Catena Aurea 4246

vv. 46-50

4246 Mt 12,46-50

S. Hil. (can. 12 sur S. Matth). Comme il avait dit tout ce qui précède au nom de la puissance et de la majesté de son Père, l'Évangéliste nous apprend ce qu'il répondit lorsqu'on vint lui annoncer que ses frères et sa mère l'attendaient au dehors. «Pendant qu'il parlait encore au peuple», etc. - S. Aug. (de l'accord des évang., 2, 40). Nous devons penser que Notre-Seigneur fit cette réponse dans des circonstances qui la motivaient; car avant de la rapporter l'Évangéliste fait cette remarque: « Lorsqu'il parlait encore au peuple». Que veut dire ce mot «encore» si ce n'est au moment même où il tenait ce discours? Saint Marc place également ce fait après avoir rapporté ce qui concerne le blasphème sur le Saint-Esprit, et il ajoute: «Et ses frères et sa mère étant venus» (Mc 3,31). Saint Luc n'a pas gardé ici l'ordre historique; mais il a raconté ce fait par anticipation, d'après l'ordre de ses souvenirs. - S. Jér. (contre Helvid). Helvidius veut appuyer une de ses erreurs sur ce que nous voyons dans l'Évangile des frères de Notre-Seigneur. Pourquoi, demande-t-il, les aurait-on appelés les frères du Seigneur s'ils n'avaient pas été réellement ses frères? Or, il faut savoir que dans l'Écriture le nom de frères est entendu de quatre manières différentes. Il y a les frères de nature, les frères de nation, les frères de parenté, et les frères d'affection: les frères de nature, comme Esaü et Jacob, les frères de nation, tous les Juifs, par exemple, qui se donnent entre eux le nom de frères, comme nous le voyons dans le Deutéronome: «Vous ne pourrez placer à votre tête un étranger qui ne soit point votre frère (Dt 17,15); les frères de parenté, c'est-à-dire ceux qui sont d'une même famille; c'est dans ce sens qu'Abraham dit à Loth dans la Genèse: «Qu'il n'y ait point de débat entre vous et moi, car nous sommes frères» (Gn 13,8). Enfin il y a les frères d'affection, qui le sont d'une manière ou particulière, ou générale: particulière, comme le sont tous les chrétiens d'après ces paroles du Sauveur: «Allez, dites à mes frères» (Jn 20,17); générale, comme tous les hommes nés d'un même père sont unis entre eux par les liens d'une même fraternité, et c'est dans ce sens qu'il est dit dans Isaïe: «Dites à ceux qui vous haïssent: Vous êtes nos frères (Is 66,5) ». Or, je vous le demande, dans quel sens l'Évangile prend-il les frères du Seigneur? Est-ce selon la nature? Mais l'Écriture ne les appelle ni les enfants de Marie ni ceux de Joseph. Est-ce comme ayant une même nationalité? Mais il serait absurde de donner ce nom à un petit nombre de Juifs, alors que tous les Juifs qui étaient présents y avaient droit. Est-ce d'après l'affection qu'inspire la nature ou la grâce? Mais à ce titre, qui méritait mieux ce nom de frères que les Apôtres, qui recevaient les instructions les plus secrètes du Seigneur? Ou bien si tous les hommes sont ses frères par cela qu'ils sont hommes, c'était une absurdité de donner ici ce nom comme propre et personnel en disant: «Voici que vos frères vous cherchent». Il ne reste donc plus de possible que la dernière interprétation, qui explique ce nom de frères dans le sens de la parenté et non point dans le sens de l'affection, de la nationalité ou de la nature. - S. Jér. (sur S. Matth). Il en est qui ont supposé que ces frères du Seigneur étaient des enfants que Joseph avait eus d'une première épouse; ils suivent en cela les extravagances des Évangiles apocryphes et imaginent l'existence de je ne sais quelle femme qu'ils appellent Escha. Pour nous, nous voyons dans ces frères du Seigneur, non pas les enfants de Joseph, mais les cousins du Seigneur, enfants de la soeur de Marie, tante du Seigneur, qui est appelée mère de Jacques le Mineur, de Joseph et de Jude, auxquels l'Évangile, dans un autre endroit, donne le nom de frères du Seigneur (Mc 6,3 Ga 1,19). Or, toute l'Écriture atteste qu'on étend ce nom de frères jusqu'aux cousins.

S. Chrys. (homélie 45). Or, voyez quel est l'orgueil des frères du Seigneur ! Leur devoir était d'entrer et de se mêler à la foule pour écouter ses enseignements, ou, si telle n'était pas leur intention, d'attendre qu'il eût terminé son instruction pour venir le trouver. Mais non, ils l'appellent au dehors, et ils l'appellent en présence de tous, faisant ainsi preuve d'une excessive vanité, et voulant montrer qu'ils commandaient au Christ avec autorité. C'est ce que l'Évangéliste semble vouloir nous indiquer indirectement par ces mots: «Lorsqu'il parlait encore», comme s'il voulait dire: Est-ce qu'ils n'auraient pu choisir un autre moment? Mais que voulaient-ils lui dire? Si c'était une question de doctrine qu'ils voulaient lui proposer, ils devaient le faire devant le peuple pour que tous pussent en profiter; et s'ils n'avaient à l'entretenir que de leurs affaires particulières, ils devaient attendre: il est donc évident qu'ils agissaient ainsi par un motif de vaine gloire.

S. Aug. (De la nat. et de la grâce, 36). Mais quoi que l'on puisse dire des frères du Seigneur, lorsqu'on parle de péché, pour l'honneur du Christ, je ne veux pas qu'il soit question en aucune manière de la Vierge Marie, car nous savons qu'elle a reçu une grâce plus abondante pour triompher en tout du péché, parce qu'elle devait concevoir et enfanter celui qui, bien certainement, ne fut jamais souillé d'aucun péché.

«Et quelqu'un lui dit: Voici que votre mère et vos frères sont dehors et veulent vous parler». - S. Jér. Celui qui vient lui annoncer cette nouvelle ne me paraît pas l'avoir fait avec simplicité et naturellement, mais pour lui tendre un piège et voir s'il sacrifierait aux affections de la nature une oeuvre toute spirituelle. Le Sauveur refuse donc de sortir, non qu'il méconnaisse sa mère et ses frères, mais parce qu'il veut répondre à ceux qui cherchent à le prendre en défaut. - S. Chrys. (hom. 45). Il ne dit pas: Allez, et dites-lui qu'elle n'est pas ma mère, il adresse la parole à celui qui vient de lui porter cette nouvelle: «Mais s'adressant à celui qui lui parlait, il lui dit: Quelle est ma mère, quels sont mes frères ?» - S. Hil. (can. 12). N'allons pas croire qu'il ait éprouvé un sentiment de dédain pour sa mère, lui qui du haut de la croix lui témoigna tant d'affection et une si tendre sollicitude (Jn 19). - S. Chrys. (hom. 45). S'il avait voulu renier sa mère, il l'aurait fait lorsque les Juifs lui faisaient un reproche de la condition de sa mère (Mc 6). - S. Jér. Il n'a donc pas renié sa mère, comme le prétendent Marcion et les Manichéens, pour nous faire croire que sa naissance n'était qu'imaginaire, mais il a voulu montrer qu'il préférait les Apôtres à ses parents, pour nous apprendre à préférer nous-mêmes les affections de l'esprit aux affections de la chair. - S. Amb. (sur S. Luc., liv. 6). Il ne condamne pas les devoirs de piété filiale qu'un fils doit à sa mère (cf. Lc 14,26 Ex 20,12), mais il veut nous apprendre qu'il se doit bien plus aux devoirs mystérieux qui l'attachent à son père, et à l'amour qu'il a pour lui, qu'à son affection pour sa mère; aussi l'Évangéliste ajoute: «Et, étendant la main vers ses disciples, il dit: Voici ma mère, et voici mes frères». - S. Grég. (homélie 31 sur les Evang). Notre-Seigneur a daigné appeler les fidèles ses frères lorsqu'il a dit: «Allez, annoncez à mes frères» (Mt 28,10). On peut donc se demander comment celui qui est devenu le frère du Seigneur en embrassant la foi, peut devenir aussi sa mère. C'est que celui qui est devenu le frère et la soeur de Jésus-Christ par la foi, mérite de devenir sa mère par la prédication, car il enfante le Seigneur en le produisant dans le coeur de ses auditeurs, et il devient sa mère s'il fait naître par ses paroles l'amour du Sauveur dans l'âme du prochain.

S. Chrys. (hom. 45). Aux leçons qui précèdent, il en ajoute encore une autre, c'est que la confiance que peut nous inspirer notre parenté ne doit pas nous faire négliger la pratique de la vertu, car s'il ne servait de rien à la mère de Jésus d'être sa mère, sans l'éminente vertu qui la distinguait, qui peut se flatter d'être sauvé grâce à sa parenté? Il n'y a qu'une seule noblesse, c'est de faire la volonté de Dieu, comme il nous l'apprend dans les paroles suivantes: «Quiconque fera la volonté de mon Père qui est au ciel, celui-là est mon frère, ma mère et ma soeur». Bien des mères ont proclamé le bonheur de la sainte Vierge et de son chaste sein; elles ont désiré pour elles une maternité semblable. Qui les empêche d'obtenir ce bonheur? Le Sauveur vous a ouvert une large voie, et il est permis non seulement aux femmes, mais encore aux hommes de devenir mère de Dieu (cf. Ga 4,19).

S. Jér. Nous pouvons encore donner une autre explication. Le Seigneur parle à la foule et enseigne les nations dans l'intérieur de la maison; sa mère et ses frères, c'est-à-dire la synagogue et le peuple juif, se tiennent dehors. - S. Hil. (can. 12). Ils avaient cependant comme les autres la faculté d'arriver jusqu'à lui; mais comme il est venu parmi les siens, et que les siens ne l'ont pas reçu (Jn 1,2), ils refusent d'entrer et d'approcher de lui.

S. Grég. (hom. 31). Pourquoi la mère du Sauveur reste-t-elle dehors, comme s'il ne la connaissait pas? Parce que la synagogue n'est plus reconnue par celui qui l'a établie, car en s'attachant exclusivement à l'observation de la loi, elle a perdu l'intelligence spirituelle et s'est condamnée elle-même à être au dehors la gardienne de la lettre. - S. Jér. Après qu'ils auront demandé, prié et envoyé un messager, il leur sera répondu qu'ils sont libres d'entrer et de croire eux-mêmes, s'ils le veulent.


CHAPITRE XIII


vv. 1-9

4301 Mt 13,1-9

S. Chrys. (hom. 45). Après avoir donné cette leçon à celui qui lui avait annoncé la présence de sa mère et de ses frères, Jésus se rend cependant à leurs désirs et il sort de la maison. C'est ainsi qu'après avoir guéri d'abord dans ses frères le mal de la vaine gloire, il rend ensuite à sa mère l'honneur qui lui était dû. «Ce jour-là même, Jésus étant sorti», etc. - S. Aug. (De l'acc. des Evang., 11, 41). Cette expression: «Ce jour-là» indique suffisamment que ce fait eut lieu immédiatement après ce qui précède ou peu de temps après, à moins que l'on ne donne ici au mot jour le sens qu'il a quelquefois dans l'Écriture, c'est-à-dire qu'on le prenne pour un temps indéfini (Jn 14 Jn 16,23 Jn 16,25).

Rab. Non seulement les paroles et les actions du Seigneur, mais encore ses courses et les lieux témoins de ses prédications et de ses miracles sont pleins d'enseignements mystérieux. Après le discours qu'il avait prononcé dans cette maison où d'horribles blasphémateurs l'avaient appelé possédé du démon, il sort pour enseigner sur le bord de la mer; il montre ainsi qu'il abandonne la Judée pour la punir de sa perfidie et qu'il va porter le salut aux nations. En effet, les coeurs des infidèles, longtemps dominés par l'orgueil et l'incrédulité, sont comparés aux flots amers et soulevés de l'Océan. Quant à la maison du Seigneur, qui ne sait que c'était la Judée qui l'était devenue pour la foi ?

S. Jér. Remarquons encore que le peuple ne pouvait entrer dans la maison de Jésus, ni s'y joindre aux Apôtres pour y entendre ses mystérieuses leçons. C'est pour cela que le Seigneur, plein de miséricorde, sort de la maison et s'assied sur le rivage de la mer de ce siècle pour réunir autour de lui la foule, pour lui adresser sur le rivage les enseignements qu'elle n'était pas digne d'entendre dans l'intérieur de la maison. «Et il s'assembla autour de lui une grande foule de peuple». - S. Chrys. (hom. 45). Ce n'est pas sans raison que l'Évangéliste rapporte cette circonstance; il veut nous faire remarquer l'intention expresse du Sauveur, qui voulait réunir une grande multitude et l'avoir tout entière devant les yeux, sans laisser une seule personne derrière lui. - S. Hil. (can. 13). La suite du récit nous explique pourquoi Notre-Seigneur s'assied dans la barque, tandis que le peuple reste sur le rivage. Il allait parler en paraboles, et, en agissant de la sorte, il nous apprend d'une manière figurée que ceux qui sont hors de l'Église ne peuvent avoir aucune intelligence de la parole divine. Cette barque représente l'Église, la parole de la vie qu'elle renferme dans son sein est prêchée à ceux qui sont au dehors; mais, semblables au sable stérile, ils ne peuvent la comprendre. - S. Jér. Jésus est au milieu des flots, la mer vient battre tout autour de lui; tranquille dans sa majesté, il fait approcher la barque du rivage, afin que le peuple, libre de toute crainte et affranchi des épreuves qui eussent été au-dessus de ses forces, se tienne ferme sur le rivage pour entendre de là ses paroles. - Rab. Ou bien il monte dans cette barque et s'y assied au milieu de la mer pour figurer que le Christ devait monter par la foi dans les âmes des Gentils et rassembler son Église au milieu de la mer, c'est-à-dire au milieu des peuples qui devaient le contredire. Cette foule qui se tient sur le rivage et qui n'est ni sur la mer ni dans la barque, nous représente ceux qui reçoivent la parole de Dieu et qui sont séparés par la foi des flots de la mer, c'est-à-dire des réprouvés, sans être encore pénétrés des mystères du royaume des cieux.

«Et il leur dit beaucoup de choses en paraboles». - S. Chrys. (hom. 45). Il n'avait pas suivi cette méthode dans son discours sur la montagne, qui n'était point ainsi composé de paraboles, car il ne s'adressait alors qu'à la multitude seule et à des esprits simples et sans déguisement, tandis qu'il comptait ici parmi ses auditeurs des scribes et des pharisiens. Mais ce n'est pas le seul motif pour lequel il parle en paraboles, il veut encore donner plus de clarté à ses enseignements, les graver plus profondément dans la mémoire en les plaçant pour ainsi dire sous les regards. - S. Jér. Remarquez que tous ses enseignements ne sont pas en paraboles, mais une grande partie seulement, car s'il n'avait parlé qu'en paraboles, le peuple n'en eût retiré aucun fruit; mais en mêlant des choses claires à des choses moins évidentes, l'intelligence des unes excite à pénétrer l'obscurité des autres. La foule, d'ailleurs, n'est pas animée des mêmes sentiments, mais elle est composée de volontés diverses: il lui adresse donc un grand nombre de paraboles pour satisfaire par la diversité de l'enseignement à la diversité des désirs et des besoins.

S. Chrys. (hom. 45). Il commence par la parabole qui devait rendre ses auditeurs plus attentifs; car, comme il devait leur parler en figures, il éveille tout d'abord leur attention par ces paroles: «Celui qui sème sortit pour semer». - S. Jér. Or, ce semeur qui répand sa semence, c'est le Fils de Dieu qui est venu semer parmi les peuples la parole de son Père. - S. Chrys. (hom. 45). Mais d'où a pu sortir celui qui est présent en tous lieux, et comment est-il sorti? Il n'est pas sorti comme on sort d'un endroit que l'on quitte, mais il s'est rapproché de nous par son incarnation et par la nature humaine dont il s'était revêtu. Nous ne pouvions arriver jusqu'à lui, nos péchés étaient pour nous un obstacle insurmontable; il est venu jusqu'à nous. - Rab. Ou bien il est sorti lorsque dans la personne de ses Apôtres, il a abandonné la Judée pour aller évangéliser les Gentils. - S. Jér. Ou bien encore il était au dedans, lorsque, dans l'intérieur de la maison il dévoilait à ses disciples les mystères du royaume des cieux. Il sort donc de cette maison pour répandre la semence au milieu de la foule. - S. Chrys. (hom. 45). Lorsque vous entendez Notre-Seigneur vous dire: «Celui qui sème sortit pour semer», ne regardez pas ces deux expressions comme identiques. Le semeur sort bien souvent, et pour d'autres motifs; par exemple, pour labourer la terre, pour couper les mauvaises herbes, pour arracher les épines ou pour d'autres travaux semblables. Mais ici il sort pour semer. Et que deviendra cette semence? Trois parties sont perdues, une seule est conservée, non pas d'une manière égale, mais avec quelque différence: «Et pendant qu'il sème, une partie de la semence tomba sur le chemin». - S. Jér. Valentin se sert de cette parabole pour établir son hérésie et appuyer son système des trois natures: la nature spirituelle, la nature naturelle ou animale, et la nature terrestre. Or nous voyons ici quatre espèces différentes de terre: l'une qui est le long du chemin, l'autre qui est un terrain pierreux, la troisième couverte d'épines, et la quatrième qui est une bonne terre. - S. Chrys. (hom. 45). Mais quelle apparence de raison dans la conduite de celui qui sèmerait au milieu des épines, sur les pierres ou le long du chemin? Si l'on prend la semence et la terre dans leur sens matériel et ordinaire, ce serait folie d'agir de la sorte, car il n'est au pouvoir ni de la pierre de devenir terre, ni du chemin de ne pas être un chemin, ni des épines de ne pas être des épines. Mais lorsqu'on entend la terre et la semence de la terre des âmes et de la semence de la parole de Dieu, cette conduite est on ne peut plus louable, car dans ce sens il est possible à la pierre de devenir une terre fertile, au chemin de ne plus être foulé aux pieds, et aux épines d'être arrachées. Quant au surplus de la semence qui est perdu, la faute n'en est pas à celui qui sème, mais à la terre qui reçoit la semence, c'est-à-dire à l'âme, car le semeur ne fait aucune distinction entre le pauvre et le riche, entre le sage et l'ignorant; il s'adresse à tous, faisant de son côté tout ce qui dépend de lui, tout en prévoyant ce qui doit arriver et motiver ce reproche: «Qu'ai-je dû faire que je n'aie pas fait ?» (Is 5,4) Or, s'il ne dit pas clairement qu'une partie de la semence est tombée sur les âmes négligentes qui l'ont laissé enlever, une autre sur les riches qui l'ont étouffée, une autre sur les âmes molles qui l'ont perdue, c'est qu'il ne veut pas blesser trop vivement les Juifs et les jeter dans le découragement. Cette parabole apprend encore à ses disciples à ne point négliger le ministère de la prédication, bien qu'un grand nombre de leurs auditeurs ne laissent pas de se perdre, puisque ce triste résultat n'a pas empêché le Seigneur qui prévoyait toutes choses, de répandre la semence de sa parole dans les coeurs.

S. Jér. Remarquez encore que c'est ici la première parabole que Notre-Seigneur fait suivre de son explication, et toutes les fois qu'il explique lui-même ses paroles, gardez-vous de les entendre autrement ou de leur donner un sens plus ou moins étendu que l'explication donnée par le Seigneur lui-même. - Rab. Disons quelques mots de ce que le Sauveur nous laisse libres d'interpréter. Le chemin c'est l'âme pleine de zèle foulée et desséchée sous les pas des mauvaises pensées; la pierre, c'est la dureté d'une âme audacieuse; la terre, c'est la douceur d'une âme obéissante; le soleil, c'est l'ardeur de la persécution qui sévit. La profondeur de la terre, c'est la droiture de l'âme formée par les célestes enseignements. Nous avons déjà fait observer que les choses n'ont pas toujours un seul et même sens dans l'interprétation allégorique. - S. Jér. Toutes les fois que Notre-Seigneur nous donne cet avertissement: «Que celui qui a des oreilles pour entendre, qu'il entende», nous sommes prévenus de donner toute notre attention pour comprendre ses divines paroles. - Remi. Les oreilles pour entendre, ce sont les oreilles de l'âme qui doivent servir à l'intelligence et à l'accomplissement des commandements de Dieu.


vv. 10-17

4310 Mt 13,10-17

La Glose. Les disciples, remarquant qu'il y avait de l'obscurité dans le discours que le Seigneur adressait au peuple, voulurent lui conseiller de ne plus parler en paraboles: «Et ses disciples, s'approchant de lui, lui dirent», etc. - S. Chrys. (hom. 46). La conduite des Apôtres est vraiment digne d'admiration; malgré le désir qu'ils ont de s'instruire, ils choisissent le moment pour interroger, et ils ne le font pas publiquement, ce que saint Matthieu nous indique par ces paroles: «Alors ses disciples s'approchant», etc. Saint Marc est encore plus explicite, et dit clairement qu'ils vinrent le trouver en particulier (Mc 4,10). - S. Jér. On peut se demander comment ils purent s'approcher du Seigneur, puisqu'il se trouvait alors dans la barque. Il faut l'entendre dans ce sens qu'ils étaient montés avec lui dans cette barque, et que c'est là qu'ils lui demandèrent l'explication de la parabole. - Remi. L'Évangéliste dit qu'ils s'approchèrent pour marquer qu'ils l'interrogèrent; ou bien ils ont pu s'approcher réellement de lui, bien qu'il n'y eût qu'une légère distance qui les en séparât.

S. Chrys. (hom. 46). Remarquez aussi avec quelle vive affection ils se préoccupent du soin et des intérêts du prochain, avant de penser à ce qui les concerne, car ils ne lui disent pas: «Pourquoi nous parlez-vous en paraboles», mais: «Pourquoi leur parlez-vous en paraboles ?» «C'est, leur répond-il, que pour vous autres, il vous a été donné de connaître les mystères du royaume des cieux». - Remi. Pour vous, dis-je, qui me suivez, et qui croyez en moi. Les mystères du royaume des cieux, c'est la doctrine évangélique; mais pour eux, c'est-à-dire pour ceux qui sont au dehors et ne veulent pas croire en lui (les scribes, les pharisiens et tous les autres qui persévèrent dans leur infidélité), il ne leur a pas été donné de les comprendre. Joignons-nous donc aux disciples pour approcher du Seigneur avec un coeur pur, afin qu'il daigne nous expliquer la doctrine de l'Évangile, selon cette parole du Deutéronome : «Ceux qui se tiennent à ses pieds recevront sa doctrine» (Dt 33,3). - S. Chrys. (hom. 46). En parlant de la sorte, Notre-Seigneur n'établit pas le système de la nécessité ou de la fatalité; il veut simplement montrer que ceux qui n'ont pas reçu cette faveur sont eux-mêmes la cause de tous leurs maux, et que la connaissance des mystères divins est un don de Dieu et une grâce qui descend du ciel. Cependant le libre arbitre n'est pas pour cela détruit, ces paroles et celles qui suivent le prouvent évidemment. En effet, pour ne pas jeter dans le désespoir ceux qui n'ont pas reçu cette grâce, ou dans la négligence ceux à qui elle a été donnée, il nous dit clairement que la raison première de ces dons vient de nous: «Celui qui a déjà, on lui donnera encore», etc., paroles dont voici le sens: Celui qui est plein d'ardeur et de zèle recevra en abondance tous les dons de Dieu, mais s'il en est dépourvu et qu'il ne prête en aucune manière son concours, il ne recevra pas les dons de Dieu, et il perdra même ce qu'il a; non pas que Dieu le lui enlève, mais parce qu'il se rend indigne de conserver ce qu'il possède. Si donc nous voyons un de nos frères entendre la parole de Dieu avec négligence, et que nos efforts soient impuissants pour réveiller son attention, gardons le silence; car en insistant davantage, nous ne ferions qu'accroître sa négligence. Mais pour celui qui a le désir de s'instruire, nous l'attirons facilement, et nous ne craignons pas de prolonger nos discours. Notre-Seigneur a bien raison de dire: «Ce qu'il paraît avoir» (Lc 8,18 cf. Mc 4,25), car il ne possède pas même ce qu'il a.

Remi. Celui qui a le désir de la lecture recevra le don de l'intelligence, et celui qui n'a pas ce désir, se verra enlever jusqu'aux dons qu'il tenait de la nature. Ou bien, celui qui a la charité recevra toutes les autres vertus; mais celui qui n'a pas la charité en sera dépouillé, parce qu'il n'y a pas de bien possible sans la charité. - S. Jér. Ou bien encore, les Apôtres qui ont cru en Jésus-Christ, n'eussent-ils qu'une vertu médiocre, en recevront l'accroissement; mais les Juifs, qui n'ont pas voulu croire en lui, bien qu'il fût le Fils de Dieu, se verront enlever même les biens naturels qu'ils paraissent avoir; car ils ne peuvent rien comprendre avec sagesse, parce qu'ils n'ont pas en eux le principe de la sagesse. - S. Hil. (can. 13). Ajoutons que les Juifs, n'ayant pas la foi, ont perdu la loi qu'ils avaient reçue; car la foi chrétienne renferme tout don parfait; dès qu'on l'a reçue, elle s'enrichit de nouveaux fruits; mais si on la rejette, elle enlève jusqu'aux dons qu'on avait reçus précédemment.

S. Chrys. (hom. 46). Notre-Seigneur veut rendre encore plus claire cette vérité, et il ajoute: «Je leur parle en paraboles, parce qu'en voyant ils ne voient point». Si cet aveuglement venait de la nature, le Sauveur aurait dû leur ouvrir les yeux; mais comme il était volontaire, il ne dit pas simplement: Ils ne voient pas, mais «en voyant, ils ne voient pas». Ils l'ont vu, en effet, chasser les démons, et ils ont dit: «C'est par Béelzébub qu'il chasse les démons» (Mt 12,24). Ils entendaient dire qu'il attirait tout le monde à Dieu, et ils disaient: «Cet homme ne vient pas de Dieu» (Jn 9,16). Mais comme ils affirmaient le contraire de ce qu'ils voyaient et de ce qu'ils entendaient, ils perdent la faculté de voir et d'entendre. En effet, cette faculté ne leur a servi de rien qu'à rendre leur condamnation plus terrible. Aussi dans le commencement il ne leur parlait pas en paraboles, mais en termes clairs et sans énigme, et il ne se sert de paraboles que parce qu'ils dénaturent tout ce qu'ils voient et tout ce qu'ils entendent. - Remi. Et remarquez que non seulement ses paroles, mais encore ses actions elles-mêmes, étaient autant de paraboles, c'est-à-dire des symboles des choses spirituelles, ce que prouvent évidemment les paroles suivantes: «Parce qu'en voyant ils ne voient point»; car on ne peut voir les paroles, mais seulement les entendre. - S. Jér. Notre-Seigneur parle ainsi de ceux qui sont sur le rivage, et qui, autant par suite de la distance qui les sépare de Jésus, que du bruit des flots, n'entendaient pas clairement ce qu'il disait.

S. Chrys. (hom. 46). Afin qu'ils ne pussent dire: C'est notre ennemi qui nous accuse, il leur cite le Prophète qui rend pleinement témoignage à ce qu'il vient de dire: «Et la prophétie d'Isaïe s'accomplit en eux: vous entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez pas, et en voyant, vous ne verrez pas» (Is 6,9), c'est-à-dire vous entendrez de vos oreilles des paroles, mais vous n'en comprendrez pas le sens; vous verrez de vos yeux mon humanité, et vous ne verrez pas, c'est-à-dire vous ne comprendrez pas ma divinité. - S. Chrys. (hom. 46). Il leur parle de la sorte, parce qu'ils se sont privés eux-mêmes de la faculté de voir et d'entendre en fermant leurs oreilles et leurs yeux, et en laissant leur coeur s'appesantir; car leur crime n'était pas seulement de ne pas entendre, mais d'être contrariés d'entendre; c'est pour cela qu'il ajoute: «Leur coeur s'est appesanti». - Rab. Le coeur des Juifs s'est appesanti sous le poids de leur malice, et c'est la multitude de leurs péchés qui leur a fait entendre avec peine les paroles du Seigneur qu'ils recevaient avec une superbe ingratitude. - S. Jér. De peur que nous ne pensions que cet appesantissement du coeur et cette surdité de l'ouïe étaient un vice de la nature et non de la volonté, il prouve que c'était la suite du mauvais usage de leur liberté en ajoutant: «Et ils ont fermé les yeux».

S. Chrys. (hom. 46). Jusqu'ici il a fait voir l'étendue de leur malice et leur éloignement affecté à l'égard de Dieu; mais comme son désir est de les attirer à lui, il ajoute: «Et que s'étant convertis, je ne les guérisse», paroles qui prouvent que s'ils voulaient se convertir, il les guérirait. Ainsi lorsqu'on dit d'une personne quelconque: S'il m'en avait prié, je lui aurais immédiatement pardonné, on déclare à quelles conditions le pardon est offert; de même en disant: «De peur que s'étant convertis je ne les guérisse», Notre-Seigneur montre et qu'il leur est possible de se convertir, et qu'en faisant pénitence ils seront sauvés.

S. Aug. (Quest. évang). Ou bien encore, ils ont fermé les yeux afin de ne pas voir de leurs yeux, c'est-à-dire qu'eux-mêmes ont été cause que Dieu leur a fermé les yeux, comme le dit un autre Évangéliste : «Il a aveuglé leurs yeux» (Jn 12,40). Est-ce de telle sorte qu'ils ne voient jamais, ou bien est-ce afin qu'ils ne voient point en regrettant et en déplorant leur aveuglement, de manière qu'étant profondément humiliés de cet état, ils soient amenés à confesser leurs péchés et à chercher Dieu avec amour? C'est ainsi que saint Marc l'entend: «De peur qu'ils ne viennent à se convertir, et que leurs péchés ne leur soient pardonnés» (Mc 4,12). Nous voyons donc clairement que par leurs péchés ils se sont rendus indignes de comprendre, et que cependant, par un effet de la miséricorde de Dieu, ils ont pu connaître leurs péchés, et en obtenir le pardon par leur conversion. Mais la manière dont saint Jean rapporte ce passage: «Ils ne pouvaient croire, parce que Isaïe a dit encore: Il a aveuglé leurs yeux, et il a endurci leur coeur, de peur qu'ils ne voient de leurs yeux, et ne comprennent du coeur, et qu'ils se convertissent, et que je les guérisse» (Jn 12,39-40), paraît contredire cette explication, et nous force d'entendre ces paroles: «De peur qu'ils ne voient de leurs yeux», non pas d'un aveuglement qui leur permettra de voir un jour, mais dans ce sens que cet aveuglement sera perpétuel. En effet, saint Jean dit clairement: «Afin qu'ils ne voient pas de leurs yeux», et en ajoutant: «C'est pour cela qu'ils ne pouvaient pas croire», il montre assez que cet aveuglement n'a pas eu lieu, afin que, vivement touchés de cet état et regrettant de ne pas comprendre, ils se convertissent en faisant pénitence (car c'est ce qu'ils ne pourraient faire sans croire tout d'abord, puisque la foi est ce principe de leur conversion, comme la conversion est le principe de leur guérison, et leur guérison la condition nécessaire pour comprendre); mais cet Évangéliste nous déclare, au contraire, qu'ils ont été aveuglés, de manière que la foi leur fût impossible, puisqu'il dit ouvertement: «C'est pour cela qu'ils ne pouvaient croire». Or, s'il en est ainsi, qui ne prendrait la défense des Juifs et ne proclamerait qu'ils ne sont nullement coupables de n'avoir pas cru? Car s'ils n'ont pas cru, c'est que Dieu a aveuglé leurs yeux. Mais comme nous ne devons point supposer l'ombre de faute en Dieu, il nous faut reconnaître que certains autres péchés ont été causes de cet aveuglement qui leur a rendu la foi impossible. Car voici comme s'exprime saint Jean: «Ils ne pouvaient croire, parce qu'Isaïe a dit encore: Il a aveuglé leurs yeux». C'est donc en vain que nous nous efforçons de comprendre qu'ils ont été aveuglés à cette fin qu'ils pussent se convertir, puisqu'au contraire ils ne pouvaient pas se convertir parce qu'ils ne croyaient pas, et qu'ils ne pouvaient croire parce qu'ils étaient aveugles. Toutefois on peut dire, avec quelque apparence de raison, qu'un certain nombre de Juifs auraient pu être guéris, mais que cependant l'excès de leur orgueil était monté à un tel point, qu'il leur était avantageux de ne pas croire tout d'abord. Ils ont donc été aveuglés pour ne pas comprendre les paraboles du Seigneur; ne les comprenant pas, ils ne crurent pas en lui, et ne croyant pas en lui, ils le crucifièrent avec les autres Juifs qui étaient perdus sans espoir. Mais après la résurrection ils se convertirent, alors que profondément humiliés du crime du déicide qu'ils avaient commis, ils aimèrent avec plus d'ardeur celui qu'ils reconnaissaient avec joie leur avoir pardonné un si grand crime; car il fallait que la grandeur de leur orgueil fût abattue par cet excès d'humiliation. Cette explication pourrait paraître singulière si les faits ne lui donnaient raison, comme nous le lisons expressément au livre des Actes (Ac 2,37). La manière dont saint Jean s'exprime: «C'est pour cela qu'ils ne pouvaient croire, parce qu'il a aveuglé leurs yeux, afin qu'ils ne voient point», ne lui est pas contraire; nous disons, en effet, qu'ils ont été aveuglés, afin qu'ils pussent se convertir, c'est-à-dire que les paroles du Seigneur leur furent d'abord cachées sous le voile des paraboles, afin qu'après sa résurrection, ils fussent ramenés à lui par une pénitence salutaire. Aveuglés d'abord par l'obscurité de ce langage, ils ne comprirent pas les paroles du Seigneur; ne les comprenant pas, ils ne crurent pas en lui, et ne croyant pas en lui, ils le crucifièrent. Mais après sa résurrection, saisis d'épouvante à la vue des miracles qui se faisaient en son nom, ils furent touchés jusqu'au fond du coeur de l'énormité d'un si grand crime, et donnèrent les preuves du plus humble repentir, et lorsqu'ils eurent reçu le pardon de leurs péchés, leur obéissance fut d'autant plus grande que leur amour était plus ardent; mais cet aveuglement ne fût pas ainsi pour tous le principe de leur conversion. - Remi. Cette phrase peut être entendue en ce sens qu'à chaque membre on sous-entende la particule négative; afin qu'ils ne voient pas de leurs yeux, qu'ils n'entendent pas de leurs oreilles, qu'ils ne comprennent pas de leur coeur, et qu'ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse.

La Glose. Les yeux de ceux qui voient et ne veulent pas croire sont donc bien malheureux. Mais pour vous, vos yeux sont heureux, parce qu'ils voient, et vos oreilles, parce qu'elles entendent». - S. Jér. Si nous n'avions pas lu plus haut que, pour exciter l'attention de ceux qui l'écoutaient, le Sauveur avait dit: «Que celui-là entende qui a des oreilles pour entendre» (Mt 13,9), nous aurions pu croire que ce sont les yeux et les oreilles du corps qu'il proclame bienheureux. Mais pour moi, ces yeux sont heureux qui peuvent connaître les mystères de Jésus-Christ, et heureuses ces oreilles dont Isaïe a dit: «Le Seigneur m'a donné une oreille pour l'écouter» (Is 50,5). La Glose. En effet, l'âme est véritablement un oeil, parce qu'elle s'applique par son énergie naturelle à l'intelligence des choses; l'âme est aussi l'oreille parce qu'elle peut recevoir les enseignements des autres. - S. Hil. (can. 43). Ou bien il veut parler ici du bonheur des Apôtres, à qui il fut donné de voir de leurs yeux et d'entendre de leurs oreilles le salut de Dieu, que les prophètes et les justes avaient désiré voir et entendre, et qui ne devait être révélé que dans la plénitude des temps, comme Notre-Seigneur le dit en termes exprès: «Car je vous dis en vérité, que beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l'ont pas vu, entendre ce que vous entendez, et ne l'ont point entendu.

S. Jér. Ce que le Sauveur dit ici paraît contraire à ce qu'il dit ailleurs: «Abraham a désiré voir mon jour, et il l'a vu, et il en a été réjoui» (Jn 8,56). - Rab. Isaïe lui-même (Is 6), Michée (Mi 7) et d'autres prophètes ont vu la gloire du Seigneur, et c'est pour cela qu'ils ont été appelés voyants (1S 9). - S. Jér. Aussi ne dit-il pas: Tous les prophètes et tous les justes, mais plusieurs, car dans ce nombre, les uns ont pu voir, et les autres être privés de cette faveur. Toutefois cette interprétation n'est pas sans danger, car elle paraît établir entre les saints différents degrés de mérite (quant à la foi qu'ils avaient en Jésus-Christ). Abraham vit sous des emblèmes, sous des nuages obscurs; mais vous avez sous vos yeux et vous possédez votre Seigneur, vous l'interrogez comme vous voulez, et vous vivez avec lui. - S. Chrys. (hom. 46). Ce que les Apôtres voient et entendent, c'est sa présence, ses miracles, sa voix, sa doctrine, et en cela il proclame leur sort préférable non seulement à celui des méchants, mais encore à celui des bons qui les ont précédés, et il les déclare plus heureux que les anciens justes, parce qu'ils voient non seulement ce que les Juifs ne voient point, mais encore ce que les prophètes et les justes ont désiré voir et n'ont pas vu. En effet, les anciens justes n'ont vu le Christ que par la foi, tandis que les Apôtres le voient de leurs yeux et sans obscurité. Admirez le parfait accord de l'Ancien Testament avec le Nouveau. Si les prophètes avaient été les serviteurs d'un dieu étranger ou opposé au vrai Dieu, jamais ils n'auraient désiré voir le Christ.



Catena Aurea 4246