Bernard sur Cant. 24

SERMON XXIV. Contre le vice détestable de la distraction; en quoi consiste surtout la rectitude de l'homme.

1. Enfin, mes frères, c'est pour la troisième fois que l'oeil de la Providence regarde favorablement du haut du ciel mon retour avec vous, et me regarde d'un visage riant et serein. La rage du lion s'est apaisée; la malice du Pécheur a pris fin; l'Église a recouvré la paix.. Le méchant qu'il l'avait troublée durant près de huit ans par un schisme terrible, a été anéanti en sa présence. Mais sera-ce en vain que je vous aurai été rendu après tant de périls? Puisque j'ai été accordé à vos voeux et à vos désirs, il faut que ce soit pour votre avancement. La vie que j'ai reçue par vos mérites, je veux l'employer toute entière à votre utilité et à votre salut. Et puisque vous souhaitez que je continue ce que j'ai commencé il y a longtemps sur le Cantique des cantiques, je le ferai volontiers. Je pense d'ailleurs qu'il est préférable que je reprenne la suite de mon discours, que de commencer quelque chose de nouveau. Cependant j'appréhende qu'ayant presque perdu l'habitude de ce saint exercice, par un si long espace de temps où mon esprit, indigne même d'une occupation si noble, a été distrait par des choses bien différentes, mes pensées ne soient trop faibles et trop basses, pour un sujet si sublime. Quoi qu'il en soit, je vous donne ce que j'ai. Peut-être Dieu ayant égard à l'ardeur de mon zèle, me fera la grâce de vous donner même ce que je n'ai pas. S'il n'en est pas ainsi, ne vous en prenez qu'à mon peu de génie plutôt qu'à ma volonté.

2. Or, je crois qu'il faut commencer ce discours par ces mots du Cantique: «Ceux qui sont droits vous aiment (Ct 1,3). 9 Mais avant d'expliquer comment cela s'entend, voyons qui est celui qui dit ces paroles. Car nous devons suppléer à ce que l'auteur ne dit pas. Peut-être peut-on les attribuer aux jeunes filles ce quelles ont dit auparavant de ces mots: «Ceux qui sont droits vous aiment (a).» Car, après lui avoir dit: «Nous nousréjouirons et tressaillerons d'allégresse à votre sujet, au souvenir de vos mamelles, dont le lait est plus excellent que le vin, elles ajoutent tout de suite: «Ceux qui sont droits vous aiment;" or il est clair qu'elles s'adressent à leur mère. Je crois qu'elles ajoutent cela, à cause de quelques-unes d'elles, qui n'étant pas dans les mêmes sentiments, bien qu'elles paraissent courir de même, et cherchant leurs propres avantages, bien loin de marcher avec simplicité et sincérité, portent envie à la gloire de leur Mère, tâchent de trouver occasion de murmurer contre elle, de ce qu'elle est entrée toute seule dans les Celliers de l'Époux. En quoi elles justifient ce que dit l'Apôtre: «Que les faux frères sont fort dangereux (2Co 11,26). u Enfin c'est à leurs reproches que l'Épouse est obligée de répondre dans la suite, lorsqu'elle leur dit: «Filles de Jérusalem, je suis noire, mais je suis belle (Ct 1,4).» C'est donc pour la consoler de celles qui murmurent et qui profèrent des blasphèmes, que les autres, qui sont bonnes, simples, humbles et douces, disent à l'Épouse: «Ceux qui sont droits vous aiment.» Ne vous mettez point en peine, lui disent-elles, des reproches injustes de ces filles impies, puisque vous êtes assurée que celles qui ont le coeur droit vous aiment. C'est, en effet, une consolation pour nous, quand nous faisons bien, que les bons nous aiment, si les méchants nous chargent d'imprécations. L'estime des gens de bien, avec le témoignage de notre conscience, nous suffit contre ces langues malignes et médisantes. «Mon âme recevra des louanges dans le Seigneur, que les hommes doux écoutent. et soient remplis de joie (Ps 34,2).» Que les hommes doux, dit-il, se réjouissent, que je leur plaise, et j'écouterai sans m'émouvoir tout ce que la jalousie des méchants vomira contre moi.

a Depuis le commencement de ce sermon jusqu'à cet endroit, il y a une grande diversité de leçons dans les manuscrits. Plusieurs omettent l'exorde et commencent par ces mots: «Ceux qui sont droits vous aiment.» Or à qui croyons-nous que s'adressent ces paroles? Si nous les attribuons aux jeunes filles, il devient évident qu'elles les adressent à leur mère, car après lui avoir dit, nous nous réjouirons et tressaillerons d'allégresse à votre sujet, au souvenir de vos mamelles dont le lait est plus excellent que le vin, elles ajoutent tout de suite. «Ceux qui sont droits vous aiment.» D'autres manuscrits ont notre version. Cette variété a été cause d'une grande confusion dans la plupart des éditions qui reproduisent les deux exordes, mais à tort. Cette variété vient de ce que saint Bernard a prêché deux fois ce sermon; une première fois, avec un exorde court, en 1137, avant son troisième voyage à Rome, et une seconde fois, à son retour, de ce voyage, en 1138. Il y mit alors un autre exorde pour rattacher ce sermon aux précédents. Un manuscrit de la bibliothèque royale portant le n. 4511 reproduit ce sermon avec ses deux exordes: une autre édition de la Colbertine le donne en cet endroit avec un exorde, et plus loin au soixantième sermon, avec un autre exorde.


3. C'est donc en ce sens que je crois qu'il est dit: «Ceux qui sont droits vous aiment.» Et j'estime que c'est avec beaucoup de raison. Car presque partout chez les jeunes filles, il s'en trouve comme cela qui observent de près toutes les actions de l'Epouse, non pour les imiter, mais pour y trouver à redire. Elles sont tourmentées de ce qu'il y a de bon dans leurs aînées, et se repaissent de leurs imperfections. On les voit marcher à part, s'attrouper et faire de petits conciliabules, où elles se laissent aller à des paroles insolentes et à des murmures détestables. Elles s'associent pour parler mal de leur prochain, et s'unissent pour causer la désunion. Elles contractent ensemble des amitiés pleines d'inimitiés, conspirent toutes dans les sentiments d'une même malignité, et font des cabales odieuses. C'est ainsi qu'agirent autrefois Hérode et Pilate, dont l'Évangile dit: «Qu'en ce jour-là, c'est-à-dire au jour de la Passion, ils devinrent amis (Lc 23,12).» S'assembler ainsi, ce n'est pas faire la Cène du Seigneur, mais plutôt donner à boire et boire soi-même le calice des démons, tandis que les uns portent sur leurs langues le poison qui tue les autres, et que les autres reçoivent avec joie la mort qui entre dans leur coeur par leurs oreilles. Voilà comment, selon le Prophète (), la mort entre par nos fenêtres, lorsque nous nous présentons les uns aux autres le breuvage mortel de la médisance, en médisant on en écoutant ceux qui médisent. A Dieu ne plaise que je me trouve jamais dans l'assemblée de ces personnes: car Dieu les hait, suivant cette parole de l'Apôtre: «Les médisants sont en abomination au Seigneur (Rm 1,30).» Ce que Dieu même par le Psalmiste confirme en ces termes: «Je poursuivais celui qui médisait en secret de son prochain.»

4. Et il ne faut pas s'en étonner puisque l'on sait que ce vice combat et poursuit plus vivement que les autres la charité qui est Dieu, ainsi que vous-mêmes pouvez le remarquer. Quiconque médit fait voir premièrement qu'il n'a point de charité. En second lieu, quel autre dessein a-t-il, sinon de faire que les autres haïssent ou méprisent celui dont il médit. Ainsi donc, une langue médisante blesse la charité en tous ceux qui l'écoutent, et autant qu'il est en elle, elle l'éteint et la détruit entièrement. Et non-seulementen ceux qui l'écoutent, mais encore en ceux qui sont absents, à qui peut-être ceux qui l'ont entendue rapportent ce qu'elle a dit. Voyez-vous comment un discours de cette sorte qui passe de bouche en bouche peut aisément et en fort peu de temps corrompre de son venin une infinité d'âmes. Voilà pourquoi l'esprit prophétique dit de ces personnes: «Que leur bouche est remplie du fiel de la médisance, et elles sont promptes à verser le sang (Ps 13,3).» Elles sont aussi promptes à le verser que leur discours est promit à le répandre. Il n'y en a qu'un qui parle, et il ne dit qu'une seule parole, et cependant cette parole en un moment tue les âmes de tous ceux qui l'écoutent dés l'instant qu'elle infecte leurs oreilles. Car un coeur plein du fiel de l'envie ne peut répandre que de l'amertume dans ses discours, selon ce mot de Jésus-Christ: «La bouche parle de l'abondance du coeur (Lc 6,45).» Or, cette peste se produit de différentes manières; les uns vomissent le poison de la médisance sans aucune circonspection, et selon qu'il leur vient à la bouche. Les autres, au contraire, tâchent de couvrir du voile d'une feinte retenue, la malice qu'ils ont conçue dans leur coeur, et qu'ils ne peuvent retenir. Avant de médire, vous les voyez pousser de profonds soupirs, prendre une mine grave, ne parler qu'avec peine, faire paraître une fausse tristesse sur leur visage, baisser les yeux, et d'une voix plaintive proférer des médisances, qui font d'autant plus d'effet, que ceux qui les écoutent croient qu'ils ne les disent qu'à regret, et plutôt à contre coeur qu'avec malice. J'en suis bien fâché, dit l'un, car je l'aime assez, mais jamais je ne l'ai pu corriger de ce défaut. Je savais bien, dit un autre, qu'il était sujet à ce vice, et je ne l'aurais jamais découvert, mais puisqu'un autre l'a publié, je ne puis pas nier la vérité. Je le dis avec douleur, mais cela est vrai pourtant. Et il ajoute: C'est grand dommage; car d'ailleurs il a de fort bonnes qualités, mais sur ce point, il faut avouer qu'il est inexcusable.

5. Cela dit d'un vice si malin, revenons à notre explication et faisons voir qui sont ceux qui sont ici appelés «droits». Je ne crois pas qu'il y ait aucune personne intelligente qui s'imagine que c'est selon le corps qu'on appelle «droits» ceux qui aiment l'Épouse. C'est pourquoi il faut que nous l'expliquions d'une rectitude spirituelle, c'est-à-dire de l'esprit ou du coeur. C'est l'esprit qui parle et qui communique les choses spirituelles à ceux qui sont spirituels. C'est donc selon l'esprit, non selon cette matière de terre et de boue, que Dieu a fait l'homme droit. Car il l'a créé à son image et à sa ressemblance (Gn 1,27). Or, comme vous le chantez vous-mêmes, «Le Seigneur notre Dieu est droit, et il n'y a point d'iniquité en lui (Ps 92,16).» Dieu donc qui est droit, a fait l'homme droit et semblable à lui, c'est-à-dire sans iniquité, de même qu'il n'y a point d'iniquité en lui. Or, l'iniquité est un vice du coeur, non de la chair, ce qui vous fait connaître que la ressemblance que vous avez avec Dieu doit être conservée ou réparée dans la partie spirituelle de vous-même, non dans votre substance grossière et terrestre. Car Dieu est esprit, et il faut que ceux qui veulent lui devenir semblables, ou conserver la ressemblance qu'ils ont avec lui, rentrent en eux-mêmes, et le fassent souvent en esprit, afin que, contemplant la gloire de Dieu à face découverte, ils soient transformés dans une même image avec lui, et que l'esprit du Seigneur les fasse passer de clarté en clarté.

6. Peut-être peut-on dire encore que Dieu a donné à l'homme une stature de corps droite, afin que cette rectitude corporelle de l'homme extérieur, qui a été créé d'une matière si vile, avertît cet homme intérieur, qui a été formé à l'image de Dieu, de conserver sa rectitude spirituelle; et que la beauté de la boue condamnât la difformité de l'esprit. Car qu'y a-t-il qui siée moins qu'un esprit courbé dans un corps droit? N'est-ce pas un désordre et une honte, qu'un vase de boue, qui est le corps tiré de la terre, les yeux levés en haut, regarde librement le ciel, et prenne plaisir à contempler les grands flambeaux qui l'ornent et qui l'éclairent; et qu'une créature spirituelle et céleste, ait toujours ses yeux, c'est-à-dire ses sens intérieurs et ses affections attachés et baissés à terre, et que celle qui devrait être élevée dans l'or et dans la soie, se vautre dans la fange et se roule dans l'ordure, comme une bête immonde. Rougissez de honte, ô mon âme, d'avoir changé la ressemblance divine en la ressemblance d'un animal immonde. Rougissez, vous qui tirant votre origine du ciel, vous roulez dans la fange. Rougissez, ô mon âme, dit le corps, en vous comparant à moi. Créée droite et semblable à votre créateur, vous m'avez reçu comme un aide qui vous fût semblable, au moins selon les traits de la rectitude corporelle. De quelque côté que vous vous tourniez, en haut vers Dieu, ou en bas vers moi, car personne n'a jamais haï sa propre chair, partout se présentent à vous des images de votre beauté, partout la sagesse, comme un maître charitable, vous donne des avertissements salutaires pour conserver la noblesse et la dignité de votre état. Comment donc n'êtes-vous point remplie de confusion, de perdre votre prérogative si glorieuse quand je retiens et conserve la mienne, quoique je ne l'aie reçue qu'en votre considération? Comment pouvez-vous souffrir que le créateur voie sa ressemblance effacée en vous, quand il vous conserve la vôtre en moi, et vous la représente sans cesse? Toute l'assistance que vous deviez tirer de moi, vous vous en faites un sujet de honte et de confusion. Vous abusez de mes services, et, étant devenue un esprit de brute, vous êtes indigne de demeurer dans un corps aussi noble qu'est celui de l'homme.

7. Les âmes donc qui sont ainsi courbées ne peuvent pas aimer l'Épouse, parce qu'étant amies du monde, elles ne le sont pas de l'Époux. a Celui, est-il dit, qui veut être ami du monde, se rend ennemi de Dieu (Jc 4,5).» Ainsi chercher et goûter les choses de la terre, c'est courber l'âme; au contraire, méditer et désirer les choses du ciel, c'est la maintenir droite. (a) Et pour que cette rectitude soit parfaite en toutes choses, il faut qu'elle soit dans les sentiments et passe dans les actes. Car j'appelle droit celui qui a des sentiments droits sur toutes choses, et ne s'en écarte jamais dans la pratique. Que la foi et les oeuvres soient des témoignages visibles de l'état de l'âme qui est invisible. estimez droit celui que vous reconnaîtrez catholique en sa foi, et juste en ces oeuvres. Si l'une de ces choses lui manque, ne doutez point qu'il ne soit courbé. Car l'Écriture dit: «Si vous offrez bien, et que vous ne divisiez pas bien votre offrande, vous péchez. «Quoi que ce soit que vous offriez à Dieu de ces deus choses, la foi ou les oeuvres, vous faites bien; mais vous ne faites pas bien de les diviser. Puisque votre offrande est bonne, ne la rendez pas mauvaise en la divisant. Pourquoi séparez-vous les oeuvres de la foi? Cette division est criminelle, puisqu'elle tue votre foi. Car la foi est morte sans les oeuvres. Vous offrez à Dieu une offrande morte. Car si l'amour est comme l'âme de la foi, l'âme de la foi c'est la dévotion et l'action. Qu'est-ce que la foi qui n'opère point par l'amour, sinon un vrai cadavre? Croyez-vous beaucoup honorer Dieu en lui faisant un présent infect? Croyez-vous bien l'apaiser, en étant le meurtrier de votre foi? Comment l'hostie que vous lui immolez peut-elle être pacifique, avec une si cruelle division? Il n'est pas étonnant que Caïn ait assassiné son frère, puisqu'il avait auparavant fait périr sa propre foi. Pourquoi vous étonner, Caïn, si celui qui vous méprise ne regarde point vos présents? Comment pourrait-il vous regarder puisque vous êtes divisé contre vous-même, et si en même temps que votre main fait une action religieuse, votre coeur sacrifie à la jalousie? Vous ne sauriez vous concilier la bienveillance de Dieu, quand vous n'êtes pas d'accord avec vous même. Vous ne l'apaisez pas, mais vous l'offensez, non pas encore, à la vérité, en frappant avec cruauté votre frère, mais en ne divisant pas bien votre offrande. Vous n'êtes pas encore coupable de la mort de votre frère, mais vous l'êtes de votre foi. Pense-t-il être droit, celui qui lève la main vers Dieu, pendant que l'envie et la haine qu'il a contre son frère, abaisse son coeur vers la terre? Comment pourrait-il être droit, celui dont la foi est morte et les oeuvres la mort même? qui n'a aucun amour, et beaucoup d'amertume? Il y avait à la vérité de la foi dans son sacrifice, mais il n'y avait point d'amour dans cette foi. L'obligation était bonne, mais la division était cruelle.

a Cet endroit, pour les mêmes raisons que nous avons données plus haut, diffère dans les anciennes éditions de la version qu'en donnent les manuscrits. En effet, là où le long préambule que nous avons conservé manque, on lit: «Pour que cette rectitude soit parfaite en toutes choses, il faut qu'elle ait de bons sentiments et qu'elle les suive, car j'appelle droit de coeur celui qui a des sentiments droits sur toutes choses et ne s'en écarte jamais dans la pratique. C'est de ces personnes qu'il est dit à l'Épouse: «ceux qui ont le coeur droit vous aiment; c'est-à-dire ceux qui connaissent et faut toujours ce qui est bon.» Enfin ce sermon se termine dans certaines éditions par ces mots: «Plaise à Dieu que nous soyons de ce nombre et comptés parmi les aimés de l'Époux, par la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ qui étant Dieu, vit et règne avec le Père et le Saint-Esprit dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il. Mais plusieurs manuscrits préfèrent la leçon que nous donnons.


8. La mort de la foi est la séparation de la charité. Croyez-vous en Jésus-Christ? faites des oeuvres de Jésus-Christ, et votre foi sera vivante. Que l'amour anime votre foi et que les oeuvres lui servent de témoignage. Que des actions basses et terrestres ne courbent point celui que redresse la foi des choses célestes. Vous qui dites que vous demeurez en Jésus-Christ, vous devez marcher comme il a fait. Que si vous cherchez votre propre glose, si vous portez envie à celui qui est dans la prospérité, si vous médisez de celui qui est absent, si vous rendez le mal qu'on vous a fait; Jésus-Christ n'a pas agi de la sorte. Vous confessez que vous connaissez Dieu, et vos actions démentent votre confession. C'est tout à fait mal, c'est une impiété, de donner la langue à Jésus-Christ et l'âme au démon? Écoutez ce que dit le Sauveur: «Cet homme-là m'honore des lèvres, mais son coeur est bien loin de moi (Is 29,13).» Certes vous n'êtes pas droit, puisque votre division l'est si peu! Vous ne pouvez tenir la tête droite sous le joug du diable. On ne peut pas se redresser quand on est dominé par l'injustice. Vos iniquités se sont élevées pardessus votre tête, et elles se sont appesanties sur vous comme un fardeau d'un poids épouvantable (Ps 38,5). Car, comme dit un Prophète, l'iniquité s'assied sur un talent de plomb (Za 5,7). Vous voyez donc que la foi, même droite, ne rend pas l'homme droit, si elle n'opère pas par l'amour? Or, celui qui est sans amour ne peut pas aimer l'Épouse. Mais les oeuvres, quelque droites qu'elles soient, ne suffisent pas non plus sans la foi pour la rectitude du coeur. Car on ne peut dire qu'un homme qui ne plait pas à Dieu soit droit? Or, sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu (He 11,6). Dieu ne saurait plaire à celui qui ne plait point à Dieu, car celui à qui Dieu plaît ne peut déplaire à Dieu. De même, l'Épouse ne plaît pas à celui à qui Dieu n'a point réussi à plaire. Comment donc celui-là est-il droit, qui n'aime ni Dieu ni l'Église de Dieu, de laquelle il est dit: «Ceux qui sont et droits vous aiment? Si donc, ni la foi sans les oeuvres, ni les oeuvres sans la foi, ne suffisent pas pour la rectitude de l'âme, nous, mes frères, qui croyons en Jésus-Christ, tâchons de rendre droites nos voies et notre conduite. Levons nos coeurs à Dieu avec nos mains, afin qu'il nous trouve entièrement droits; confirmant la rectitude de notre foi par nos actions, aimant l'Épouse, et aimés de l'Époux, Jésus-Christ notre Seigneur, qui étant Dieu est béni dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

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SERMON XXV.

L'Épouse, je veux dire l'Église, est noire, mais elle est belle.

1. Je vous ai donc dit dans le discours précédent, que l'Épouse est obligée de répondre aux attaques et aux reproches de celles qui sont envieuses de sa gloire, et qui, selon le corps, semblent être du nombre des jeunes filles, mais en sont bien éloignées selon l'esprit. Car elle leur dit: «Je suis noire, mais je suis belle, filles de Jérusalem (Ct 1,4).» Il est visible qu'elles disaient du mal d'elle, et lui reprochaient d'être noire. Mais considérez la sagesse et la douceur de l'Épouse. Non-seulement elle ne rend point injure pour injure, mais elle leur donnemême des bénédictions en les appelant filles de Jérusalem, quand par leur méchanceté elles auraient bien plutôt mérité d'être appelées filles de Babylone, filles de Baal, ou de quelqu'autre nom piquant et outrageux. Sans doute elle avait appris du Prophète, ou plutôt de l'onction même qui enseigne la douceur (Is 42,3), qu'il ne faut point briser un frêle roseau, ni achever d'éteindre une lampe qui fume encore. Ainsi, elle croyait qu'elle ne devait pas irriter davantage celles qui l'étaient déjà assez d'elles-mêmes, ni rien ajouter aux aiguillons de l'envie dont elles étaient tourmentées. Au contraire, elle tâchait de conserver la paix avec celles qui étaient ennemies de la paix, sachant qu'elle était redevable même aux insensés. Elle aimait donc mieux les adoucir par des paroles civiles et obligeantes, parce qu'elle avait plus de soin de travailler au salut de ces personnes faibles que de satisfaire ses propres vengeances.

2. Nous devons souhaiter à tous cette perfection, mais elle convient principalement aux bons prélats. Car ceux qui sont vertueux et fidèles, savent qu'ils sont élevés au dessus des autres pour avoir soin des personnes faibles et languissantes, non pour vivre dans l'éclat. et le luxe. Et, lorsque par la plainte que font quelques-unes des âmes qui leur sont commises, ils connaissent le murmure de leur coeur et voient qu'elles s'emportent même jusqu'à dire contre eux des paroles offensantes, ils ne se vengent pas de ces frénétiques, mais tâchent d'opposer, au lieu de la vengeance, les remèdes nécessaires à leur mal, parce qu'ils savent bien qu'ils ne sont pas des maîtres, mais des médecins. Si donc l'Épouse appelle filles de Jérusalem celles dont la jalousie et la médisance la font souffrir, c'est afin d'arrêter leur murmure par paroles pleines de douceur, d'apaiser leur émotion et de guérir leur des envie. Il est écrit, en effet, «qu'une langue pacifique éteint les dissensions (Pr 15,47).» D'ailleurs, elles ne laissent pas d'être en quelque façon filles de Jérusalem, et l'Épouse n'a pas tort de les nommer ainsi. Car, soit qu'on considère les sacrements de l'Église qu'elles reçoivent indifféremment avec les bons, ou la foi qu'elles professent comme les autres, ou la société qu'elles ont, au moins selon le corps, avec tous les fidèles, ou même l'espérance du salut à venir dont ces personnes mêmes ne doivent point désespérer, quelque déréglées qu'elles soient, toutes ces choses font qu'elles peuvent être raisonnablement appelées filles de Jérusalem.

3. Examinons maintenant ce que veut dire ceci: «Je suis noire, mais je suis belle.» N'y a-t-il pas de contradiction dans ces paroles? A Dieu ne plaise. Je dis cela pour les simples qui ne savent pas discerner entre la couleur et la forure; la forme concerne la composition de la chose qui la reçoit, et la couleur n'en est qu'une qualité. Car tout ce qui est noir n'est pas laid pour cela. Le noir, par exemple, n'est pas laid dans la prunelle de l'oeil. On se pare aussi avec des pierres précieuses qui sont noires. Les cheveux noirs joints à une peau blanche, augmentent l'éclat et la beauté du visage. Enfin on peut faire la même remarque en mille autres sujets semblables, et vous trouverez une infinité de choses qui ne laissent pas d'être fort belles dans leur forme, bien que la couleur n'en soit pas agréable. C'est peut-être de cette façon que, bien que l'Épouse soit fort belle pour les traits et la proportion de son visage, elle a pourtant ce défaut d'avoir le teint noir. Mais cette imperfection n'est que pour le lieu de son pèlerinage. Car lorsque l'Époux immortel la couronnera de gloire dans la céleste patrie, elle n'aura ni tache, ni ride, ni aucune imperfection pareille. Mais à présent, si elle disait qu'elle n'est point noire, elle se ferait illusion à elle-même et ne dirait pas vrai. C'est pourquoi ne vous étonnez pas de ce que, disant qu'elle est noire, elle ne laisse pas de se glorifier d'être belle. Car comment celle;à qui l'on dit: «Venez ma belle,» ne serait-elle pas belle 2 Or celle à qui on dit de venir n'était pas encore arrivée. Il ne faut donc point s'imaginer que ces paroles s'adressent à l'Épouse, déjà bienheureuse, et qui règne dans sa patrie, après avoir laissé le hâle de son teint, et non à celle qui, le visage hâlé par le soleil, travaille encore pour y arriver et marche avec peine dans le chemin de cette vie mortelle.

4. Mais voyons d'où vient que toute noire qu'elle soit, elle se dit belle. N'est-elle point noire à cause de la vie qu'elle a menée dans les ténèbres, sous l'empire du prince du monde, où elle porte encore l'image de l'homme terrestre? Et n'est-elle point belle au contraire, à cause de la ressemblance de l'homme céleste dont elle s'est ensuite revêtue, en marchant dans une nouvelle vie? Mais si cela est ainsi, pourquoi ne dit-elle point au passé, j'ai été noire, plutôt que je suis noire? Néanmoins si ce sens sourit à quelqu'un, ce qu'elle ajoute: «Comme les tentes de Cédar, comme les tentes de Salomon (Ct 1,4):» doit s'entendre ainsi: les tentes de Cédar, serait sa première vie; et celles de Salomon sa vie nouvelle. C'est de ces tentes que le Prophète parle quand il dit: «Mes tentes et mes pavillons ont été renversés tout d'un coup (Jr 4,29).» Auparavant donc, elle était noire comme les viles tentes de Cédar, et depuis elle est devenue belle comme les pavillons d'un roi triomphant.

5. Mais voyons si l'un et l'autre ne conviendront pas mieux au plus parfait état de sa vie. Si nous considérons l'extérieur des saints, combien il est humble, bas et abject, combien vil et négligé, quoique au dedans ils contemplent la gloire de Dieu à face découverte, et soient transformés en son image, l'Esprit du Seigneur les faisant passer de clarté en clarté; ne nous semble-t-il pas que chacune de ces âmes peut raisonnablement répondre à ceux qui lui reprochent d'être noire: «Je suis noire, mais je suis belle?» Voulez-vous que je vous montre une âme qui est noire et belle en même temps? «Les lettres qu'il vous écrit, disent-ils, sont graves et sévères, mais l'extérieur de sa personne n'est pas grand, et ses discours sont fort communs. (1Co 10,10).» C'est saint Paul qui était de la sorte. Jugerez-vous saint Paul, filles de Jérusalem, sur la figure extérieure de son corps; et le mépriserez-vous comme noir et difforme, parce que vous voyez un homme faible, affligé par la faim et la soif, le froid et là nudité, accablé de travaux et de blessures, jusqu'à être souvent sur le point de mourir (2Co 11,23)? Ce sont là les choses qui noircissent saint Paul; c'est ce qui fait que le Docteur des nations est estimé vil et abject, noir et difforme, l'opprobre enfin et le rebut du monde. Cependant n'est-ce pas lui qui a été ravi dans le Paradis, et qui, par son admirable pureté, a dépassé le premier et le second ciel, et pénétré jusqu'au troisième? O âme vraiment belle! logée dans un corps bien faible, elle n'en a pas moins été reçue par les beauté: célestes, les anges, tout grands qu'ils sont, ne l'ont point rejetée; la charité divine ne l'a point méprisée. Après cela, direz-vous encore qu'elle est noire? Elle est noire, je l'avoue, mais elle est belle, filles de Jérusalem. Elle est noire à votre jugement, mais elle est belle au jugement de Dieu et des anges. Si elle est noire ce n'est qu'au dehors. Or elle se soucie fort peu de votre jugement, et du jugement de ceux qui ne jugent des choses que par les apparences extérieures. Car l'homme ne voit que ce qui parait au dehors, mais Dieu voit et contemple le coeur (1S 16,7). Si elle est noire au dehors, elle est belle au-dedans, et plaît à celui à qui elle souhaite de plaire. Elle ne se met pas en peine de vous plaire; car elle sait que si elle vous était agréable, elle ne serait pas la servante de Jésus-Christ. Heureux le noir qui produit la blancheur de l'âme, la lumière de la science, la pureté de la conscience!

6. Écoutez enfin ce que Dieu promet par le Prophète à ceux qui sont noirs de cette sorte, à ceux que l'humilité de la pénitence ou le zèle de la charité semble avoir décolorés «Quand vos péchés, dit-il, seraient aussi rouges que l'écarlate, ils deviendront blancs comme la neige, et comme la laine la plus blanche (Is 1,18).» Il ne faut pas mépriser si fort le noir qui parait dans les saints, puisqu'il produit une blancheur cachée, et prépare au dedans de l'âme un trône pour la sagesse; caria sagesse, selon la définition du Sage, est la blancheur de la vie éternelle (Sg 7,26), et il faut qu'une âme en qui la sagesse établit sa demeure soit bien blanche. Si l'âme du juste est le siège de la sagesse, je ne fais aucune difficulté de dire que l'âme du juste est blanche, peut-être même la justice est-elle une blancheur de l'âme. Or saint Paul était juste, puisque la couronne de justice lui était réservée (2Tm 4,8). L'âme donc de saint Paul était blanche; et la sagesse avait mis son trône en lui, en sorte que ses discours surpassaient ceux des plus parfaits et contenaient cette sagesse sublime et mystique que nul des princes du monde n'a connue. Cependant c'était cette teinte noire, causée par la faible complexion de son corps, par ses grands travaux, par ses jeûnes et ses veilles infinies, qui produisait ou méritait en lui cette blancheur de sagesse et de justice. En sorte que ce qui était noir en saint Paul était tout autrement beau que les plus riches ornements extérieurs, que les plus magnifiques équipages des rois. On ne peut lui comparer ni la beauté du corps, quelque grande quelle soit, ni la blancheur d'une peau délicate qui doit être un jour consumée, ni les roses d'un visage qui doit bientôt se corrompre, ni le prix d'une robe qui s'use avec le temps, ni la beauté de l'or ou l'éclat des pierreries, ni enfin rien de ce qui est sujet à la corruption.

7. C'est donc avec raison que les saints, méprisant les ornements, et l'entretien superflu de leur extérieur, qui est corruptible, mettent tout leur soin et s'occupent entièrement à cultiver et orner l'intérieur, qui est fait à l'image de Dieu, et qui se renouvelle de jour en jour. Car ils sont assurés que rien ne peut être plus agréable à Dieu que son image, lorsqu'on la rétablit dans sa première beauté. C'est pour cela que toute leur beauté est au dedans d'eux, sans paraître au dehors, c'est-à-dire qu'elle ne consiste point dans la fleur de l'herbe, comme parle l'Écriture, ni dans les louanges du peuple, mais dans le Seigneur. C'est ce qui leur fait dire: «Toute notre gloire consiste dans le témoignage de notre conscience (2Co 2,12);» le seul juge de leur conscience est, en effet, Dieu, à qui seul ils désirent de plaire, car c'est là seulement que se trouve la vraie et souveraine gloire à leurs yeux. Certes, cette gloire qui réside au dedans n'est pas petite, puisque le Seigneur de gloire daigne s'en glorifier, suivant ces paroles de David: «Toute la gloire de la fille du roi est au dedans d'elle (Ps 45,14).» Car la gloire que chacun trouve en soi-même est bien plus sûre que celle qu'on trouve dans les autres. Mais peut-être ne faut-il pas se glorifier seulement de la blancheur du dedans; mais aussi de la noirceur du dehors, afin qu'il n'y ait rien d'inutile dans les saints, mais que toutes choses contribuent à leur bien. Ne nous glorifions donc pas seulement dans notre espérance, mais encore dans nos affections. «Je me glorifierai volontiers, dit l'Apôtre, dans mes infirmités, afin que la force de Jésus-Christ habite en moi (2Co 12,9).» Combien désirable est l'infirmité qui est récompensée par la force de Jésus-Christ. Qui m'accordera cette grâce, non-seulement de devenir faible et infirme, mais même de tomber dans une langueur extrême, et presque en complète défaillance, pour que je sois affermi par la force du Seigneur des ver tus? «Car la vertu se perfectionne dans la faiblesse du corps.» C'est d'ailleurs, «quand je suis infirme, dit l'Apôtre, que je suis fort et puissant.»

8. Puisqu'il en est ainsi, l'Épouse a bonne grâce à se faire un sujet de gloire de ce qui lui est reproché comme une laideur par ses envieuses, quand elle ne se glorifie pas seulement d'être belle, mais d'être noire. Car elle lie rougit point d'être noire quand son Époux l'a été avant elle, puisqu'elle met toute sa gloire à lui être semblable. Elle n'estime donc rien de si glorieux que de souffrir l'opprobre de Jésus-Christ. Et c'est ce qui lui fait dire avec allégresse et bonheur: «A Dieu ne plaise que je me glorifie en autre chose qu'en la croix de mon Seigneur Jésus-Christ (Ga 6,14).» L'ignominie de la croix est agréable à celui qui n'est plus ingrat envers Jésus-Christ crucifié. C'est une noirceur, mais c'est la forme et la ressemblance du Seigneur Jésus. Consultez le prophète Isaïe, et il vous dira de quelle manière il l'a vu en esprit. Car n'est-ce pas de lui qu'il a dit: «C'est un homme de douleur, accablé de faiblesse; il n'a plus ni grâce, ni beauté (Is 53,3)?» Et il ajoute: «Nous l'avons pris pour un lépreux, et pour un homme que Dieu avait frappé et humilié. Mais il n'a reçu toutes ces plaies en sort corps, que pour l'expiation de nos péchés. Il a été comme brisé à cause de nos crimes, et nous avons été guéris par le sang de ses blessures (Ps 45,3).» Voilà ce qui le rendait noir. Ajoutez à cela ce que dit David: «Il surpasse en beauté tous les enfants des hommes;» et vous trouverez dans l'Époux tout ce que l'Épouse prétend avoir en elle.

9. Ne vous semble-t-il pas que, selon ce que nous avons dit, il puisse fort bien répondre aux Juifs envieux de sa vertu: Je suis noir, mais je suis beau, enfants de Jérusalem. Il était noir, en effet, car il n'avait ni grâce, ni beauté. Il était noir, parce que c'était un ver, non un homme, l'opprobre du monde et le rebut du peuple. Après tout, puisque lui-même s'est fait péché (2Co 5,21), pourquoi craindrais-je de dire qu'il est noir? Regardez-le couvert de haillons, meurtri de coups, souillé de crachats, pâle des pâleurs de la mort; pouvez-vous nier qu'il soit noir? Mais demandez aux apôtres comment ils l'ont vu sur la montagne, et aux anges quel est celui qu'ils désirent tant contempler, et vous ne laisserez pas d'admirer sa beauté. Il est donc beau en lui-même, et il est devenu noir pour l'amour de vous. O Seigneur Jésus, que je vous trouve beau, même revêtu de ma forme, non-seulement à cause des merveilles adorables dont vous brillez de toutes parts, mais encore à cause de votre vérité, de votre douceur, et de votre justice. Heureux celui qui, vous considérant attentivement, quand vous conversez comme homme parmi les hommes, s'efforce autant qu'il peut de vous imiter. Votre toute belle a déjà reçu le don de cette félicité, comme les prémices de sa dot, parce qu'elle n'a point été paresseuse à imiter ce qu'il y a de beau en vous, ni honteuse de souffrir ce qu'il y a de noir. C'est aussi ce qui lui fait dire.: «Je suis noire, mais je suis belle, filles de Jérusalem.» Et elle ajoute une comparaison: «Comme les tentes de Cédar, comme les tentes de Salomon.» Mais ces paroles sont obscures et difficiles à comprendre pour des auditeurs fatigués. Vous avez du temps pour frapper à cette porte. Si vous y frappez comme il faut, celui qui révèle les mystères se présentera, il ne tardera point à vous ouvrir, puisque lui-même vous invite à y frapper. Car c'est lui qui ouvre et personne ne ferme, lui, l'Époux de l'Église, notre Seigneur Jésus-Christ, qui est béni dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.


Bernard sur Cant. 24