Bible chrétienne Evang. - § 276-278. Malédiction du figuier : Mt 21,18-22; Mc 11,12-14.20-25 //Os 9,10-16 Ha 3,17


IV. LE SACRIFICE PASCAL PARAGRAPHES 279 À 376





1. LES DERNIERS JOURS §§ 279-311.


La montée à Jérusalem menait Jésus jusqu'au Temple § 275 -277). Mais déjà, la malédiction du figuier § 276 -278) annonçait symboliquement ce qui va se confirmer durant ces jours qui séparent le fragile triomphe des Rameaux du sacrifice de la Cène et du Calvaire. C'est chez Mt que se dessine le plus fortement la progression d'un duel où, même vainqueur, Jésus n'en est pas moins condamné.

D'une part en effet, les adversaires du Christ tentent de le perdre par leurs insiDieuses questions § 279 , 283-285) ; d'autre part Jésus, après un ultime avertissement par les 3 paraboles menaçantes des Deux fils, des Vignerons homicides et des Invités au festin § 280 -282), passe à l'offensive : d'abord, contre « scribes et pharisiens », Il lance avec une véhémence inouïe sa septuple malédiction § 287 -289) ; puis Il annonce les malheurs à venir dans le dernier des 5 discours sur lesquels est bâti cet Évangile selon Saint-Matthieu — discours adressé toutefois à ses disciples, et se concluant sur un appel à la vigilance § 291 -304 -Mt 24), encore prolongé par les 3 paraboles des Vierges sages ou folles, des Dix talents et du Jugement dernier § 305 -307) — Mt 25). En somme : un peu plus de 2 chapitres d'affrontements (21,23 à 23,39) et 2 chapitres sur l'après-Lui (ch. 24-25).

De son côté, Saint-Marc a commencé avec les Rameaux sa 3° et dernière grande partie (ch. 11 à 16). Elle n'est pas moins structurée que les deux premières § 115 * et 146*), avec ses 3 sections bien marquées : controverses (ch. 11-12), discours eschatologique (ch. 13), Passion et Résurrection (ch. 14-16). B. Standaert (Ev. selon Mc, p. 326-327) observe même une certaine symétrie entre la 1° et la 3° partie, avec ici et là 5 controverses (2,1 à 3,6 et 11,15 à 12,34) centrées autour d'une parabole (2,18-22 et 12,1-12) et préparant un plus long discours (en paraboles au ch. 4, eschatologique au ch. 13).

Quant à la 1° section de cette 3° partie, elle est, suivant le schéma habituel à Saint-Marc, concentrique autour du moment le plus dur de l'affrontement avec les représentants du Sanhédrin en corps constitué (11,27*). Ce climax* va jusqu'à 12,12. En comparaison, les 3 dernières controverses — sur l'impôt, la résurrection des morts et le premier commandement (12,13-17.18-27.28-34), et qui ne sont pas d'ailleurs qu'avec des comparses (hérodiens, sadducéens, et le scribe de bonne volonté) — vont en décroissant. À la dernière, même, « il n'y a plus loin » entre le questionneur et le Royaume »... On peut dire que le combat verbal cesse faute de combattants : « nul désormais n'ose l'interroger » (12,34). Jésus sort du Temple § 291 — Mc 13,1 ; cf. déjà Mc 12,41), comme Il y était entré au début de la section § 275 — Mc 11,11*).

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§ 279. Questions sur l'autorité de Jésus : Mt 21,23-27; Mc 11,27-33; Lc 20,1-8


(Mt 21,23-27 Mc 11,27-33 Lc 20,1-8)

— Jésus enseigne, comme au temps de la Galilée : Mt 4,23; 9,35; 13,54. Mais justement, depuis l'échec de la prédication à Nazareth, Mt avait évité ce verbe d'enseigner, pour mieux marquer le parti qu'avait pris désormais Jésus de ne plus prêcher directement aux foules, et de plutôt préparer l'avenir en formant ses successeurs (voir Introd. aux § 146 -182).

Les princes des prêtres, les scribes et les anciens (Mc-Lc) : Représentation par conséquent, des 3 composantes du Sanhédrin, comme dans la délégation envoyée à Jean-Baptiste § 19 — Jn 1,19-23*) — auquel précisément Jésus va les renvoyer. Les princes des prêtres : Litt. < les grands prêtres > ; mais chacun sait qu'il n'y en avait qu'un à la fois. « Il s'agit sans doute des membres des familles sacerdotales, des hauts fonctionnaires du Temple et surtout des grands prêtres antérieurs, qui avaient été démis de leurs fonctions » (deb, p. 762-63). Lc 3,2* § 19 avait ainsi nommé Anne en même temps que Caïphe; et de fait, au Procès, Anne jouera un grand rôle § 339 -340) — Jn 18,13 ; et 19-24).

Par quel pouvoir... qui t'a donné ce pouvoir : // Ex 2,13-14; 1M 10,69-71 — À la différence des gréco-romains, où peut être considéré un pouvoir obtenu et consolidé par la force (// 1M 10,69), pour Israël il doit être donné par Dieu, pour une mission (// Ex 2,13). Le Christ a fait preuve de cette « autorité » (< Exousia >*), non seulement dans son enseignement § 76 — Mt 7,29*), mais sur le péché et sur les démons § 40 — Mc 2,8-12*; § 98 — Mt 10,1*). Après la Résurrection, Il affirmera à la fois son universalité, et son droit de transmettre cette Puissance (< Exousia >) reçue de son Père (// Mt 28,18-19).

Mt 21,24-27; Mc 11,29-33; Lc 20,3-8) — Dans sa réponse, pourtant, le Christ se borne à renvoyer ces délégués officiels au cas de Jean-Baptiste. Ce n'est pas seulement un piège (Mc 11,31-32), mais surtout une façon de se situer, face au Pouvoir du Sanhédrin désormais faussé, dans la même ligne que son Précurseur : tous deux ne sont-ils pas « envoyés de Dieu » (// Jn 1,6 — cf. < Envoyé >*), pour prêcher le même Evangile de conversion permettant d'entrer dans le Royaume § 19 et 28) — Mt 3,1-2* et 4,17*). De surcroît, Jésus peut ainsi arguer discrètement que Jean-Baptiste a témoigné en sa faveur (// Jn 1,32-34 cf. § 150 - Jn 5,33*).

du ciel = de Dieu; comme Royaume des cieux = de Dieu § 19 — Mt 3,2*).

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§ 280. La parabole des deux fils : Mt 21,28-32



(Mt 21,28-32)

— Ajoutée ici par Mt, sans doute parce qu'elle va dans le même sens que les 2 suivantes ; alors que, en elle-même, ce serait beaucoup moins net.

Mt 21,28) — Qu'en pensez-vous — Suivant le procédé courant, qui permet de poursuivre un dialogue (rompu au v. 27), au moyen d'une histoire parallèle, assez énigmatique pour que l'interlocuteur se juge lui-même en acceptant sous le voile de la fiction, ce qu'il aurait refusé en clair (cf. § 123 — Lc 7,40-47*).

Un homme avait deux fils : Même début que la parabole de l'Enfant prodigue. Mais il est d'autant plus notable que cette fois, aîné ou cadet ne sont pas indiqués, ce qui nous avertit qu'il ne s'agit pas ici du rejet d'Israël, premier-né, et de la vocation des païens: ce sera pour la parabole suivante § 281 *).

Mt 21,29-30) — L'ordre entre les deux fils n'est même pas assuré. Nous suivons le texte de Nestlé (= Vaticanus): le 1° fils dit oui et ne fait pas; le 2° dit non, mais se repent. Par contre, bien d'autres à commencer par Lagrange adoptent l'ordre du Sinaïticus (etc...), où le 1° fils dit non, et le 2° oui. Peu importe si, de toute manière, ce qui est en cause n'est pas l'ordre de succession, mais d'une part l'opposition entre le dire et le faire (voir § 74 *), d'autre part la possibilité de se repentir. Comme l'enseignait déjà Ezéchiel 18, 21-32 en effet, juste ou pécheur on n'est pas jugé sur le point de départ, mais d'arrivée. Car Yahvé ne se plaît à la mort de personne, et jusqu'à la Onzième heure Il accueille ceux qui veulent bien venir travailler à la Vigne...

L'un répondit : Oui, Seigneur... : C'est au moins un titre d'extrême déférence; mais comme < Seigneur >* est aussi un Nom divin, cela laisse entrevoir qui est « le père », figure de Yahvé comme d'ailleurs en beaucoup de paraboles, qu'elles soient judaïques ou évangéliques (cf. Paraboles rabbiniques, p. 32-38). L'autre répondit : je ne veux pas... : Refus si catégorique qu'il en est grossier.

Mt 21,31a : Faire la volonté du Père : C'est tout ce qui polarise l'intention du Fils, Jésus (Jn 4,34 Jn 5,30 Jn 6,38 Jn 9,31 Mt 26,42 Lc 22,42), comme ce doit l'être aussi de ses disciples : Mt 7,21 ; 12,50; cf. Jn 7,17; et c'est le sommet du Notre Père: « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » (Mt 6,10). Quelle est cette volonté, le v. 32* surtout va le préciser.

Mt 21,31b — Lequel des deux : La réponse s'impose. Mais ce qui était moins prévisible, c'est l'application qu'en fait le Christ, solennellement, comme par un jugement sans appel : « Amen, je vous le déclare... »

Les publicains et les courtisanes : Sont tenus pour être, par fonction, dans une situation pécheresse (S. Légasse: Jésus et les prostituées, dans rtl 1976, p. 137-154). L'affirmation est donc provocante, plus encore que le choix du Samaritain de la parabole. — Là en effet, ce n'était que par mode d'exemple fictif; tandis que cette fois, il s'agit de vrais publicains et courtisanes. Le Christ les met en avant, les proposant pour ainsi dire en modèle : pécheurs, certes ! mais qui ressemblent au meilleur fils de la parabole en ce qu'après avoir dit: non, ils se sont repentis. Et quand donc se seraient-ils notoirement repentis, sinon lors de la prédication du Baptiste § 21 ?

Or, à qui le Christ ose-t-il donner ce modèle ? — « À vous... » donc à ces dignes représentants du Sanhédrin § 279 — Mc 11,27*). Implicitement, les voilà assimilés au premier fils. Et c'est vrai qu'ils ont dit « oui » à la Loi de Moïse, donc, semblerait-il, à la volonté de Dieu. En quoi ne l'ont-ils pas faite 1 Serait-ce que le Christ les taxe d'hypocrisie, comme il le fera si expressément plus loin § 288 *) ? — Mais précisément, ici, il n'en est pas question. Ce qui leur est reproché va être formulé au v. 32*.

Ils vous précèdent : Les exégètes supposent d'ordinaire qu'il convient de prendre ce verbe au sens dur, exclusif (outre S. Légasse, p. 145, cf. J. Dupont. Ass.S. il, n° 57, p. 25 : « pas seulement plus tôt, mais plutôt que vous »). Mais avec D. Marguerat (Le Jugement... : p. 273-302), il semble que l'on doive admettre un durcissement progressif de l'une à l'autre des 3 paraboles. Pour les Invités au festin, l'exclusion est expresse, au moins en Lc 14,24 § 282 . Mais pourquoi ne garderait-on pas ouverte encore ici la possibilité de conversion pour les fils déférents mais en fait désobéissants, à la suite des fils pécheurs (ou prodigues) qui se sont repentis ? Tant qu'il y a encore du temps, il y a le temps...


Même en ce sens pourtant, cet ultime appel du Christ ne laisse pas d'être choquant pour ces prêtres, scribes ou anciens. Puisqu'ils ont dit < oui > à la Loi, et puisque sans doute ils en observent les multiples prescriptions, pourquoi auraient-ils à se convertir, donc à changer ! C'est bon pour publicains et courtisanes ! Mais pour eux, « qui se confient en eux-mêmes comme s'ils étaient justes » § 245 — Lc 18,9; cf. § 234 ? Cette réplique du Christ demande explication...


Mt 21,32) — Ce verset apporte les précisions nécessaires ; mais il est généralement tenu par les exégètes pour ajouté par Mt à la parabole (qu'ils veulent bien reconnaître comme venant au moins en substance de Jésus lui-même). À vrai dire, nul n'en sait rien... La raison principale qu'on allègue serait une certaine < distorsion > entre le sens obvie de la parabole et l'application qu'en fait ce v. 32. Mais, outre qu'on détermine cette signification après avoir coupé les v. 28-31 de 32 (ce qui est donc un cercle vicieux), d'une part qui prouvera jamais que Jésus n'était pas capable de ce genre de < distorsion > ? Il fait bien pire avec la Samaritaine en retournant complètement sa proposition initiale § 81 Jn 4,10). D'autre part et surtout, les liens du v. 32 avec ce qui précède sont bien plus constants que cette prétendue discontinuité.

Car en tous cas, ce v. 32 est l'explication, non seulement de l'assertion du v. 31b (qui, autrement, comme nous l'avons vu, serait < scandaleuse >), mais aussi de la question des v. 23-27, qui était restée pendante :

Car Jean est venu : Explique pourquoi le Christ avait renvoyé au Précurseur les représentants du Sanhédrin : pour leur montrer où ils avaient manqué l'aiguillage et pris la mauvaise voie (Mt 21,24-27).

Jean-Baptiste en effet venait sur la voie de la justice : Quelle voie ? — Celle qu'il avait pour mission d'aplanir § 19 pour « Celui qui venait après lui mais le précéderait » § 24 — Jn 1,30). Et quelle justice ? — Celle de Jésus qui « accomplit toute justice » par son baptême, annonciateur de sa mort rédemptrice § 24 -Mt 3,15* et 17b*).

Or, que prêchait Jean-Baptiste ? — 1) un événement : « Le Règne de Dieu est proche »; et 2) l'exhortation à y entrer : « Faites pénitence, convertissez-vous » § 19 — Mt 3,2* = le < Kérygme >*, l'essentiel de l'Évangile, qui est aussi celui de Jésus-Christ; cf. § 28 — Mt 4,17*). Et même, plus précisément : « Faites de dignes fruits de pénitence » § 20 — Mt 3,8*) — comme l'un et l'autre fils de la parabole ont été appelés à travailler à la vigne pour qu'elle produise ses fruits (dont il va être plus spécialement question à la parabole suivante : Il y a une merveilleuse harmonie et correspondance entre toutes ces images !).

Et qui donc a répondu à cet appel du Baptiste ? — Luc indique, dans la foule, des soldats et des publicains*, comme ici et au v. 31b. Ceux-là ont cru ce que le Précurseur annonçait, au sens fort où < croire en... > = s'engager. L'insistance sur la foi est marquée, en ce v. 32, par la triple répétition de « croire en lui ». C'est toute la question s'il est vrai que telle est « la volonté du Père » : que nous croyions, au point de nous engager dans une conversion — signifiée dans la parabole par le travail à la vigne (cf. § 281 — Mt 21,43*).

Car dans cette perspective, ouverte par Jean-Baptiste et qui s'accomplit dans le Christ, le v. 32 est l'explication exacte de la parabole : Publicains et courtisanes qui jusque-là, par hypothèse, disaient non ont écouté l'appel du Précurseur, se sont repentis, ont accueilli le Règne de Dieu en se mettant à travailler dans la vigne du Père (sur ce que signifie < la vigne >, cf. § 281 *, et § 329 -Jn 15*). Mais ce faisant, ils ont cru et, en cela même, ont répondu à la volonté salvatrice de Dieu. Par contre, ce que le Christ reproche aux représentants du Sanhédrin, c'est bien d'être comme le fils qui dit oui à la Loi et aux traditions judaïques : ils n'ont pas cru en l'événement annoncé par Jean-Baptiste, du Règne de Dieu tout proche, ni encore moins qu'ils devaient se convertir, puisqu'ils se croyaient < justes >. Même plus tard, même devant la prédication du Christ — encore plus corroborée par le témoignage du Précurseur, les miracles et l'accomplissement des prophéties § 150 — Jn 5,31-47*) — ils ne sont pas venus à Lui.


// 1S 15,10-22 Ac 13,22 Rm 2,9-10 — Sans être visés directement par la parabole, Saül et David en sont une illustration. Car le premier, à qui fut donnée la royauté, la perdit pour n'avoir pas compris que par-dessus tout, Dieu demande que l'on entre dans sa volonté salutaire (// 1S 15,22), tandis que le second, malgré son lourd péché avec Bethsabée, est selon le coeur et la volonté de Dieu (// Ac 13,22), du moment qu'il s'est repenti (2S 12,13, en // Au § 259 .

Cette parabole ne vise pas non plus directement le remplacement, par les chrétiens venus du paganisme, du peuple élu, défaillant (// Rm 2,9-10). En réalité, tous sont appelés. Mais, s'il aurait fallu qu'Israël même se repente, il est clair que les chrétiens n'ont pas moins à se reconnaître dans cette vocation de travailler à la vigne du Règne de Dieu, en croyant eux aussi qu'ils ont à se convertir pour faire la volonté du Père. Car « la volonté de Dieu, c'est votre sanctification, telle que donnée par Dieu avec son Saint-Esprit » (1Th 4,3 et 8).

// Lc 7,29-30 — Cette sentence, proche du v. 32 de Mt, sert de conclusion à l'éloge que le Christ vient de faire de Jean-Baptiste § 107 *). C'est un des arguments donnés en faveur du déplacement, qui serait propre à Mt, de cette parole du Christ : le 1er Évangéliste l'aurait donc rattachée à un contexte pour lequel, primitivement, elle n'aurait pas été dite. Mais là encore, qu'est-ce qu'on en sait ? Comment être sûr que le Christ n'est pas revenu en diverses occasions, sur l'endurcissement de ses adversaires ? Et quoi d'étonnant qu'il ait tiré en termes voisins une conclusion semblable de ce même drame ?

Bien entendu, nous non plus ne saurions prétendre trancher le débat. Il ne nous paraît même pas très utile puisque nous croyons que Saint-Matthieu était — naturellement et plus encore par grâce d'inspiration — plus apte que tous les exé-gètes à comprendre et interpréter les dires de Jésus. Plutôt que de bâtir le commentaire de l'Evangile sur des bases nécessairement hypothétiques, mieux vaut s'en tenir à ce qui est sûr : le texte même que, complémentairement, chaque Évangéliste a rédigé de son mieux (cf. Introduction générale).

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§ 281. Les vignerons homicides : Mt 21,33-46; Mc 12,1-12; Lc 20,9-19


(Mt 21,33-46 Mc 12,1-12 Lc 20,9-19)

- L'une des 3 seules paraboles (avec celle du Semeur et du grain de Sénevé, § 126 et § 133 retenues par les 3 Synoptiques, ce qui laisse déjà présager son importance. C'est aussi l'un des cas évidents où l'exclusion a priori, par A. jùlicher, de toute portée allégorisante des paraboles, s'avère intenable. Mais elle ne peut être non plus un simple < fait divers > tiré par le Christ de la sociologie rurale d'alors, comme le ferait un écrivain naturaliste : c'est visiblement une histoire imaginée sur mesure et point par point pour les besoins de la cause. Voir X. Léon-DUFOUR : Et. d'Ev., p. 304-344; et D. Marquerai : Le jugement..., p. 303-324.

C'est en Mt que le propos de la parabole est le plus clair. Il y a 2 temps : celui des vignerons (Mt 21,34, « quand vint le temps des fruits... »), puis celui du maître de la vigne (Mt 21,40 : « quand il viendra... »). Mais d'un bout à l'autre, la question est de faire rendre les fruits de cette vigne (v. 34 et 43).

Mt 21,33 Mc 12,1 Lc 20,9 // Is 5,1-7 — Écoutez une autre parabole (Mt) : pour Mt, dans le prolongement de celle des Deux fils, Jésus poursuit sa polémique contre les représentants du Sanhédrin § 279Mc 11,27* et § 280 -Mt 21,31-32 : « vous »). Pour Luc, Jésus « commence » de s'adresser « au peuple », ce qui n'est pas incompatible, puisque les émissaires du Sanhédrin sont venus trouver le Christ dans le Temple, alors qu'il enseignait la foule : Mt 21,23. C'est donc devant tout le monde qu'il va prendre à partie les dirigeants.

Il y avait un homme, maître d'un domaine (Mt) : La Vulgate traduit joliment : « Paterfamilias ». La suite du verset est une citation implicite du // Is 5,1-7, trop célèbre pour n'être pas immédiatement reconnue. D'emblée elle donne le ton : celui de l'amour et des prévenances de Yahvé pour sa vigne, Israël. S'il en est « le maître », c'est comme Créateur et protecteur (comme tend d'ailleurs à le suggérer Mt par cette expression de « maître du domaine »). Le cantique tourne au procès (Is 5,3-4) et au drame (Is 5,5-6). La parabole plus encore; mais on lui enlèverait de son intensité en faisant peu de cas du lien quasi nuptial — « mon Bien-Aimé » : aspect que développera la 3° parabole — entre Dieu et son peuple. La trahison de ses vignerons n'atteint pas seulement « le maître de la vigne » dans ses droits et ses biens, mais dans son coeur...

Il partit en voyage (Mt), au loin (Mc), pour une longue absence (Lc) : Éloignement dans l'espace et le temps, donc particulièrement sensible; comme dans la vie spirituelle où Dieu semble parfois si absent de notre monde, et même parti sans retour. Les paraboles de la vigilance, qui nous parlent de ce même départ, nous assurent aussi qu'il faut continuer de l'attendre, dans l’espérance : Lc 12,36-40 Lc 12,43 Lc 12,45-46 Lc 19,12 Mt 24,48-50 Mt 25,5 Mt 25,15 Mt 25,19.

Mt 21,34-36 Mc 12,2-5 Lc 20,10-12 // 2Ch 36,15-16 — Les détails varient de l'un à l'autre des Évangélistes, ce qui nous invite à ne pas vouloir mettre un nom précis à chacun des « serviteurs » que mentionne la parabole : ce serait un allégorisme* excessif. Par contre, l'allusion globale à l’A.T., amorcée par la référence au Cantique d'Isaïe, ne fait pas de doute, caractérisée qu'elle est comme dans le // 2Ch 36,16, à la fois par la multiplication des messagers — signe de la sollicitude divine plutôt que d'âpreté au gain: Jr 7,25-26 Jr 25,3-7 Jr 26,5 Jr 29,19 Jr 35,15 Jr 44,4, on voit que c'est un véritable refrain; He 1,1 — et par les sévices qu'on leur fait subir.

en lapidèrent un autre (Mt): Annonce l'accusation du Christ en Mt 23,37. Il s'agit donc bien des prophètes « envoyés » par Dieu, mais dont Israël n'a pas tenu compte, et qu'il a souvent maltraités : témoin la vie de Jérémie.

Lc, qui a le mieux conduit la gradation — battre, outrager, blesser; tuer étant réservé pour le fils (Lc 20,14-15) — insiste sur le résultat de ces requêtes successives : les envoyés sont renvoyés les mains vides. Le contraste éclate avec le but de leur envoi : « au temps des fruits » (Mt), pour en recueillir au moins une part (Mc-Lc). En Mt, le « maître-créateur » de la vigne semble même en attendre [tous] les fruits : c'est que Mt insiste spécialement sur cette obligation, pour ceux qui ont reçu la grâce de Dieu, d'en porter les bons fruits : cf. Mt 7,16-20 Mt 12,33) — cf. D. Marguerat : Le jugement..., p. 310-311. On sent, en arrière-fond, la déploration du Cantique d'Is 5,2 e-f.

Mt 21,37-39 Mc 12,6-8 Lc 20,13-15a // Gn 37,18-20 1Jn 4,9 He 1,2 -S'il s'agissait d'une histoire de type < réaliste >, le raisonnement du Père envoyant son fils là où les précédents serviteurs ont été au moins blessés (Lc), sinon même tués (Mt-Mc), serait d'une témérité invraisemblable. Mais la réalité (ici au surplus, divine !) dépassant souvent la fiction, c'est exactement la folie (d'amour) du Père que d'avoir envoyé son propre Fils (// 1Jn 4,9; cf. Jn 3,16*). C'est même tellement le ressort même de toute l'Histoire Sainte, qu'il a tenu à nous en donner une préfiguration bouleversante, dans la < passion > de Joseph (// Gn 37,18-20; cf. BC I*, p. 167-169).

Jésus avait appelé assez souvent Dieu : « Abba, Père », pour qu'on puisse le reconnaître en ce fils de la parabole. Bien-Aimé comme la voix du Père lui-même en a témoigné au Baptême et à la Transfiguration § 24 et 169).

C'est l'héritier (cf. aussi // He 1,2) : Le tragique est qu'à vouloir tuer le Fils pour s'emparer de l'héritage, les vignerons vont le perdre au contraire ! Alors que le Christ nous avait été envoyé justement pour nous donner d'être adoptés nous-mêmes comme fils, et de devenir ainsi héritiers (Ga 4,4-7).

Ils le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent : Il semble que l'on puisse préférer cet ordre (suivant Mt-Lc; Me l'inverse), plus conforme à la législation et de plus haute portée symbolique, puisque c'est ainsi que « Jésus souffrit en dehors de la porte », sur le Golgotha (He 13,12, en // au § 352Mt 27,33* ou, plus expressément encore, Jn 19,17). Suivant la remarque de X. Léon-Dufour, on ne voit pas pourquoi on refuserait de prendre ce détail de la parabole pour une annonce, par Jésus-Christ, de sa mort, puisque Lui-même a prophétisé non seulement sa Passion § 166 , 172, 253), mais qu'elle viendrait comme < accomplissement > des précédents meurtres de prophètes § 288Mt 23,31-32). Il est vrai qu'ici, la < prophétie > est faite incidemment et non pour elle-même. Mais il ne faut pas la minimiser non plus, car elle est à la ligne de faîte où la parabole tourne à la prophétie (dans tout son second versant, Mt 23,40-44).

Pourquoi cependant l'imprudence mortelle du Père, sinon pour donner une dernière chance aux vignerons ? Ainsi, même cette parabole, terriblement accusatrice, présente la venue du Christ comme un appel à une conversion encore possible. Même au-delà de sa mort, « le jugement est annoncé sur le mode d'un futur imminent qui laisse encore aux coupables la possibilité de se convertir » (X. Léon-Dufour : Et. d'Ev. p. 329-330). Toutefois, c'est bien l'ultime recours : il n'y aura plus désormais d'autre « Envoyé », mais le Jugement :

Mt 21,40-41 Mc 12,9 Lc 20,15-17a // Ps 102,19 — Le maître viendra, il fera périr les vignerons, il donnera la vigne à d’autres : En ces 3 points, communs à Mt-Mc-Lc, la parabole trouve la conclusion pour laquelle Jésus en avait imaginé l'histoire. Mt ajoute : «... d'autres qui lui apporteront du fruit », pour correspondre à: « Quand vint le temps des fruits, Il envoya... recueillir les fruits ». La présentation seule varie : en Mt, une question laisse le châtiment au jugement des auditeurs (suivant le procédé habituel : cf. § 280Mt 21,28* ; et le // Is 5,3-4); en Mc, le Christ fait la question et la réponse. En Le de même, seulement les auditeurs réagissent : « Loin de nous ! » — ce qui laisse déjà entendre qu'ils se sentent visés par la parabole.

Mais Luc ajoute surtout qu'alors, Jésus fixa sur eux son regard, comme Il avait fait avec le Jeune homme riche, « en l'aimant » ajoute Mc 10,21* § 249 . Cela confirme que ni la parabole, ni même ce qui va suivre ne vient d'une condamnation préalable, mais bien comme un ultime effort de l'amour divin du Christ, offert « jusqu'à l'accomplissement total » § 316Jn 13,1), jusqu'au don de sa vie, aussi, surtout, pour ses ennemis (que nous sommes tous par nos péchés).

Car on ne peut manquer de se demander quels sont ces vignerons homicides, qui les remplacera, et plus fondamentalement, quelle est cette vigne ?

En premier lieu, on pense aux représentants de ce Sanhédrin qui va bientôt faire mourir le Fils. Eux-mêmes d'ailleurs le prennent en ce sens (Mt 21,45 Mc 12,12 Lc 20,19b). Cela semble d'autant plus indiqué que le Cantique d'Isaïe désignait lui-même la vigne comme une image d'Israël, à qui ses dirigeants ont pour mission de faire porter de bons fruits. D'où la réclamation de Jules Isaac : S'ils ont été indignes, soit ! qu'on les remplace. Mais qu'on ne fasse pas porter la responsabilité de cette mort du Christ sur le peuple d'Israël, devenu indigne et remplacé par les nations païennes (rhpr 1953, p. 60-64). La Tradition chrétienne se serait-elle donc trompée en lisant cette parabole dans ce sens ? Le // du Ps 102,19 Ps 102,22-23 nous avertit que nous sommes en présence d'un < Mystère > (voir au v. 43* in fine). Mais pour préciser ce point discuté, il faut suivre pas à pas l'Évangile:

Mt 21,42 Mc 12,10-11 Lc 20,17 // Da 2,44-45 Ps 141,6 Is 28,16 Jr 18,6-10 Ac 4,10-12 1P 2,7-10 — Nous avions déjà rencontré la dernière partie du Ps 118 en parallèle de la procession des Rameaux, et signalions alors qu'il était tout entier messianique § 273Mt 21,7-8*). Or ce que la Tradition y a surtout reconnu comme l'image du mystère du Christ, c'est à coup sûr le verset Ps 118,22, cité ici par les 3 Évangélistes, complété par l'acclamation quasi liturgique du Ps 118,23 que citent Mt et Mc. Mystère qu'il faut prendre dans toute son ampleur: il ne s'agit pas tant du sort personnel de Jésus, comme d'une pierre isolée, mais bien plutôt de sa valeur de tête d'angle sur laquelle va s'édifier comme « l'oeuvre du Seigneur », toute la construction. Autrement dit, c'est le Mystère du Christ et de l'Église, du Christ comme Tête et Corps dont nous sommes membres, Vigne dont nous sommes les sarments, Église dont nous sommes des pierres vives. Contrairement à ce que disent trop de commentaires (résumés par Tob dans sa note o), la citation du Ps 118,22-23 ne fait pas dévier la parabole vers un sens trop christologique, puisqu'elle nous réfère au sacrifice du Christ comme fondateur de l'Église.

Ce qu'annonce le Ps 118,22, c'est d'abord que la Pierre qui est le Christ a été rejetée par les bâtisseurs, comme le Fils a été « jeté hors de la vigne et tué ». Mais c'est surtout que sur cette pierre se bâtira un nouvel édifice. Saint Paul explique même pourquoi cette pierre y joue un rôle « angulaire » : c'est qu'en elle se rejoignent juifs et païens (Ep 2,11-22). Ainsi donc, le Christ est bien posé en « signe de contradiction » § 11Lc 2,34) : « pierre sur laquelle butent ceux-là même qui étaient institués pour reconnaître en Lui l'Envoyé de Dieu » (// 1P 2,7-8); par contre, pour ceux qui, juifs ou gentils, croient en Lui, le Christ est la pierre angulaire grâce à laquelle peuvent s'agréger en Église même d'ex-païens (// 1P 2,9-10). En somme, on se trouve devant l'ambivalence du symbole de la pierre qui, déjà chez les Prophètes, est suivant l'occasion, pierre de scandale (// Da 2,44-45 Ps 141,6), ou fondement de Sion (// Is 28,16). Jr 18,6-10 associe les deux sens, en montrant que cela dépend de nous, et qu'il est toujours possible de retourner le jugement, Dieu étant trop content si, loin de détruire, Il peut construire...

Mystère si complexe que notre esprit humain, limité, l'embrasse à peine, au risque de le mutiler. J. Isaac n'a pas tort de réclamer que le Christ ne condamne pas indistinctement et sans retour tout Israël — mais à condition que les juifs, tout les premiers, se fondent sur la Pierre angulaire (ce que, jusqu'à présent, ils n'ont généralement pas admis devoir faire). De son côté, c'est à juste titre que la Tradition chrétienne chante depuis 20 siècles « la merveille » que, sur la Pierre angulaire, ait pu s'élever une Église « catholique » — mais ce n'était pas dire que, pour ce faire, elle ait à se couper de ses racines judaïques.

Mt 21,43-44 Lc 20,18 — Marc s'arrête là; mais Luc et surtout Mt apportent encore un complément : ils ont d'abord en commun la sentence confirmant que, rejetée, la pierre angulaire devient fatale. Mais en outre, le v. Mt 21,43, propre à Mt, rétablit l'équilibre en même temps qu'il répond à la double question posée par la conclusion de la parabole : quelle vigne et quels nouveaux vignerons ?

D'une part en effet, de même que le drame s'achevait sur la mort du fils et le transfert de la vigne « à d'autres vignerons » (Mt 21,39 Mt 21,41), de même la conclusion annonce : de la mort sacrificielle du Christ (« pierre rejetée ») proviendra sa Résurrection (en « pierre angulaire ») et la naissance de l'Église « catholique ». Le parallélisme est évident :

v. 41

Ces mauvais, il les fera périr
et il remettra sa vigne
à d'autres vignerons
qui lui apporteront du fruit...

v. 43

C'est pourquoi je vous dis (avec autorité) :
Le Royaume de Dieu vous sera enlevé
et sera donné
à une génération [nouvelle]
qui en fera les fruits.

On est toujours dans une perspective où le Christ et son Eglise vont de pair.

D'autre part, se trouve enfin expliqué quelle était cette vigne, et quels seront ces autres vignerons. Car la vigne qui, dans le cantique-source d'Isaïe était expressément Israël, est ici nommée : le Royaume de Dieu. L'Ancienne Alliance en était à coup sûr une première réalisation ; mais l'Évangile nous en a progressivement révélé l'Avènement et le Mystère, comme englobant toute l'Église, non seulement du passé, mais présente en Germe dès l'Incarnation du Christ et à naître de Pâques et de la Pentecôte, mais encore Royaume eschatologique, éternel (Sur cette identification du Royaume avec l'Église, prise en ce sens global, cf. en particulier § 133 * in fine).

Quant aux vignerons, Mt les appelle d'un nom générique de sens si neuf qu'on hésite sur sa traduction. C’est : < Ethnos >, au singulier. On l'a souvent compris, comme s'il était au pluriel, des < nations > (païennes), et l'on y a vu l'annonce du rejet des juifs et du transfert du Royaume aux païens. Jules Isaac a beau jeu de rétorquer que Mt ne dit pas cela. Si Jésus déclare que « le Royaume sera enlevé », c'est « à vous », Sanhédrin. Et s'il va être donné, c'est à un autre < Ethnos > — mais non pas simplement « à un autre peuple » au sens ordinaire (qui se dirait < Laos >, d'où nous avons tiré: les < laïcs >, membres du peuple chrétien) — on devrait dire plutôt : à une autre < génération >, si l'expression pouvait être débarrassée de son sens péjoratif habituel, et signifier une communauté d'origine, de foi, de statut (la Nouvelle Alliance), et de fécondité spirituelle (« faisant ses fruits »). Cf. § 108Mt 11,16-19*. Ce qui traduirait encore le mieux cet < Ethnos >, ne serait-ce pas le // Ps 102,19, « l'autre génération, nouvelle, le peuple recréé » dont les fruits, dignes de sa naissance et dignes du Royaume, seront louange à Dieu? (Parallèle d'autant plus frappant que, dans ces versets du psaume, il s'agit de « relever Sion » de ses ruines, l'heure étant venue de « rassembler les peuples en un seul » — prophétie convergente avec celle de la Pierre Angulaire du Ps 118,22).

Encore faut-il éviter de simplifier outrancièrement le Mystère. Et comme les mauvais vignerons ne doivent pas faire condamner la vigne Israël (même si celle-ci peut aussi devenir condamnable : // Is 5,5-6), de même ce n'est pas garanti que « le peuple recréé » tire du Royaume tous ses fruits : « L'Ethnos bénéficiaire du salut après Israël n'est pas l'Église comme telle, ni même le monde où elle se recrute, mais le peuple obéissant que l'Église est appelée à devenir... Le Salut pour elle n'est pas un acquis, mais une tâche à accomplir. De toute évidence, l'échec d'Israël doit être porteur d'enseignement pour les croyants de l'Église matthéenne. Jusque-là chef d'accusation contre le peuple infidèle, le motif des «fruits » rejaillit en question critique adressée à l'Église » (D. marguerat: Le Jugement..., p. 322-323). La parabole suivante le précisera, elle aussi, à sa manière (voir Mt 22,11-14*).

Mt 21,45-46 Mc 12,12 Lc 20,19 — Même situation que depuis le § 267 in fine (= Jn 11,53-54), et § 275Mt 21,17*, mais avec un degré de plus dans l'escalade, puisque désormais les dirigeants se savent directement visés.

Et le laissant, ils s'en allèrent (Mc) : Bien que la même formule se retrouve en Mt 22,22, elle est dite alors d'autres adversaires : les « pharisiens et hérodiens » de Mt 22,15-16. Nous ne reverrons plus les membres du Sanhédrin que pour le pacte avec Judas § 314 et le Procès § 342 ...

Les foules le tenaient pour un prophète : C'est trop peu : Il était le prophète*.

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Bible chrétienne Evang. - § 276-278. Malédiction du figuier : Mt 21,18-22; Mc 11,12-14.20-25 //Os 9,10-16 Ha 3,17