d'engagement à une promesse, ou bien au contraire dans un précepte rendu impératif du fait que < c'est Moi > l'a prescrit (Ex 6,6 Ex 20,2-3) ; 3) d'avertissement que Dieu intervient dans l'histoire des hommes — avec généralement le ton menaçant du « et vous saurez que je suis Yahvé » (Ex 7,5 et surtout Ézéchiel, Ex 75 fois).

Que l'on traduise « Je suis » ou « c'est Moi », ce qu'il y a de commun à toutes ces acceptions, c'est qu'elles réfèrent à Dieu, dans ce qu'il a d'unique et de transcendant. Par conséquent, c'est pour le Christ une nouvelle façon d'affirmer qu' // Est Dieu. Au v. 24, en manière d'avertissement préalable = C'est maintenant qu'il faut croire = reconnaître en lui, Jésus, la présence de Yahvé, fulgurante comme ce péremptoire : « C'est moi, je suis, en dehors de moi, vous mourrez ! » Au v. 28, à l'inverse, la menace est pour après coup, comme dans Ézéchiel : « Après que vous m'aurez fait mourir, alors éclatera que je suis ». Enfin, au v. 58*, le contexte rend claire l'affirmation que Jésus est bien le Dieu éternel. Il est capable par conséquent de savoir ce qui, au regard de notre existence qui se déroule au flux du temps, est encore un à-venir aléatoire (c'est ce que précisera 13,19*).

Il est tout aussi indiqué de reconnaître que le Christ affirme sa transcendance divine lorsqu'il rejoint ses disciples en marchant sur les eaux (Jn 6,20). Or le même « C'est Moi » se trouve dans les // Mt 14,27 et Mc 6,50 à ce propos, A. Feuillet montre comment, sous des formes diverses, les Synoptiques n'impliquent pas moins la divinité du Christ que Saint-Jean (art.cit. p. 222-235 : une fois de plus, c'est la Concordantia discordantium).

Jn 8,25-27 // He 1,1-2 Rm 3,4 — Que la déclaration du v. 25 ait été mystérieuse pour ses premiers auditeurs (et même encore pour nous), on le voit bien à leur réaction: « Toi (peut répondre au: C'est Moi), qui es-tu7 Que pourtant le Christ cherche ici à révéler son identité divine, cela ressort du fait qu'il accumule dans cette controverse les titres auxquels nous sommes à présent habitués, mais qui sont, quand on y pense, faramineux. Enfin, qu'est-ce que c'est que cet homme, fils de charpentier, sorti de Nazareth, qui vient se proclamer tranquillement « la Lumière du monde », se dit le Fils (l'Unique), L'Envoyé du Père, sorti de Dieu (v. 42*), le Fils de l'homme* (v. 28), la Vérité, le Libérateur (v. 32*), sans péché (v. 46*), capable de communiquer la vie éternelle (v. 51-58*)?...

— Depuis le commencement, cela même que je vous dis : Encore une réponse qui, dans sa littéralité (telle que nous la traduisons), est bien énigmatique.

Pour l'interpréter, il faut tenir compte du contexte. Dès 1899 (rb, p. 409-412) condamin avait raison d'insister sur la répétition du verbe qui encadrait déjà le passage précédent (12-20*), avec le sens fort, que nous avions alors indiqué, d'une < parole de révélation > : « Cela même que je vous dis (v. 25)... J'ai beaucoup à dire... Ce que j'ai entendu, c'est cela que je dis (v. 26... Je parle comme le Père m'a enseigné » (v. 28). Ce même mot reviendra encore aux v. 30.38.40.43) — et sinon littéralement, du moins pour le sens, au v. 45 en liaison avec le v. 44.

Il semble que ce soit simplement une réponse du tac au tac : « Qui es-tu ? — « Ce que je vous dis (au sens de : ce que je vous révèle). Autrement dit : « Je suis ce que je vous dis », je suis ma parole même. Ma révélation, c'est Moi (v. 24), dans mon Être de Verbe — incarné, mais dont la nature est bien celle du Verbe éternel. Le v. 26 explicite alors : « Ma parole est vraie parce qu'elle est celle du Père (= Jn 7,16). Je ne suis que la Parole du Père. En ma parole (qui est moi, Verbe du Père), celui qui se révèle, c'est le Père (= v. 27), et c'est cette Parole qui vous jugera (v. 26 a; cf. 12,48). La traduction admise par Knabenbauer, adoptée par Osty : « Absolument ce que je vous dis, reviendrait à ce sens : Je suis absolument ma Parole. Mais elle a l'inconvénient de minimiser le mot pourtant mis en avant : < tèn Archèn >, comme Condamin l'objectait déjà.

Cette expression signifie plus probablement : « à l'origine, d'abord, avant tout, depuis le début ». Mais c'est aussi le mot par lequel Saint-Jean ouvre son Évangile : « Au commencement... Au principe... » § 1 — Jn 1,1 et ses //, de Gn 1,1 à 1Jn 2,13). Quelle tentation de traduire, comme la Vulgate : « Qui es-tu ? — Le Principe, moi qui vous parle » ! Mais on objecte : impossible, car le mot devrait être au nominatif alors que c'est indubitablement un accusatif.

On peut cependant voir en cet accusatif l'effet d'une « apostrophe véhémente », sous-entendant le verbe : je vous dis que (Grammaire de Burnouf, p. 263), et d'autant plus qu'ici, il y a même expressément ce « je vous dis ». À une question cinglante, réponse également percutante : « C'est Moi — Toi, qui es-tu ? — Ce que je vous dis être : Le Principe ! » (construction elliptique ainsi rétablie: « O ti kai lalô umin [Mc] tèn Archèn [einai] »). On n'est pas si loin de la Vulgate, et il faut avouer qu'ainsi détaché en tête, ce < Principe > doit bien avoir quelque rapport avec Jn 1,1 ou Gn 1,1, puisque la construction même semble faite pour l'évoquer...

Si l'on s'en tient au « Depuis le commencement » (la traduction à laquelle, par prudence, nous nous rallions), cela peut prendre un tour banal, excédé : « ce que je ne fais que vous dire, depuis le début ». Mais dans un chapitre où Jésus va réclamer qu'il est contemporain d'Abraham, le tour transcendant qu'a pris la controverse demande que ce « commencement » soit celui de toute la révélation, et qu'en Jésus parle ici le Verbe, qui nous révèle l'amour de Dieu (= le Père) à travers toutes les Écritures. En ce sens, on traduirait volontiers « Depuis le commencement, c'est Moi qui vous parle », comme le confirme le // He 1,2 He 1, au // Rm 3,4, il montre que le v. 26 amorce le thème de la Vérité qui va devenir dominant au paragraphe suivant.

Jn 8,28) — Quand vous aurez exalté le Fils de l'homme : dans le prolongement du v. 24* (je suis). Exalté, parce que l'Évangéliste joue sur le verbe « élever », signifiant à la fois la mise en croix et la glorification que constitue le sacrifice même du Christ, comme le développera Jn 12,28-33* et 13,31-32*.

Je ne fais rien de moi-même = Jn 5,19 ss. Je parle comme le Père m'a enseigné = Jn 7,16; 12,49; 14,10. La révélation de l'Être trinitaire du Christ est constante, comme l'impliquait le « ce que je ne cesse de vous dire depuis le début » (v. 25) — mais elle progresse.

Jn 8,29-30 // Ex 3,12 Gn 39,3-4 Jos 1,5 1S 10,7 Jr 1,8 Am 5,14 etc. C'est le souhait par excellence, de Booz (Rt 2,4) aux chrétiens: « Le Seigneur soit avec vous ». Mais Jésus peut le dire en un sens unique, révélateur de son Être trinitaire, éternellement (Jn 1,1-2*).

Le Père ne me laisse jamais seul : « Une de ces déclarations soudaines où tant de doctrine profonde se mêle à toute la tendresse ineffable des relations de la vie divine. Ce sont des éclairs dans la nuit de ces discussions et de ces âmes que la haine conduit. C'est quand on lui pose la question directe de son origine et de ses rapports avec son Père que brillent ces éclairs » (Dom Guillerand : L'Abîme de Dieu, p. 310).

Sa volonté, c'est cela que je fais toujours : cf. Mt 3,17 b* et Jn 5,19-20*.

p. 525

§ 261. Les enfants d’Abraham : Jn 8,31-59


(Jn 8,31-59)

— C'est la suite du dialogue commencé en 7,15. Aussi le thème fondamental de l'origine du Christ et de sa Parole — ou mieux : du Christ en sa Parole, puisque Christ et Parole, c'est tout un (cf. v. 25) — donc aussi du rapport avec son Père dont Il est la Parole et le Révélateur (v. 55), revient-il constamment : v. 38.40.42.46.47.49.50.54-55, et culmine au v. 58*. En ce débat, le Christ joue sa vie humaine, comme le confirme la conclusion (v. 59); Il en est parfaitement conscient et le dit (v. 37.40.44; cf. 7,19-20.25). Mais il y a un élargissement des perspectives, car il ne s'agit plus seulement de Jésus tout seul, mais aussi bien de ses disciples, qui ont à demeurer dans sa parole (v. 31.37) pour être, par sa vérité (v. 32.40.45.47), libérés de l'esclavage du démon menteur (v. 32.44), et filialisés (v. 35-36.47.54).

L'opposition déjà signalée au v. 23 entre « l'en bas et l'en haut », ce Monde* et le Royaume, se manifeste sur toute la ligne: « ne pas écouter » ou «écouter» (v. 43.46-47), extériorité ou intériorisation de la Parole (v. 43.47.51), esclaves du péché ou sans péché (34.45), fils d'Abraham et de Dieu, ou du diable (v. 38-39.41.44.47 b), mensonge ou vérité (v. 44-45 §i 32), ténèbres et Lumière (v. 12), mort et vie (v. 51-52 et 24), temps et Éternité (v. 52-58). Du sommet où nous sommes, se dessine la ligne de partage des eaux, et la simplicité des antithèses johanniques est une invitation à entrer résolument dans le choix, libre mais nécessaire.

Jn 8,31 a — Jésus parle maintenant « à ceux des Juifs qui l'avaient cru ». Contrairement à ce que suppose C.H. Dodd (rhpr 1957, p. 6-7), ce n'est plus l'auditoire de ceux qui, à la fin du paragraphe précédent, « ont cru en Lui » (v. 30). On a vu en effet que chez Saint-Jean, cette dernière expression désigne l'engagement dans la foi, tandis que « croire quelqu'un » c'est seulement admettre comme vrai ce qu'il affirme, sans aller plus loin § 77 — Jn 2,23-25* — Cf. I. de la Potterie: La Vérité... n, p. 842-44. Nous suivrons son analyse des v. 31-36, p. 789-866). Jésus invite précisément ces auditeurs, encore sur leur quant-à-soi, à devenir ses disciples (v. 31-36*) — mais sans succès parce qu'ils pensent suffisant d'être de la descendance d'Abraham. D'où la sévérité du Christ, les assimilant à ses adversaires les plus acharnés (puisqu'il leur reproche même de vouloir le tuer). « Qui n'est pas avec moi est contre moi » § 117 — Mt 12,30*) : ne pas devenir libres fils de Dieu, c'est garder le Diable pour père et tyran (v. 44). Entre les deux, il n'y a pas de position neutre.

Jn 8,31 b-36) — La structure et la progression de ce premier ensemble sont bien marquées : Par deux fois, Jésus indique la condition () pour « être vraiment ses disciples », ou pour « être réellement libres ». Au v. 31, cette condition est de « demeurer dans ma Parole = être libérés par sa Vérité » ; au v. 36, être libérés par le Fils. On passe de l'une à l'autre condition par l'objection des auditeurs, qui introduit le thème de la filiation, sur lequel va courir la suite de l'entretien (v. 33-35).

Si vous demeurez dans ma Parole : Un verbe cher à Saint-Jean, impliquant à la fois intériorisation et continuité (8,35; 6,56; 14,10.23; 15,4-10). « Demeurer dans ma Parole » se trouvait déjà en 5,38 ; il reviendra en 15,7, s'adressant cette fois aux Apôtres (on voit bien que c'est la formule propre à Jn, et plus intériorisée, des rapports entre disciple et Maître : « suivre », et « rester avec ». La suite va préciser que cela suppose de donner accès en nous à cette Parole (v. 37), en écoutant et croyant (v. 43.46-47), puis de la « garder » (v. 51.52.55) — revient en 12,47, et plus explicitement en 14,15*.21.23.24; 15,10; 17,6).

Car cette parole n'est pas comme les autres (7,46): c'est la Parole qu'est Jésus lui-même, Verbe incarné, Parole du Père (7,16-18.28-29; 8,16-19.25*, 28-29) — et par la suite, v. 38.40.42.47): ce ne sera pas faute d'insistance de l'Évangile si nous n'entrons pas dans ce mystère de l'identification de Jésus et de la Parole que nous adresse, nous envoie, le Père. On devine déjà le lien entre « ma Parole de Vérité vous rendra libres », et « le Fils nous libère » (v. 31 et 36).

Jn 8,32 // Ps 119,160 Ps 119,169-170 Ps 86,11 Tb 1,3 Ex 6,5-7 Lv 26,13 La Vérité est celle de Dieu (= est Dieu même), puisqu'on la connaît par adhésion-foi à « la Parole de Vérité » (Jn 17,17) — Christ — Verbe de Dieu incarné, « plein de grâce et de vérité » (1,14.17; 14,6), témoin de la Vérité (Jn 18,37-38), et à l'Esprit de Vérité de sorte que nous soyons nous-mêmes « consacrés dans la vérité » (17,19). Dès l’A.T., la Parole de Dieu était tenue pour voie de vérité et de délivrance : // Ps 119; 86; et Tb 1,3.

vous serez vraiment mes disciples, et vous connaîtrez la vérité: il y a séquence. D'abord être vraiment', alors la connaissance de la vérité ne sera pas seulement idéologique, mais identifiante et transformante, et libératrice.

vous rendre libres : une liberté qui doit être du même ordre que la Vérité et la Parole qui la porte; donc bien plus fondamentalement qu'une liberté sociale ou politique. L'Exode est une préfiguration de la libération à laquelle Dieu nous invite : à partir de ce que signifiait l'esclavage de l'Egypte (// Ex 6,5-7 Lv 26,13) et l'engagement à la Loi de l'Alliance (// Lv 25,42) — cf. BC I*, p. 202, 206 et 212). C'est en ce sens que le judaïsme identifiait « la soumission à Dieu et l'obéissance à sa Loi, à la vraie liberté et l'authentique filiation... Ces thèmes sont ici transposés typologiquement en un sens christologique : Jésus nous libère de la servitude du péché ; il nous obtient cette liberté par sa Vérité » (Vérité, p. 813 et 825).

Jn 8,33-34 // Ne 9,36 Rm 6,16-18 2P 2,19 Si 47,19 — Politiquement, depuis le Retour d'Exil (// Né) les Juifs ne sont plus libres ; notamment, au temps du Christ, sous Occupation romaine. Les objectants se placent donc bien d'emblée sur un plan religieux. Mais en se fiant à leur appartenance généalogique à la « Descendance d'Abraham », ils tombent dans l'illusion déjà dénoncée par Jean-Baptiste § 20 — Mt 3,9-10*; cf. § 84 — Mt 8,11-12*).

Le débat va donc prendre un tour nouveau, sur le thème de la filiation : « descendance » (v. 33.37), « enfants » (v. 39), « fils » (v. 35-36), avec surtout la question du vrai « père » (v. 38.39.41.42.44). Aussi, la réplique du Christ est solennelle : « Amen, amen, je vous le dis... »

quiconque fait le péché: Non pas des péchés, mais le péché. D'après les rapprochements avec 1Jn 3,4, il s'agit du péché fondamental d'incrédulité, du rejet de la vérité du Christ, Fils de Dieu (Vérité, p. 829-830).

est esclave: « du péché » serait une addition, dans l'esprit de Rm 6,16-23 et 7,14-25, ou de 2P 2,19, mais aussi des Sapientiaux (voir //). En réalité, l'esclavage que Jésus dénonce est plus précisément ici, semble-t-il, celui dont témoigne cette incrédulité, cette incapacité de croire elle-même, signe et effet d'un esclavage plus profond, sur lequel vont revenir les v. 37 à 47: l'asservissement au Diable. En 1Jn 2,13-14, c'est la même condition : « Que la Parole de Dieu demeure en vous », qui assure « la victoire sur le Mauvais » (autre image de la même libération de cet esclavage).

Jn 8,35-36 // Gn 21,10-14 Ga 4,24 2Co 3,7-17 — L'esclave n'est pas dans la maison pour toujours : L'expulsion d'Agar et d'Ismaël en est un exemple. Mais les termes de l'Évangile laissent pressentir qu'ils ont en eux-mêmes valeur de parabole : « pour toujours » peut s'entendre premièrement : pour l'éternité; dans la maison est dit par un mot désignant plutôt les habitants de la maison, donc la famille (Jn 4,53), si bien que la Tradition ancienne peut donner à l'expression : « demeurer dans la maison du Père » un sens équivalent à: « vivre auprès du Père » (v. 38). Comme dans la parabole du Prodigue: « Mon enfant, tu es toujours avec moi » § 232 — Lc 15,31*); mais plus encore, comme dans la Trinité (Jn 1,1-2). Par conséquent aussi, le verbe demeurer dans, reprenant celui du v. 32*, indique « la permanence dans les rapports personnels de communion avec Dieu ou avec le Christ ». Ainsi, dès le v. 35 a, tout désigne dans « le fils » de 35 b, le Fils unique de Dieu, du v. 36.

Si le Fils vous libère, vous serez réellement libres : Le mouvement de la phrase est encore plus explicite si, avec Th. preiss, on reconnaît sous le grec, le sémitisme < fils de >* : « Vous serez réellement (fils) libres ». Si le Fils nous enlève à notre condition d'esclaves, c'est en nous donnant de participer à sa filialité : « La liberté des croyants promise par Jésus ne se réalise et ne s'obtient que dans l'exercice de leur filiation, dans leur vie même de fils de Dieu ». À ces auditeurs récalcitrants, ce que le Christ propose est la même relation nouvelle pour laquelle, au moment solennel de la Cène, Il assurera avoir choisi les Apôtres § 329 — Jn 15,15-16).

Il y a donc coïncidence pratique entre les v. 31-32 : « être vraiment disciples (libres) », et le v. 36: « être réellement (fils) libres »: « Un triple progrès a été opéré par rapport à l’A.T. : la Loi de Moïse est remplacée par la vérité de Jésus ; la soumission demandée n'est plus celle des serviteurs, mais une soumission de disciples et d'amis ; et le vrai disciple ne peut se contenter de croire les paroles de Jésus: il doit s'efforcer de laisser pénétrer sa parole en lui (v. 37). La vérité devient ainsi cette loi inscrite dans les coeurs qu'annonçait Jérémie comme trait distinctif de la nouvelle Alliance (Jr 31,33)... On comprend alors que la vérité ainsi intériorisée, puisse et doive être le principe de la vraie liberté. La doctrine ici esquissée sera reprise par toute la Tradition : l'immanence de la Loi dans les coeurs sous l'action de l'Esprit constitue l'essence même de la liberté chrétienne » (Vérité, p. 849).

Mais cet Esprit est précisément celui de la relation paternelle et filiale, dans la liberté, nous apprenant donc à mener cette « vie filiale » qui nous fait « demeurer » habituellement sous l'influence de Dieu. Et s'il est vrai que la perspective de Saint-Jean diffère de celle de saint Paul, on n'en retrouve pas moins les mêmes thèmes fondamentaux : 1) Servitude et liberté (// Rm 6) ; 2) Véritable descendance d'Abraham (// Gn 21,10-14 et Ga 4,24) ; 3) Filialité divine et liberté (// 2Co 3,7-17 — Cf. C.H. Dodd, dans rhpr 1957, p. 10-13.

Jn 8,37-47) — La discussion va rebondir et progresser : attaqués dans leur retranchement, ces < descendants d'Abraham > se réclament d'être ses fils (v. 39), et donc, primordialement, fils de Dieu (v. 41). À quoi Jésus réplique : non, car la condition n'est pas remplie (v. 31 et 36 : « Si... ») : ils n'accueillent pas la Parole qu'il est Lui-même (v. 37.43.45-47), ce qui est faire les oeuvres non d'Abraham (y. 39), mais du Diable (v. 44*). Toute la question est synthétisée en finale : « Être de Dieu, ou non » — (v. 47*).

Jn 8,37-38) — Vous cherchez à me tuer parce que... : Sous l'intention au meurtre, le Christ démasque une cause plus profonde : « la Parole (de Dieu) n'a pas d'accès en vous ». Pour « demeurer dans la Parole » (v. 31), il faudrait premièrement que la Parole pénètre et demeure en eux. C'est la même réciprocité que « Moi en Toi et Toi en Moi » (Jn 17,21).

L'explication de cette imperméabilité viendra aux v. 43-47*; mais elle se profile dès le v. 38, par la séparation entre le Père (du Christ, donc Dieu) et « votre père », dont la suite dira le nom (v. 38.41.44).

Jn 8,39-41 a // Gn 15,3-6 Gn 26,5 Je Gn 2,21-22 — D'Abraham est sorti « le fils de l'esclave » Ismaël, non moins que « le fils de la femme libre » Isaac, l'héritier (// Gn 21,10 et Ga 4,24). Et ce que le Christ réclame à ses contradicteurs, c'est d'être spirituellement héritiers d'Abraham le croyant.

Car l'oeuvre d'Abraham, saint Paul y a suffisamment insisté, c'est avant tout la foi (// Gn 15,3-6 — mais comme engagement à la vie d'abandon filial qui se manifeste au suprême degré lorsque Dieu lui demande le sacrifice même d'Isaac (// Je 2,21-22; Gn 22): pas d'opposition entre la foi et les oeuvres.

« Dans l'ordre spirituel, la réalité est bien différente (de l’ordre physique) : la génération n'y est pas un acte d'un instant, elle se poursuit pour toute la formation de l'être, et d'autre part, le choix n'y est pas impossible; au contraire, il y est nécessaire. Car dans cet ordre, la filiation s'opère par communication d'actes libres. La formule peut paraître étrange, mais c'est à cette profondeur qu'il faut comprendre l'évangile, si l'on ne veut pas laisser échapper ses richesses » (A. Vanhoye, dans NRT 1964, p. 350).

Dès le ch. 6, Jésus laissait entendre que si la filiation est réceptivité, étant source de liberté elle exige donc notre libre coopération: « Travaillez... » (comparer Jn 6,44 et 27). Mais plus fondamentalement, dès le Prologue nous l'avions vu : « à tous ceux qui reçoivent le Verbe, Il donne pouvoir de devenir enfants de Dieu (Jn 1,12-13*).

Je suis un homme : Si divine que soit l'origine du Christ, « sorti de Dieu» (v. 42), Il n'en est que plus homme, et le IV° Évangile qui insiste tant sur « sa Gloire » l'appelle 19 fois < Anthrôpos > : « Pour Jean, le Christ est avant tout la révélation vivante, l'Incarnation, la réalisation parfaite et absolue de la vocation véritable de l'homme selon la pensée de Dieu... Il est la vérité de l'homme » (D. Mollat: Ét.Jo. p. 50-55). Qui vous a dit : Verbe < Lalô >, donc au sens fort d'une révélation : « la vérité entendue de Dieu ».

Jn 8,41 b-47) — Dernier rebondissement de la controverse sur l'origine du refus de s'engager dans la foi (v. 31*). Cf. I. de la Potterie: La Vérité... II, p. 918-940. C'est une démonstration en règle :

— Si votre père était Dieu, vous me reconnaîtriez comme de Dieu (v. 42-43)

— Or vous ne reconnaissez pas ma Parole

— C'est que vous êtes sous l'influence négatrice du Diable (v. 44), qui vous rend incapables de croire (v. 45-46). Donc vous n'êtes pas de Dieu (v. 47).

Jn 8,41 b — Pas nés de la prostitution : // 1S 57,3 1S 57,7 Ez 16,30 Ez 16,33 Jr 3,1 Jr 3,4 — Si l'Alliance est un < mariage > entre Israël et Yahvé, courir après les idoles (ou les pactes politiques avec de puissants voisins), c'est en effet « se prostituer ». Mais depuis le Retour d'Exil, il n'en est plus question : d'où la réaction offensée de ces Juifs.

Nous n'avons qu'un Père, qui est Dieu : // Dt 32,6 ; Is 63,16 — On le voit, cette autre image n'était pas moins reconnue de l’A.T...

Jn 8,42-43 // 1Jn 5,1 Jg 6,14 — Je suis sorti, je suis venu : Images spatiales de ce qui est en fait l'Incarnation. Quand Jésus le redira aux Apôtres, après la Cène, ils trouveront cela clair, et y croiront (Jn 16,28-30 — comme tous ceux qui, depuis lors, se font disciples. Le v. 43 amorce la phrase décisive du v. 47; si l'on rapproche en outre ce « vous n'êtes pas de Dieu » du « je suis sorti de Dieu » du v. 42, on voit qu'il y a inclusion antithétique, cadrant ces versets.

Mon langage : C'est < Lalia >, donc au sens de < ma parole de révélation >. Envoyé : Comme Gédéon (// Jg 6,14). Cf. 7,28*.

Jn 8,44 // On 3,4-13 ; Sg 1,16 Sg 2,23-24 1Jn3,8-15; 1M 7,15-18 — Voilà nommé le père, seulement mentionné anonymement aux v. 38 et 41 a. Ainsi, Jésus avance-t-il pas à pas. Et vous voulez réaliser les convoitises de votre père : De ce côté-ci, comme du côté de Dieu — » le Christ — > les chrétiens, la filiation tend à une assimilation. Du Diable au pécheur, il y a une fascination littéralement mortelle : // Sg 1,16 et 2,23-24.

Depuis le commencement : Non pas « au Principe », comme le Verbe (Jn 1,1 et 8,25), mais sitôt après: // Gn 3,4-13 Gn 3, Induire au péché, c'est un meurtre. Haïr aussi, comme le montre l'exemple de Caïn : // 1Jn 3,11-15) — tout ce passage transpose dans l'ordre de la haine ou de la charité, ce qui est ici dans l'ordre de l'incrédulité ou de la foi. Mais ici comme là, s'y révèle de qui nous sommes (v. 47).

il n'est pas resté dans la vérité: Au sens de < rester ferme >, dans la foi (1Co 15,1 1Co 16,13) et dans les traditions chrétiennes (2Th 2,15). On a même trouvé dans les textes de Qumrân deux expressions tout à fait parallèles : « Le conseil de la Communauté sera affermi dans la vérité », tandis que ceux qui « te recherchent avec un coeur double § 25 — Jn 1,47*) ne seront pas affermis dans ta vérité » (cf. Vérité, p. 921-22). Mais ce n'est pas une allusion à la chute de Lucifer (Ap 12,7-12 Is 14,12-15 Ez 28,1-10), puisque la cause (antécédente) de cette chute est que précisément « il n'y avait pas en lui de vérité » (// 1M 7,15-18): nous retrouvons la réciprocité: pour demeurer dans la vérité (ou dans la Parole) de Dieu, il faut premièrement que la vérité ou la Parole pénètre en nous et y demeure (v. 31 et 37). Si Dieu est le < je suis > l'Être en sa Vérité, Bonté, Beauté — qui se coupe de Dieu ne pourra trouver en soi-même vérité, bonté, beauté. S'il en va inversement du Christ et de ses saints, c'est qu'ils ont accès à la source des eaux vives (Jn 7,38*) de la Vérité (Jn 8,40). Le Diable prononce le mensonge et parle... : deux fois le verbe < Lalein >, donc au sens où il se révèle par là. De son propre fonds : En l'absence de têtre-vrai, que reste-t-il sinon le < paraître > ? Il ne s'agit donc pas de nos < petits mensonges > misérables, mais du mensonge, au sens où Bernanos dénonce L'Imposture, comme un être de mensonge :

Il est peu d'hommes qui, à une heure de la vie, honteux de leur faiblesse ou de leurs vices, incapables de leur faire front, d'en surmonter l'humiliation rédemptrice, n'aient été tentés de se glisser hors d'eux-mêmes, à pas de loup, ainsi que d'un mauvais Heu. Beaucoup ont couru plus d'une fois, impunément, cette chance atroce. L'imposteur n'est peut-être sorti qu'une seule fois, mais il n'a pu rentrer... et face à tant de portes qui se ressemblent, il désespère de reconnaître la sienne... (Et bien sûr, il est la proie du Menteur) : Tous les mensonges n'ont qu'un père, et ce Père n'est pas d'ici (Les Enfants humiliés, PL p. 830-831).... Que vous servirait de fabriquer la vie même, si vous avez perdu le sens de la vie ?... Ça ira encore tant que votre industrie et vos capitaux vous permettront défaire du monde une foire, avec des mécaniques qui tournent à des vitesses vertigineuses, dans le fracas des cuivres et l'explosion des feux d'artifice. Mais attendez, attendez le premier quart d'heure de silence. Alors ils l'entendront la parole — non pas celle qu'ils ont refusée, qui disait tranquillement : « Je suis la Voie, la Vérité, la Vie » — mais celle qui monte de V abîme : « Je suis la porte à jamais close, la route sans issue, le mensonge et la perdition (Journal d'un curé de campagne, PI. p. 1046).

Il est le père du mensonge : À l'inverse de Dieu d'où vient toute paternité véritable et féconde, par l'inhabitation de l'Esprit et du Christ, qui demeurent en nos coeurs (Ep 3,14-17 // à Jn 8,31-36*).

Isaac de l’Etoile: 8° Sermon pour la Toussaint (PL 194) : Les fils d'Adam ont donc trois pères: Dieu, pour la nature; l'homme, pour l'espèce; le diable, pour la méchanceté. Ils vivent « dans ce qui est de l'homme », par nécessité ; « dans ce qui est de Dieu », par leur bonne volonté ; dans « ce qui est du diable », par leur méchanceté.

Jn 8,45-47 // Ga4, 15 ; 1Jn3,5 ; 1Jn5,19) — Qui me convaincra de péché: Tandis que nos péchés nous ont rendus esclaves, Il est, Lui, le Fils, libérateur (v. 34.36*). Mais le contexte immédiat fait plutôt porter le défi sur l'assurance que son enseignement est vérité, sans erreur ni mensonge, étant Dieu < qui ne peut ni se tromper ni nous tromper > :

« Comme beaucoup d'expressions de l'évangile de Jean, celle-ci a une double portée : à la fois juridique et théologique. Juridique, en ce sens que, dans le procès qui est intenté à Jésus par < le monde >, Jésus est innocent. C'est en vain qu'on lui cherche querelle... Tout le récit de la Passion sera centré sur cette innocence de Jésus, formellement proclamée par Pilate (18,38; 19,4.12).

Mais par-delà le sens juridique et même moral, l'expression < sans péché > désigne une réalité théologique. Jésus est sans péché, cela signifie que, dans sa mission d'envoyé du Père, il est sans reproche. Nul ne pourra le convaincre d'infidélité ni§'imposture. Il ne ment pas; il ne trompe pas les hommes » (D. Mollat: Et. Jo., p. 125).

Grégoire le Grand: Hom. 18 sur les Évangiles (PL 76,1150) : Considérez, mes frères, l'humble douceur de Dieu. Il était venu remettre leurs péchés, et il disait : « Qui de vous me convaincra de péché ? » Il ne dédaigne pas de montrer, par la logique du raisonnement humain, qu'il n'est pas pécheur, Lui qui par la puissance de sa divinité pouvait justifier les pécheurs. Mais ce qui suit est redoutable : « Celui qui est de Dieu entend les paroles de Dieu : vous ne les entendez pas, parce que vous n'êtes pas de Dieu. » Jugement redoutable, dis-je, car si celui qui est de Dieu entend les paroles de Dieu, et si celui qui n'est pas de Dieu ne peut entendre ses paroles, que chacun s’interroge ! Qu'il se demande s'il perçoit les paroles de Dieu par l'oreille du coeur. Et il comprendra d'où il est.

La Vérité en personne commande de désirer la patrie céleste, de refuser la gloire du monde, de ne pas convoiter le bien d'autrui mais de distribuer son propre bien. Que chacun de vous considère donc en lui-même si cette voix de Dieu a trouvé un écho dans l'oreille de son coeur...

Car il en est qui ne daignent pas même recevoir les préceptes de Dieu dans l'oreille du corps ; et il en est qui les reçoivent dans l'oreille du corps, mais ne les saisissent pas dans le désir de l'esprit. Et il en est encore qui volontiers reçoivent les paroles de Dieu, vont même jusqu'à la componction des larmes, mais passé le temps des larmes reviennent à l'iniquité.

Ils n'entendent pas les paroles de Dieu, ceux qui ne veulent pas les réaliser par V'acte. Mes frères bien-aimés, faites donc comparaître votre vie devant les yeux de l'esprit; et dans une méditation approfondie, apprenez à craindre ce que la bouche de la Vérité a proféré : « Si vous n'entendez pas, c'est que vous n'êtes pas de Dieu. »

Mais ce que la Vérité dit des réprouvés, les réprouvés le manifestent eux-mêmes par leurs actes injustes. Car voici ce qui vient ensuite : « Les Juifs répondirent : N'avons-nous pas raison de dire que tu es Samaritain, et que tu es possédé du démon ? »

C'est toujours la même réalité de la foi : elle est engagement (v. 31*), donc se juge aux actes § 72 -75*).

Jn 8,48-50) — // 1P 2,22-23 — Débusqués de leur assurance de descendants d'Abraham et fils de Dieu, ces Juifs à bout d'arguments éclatent, comme il arrive, en injures... Samaritain : Les Pères se plaisent à souligner que Jésus ne le dément pas : n'est-Il pas le véritable <Bon Samaritain > § 191 *). Quant à démon, l'accusation n'est pas nouvelle : Jn 7,20; cf. 10,20; Mt 9,34; 11,18; 12,24.

Je ne cherche pas ma gloire : Jn 7,18-19; 8,54; cf. 11,4.40.

Jn 8,51-58 // He 11,5 Ac 2,29-31 — Amorce du thème ultime : Après Lumière, et Vérité (8,12.31-46), voici la Vie, non seulement immortelle mais éternelle. Cependant, on reste dans le même cadre de ce qui est promis à qui « garde ma Parole », c'est-à-dire aux disciples (cf. v. 31*), par opposition à « si vous ne croyez pas, vous mourrez dans vos péchés » (8,24; cf. 11,25-26). Le Christ est « le Verbe de Vie » (1Jn 1,1 Jn 1,4*).

Jn 8,52-53) — Qui crois-tu donc être : Cf. v. 25 : « Qui es-tu? » — Le ton n'est évidemment plus le même. Au « je suis » du v. 24, ils avouaient n'avoir simplement pas compris. Cette fois, quand il s'agit de la mort, ils s'imaginent comprendre, et s’esclaffent : « un homme » (v. 40*), se prétendre immortel !

Jésus pourrait objecter le cas mystérieux d'Hénok (// He 11,5 — cf. dans BC I, Gn5,24 et // ; BC I*, p. 73-74). Mais il va prendre l'exemple même d'Abraham qui lui est objecté, non sans rappeler par un « Abraham votre père » et un « menteur comme vous » ! qu'ils auraient tort de triompher.

Menteurs, pourquoi ? — Triplement : 1) Ils prétendent que Dieu est leur Père (v. 41); or si c'était vrai, ils seraient attirés par Lui à venir et devenir disciples de son Envoyé § 163 — Jn 6,44-45). 2) Puisque, seul, le Verbe incarné connaît le Père et peut le révéler (Jn 1,18 Mt 11,27), ne recevant pas sa Parole, ils ne peuvent le connaître. 3) Puisqu'ils sont du parti du « père du mensonge », ils ont de qui tenir.

Jn 8,56 // Gn 17,17-19 Gn 18,13-15 — Voir mon Jour : Encore une expression réservée à Dieu même en son triomphe eschatologique (Is 13,6 Ez 30,3 // [1,15; Am 5,18), qui sera aussi le Jour du Fils de l'homme en sa Parousie (Lc 17,24 1Co 1,8 1Co 5,5 2Co 1,14). Mais ici, le Christ semble l'appliquer plutôt à l'ère messianique ouverte par sa venue.

Abraham a vu, et s'est réjoui : Au sens typologique où « la Descendance d'Abraham » désignait le Christ, comme son plein accomplissement* (Ga 3,16 — cf. BC I*, p. 91-92). Par suite, dans l'annonce de la naissance d'Isaac se profilait celle de Jésus, et le « rire » d'Abraham puis de Sara (// Gn 17 et 18) que le nom même d'Isaac perpétuait (Gn 21,6 — BC I*, p. 112), était exultation pour le Salut qu'apporterait le Messie. De la sorte, Abraham a bien vu son meilleur fils, même si c'était « de loin », comme David et les autres prophètes de l’A.T. (// Ac 2,29-31 He 11,13 1P 1,6-12 Nb 24,17). La Tradition juive elle-même le reconnaissait (h. riesenfield: Jésus transfiguré, p. 93); et l'on disait que la fête des Tentes (durant laquelle se tient justement ce dialogue) aurait été instituée par Abraham lui-même, pour « exprimer sa joie, durant 7 jours, près de l'autel qu'il avait construit à Bersabée » (Livre des Jubilés, 15,17) — cité D. Mollat: Et.Jo., p. 131).

Irénée: Adv. Hoer. IV, 5,3 et 5 (SC 100, p. 433 et 435): // Crut d'abord que Dieu, l'unique Dieu, est le Créateur du ciel et de la terre ; il crut ensuite que Dieu rendrait sa descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel. C'est donc à bon droit qu'il quitta toute sa famille et suivit le Verbe de Dieu, se faisant voyageur avec le Verbe pour devenir citoyen avec le Verbe... Abraham était donc prophète ; et voyant par l'Esprit le jour de l'avènement du Seigneur et « l'économie » de sa Passion, par laquelle lui-même et tous ceux qui croiraient Dieu, comme lui, seraient sauvés, il exulta d'une grande joie. Donc, le Seigneur n'était pas inconnu d'Abraham, puisqu'il désira même voir son jour — et son Père non plus : car le Verbe avait enseigné Dieu à Abraham, et Abraham Le crut.

Jn 8,57-59) — Il y a ici un retournement de perspective : au v. 56, Jésus prétendait qu'Abraham avait pu voir son Descendant, quelque 18 siècles à l'avance ; mais au v. 57, inversement, c'est Jésus qui devrait remonter loin avant sa naissance pour avoir vu le patriarche. De ce point de vue temporel, ses contradicteurs ont indubitablement raison : la rencontre est impossible, aussi bien dans un sens que dans l'autre, puisque le Christ et son ancêtre se trouvent séparés par l'épaisseur de toutes les générations qu'ont énumérées Matthieu ou Luc § 12 et 26). Mais précisément, la raison est ici en défaut, parce qu'on est en présence du Mystère propre à cet « homme » unique au monde, en qui s'incarne l'Eternel, et qu'il est donc « contemporain à tous les temps » : non seulement de Caïphe et de Pilate, mais d'Abraham comme du nôtre.

C'est ce que révèle solennellement : « Amen, amen je vous le dis, avant que... » Jean-Baptiste, le premier, avait témoigné de cette antériorité transcen-dantale, possible au seul Dieu-éternel § 1 — Jn, 15*; et § 24 — Jn 1,30*).

Du coup le je suis signifie nécessairement l'Etre divin, le seul qui est assez totalement pour surmonter l'existence au compte-gouttes, temporelle, qui est la nôtre. Et ce je suis éclaire rétrospectivement les deux précédents, des versets 24* et 28 qui, destinés à préparer cette Révélation définitive, tendaient donc au moins vers ce sens.

Cette fois, ses interlocuteurs ont si bien compris que « Jésus se faisait égal à Dieu » (Jn 5,18) qu'ils voudraient le lapider comme blasphémateur. Le mystère des origines, sur lequel portaient ces ch. 7 et 8, se trouve révélé autant qu'il peut l'être. — Sans trouver pourtant crédit auprès d'eux...

Or, nous l'avions remarqué dès notre Introduction générale (Bc 1P 11-17), l'exégèse du XIX°siècle a souffert de la même myopie. Du moment qu'elle se restreignait à une méthode < cnIIco-historique >, elle s'interdisait par hypothèse de lire dans cette Écriture Sainte ce qu'elle a d'unique et de transcendant. « Avant qu'Abraham ne vînt à l'existence, je suis » légitime et exige une lecture de la Bible typologique et symbolique, où ce qui est temporellement successif se rejoint suivant le Dessein (l'art) éternel divin, où tout se révèle convergent, prend sens et < compose > (He 11,3 — BC I, p. 39 Ab).

Les ch. 9-10 de Saint-Jean sont en continuité avec les ch. 7-8 : le thème de la Lumière et celui des Eaux vives (ici, de Siloé), est celui de la fête des Tentes : comparer 9,5 à 8,12* ; et 9,7* à 7,37-39*. La question demeure celle de l'origine de Jésus (voir § 256 -258) — Jn 7,11-53): 9,29: « nous ne savons pas d'où Il est » ; v. 16 : « cet homme n'est pas de Dieu » ; v. 33 : « si cet homme n'était pas de Dieu... » Le Christ reste donc une cause de désaccord et de division (v. 16 et 10,19) — en grec, même mot < Schisma >). Enfin, ce qui est en cause, c'est « le péché » dont Jésus se trouve accusé alors que ce sont les Pharisiens qui en sont coupables : comparer 8,46 et 9,24-25.31-33 avec 8,21.24.34 et 9,41.

Mais d'autre part, les ch. 9 à 12 forment un ensemble, qui vient couronner cette F grande partie du Quatrième Évangile, dans l'attente de la grande révélation de la Passion et de la Résurrection du Christ, où éclatera sa Gloire divine (ch. 13 à 21) — Sur ce point, cf. h. van den bussche: L'attente... ; et plus généralement, du même auteur: Structure de Jn 1-12, p. 64-65):

Le Prologue avait présenté le Verbe incarné (et refusé), comme Lumière et Vie. Les deux miracles majeurs et décisifs de l'aveugle-né s'ouvrant à la Lumière, et de Lazare ressuscité, en témoignent, chacun pour leur part (= ch. 9 et 11). Mais en outre, comme d'habitude, Jean prolonge le fait-signe par un discours, qui en découle plus ou moins directement: cf. ch. 5,1-18, puis 19-47; ou ch. 6, 1-24, puis 25-71. Ici, nous sommes donc en présence de deux ensembles : ch. 9, puis 10; ch. 11,1 à 12,19, puis 12,20-50. Cette composition infirme la prétention de ceux qui, butant sur des anomalies de détail, essaient de rétablira leur fantaisie un ordre que leur incompréhension les empêche de lire dans le texte reçu (En ce sens, cf. A. Feuillet, dans « Mél. Bibliques », p. 478-493. Nous indiquerons les liens entre Jn 9 et 10 au début du § 263 ; puis entre Jn 11 à 12,22 et 12,23-50 au début du § 309 .

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Bible chrétienne Evang. - § 259. La femme adultère: Jn 8,1-11