Catena Aurea 5429

vv. 29 -30

5429 Mt 24,29-30

La Glose. Après avoir prémuni les fidèles contre les séductions de l'antéchrist et de ses sectateurs, en déclarant que son avènement sera environné du plus grand éclat, Notre-Seigneur nous en fait connaître l'ordre et les circonstances, «Or, aussitôt après ces jours d'affliction, le soleil s'obscurcira», etc. - S. Chrys. (Hom. 76). Il veut parler ici de la tribulation des jours de l'antéchrist et des faux prophètes; cette tribulation sera grande et proportionnée au grand nombre des séducteurs, mais sa durée ne sera pas longue, car si la guerre contre les Juifs a été abrégée à cause des élus, à plus forte raison Dieu abrégera cette tribulation en leur faveur. Aussi, ne dit-il pas simplement: Après ces jours d'affliction, mais «Aussitôt après», car il, ne tardera pas à venir. - S. Hil. (can. 20). Il nous fait comprendre la gloire de son avènement par le soleil qui s'obscurcit, par la lune qui refuse sa lumière, et par les étoiles qui tombent: «Et la lune ne donnera plus sa lumière, et les étoiles tomberont du ciel».

Orig. Lorsqu'un grand incendie commence à éclater, le jour est comme obscurci par les nuages d'une épaisse fumée; ainsi, on peut dire qu'à la fin du monde, les grands flambeaux du jour seront obscurcis par le feu que la justice de Dieu doit allumer; et la clarté des étoiles venant à pâlir, la matière dont leur corps est composé ne pourra plus s'élever comme autrefois, lorsque la lumière elle-même semblait les porter dans les vastes plaines de l'air, et elles tomberont du ciel. Lorsque ces événements s'accompliront, les intelligences célestes, dans la stupeur et l'agitation, seront comme bouleversées de se voir privées de leurs anciennes fonctions «Et les vertus des cieux seront ébranlées, et alors le signe du Fils de l'homme paraîtra dans les cieux», c'est-à-dire le signe qui a fait les choses célestes, en d'autres termes la puissance que le Fils de l'homme a fait éclater lorsqu'il était attaché à la croix. C'est dans le ciel surtout que paraîtra ce signe, afin que les hommes de toute tribu, qui n'ont pas voulu croire à la religion chrétienne qui leur était annoncée, la reconnaissent dans cette croix qui en est le signe évident, et qu'ils pleurent et gémissent sur leurs péchés et sur leur ignorance. «Et, à cette vue, tous les peuples de la terre s'abandonneront aux pleurs et aux gémissements». On donne cette autre explication de ce passage: de même que la lumière d'une lampe s'affaiblit insensiblement, le soleil et la lune s'obscurciront, et les étoiles perdront leur lumière, parce que les corps célestes ne seront plus alimentés, et ce qui en restera tombera du ciel comme une matière toute terrestre. Mais comment peut-on dire du soleil que sa lumière s'obscurcira, alors que le prophète Isaïe prédit qu'à la fin du monde cette lumière deviendra beaucoup plus vive.(chap. 30), et que la lumière de la lune deviendra comme la lumière, du soleil. Quant aux étoiles, il en est qui affirment que toutes ou un grand nombre d'entre elles sont plus grandes que la terre; comment donc pourront-elles tomber du ciel, puisque la terre ne pourrait suffire à leur étendue. - S. Jér. Ces phénomènes ne seront donc point produits par une diminution réelle de la lumière qui nous éclaire, puisque nous lisons que le soleil aura sept fois plus d'éclat; mais, en présence de la vraie lumière, tous les objets paraîtront aux yeux couverts de ténèbres. - Rab. Rien cependant ne s'oppose à ce qu'on dise que le soleil, la lune et les autres astres seront alors réellement privés de leur lumière, comme il arriva pour le soleil, à la passion du Sauveur, et c'est ce que prédit Joël en ces termes: «Le soleil sera changé en ténèbres et la lune en sang, avant que vienne le grand et terrible jour du Seigneur» (Jl 2,31). Du reste, après le jugement, et lorsque la gloire de la vie future répandra ses clartés, et que Dieu aura créé un ciel nouveau et une terre nouvelle (Is 65,17 Ap 21,1), on verra s'accomplir cette prédiction du prophète Isaïe: «La lumière de la lune sera comme celle du soleil, et la lumière du soleil sera sept fois plus grande». Quant aux étoiles, au lieu de ces expressions: «Et les étoiles tomberont du ciel», on lit dans saint Marc: «Et l'on verra les étoiles se détacher du ciel, c'est-à-dire privées de leur lumière» (Mc 13,25).

S. Jér. Par les vertus des cieux, nous entendons la multitude des anges. - S. Chrys. (hom. 76). C'est à juste titre pie les vertus des cieux seront ébranlées et troublées à la vue d'un si grand bouleversement, du châtiment de leurs compagnons, et de l'univers tout entier comparaissant devant le tribunal redoutable.

Orig. De même qu'au moment où s'accomplissait le mystère de la croix, le soleil s'éclipsa, et l'on vit les ténèbres couvrir toute la face de la terre; ainsi, lorsque le signe du Fils de l'homme apparaîtra dans les cieux, la lumière du soleil, de la lune et des étoiles disparaîtra comme absorbée par la puissance divine de ce signe sacré. «Et alors le signe du Fils de l'homme paraîtra dans le ciel». Ce signe, c'est le signe de la croix, afin que les Juifs, selon le prophète Zacharie (Za 12,10) et l'évangéliste saint Jean (Jn 19,37), puissent voir celui qu'ils ont percé et le signe de sa victoire.

S. Chrys. (hom. 76). Le soleil s'étant obscurci, la croix ne pourrait paraître qu'autant qu'elle serait beaucoup plus brillante que les rayons du soleil. Le Sauveur ne veut pas que ses disciples aient à rougir ou à s'attrister de la croix, et c'est pour cela qu'il la leur annonce comme un signe entouré de gloire. Or, ce signe de la croix apparaîtra pour confondre l'insolence des Juifs, car Jésus-Christ, venant pour juger le monde, ne leur montrera pas seulement ses blessures, mais encore la mort ignominieuse qu'ils lui ont fait souffrir: «Et alors toutes les tribus de la terre s'abandonneront aux pleurs et à la vue de la croix, elles comprendront que la mort du Sauveur ne leur a servi de rien, et qu'elles ont crucifié celui qu'elles auraient dû adorer. - S. Jér. L'expression «Toutes les tribus de la terre», est des plus justes, car ceux-là seuls seront dans les pleurs et dans les gémissements qui n'ont pas acquis le droit de cité dans les cieux, et dont les noms ne sont écrits que sur les livres de la terre.

Orig. Dans le sens moral, on peut dire que ce soleil qui doit s'obscurcir, c'est le démon qui doit être jugé et condamné à la fin du monde, car, bien qu'il ne soit que ténèbres, il affecte de briller comme le soleil; la lune, qui emprunte sa lumière à ce soleil d'une nouvelle espèce, c'est toute réunion des méchants qui se vante souvent d'avoir et de donner la lumière. Mais alors Dieu la condamnera avec ses dogmes pervers, et elle perdra toute sa clarté. Tous ceux qui promettaient aux hommes la vérité, soit par leurs opinions, soit par de fausses vertus, et ne faisaient que les séduire par leurs mensonges, sont comme les étoiles qui tombent pour ainsi dire de leur ciel dans les hauteurs duquel elles s'étaient établies, en s'élevant coutre la science de Dieu. A l'appui de cette interprétation, nous pouvons citer ces paroles du livre des Proverbes: «La lumière des justes demeure toujours brillante, mais la lumière des impies s'éteindra bientôt» (Pr 4,18). Mais on verra briller la gloire de Dieu dans tout homme qui a porté l'image de l'homme céleste, et tous ceux qui faisaient ici-bas partie du Ciel, seront dans la joie, tandis que tous ceux qui appartiennent à la terre s'abandonneront aux pleurs et aux gémissements. Ou bien encore, l'Église est tout à la fois le soleil, la lune et les étoiles, elle à qui s'adressent ces paroles: «Vous êtes belle comme la lune, éclatante comme le soleil» (Ct 6,10). - S. Aug. (Lettre à Hésych). Or, le soleil s'obscurcira et la lune ne donnera plus sa lumière, parce que l'Église, anéantie pour ainsi dire sous les efforts redoublés des persécuteurs et des impies, ne paraîtra plus. Les étoiles tomberont du ciel et les vertus des cieux seront ébranlées, parce qu'un grand nombre de ceux en qui la grâce de Dieu semblait jeter un vif éclat fléchiront sous le poids de la persécution et feront des chutes honteuses; quelques-uns même des fidèles les plus affermis seront ébranlés. Notre-Seigneur annonce que ces événements auront lieu après ces jours d'affliction, non pas qu'il veuille dire que les persécutions auront entièrement cessé, mais parce que la tribulation aura précédé et sera suivie de la défection d'un grand nombre; et comme cette défection se continuera pendant toute la durée de ces jours, il dit qu'elle aura lieu après ces jours d'affliction.


v. 31

5431 Mt 24,31

S. Chrys. (hom. 76). En entendant parler de la croix, les disciples auraient pu croire qu'il s'agissait encore d'un supplice ignominieux, il se hâte donc d'ajouter: «Et ils verront le Fils de l'homme», etc. - S. Aug. (Lettre à Hésych). Le sens le plus naturel qui s'offre à l'esprit de celui qui entend ou lit ces paroles est que cet avènement sera celui où Jésus-Christ viendra juger les vivants et les morts, revêtu du même corps qu'il a fait asseoir dans le ciel, à la droite du Père, et dans lequel il a voulu mourir, ressusciter et monter aux cieux, alors qu'une nuée le déroba aux yeux de ses disciples, comme nous le lisons dans les Actes des Apôtres (Ac 1,9-11). Les Anges dirent alors: «Il viendra de la même manière que vous l'avez vu monter au ciel». Il faut donc croire qu'il viendra, non seulement revêtu du même corps, mais porté sur les nuées du ciel.

Orig. (traité sur S. Matth). Ils verront donc des yeux du corps le Fils de l'homme, revêtu de la nature humaine, et venant sur les nuées du ciel, c'est-à-dire sur les nuées les plus élevées. Lorsqu'il fut transfiguré sur la montagne, une voix sortit de la nuée; ainsi, lors de son second avènement, il sera transfiguré et paraîtra sous une forme glorieuse, et il sera porté, non pas sur une seule nuée, mais sur plusieurs nuées, comme sur un char. Voyez, en effet, lorsque le Fils de l'homme se rendait à Jérusalem, ceux qui l'aimaient étendirent leurs vêtements sur le chemin, pour qu'il ne fut point obligé de fouler la terre aux pieds (Mt 21,8), et ne voulurent même pas que l'âne qui le portait touchât la terre; qu'y a-t-il donc d'étonnant que le Père et le Dieu de tout ce qui existe étende les nuées du ciel sous le corps de son Fils qui descend pour la consommation de toutes choses? On peut dire encore que, lorsque Dieu créa l'homme, il prit du limon de la terre pour en former son corps; ainsi, pour faire éclater la gloire de son Fils, il emprunta au ciel et à une matière céleste, pour lui donner, dans sa transfiguration, comme un second corps, qui avait l'apparence d'une nuée brillante, et qui apparaîtra à la fin du monde sous la forme de nuées éclatantes. C'est pour cela que ces nuées sont appelées les nuées du ciel, de même que le limon a été désigné par ces mots: le limon de la terre. Il était de toute justice, en effet, que le Père relevât par de tels prodiges les humiliations volontaires de son Fils. Il l'a donc exalté (Ph 2,9), non seulement dans son esprit, mais dans son corps, en le faisant descendre sur ces nuées glorieuses; peut-être même ces nuées sont-elles des nuées intelligentes, afin que le char du Fils de l'homme glorifié ne soit point privé de raison. Jésus est venu en premier lieu avec cette puissance qui se traduisait par les prodiges et les miracles qu'il opérait au milieu du peuple (Ac 6); mais toute cette puissance était peu de chose auprès de cette puissance extraordinaire qu'il déploiera à la fin du monde. En effet, lors de son premier avènement, c'était la puissance de celui qui s'anéantissait lui-même, il faut donc qu'il paraisse entouré aune gloire plus éclatante que celle qui l'environna dans sa transfiguration sur la montagne, car, alors, il n'eut que trois témoins de sa transfiguration, tandis qu'à la fin du monde, il paraîtra entouré d'une gloire éclatante, afin que tous les hommes en soient témoins.

S. Aug. (Lettre à Hesych). Or, comme nous devons approfondir les Écritures, et ne pas nous contenter d'en avoir une connaissance superficielle, il nous faut examiner avec soin les paroles qui suivent presque immédiatement: «Lorsque vous verrez arriver toutes ces choses, sachez que le Fils de l'homme est proche, et qu'il est à la porte». Nous saurons donc qu'il est proche, non pas lorsque nous verrons seulement quelques-uns des signes qui précèdent, mais lorsque nous verrons réunis tous ces signes parmi lesquels se trouve aussi l'avènement du Fils de l'homme, a Et il enverra ses anges qui rassembleront ses élus des quatre coins du monde». C'est ce qu'il fait pendant toute la durée de la dernière heure, lors qu'il vient dans ses membres comme sur les nuées (cf. Jn 2,10). Ou bien, il veut parler de cet avènement continuel qu'il ne cesse de renouveler dans toute son Église, comme sur une immense nuée, et il vient avec une grande puissance et une grande majesté, parce que cette puissance et cette majesté se manifesteront avec plus d'éclat aux yeux des saints, qui eu recevront une force toute divine, pour ne pas être vaincus par une si grande persécution. - Orig. (traité sur S. Matth). Ou bien encore, Jésus vient tous les jours avec une grande puissance dans l'âme du fidèle, porté sur les nuées prophétiques, c'est-à-dire sur les écrits des prophètes et des Apôtres, qui comprennent et déclarent que le Verbe de Dieu est au-dessus de la nature humaine. C'est ainsi que nous disons nous-mêmes qu'une grande gloire se révèle à ceux qui ont cette intelligence, et cette gloire se manifeste dans le second avènement du Verbe, qui est l'avènement des hommes parfaits. Et c'est ainsi que, si l'on comparait et si l'on discutait avec soin tout ce que les trois Évangélistes ont dit de l'avènement du Christ, on trouverait que tout se rapporte à l'avènement que Jésus-Christ renouvelle tous les jours dans son corps, c'est-à-dire dans son Église, avènement dont il a parlé lui-même ailleurs en ces termes: «Vous verrez le Fils de l'homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel». Il faut excepter toutefois les passages où il annonce lui-même le dernier avènement qu'il doit faire en personne.

Orig. (traité sur S. Matth). Le Sauveur venait de parler de ces pleurs et de ces gémissements, qui seront comme une sentence et comme une condamnation que les méchants prononceront contre eux-mêmes; mais de peur qu'on ne crut que là devaient se terminer leurs maux, il ajoute: «Et il enverra ses anges, qui feront entendre la voix éclatante de leurs trompettes», etc. - Remi. Il ne faut pas prendre cette trompette dans un sens matériel, mais pour la voix des archanges, qui retentira si fort qu'elle fera lever tous les morts du sein de la terre. S. Chrys. (hom. 76). Le son de la trompette est destiné à donner le signal de la résurrection et à caractériser la joie des uns, l'étonnement et la douleur des autres, qui seront laissés et ne seront pas enlevés dans les cieux sur les nuées. - Orig. Nous lisons dans le livre des Nb 10, que les prêtres rassemblaient au son de la trompette, des quatre points cardinaux, tous ceux qui composaient le camp d'Israël, et c'est par allusion à cet usage qu'il est dit ici des anges: «Et ils rassembleront ses élus des quatre coins du monde». - Remi. C'est-à-dire des quatre parties du monde: de l'orient, de l'occident, du nord et du midi.

Orig. Certains esprits, par trop simples, s'imaginent que les anges ne rassembleront que ceux qu'ils trouveront revêtus de leur corps; mais il est bien plus rationnel de dire qu'ils rassembleront, non seulement tous ceux qui ont été appelés et élus depuis l'avènement de Jésus-Christ jusqu'à la fin du monde, mais tous ceux qui l'ont été depuis la création du monde, et qui ont vu le jour du Christ, comme Abraham (Jn 8,31-59), et en ont tressailli de joie. La preuve que les élus du Christ, rassemblés par les anges, ne seront pas seulement ceux dont la résurrection trouvera l'âme unie à leurs corps, mais ceux qui en seront séparés depuis longtemps, c'est ce que Notre-Seigneur ajoute: «Depuis une extrémité du ciel jusqu'à l'autre», paroles qui ne peuvent s'appliquer, à ce que je sache, à aucune personne vivant sur la terre. On peut dire aussi que les cieux désignent ici les saintes Écritures et leurs témoignages divins, dans lesquels Dieu a comme fixé son habitation. Le sommet des Écritures, c'est le commencement de l'Écriture; ses extrémités en sont la consommation. Les anges rassembleront donc les saints, depuis le sommet des cieux, c'est-à-dire depuis ceux qui se nourrissent des premiers éléments de l'Écriture jusqu'à leurs extrémités, c'est-à-dire jusqu'à ceux qui vivent dans les profondeurs des saintes Lettres. Ils seront rassemblés au son de la trompette, et d'une voix éclatante, afin que ceux qui l'entendront et y seront attentifs, se préparent à prendre la voix de la perfection qui conduit jusqu'au Fils de Dieu.

Remi. Ou bien dans un autre sens, afin que personne ne fut tenté de croire que les élus ne se raient rassemblés que des quatre extrémités du monde, et non pas des contrées qui en occupent le centre, il ajoute: «Et depuis le sommet des cieux», etc. Le sommet des cieux désigne ici le centre du globe, parce que le sommet du ciel correspond au milieu de la terre; les extrémités du ciel désignent les parties extrêmes de la terre, car les dernières extrémités de la voûte des cieux paraissent reposer sur la terre. - S. Chrys. (hom. 76). C'est par honneur pour les élus que Dieu les appelle par le ministère de ses anges. Saint Paul ajoute qu'ils seront enlevés sur les nuées, parce qu'en effet, les anges rassembleront d'abord ceux qui ressusciteront, et les nuées enlèveront en suite ceux que les anges auront réunis.


vv. 32-35

5432 Mt 24,32-35

S. Chrys. (hom. 77). Comme le Seigneur avait fixé l'accomplissement des événements qu'il avait prédits au temps qui suivrait immédiatement ces jours d'affliction, les disciples pouvaient lui demander de préciser ce temps, il prévient donc cette question en leur disant: «Comprenez ceci par une comparaison prise du figuier» - S. Jér. C'est-à-dire: Lorsque le figuier pousse de nouvelles branches que les bourgeons s'ouvrent pour laisser passage à sa fleur, et que l'arbre se couvre de feuilles, vous comprenez que l'été est proche et que c'est l'époque du printemps et du zéphyr; ainsi, lorsque vous verrez tous ces événements s'accomplir, ne pensez pas que ce soit absolument la fin du monde, mais considérez-les comme les précurseurs de ce grand jour qui approche, et qui est comme à la porte. «Ainsi, lorsque vous verrez toutes ces choses», etc.


S. Chrys. (hom. 77). Le Sauveur nous apprend par là qu'il y aura peu d'intervalle, et que l'avènement de Jésus-Christ aura lieu presque aussitôt. Il nous apprend encore qu'après les rigueurs de l'hiver, les justes jouiront des douceurs d'un été spirituel et d'une grande tranquillité, tandis que les pécheurs auront à supporter les rigueurs de l'hiver après les douceurs de l'été. - Orig. Pendant l'hiver, le figuier renferme en lui-même la force de vie qu'il contient; mais, lorsque l'hiver est passé, il manifeste cette puissance de vie qu'il tenait caché, en produisant de tendres branches et des feuilles nouvelles. C'est ainsi que le monde et chacun des élus qu'il contient, avant l'avènement de Jésus-Christ, renfermaient en eux-mêmes la vie qui les animait, soumis qu'ils étaient à l'influence de l'hiver; mais le souffle vivifiant du Christ attendrira les rameaux de leur coeur, et la vertu qu'ils tenaient cachée en eux produira des feuilles et des fruits. Pour ces élus, l'été et l'avènement glorieux du Verbe de Dieu sont proches. - S. Chrys. (hom. 77). Il se sert encore de cette comparaison pour bien établir la certitude des prédictions qu'il a faites, car toutes les fois qu'il annonce un événement dont l'accomplissement est certain, il apporte pour exemple ce qui arrive nécessairement dans la nature. - S. Aug. (Lettre à Hesych). Qui pourrait nier, alors que nous sommes témoins des signes prédits dans l'Évangile et dans les prophètes, que nous avons droit d'espérer que l'avènement du Seigneur est proche? Il approche en effet de jour en jour, mais quel intervalle nous en sépare encore? Il a répondu lui-même à cette question: «Il ne vous appartient pas de connaître les temps ou les moments». Considérez à quelle époque l'Apôtre disait: «Notre salut est plus près que lorsque nous avons cru», que d'années se sont écoulées depuis ! Et cependant on ne peut l'accuser de fausseté; mais combien plus sommes-nous fondés à dire maintenant que l'avènement du Seigneur est proche, alors que tant de siècles écoulés nous approchent de la fin de toutes choses.

S. Hil. (can. 26). Dans le sens mystique, le figuier est la figure de la synagogue. Les rameaux du figuier sont l'antéchrist, le fils du démon, le partage du péché, le prétendu vengeur de la loi. Or, lorsqu'il commencera à verdir et à se couvrir avec orgueil de ses péchés, comme de feuilles verdoyantes, alors l'été est proche, c'est-à-dire le jour du jugement fera sentir ses premières atteintes. - Remi. Ou bien ce sera lorsque ce figuier se couvrira de nouveau de verdure, c'est-à-dire lorsque la synagogue recevra l'Évangile par la prédication d'Hénoch et d'Elie, que nous devrons comprendre que la fin est proche. - S. Aug. (Quest. Evang., 1, 39). Ou bien encore, par ce figuier, on peut entendre le genre humain, à cause des vifs désirs qu'excitent les passions de la chair. Lorsque ses branches sont tendres, c'est-à-dire lorsque les enfants des hommes commenceront à produire les fruits de l'esprit par la foi en Jésus-Christ, et qu'on verra briller en eux l'honneur de l'adoption des enfants de Dieu.

S. Hil. (can. 36). Pour rendre plus certaine la foi aux événements qu'il vient de prédire, il ajoute: «Je vous le dis en vérité», car cette expression «en vérité» est un témoignage infaillible des choses qu'il affirme. - Remi. Il en est qui, sans trop de réflexion, appliquent ces paroles à la destruction de Jérusalem, et qui pensent que le Sauveur a voulu parler de cette génération qui a été témoin de sa passion, et dont il affirme qu'elle ne passera pas avant que la destruction de cette cité ne s'accomplisse. Mais je doute qu'ils puissent expliquer littéralement ce passage tout entier dans ce sens, depuis ces paroles: «Il ne restera pas pierre sur pierre», jusqu'à ces autres: «Il est déjà à la porte». Ils le pourront pour certains endroits; mais, pour d'autres, cette explication est tout à fait impossible. - S. Chrys. (hom. 77). Toutes ces prédictions ont donc pour objet la ruine de Jérusalem, ainsi que ce qu'il a dit des faux prophètes, des faux christs et de tous les événements qui doivent précéder l'avènement de Jésus-Christ. Or en ajoutant: «Cette génération», il ne veut point parler de la génération contemporaine, mais de la génération composée des fidèles, car c'est la coutume des Écritures de prendre le mot génération comme une expression qui détermine, non seulement le temps, mais encore le lieu, la religion et la manière de vivre. C'est ainsi que le Roi-prophète dit: «Telle est la génération de ceux qui craignent Dieu» (Ps 24,6). Or, dans ce passage, Notre-Seigneur nous apprend que Jérusalem périra, et que la plus grande partie du peuple sera détruite avec elle; mais qu'aucune épreuve ne pourra triompher de la génération des fidèles. - Orig. Cependant la génération de l'Eglise traversera tout ce siècle, pour arriver à l'héritage du siècle futur; mais elle ne passera pas avant que toutes ces choses aient été accomplies. Toutefois, après leur accomplissement, non seulement la terre mais le ciel lui-même passera. «Le ciel et la terre passeront», etc., c'est-à-dire, non seulement les hommes dont la vie est toute terrestre, et qui, pour cela, sont appelés terre, mais encore ceux dont la vie est dans le ciel, et qui portent le nom de ciel. Or, ils passeront aux choses qui doivent arriver, pour parvenir à un sort meilleur; mais les paroles du Sauveur ne passeront pas, parce qu'elles opèrent et ne cesseront d'opérer selon l'efficacité qui leur est propre. Mais pour les parfaits, qui ne trouvent plus sur la terre de nouveaux moyens de perfection, ils passeront de l'état où ils sont, à un nouvel état qu'ils ne connaissaient pas, et c'est là le sens que le Seigneur ajoute: «Mais mes paroles ne passeront pas». Peut-être aussi peut-on dire que les paroles de Moïse et celles des prophètes passent, car ce qu'ils ont prophétisé est accompli, tandis que les paroles du Christ conservent toute leur plénitude, et ne cessent de s'accomplir tous les jours et s'accompliront encore dans les saints. Cependant, nous ne pouvons peut-être pas affirmer que les paroles de Moïse et des prophètes ont eu leur entier accomplissement, car ce sont véritablement les paroles du Fils de Dieu, et elles s'accomplissent tous les jours. - S. Jér. Ou bien encore, par cette génération, il faut entendre tout le genre humain, ou la nation juive en particulier. Or, le Sauveur fortifie la foi de ses disciples aux choses qu'il vient de leur dire, en ajoutant: «Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas»; c'est-à-dire, il est plus facile de détruire les choses les plus fermes et les plus inébranlables que d'ôter son efficacité à une seule de mes paroles. - S. Hil. Le ciel et la terre, par la nature de leur création, n'ont aucune nécessité d'exister, tandis que les paroles de Jésus-Christ, sorties de l'éternité, contiennent en elles-mêmes la puissance qui leur assure une éternelle durée.

S. Jér. Le ciel et la terre passeront, c'est-à-dire qu'ils seront transformés, mais non pas détruits; car comment le soleil pourrait-il s'obscurcir et la lune refuser sa lumière, si le ciel qui les contient et la terre n'existaient plus? - Rab. Le ciel qui passera n'est pas le ciel où brillent les astres, mais le ciel atmosphérique qui périt une première fois par le déluge (cf. 2P 3,5-7 2P 3,10-11 2P 3,15). - S. Chrys. (hom. 77). Le Sauveur prend pour exemples les éléments de ce monde visible, pour montrer que l'Église lui est plus précieuse que le ciel et la terre, et aussi pour établir qu'il est le Créateur des hommes.


vv. 36-41

5436 Mt 24,36-41

S. Chrys. (hom. 77). Notre-Seigneur ayant fait connaître tous les signes précurseurs de son avènement, et conduit pour ainsi dire son récit jusqu'aux portes, ne voulut pas cependant dé terminer le jour où ces choses arriveraient: «Personne ne sait ni ce jour, ni cette heure», etc.

S. Jér. Dans quelques manuscrits latins on trouve cette addition: «Ni le Fils»; mais elle n'existe ni dans les exemplaires grecs, ni dans ceux d'Origène et de Pierius. Comme cependant elle se trouve dans quelques exemplaires, il nous faut l'examiner et l'expliquer. - Remi. L'Évangéliste saint Marc (13, 32) dit que non seulement les anges ne connaissent pas ce jour, mais que le Fils de l'homme l'ignore. - S. Hil. Ces paroles sont un triomphe pour Arius et pour Eunomius; car, disent-ils: Celui qui ignore, peut-il être l'égal de celui qui sait? Nous leur répondrons par ce peu de mots: Jésus, c'est-à-dire le Verbe de Dieu, a fait tous les temps; (car toutes choses ont été faites par lui, et rien n'a été fait sans lui (Jn 1,3). Or, le jour du jugement est contenu dans l'étendue des temps, comment donc le Fils de Dieu, qui connaît l'ensemble, peut-il en ignorer une partie? On peut encore leur dire: Qu'y a-t-il, de plus grand de connaître le père ou de connaître le jour du jugement? Or, si le Sauveur connaît ce qu'il y a de plus grand, comment peut-il ignorer ce qu'il y a de moindre? - S. Hil. Est-ce que Dieu le Père a refusé la connaissance de ce jour à son Fils, puisque le Fils dit expressément: «Toutes choses m'ont été données par mon Père»; car il ne lui a pas donné toutes choses, s'il lui en a refusé une seule.

S. Jér. Nous avons donc prouvé que le Fils de l'homme connaît le jour de la fin du monde, il nous reste à expliquer pourquoi il déclare qu'il ne le sait pas. Lorsque après sa résurrection, ses Apôtres lui demandent quand viendra ce jour, il leur répond clairement (Ac 1,7): « Ce n'est pas à vous de connaître les temps et les moments que le Père a disposés dans sa puissance», preuve évidente qu'il connaît ce jour, mais qu'il n'est pas utile pour les Apôtres d'avoir cette connaissance. - S. Aug. (de la Trinité, 1, 12). Cette expression: «il ne sait pas», signifie donc: il ne veut pas faire savoir; c'est ainsi que l'ange dit à Abraham: «Je sais maintenant que tu crains le Seigneur (Gn 22,12), c'est-à-dire je te fais savoir; car cette épreuve lui fit connaître à lui-même ce qu'il était. - S. Aug. (serm. 21 sur les par. du Seig). Il dit que le Père connaît ce jour, c'est-à-dire en même temps que le Fils le connaît dans le Père; car que peut-il y avoir dans ce jour qui n'ait été fait dans le Verbe par qui ce jour a été fait? - S. Aug. (Livre des 83 Quest., quest. 60). Le sens véritable de ces paroles: «Le Père seul connaît ce jour», est donc celui que nous avons indiqué, c'est-à-dire qu'il fait connaître ce jour au Fils; et s'il est dit du Fils qu'il ne sait pas, c'est parce qu'il ne communique point cette connaissance aux hommes. - Orig. Ou bien encore, tant que l'Église, qui est le corps de Jésus-Christ, ignore ce jour et cette heure, il est dit du Fils qu'il les ignore lui-même. Le sens propre du mot savoir est ici le sens que lui donnent ordinairement les auteurs sacrés; ainsi l'Apôtre dit que le Sauveur n'a point connu le péché, pour dire qu'il n'a point péché. (2Co 5,21) Or, le Fils de l'homme ménage la connaissance de ce jour et de cette heure aux cohéritiers de ses promesses, de manière qu'ils sachent tous, c'est-à-dire qu'ils apprennent par leur propre expérience, en ce jour et à cette heure, ce que Dieu a réservé à ceux qu'il aime. - S. Bas. J'ai lu dans un certain auteur que le Fils dont il est ici question n'est point le Fils uni que de Dieu, mais le Fils par adoption; car le Sauveur n'aurait point placé comme il le fait les anges avant le Fils unique: «Ni les anges des cieux, ni le Fils». - S. Aug. (lettre à Hésych). L'Évangile déclare que personne ne connaît ni ce jour ni cette heure, et vous, vous ajoutez: On ne peut même savoir ni le mois, ni l'année. Mais ces paroles paraissent signifier que si l'on ne peut connaître l'année, on peut savoir toutefois dans quelle semaine, ou dans quelle décade d'années ce jour doit arriver, comme si l'on pouvait dire que ce sera dans sept, dans dix ou dans cent ans, ou après un intervalle de temps plus ou moins long. Si vous ne croyez pas avoir atteint le véritable sens de ce passage, nous sommes tous deux au même point.

S. Chrys. (hom. 77). Mais pour vous prouver que ce n'est point par ignorance qu'il garde le silence sur le jour et l'heure du jugement, le Sauveur donne un autre signe avant-coureur de ce jour en disant: «Et il arrivera à l'avènement du Fils de l'homme, ce qui arriva au temps de Noé», c'est-à-dire que ce jour viendra tout d'un coup et à l'improviste, surprendre les hommes au milieu de leurs désordres. C'est cette même vérité qu'exprime saint Paul, écrivant aux Thessaloniciens: «Lorsqu'ils diront: Paix et sécurité, alors une ruine soudaine les surprendra». (1Th 5,3) C'est pour cela que le Sauveur ajoute: «Car comme durant les jours qui précédèrent le déluge, les hommes mangeaient et buvaient», etc. - Rab. Jésus-Christ ne condamne ici ni le mariage, ni les aliments, comme le prétendent faussement Marcion et les manichéens, puisque le mariage est nécessaire à la propagation du genre humain, et les aliments au soutien de la vie; mais il condamne l'usage immodéré que les hommes en font.

S. Jér. On peut se demander comment Notre-Seigneur dit plus haut: «On verra se soulever peuple contre peuple, et royaume contre royaume, et il y aura des pestes, des famines et des tremblements de terre en divers lieux», tandis qu'ici il semble nous donner tous les signes d'une paix profonde; c'est qu'après ces guerres et ces fléaux qui désolent le genre humain, succédera une paix de courte durée qui rétablira partout le calme et la tranquillité, et donnera un nouvel appui à la foi des chrétiens. - S. Chrys. (hom. 77). Ou bien, cette paix et ces divertissements criminels seront le partage de ceux qui ont perdu tout sentiment. Aussi l'Apôtre ne dit pas: Lorsque la paix existera réellement, mais lorsqu'ils diront: «Paix et sécurité», voulant ainsi nous peindre l'insensibilité de ces hommes de plaisir, trop semblables à ceux qui existaient du temps de Noé; alors aussi les méchants se livraient à la débauche, tandis que les justes étaient dans la tristesse et l'affliction. Nous apprenons par là que lorsque l'antéchrist viendra, les méchants seront surpris au milieu des plus honteux plaisirs, dans lesquels ils se seront jetés en désespérant de leur salut. Cet exemple est donc choisi fort à propos par le Sauveur. Car lorsque Noé construisait l'arche, les méchants la voyaient sous leurs yeux, leur annonçant les malheurs (2P 2,5) qui devaient arriver, mais ils ne voulaient pas y croire, et se livraient à leurs plaisirs coupables comme s'ils n'étaient menacés d'aucun fléau; c'est donc parce qu'il en est beaucoup qui refusent de croire aux événements futurs qu'il appuie ses prédictions sur les exemples passés.

Il donne encore une autre preuve que ce jour viendra à l'improviste, et qu'il ne lui est pas inconnu: «Alors de deux hommes qui seront dans un champ, l'un sera pris, et l'autre laissé»; ce qui nous prouve qu'il y en aura de pris et de laissés parmi les serviteurs comme parmi les maîtres, parmi ceux qui se reposeront, comme parmi ceux qui se livreront au travail. - S. Hil. Ou bien, ces deux hommes qui sont dans un champ, représentent les deux peuples des fidèles et des infidèles dans ce monde, et que le jour du Seigneur surprendra au milieu des occupations de cette vie. Ils seront séparés, puisque l'un sera laissé et l'autre sera pris, ce qui nous prouve le discernement qui sera fait des fidèles d'avec les infidèles. Car les saints seront protégés contre les effets redoutables de la colère de Dieu, et renfermés dans les magasins du père de fa mille; mais les impies seront abandonnés et deviendront la proie des feux vengeurs. Il en sera de même de ceux qui tournent la meule. «De deux femmes qui moudront», etc. La meule c'est l'oeuvre de la loi. Or, comme une partie des Juifs doit croire à la prédication d'Elie, comme ils ont cru à la prédication des Apôtres, et recevoir la justification qui vient de la foi, une partie d'entre eux sera choisie en vertu de cette foi vivifiée par les bonnes oeuvres, tandis que l'autre partie sera laissée au milieu des oeuvres infructueuses de la loi, tournant inutilement la meule sans pouvoir se préparer le pain céleste de la vie éternelle. - S. Jér. Ou bien deux hommes seront trouvés dans un champ se livrant au même travail, et répandant la même semence, mais ils ne recevront pas le même fruit de leur travail. Dans ces deux femmes qui tournent ensemble la meule, on peut voir encore l'Église et la synagogue qui, toutes les deux, paraissent tourner la même meule dans la loi, et moudre avec les mêmes Écritures la farine des commandements de Dieu; ou bien enfin, les autres hérésies qui semblent moudre tantôt avec les deux Testaments, tantôt avec un seul la farine de leurs doctrines.

«Deux seront dans le même lit, l'un sera pris, l'autre sera laissé (Lc 17,34) ». - S. Hil. Ces deux qui sont dans le même lit sont ceux qui prêchent le même repos de la passion du Sauveur (cf. Ps 15,9 Ac 2,25); car les hérétiques et les catholiques ont la même foi sur ce point. Mais la foi catholique proclamera que le Père et le Fils ont une même nature, une même divinité, tandis que la fausse doctrine des hérétiques attaquera cette vérité. Ces deux professions de foi subiront donc l'épreuve du jugement de Dieu, qui prendra l'une et rejettera l'autre. - Remi. Ou bien ces paroles désignent les trois ordres de l'Église: les deux qui sont dans un champ figurent l'ordre des prédicateurs, à qui Dieu a confié la culture du champ de l'Église; les deux qui tournent la meule, la condition des époux qui, entraînés tour à tour par mille soucis divers, semblent tourner incessamment la meule; enfin les deux qui sont dans le même lit, l'état de ceux qui ont gardé la continence, dont le repos nous est figuré par le lit. Or, dans ces trois classes différentes, il y a des bons et des mauvais, des justes et des injustes, et c'est pour cela que les uns sont pris, tandis que les autres sont laissés. - Orig. Ou bien dans un autre sens, le corps est étendu comme un malade sur le lit des passions charnelles, tandis que l'âme tourne la lourde meule de la vie, et que les sens du corps travaillent dans le champ du monde.



Catena Aurea 5429