Bible chrétienne Evang. - § 265. Jésus se retire au-delà du Jourdain : Jn 10,40-42

§ 265. Jésus se retire au-delà du Jourdain : Jn 10,40-42


(Jn 10,40-42)

— Premier des retraits (Jn 11,54 et 12,36) correspondants à ceux de Galilée (Introd. aux § 146 -182). Chrysostome : Sur Jn 10,40-42 : Après avoir dit des choses grandioses, Jésus se retire, il cède la place à la colère, pour que son absence même la calme et l'endorme. Mais pourquoi l'Évangéliste indique-t-il le lieu ? Parce que Jésus s'y est retiré précisément pour rappeler à la mémoire des Juifs ce que Jean avait fait et avait dit, et le témoignage qu'il avait porté. Revenant en ces lieux, ils ont aussitôt pensé à Jean; c'est pourquoi ils disent : « Jean n'a fait aucun signe ». Autrement, pourquoi avoir ajouté cette précision ? L'évangéliste l'ajoute, parce que ce lieu rappelle Jean-Baptiste et son témoignage. Et les Juifs sont amenés à construire des syllogismes irréfutables : Jean n'a fait aucun signe — or, Jésus fait des signes — donc il est plus grand que Jean-Baptiste ; et si nous avons cru en celui qui ne faisait pas de signes, nous croirons bien davantage en celui qui fait des signes. Mais ce Jean était-il habilité à porter témoignage, lui qui ne faisait aucun signe ? — Le raisonnement se poursuit : oui, il n'a fait aucun signe, mais tout ce qu'il a dit du Christ se révèle vrai; donc, ce n'est pas le Christ qui est tenu pour digne de foi à cause du témoignage de Jean : c'est Jean qui est tenu pour digne de foi à cause des oeuvres du Christ.

« Et beaucoup crurent en lui. » Bien des choses, en effet, leur revenaient à l’esprit : ils se rappelaient les paroles de Jean, disant qu'un plus fort que lui viendrait, l'appelant « lumière, vie, vérité » ; ils se rappelaient la voix venue d'en haut, l'Esprit apparaissant sous la forme d'une colombe et manifestant Jésus à tous... Vois-tu combien le retour en ce lieu — où Jean avait baptisé — leur profita !



§ 266. La résurrection de Lazare : Jn 11,1-44


(Jn 11,1-44)

— Après le Verbe-Lumière, donnant à l'Aveugle-né de voir et de croire, voici le Verbe-dé-Vie, ressuscitant Lazare (ch. 11), et attirant par sa mort tous les hommes à Lui, dans sa Résurrection et sa Gloire (12,24-32*).

Jn 11,1-2) — Présentation des personnages. Nous connaissions Marthe et Marie par Lc 10,38-42 § 192 . Mais on sent bien ici que pour la postérité, c'est déjà Marie qui l'emporte, Marthe venant en second seulement, comme sa soeur, et Lazare comme leur frère. C'était Marie qui avait oint le Seigneur... : Cette onction caractérise donc Marie, soeur de Lazare, pour la postérité, comme le Christ l'avait annoncé § 313 — Mt 26,13). Mais s'agit-il bien de l'onction faite à Béthanie, quelques jours avant la mort du Christ § 272 — Jn 12,1-8) — donc seulement par la suite, puisqu'à présent, nous n'en sommes qu'à Jn 11,2 ? Ou bien, y aurait-il un rapport avec une onction antécédente, relatée par Luc seul, dès le ch. 7,36-50 (et le seul, par contre, qui ne parle pas de la scène de Béthanie) ? Donc un rapport aussi entre Marie de Béthanie et la pécheresse de Lc 7,36-50 ? — Voirau§ 272) — Jn 12,3*. Mais pour une vue d'ensemble sur la pécheresse, Marie de Béthanie et Marie de Magdala aussi, cf. § 361 -Jn 20,11-18*.

Lazare: Mentionné seulement par Jean, et toujours à propos de sa résurrection (12,1.2.9.10.17). Mais ce nom, d'ailleurs fréquent puisqu'il est une autre forme d'Éléazar (= « Dieu a secouru »), et dont le premier titulaire fut le fils même d'Aaron et d'Élisheba (Ex 6,23 et passim), est aussi celui que Jésus donne au pauvre de la parabole du mauvais riche, peut-être non sans dessein (cf. § 236 — Lc 16,27-31*). Béthanie: Non la bourgade au-delà du Jourdain (Jn 1,28), où Jésus vient précisément de se retirer (10,40), mais la Béthanie qui se trouve près de Jérusalem, sur le revers du Mont des Oliviers (cf. v. 18).

Jn 11,3 // Is 38,1-5 Sg 16,13 — Discrétion de la demande, mais confiance en la force de l'amitié. Chacun de nous peut en espérer autant, et pour chacun de ceux que nous avons à recommander. Mais au départ, reste que c'est Dieu seul qui a pouvoir sur la vie et la mort (v. 22), conformément à ce qu'enseignait l’A.T. : // Is 38,1-5 Sg 16,13 Sg 16, ce fait, l'autorité avec laquelle Jésus ressuscitera Lazare (v. 43-44*), est une nouvelle manifestation de son Pouvoir divin.

Jn 11,4-10 // Ps 73,24 (assez // à Jn 9,3-5 : comparer 11,4 à 9,2-3*, et 11,9-11 à 9,4-5*) — Toujours la visée polarisée par la finalité, le Dessein de Salut que le Christ vient accomplir : « Le < pour > n'indique pas la cause ou le motif, car la maladie venait d'ailleurs, et avait une autre cause (physique). Le Christ s'en est servi pour la Gloire de Dieu. Le < pour > indique donc ici l'issue, le terme de l'événement (Chrysostome : Éclaircissements sur L'Évangile de Saint-Jean — Ed. Gaume, t. 8/1, p. 423).

Mais la gloire ne fait que rejaillir sur Dieu (et sur le Christ lui-même : Jn 12,9 Jn 12,12). D'où vient cet éclat en effet, sinon de la résurrection de Lazare, préfigurant l'entrée des hommes sauvés par le Christ dans la Gloire de la Sainte Trinité (// Ps 73,24 Jn 17,21-26*) ? Le but et l'issue à la fois, de toute l'oeuvre du Christ, c'est cette entrée de l'humanité universelle dans la Gloire de Dieu — à l'opposé de toute recherche vaniteuse d'une gloire égoïste (cf. v. 40*).

Ainsi nous est révélé comment la mort est vue par Dieu : non comme un point final, mais comme l'étape — que la faute originelle ne Lui permet plus de nous éviter (Gn 3,19 Sg 2,23-24 — BC I/r et u; BC I*, p. 63-64) — mais qui, par la grâce du Christ, nous associera à sa Gloire céleste, éternelle.

N'y a-t-il pas 12 heures (v. 9) = le temps du travail. Toujours la perspective des « oeuvres » que Jésus a conscience d'être venu accomplir... Avec l'assurance que, jusqu'à < l'Heure > où viendra la nuit, le temps de travailler lui est à la fois compté et laissé. (Donc ici, le Christ parle moins de la Lumière comme de Lui, que de « la lumière de ce monde »). Pendant la nuit, par contre, pour avancer il faudrait que la Lumière vienne de l'intérieur (v. 10): ce qui est vrai premièrement du Christ-Lumière, il le montrera bien à l'Heure des Ténèbres où s'accomplira son < Oeuvre > par excellence, notre Rédemption. Mais c'est vrai aussi de celui qui, croyant en la Parole du Christ, est éclairé de cette Lumière intérieure, sans intermittence, au point de devenir lui-même « fils de lumière » et « Lumière du monde » § 262 — Jn 9,5* et § 309 — Jn 12,36; cf. § 52 — Mt 5,14*).

Ce retard délibéré du Christ à venir auprès de « celui qu'il aime », alors que sa seule présence ferait revivre le mourant (v. 21 et 32), doit nous apprendre pourquoi, si souvent, dans la vie spirituelle, alors que nous appelons à l'aide, alors même que nous sommes en péril grave, Jésus semble rester lointain et se taire. C'est qu'il Lui faut nous apprendre « le redoublement de l'espérance », le « spem contra spem », la confiance absolue en Lui quand bien même il n'y aurait plus d'espoir, humainement. Ainsi fit Abraham, ainsi dut faire Israël en Egypte (BC I*,p. 114-119 et 213.215). Abraham crut « que Dieu est assez puissant pour ressusciter les morts ». L'histoire du sacrifice d'Isaac, ou celle de Lazare, est « une parabole » de l'épreuve par laquelle notre foi doit passer pour se purifier (He 11,17-19, en bc/Cn).

Jn 11,11-15 // Ac 7,60 cf. plus loin // Dn 12,2; 2M 12,43-44) — L'image du < sommeil > de la mort est si habituelle (cf. encore : 1R 19,5; Ps 13,4; Si 48,11; Jr 51,39.57; 1Co 15,6.18.20; 1Th 4,14.15; 5,10), qu'on s'étonnerait de voir les Apôtres ne pas la comprendre. Mais il est vrai que Jésus ajoute, du même coup, « et je vais pour le réveiller », au sens de, le ressusciter, ce qui implique de la part du Christ une confiance si extraordinaire en son pouvoir de donner la vie, qu'il y avait alors, pour les Apôtres, quelque excuse à comprendre le tout en son sens le plus bénin.

Jn 11,16-17 // Lc 22,28-29 Rm 6,8 — Thomas : Le même qui demandera des preuves (Jn 20,24-29*). Mais sa générosité et son dévouement au Christ n'en sont pas moins mis en évidence par Saint-Jean, ici.

Te lapider: Le danger de mort était bien réel (Jn 5,18 Jn 7,1 Jn 7,19-20 Jn 7,25 Jn 8,37-40 Jn 10,31). Jésus en étant parfaitement conscient, c'est librement qu'il décide d'affronter cette menace de mort (10,17-18), et même en quelque sorte, la provoque.

Jn 11,19) — L'affluence laisse prévoir en effet le retentissement du miracle (v. 45), provoquant la hâte des Pharisiens à se débarrasser de Lui § 267 .

Jn 11,20-27 // Da 12,1-2 2M 12,43-44 Jb 19,25-27 Jn 5,24 et Mt 16,16 — Marthe courut... Marie était à la maison : Correspond aux caractères des deux soeurs, tels qu'ils apparaissent dans l'épisode retenu par Saint-Luc § 192 — Concordantia discordantium *). Ils transparaissent aussi dans la différence entre la déclaration de Marthe, plus active — par la demande expresse et la profession de foi — et la remise de Marie au Christ (par laquelle, il est vrai, Marthe aussi avait commencé : comparer v. 21 et 32, avec le commentaire de Cyrille d’Alexandrie, au v. 32*).

Il y a double progression : au début, Marthe croit à la Résurrection finale (v. 24), que l'Écriture elle-même n'enseigne de façon expresse que tardivement (les // Tirés de Dn et 2M étant du II° siècle avant J.C., et Job remontant tout au plus après l'Exil, entre 538 et 330). Mais le Christ lui révèle qu'étant la Vie même, croire en LuI* donc adhérer à Lui, c'est être assuré de vivre de sa vie éternelle, non seulement une fois mort (v. 25), mais dès maintenant (v. 26 et // Jn 5,24 cf. Jn 6,39-40 Jn 6,44-54). La réaction de Marthe est typique du « Oui » de la foi : elle cherche moins à le croire (à pénétrer le sens de cette révélation, pleine de mystère), qu'à faire confiance au Révélateur : «Je crois absolument» -c'est-à-dire au sens de la foi totale, qui est assurance inébranlable d'une confiance absolue, et non le < je crois > incertain d'une opinion humaine.

D'où la seconde progression de Marthe. Au v. 22, elle tenait seulement Jésus pour un homme agréé de Dieu (un peu comme l'Aveugle-né, au ch. 9,31, avant que Jésus survienne et provoque sa confession de foi proprement dite). Au v. 27, également provoquée par le Christ, Marthe reconnaît en Lui : « Le Seigneur, le Christ, le Fils de Dieu, venu [du Père] dans le monde », en qui l'on peut donc « croire absolument »). Confession de foi qui rejoint celle de Pierre (// Mt 16,16). Sur l’expression : « Celui qui vient dans le monde », cf. Jn 1,9; 6,14; Mt 11,3.

Jn 11,28-31 // Ex 3,4 1S 3,4 — Le Maître est là, et Il t'appelle : C'est toute la vocation, et toute la Bonne Nouvelle de l’Évangile : « Le Royaume est là, à votre porte, convertissez-vous, et venez » (Mc 1,15) :

Vite, elle se leva : Comme la Vierge de la Visitation § 5 — Lc 1,39*), comme l'Épouse du Cantique, dont ces quelques versets ont la tonalité — même si A.J. Festugière n'a pas tort de dire que dans l'ensemble, il n'y a pas en ce ch. 11 « cette sorte d'allégresse que l'on trouvait dans le récit de l'Aveugle-né ». Lui-même note d'ailleurs que le tempo s'accélère, à mesure que l'on se rapproche du < climax >* qu'est le v. 43 (Observations stylistiques, p. 45).

Mais le verbe est aussi celui du réveil et de la résurrection. De sa prostration et de son deuil, à cet appel Marie s'éveille et ressuscite, elle, la première, avant Lazare.

Jn 11,32-35 // Mc 12,27 Jg 10,16 2S1, Jg 26 Jn 12,27Cyrille d’Alexandrie: Sur Jn 11,32 (PG 74,52-53) : Marie dit que son frère est mort parce que le Seigneur était absent. D'après ses paroles, il est permis de penser qu'elle s'adresse à lui comme à Dieu même — bien qu'elle se trompe en croyant qu'il n'est pas présent quand son corps est absent. Quand elle s'adresse à lui comme à Dieu même, elle voit plus loin que Marthe, car elle ne dit pas : « Ce que tu demanderas à Dieu, il te le donnera ». C'est pourquoi le Seigneur, qui avait longuement instruit Marthe, ne répond rien à Marie. Il ne reproche pas à Marie d'avoir osé lui dire, aveuglée par sa douleur : « Si tu avais été ici ! » — lui qui remplit tout le créé ! Il nous donne l'exemple : nous ne devons pas faire de reproches à ceux qui sont dans un deuil récent et véhément. Le Seigneur ne dialogue donc pas avec Marie comme avec Marthe : il acquiesce, plutôt ; il entre dans les mêmes sentiments, et il manifeste sa nature humaine : il pleure et faiblit quand il la voit pleurer, et que pleurent avec elle les Juifs qui l'entourent.

Parce que le Christ n'était pas seulement Dieu par nature, mais qu'il était homme aussi, le voici souffrant une faiblesse humaine. Quand la douleur, en effet, commença de l'émouvoir, et que dans sa sainte chair des larmes vinrent à ses yeux, il ne les laissa pas simplement couler, comme nous faisons, mais il «frémit en l'Esprit », ce qui veut dire: sous la motion de l'Esprit, il réprima la tendance de sa chair ; alors celle-ci, ne supportant pas l'action puissante de la nature divine qui lui était unie, trembla, bouleversée, redoublant son deuil.

A. Guillerand : L'abîme de Dieu, p. 366 : Minute unique qui situe la famille de Béthanie à une place à part dans l'Évangile et dans l'histoire chrétienne, non pas au-dessus, mais en face des Douze, dans une lignée parallèle qui se continue le long des siècles et qui est la lignée contemplative.

La cause en effet de ce trouble est clairement indiquée au v. 33 : ce sont les larmes de Marie et de ses visiteurs. Donc, si Jésus est ému, c'est de compassion, au sens déjà rencontré § 39 — Mt 8,3*), où il ne s'agit pas seulement d'une sympathie humaine, mais des « entrailles de la Miséricorde » divine. Plus profondément qu'une émotion de sensibilité, c'est en Esprit; c'est son Amour qui frémit. Nous retrouverons ce trouble profond au § 309 — Jn 12,27 ; au § 317 — Jn 13,21 ; et, avec d'autres mots, lors de son Agonie : § 337 — Mc 14,33-34*.

Quand, au v. 35, Jésus pleure, c'est cette fois à propos de Lazare (v. 34). Mais pourquoi ? puisque Lui-même l'a bien voulu, et qu'au surplus tout annonce qu' // Sait depuis le début, ce qu'il va faire ? — Ah ! parce que vouloir la volonté crucifiante du Père, de toute sa foi, son espérance et sa charité n'empêche pas d'en souffrir ! L'abandon filial chrétien n'est pas impassibilité stoïque, mais plutôt affaire de coeur, d'un coeur chaleureux, tendre, humain.

Toutefois, il y a plus en Jésus que cette humanité. On se trouve devant son Mystère. « Quand il a vu que l'homme fait à son image était mort, le Seigneur a versé des larmes, pour couvrir les nôtres. Car lui-même est mort exactement pour ceci : pour que nous échappions à la mort... Les Juifs pensaient qu'il pleurait la mort de Lazare ; mais lui, touché de compassion, il pleurait sur tous les morts, sur toute l'humanité, juridiquement soumise au mal de la mort... Il était saisi de douleur en pensant à nos calamités » (Cyrille d’Alexandrie : Sur Jn 11,35 — PG 74,56).

Jn 11,38-41a — Une grotte fermée par une pierre: comme la tombe du Christ § 357 — Mt 27,60*). Tu verras la Gloire de Dieu : Ce qu'on verra, c'est Lazare vivant — tant il est vrai que « la Gloire de Dieu, c'est la vie de l'homme ; et la vie de l'homme, c'est la vision de Dieu » (Irénée: Adv. Hoer. IV, 20,7 - SC 100, p. 648). Telle est bien la Gloire, attendue dès le v. 4 :

A. Guillerand: L'abîme de Dieu, p. 368: La maladie et la mort de Lazare, sa propre absence et jusqu'à ces menues circonstances d'un cadavre que la putréfaction gagne, tout a pour but le terme unique, terme de tout, de ce qui est grand et de ce qui est vulgaire et même répugnant : Dieu glorifié, et Dieu glorifié par la foi des âmes. La gloire donc dans la foi, dans la foi qui voit cette gloire... Voilà ce qui seul compte pour Jésus, et ce qui le place, en cet instant, tellement au-dessus de toute cette assistance attentive uniquement à ce qui va se passer. Voilà où il attire et conduit. Voilà où on le rejoint.

Jn 11, 41b-42) — Jésus leva les yeux au ciel : Attitude caractéristique du Christ en prière § 151 — Mt 14,19*). Père, je te rends grâces : Prière filiale, dont la tonalité fondamentale est de gratitude (cf. § 110 — Mt 11,25*).

Tu m'écoutes toujours : C'est la contrepartie du « Je suis descendu du ciel pour faire la volonté de Celui qui m'a envoyé. Or sa volonté, c'est que je ne perde rien de ce qu'il m'a donné, mais que je le ressuscite » § 163 — Jn 6,38-40). L'accord est total du Fils au Père, donc aussi du Père au Fils. Mais ce qu'il y a de plus étonnant, c'est que le Christ nous fasse part de sa certitude d'être exaucé § 333 -Jn 16,23-24*; // 1Jn 5,14).

Cette gratitude du Christ ne va pourtant pas sans conscience du sacrifice de sa vie, et donc de sa propre mort, par où devront être gagnées la délivrance du péché et de la mort, et la Résurrection de Lazare comme de nous tous. Son attitude en toute cette histoire le manifeste : Lui qui aurait pu éviter cette épreuve, ne l'épargne pas, même à des amis; seulement, Il vient la partager, au point d'en être lui-même bouleversé (v. 33), n'hésitant pas à risquer la mort en revenant si près de Jérusalem (v. 16) ; bien plus, Il provoque par ce miracle retentissant, son arrestation et sa mort § 267 ). « Ainsi l'action de grâces du Seigneur n'est pas seulement proche de la souffrance humaine, elle passe par elle, elle la porte sans en rien laisser perdre, jusqu'à la suprême détresse. Elle est plus forte que la mort et elle exulte, non pas de l'avoir empêchée d'accomplir son oeuvre, mais de triompher d'elle après l'avoir subie et lui avoir laissé déployer tout son pouvoir » (A. Guillet: Jésus-Christ..., p. 146-147). C'est bien de cette façon que Jésus nous rachètera par sa Passion : non pas en supprimant le péché et la mort, mais en mourant pour communiquer à nos souffrances et à notre mort, valeur de rédemption.

// 1R 18,36 — Tel est bien le rôle du miracle, habilitant celui qui en a été l'instrument — suivant la juste conclusion de l'Aveugle-né (9,31-33) — et l'habilitant pour sa mission, sacrificielle...

Jn 11,43-44) — Jésus cria d'une voix forte : Comme sur la croix, juste avant de mourir § 355 — Lc 23,46) : « Ces deux cris viennent d'un même coeur, sont inspirés par la même mission, constituent un acte unique et identique. Il n'y a pas ici seulement le miracle de la résurrection. Il y a ici derrière les apparences, dans les profondeurs de l'esprit, une lutte qui se déroule... Le Christ dompte la mort, en domptant celui qui règne par la mort : Satan. L'ennemi de la rédemption, le voilà. C'est contre lui que se dresse Jésus ». (r guardini: Le Seigneur 1P 153).

Et à présent, Jésus ne demande plus à son Père. Il use de son Pouvoir de résurrection (Jn 5,26-27). Il commande à la mort : « Lazare, sors ! » Et « le mort entend la voix du Fils de Dieu » (5,25), parce qu'il est de ses brebis (ch. 10). « Il va sortir » (// Jn 5,28-29), avec les bandelettes et le suaire dont il peut être débarrassé comme Jésus s'en débarrassera de lui-même (// Jn 20,6). Cette résurrection de Lazare est comme une répétition générale de celle de Jésus — non plus au 4° jour (v. 39), il est vrai, mais au 3°... Mais c'est aussi, par conséquent, la préfiguration de la nôtre :

Cyrille d’Alexandrie: Sur Jn 11,43-44 (PG 74,64-65): La résurrection de Lazare est le type de la résurrection générale des morts, et notre Seigneur a voulu qu'elle en présente les traits. Nous savons par l'Apôtre Paul qu'à l'avènement du Juge la grande trompe sonnera, commandant à tous les gisants qu'ils se relèvent, sur toute la face de la terre. Au moment où les corps humains devront se recomposer, et chaque âme relever, pour ainsi dire, sa tente, le commandement du Seigneur retentira d'abord, et le signal de la résurrection sera donné. Le Seigneur cria donc pour appeler Lazare, comme par une représentation anticipée de la résurrection que nous attendons.

« Déliez-le, et laissez-le aller. » Cela encore est un signe qui concerne la résurrection universelle : quand délié du péché et de la corruption de la mort, chacun ira, libre... quand le Christ, au temps de la résurrection, nous retirera des tombeaux de la terre et nous commandera de marcher, libres.

Augustin: Tr 22,7 (PL 35,1578 ; Vives 9,505) : La voix du Seigneur a été entendue par Lazare à travers la pierre : qu'elle pénètre nos coeurs de pierre.

Jn 11,45-46 // Lc 16,31 Jn 15,24 — Que Jésus se comporte humainement, quand il pleure (v. 35-37), ou divinement, quand il ressuscite Lazare, toujours les interprétations s'opposent diamétralement, suivant que l'on est prêt ou non à croire en Lui (comme aux ch. 7 à 10). La bienveillance ou la malveillance des jugements vient moins de leur objet (qui est le même pour les croyants ou non), que de nous : c'est encore une application de « la paille et la poutre » § 68 — Mt 7,3-5). La conclusion de la parabole de l'autre Lazare et du mauvais riche (// Lc 16,31) prend valeur prophétique.

p. 544

§ 267. La prophétie de Caïphe : Jn 11,47-54


(Jn 11,47-54)

— Comme sur les points jugés par lui essentiels, l'Evangéliste lui-même commente ici les faits. Pourquoi ne lui ferait-on pas confiance ? N'est-il pas le mieux placé pour juger du sens de la mort du Christ (v. 51-52) ?

// Ac 4,15 — Les Actes des Apôtres reproduisent fidèlement la vie et les oeuvres du Maître : cf. 4,13-14, en // au § 256 ; 3,1-2.10-11, en // au § 262 ; 3,16 et 14,8-10, en // au § 268 ; 5,12-13, en // au § 264 .

Jn 19,48-49) — Les Romains viendront : Le danger de répression violente par Pilate n'était pas illusoire; cf. § 215 — Lc 13,1-2*. «Ils se disent cela, comme se reprochant à eux-mêmes de n'avoir pas tué Jésus avec Lazare (Jn 12,10*). Ils s'exhortent mutuellement au crime : ils ne supportent pas que les foules croient au Christ. Ils estiment qu'ils sont injustement chassés de leurs positions — ils devraient savoir qu'elles appartiennent à Dieu » (Cyrille d’Alexandrie : Sur Jn 11,50 — PG 74,68).

Caïphe était grand-prêtre cette année-là : Non pas au sens de « seulement cette année-là », car il le fut de 18 à 36 ap. J.c. : cf. § 19 — Lc 3,2*, et josèphe : Ant. Jud. 18,35) — vol. IX, p. 28-30. « Vois-tu combien est grande la puissance pontificale? Parce qu'il était parvenu au rang de Grand Prêtre, et bien qu'il fût indigne de cette fonction, il prophétisa, ne discernant pas lui-même ce qu'il disait. La grâce (charis) se servit de sa bouche seulement, et ne toucha pas son coeur impur » (Chrysostome : Sur Jn, hom. 65,1) — Vives 14, p. 197).

// 2S 17,1-3 — Interprété d'après la Septante (comme Dhorme, Segond, Bj, Tob). Litt. « Comme le retour de tous, l'homme que tu cherches ». La passion de David, lors de la conjuration d'Absalom, est une saisissante préfiguration de celle du Christ : cf. aux § 317 , § 338 surtout, et § 351 -352, les // Tirés de 2S 15-16
Gn 45,3-5 ; 50,20) — Plus encore, l'histoire de Joseph annonce la Passion et la Résurrection du Christ. Ici comme là, le Dessein éternel de Dieu tire le bien du mal (cf. BC I*, p. 165 ss. et 195).

// Ex 28,29 — Ce rôle du Christ, que Caïphe prophétise, était celui qui revenait en réalité au grand prêtre. De ce fait, sans le savoir, Caïphe annonce également le remplacement des grands prêtres de la lignée d'Aaron par l'Unique Eternel Grand Prêtre : He 5,1-10 et 7,11-28 (bc i/Lz et Lx); He 9,11-20, en // au § 352 .

// 1Jn 2,2 2Co 5,14 — C'est l'affirmation fondamentale du Credo : « Pour nous, Il a été crucifié ». Lui-même l'a prédit : Il donnera sa vie « en rachat de la multitude » § 255 — Mt 20,28*, et Is 53,10-11, en // à ce même §).

Tout se met en place pour la Passion. Les controverses de Jn 7-8 et 10, appuyées par les deux miracles retentissants de l’Aveugle-né puis de Lazare, provoquent d'une part la décision, par les autorités juives, de « faire mourir » Jésus, et d'autre part l'enthousiasme de la foule des Rameaux § 273 -75) qui — après un dernier duel verbal d'une violence extrême § 279 -307) — pressera les adversaires du Christ d'accepter l'offre de Judas § 312 -314)...

p. 545

268-275. vers l'intronisation, au temple





§ 268. L’aveugle de Jéricho : Mt 20,29-34; Mc 10,46-52; Lc 18,35-43


(Mt 20,29-34 Mc 10,46-52 Lc 18,35-43)

— Avec les Synoptiques, nous reprenons l'ultime montée à Jérusalem, depuis Jéricho. Mais chacun des Évangélistes en traite les épisodes suivant son dessein propre. On est heureux de voir enfin reconnaître que les recherches sur la genèse supposée des textes ont trop et trop longtemps « encombré » l'exégèse, et qu'il vaut mieux en revenir à l'analyse de chacun des récits, pris comme un tout et dans « son originalité rédactionnelle » (a. paul, dans Cahiers Bibliques de « Foi et Vie », n° 9, 1970, p. 44-69).

En Mt, ce qui frappe immédiatement, c'est qu'il y a 2 aveugles, tout comme dans le miracle similaire de 9,27-31*. Mais alors qu'en ce § 95 , la foi surtout était mise en valeur (9,28-29*), cette fois la scène devient accompagnement quasi processionnel, comme d'ailleurs en Mc et Lc (comparer Mt 20,34 Mc 10,52b et surtout ) : c'est le début de ce qui va se grossir en « procession des Rameaux »).

Pour Mc, ce miracle est récit de transition qui, tout à la fois, conclut la 2° partie (voir § 115 *; Introd. aux § 146 -182, et aux § 183 -245), en ouvrant la 3° partie. Bartimée est un dernier exemple du disciple appelé à suivre le Christ (v. 49 et 52b — comparer aussi « que veux-tu que je fasse pour toi », du v. 51, avec la même question à Jacques et Jean, au § 254 — Mc 10,36). Mais l'invocation au « Fils de David » annonce à la fois les acclamations des Rameaux (11,10), et la controverse avec les Pharisiens sur le Messie, fils ou Seigneur de David (12,35-37). Sur tout ceci, cf. B. standaert: L'Év. selon Mc, p. 119-125. En outre, cette 3° partie, qui commence donc sur ce miracle et va se poursuivre par la reconnaissance messianique des Rameaux, puis la Passion, est le développement de la séquence déjà annoncée aux § 162 et § 165 -168) — Mc 8,22-39: 1) guérison d'un autre aveugle (de Bethsaïde), 2) confession de Pierre à Césarée, 3) annonce de la Passion du Christ, et de la nécessaire association des disciples aux souffrances rédemptrices de leur maître.

Lc joint à ce miracle la conversion de Zachée § 269 , dont le parallélisme est souligné par la même réaction de la foule, d'abord peu accueillante, puis enthousiasmée (18,39 et 19,7; 18,43b), ainsi que par l'intégration du miraculé comme de Zachée dans le peuple de Dieu (v. 43) et des « fils d'Abraham » (19,9*).

Mais à travers ces orientations plus particulières, le sens de l'épisode est tout à fait convergent, dans les trois Synoptiques : on est au départ d'une montée triomphale. Que ce soit à la sortie (Mt-Mc) ou à l'entrée de Jéricho (Lc — parce qu'il va placer ensuite l'épisode de Zachée, qui se passe dans Jéricho), Jésus avance sur la route, suivi d'une foule nombreuse, à laquelle vont se joindre d'abord l'aveugle, jusque-là immobile, « assis au bord de la route », puis Zachée, monté sur son arbre pour voir le Christ passer par là (Lc 18,35 et 19,4). La mise en mouvement de Bartimée est particulièrement spectaculaire en Mc (v. 50*).

Mt 20,30; Mc 10,48; Lc 18,38 // Si 47,22 Lc 1,68-72 Is 9,5-6 — Fils de David, etc. : Cf. le miracle similaire, au § 95 — Mt 9,27-31.

Mt 20,32; Mc 10,49-50; Lc 18,40 // Ac 14,8-10 — Jésus, s’arrêtant : double contraste, avec le mouvement itinérant, et avec l'égoïsme inconscient de la foule (et du < groupe >), qui, volontiers, « passerait outre » comme le prêtre et le lévite de la parabole du Bon Samaritain. Jésus, lui, a toujours le temps, comme le Bon Samaritain, comme avec l'hémorroïsse § 143 — Mc 5,30-34*, J. Guillet). C'est qu'il se soucie de tous ; aussi a-t-il entendu ce qu'il y avait de détresse dans ce « cri », que les autres voudraient faire taire. Il a discerné en ce malheureux une de ces brebis qu'il veut ramener au bercail § 263 — Jn 10,16* et § 230 - Lc 15,4-7*). Et Il l'appelle, non moins que Marie de Béthanie : c'est d'ailleurs le même verbe «Lève-toi» de la résurrection § 266 — Jn 11,28-29*). Et lui, jetant son manteau (Mc) : dans sa hâte à quitter tout ce qui gênerait ses mouvements pour aller au Christ, comme Pierre et André, Jacques et Jean (Mc 1,16-20); comme le Jeune Homme riche n'a pas su faire (Mc 10,17-31). Sautant sur ses pieds : C'est le même empressement que Marie § 266 — Jn 11,29*) ; la même guérison spirituelle déjà que celle de l'impotent du // Ac 14,10 Ac 14,

Mt20, 34;Mc 10,51-52;Lc 18,42-43 // Ac 3,16 He 11,6 — Propre à Mt: ému de compassion (cf. § 39 — Mt 8,3*), Jésus toucha ses yeux (cf. § 143 — Mc 5,21-23). Propre à Mc : Rabbouni : ajoute l'affection au simple < Rabbi >, titre de déférence qui signifie originellement < Mon Seigneur >, et pratiquement: < Maître > (Jn 1,38 Jn 1,49 Jn 3,2 Jn 4,31 Jn 6,25 Jn 9,2 Jn 11,8 Mc 11,21 Mc 14,45 — cf. surtout § 287 — Mt 23,7-8*). Le seul autre emploi de < Rabbouni > dans les Évangiles est le cri du coeur de Marie de Magdala au tombeau, quand elle s'entend appeler par Jésus ressuscité (Jn 20,16): un rapprochement de plus entre cette vocation et celles de l'une et l'autre Marie...

Va, ta foi t'a sauvé* (Mc-Lc) : Si Mt ne le répète pas, c'est qu'il avait insisté sur la foi dans son premier récit du miracle des deux aveugles § 95 — Mt 9,28). Sur le rapport < Foi et Miracle, cf. Table des Thèmes. Si Bartimée est « venu près de Jésus », c'est d'abord par sa foi ; c'est elle qui l'a porté à « bondir », dès son appel. Et il l'accompagnait sur la route : La foi ne l'a pas seulement guéri : elle l'engage et le rend disciple : « Car il ne pouvait voir qu'à la condition de suivre le Christ, de prêcher le Seigneur, de dépasser le siècle » (ambroise : Sur Le vin, 84) — SC 52, p. 136). Glorifiant Dieu : comme le peuple louait Dieu (Lc) : cf. § 10 — Lc 2,20*; et § 217 — Lc 13,13*.

En voyant cela : Comme après le miracle de l’Aveugle-né, il y a rapprochement entre le miraculé et les spectateurs. Seulement, cette fois, ils voient aussi et rendent grâces à Dieu avec Bartimée, au lieu que les Pharisiens s'étaient aveuglés eux-mêmes § 262 — Jn 9,39-41*).

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§ 269. La vocation de Zachée : Lc 19,1-10


(Lc 19,1-10)

— Voir l'introduction au § 268 , // Le. N'est pas sans rapport non plus avec la vocation de Lévi § 41 -42*) ; et la conclusion (v. 10) évoque le refrain des 3 paraboles de la Miséricorde § 230 -232) — Lc 15,6.9.24.32). Ainsi, d'un bout à l'autre de son Évangile, Saint-Luc annonce la Bonne Nouvelle de la vocation des pécheurs — à la conversion, certes ! (19,8), mais aussi à une communion aussi intime avec le Christ que de le recevoir à demeure, « chez soi » (v. 5-7 ; cf. § 327 — Jn 14,23, et son // Ap 3,20).

Au surplus, avec saint ambroise, félicitons-nous avec humour de ce que cet Évangile — et quelques autres : rappelons-nous, en Lc 8,3, les femmes qui assistent Jésus et les Apôtres « de leurs ressources », ou encore, Joseph d'Arimathie - « nous permette de rentrer en grâces avec les riches puisqu'ils sont appelés, eux aussi, à la même communion et générosité que Zachée: le crime n'est pas dans les richesses, mais de mal en user » (Sur Lc VIII, 84-85) — SC 52, p. 137).

Lc 19,1-4 // Mt 21,31 Ps 106,4-5 — Publicain*. Petit de taille : « Il n'avait pas encore vu Jésus, c'est donc vrai qu'il était petit » (ambroise); et d'autant plus noyé dans la foule. Car elle est toujours là. Le retrait dont parle Jn 6,66 est surtout spirituel,: la plupart n'ont pu « suivre »* par la foi l'enseignement du Christ sur le mystère eucharistique ; mais ce n'est pas dire que l'on ne continue pas d'être friand de miracles. La vue rendue à Bartimée vient de raviver l'enthousiasme populaire, et il faut être sensible à cette liesse qui « accompagne » le Christ, et va le porter triomphalement jusque dans le Temple § 273 et 275).

Reste que, pour accéder à la rencontre plus personnelle, il est bon et parfois nécessaire d'émerger de cette < ambiance > émotive et contagieuse (cf. § 143 — Mc 5,40), en s'élevant par un acte plus délibéré, donc plus libre, de foi, d'espérance et de charité — comme Zachée montant sur le sycomore nous en donne l'image; même si, au départ, il ne cherchait qu'à « voir Jésus ».

Lc 19,5-7 // Ps 122,1-2 — Jésus leva les yeux : Il y a bien, pour commencer, contact physique. Mais aussi, comme pour l'aveugle, une attention particulière qui est déjà rencontre, et appel § 268 — Mc 10,49*).

Il faut*. Aujourd’hui : Comme Jésus dira au bon larron : « Aujourd'hui tu seras avec moi... » § 353 — Lc 23,43) ; cet < aujourd'hui > revient au v. 9*. Que je m’arrête : Comme avec l'aveugle (Mc 10,49*); mais c'est aussi le verbe de Saint-Jean : < demeurer >*. En ta maison : Avec l'intimité qu'impliqué le seul fait de s'inviter ainsi. Comme toujours, dans la réciprocité de l'amitié et du don : « moi en eux, mais eux avec moi » (Jn 17,21-24). Et comme Il demande à boire à la Samaritaine : pour mieux lui révéler le don (préalable) de Dieu (Jn 4,7-10). Recevoir le Christ « en notre maison » ou « entrer dans son Royaume », c'est le même et unique mystère de notre union mutuelle. D'où le // Ps 122,1-2, évoquant au surplus l'entrée à Jérusalem et jusque dans le Temple, qui va de pair avec l'entrée dans la maison de ce pécheur — comme, une fois de plus, on va le reprocher au Christ (cf. § 42 — Lc 5,30* ; cf. 15,2, au § 230 .

Zachée se hâta de descendre : répondant au « descends vite » du Christ. Voir § 268 — Mc 10,50*, et § 266 — Jn 11, 29: « Vite, Marie se leva ». Mais cf. d'abord la première rencontre de Gn 18, où Dieu reçoit l'hospitalité d'Abraham également sous le signe de l'empressement (BC I*, p. 106) — Gn 18,6-8). Or, ici, on voit que le zèle de l'amour est réciproque !

Lc 19,8-10 // Ex 21,37 2S 12,1-6 — Debout, dans sa petite taille : les Evangiles sont aussi visuels. VoicI*. Donner aux pauvres : Sur l'insistance des < Evangiles >, et spécialement Saint-Luc, à encourager la distribution des biens, cf. § 60 *, § 205 *, § 253 — Lc 16,9*; et 249) — Lc 18,21-22*.

Mais, outre le don, il y a le devoir de restitution : « car l'un ne va pas sans l'autre, et les largesses n'ont pas de mérite si l'injustice subsiste » (ambroise: ). La Loi du Sinaï exigeait de rendre soit le double (Ex 22,3 Ex 22,6), ou avec intérêt (Lv 5,21-24 Nb 5,6-7), soit parfois le quadruple (// Ex 21,37 cf. // 2S 12,6). Zachée choisit donc le plus.

Aujourd’hui : Une fois encore. C'est l'« hodie » de la Présence (cf. § 10 -Lc 2,11*; et § 30 — Lc 4,21*). Le salut est venu : car c'est Lui-même, Jésus.


Lui aussi est fils d’Abraham : // Ga 3,7; Rm 4,16 — Comme la femme courbée était « fille d'Abraham » § 217 — Lc 13,16*); et à l'inverse des Pharisiens, « fils du diable » § 261 — Jn 8,33-47*). C'est toujours le transfert de l'héritage, passant de la descendance charnelle, mais infidèle, du patriarche, à sa descendance spirituelle par la foi — transfert annoncé dès Mt 8,11-12* § 84 , et de façon particulièrement provocante en Mt 21,31 (en // au début de ce § 269 . Mystère que saint Paul a pris pour thème central des Épîtres aux Galates et aux Romains (cf. //), et qu'il fait rentrer — comme Jésus en conclusion de cette scène (Lc 19,10 — dans le plus grand mystère de la Sagesse providentielle du dessein divin de Salut, dépassant toute compréhension humaine (Rm 11,33-35).

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Bible chrétienne Evang. - § 265. Jésus se retire au-delà du Jourdain : Jn 10,40-42