Bible chrétienne Evang. - § 371-373. L’apparition au bord du lac: Jn 21,1-23

§ 371-373. L’apparition au bord du lac: Jn 21,1-23



(Jn 21,1-23)

— Après la finale explicite de Jn 20,30-31, le ch. 21 risque d'être tenu pour un simple appendice. Pourtant, d'une part l'analyse serrée du vocabulaire, du style et de la pensée, témoigne d'une telle imbrication d'éléments « qui ne peuvent provenir que de Jean », et d'autres « qu'on ne peut raisonnablement (?) lui attribuer » que, si le < texte > qui en résulte n'est pas de Jn lui-même, il doit être « d'un disciple même de saint Jean, habitué de longue date à l'entendre raconter ses souvenirs, tout pénétré par là de son enseignement et même, dans une certaine mesure, de son style, qui aura mis par écrit un récit entendu de la bouche même de son maître » (M.E. Boismard, dans RB 1947, p. 473-501) ; E. Delebecque tient même que les v. 1-23 seraient « de la main de Jn » (« Biblica » 1986, p. 335). D'autre part et surtout, ce ch. 21 n'est pas moins capital que le reste du IV° Évangile, puisqu'on y voit confirmer non seulement la Résurrection du Christ, mais la fécondité promise à son Église, la primauté de Pierre, et la perspective eschatologique dont le mystère doit éclairer notre marche sur la terre.

p. 779

§ 371. La nouvelle pêche miraculeuse : Jn 21,1-14


(Jn 21,1-14)

— C'est d'abord une nouvelle apparition de reconnaissance, comme l'affirme triplement le 1° verset (par 2 fois) et le dernier : « Jésus se manifesta ». Le montre aussi tout le développement intermédiaire, où l'on va, sinon de la non-espérance (v. 2-3*) en tout cas du non-savoir (v. 4), au réconfort et à la fécondité d'une certitude intime que « c'est le Seigneur » (v. 7 et 12b).

Jn 21,2-3a — Simon-Pierre, Thomas, Nathanaël, Jacques et Jean + deux disciples = 7, dont seulement 5 des Onze, mais nommés comme par le témoin — Jn naturellement — d'une scène bien réelle. Le petit dialogue du v. 3 n'est pas moins réaliste. Serait-ce que, comme les disciples d'Emmaüs renonçant à tous les espoirs messianiques, ils retournent tranquillement à la pêche, comme si de rien n’était ? — Mais ce qui était possible pour Cléophas et son compagnon avant de savoir le Christ ressuscité, comment penser que ce le soit pour Pierre, après qu'il a reçu l'Esprit Saint pour la rémission des péchés, et pour Thomas, converti, « coeur brûlant » pour « mon Seigneur et mon Dieu » ? Comme le suppose Augustin (Sur Jn, Tr. 122), ne serait-ce plutôt une confirmation que les Apôtres peuvent bien pourvoir eux-mêmes à leur subsistance par tout métier honnête, comme saint Paul en donne lui-même l'exemple (2Th 3,8-9) ? Ce n'est pas pour autant « regarder en arrière après avoir mis la main à la charrue » § 184 — Lc 9,62). Mais surtout, il est clair que si le IV° Évangile prend soin de nous rapporter avec plus de détails qu'aucune autre cette « 3° apparition » (v. 14), ce doit être parce qu'il y voit un dernier < signe >, mémorable et digne de foi :

Jn 21,3b-l 1) — Cette nuit-là, ils ne prirent rien : Le parallélisme de cette pêche avec celle que raconte Saint-Luc, dans les premiers temps de la vocation des Apôtres, s'impose (cf. § 38 — Lc 5,1-11). On a beaucoup discuté de sa réalité historique. P. Benoît reconnaît honnêtement qu'il y a des arguments pour les 3 solutions possibles : « un fait peut évidemment se renouveler », ou bien il n'y aurait eu qu'une seule pêche miraculeuse, soit que Saint-Luc l'anticipe, soit que Saint-Jean au contraire l'ait reculée jusqu'après la Résurrection. « Il est très difficile de prendre parti » (Passion et Résurrection, p. 342-343). Mais en tout état de cause, la comparaison de l'une à l'autre leur donne un sens complémentaire, dont nous avons à tirer parti. C'est un exemple-type du < symbole >* qui, par le rapprochement d'éléments disjoints mais réadaptables entre eux, reprend toute sa signification. En Lc 5 tout comme en Jn 21, après une nuit sans rien prendre, la présence du Christ amène dans les filets une prise surabondante (messianique). Mais à la 1° pêche miraculeuse, Jésus est dans la barque, les filets tendent à se rompre, et l'on se hâte de recueillir les poissons dans les barques, même au risque de les couler. Dans la 2° pêche, Jésus est cette fois sur le rivage; il est bien -v spécifié que les filets devront être jetés « à droite » (v. 6), et qu’ils ne se déchirèrent pas » (v. 11), malgré un nombre de poissons également surabondant, mais cette fois bien déterminé : 153, et de taille, si bien que Pierre tire jusqu'à terre le filet (v. 11).

« Il y a là un grand mystère (< Sacramentum >) », commente Augustin, § orfèvre en ce domaine. L'interprétation vient d'ailleurs de l'Évangile même : f « Le Royaume des cieux est semblable à un filet... On le tire sur le rivage et l'on î trie bons et mauvais poissons. Ainsi en sera-t-il à la fin du monde... » § 138 — Mt 13,47-50). Or la pêche miraculeuse d'après la Résurrection aboutit elle aussi i à la terre ferme de l'éternel, où Jésus nous a « précédés » : c'est la pêche du Juge- > ment définitif, où le Christ enjoint à ses Apôtres de jeter le filet « sur la droite de la barque » de l'Église, pour ne recueillir que les Élus (Mt 25,33). Par contre, dans la 1° pêche miraculeuse, celle de Lc 5, figure de la fécondité de la mission ; apostolique au cours des temps, Jésus est « dans la barque », « avec vous » comme Il vient de le promettre en Mt 28,20; et Il la mène « en eau profonde ».

Récoltant de toutes parts les poissons, bons ou mauvais — comme elle ne sépare 781 pas encore le bon grain de l'ivraie — l'Église voit ses filets risquer de se rompre, par les schismes qui la déchirent. Et sous le poids du tout-venant (puisque, semblables à leur Maître, papes ou évêques hésitent à « éteindre la mèche qui fume encore », et supportent les mauvais chrétiens), la barque paraît souvent prête à couler (Sur Jn, Tr. 122,6-7).

filet plein de grands poissons : 153 // 2Ch 2,16-17 2Ch 3,1, On s'accorde à penser qu'un nombre si particulier ne doit pas être sans signification, comme le nombre des Apôtres et disciples qui est de 7, symbole de totalité. 153 est la somme des 17 premiers nombres : 1 + 2 + 3 + 4 ... 17 quel en est le sens ? D'après Jérôme ce serait le nombre, reçu à l'époque, des différentes espèces de poissons, si bien que dans le filet se trouverait rassemblée la catholicité des hommes (pour des raisons purement mathématiques, X. Léon-Dufour y voit la même signification : Résurrection et Message, note de la p. 221-222). D'après Augustin 17 est la somme de 10, chiffre du < décalogue > donc de la Loi, et de 7, nombre traditionnel des dons de l'Esprit ce qui est aussi intéressant, car seraient ainsi réunis dans le filet à la fois Juifs et païens ; et cela correspondrait peut-être à la double multiplication des pains, dont la 1° est de 5 pains pour 5000 hommes, alors que la 2°, qui est de 7 pains pour 4000 hommes, semble symboliser plutôt « toutes les nations » (cf. § 159 *) — le rapprochement semble d'autant plus indiqué que la suite nous référera encore à cette multiplication des pains (cf. v. 12-13*). Dans le même sens, il est au moins curieux que le nombre des étrangers en Israël recensés par Salomon soit du chiffre apparenté de 153 600, ces étrangers font penser aux païens greffés sur le vieux tronc d'Israël (Rm 11,16-24). Est-ce trop subtil ? Mais on admet bien le symbolisme des 40 jours ou années de désert, et des 50 de la Pentecôte (qui sont 40 + 10, ou 7 x 7 + 1). Et justement ici, dit encore Augustin 153 est 50, doublement placé sous le chiffre 3, par la multiplication (= 150) et par addition (150 + 3 = 153). On a cherché aussi à expliquer 153 par la < gématrie > (= interprétation arithmétique des mots : chaque lettre de l'alphabet grec ou hébreu ayant valeur chiffrée, tout mot peut être désigné par la somme de ses lettres). Ainsi, 153 pourrait être le < chiffre > de < l'Église de l'Agapè > (H. Kruse: vd 1960, p. 129-148).

Ne méprisons pas trop vite ces spéculations : Dieu n'est pas seulement le créateur de la nature, et la providence qui rectifie l'histoire des hommes : Il est aussi savant géomètre, et les sciences contemporaines montrent comment, à l'origine de toutes choses, il y a une organisation mathématique, au moins jusqu'à l'émergence du cerveau et de la liberté humaine... Mais le symbolisme des poissons doit être également remarqué :

// Ez 47,1-2 — L'image des eaux vivifiantes a bien été reprise par Jn, non seulement à la fin de l'Apocalypse, ch. 22,1-2, directement // à Ez 47, mais aussi dans son Évangile : 7,37-39* et 19,34*. Or ces eaux sont non seulement nourricières pour les arbres qui poussent sur ses rives (Ez 47,12 // Ap 22,2), mais poissonneuses (Ez 47,9-10). « Ainsi le poisson est la marque que l'eau est vivante. Le chapitre d'Ezechiel paraît bien l'origine du symbolisme du poisson dans le christianisme primitif. Il avait tout son sens pour les Juifs qui connaissaient une mer sans poissons, la Mer Morte. On a interprété ce symbolisme en milieu grec, en faisant de < Ichthus > l'anagramme de < lèsous Christos Théou Uios Sôtèr >. Mais cette interprétation est secondaire. Le symbolisme du poisson vient du milieu juif ... » (J. Daniélou, dans St. Év. II, 1964, p. 162-163). Jn l'utilise pour donner à cette pêche miraculeuse valeur de signe : avant qu'apparaisse Jésus ressuscité, c'est la nuit, et la mer semble sans poissons ; mais avec le matin, Jésus étant sur le rivage (de l'éternité), la mer se peuple de poissons, que le filet des Apôtres peut réunir en < Église de l'Agapè >, et amener jusqu'en cette éternité...


Jn 21,5.9.12-13) — Cependant le poisson a, dans cette scène, un autre rôle : celui d'être « à manger » (v. 5), tellement qu'il y a un poisson déjà sur les braises (v. 9), avant même que les 153 n'aient été tirés du filet (v. 10-11). Et tout se termine sur l'invitation à manger. Non qu'il s'agisse, comme en Lc 24,41-43*, d'apporter une nouvelle preuve de la résurrection corporelle de Jésus, puisqu'il n'est même pas dit expressément que Celui-ci prenne lui-même de ce poisson : c'est plutôt le thème du repas*, avec rappel moins de la Cène que de la multiplication des pains : menu semblable, pain et poisson, que Jésus donne aux disciples, pour qu'ils les servent à la foule § 151 — Mc 6,41). Mais bien entendu, ce repas ne peut évoquer la multiplication des pains sans qu'il prenne un sens général < eucharistique >.

Jn 21,7.12b — Chemin faisant, discrètement, Saint-Jean laisse entrevoir le coeur de ceux qui sont en scène. Au v. 5, « Enfants » est une appellation très générale mais qui, venant de Celui qui est encore un inconnu pour les Apôtres, prend une résonance plus paternelle. Au v. 7, on retrouve l'intuition aimante de Jean, et sa promptitude (cf. § 360 , ainsi que la spontanéité sans réserve de Pierre § 152 et 165) — Mt 14,28-31 ; 16,16* etc...). Au v. 12, « aucun n'osait lui demander... » : Respect, discrétion, communion sans paroles, joie émerveillée, devant la certitude à laquelle toute la scène doit nous conduire, nous aussi : « C'est le Seigneur ! » (v. 7 et 12).

p. 782

§ 372. La confirmation de pierre : Jn 21,15-19


(Jn 21,15-19)

— La primauté générale de Pierre a été instituée lors de la confession de Césarée § 165 — Mt 16,17-19*). La charge de « confirmer ses frères » lui a donné aussi primauté et autorité sur les autres Apôtres § 323 — Lc 22,31-32*). Mais le Christ avait alors précisé : « quand tu seras revenu, confirme tes frères ». Ce verbe « revenir » étant celui de la < conversion >, c'était une première prédiction, encore implicite, du reniement. Pierre en est < revenu > presque aussitôt par ses larmes de repentir § 340 — Lc 22,62*). Mais après la contrition, cette faute publique demandait une < confession > et réparation au vu et au su des autres Apôtres :

Jn 21,15- 17 : Le // Ct 7,11 donne le ton de cette confession : entre Jésus et Pierre, c'est une affaire d'amour, et plus précisément de vérité dans l'amour. On ne pourrait imaginer de façon plus délicate pour le Christ de référer au reniement, sans le nommer, juste pour l’effacer : modèle laissé aux prêtres qui, par la suite, auront à aider les pénitents à se confesser; ne bénéficiant pas de la clairvoyance de Celui qu'ils représentent, comme ils doivent être prudents et attentifs à ne pas blesser...

« M'aimes-tu... ? » : En grec, il y a successivement les deux verbes de l’amour : < Agapein > et < Philein >. Les deux premières fois, Jésus emploie le premier verbe, et Pierre répond par le second. La troisième fois, c'est le seul verbe < Philein > qui se trouve répété par 3 fois (v. 17). Dans un Evangile aussi strictement composé, il est probable que ce n'est pas sans signification. Mais à notre connaissance, nul ne l'a jusqu'ici expliqué de façon probante. On peut au moins retenir que les deux premières fois, Jésus emploie le mot qui désigne l'amour proprement divin d'Agapè, et ne pose la question < phileis me > qu'à la 3° reprise, rejoignant ainsi la réponse à laquelle Pierre s'est tenu dès l'origine : < philô se >, je t'aime. Mais en tous cas, la question était une épreuve. Car en demandant : « M'aimes-tu plus que ceux-ci », Jésus donnait à Pierre l'occasion de montrer qu'il était guéri de sa propension à se mettre au-dessus des autres : « Quand même tous seraient scandalisés, pas moi ! » § 336 — Mc 14,29).

« Seigneur, tu sais...» : Pierre a donc bien tiré la leçon de son (momentané) reniement. Il n'affirme plus de lui-même, préférant s'en remettre au jugement de son Maître — mais en commençant par un « Oui » témoignant que son amour ne lui fait pas de doute pour autant. C'est la conscience intime qu'exprime Jeanne d'Arc en sa célèbre réponse : « Si je n'y suis Dieu m'y mette, si j'y suis Dieu m'y tienne ; et je serais la plus dolente au monde si je croyais n'être point en la grâce de Dieu ». De la charité comme de Dieu, nous n'avons pas de certitude directe, ni sensible, ni psychologique, ni intellectuelle; mais nous en sommes d'autant plus sûrs par la foi et l'espérance, fondées en Celui à qui nous faisons plus confiance qu'à nous-même: « Toi, tu sais! »

La troisième fois, Pierre fut attristé : C'est donc effectivement par la triple reprise que l'allusion à Gethsémani devient claire. En même temps, elle montre que la réparation demande à être proportionnée, de sorte qu'à la triple défaillance répondent trois actes d'amour.

« Pais mes agneaux... Pais mes brebis (bis) : Jn 20,21-22 avaient défini la mission apostolique, prolongement de celle du Christ, sous l'influx du même Esprit d'amour. Ce que Jn 21,15-25 y ajoute, ce sont les liens étroits que doivent garder ses envoyés avec Jésus lui-même : dans son Église, la fonction pastorale doit être le fruit de l'amour du Maître.

// 2S 12,7-8 2S 12,13 2S 5,1 Ps 78,70-72 — David, pécheur, provoqué lui aussi par le prophète Natân à la < confession >, lui aussi délégué à être < pasteur d'hommes >, rappelle que le vrai Pasteur d'Israël, c'est Yahvé lui-même, dont le premier Envoyé est évidemment < le fils de David > : comparer // 2S 5,1 « Toi, David, qui faisais sortir et rentrer Israël », et Ps 78,72, avec Jn 10,3-4 « Quand Il les a fait sortir, Il marche devant elles » § 263 .

Jn 21,18-19 // Ac 21,11-12 — C'est d'abord le martyre de Pierre qui est expressément annoncé. Tu étendras les mains ferait même peut-être allusion à sa crucifixion. En tous cas, cette mort prend valeur glorifiante* pour Dieu, à l'image de celle du Christ § 309 — Jn 12,23-32*) : cas limite d'une assimilation qui doit jouer dans la vie entière de l'apôtre-pasteur.

« Viens avec moi » : < Suivre > le Maître, ou < l'accompagner > sont en effet les deux verbes caractéristiques du disciple*. C'est le second qui se trouve répété ici aux v. 19 et 22, rejoignant Mt 16,24 (« qu'il porte sa croix et vienne avec moi »), et 28,20* (la constance de la < Concordantia discordantium > est encore plus impressionnante dans ces paragraphes sur la Résurrection). Mais on doit surtout comprendre que c'est dans leur charge pastorale même que les successeurs du Christ auront « les mains liées », pour la mener non pas en tous sens, au gré de leurs caprices ou de leurs intérêts, mais « en devenant les modèles du troupeau » (1P 5,1-4, en // au § 263 qui doit tout entier suivre le Christ en ses pasteurs.

p. 783

§ 373 et 375. La destinée de Pierre et de Jean : Jn 21,20-25


(Jn 21,20-25)

I. de la Potterie a montré, par l'analyse de la structure, les correspondances et par conséquent la profonde unité de ces 6 versets, dont les 2 derniers éclairent le sens de l'épisode relaté aux v. 20-23 et qui, à lui seul, resterait bien anecdotique, surtout pour une finale (« Biblica » 1986, p. 343-359). Complémentairement à la vocation de Pierre, c'est de celle de Jean qu'il s'agit, sous son titre de « disciple » (3 fois) ou de pronoms s'y rapportant (6 fois).

Pierre se retournant, voit... (v. 20)... En le voyant, il dit (v. 21) : On peut reconnaître en cette formule introductrice le < schème de révélation >* (cf. § 354

— Jn 19,26*): c'est nous prévenir que la définition du « disciple que Jésus aimait » comme étant « celui qui reposa sur la poitrine du Maître » (référant bien entendu à Jn 13,23-25), est ici donnée comme un titre révélateur. La Tradition l'avait d'ailleurs bien compris : se basant sur Jn 7,37-39 et « les fleuves d'eau-vive, symbole du Saint-Esprit, qui doivent « couler de son sein », on expliqua la profondeur contemplative du IV° Évangile par cette source du Coeur de Jésus, où Jean avait pu puiser en reposant sur la poitrine du Christ (cf. § 317 , et k. Rahner: zkt 1931, p. 103-108). C'est à ce titre, et à l'attitude spirituelle dont il est l'image, que les v. 22-23 puis 24-25 donnent valeur typique, en rapport avec la vocation de Pierre, définie aux versets précédents § 372 .

Jn 21,21-22) — « Et celui-ci? Vient-il ? » : Litt. « Mais celui-ci, quoi ? » BJ : « Seigneur, et lui ? » — Cependant, pour imprécise que soit la question, elle doit correspondre au « Viens avec moi » du v. 19; d'où notre traduction, Tob accentue en interprétant : « Que lui arrivera-t-il ? ».

— « Si je veux... » : Réponse dilatoire, comme cette autre fois où la mère de Jacques et de Jean voulait influer sur la destinée de ses fils : — «11 appartient au Père d'en décider » § 254 — Mt 20,23). Toutefois, Jésus laisse apparaître deux indications positives. D'abord, Il caractérise la vocation de Jean comme consistant à « demeurer »*. Mot capital, remarque I. de la Potterie, qui se trouve dès la première approche de Jésus par André et par « l'autre disciple » : « Ils demeurèrent auprès de Lui ce jour-là » § 25 — Jn 1,38-39*). Il définit surtout l'union intime des disciples, soit avec le Maître § 327 — Jn 14,25), soit avec le Paraclet qui ne demeurera pas seulement auprès d'eux mais en eux (Jn 14,17*). Jean, à l'écoute du coeur de Jésus, est « modèle et symbole du parfait disciple » qui, à force de demeurer au coeur à coeur avec son Maître, entre dans son intimité au point de demeurer en Lui, et Lui en son disciple » (Jn 15,4). Peut-être même serait-ce pour quoi la Vulgate, au lieu de traduire simplement : « Si je veux... », écrit : « Sic eum volo manere », Je veux qu'il demeure ainsi, dans cette position, dans cette profonde communion contemplative.


De soi, la réponse du Christ paraît dubitative : « Si je veux... ». Mais veut-il ? — Or, en réalité, c'est une approbation, puisqu'à la question de Pierre : « Et lui ? », ou plus précisément : « Vient-il aussi ? », Jésus répond pratiquement : « Laisse-le ». En somme, c'est la même réaction qu'avec Marthe : Marie est « assise à ses pieds, écoutant la Parole », comme Jean, appuyé sur sa poitrine, « demeurait en sa Parole et en son Amour » (Jn 8,31 Jn 15,9); l'une et l'autre ont « la meilleure part, qui ne leur sera pas enlevée » § 192 .

Mais en outre, le Christ ajoute : « Si je veux... jusqu'à ce que je vienne » : ce qui ouvre une perspective eschatologique. Elle ne doit certainement pas être prise matériellement, comme un délai de durée définie, et encore moins, relativement proche, car une telle interprétation se trouve précisément démentie au v. 23. Celle-ci, au surplus, aurait le tort de prendre « demeurer » au sens de : < sur la terre >, alors que comme nous l'avons vu, il s'agit plutôt pour Jean de demeurer à l'écoute. Mais à elle seule, la réponse du Christ revenait à dire que cette vocation contemplative n'était pas limitée dans le temps, et pouvait se maintenir jusqu'à la Parousie, ou même au-delà, dans l'éternité où l'écoute de la foi s'épanouira en vision béatifiante.

Par conséquent, plutôt qu'une simple hyperbole — « demeurer jusqu'à ce que je vienne » signifiant : indéfiniment — c'est plutôt une dimension nouvelle, sur laquelle s'ouvre, à chaque instant, la vie chrétienne. Car, tout en restant sur terre, donc dans le flux du temps, elle est déjà, par sa source et son aboutissement, reliée à l'Éternel. N'est-ce pas ainsi que nous-mêmes avons à communier au Corps et au Sang du Christ, dans l'Eucharistie, « annonçant sa mort jusqu'à ce qu'il vienne » (1Co 11,26) ?

// Ps 54,6 Is 62,11-12 So 1,14 Ap 22,17 — Sans s'appliquer directement au présent paragraphe, ces parallèles sont dans le même ton d'attente eschatologique — qui aurait à vivifier notre espérance !

— « Quel rapport avec toi ? » : Litt. « Quoi pour toi ? » On traduit d’ordinaire : « Que t'importe ! » Mais il faut tenir compte du contexte : d'une part, Pierre avait posé la question : « Vient-il ? », c'est-à-dire : doit-il aller comme moi avec Toi, paissant agneaux et brebis, fût-ce au risque du martyre ? Et d'autre part, ce qu'il y avait de positif dans la réponse du Christ laissait place à une autre façon de « demeurer avec Lui », et mieux : en Lui. C'est donc sur la différence entre les deux Voies possibles que porte ici l'affirmation du Christ. En une page célèbre (reprise dans le nouveau bréviaire : lj, p. 475-76), par où il conclut ses 124 traités sur Saint-Jean, Augustin commente :

L'Église connaît deux genres de vie qui lui ont été révélés et recommandés par Dieu. L'une de ces vies est dans la foi, l'autre dans la vision ; l'une pour le temps du voyage, l'autre pour la demeure d'éternité ; l'une dans le labeur, l'autre dans le Repos ; l'une sur la route, l'autre dans la Patrie ; l'une dans le travail de l'action, l'autre dans la récompense de la contemplation. La première est symbolisée par l'Apôtre Pierre, la seconde par Jean... Suivre le Christ en allant jusqu'à la mort, c'est la plénitude de la patience ; demeurer jusqu à ce que le Christ vienne, c'est la plénitude de la science qui doit le faire connaître... Cependant, que nul ne sépare ces glorieux Apôtres. Tous deux se rejoignaient dans ce que Pierre symbolisait ; et en ce que Jean symbolisait, tous deux se rejoindraient plus tard... Ce n'est donc pas Pierre seul mais toute l'Église qui lie et délie les péchés ; et ce n est pas Jean seul qui boit à la source qu’est la poitrine du Seigneur. Il a révélé sa contemplation dans l'Evangile, répandu par le Seigneur lui-même en tout l'univers, pour que chacun, suivant sa capacité, puisse y boire.



§ 375. Jn 21,24-25


Jn 21,24-25.

— La réponse du Christ au v. 22 était somme toute si définitive que Jean se borne à la répéter au v. 23b. Mais il en tire l'application pour nous, en ces deux derniers versets de son Évangile.

I. de la Potterie a montré (toujours dans « Biblica » 1986, p. 347-350 et 356-359) d'abord les liens entre cette finale et celle de Jn 20,30-31, comme avec les versets précédents (v. 21-23). En 20,30-31, c'était une rétrospective sur le rôle de l'Évangéliste qui, entre tant de < signes > non-écrits avait choisi de composer son Évangile « afin que vous croyiez... » § 369 *). Au ch. 21 « dont l'orientation est ecclésiale » — donc du stade suivant — on part cette fois du donné de l'Évangile (v. 24) — verbe au passé), visant le présent (où ce disciple lui-même témoigne) et l'avenir où, quoi qu'il arrive, le mystère de Jésus provoquera toujours la contemplation de l'Église, sans qu'elle s'épuise jamais.


Cette stricte cohérence des deux finales nous dispense d'entrer dans les discussions sur leur authenticité, ainsi que sur les additions et remaniements hypothétiques, si remarquables que soient en particulier les études de L. Vaganay et M.E. Boismard, dans RB 1936, p. 512-528, et 1947, p. 473-501 : quels qu'aient pu être les états antérieurs, dans sa forme définitive et canonique (c'est-à-dire: suivant laquelle tout cet Évangile, de A à Z est devenu pour les croyants Règle de foi), cette seconde finale fait corps avec tout le reste, pour nous encourager à en approfondir le sens inépuisable :

Jn 21,24) — Son témoignage* est vrai (Alèthès*) : Cf. Jn 1,7-8* ; § 150 — Jn 5,31-32*; et § 260 — Jn 8,13.14.17 (où < Alèthès > est traduit : digne de foi). D'après I. de la Potterie, « l'emploi d'Alèthès en 21,24 met en lumière la valeur de Révélation de ce témoignage, en // avec 20,31, et par conséquent dans le même but : « que vous croyiez... »

Jn 21,25 : rappelle, lui, Jn 20,30. Mais en outre, les versets 24-25 correspondent entre eux, et doublement: d'une part entre ce qui a été écrit et pourrait être écrit (bis); d'autre part entre le témoignage (bis), évidemment en rapport avec ce qui en est écrit, et qui reste en tout cas à comprendre. Comme entre 20,30-31 et 21,24-25 (Introd. à ce §), de 24 à 25 on passe du passé-présent (l'Évangile une fois écrit, le témoignage reste) à un futur éventuel, invitant à se mettre dès maintenant au travail.

L'hyperbole évidente du v.25 pourrait n'être lue, comme on le faisait depuis le XVI° siècle, qu'en un sens matériel, spatial : «... le monde entier ne pourrait contenir les livres... ». Mais à divers indices, I. de la Potterie montre que l'on peut aussi traduire, comme l'avaient fait d'anciens commentateurs jusqu'à Bonaventure (cité p. 344) : «... ne pourrait comprendre ce qui en aurait été écrit ». Ce qui signifie d'abord que, si précieux soit l'Évangile, il n'épuise pas la fonction de < témoignage > du Disciple : « elle va au-delà de l'écrit ». Pour en pénétrer la Révélation, qui dépasse toute < compréhension > humaine, l'attitude spirituelle du « disciple que Jésus aimait » doit devenir notre modèle. Comme lui, apprenons à « demeurer » à l'écoute du Coeur du Christ comme le Verbe lui-même était, et revient, incarné, « dans le sein du Père », où Il a appris tout ce qu'il est venu nous révéler (Jn 1,18* — Le rapprochement, génial, est d'Origène, art. cit. p. 359; cf. aussi la finale d'Augustin).

Le devoir sacré de la Tradition (// Dt 4,9 Dt 4,39 Dt 5,3-4) n'est pas seulement la transmission tout extériorisée d'un < Credo > : elle doit être d'abord une assimilation en chaîne : « Montrez-vous mes imitateurs comme je le suis moi-même du Christ... parfait imitateur du Père » (1Co 11,1 Jn 5,19 Col 1,15).

Ainsi le IV° Évangile s'était ouvert sur la Révélation de « Celui qui, se référant tout entier au sein du Père, l'a fait sortir de l'inconnaissable » (1,18); après qu'il sera retourné au sein du Père (Jn 20,17 Lc 2,49), « le disciple que Jésus aimait » vivra encore longtemps, « demeurant » dans ce coeur à coeur où l'Esprit Saint lui donne d'approfondir le Verbe. Au terme de son Évangile, il nous passe le flambeau pour qu'à notre tour nous demeurions en cet Amour (qui est le Saint-Esprit), qui nous fera demeurer en cette Parole inépuisable.

p. 786

§ 374. L’ascension : Lc 24,50-53


(Lc 24,50-53)

— On a nié l'événement par suite de la difficile conciliation des documents les plus anciens entre eux. La plus manifeste de ces contradictions est entre les deux ou trois textes qui nous en parlent explicitement : Lc 24,50-51; Ac 1,3-11, enfin Mc 16,19; mais comme ce dernier se rapproche de Lc § 376 *), l'opposition se joue entre les deux premiers. Cependant, puisque ces deux versions proviennent du même auteur, il est à présumer que lui-même ne devait pas lire une contradiction qui annulerait son témoignage, en situant le départ du Christ expressément « 40 jours après la Résurrection » en Ac 1,3 et, semble-t-il au contraire, le soir même de Pâques en son Évangile (24,50*). Nous avons déjà fait allusion à cette difficulté § 359 -376, Introduction ; § 367 — Jn 20,22 in fine). Pour une étude plus générale de la question, cf. v. larranaga: LAscension de Notre-Seigneur dans le N.T.(Rome, 1938. Plus simplement, nous nous référerons ici à P. Benoît: L'Ascension, RB 1949, p. 161-203; résumé en: Passion et Résurrection, p. 386-87):

1. « Il n'y a rien [dans le récit de l'Ascension tel qu'en Ac 1,9-11] qui ne puisse être admis par quiconque ne rejette pas a priori la possibilité du surnaturel et du miracle » (p. 161). Ajoutons que Lucie témoigne avoir vu en 1917, lors des apparitions de Fatima, la Dame « s'élever doucement dans la direction du Levant jusqu'à disparaître dans l'immensité du ciel » (4° Mémoire — Lucie raconte Fatima, 4° Éd. DDB 1976, p. 180, 181, 183, 184). Certes, ce n'est pas « vérité; d'Évangile » (= de foi); mais pour ceux qui n'accordent pas la confiance de la; foi, et ne veulent juger que sur la science, il y a là un fait solidement attesté, que la critique la plus acharnée n'a pu ébranler (cf. C.J. Nesmy : La vérité de Fatima, 2° Éd. s.o.s. 1986, p. 155-172). Si cela peut être arrivé dans une apparition très secondaire, pourquoi pas lors de cette Ascension ?

2. « La Tradition est unanime à affirmer le triomphe céleste du Christ après sa Résurrection », mais le plus souvent de façon théologique, comme un mystère d'exaltation éternelle, où le Christ a donc pu entrer du fait même de cette résurrection, dès Pâques. Cela n'empêche pas Lc, et à sa suite les témoins qui parlent de l'Ascension en sa réalité historique, de la situer après un certain délai de temps : les 40 jours d'Ac 1,3 (p. 172-173).

3. Cette diversité s'explique par la complexité de l'événement. D'une part, la réalité essentielle de l'Ascension est l'accès de l'humanité du Christ, corps et âme, à l'exister divin, éternel, omniprésent, glorieux. Tout cela n'est perceptible qu'à la foi, non à la vue, et par conséquent « déborde l'histoire », au même sens que la Résurrection avec laquelle ce mystère d'exaltation est lié (cf. Introd. aux § 359 -376). Mais d'autre part, pour bien nous assurer de la réalité de ce mystère, Dieu a fait voir aux Apôtres ce qu'il pouvait avoir de sensible, à savoir le départ de la terre comme une < Ascension >, le ciel étant le symbole universel du monde de Dieu, y compris dans le judaïsme et le N.T.(« Notre Père qui es aux cieux... »). Sous cet aspect, l'Ascension est un fait suffisamment attesté pour être vraiment qualifié d'< historique >.

Il faut seulement se garder de ne retenir que ce point de vue, extérieur, anecdotique, et donc relativement secondaire, du < mystère > de foi qu'est avant tout la glorification* du Christ. Par opposition aux détails imaginés par les Apocryphes pour < raconter > l'Ascension, les témoignages du N.T.sont de la plus grande discrétion sur les modalités de l'événement, nous invitant à méditer plutôt ce que peut être la réalité céleste (éternelle, divine) où l'humanité ressuscitée de Jésus se trouve exaltée « à la droite du Père » § 376 *).

4. A l'essentiel du mystère, n'accède que notre foi — et notre espérance d'y prendre part... Comme d'habitude, cette foi a pourtant de quoi s'appuyer: a) sur « la constatation expérimentale du départ de Jésus vers les cieux », b) sur l'annonce qu'en avaient faite les Écritures (voir les //, ici et au § 376 — Mc 16,19*, notamment le // Ps 110*), c) et enfin sur la preuve « par le don merveilleux et sensible de l'Esprit », que le Christ avait promis « si je m'en vais... » § 331 — Jn 16,7; cf. P. Benoît, art. cit., p. 195).

Lc 24,50 — Puis : La particule grecque distingue l'Ascension de l'apparition au soir de Pâques § 365 -366), mais sans indiquer à proprement parler une succession temporelle entre les deux événements : ils sont d'un seul tenant, 40 jours se sont écoulés entre l'une et l'autre scène.


Il les conduisit vers Béthanie : Le village était situé derrière le Mont des Oliviers, par où il fallait donc passer en venant de Jérusalem. Topographiquement « vers Béthanie » de Lc 24,50 « se concilie sans la moindre peine avec l'Ascension depuis le Mont des Oliviers » d'Ac 1,12.

et levant les mains, Il les bénit // Si 50,20: Pour comprendre l'importance de cette solennelle bénédiction, confiée par Dieu à Aaron (Nb 6,22-27), se rappeler l'efficience religieuse de cet acte de < bénir > dans l'A.T. (cf. bc I*, p. 87-88 et Table, p. 377). Aussi, pour Jésus, « cette bénédiction conclut son oeuvre de salut » (A. George : Résurrection et Exégèse, p. 80), au point que Pierre, inspiré du Saint-Esprit, osera dire que « Dieu a ressuscité son Serviteur et l'a envoyé nous bénir, pour qu'en nous s'accomplisse la Promesse de bénédiction catholique faite à Abraham » (Ac 3,26 et 25, en // à Gn 12,2-3 en BC ilBe).

Lc 24,51) — Et il arriva : Désigne un < événement > dans sa réalité temporelle même. Pendant qu'il les bénissait : En soulignant la simultanéité, Lc lie cette bénédiction avec l'Ascension qui va l’éterniser : pour toujours, le Christ est notre intercesseur (He 7,25), obtenant et nous transmettant la Bénédiction du Père. Il se sépara d’eux : Si l'on admet que la glorification du Christ est acquise dès Pâques, l'Ascension est un changement non pas tant pour Jésus, désormais < éternisé >, que dans ses relations avec ses Apôtres : visiblement Il s'en sépare, pour être invisiblement, sacramentellement, « avec eux tous les jours, jusqu'à la consommation des siècles » (Mt 28,20*).

Et Il était enlevé au ciel : Entre parenthèses, comme v. 52a, parce que non retenu dans l'édition critique de Nestlé. Mais J.M. Guillaume maintient ces deux phrases, et il rapproche à bon droit cette Ascension de l'annonce qu'en faisait implicitement Lc 9,51, quand Jésus « affermit sa face pour marcher vers Jérusalem, aux jours où Il devait être enlevé » § 183 *) : le verbe n'est pas le même en grec, il est vrai, mais se retrouve en Ac 1,2.11.22, pour désigner l'Ascension. Ainsi toute la montée à Jérusalem, la Passion et la Résurrection du Christ convergent à ce but, indiqué d'ailleurs dès Lc 2,49 (Lc interprète..., p. 224-227 et 206).

Lc 24,52-53 // Si 50,21-22 — S'étant prosternés devant Lui : Signe d'adoration, donc reconnaissance de la divinité du Christ; mais aussi, attitude normale pour recevoir la < bénédiction > de Dieu aux hommes (// Si 50,21). Y répond normalement la < bénédiction > des hommes à Dieu (Gn 14,19-20 — Bc I*, p. 93-94). Lc relève souvent cette louange à Dieu où passe l'enthousiasme de ceux qui ont été témoins des < merveilles de Dieu > § 217 — Lc 13,13*; cf. Lc 2,20). Ils revinrent à Jérusalem, comme les disciples d'Emmaüs (v. 33): c'est de là qu'une fois reçu l'Esprit, ils repartiront pour la Mission (v. 47 et 49). Dans une grande joie : La joie messianique annoncée par la naissance de Jean-Baptiste § 3 — Lc 1,14*) et de Jésus § 10 — Lc 2,10). Constamment dans le Temple : C'est ainsi que le m0 Evangile avait commencé, par l'apparition de l'Ange à Zacharie, dans le Temple § 3 — Lc 1,9). Ces rapprochements entre le début et la fin ne doivent pas être sans intention (J.M. Guillaume, p. 206-207) : par cette inclusion, l'Évangéliste met toute la Bonne Nouvelle sous le signe de la Joie, du Retour au Père, dès maintenant dans le Temple de la prière. Mais il ne faut pas moins noter que cette finale de Lc, loin de marquer un terme à l'espérance messianique, ainsi que le déploraient les disciples d'Emmaüs (Lc 24,21), ouvre au contraire sur « le temps de l'Eglise ». Elle n'annonce pas seulement les Actes des Apôtres, mais concorde avec les finales, si différentes, de Mt § 370 ), de Jn § 375 *), et enfin de Mc § 376 — Mc 16,20*).


§ 375. Voir, avant le § 374 , § 373 -375.

p. 787


Bible chrétienne Evang. - § 371-373. L’apparition au bord du lac: Jn 21,1-23