Bible chrétienne Pentat. 1512

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La descendance de juda

Gn 38)


 — En rappelant cette descendance irrégulière dans la généalogie du Christ (// Mt 1,1-3), l'Évangile souligne que l'élection divine, loin de se baser sur les mérites de l'élu, est choix de l'amour gratuit et miséricordieux du Père pour les plus misérables de ses enfants.

Gn 38,8 — Loi dite du ’lévirat' (du latin Mevir" = beau-frère): cf. Dt 25,5 et // Mt 22,23-32. La plus belle illustration en est l'histoire de Ruth (// Rt 4). Or celle-ci est, avec Tamar, Rahab et « la femme d'Urie » l'une des quatre femmes nommées dans la généalogie du Christ, comme pour souligner que Jésus, venu pour sauver les pécheurs (Mt 9,13) et pour ouvrir l'Alliance et les Promesses aux païens (Ep 2) s'est voulu descendant d'une païenne (touchante et admirable comme la Syrophénicienne de l'Évangile, Mc 7,24-29), Ruth la Moabite, et de pécheresses comme Bethsabée ou Tamar.

Telle était bien, en définitive, pour le peuple élu, le sens de cette loi du lévirat: assurer au défunt une descendance, parce qu'en toute descendance, on espérait cette ’Descendance' pour ainsi dire unique qui aboutirait au Messie (cf. Ga Ga 3,16 / Bi). Tel est bien le sens de l'acclamation des anciens, lorsque Booz accepte d'épouser l'étrangère (// Rt 4,11-12): Ruth se voit assimilée à Rachel et Léa, mères des tribus d'Israël; la Descendance de Booz et Ruth doit continuer celle « de Péreç que Tamar enfanta à Juda » — ce qui réfère exactement à l'histoire contée en Gn 38.

Gn 38,9Il profanait la semence: Le sens est d'abord de détruire, mais il y a aussi une idée de corruption, soulignée par Dhorme, qui traduit « littéralement: il corrompait ». Cela dit donc davantage que seulement « il fraudait... en violant la loi de la nature ». En fait, cette loi de la morale — que l'Église protège lorsqu'elle persiste à condamner l'onanisme » — se fonde sur la « profanation », qu'il y aurait à disposer ainsi de la vie pour un profit purement égoïste. Car s'il faut réserver à Dieu le sang, du seul fait qu'il est le symbole de la vie (Gn 9,4-5*), a fortiori la semence, qui en est l'origine directe, est-elle à Dieu, et à ce titre sacrée. Reprendre l'usage de ce qui est sacré, consacré, à Dieu, c'est la définition même de la profanation.

Le réalisme biblique accentue encore l'odieux de cette ’profanation' criminelle, en mettant le complément du verbe au masculin : « Il le détruisit en le répandant à terre », comme pour désigner directement, à travers la semence, l'enfant que l'on supprime ainsi. Ce que traduirait bien: « Il tuait la semence ». Si l'onanisme est déjà donné ici comme meurtre, que dire de l'avortement?

Gn 38,24Qu'on la conduise dehors et qu'elle soit brûlée: Au Lévitique, c'est le châtiment des filles de prêtres, parce qu'« en se prostituant elle profane son père » (Lv 21,9). Serait-ce que Juda s'indigne de voir « profané » par Tamar, lui-même, un fils d'Israël? Mais la profanation vient en réalité de Juda, non seulement du fait qu'il a suivi celle qu'il prenait pour une prostituée (cf. le raisonnement de saint Paul, dans // 1Co 6,15-20) — et s'il s'agissait de prostitution sacrée, c'était encore plus grave, puisque c'était adhérer à un culte idôlatrique — mais d'abord Juda s'était profané en prenant une femme étrangère, cananéenne (v. 2); et encore, Onan avait « profané la semence » (v. 9*).

D'autre part, le « qu'on la conduise dehors » rappelle aussi la prescription du Lévitique (16,27), pour sauvegarder la pureté du camp d'Israël, ce qui, d'après He 13,11-13, annonce le sacrifice du Christ « hors de la porte », sur le Calvaire, innocent mourant pour les coupables (comme, toutes proportions gardées et toutes différences maintenues, Tamar est condamnée pour le vrai coupable, qui est Juda).

Gn 38,27-30Pérèç en effet signifie ’brèche' ; et Zérah évoque le rouge, de quelque façon qu'on l'interprète. Mais pourquoi ces détails sur l'accouchement sinon pour souligner qu'une fois de plus, c'est le second des jumeaux qui, supplantant le premier, sera favorisé, puisque c'est de lui que sortira David et le Christ — Toujours la gratuité de l'élection divine.

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Joseph chez putiphar

Gn 39,1-20)


 — Le parallèle entre Joseph et le Christ reprend. Joseph passe de mains en mains, et des Madianites à l'Égyptien Putiphar, comme Jésus de Caïphe à Pilate ou Hérode. Il est jeté en prison comme Jésus est mis au tombeau (v. 20-23 * ), trouve grâce devant le chef de la prison comme Jésus a les clefs des portes de l'enfer, explique les songes de l'échanson, du panetier puis de Pharaon (ch. 40-41) comme le Christ est le seul à ouvrir le livre scellé (Ap 5,1-5).

Gn 39,2 // Ac 7,9-10 1S 18,14 Ps 1,1 Ps 1,3 Gn 12,2 — chrysostome: Hom 62 sur Gn (PG 54,536): «Joseph fut conduit en Egypte, et un officier du Pharaon l'acheta ». Pour ne pas trop nous étonner de voir un adolescent supporter avec constance les duretés d'un esclavage si éloigné de ses habitudes, lisons la suite: « le Seigneur était avec Joseph, et tout lui réussissait ». Qu'est-ce à dire: «le Seigneur était avec Joseph »? La grâce divine l'accompagnait. C'est elle qui engagea les Ismaélites à le vendre en Egypte, pour qu'avançant de degré en degré, à travers les tentations même, il arrivât enfin jusqu'au trône princier. Fut-il troublé, ébranlé dans sa foi, quand il passait d'un maître à l'autre, forcé de s'adapter aux moeurs des étrangers? Se crut-il abandonné de Dieu? Non. Il supporta tout avec force et douceur: car le Seigneur était avec Joseph, et partout la Providence divine le précédait. Et cette grâce qui rayonnait sur lui était si manifeste que l'officier du Pharaon s'en rendit compte; c'est pourquoi il donna sa faveur à Joseph et remit entre ses mains tout ce qu'il avait. Voilà ce qu'opère la main de Dieu: un très jeune homme, un étranger, un captif acheté comme esclave, se voit confier toute la maison d'un grand. Pourquoi, ou comment? Parce que Joseph coopère à la grâce par sa manière de vivre.

Dieu qui voulait son bien entendait l'établir dans une grande sécurité; cependant, il ne le délivra pas de la servitude, il ne lui rendit pas la liberté, car c'est dans les moeurs divines de n'éviter aux hommes de grande valeur ni les dangers ni les tentations — mais plutôt, dans les tentations même, de leur apporter une aide si puissante que ces épreuves deviennent l'occasion d'une joie et d'une fête. C'est ainsi que David disait: « Dans la tribulation tu me dilates ». Il ne dit pas: Tu as supprimé ma tribulation, mais le miracle c'est qu'en pleine tribulation tu m'as donné d'être sans peur. Ce miracle, le Seigneur le fit pour Joseph comme pour David. Le Seigneur bénit la maison de l'Égyptien à cause de Joseph, et le barbare comprit que ce jeune homme considéré comme un esclave était particulièrement agréable à Dieu. Quelle grande chose que la vertu! Dès qu'elle apparaît, elle éclipse tout ce qui l'entourec'est un peu comme quand le soleil se lève et chasse les ténèbres.

Gn 39,2-6 insiste à plaisir sur la réussite dont est comblé le Juste, fidèle à l'Alliance (v. 3), comme le confirmeront la Révélation du Sinaï (Lv 26), les prophètes, les livres sapientiaux (Ps 1 Ps 33,12, etc. . Pr Pr 2,21 Pr 3,33 Pr 11,27 et passim) et l'Évangile lui-même (Lc 18,29-30). Plus fondamentalement encore, c'est l'accomplissement de la bénédiction de la Genèse (1,28).

Mais cette prospérité s'avère bien précaire, puisqu'elle doit être si vite éprouvée (un des deux sens du mot ’tentation'), comme il arrivera aussitôt à Joseph.

Gn 39,7-10 — D. Barsotti: Il Dio di Abramo (p. 312): «Et il arriva que la femme de son maître jeta les yeux sur Joseph... » Je ne crois pas que l'auteur inspiré ait pensé, tandis qu'il écrivait ce chapitre, au péché de l'Eden; mais la répétition des circonstances n'en est pas moins frappante. Il semble que la scène du paradis recommence; seule, la conclusion diffère. De même que Dieu avait placé Adam à la tête de toute la création, ainsi le maître de Joseph remet entre ses mains tout ce qu'il possède: il n'y a qu’une seule réserve au pouvoir d'Adam sur la création entière, et il n'y a qu'une seule réserve au pouvoir de Joseph sur toute la maison.

C'est la femme, qui tend au premier homme le fruit défendu; et c'est la femme, qui propose à Joseph le péché. Le parallélisme n'est pas aussi extérieur qu'il pourrait sembler à première lecture: si l'exégèse rabbinique a vu en Joseph le type du juste à cause de sa chasteté, cette exégèse ne peut avoir d'autre fondement que la référence au paradis terrestre: la tentation de Joseph répond à la tentation d'Adam. Où Adam avait succombé, Joseph remporte la victoire — et c'est pour cela qu'il est le type du juste.

Gn 39,11-13 — ambroise: De Joseph patriarcha, 5 (PL 14,652): Joseph s'enfuit dévêtu mais non pas nu. Est vraiment ’nu' celui que le péché a dépouillé comme Adam (Gn 3,7), celui qui, après avoir transgressé les préceptes de Dieu, se trouve nu.

/ Mt 1,18-24 — S'il y a contraste parfait entre l'effronterie de cette femme et la réserve de Marie — que même la promesse d'enfanter le Messie n'ébranle pas dans son voeu de virginité (Lc 1,34) — l'honnêteté de Joseph se

retrouvera en son homonyme de l'Évangile: et sans doute fallait-il que l'esprit même de ce dernier fût bien chaste pour qu'il ne soupçonne ni ne juge, mais adore le Mystère. (Sur le parallèle entre le Joseph de la Genèse et celui de l'Évangile cf. Sr Bernard, cité à la fin du ch. 41 *).

On pourrait encore citer, en // contrastant, l'adultère de David et Bethsabée, Dieu reprochant justement au roi, par la bouche de son prophète Natân, que, lui ayant « tout donné de la maison de Saul », il ait encore volé à Urie sa brebis chérie (2S 12,7-9). L'histoire de Suzanne (// Da 13,15-44) est encore plus typique, puisque s'y retrouve à la fois la tentation repoussée — qui serait pour elle « une mort », dit-elle, pire que la mort 1 v. 22) — et la calomnie déjouée seulement in extremis.

Ainsi (comme dans Phèdre, encore) les péchés s'enchaînent, la calomnie cherchant à venger en même temps qu'à couvrir le déshonneur — preuve, s'il en était besoin, que ce désir impur, égoïste, acharné, n'a rien à voir avec l'amour, bien qu'il se pare souvent mensongèrement de ce nom prestigieux. C'est plutôt un instinct bestial :

chrysostome: Hom 62 sur Gn (pg 54,537): (« Une méchante bête a dévoré mon fils » )avait dit Jacob. La méchante bête c'est le diable. Dès qu'il vit que le juste était apprécié, et que chaque adversité lui valait quelques honneurs de plus, il grinça des dents. Voir un juste honoré, c'est plus qu'il n'en peut supporter: aussitôt il creuse une fosse pour l'y précipiter. Mais il a beau ruer sous l'éperon, tout le mal qu'il prépare lui retombe sur la tête.

« La femme de son maître jeta les yeux sur Joseph ». Folle femme ! Elle n'a pas souci de se conduire en dame; elle ne considère pas qu'il est un esclave: rien ne compte plus — rien que la beauté qui la subjugue... Et ce n'est pas une fois ou deux, qu'elle le sollicite, mais « de jour en jour », dit l'Ecriture. Finalement elle saute sur lui, comme une bête féroce montrant les dents, « et saisissant son vêtement elle le retint ». À mon avis, les trois enfants qui dans la fournaise de Babylone demeurent indemnes, respectés par la flamme, ne sont pas encore aussi admirables que ce jeune homme, saisi par ses vêtements et qui s'enfuit, les laissant aux mains d'une femme éhontée. Il sortit nu de la fournaise, mais il était revêtu de la robe de pureté, et plus beau que jamais.

Or après cette victoire, après cet exploit qui méritait la couronne, nous le retrouvons traité comme un coupable et accablé d'infortunes: cette femme perfide, ne pouvant supporter son humiliation, convoque toute sa maison; elle accuse l’adolescent du crime convoité par elle et refusé par lui, elle montre les vêtements comme pièce à conviction. « Il a pénétré chez moi », dit-elle. — Ah, malheureuse ! Ce n’est pas lui, qui a pénétré chez toi, c'est le diable !

Voyez la continuité de la bienveillance divine: d'abord elle arrache l'enfant à ses frères, qui suivant l'avis de Ruben le jettent dans une citerne au lieu de le tuer; ensuite prévaut le conseil de Juda, et Joseph est vendu aux Ismaélites. À présent la main d'en haut retient le barbare et ne lui permet pas de mettre à mort aussitôt l'accusé — car, qui l'en empêchait? C'est la Providence de Dieu qui inspira cette clémence, et fit jeter le juste en prison pour que sa vertu y parût en pleine lumière et que lui-même accédât au pouvoir royal. Son maître fut enflammé de colère — mais s'il ne croyait pas à l'accusation, pourquoi jeter Joseph en prison? Et s'il y croyait, c'est la peine de mort qu'il devait exiger. Mais quand la main d'en haut manifeste son aide, tout devient facile et naturel. Joseph cependant porte en silence la calomnie. Vous savez avec quel sursaut les innocents se dressent parfois contre leurs accusateurs? Rien de semblable chez Joseph: il se tait, et avec grande patience il attend le secours de Dieu. « Dieu était avec lui, poursuit le texte sacré, et inclinait sur lui la miséricorde ». Qu'est-ce à dire? Il inclinait à la miséricorde le préfet de la prison. « Il lui fit trouver grâce auprès de lui », et le préfet de la prison lui donna autorité sur la prison. « Tout était entre les mains de Joseph parce que le Seigneur était avec lui et faisait tout prospérer entre ses mains ». C'est perpétuellement que la grâce de Dieu est avec Joseph : tout ce qu'il fait est plein de grâce.

// Pr 25,18 Pr 6,34 — Les sapientiaux s'étendent volontiers sur le « piège » de la femme effrontée, tentatrice (Pr 2,16-19 Pr 5,1-23 Pr 6,24-7,27 Si 9,1-9 Si 23,22-27, et passim). Le développement même de ces mises en garde ne permet guère de les mettre ici en // . Nous ne citons que la condamnation du faux-témoignage, et l'avertissement de ne pas provoquer la jalousie.

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Joseph en prison

(Gn 39,21-40,23)


 — Joseph — en prison comme il était dans la citerne au ch. 37 — est figure du Christ en sa Passion :

Rupert de Deutz: De Trinitate, vin, 36 (PL 167,522): Dieu donna à Joseph de trouver grâce devant le chef de la prison. Il trouva grâce aussi devant Dieu le Père, Celui qui pour nos péchés descendit dans la prison de la mort; car, dit saint Jean, «grâce et vérité a été faite par Jésus-Christ » (Jn 1). Dieu fit trouver grâce au Christ devant le chef de la prison, c'est-à-dire devant Lui-même qui seul a le pouvoir de vie et de mort ... Sur l'ordre du Père il descendit dans la prison afin d'obtenir miséricorde pour les captifs: afin de dire aux enchaînés: «Sortez!, et à ceux qui étaient assis dans les ténèbres: Venez à la lumière! » (Is 49,9). Le chef de la prison remit entre ses mains tous les captifs; et tout se faisait sous son autorité (Gn 39,22). C'est ce qu'il avait prédit avant d'être livré : « Quand je serai élevé de terre,j'attirerai tout à moi » (Jn 12). Oui, tout: ce qui est au ciel, ce qui est sur terre, et ce qui est sous terre, de sorte, dit l'Apôtre, « que tout genou fléchisse, au ciel, sur la terre et dans les enfers » (Ph 2).

Gn 40,1-4 // Si 2,1-11 — Depuis le début (ch. 37) jusqu'au triomphe du ch. 41, l'histoire de Joseph est l'illustration de Rm 8,28: « Nous savons que pour ceux qui aiment Dieu, Dieu fait tout concourir à leur bien — pour ceux qui sont appelés suivant son dessein ». Le dessein de Dieu qui justement se réalise dans ces tribulations rédemptrices, et pour le Christ lui-même: «Il fallait... » dira-t-il chaque fois qu'il parle de sa Passion (Mc 9,31 Lc 24,26). C'est aussi l'enseignement que la Vulgate tire de l'histoire de Tobie: « Parce que tu avais été agréé de Dieu, il était nécessaire que la tentation t'éprouve » (Tb 12,13). Processus que Rm. 5,3 ss. résume ainsi : « La tribulation produit la patience; la patience fait la preuve » — mais sans oublier la suite (qui ajoute aux considérations morales une perspective messianique, rédemptrice, eschatologique) : « la preuve amène l'espérance et l'espérance ne déçoit pas... » Sur la vertu éprouvée, cf. Ex 17,7* urs von balthasar.

Si 2,1-11 — Il est notable que, dans les trois versets coupés à regret pour raison de mise en pages, la confiance s'allie à la crainte du Seigneur. Lc 1° Livre des Maccabées (2,53) donnera en une phrase la clef (morale) de toute cette histoire: « Joseph, au temps de sa détresse, observa la loi; aussi devint-il seigneur de l'Egypte ». Que l'on se rappelle aussi les Apôtres jetés en prison, leur prière, et les portes s'ouvrant miraculeusement, si bien que même le geôlier est évangélisé, baptisé, et que tout se termine en un joyeux repas: autre image encore plus saisissante de la descente du Christ aux Enfers, dont sa mort avait ouvert les portes (Ac 16,23-34).

Gn 40,5-22 // Si 34,1-8 — Encore des songes. Ce qu'en pense l'Écriture est clair: défiance non seulement sur nos ’rêves' eux-mêmes (Si 34,1-2), mais sur leur interprétation (3-4) ; même si, exceptionnellement, ils peuvent être une ’visite' (cf. Gn Gn 18,21 *) du Très Haut, à qui seul appartient l'avenir (Is 48). Donc, en général, ne pas s'en occuper, ni encore moins s'y confier (6 b — 7), mais plutôt faire fonds sur l'Intelligence de la Loi — qui est la Sagesse. Mais, dans l'histoire de Joseph comme dans celle de Daniel, les songes reprennent un rôle apologétique de révélation indirecte (cf. D. Barsotti, Introduction au ch.41).

Gn 40,7 — chrysostome: Hom 63 sur , « Pourquoi vos visages sont-ils si tristes? » dit Joseph au panetier et à l'échanson. — Parce que nous avons eu un songe et il n'y a personne pour l'interpréter. Ils voyaient en Joseph un homme du commun, c'est pourquoi ils lui répondaient ainsi sans raconter leurs songes. Mais cet homme étonnant leur dit : L'interprétation des songes n'appartient-elle pas à Dieu? Racontez-les moi! Il ne promet rien qui vienne de lui-même: c'est Dieu qui révèle! Quelle intelligence et quelle humilité chez ce juste!

... Et après avoir annoncé à l'échanson sa rentrée en grâce: « Souviens-toi de moi auprès du Pharaon, car c'est par fraude que j'ai été enlevé du pays des Hébreux; et ici je n'ai rien fait de mal pour être jeté en prison ». Remarquez que Joseph ne dit pas un mot contre la femme criminelle ; pas un reproche non plus à l'adresse de son maître, ni la moindre allusion à la cruauté de ses frères. Il jette un voile sur tout cela, et dit simplement: «Souviens-toi de moi ». D'autres auraient proclamé les torts d'autrui — mais lui, reste plus pur que le soleil. La faveur d'en haut lui suffit.

Gn 40,9-13 // Os 6,1-3 — Les songes du grand échanson et du grand panetier, comme plus tard ceux de Pharaon, annoncent prospérité et ruine. Ici, le nombre Est 3, comme il sera de 7 (années) pour Pharaon. Une histoire d'abaissement ou de relèvement au bout de 3 jours: comment n'y pas lire une allusion possible au mystère pascal du « Il ressuscita le troisième jour, conformément aux Écritures ».’Les Écritures', c'est bien entendu avant tout la prédiction voilée du Christ lui-même de « relever le sanctuaire de son corps en trois jours » (Jn 2,19-22); mais c'est aussi, d'après l'interprétation qu'en fait l'Église dans sa liturgie, Osée 6. Or le prophète y parle de ce relèvement comme du nôtre (puisque la résurrection du Christ vaut pour nous: 1Co 15). Donc tout converge ici en une perspective unique: l’histoire de Joseph comme la prophétie trouveront leur accomplissement dans le mystère pascal du Christ (// Mc 8,31-32), annonce lui-même de notre glorification éternelle (// 2Co 4,16-18).

Gn 40,16-22 — Si antithétique soit-il, le songe du grand panetier n'évoque pas moins la Passion du Christ, « pendu à l'arbre » de la Croix (v. 19 ; cf. Ga 3,13, se référant lui-même à Dt 21,22-23 / Si). Tant est proche relèvement de l'abaissement: les Romains disaient: le Capitole et la Roche tarpéïenne; ici, on joue sur l'expression « relever la tête » (Gn 4,7*), qui signifie au v. 13: Pharaon t'honorera et te rétablira dans ta charge, et au v. 20: Pharaon t'élèvera (sur le gibet), donc en réalité ’enlèvera' ta tête. Élever, enlever: il suffit d'une toute petite lettre...

Mieux encore, Joseph va joindre en lui-même le relèvement après l'abaissement (ch. 41). Déjà, en 40,15, un mot aide à nous maintenir dans la compréhension de l'histoire de Joseph comme préfigurative du Mystère pascal : ce que nous traduisons ici par ’prison', c'est la ’fosse', comme en 37,22 ou encore 41,14 — dont nous avons vu le sens spirituel (37,23-30* ).

Gn 40,23 et // — Thème navrant de l'oubli. Plus souvent de notre fait, les hommes sont oublieux avec tant de légèreté de Dieu et de son Alliance: « Une vierge oublie-t-elle ses parures... Mais mon peuple m'a oublié / depuis des jours sans nombre » (Jr 2). Pourtant, serait plus intolérable encore l'apparence — car ce ne peut être qu'une apparence: cf. // Is 49,14-15 — que Dieu oublie, et qu'il puisse abandonner. Même le Christ en sera déchiré, sur la Croix: « Dieu mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné? ». Un point de plus par où Joseph vit par avance quelque chose de la Passion rédemptrice.

chrysostome: Hom 63 sur Gn (pg 54,593): Et l'échanson rentré en grâce oublie Joseph. Le juste va-t-il en être ébranlé? Non. Il sait qu'un plus grand théâtre se prépare pour lui, et qu’il y gagnera une plus belle couronne.


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LE DOUBLE SONGE DE PHARAON

Gn 41,1-36)

 — D. BARSOTTI : Il dio di Abramo (p. 317): En ces derniers chapitres de la Genèse, Dieu n'intervient plus directement dans l'histoire. Il manifeste ses desseins à travers des songes, mais dans les songes ce n'est pas lui qui apparaît et qui parle. On dit que la tradition élohiste aime les songes, et se complaît à voir dans les songes l'intervention de Dieu — ceci peut être exact, mais n'enlève rien à la vérité de l'Écriture inspirée — de même que les songes narrés par saint Matthieu dans ses deux premiers chapitres n'enlèvent rien à l'authenticité de son récit.

L'expérience mystique de Joseph est liée à des songes, tout au long de son histoire. Mais est-ce là une expérience mystique? On pourrait en douter: il est présenté comme un sage et un devin, plutôt que comme un « ami de Dieu ». La Genèse finit comme elle a commencé: dans ses derniers chapitres, on ne rencontre plus le témoignage d'une expérience personnelle de Dieu, comme chez Abraham, mais plutôt le témoignage d'une vie religieuse collective. Même dans les faits qui postulent une certaine intervention divine — comme les songes ou l'interprétation des songes — la Genèse veut moins nous décrire une expérience de Dieu que démontrer la situation exceptionnelle du peuple d'Israël, sa supériorité qui vient de l'élection divine. Telle est la visée aussi bien de la tradition élohiste que de la tradition yahviste dans le récit des aventures de Joseph. La valeur humaine du récit, hautement dramatique et très émouvant, est certainement recouverte par l'écrivain sacré d'une valeur nationale et religieuse. Peut-être l'auteur sacré s'est-il inspiré secondairement d'anecdotes égyptiennes, et peut-être est-ce précisément de cette source que le narrateur primitif a tiré les riches coloris et tant d'autres éléments qui font de cette histoire un chef-d'oeuvre presque inégalable. En tout cas, pour les Hébreux qui transmirent cette histoire oralement, comme pour l'écrivain qui la fixa pour la première fois dans le Livre sacré, l'histoire de Joseph a eu surtout la valeur d'un témoignage affirmant la protection de Yahvé sur son peuple, et elle devint pour Israël un motif d'exaltation nationale et religieuse. Malgré l'exiguïté du nombre (car en ce temps, les Israélites sont à peine une famille), malgré le caractère encore nomade du peuple, qui n'est même pas commerçant, mais seulement pasteur (Gn 46,32 Gn 46,33 Gn 46,34) — tandis que l'Egypte est alors la nation la plus civilisée du monde, la plus riche et la plus nombreuse — Israël, dans la personne de Joseph, se montre supérieur à tout le peuple égyptien, uniquement parce qu'il est élu de Dieu. Là est le sens profond de ce que le Yahviste dit et répète plusieurs fois au chapitre trente-neuvième : Yahvé était avec Joseph, et c’est pourquoi tout lui réussissait...

L'interprétation des songes était l'affaire des sages, tant à Babylone qu'en Egypte: elle impliquait une spéciale communion avec la divinité, qui précisément dans les songes manifestait ses desseins et sa volonté. Pour cette raison, c'était donc le peuple de Dieu qui devait avoir les interprétations authentiques. Joseph le dit aux deux officiers de Pharaon incarcérés avec lui. Quand ils lui avouent: « Nous avons fait un songe, et il n'y a personne pour l'interpréter », « L'interprétation n'appartient-elle pas à Dieu? », répond-il: « Racontez-moi les songes » (Gn 40,8). L'Israélite est l'interprète mandaté, parce qu'il fait partie du peuple de Dieu... Et comme un défi à tous les sages d'Egypte, Joseph explique les songes de Pharaon. L'insistance de l'auteur à souligner l'incapacité des mages est l'un des pivots religieux sur lesquels prend appui tout le récit. Joseph lui-même déclare formellement pourquoi il sait interpréter les songes: « Ce n'est pas moi, c'est Dieu, qui donnera une réponse au Pharaon » (Gn 41,16). Et c'est de la bouche même de Pharaon que sort l'éloge de Joseph et l'aveu de sa sagesse comme d'un don divin. Le jeune Hébreu est immédiatement promu à la seconde place, dominant toute l'Egypte: en sa personne, c'est le peuple d'Israël qui obtient la reconnaissance de sa grandeur comme peuple élu de Dieu...

Nulle part la mystique d’Abraham n'a le moindre rapport ou allusion à la magie; par contre on pourrait penser que Joseph, comme plus tard Moïse, adopte les coutumes des devins d'Egypte (au chapitre quarante-quatrième, la Genèse parlera même de la « coupe divinatoire »). Mais pour Joseph, comme pour Moïse et comme pour Daniel, la divination ou l'interprétation des songes n'est pas de la magie: elle prouve simplement la relation de l'élu avec Dieu. Le pouvoir de ces hommes ne dépend pas de ce qu'ils devinent, mais de leur relation à Dieu: c'est Dieu qui révèle à ses élus les mystères, même s'ils usent des formes qu'emploient chez les peuples païens les devins et les mages.

L'épisode de Joseph appelé à la cour du Pharaon se répétera pour Daniel à la cour de Nabuchodonosor. Là aussi, les mages renoncent à interpréter les songes, et Daniel les interprète. Là aussi, l'auteur souligne que l'interprétation des songes est chose réservée à la divinité: « Il n'est pas d'homme sur la terre qui puisse exécuter tes ordres » (révéler le songe et l'interpréter). Le cas est ardu, et nul ne peut le résoudre, hormis les dieux, dont le séjour n’est pas parmi les hommes (Dn 2,10-11 ).

«J'ai trouvé un homme, parmi les exilés de Juda, qui donnera au roi la solution », dit Arioc en introduisant Daniel devant le roi. Et Daniel en appelle explicitement à Dieu (// Dn 2,27-28). Daniel n'est pas un sage ni un devin, il est le prophète de Dieu : « Ce secret m'a été révélé, mais non par une science qui serait supérieure à celle des autres vivants » (Dn 2,30).

La véritable fin pour laquelle Joseph et Daniel sont amenés à expliquer des songes devant les rois, est explicite dans le prophète Daniel et implicite dans la Genèse: c'est de proclamer à la face des nations la souveraineté de Dieu. En la personne de ces prophètes, Israël inaugure sa mission de peuple sacerdotal: la mission de révéler au monde entier la vérité et l'unité de Dieu: « Et qu'ils sachent que tu es le seul Dieu, le Seigneur de gloire sur toute la terre » (). Telle est bien la prière des trois enfants quand ils sont jetés dans la fournaise (cf. aussi ). « Vraiment, votre Dieu est le Dieu des dieux et le Seigneur des rois!», dira Nabuchodonosor ().

La référence à Daniel est la meilleure clé pour comprendre l'histoire de Joseph. Dans ce récit, l'intention de l'écrivain sacré est moins de nous raconter les péripéties dramatiques auxquelles dut faire face un fils de Jacob, que de nous dire pourquoi Israël est descendu en Egypte. Cet exil est-il un châtiment? Il ne semble pas que la Genèse puisse donner une réponse évidente à cette question; cependant nom pouvons remarquer que l'écrivain sacré rapporte sur les fils de Jacob des faits qui sont tous condamnables (cf. les chapitres 34 et 38). Ce qui est clair, par contre, c'est la fin en vue de laquelle Dieu permet qu'Israël abandonne la terre de Canaan, cette terre que Yahvé a pourtant promise à Abraham. De même qu'il enverra Israël en exil à Babylone pour qu'Israël annonce le vrai Dieu à la cour de Nabuchodonosor, ainsi il l'envoie en Egypte à la cour du Pharaon. La prophétie est la prérogative d'Israël, parce qu'Israël est le peuple de Dieu: l'élection divine est rendue manifeste par le don prophétique accordé au seul Israël; et par ce témoignage même, Israël proclame la vérité de son Dieu, face au néant du pouvoir et de la science humaine, face au néant des dieux des nations. Le peuple d'Israël, chétif et pauvre, a conscience d'être au-dessus de tous les peuples.

La Sainte Ecriture n'exclut pas que même un païen puisse être gratifié exceptionnellement du don de prophétie — fût-ce contre sa volonté (cf. Nb Nb 22,24) ; mais elle enseigne qu'hors d'Israël il n'y a pas de prophète. Le prophétisme est, dans les Livres Saints, la preuve de l'élection du peuple.

Gn 41,1Au bout de deux ans: chrysostome: Hom 63 sur Gn (PG 54,543): Deux années passent — le temps opportun pour tirer Joseph de prison avec tout l'éclat qui lui était dû. Dieu, comme un bon artisan, sait combien de temps il doit maintenir l'or dans la fournaise. Puis viennent les songes du Pharaon; et Dieu permet que tous les prétendus sages de l'Egypte soient convaincus d'ignorance, mais que ce détenu, ce captif, cet esclave, cet Hébreu, soit amené au premier plan et révèle ce que tout le monde ignore: alors sera manifestée la grâce d'en haut qui brille en lui.

Gn 41,1-7 // Dt 32,15 Jr 5,28-29: — Il n'y a pas seulement succession des septennats d'abondance et de famine: nous retrouvons ici l'alternance ’prospérité — épreuve'. Et quand elle vient dans cet ordre, c'est d'ordinaire que la prospérité a fait oublier à l'homme le Dieu dont provient tout bien (// Dt 32,15), et que l'épreuve qui s'en suit est la conséquence de cet abandon, et l'appel à un ’Retour'. Tel est le schéma général, illustré surtout par l'Exil babylonien, à la suite des apostasies d'Israël perdu par ses richesses même, comme les Prophètes ne se lassent pas d'en avertir tant les gens de Samarie que ceux de Jérusalem (/ Jr 5,28-29, et passim dans les autres prophètes aussi. Cf. Ne 9,25-27, qui reprend les images d'un peuple « rassasié, engraissé » — comme dans le Cantique de Moïse, Dt 32,15 — que la prospérité détourne de Dieu et mène à la catastrophe).

La venue en Egypte ne paraît pas, au premier abord, un exil. Comme l'indiquait D. Barsotti, c'était d'abord, pour la civilisation de l'Egypte, une révélation de la supériorité d'une sagesse puisée dans le vrai Dieu, sur celle de ses sages et devins. Et pour les fils de Jacob, affamés, c'était d'abord le Salut. Mais l'esclavage devait bientôt venir, et ce n'était pas immérité :

rupertde deutz: De Trinitate vin, 39 (PL 167,525): Ce que Dieu comptait faire, il le montra à Pharaon. Car qui donc amènerait l'abondance, puis la famine? Le Psalmiste l'a bien compris ainsi: « Et il convoqua la faim sur la terre » (Ps 105,16). Dieu manifesta donc que bientôt il appellerait sur la terre la faim: dur bourreau, redoutable ministre, dont la brutalité briserait ceux qui avaient mangé le prix de leur frère. Ils l'avaient vendu comme esclave: deviendraient-ils eux-mêmes esclaves ? Ils s'étaient emparés d'un homme comme d'une proie : deviendraient-ils eux-mêmes la proie d'autres hommes? Retenons bien ceci: les fils d'Israël devinrent esclaves des Égyptiens ajuste titre, car c'est leur faute si « Joseph fut vendu comme esclave » (Ps 105). Ce fut seulement par miséricorde, que Dieu les visita plus tard (Gn 50,24), c'est par sa seule clémence et non pour leurs mérites qu’ils furent délivrés de la « maison de servitude ».

Dieu montra donc à Pharaon ce qu'il allait faire: il le lui montra pour faire aboutir son plan, qui était d'adoucir le fléau pour des populations nombreuses, et d'alourdir la peine pour ceux que la faim vengeresse contraindrait à venir se prosterner devant leur frère, après l'avoir vendu comme esclave.

Gn 41,8-16 // Dn 2; Am 3,6-7 — Le parallèle entre l'exil de Babylone et celui de Joseph en Egypte, entre les songes de Pharaon et celui de Nabuchodonosor, entre la confession de foi de Joseph et celle de Daniel, traduit donc la mission permanente d'Israël au milieu des païens (cf. l'Introduction de D. Barsotti à ce chapitre). C'est ce rôle prophétique d'Israël que déclare Amos, 3,6-7.

Gn 41,25-30Il y aura 7 années de famine: c'est l'un des châtiments entre lesquels doit choisir David, pour avoir prétendu mesurer « l'accroissement » du peuple élu (2S 24,3 et 10-14). Les prophètes annoncent d'ailleurs souvent la famine (avec l'épée et la peste, ou les bêtes fauves) comme un des fléaux dont Dieu se sert pour appeler les coupables au repentir (par exemple: Ez 14,12 Ez 14,14).

// Jn 5,20 Mc 13,23 Is 43,11 — Dans le prolongement d'Am 3,6-7, Israël apparaît comme l'annonce de Celui qui, par excellence, sera « le prophète ». Mais si Joseph, déjà, indiquait le moyen de prévenir la famine (v. 33-36), à combien plus forte raison le Christ ne se contente pas de savoir le dessein du Père et de l'annoncer: Il l'accomplit lui-même (// Jn 5,20-21). S'il nous prévient des épreuves de la Fin des temps (Mc 13), c'est pour qu'ainsi avertis (// Mc 13,23), nous ne tombions pas dans l'insouciance des contemporains de Noé à l'approche du Déluge (même Discours eschatologique, mais suivant la relation de Mt 24,37-44 / As). À l'heure de la persécution, le souvenir que le Christ avait prévu et prédit ces épreuves à ses Apôtres nous réconfortera en prouvant qu'il est bien Dieu (Jn 16,1-4), puisque seul peut savoir l'à-venir l'Eternel (// Is 43,11-12). Seul par conséquent, et pour cette raison même qu'il jouit en son Père de la gloire éternelle, pourra ouvrir « le livre aux 7 sceaux » de l'Apocalypse, « le lion de la tribu de Juda » (Ap 5,1-5) — et cette expression désormais nous parle, à nous qui lisons dans la Genèse l'annonce de la destinée des fils de Jacob (Lc rapprochement entre Joseph et ces versets de l'Apocalypse est de rupert, PL 167,526).

Mais pour Dieu, donc pour Jésus, ce qu'il annonce Il le réalise: « Il révèle et Il sauve » (/ Is 43,12 Jn 5,20-21). Il opère cette Rédemption. « Il nourrira son peuple au temps de la famine », bien mieux que Joseph : de son Corps et de son Sang (// Ps 33,11-19).

Gn 41,32 // Is 46,11 Is 46,19 Pourtant si fermes soient-elles, les décisions de Dieu ne sont pas irrévocables, car l'histoire de Jonas est faite pour nous inciter à prévenir les malheurs par notre pénitence et notre conversion. L'Évangile l'annonce également: « sinon vous périrez tous » (Lc 13,1-5). Le dessein de Dieu qui demeure éternellement, c'est celui de notre Salut. C'est cela seul que Dieu veut...

Gn 41,33-36 // Ac 6,3 Pr 10,5Intelligent et sage: C'est le Messie qui recevra pleinement ces deux dons supérieurs de l'Esprit Saint (Is 11,2); mais aussi, à leur mesure, les chefs de tribu, assistants de Moïse (Dt 1,13), Salomon dans sa jeune gloire (1R 3,12) et d'abord Joseph, comme Pharaon lui-même va le reconnaître dans les versets suivants. Ce n'est peut-être pas un hasard si les Apôtres feront choisir les diacres d'après ces mêmes critères (// Ac 6,3). Encore que la prévoyance simplement humaine soit recommandée par cette même Sagesse divine (// Pr 10,5; cf Pr 27,12), ce que propose ici Joseph est donc un plus haut mystère, dont sa propre élévation préfigurera ’l'Oeuvre' de Salut dévolue par le Père à son Fils (// Jn 5,20-21).


Bible chrétienne Pentat. 1512