Catena Aurea 7619

vv. 19-20


7619 Mc 16,19-20

S. Jér. Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui était descendu du ciel pour délivrer notre pauvre nature, remonte ensuite lui-même au plus haut des cieux: «Et le Seigneur Jésus, après leur avoir ainsi parlé, fut élevé dans le ciel», etc. - S. Aug. (De l'accord des Evang., 3, 25). L'Évangéliste semble vouloir nous faire entendre que ce fut là le dernier discours que Jésus leur adressa sur la terre; cependant rien ne nous force absolument de tirer cette conclusion. En effet, saint Marc s'exprime de la sorte: «Après qu'il leur eût parlé», on peut donc admettre, si la nécessité y contraignait, que ce ne fut point là le dernier entretien du Sauveur, et que ces paroles: «Après qu'il leur eût parlé, il fut élevé dans le ciel», s'étendent à tous les entretiens qu'il eut avec ses disciples pendant ces quarante jours. Cependant ce que nous avons dit plus haut, nous amène plus naturellement à conclure que ce furent réellement les derniers moments que le Sauveur passa sur la terre. C'est donc après les paroles rapportées par saint Marc et les autres détails que nous lisons dans les Actes des Apôtres, que le Seigneur est véritablement monté au ciel.

S. Grég. (hom. 29). Nous savons par l'Ancien Testament, qu'Elie a été enlevé au ciel (2R 2). Mais il faut distinguer ici entre le ciel éthéré et le ciel aérien ou atmosphérique qui est plus rapproché de la terre. Elie fut donc enlevé dans le ciel aérien, et déposé dans une région secrète du monde pour y vivre dans une paix profonde de l'âme et du corps, jusqu'à ce qu'il revienne à la fin du monde et paie son tribut à la mort. Remarquons aussi qu'Elie a été remporté sur un char, pour démontrer clairement que n'étant qu'homme il avait besoin d'un secours étranger; notre Rédempteur, au contraire, n'a eu besoin ni d'un char, ni des anges pour monter au ciel; créateur de toutes choses, il s'élevait par sa propre vertu au-dessus de tous les éléments. Considérons encore ce que saint Marc ajoute: «Et il est assis à la droite de Dieu» alors qu'Etienne s'écria: «Je vois les cieux ouverts, et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu» (Ac 7,55). Celui qui juge s'asseoit, celui qui combat ou porte secours se tient debout. Or, Etienne, au milieu du combat qu'il soutenait, voit debout Jésus-Christ qu'il avait pour soutien; mais saint Marc nous le montre assis à la droite de Dieu, parce qu'après la gloire de son ascension il paraît dans cette attitude comme juge des hommes à la fin du monde. - S. Aug. (du Symbole). Il ne faut point entendre qu'il est assis comme les hommes ont coutume de s'asseoir, et dans ce sens que le Père serait assis à la gauche, et le Fils à la droite; la droite, c'est la puissance qu'il a reçue de Dieu comme homme pour venir juger les hommes après qu'il était venu pour être jugé par eux. L'expression s'asseoir ou résider, a le même sens qu'habiter; ainsi nous disons d'un homme, il s'est assis ou il a résidé dans ce pays pendant trois ans; c'est donc ainsi que Jésus-Christ habite à la droite de Dieu le Père, il est heureux et il habite au sein de la béatitude, qui est appelée la droite du Père. Là, on ne connaît que la droite, parce qu'il n'y a plus aucune souffrance.

«Et eux, étant partis, prêchèrent partout», etc. - Bède. Il est à remarquer que l'évangéliste saint Marc prolonge d'autant plus son récit, qu'il l'a commencé à une période plus avancée de la vie du Sauveur. Il débute, en effet, par la prédication de Jean-Baptiste, et il conduit son récit jusqu'au temps où les Apôtres ont semé par tout l'univers cette même parole de l'Évangile. - S. Grég. (hom. 29). Que devons-nous considérer dans ces paroles? C'est que l'obéissance suit le commandement, et que les prodiges accompagnent l'obéissance que leur avait commandée le Seigneur: «Allez dans tout l'univers, et prêchez l'Évangile» (Mt 28,19); et dans les Actes, 3: «Vous me rendrez témoignage jusqu'aux extrémités de la terre» (Ac 1,8). - S. Aug. (Lett. 80 à Hésych). Mais comment la prédication des Apôtres s'est-elle répandue par toute la terre, alors qu'il y a encore des nations où l'Évangile commence à peine d'être prêché, et d'autres où elle n'a pas encore été portée? Nous répondons qu'en imposant ce commandement aux Apôtres, Notre-Seigneur ne leur donnait pas une mission qu'ils dussent seuls remplir. Ainsi, c'est aux Apôtres seuls qu'il semble avoir dit: «Voici que je suis avec vous jusqu'à la consommation des siècles» (Mt 28,20). Qui ne comprend cependant que cette promesse a été faite à l'Eglise universelle, qui au milieu de cette succession continuelle d'hommes qui meurent et d'autres qui naissent, doit subsister jusqu'à la consommation des siècles ?

Théophyl. Remarquons encore que la parole est confirmée par les oeuvres, comme les discours des Apôtres étaient confirmés par les miracles qui les accompagnaient. O Christ, faites que nos discours que nous prononçons avec autorité, soient toujours confirmés par nos oeuvres et par nos actes, afin qu'à l'aide de votre coopération toute-puissante, nous devenions parfaits dans toutes nos paroles comme dans toutes nos actions, car c'est à vous seul qu'il faut renvoyer la gloire de nos paroles comme de nos oeuvres. Ainsi soit-il.



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LE SAINT ÉVANGILE DE JÉSUS-CHRIST


SELON SAINT LUC


PRÉFACE


Le prophète Isaïe qui prédit avec tant d'exactitude et de clarté les divers mystères de l'incarnation de Jésus-Christ, dit au chapitre 50: «J'envelopperai les cieux de ténèbres, et je les couvrirai comme d'un sac. Le Seigneur m'a donné une langue savante, afin que je puisse soutenir par la parole celui qui est abattu. Il m'éveille et me touche l'oreille tous les matins, afin que je l'écoute comme un maître» (Is 50,3-4). Ces paroles peuvent nous faire connaître l'objet et le genre de l'Évangile selon saint Luc, le but que cet évangéliste s'est proposé et dans quelles conditions il l'a écrit. - S. Aug. (De l'ac. des Ev., lib. 1, cap. 2 et 6). Saint Luc paraît s'être proposé surtout de décrire l'origine sacerdotale du Sauveur, et tout ce qui a rapport à sa personne. De là vient qu'on lui donne pour emblème un boeuf, le boeuf étant la principale victime que les prêtres offraient en sacrifice. - S. Ambr. (Préf. sur S. Luc). Le boeuf est par excellence la victime sacerdotale; cet évangéliste est donc parfaitement figuré par un boeuf, puisqu'il ouvre son récit par l'histoire d'une famille sacerdotale, et le termine en racontant beaucoup plus au long que les autres l'immolation de cette victime, figurée par les taureaux de l'ancienne loi, et qui se chargeant des péchés de tous les hommes, a été immolée pour la vie du monde entier. - Glos. Saint Luc s'étant proposé principalement de raconter la passion de Jésus-Christ, cet objet se trouve comme indiqué dans ces paroles: «J'envelopperai les cieux de ténèbres, et je les couvrirai comme d'un sac» (Is 50,3) Car, dans la passion du Sauveur, les ténèbres se répandirent littéralement sur la terre, et la foi des disciples fut couverte de nuages. - S. Jér. (sur Is 53). Jésus-Christ lui-même sur la Croix était couvert de mépris et d'opprobres, son visage était comme voilé par les ignominies, de manière que sa puissance toute divine était cachée sous l'infirmité d'un corps mortel.

S. Jér. Le style de saint Luc est plus pur et plus élégant que celui des autres évangélistes, et on y ressent comme un parfum de l'éloquence profane ce que semblent figurer ces paroles: «Le Seigneur m'a donné une langue savante». - S. Ambr. (com. préc). Car bien que les divines Écritures rejettent ces formes étudiées qu'affecte la sagesse profane, qui s'appuie bien plus sur l'éclat prétentieux des paroles que sur la vérité des choses; cependant si l'on veut chercher dans les saintes Écritures elles-mêmes des modèles que l'éloquence profane ne dédaignerait pas d'imiter, on en trouvera facilement. Saint Luc, en effet, a suivi un certain ordre historique, il raconte en plus grand nombre les miracles opérés par Notre-Seigneur, et en même temps son évangile renferme des leçons de toutes les vertus. Ainsi quoi de plus sublime pour la sagesse naturelle que ce récit où saint Luc nous représente l'Esprit saint comme le créateur même de l'incarnation du Seigneur? Il nous enseigne d'une manière non moins relevée toutes les vertus morales, comment par exemple, je dois aimer mon ennemi (Lc 6,27 Lc 6,32 Lc 6,35), j'y trouve même des leçons des choses qu'on pourrait appeler simplement rationnelles, par exemple: «Celui qui est fidèle dans les petites choses, l'est aussi dans les grandes» (Lc 16,10).

Eusèbe (Hist. ecclés., 3, 4). Saint Luc, né à Antioche, où il exerçait la profession de médecin, puisa dans la société ou dans la tradition des Apôtres les principes d'une médecine bien différente, et composa deux livres où sont expliquées les règles de cet art céleste, qui apprend à guérir non pas les corps mais les âmes: «Afin que je puisse soutenir par la parole celui qui est abattu» (Is 50,4). - S. Jér. Il nous apprend en effet lui-même que le Seigneur lui a confié le ministère de la parole pour soutenir le peuple errant et fatigué, et le ramener dans les voies du salut.

Grec. Or, saint Luc étant doué d'un esprit distingué et d'une vaste intelligence, se rendit habile dans les sciences des Grecs. Il acquit une connaissance parfaite de la grammaire et de la poésie, et s'instruisit à fond des règles de la rhétorique et de l'art de persuader, il excella également dans la philosophie, et enfin dans la médecine. Mais lorsque grâce à cette prodigieuse activité, il eut assez goûté les fruits de la sagesse humaine, il sentit le désir de posséder une sagesse plus élevée, il se rendit donc en toute hâte dans la Judée, et vint trouver Jésus-Christ pour jouir de sa présence et s'instruire à son école. La vérité s'étant fait connaître à lui, il devint un vrai disciple de Jésus-Christ, et resta longtemps auprès de ce divin Maître. - Glose. C'est ce qu'indiquent encore ces autres paroles: «Il m'éveille dès le matin» (Is 50,4), (comme on forme dès la jeunesse à la science profane; il m'éveille dès le matin et me touche l'oreille, pour la sagesse divine), pour que j'écoute attentivement les leçons du maître, c'est-à-dire de Jésus-Christ lui-même. - Eusèbe. (comme précéd). On dit qu'il écrivit son évangile sous la dictée de saint Paul, de même que saint Marc écrivit l'évangile qui porte son nom d'après les leçons de saint Pierre. - S. Chrys. (sur S. Mt hom. 4). Ils ont tous deux imité leur Maître, l'un à l'exemple de saint Paul répand ses eaux avec abondance, comme un fleuve majestueux, l'autre imite saint Pierre, qui s'est appliqué à être concis. - S. Aug. (De l'ac. des Evang., 4, 8). Les évangélistes ont écrit dans un temps où ils ont mérité de recevoir l'approbation non seulement de l'Église de Jésus-Christ, mais des apôtres eux-mêmes qui vivaient encore. Ces préliminaires suffisent.


CHAPITRE PREMIER


v. 1-4

9101 Lc 1,1-4

Eusèbe. (Hist. ecclésiast., 3, 4). Saint Luc commence son récit en nous faisant connaître la raison qui l'a déterminé à écrire son évangile; c'est que plusieurs avaient eu la prétention téméraire de raconter les choses dont il avait une connaissance plus parfaite: «Plusieurs, dit-il, s'étant efforcé de mettre par ordre l'histoire des choses». - S. Amb. (Préf. sur S. Luc). Car, de même que chez le peuple juif, un grand nombre de prophètes ont prophétisé sous l'inspiration de l'Esprit saint, tandis que d'autres n'étaient que de faux prophètes, de même aujourd'hui, sous la nouvelle loi, plusieurs ont entrepris d'écrire des évangiles qui ne sont pas de bon aloi; c'est ainsi qu'on nous donne un évangile, écrit, dit-on, par les douze Apôtres, un évangile que Basilide a eu la prétention d'écrire, un troisième même qui aurait pour auteur saint Mathias. - Bède. (Préf. Sur S. Luc). Lorsque saint Luc dit plusieurs, il a donc moins égard à leur nombre qu'à la diversité des hérésies que professaient ces prétendus évangélistes, qui sans avoir été favorisés des dons de l'Esprit saint et ne s'appuyant que sur leurs vains efforts, ont cherché bien plutôt à composer des récits particuliers qu'à reproduire la vérité historique des faits. S. Amb. (Ibid). Celui qui s'est efforcé de mettre en ordre, n'a dû ses efforts qu'à son travail personnel, et n'en peut espérer aucun résultat; au contraire, les dons et la grâce de Dieu n'exigent point d'efforts, et quand la grâce se répand dans une âme, elle l'arrose si largement, que l'esprit de l'écrivain loin d'être stérile, devient d'une inépuisable fécondité. C'est donc avec raison que saint Luc ajoute: «Des choses qui se sont accomplies parmi nous», ou dont nous avons une connaissance surabondante, car ce qui est abondant ne fait défaut à personne, comme aussi personne ne doute de ce qui s'est accompli, puisque la foi s'appuie alors sur des faits qui en sont la démonstration la plus claire. - Tite de Bostr. (sur la Préf. de S. Luc). Il ajoute: «Des choses», car ce n'est pas dans un corps simplement apparent, comme le prétendent les hérétiques que Jésus a fait son avènement parmi nous, mais comme il était la vérité, c'est réellement dans la vérité qu'il a accompli son oeuvre. - Orig. (Hom. 1 sur S. Luc). Il nous fait connaître qu'elles ont été pour lui les suites de cet avènement, en ajoutant: «Qui se sont accomplies parmi nous», c'est-à-dire qui nous ont été dévoilées dans toute leur clarté, (comme le signifie le mot grec peplhroforhmenwn - p åðëçñïöïñçìåíùí - que le latin ne peut rendre par un seul mot), car la connaissance de ces mystères était chez lui le résultat d'une foi certaine, raisonnée, et qui excluait jusqu'à l'ombre même du doute.

S. Chrys. (Ch. des Pèr gr). L'Évangéliste ne s'en rapporte pas seulement à son témoignage personnel, mais il s'appuie exclusivement sur celui des Apôtres, pour donner plus de poids à ses paroles: «Ainsi que nous les ont rapportées ceux qui les ont eux-mêmes vues dès le commencement». - Eusèbe. (Hist. ecclés., 3, 4). Il est donc certain que c'est dans les enseignements de saint Paul ou des autres Apôtres qui ont été attachés dès le commencement à la personne du Sauveur, que saint Luc a puisé la vérité historique de son récit. - S. Chrys. (comme précéd). Il se sert du mot, «ils ont vu», parce que le témoignage de témoins oculaires des faits, est pour nous le plus ferme motif de crédibilité.

Orig. De l'aveu de tous, l'objet final de certaines sciences est dans ces sciences elles-mêmes, comme la géométrie; pour d'autres, comme la médecine, cet objet est dans l'application, il en est ainsi de la parole de Dieu; aussi après nous avoir indiqué la source de la science par ces paroles: «Ils ont vu», il nous en fait connaître les oeuvres pratiques en ajoutant: «Et ils ont été ministres de la parole (ou du Verbe).» - S. Ambr. Cette dernière expression ne signifie pas que le ministère de la parole s'adressait plutôt à la vue qu'à l'ouïe; mais comme ici, ce Verbe n'était pas un Verbe parlé, mais un Verbe substantiel, saint Luc veut nous faire comprendre que ce n'est pas d'une parole ordinaire, mais d'une parole toute céleste, que les Apôtres furent les ministres. - S. Cyril. Saint Jean confirme ce que dit ici saint Luc, que les Apôtres ont vu ce Verbe de leurs yeux par ces paroles: «Le Verbe s'est fait chair, et il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire» (Jn 1,14); car c'est par le moyen de la chair que le Verbe s'est rendu visible. - S. Ambr. Mais ce n'est pas seulement comme homme revêtu de notre chair qu'ils ont vu Notre-Seigneur, ils l'ont vu comme Verbe, lorsque avec Moïse et Élie, ils ont été témoins de la gloire du Verbe, qui est resté invisible pour ceux qui n'ont pu voir que son corps. - Orig. Il est écrit dans l'Exode: «Le peuple voyait la voix du Seigneur» (Ex 20,18). Cependant la voix s'entend plutôt qu'elle n'est vue; mais l'écrivain sacré s'exprime de la sorte pour nous faire comprendre que la voix du Seigneur est visible pour d'autres yeux, que Dieu ouvre à ceux qui en sont dignes. Or, dans l'Évangile, ce n'est pas simplement la voix qui est vue, mais une parole qui est bien supérieure à la voix.

Théophyl. (préf. sur S. Luc). Nous pouvons conclure logiquement de ces paroles, que saint Luc n'a pas été un des premiers disciples du Sauveur, mais qu'il ne l'est devenu que dans là suite. D'autres se sont attachés à Jésus-Christ dès le commencement, comme Pierre et les fils de Zébédée. - Bède. Et cependant saint Matthieu et saint Jean, pour un grand nombre de faits qu'ils racontent, ont dû nécessairement avoir recours à ceux qui connaissaient les détails de l'enfance de Jésus, de sa jeunesse, de sa généalogie, et qui avaient pu être témoins de ses actions.

Orig. Saint Luc établit ensuite le droit qu'il avait d'écrire l'Évangile sur la connaissance qu'il en avait acquise, non par des rumeurs incertaines, mais par des traditions qui remontaient à l'origine des faits: «Il m'a semblé bon, après avoir tout appris dès le commencement, cher Théophile, d'en écrire l'histoire avec ordre». - S. Ambr. En disant: «Il m'a semblé bon», il n'exclut pas le bon plaisir de Dieu; car c'est Dieu lui-même qui prédispose la volonté de l'homme (Pr 8,35). Or, personne n'ignore que l'Évangile de saint Luc est plus étendu que les autres, aussi saint Luc prend-il soin d'établir solidement la vérité des faits qu'il raconte: «C'est après avoir été très exactement informé, que j'ai cru devoir écrire», non tout ce qu'il avait appris, mais une partie; car si toutes les choses qu'a faites Jésus étaient rapportées en détail, je ne crois pas, dit saint Jean, que le monde pût contenir les livres où elles seraient écrites (Jn 21,25). Du reste, c'est à dessein qu'il a omis une grande partie des faits racontés par les autres Évangélistes, afin que chaque Évangile dût son caractère particulier à la nature des mystères et des miracles qu'il renferme.

Théophyl. Il adressa son Évangile à Théophile, c'était un personnage distingué, peut-être même un prince; car l'épithète d'excellent ne se donnait qu'aux princes et aux gouverneurs, comme nous voyons saint Paul appeler le gouverneur Festus: «Très excellent Festus» (Ac 26,25. - Bède. Théophile signifie qui aime Dieu ou qui est aimé de Dieu; qui que vous soyez donc, si vous aimez Dieu, ou si vous désirez être aimé de Dieu, regardez cet Évangile comme écrit pour vous, et conservez-le comme un présent qui vous est fait, comme un gage qui vous est confié. Et ce ne sont pas des choses nouvelles, ou des secrets inconnus qu'il doit expliquer à ce même Théophile; il lui promet de lui exposer la vérité des choses dont il a été instruit, afin, dit-il, de vous faire connaître la vérité des choses qu'on vous a enseignées, c'est-à-dire pour que vous puissiez connaître dans leur ordre naturel, les paroles et les actions du Seigneur, dont le souvenir nous a été conservé. - S. Chrys. Ou encore, afin que vous ayez une certitude inébranlable des vérités que vous avez apprises, en les voyant consignées dans l'Écriture. - Théophyl. Souvent, en effet, nous regardons comme faux des faits qu'on avance dans la conversation, sans qu'on les mette par écrit; si, au contraire, on prend soin de les écrire, nous y ajoutons foi plus volontiers; car, pensons-nous, s'il n'était sûr de la vérité de ce qu'il dit, il ne l'écrirait point. - S. Chrys. On peut dire encore que toute cette préface de saint Luc contient deux choses: dans quelles conditions ceux qui l'ont précédé (saint Matthieu et saint Marc) ont écrit l'Évangile, et pour quel motif il a entrepris lui-même de l'écrire. Cette expression: «Ils se sont efforcés», peut donc s'appliquer, et à ceux qui n'ont mis la main à cette oeuvre que par présomption, et à ceux qui l'ont entreprise dans les conditions de respect et d'honneur qu'elle réclame. Or, le sens douteux de cette expression se trouve précisé par une double explication que saint Luc nous donne. Premièrement, lorsqu'il dit: «Des choses qui se sont accomplies parmi nous»; secondement, quand il ajoute: «Ainsi que nous les ont transmises ceux qui les ont eux-mêmes vues dès le commencement». Ce mot «ils nous ont transmis», me paraît encore renfermer un avertissement donné à ceux qui reçoivent l'Évangile, de travailler eux-mêmes à sa propagation; car de même que les Apôtres l'ont transmis, ceux qui l'ont reçu doivent à leur tour le transmettre à d'autres. Lorsque les faits évangéliques n'étaient pas encore consignés par écrits, il en résultait bien des inconvénients à mesure qu'on s'éloignait des faits. Aussi ceux qui avaient recueilli ces faits de la bouche des premiers disciples et des ministres du Verbe, agirent-ils sagement en les consignant dans des écrits qui les répandirent dans tout l'univers, dissipèrent les calomnies, prévinrent un fâcheux oubli, et constituèrent ainsi par la tradition l'intégrité des saints Évangiles.


v. 5-7

9105 Lc 1,5-7

S. Chrys. (Chaîne des Pèr. gr). Saint Luc commence son récit par l'histoire de Zacharie et de la naissance de Jean-Baptiste; préludant ainsi par le récit d'un moindre prodige au récit d'un prodige plus étonnant. Une Vierge devait être mère, la grâce nous prépare à ce mystère, en nous montrant une femme stérile devenue féconde. Le temps se trouve indiqué par ces paroles: «Dans les jours d'Hérode», et la dignité d'Hérode par ces autres: «Roi de Judée». Cet Hérode était différent de celui qui mit à mort Jean-Baptiste, il était roi, tandis que ce dernier n'était que tétrarque. - Bède. Ce règne d'Hérode, qui était étranger, est une preuve de la venue du Messie. Il était prédit en effet (Gn 49,12): «Le sceptre ne sortira point de Juda, ni le prince de sa postérité, jusqu'à ce que vienne celui qui doit être envoyé». Or, depuis la sortie d'Égypte, les Juifs furent gouvernés par des juges de leur nation, jusqu'au prophète Samuel, et ensuite par des rois jusqu'à la captivité de Babylone. Au retour de la captivité, ce furent les grands-prêtres qui exercèrent le pouvoir souverain jusqu'à Hyrcan, tout à la fois roi et pontife. Hyrcan ayant été mis à mort par Hérode, César-Auguste donna le royaume de Judée à ce dernier qui était étranger; et ce fut la trente unième année de son règne qu'eut lieu, selon la prophétie de Jacob, l'avènement de celui qui devait venir.

S. Ambr. La sainte Écriture nous apprend que pour être vraiment digne de louanges, il faut se rendre recommandable, non seulement par ses qualités personnelles, mais encore par le mérite de ses parents et par l'éclat d'une vertu sans tache qu'on a reçue d'eux comme un précieux héritage. Aussi la noblesse de saint Jean-Baptiste remonte-t-elle au-delà de ses parents jusqu'à ses ancêtres, et tire tout son éclat, non des dignités profanes, mais d'une longue succession de piété et de vertu. L'éloge est donc complet, puisqu'il embrasse la race d'où il descend, les vertus de ses parents, leurs fonctions, leurs actions, leur justice.

Les fonctions, c'étaient les fonctions sacerdotales: «Il y avait un prêtre nommé Zacharie». - Bède. Or saint Jean naquit d'une famille sacerdotale, afin qu'il pût annoncer le changement du sacerdoce ancien, avec d'autant plus de force, que lui-même était connu pour appartenir à la race sacerdotale. - S. Ambr. L'Évangéliste désigne la race par les ancêtres en disant: «De la famille d'Abia», c'est-à-dire, d'une famille distinguée entre les premières familles. - Bède. Car les princes du sanctuaire, c'est-à-dire, les grands-prêtres étaient choisis parmi les enfants d'Eléazar, comme parmi les enfants de Thamar, et David avait partagé au sort en vingt-quatre sections les fonctions du ministère qu'ils devaient remplir dans la maison de Dieu. Or, le huitième sort était échu à la famille d'Abia, de laquelle Zacharie était sorti. Ce n'est pas sans raison que le premier héraut du Nouveau Testament naît le huitième jour du sort, car le nombre huit désigne quelquefois le Nouveau Testament à cause du mystère du dimanche ou de notre résurrection, comme le nombre sept signifie souvent l'Ancien Testament, à cause du jour du sabbat. - Théophyl. L'Évangéliste veut montrer que saint Jean-Baptiste descendait légalement de la race sacerdotale, en ajoutant: «Sa femme était de la race d'Aaron, et elle avait nom Elisabeth», car il n'était point permis de prendre une femme dans une autre tribu que la sienne. Or Elisabeth signifie repos, et Zacharie, souvenir du Seigneur. - Bède. Saint Jean naît de parents justes, ainsi pouvait-il annoncer les préceptes de la vraie justice avec d'autant plus de confiance qu'il ne les avait pas appris comme une chose nouvelle pour lui, mais qu'il les avait gardés lui-même comme un héritage qu'il avait reçu de ses ancêtres. «Tous deux étaient justes devant Dieu», dit l'Évangéliste. - S. Ambr. Il comprend ainsi sous le nom de justice la sainteté de leur vie. Il ajoute avec beaucoup de sens: «Devant Dieu», car il peut arriver que par un vain désir de popularité on paraisse juste aux yeux des hommes sans l'être devant Dieu, si par exemple cette justice ne vient pas d'une intention simple et droite, mais n'est qu'un mensonge inspiré par le désir de plaire. C'est donc faire d'un homme un éloge complet que de dire: il est juste devant Dieu, car on n'est vraiment parfait qu'au témoignage de celui qui ne peut être trompé. Saint Luc comprend les actes de la vie dans l'accomplissement des commandements, et la justice dans l'observation des ordonnances. «Ils marchaient, dit-il, dans les commandements et les ordonnances du Seigneur». Nous marchons dans les commandements du Seigneur, lorsque nous obéissons à ses divins préceptes, et nous gardons ses ordonnances, lorsque toutes nos actions sont faites avec jugement. Or, nous devons avoir soin de faire le bien, non seulement devant Dieu, mais devant les hommes (Rm 12,17 2Co 8,21), et c'est pour cela qu'il ajoute «d'une manière irréprochable». La conduite est irréprochable lorsque la doctrine et la pureté de l'intention viennent se joindre à la bonté de l'action, et souvent encore une sainteté trop austère devient l'objet des reproches du monde. - Orig. (hom. 2). Une action juste peut aussi être faite par des motifs qui ne le sont pas, par exemple, si l'on fait des libéralités par esprit d'ostentation, ce qui n'est pas irréprochable.

«Et ils n'avaient pas de fils, parce qu'Elisabeth était stérile», etc. - S. Chrys. (Chaîne des Pèr. gr., Hom. sur la Genèse). Elisabeth ne fut pas la seule stérile, les épouses des patriarches, Sara, Rébecca, Rachel (ce qui était un sujet de honte chez les anciens), l'étaient aussi, et nous ne pouvons pas dire que leur stérilité fût une punition, puisque toutes étaient justes et vertueuses. Si donc Dieu permit qu'elles fussent stériles, c'était pour nous préparer à croire sans difficulté le mystère d'une Vierge qui enfante le Seigneur, après avoir cru préalablement à la fécondité des femmes stériles. - Théophyl. Dieu veut encore vous donner une autre leçon, c'est que la loi de Dieu demande beaucoup plus la fécondité spirituelle des enfants que la fécondité charnelle; aussi voyez-vous Zacharie et Elisabeth avancés dans la vie, beaucoup moins selon le corps que selon l'esprit, disposant des degrés dans leur coeur (cf. Ps 85,6), regardant leur vie comme un jour brillant et non comme une nuit ténébreuse, et marchant dans la décence comme durant le jour.


vv. 8-10

9108 Lc 1,8-10

Bède. Dieu avait établi par Moïse un seul grand-prêtre; à sa mort un autre devait le remplacer par ordre de succession. Cette loi fut observée jusqu'au règne de David qui, par l'inspiration de Dieu, en institua plusieurs. Voilà pourquoi l'Évangéliste nous dit que Zacharie remplissait en son rang les fonctions du sacerdoce: «Or Zacharie remplissant sa fonction de prêtre devant Dieu dans le rang de sa famille, il arriva par le sort, selon ce qui s'observait entre les prêtres», etc. - S. Ambr. Zacharie nous paraît ici désigné comme grand-prêtre, car le grand-prêtre seul pouvait entrer une seule fois l'année dans le second sanctuaire, non sans y porter du sang qu'il offrait pour ses propres péchés et pour ceux du peuple (He 9,8; cf. Ex 30,10 Lv 16,2 Lv 16,12 Lv 16,17 Lv 16,19). - Bède. Ce ne fut point une nouvelle élection du sort qui le désigna au moment où il fallait offrir les parfums, c'était d'après l'ordre établi anciennement, qu'il remplissait les fonctions du sacerdoce dans le rang de la famille d'Abia. «Cependant toute la multitude du peuple», etc. Aux termes de la loi, le pontife devait présenter l'encens dans le saint des saints, le dixième jour du septième mois, pendant que tout le peuple attendait hors du temple, et ce jour devait être appelé le jour de l'expiation ou de propitiation. L'Apôtre expliquant aux Hébreux le mystère de ce jour, leur montre Jésus, pontife véritable, pénétrant avec son propre sang dans les secrètes profondeurs des cieux, pour nous rendre propice Dieu son Père, et intercéder pour les péchés de ceux qui attendent encore en priant à la porte du ciel.

S. Ambr. Zacharie est ce grand-prêtre désigné par le sort, parce que le véritable grand-prêtre est encore inconnu, car celui qui est choisi au sort ne doit point son élection au suffrage des hommes. Le grand-prêtre était donc demandé au sort, et il était la figure d'un autre, c'est-à-dire, du grand-prêtre véritable et éternel qui devait réconcilier le genre humain avec Dieu son Père, non par le sang des victimes, mais par son propre sang. Alors c'était par ordre de famille que les prêtres se succédaient, maintenant le sacerdoce est éternel.


vv. 11-14

9111 Lc 1,11-14

S. Chrys. (hom. 2 sur l'incompréhens. natur. de Dieu). Zacharie étant entré dans le temple pour offrir à Dieu les prières de tout le peuple, comme médiateur entre Dieu et les hommes, vit l'ange debout dans le sanctuaire: «Et l'ange du Seigneur lui apparut». L'expression: «Il lui apparut», est très juste, puisque Zacharie l'aperçut tout à coup, et c'est ainsi que l'Écriture s'exprime lorsqu'elle parle de Dieu ou des anges; les choses que l'on voit sans y être préparé, elle dit qu'elles apparaissent. En effet, on ne voit pas de la même manière les choses sensibles et celui dont la nature est invisible, et qui ne se découvre que lorsqu'il le veut. - Orig. (hom. 3). Cette vérité s'applique, non seulement au temps présent, mais au siècle futur; lorsque nous sortirons de ce monde, Dieu et les anges n'apparaîtront pas à tous les hommes, mais seulement à ceux qui auront le coeur pur. Quant au lieu, il ne peut être ni utile ni nuisible à personne. - S. Chrys. (Chaîne des Pères grecs). Cette apparition fut sans obscurité et différente de celles qui ont lieu dans le sommeil; il s'agissait d'un événement extraordinaire, il fallait donc une vision évidente et certaine. - S. Jean Damasc. (de la foi orthod., lib. 2). Les anges cependant n'apparaissent pas aux hommes dans leur propre nature, mais ils revêtent pour se rendre visibles, la forme que Dieu lui-même a déterminée. - S. Bas. (Chaîne des Pèr. gr). Il dit: «À la droite de l'autel de l'encens», parce qu'il y avait un autre autel réservé pour les holocaustes. - S. Amb. C'est par une raison pleine de mystère que l'ange apparaît dans le temple, il venait annoncer la venue du véritable grand-prêtre, et Dieu préparait déjà le sacrifice céleste dont les anges eux-mêmes sont les ministres, car nous ne devons pas douter de la présence des anges au sacrifice où Jésus-Christ est immolé. Il apparut à droite de l'autel de l'encens, parce qu'il apportait le signe de la miséricorde divine: «Le Seigneur est à ma droite, afin que je ne sois pas ébranlé» (Ps 15).

S. Chrys. (hom. 2, sur l'incompr. nat. de Dieu). L'homme, quelque juste qu'il soit, ne peut voir apparaître un ange sans éprouver un sentiment de crainte, aussi Zacharie ne pouvant ni supporter l'aspect de l'ange, ni soutenir l'éclat qui l'environne, se trouble: «Et Zacharie fut troublé». Lorsque le conducteur d'un char s'épouvante et abandonne les rênes, les coursiers s'emportent, et le char se renverse; ainsi en est-il de l'âme, toutes les fois qu'elle est sous le poids de la crainte ou de l'inquiétude: «Et la frayeur le saisit», ajoute l'Évangéliste. - Orig. (hom. 4). Une forme nouvelle vient-elle à s'offrir aux regards de l'homme, elle jette le trouble dans son esprit et l'effroi dans son âme; aussi l'ange qui connaît cette disposition de la nature humaine, cherche d'abord à calmer cet effroi: «Mais l'ange lui dit: Ne craignez point», etc. - S. Athan. (vie de S. Ant). Voici donc un moyen facile de distinguer les bons esprits des mauvais; si la joie succède à la crainte, c'est un indice certain de l'intervention divine; car la paix de l'âme est un signe et comme un fruit de la présence de la majesté divine, mais si la frayeur qu'on a éprouvée persévère, c'est l'ennemi du salut qui en est la cause.

Orig. Il ne se contente pas de calmer son effroi, mais il lui apprend une nouvelle qui le comble de joie: «Votre prière, lui dit-il, a été exaucée, et Elisabeth, votre épouse, enfantera», etc. - S. Aug. (Quest. évang., liv. 2, q. 1). Remarquons ici tout d'abord, qu'il n'est point vraisemblable qu'au moment où il offrait le sacrifice pour les péchés du peuple ou pour son salut et sa rédemption, Zacharie, ce vieillard, dont la femme était avancée en âge, ait prié Dieu de lui accorder des enfants, car personne ne songe à demander dans ses prières ce qu'il n'a aucune espérance d'obtenir. Or Zacharie avait si peu l'espérance d'avoir des enfants qu'il refuse de croire à la promesse de l'ange. Ces paroles donc: «Votre prière a été exaucée», doivent s'entendre de la prière qu'il faisait pour le peuple. Mais comme le salut, la rédemption de ce peuple et la rémission des péchés devaient avoir lieu par Jésus-Christ; l'ange annonce de plus à Zacharie qu'il lui naîtrait un fils destiné à être le précurseur du Christ. - S. Chrys. (comme précéd). Ou bien pour preuve que sa prière est exaucée, il lui prédit la naissance d'un fils qui devait un jour proclamer: «Voici l'Agneau de Dieu», etc. - Théophyl. À cette question secrète de Zacharie: comment serai-je assuré de cette promesse? l'ange répond: En voyant Elisabeth devenir mère d'un fils, vous ne pourrez douter que les péchés du peuple ne soient remis. - S. Ambr. Ou bien encore, la plénitude et l'abondance sont les caractères des bienfaits de Dieu, ils ne sont point renfermés dans d'étroites limites, mais ils embrassent dans leur abondance tous les biens réunis; ainsi l'ange annonce d'abord à Zacharie l'heureux effet de sa prière, puis il lui prédit que sa femme, jusqu'alors stérile, lui donnerait un fils dont il indique le nom par avance: «Vous lui donnerez le nom de Jean», etc.

Bède. C'est toujours une preuve de mérite extraordinaire que Dieu lui-même impose un nom aux hommes, ou bien change celui qu'ils portaient. - S. Chrys. Remarquons aussi que les hommes qui devaient donner dès leur plus tendre jeunesse des signes d'une vertu éclatante, ont reçu dès lors leur nom du ciel, tandis que ceux dont la vertu ne devait se manifester que dans le cours de leur vie, n'ont reçu ce nom que plus tard. - Bède. Or Jean signifie, qui a la grâce, ou grâce du Seigneur. Ce nom présage la grâce que Dieu faisait à ses parents en leur donnant un fils dans leur extrême vieillesse, à Jean lui-même qui devait être grand devant Dieu, enfin aux enfants d'Israël qu'il devait convertir au Seigneur; c'est pour cela qu'il ajoute: «Vous en serez dans la joie et dans le ravissement». - Orig. En effet, lorsqu'un juste vient au monde, les auteurs de sa naissance se réjouissent, tandis que la naissance d'un enfant qui semble prédestiné à la prison et à l'échafaud, jette ceux qui lui ont donné le jour dans la consternation et l'abattement. - S. Ambr. Les saints ne sont pas seulement la joie et la consolation de leurs parents, mais encore le salut d'un grand nombre: «Plusieurs, ajoute l'ange, se réjouiront de sa naissance». Apprenons ici à nous réjouir de la naissance des saints; que les parents apprennent à en rendre grâces à Dieu, car c'est une grâce insigne que Dieu leur fait, lorsqu'il leur donne des enfants destinés à perpétuer leur race et à recueillir l'héritage de leurs biens.



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