Catena Aurea 9233

vv. 33-35

9233 Lc 2,33-35

Ch. des Pèr. gr. Chaque fois que la connaissance des choses surnaturelles revient à la mémoire, chaque fois aussi elles produisent dans l'âme un nouveau sentiment d'admiration et d'étonnement: «Et le père et la mère de Jésus étaient dans l'admiration des choses que l'on disait de lui». - Orig. (hom. 19). Des choses qui avaient été annoncées par l'ange et publiées par la multitude de l'armée céleste, aussi bien que par les bergers et par Siméon lui-même. - Bède. Joseph est appelé le père du Sauveur, non qu'il soit véritablement son père (comme les photiniens l'ont osé blasphémer), mais parce que Dieu voulait qu'il passât aux yeux de tous pour son père, afin de sauvegarder la réputation de Marie. - S. Aug. Il peut être appelé d'ailleurs le père de Jésus dans le même sens qu'il est appelé l'époux de Marie, sans avoir avec elle aucun rapport charnel, et par le seul fait de l'union conjugale; et à ce titre il est son père d'une manière plus étroite que s'il l'avait adopté pour son enfant. Car pourquoi refuser à Joseph le nom de père de Jésus-Christ, parce qu'il ne l'avait pas engendré, alors qu'il pourrait être appelé très bien le père d'un enfant qu'il aurait adopté, sans même que son épouse en fût la mère? - Orig. Si l'on désire une raison plus élevée, voici ce que l'on peut répondre: La suite de la généalogie descend de David à Joseph; or, on ne verrait pas trop pourquoi le nom de Joseph s'y trouve, puisqu'il n'est pas le père du Sauveur; il est donc appelé le père du Seigneur, pour ne point déranger l'ordre de la généalogie.

Ch. des Pèr. gr. Après avoir offert à Dieu un juste tribut de louanges, Siméon bénit à leur tour ceux qui ont apporté l'enfant au temple: «Et Siméon les bénit». Cette bénédiction s'adresse à tous les deux, mais il réserve pour la mère de Jésus la prédiction des secrets divins. La bénédiction commune à Joseph et à Marie, respecte les droits que lui donne son titre de père; mais la prédiction que Siméon fait à Marie seule proclame hautement qu'elle est la véritable mère de Jésus: «Et il dit à Marie, sa mère», etc. - S. Amb. La grâce de Dieu se répand sur tous avec abondance par la naissance du Sauveur, et si le don de prophétie est refusé aux incrédules, il est accordé aux justes; Siméon prophétise que Jésus est venu pour la ruine et la résurrection de plusieurs. - Orig. (hom. 17). D'après l'explication la plus simple, on peut dire que Jésus-Christ est venu pour la ruine des infidèles et pour le salut de ceux qui croient. - S. Chrys. (ch. des Pèr. gr). La lumière, bien qu'elle fatigue et trouble les yeux débiles, ne laisse pas d'être toujours la lumière; ainsi le Sauveur ne cesse point d'être Sauveur, quoiqu'un grand nombre d'hommes se perdent. Leur ruine, en effet, n'est point son oeuvre, elle est l'oeuvre de leur folie. Aussi sa puissance éclate à la fois dans le salut des bons, et dans la ruine des méchants; car plus le soleil est brillant, plus il éblouit et trouble les yeux affaiblis.

S. Grég. de Nysse. (Ch. des Pèr. gr). Considérez attentivement avec quel heureux choix d'expressions il fait ressortir cette distinction; la révélation du salut doit se faire devant tout le peuple, mais la ruine et le salut ne sont le partage que d'un grand nombre. Dieu, en effet, se propose le salut de tous les hommes, et leur élévation à une gloire toute divine, mais le salut et la perte dépendent de la volonté d'un grand nombre, de ceux qui embrassent la foi et de ceux qui la rejettent. Or, il n'y a rien d'absurde à croire que ceux qui sont abattus et que les incrédules soient relevés. - Orig. Un interprète trop subtil objectera peut-être que nul ne peut tomber s'il n'était préalablement debout; qu'il me dise donc quel est celui que le Sauveur a trouvé debout, et pour la ruine duquel il serait venu. - S. Grég. de Nysse. Le saint vieillard Siméon veut donc ici parler d'une ruine entière et profonde, c'est-à-dire que le châtiment des coupables ne devait pas être, après l'accomplissement du mystère de l'incarnation et la prédication de l'Évangile, le même qu'il était avant la venue du Sauveur. Et il a surtout en vue les enfants d'Israël qui devaient perdre tous les biens dont ils jouissaient, et encourir des châtiments plus terribles que toutes les autres nations, parce qu'ils ont refusé de recevoir celui que leurs prophètes avaient annoncé, celui qui a été adoré parmi eux, celui qui est né du milieu d'eux. Ils sont donc particulièrement menacés de ruine, non seulement parce qu'ils n'ont rien à espérer pour le salut de leurs âmes, mais parce qu'ils verront l'entière destruction de leur ville et de ses habitants. Au contraire, la résurrection est promise à tous ceux qui croient, tant à ceux qui sont comme abattus sous le joug de la loi et qui seront relevés de cette servitude, qu'à ceux qui sont ensevelis avec Jésus-Christ, et qui ressusciteront avec lui. - Idem. (serm. sur la renc. du Seig). De l'admirable concordance de ces paroles avec les oracles prophétiques, apprenez que c'est un seul et même Dieu, un seul et même législateur qui a parlé dans les prophètes et dans le Nouveau Testament. En effet, les prophètes ont annoncé que le Christ serait une pierre de chute, une pierre de scandale (Ps 117,22 Mt 21,42 Is 8,14 Rm 9,33), afin que ceux qui croient en lui ne soient pas confondus. Il est donc une cause de ruine pour ceux qui sont scandalisés de l'humilité de sa chair, et un principe de résurrection pour ceux qui ont reconnu la certitude de l'accomplissement des conseils divins.


Orig. Il y a encore ici une leçon plus élevée à l'adresse de ceux qui se récrient contre le Dieu créateur en disant: «Voyez quel est ce Dieu de la loi et des prophètes: C'est moi, dit-il, qui fais mourir, et c'est moi qui rend la vie». (Dt 32,39). Or, si à cause de ces paroles vous le traitez de juge cruel et de créateur barbare, il est on ne peut plus évident que Jésus est son fils; car l'Écriture ne s'explique pas autrement à son égard, en disant qu'il est venu pour la ruine et la résurrection de plusieurs. - S. Ambr. C'est-à-dire qu'il est venu pour apprécier et juger les mérites des justes et des pécheurs, et nous décerner, en juge équitable et intègre, des châtiments ou des récompenses, selon la nature de nos oeuvres. - Orig. (hom. 17). Il n'est peut-être pas inutile de remarquer que le Sauveur n'est pas venu à l'égard de tous pour la ruine et pour la résurrection, entendues dans le même sens. En effet, comme je me tenais debout dans le péché, il a été d'abord dans mon intérêt de tomber, et de mourir au péché; et les prophètes eux-mêmes, quand une vision auguste se révélait à leurs yeux, tombaient la face contre terre, afin de se purifier davantage de leurs péchés par cette chute volontaire. Le Sauveur vous accorde d'abord la même grâce. Vous étiez pécheur; que le pécheur qui est en vous, tombe et meure, pour que vous puissiez ressusciter et dire: «Si nous mourons avec lui, nous vivrons aussi avec lui» (2Tm 2,11). - S. Chrys. Or, la résurrection, c'est une vie toute nouvelle; lorsqu'un impudique devient chaste, un avare miséricordieux, un homme violent plein de douceur, c'est une véritable résurrection, où nous voyons le péché frappé de mort, et la justice ressuscitée.

«Et en signe que l'on contredira». - S. Bas. La croix est appelée par l'Écriture, dans un sens véritable, un signe de contradiction; car il est dit que Moïse fit un serpent d'airain, et l'éleva pour être un signe (Nb 21,9). - S. Grég. de Nysse. (Ch. des Pèr. gr). L'ignominie se trouve ici mêlée à la gloire. Ce signe nous offre, à nous chrétiens, ce double caractère de contradiction, lorsque les uns n'y voient qu'un objet de dérision et d'horreur; de gloire, lorsqu'il est pour les autres un signe auguste et vénérable. Peut-être aussi est-ce Jésus-Christ lui-même qui est ce signe, lui qui est supérieur à toute la nature, et l'auteur de tous les signes miraculeux. - S. Bas. En effet, un signe est comme un indice qui nous fait connaître une chose mystérieuse et cachée; les plus simples voient le signe extérieur, mais il n'est compris que de ceux qui ont l'intelligence exercée. - Orig. (hom. 17). Or, tout ce que l'histoire évangélique nous raconte de Jésus-Christ est contredit, non pas, sans doute, par nous qui croyons en lui, et qui savons que tout ce qui est écrit de lui est la vérité, mais par les incrédules, pour lesquels tout ce que l'Écriture nous rapporte du Sauveur est un signe et un objet de contradiction.

S. Grég. de Nysse. Cette prédiction concerne le Fils, mais elle s'adresse aussi à sa mère qui partage tous ses dangers comme toutes ses gloires, et le vieillard Siméon ne lui prédit pas seulement des joies, mais des afflictions et des douleurs: «Et votre âme sera percée d'un glaive». - Bède. Nous ne voyons dans aucune histoire que Marie ait fini ses jours par le glaive, d'ailleurs ce n'est pas l'âme, mais le corps qui est accessible aux coups mortels du glaive. Il nous faut donc entendre ici ce glaive dont le Psalmiste a dit: «Ils ont un glaive sur leurs lèvres (Ps 58,8), et c'est ce glaive, c'est-à-dire la douleur que Marie éprouva de la passion du Sauveur, qui transperça son âme. Car bien qu'elle sût que Jésus-Christ, comme Fils de Dieu, mourait parce qu'il le voulait, et qu'elle ne doutât nullement qu'il triompherait de la mort, cependant elle ne put voir crucifier le propre fils de ses entrailles sans un vif sentiment de douleur. - S. Ambr. Ou bien peut-être Siméon veut-il nous apprendre par ces paroles, que Marie n'ignorait point le secret des célestes mystères; car le Verbe de Dieu est vivant et efficace, et plus pénétrant que le glaive le plus aigu et le plus tranchant (He 4,12). - S. Aug. (Quest. sur l'Anc. et le Nouv. Test., chap. 73). Ou bien enfin, peut-être veut-il signifier que Marie elle-même, par laquelle s'est accompli le mystère de l'incarnation, a eu à la mort du Seigneur, et sous l'impression de la douleur comme un moment de doute et d'hésitation, en voyant le Fils de Dieu réduit à ce degré d'humiliation qui le faisait mourir sur une croix. Et de même qu'un glaive qui ne fait qu'effleurer un homme, lui donne un vif sentiment de crainte, mais sans le blesser; ainsi le doute lui inspira un vif sentiment de tristesse, mais sans donner la mort, parce qu'il ne s'arrêta pas dans son âme, mais la traversa seulement comme une ombre.

S. Grég. de Nysse. La mère de Jésus n'est point la seule dont le vieillard Siméon nous prédit les sentiments au temps de la passion du Sauveur; il ajoute: «Afin que les pensées cachées dans le coeur de plusieurs soient découvertes». Cette manière de parler indique tout simplement le fait qui doit arriver, et nullement la cause qui le produit. En effet, à la suite de tous ces événements, le voile qui couvrait les intentions d'un grand nombre fut découvert; les uns reconnaissaient un Dieu dans celui qui mourait sur la croix, les autres, malgré cet affreux supplice, ne cessaient de l'accabler d'injures et d'outrages. Ou bien ces paroles signifient qu'au temps de la passion, on vit à découvert les pensées d'un grand nombre de coeurs, à qui la résurrection inspira ensuite de meilleurs sentiments; car le doute de quelques instants fit bientôt place à une certitude inébranlable. Peut-être encore le mot révélation a ici le sens d'illumination, comme dans beaucoup d'autres endroits de l'Écriture. - Bède. Jusqu'à la fin du monde, l'âme de l'Église est toujours traversée par le glaive de la plus amère tribulation, lorsqu'elle voit, en gémissant, que le signe de la foi est en butte aux contradictions des méchants, lorsqu'à la prédication de la parole de Dieu, elle en voit un grand nombre ressusciter à la vie avec Jésus-Christ, mais un grand nombre aussi tomber des hauteurs de la foi dans l'abîme de l'incrédulité; lorsque, pénétrant les pensées cachées dans le coeur d'une multitude de chrétiens, elle s'aperçoit que là où elle avait semé la bonne semence de l'Évangile, l'ivraie des vices l'emporte sur cette bonne semence, et quelquefois l'étouffe et la remplace entièrement. - Orig. (hom. 17). Il y avait dans les hommes bien des pensées mauvaises qui ont été révélées, pour être détruites par celui qui a voulu mourir pour nous; car tant qu'elles demeuraient cachées, il était impossible de les détruire entièrement. Si donc nous avons péché, nous devons dire avec le Roi-prophète: «Je n'ai point caché mon iniquité» (Ps 31,5; cf. Jb 31,33); car si nous découvrons nos péchés, non seulement à Dieu, mais à ceux qui ont le pouvoir de guérir les blessures de notre âme, nos péchés seront complètement effacés.


vv. 36-38

9236 Lc 2,36-38

S. Ambr. Siméon avait prophétisé, une femme mariée avait prophétisé, une vierge avait prophétisé; il fallait qu'une veuve aussi eût part à ce don de prophétie, pour que chaque condition, comme chaque sexe fût représenté dans cette circonstance: «Il y avait aussi une prophétesse nommée Anne, fille de Phanuel», etc. - Théophyl. L'Évangéliste entre dans tous les détails qui peuvent nous faire connaître cette sainte prophétesse, il nous dit quel était son père, sa tribu, et semble produire de nombreux témoins qui connaissaient son père et sa tribu. - S. Grég. de Nysse. (serm. sur la renc. du Seig). Ou bien peut-être alors, d'autres personnes portaient le même nom. Il fallait donc, pour la désigner plus clairement, dire quel était son père, sa famille et sa condition.

S. Ambr. Anne, par le mérite d'une longue viduité et par ses vertus, se présente avec tous les titres qui la rendent digne d'annoncer le Rédempteur de tous les hommes: «Elle était avancée en âge, elle n'avait vécu que sept ans avec son mari», etc. - Orig. (hom. 17). Ce n'est point fortuitement et sans mérite de sa part que l'Esprit saint avait fixé en elle sa demeure. La première et la plus excellente grâce, c'est la grâce de la virginité; mais si une femme n'a pu y atteindre, et qu'elle vienne à perdre son mari, qu'elle reste veuve, et qu'elle soit dans cette disposition, non seulement après la mort de son mari, mais lorsqu'il vit encore; ainsi, en supposant même qu'elle ne devienne pas veuve, Dieu couronnera sa bonne volonté et sa généreuse résolution. Voici donc le langage qu'elle doit tenir: Je fais voeu, je promets, si ce malheur m'arrive (ce que je suis loin de désirer), de ne plus songer qu'à rester veuve et chaste toute ma vie. C'est donc à juste titre que cette sainte femme mérita de recevoir l'esprit de prophétie, parce que tant d'années passées dans la pratique de la chasteté, dans les jeûnes et dans les prières, l'avaient élevé à ce haut degré de sainteté: «Elle ne quittait point le temple, servant Dieu», etc. - S. Grég. de Nysse. Nous voyons par cette énumération qu'elle possédait toutes les autres vertus. Et voyez quelle conformité de vertus avec Siméon. Ils étaient ensemble dans le temple, ils furent tous deux, au même moment, jugés dignes du don de prophétie: «Et, survenant à cette même heure, elle louait le Seigneur», c'est-à-dire qu'elle lui rendait grâce en voyant le salut du monde au milieu du peuple d'Israël, et elle proclamait que Jésus était à la fois Rédempteur et le Sauveur de tous les hommes: «Et elle parlait de lui à tous ceux qui attendaient la rédemption d'Israël». Mais comme la prophétesse Anne parle peu du Christ, et en termes peu précis, l'Évangéliste n'a pas cru devoir rapporter ses propres expressions. Peut-être pourrait-on dire que Siméon a parlé le premier, parce qu'il représentait la loi (car son nom veut dire obéissance), tandis qu'Anne (suivant l'interprétation de son nom), représentait la grâce. Le Christ se trouvait entre les deux, il laisse donc mourir avec la loi le vieillard Siméon, tandis qu'il prolonge la vie de cette sainte veuve qui représente la vie de la grâce.

Bède. Dans le sens allégorique, Anne est la figure de l'Église qui, dans la vie présente, est comme veuve par la mort de son époux. Le nombre des années de sa viduité représente la durée du pèlerinage de l'Église loin du Seigneur. En effet, sept fois douze font quatre-vingt-quatre. Or, le nombre sept exprime la suite des siècles (qui sont compris dans l'espace de sept jours), et le nombre douze se rapporte à la perfection de la doctrine apostolique. On peut donc dire, soit de l'Église universelle, soit de toute âme fidèle qui, dans tout le cours de sa vie, demeure fidèle à la doctrine des Apôtres, qu'elle a servi le Seigneur pendant quatre-vingt-quatre ans. Les sept ans qu'elle avait passés avec son mari rentrent aussi dans cette interprétation; car c'est par suite d'un privilège particulier à la majesté du Seigneur, de sa vie mortelle, que le nombre de sept années a été choisi pour exprimer la perfection. La prophétesse Anne est également favorable à ces significations mystérieuses, qui ont l'Église pour objet; car Anne veut dire sa grâce, elle est fille de Phanuel, qui signifie face de Dieu, elle est de la tribu d'Aser, qui veut dire bienheureux.


vv. 39-41

9239 Lc 2,39-41

Bède. Saint Luc omet ici ce qu'il savait avoir été raconté par saint Matthieu, c'est-à-dire, la fuite en Égypte, où les parents de l'enfant Jésus le transportèrent pour le dérober aux recherches homicides du roi Hérode; et après la mort de ce tyran, le retour en Galilée, dans la ville de Nazareth, où le Sauveur fixa son séjour. Les Évangélistes ont coutume en effet d'omettre certains faits qu'ils savent avoir été racontés, ou qu'ils prévoient, en vertu de l'inspiration, devoir l'être par les autres Évangélistes. Ils poursuivent donc la suite de leur récit comme s'ils n'avaient omis aucun fait intermédiaire. Toutefois, un lecteur attentif, en comparant avec soin le récit d'un autre Évangéliste, voit immédiatement où les faits qui ont été omis doivent trouver place. Saint Luc donc, passant sous silence plusieurs de ces faits intermédiaires, continue ainsi son récit: «Et après qu'ils eurent accomplis», etc. - Théophyl. Bethléem était leur ville comme patrie, et Nazareth l'était comme lieu de leur domicile.

S. Aug. (de l'acc. des Evang., 2, 9). On peut être surpris que saint Matthieu donne pour motif du retour des parents avec l'enfant dans la Galilée, la crainte qu'ils avaient d'Archélaüs, et qui les empêchait de se fixer dans la Judée, tandis que le motif déterminant de leur retour en Galilée, c'est que Nazareth, située dans la Galilée, était leur ville, comme saint Luc le remarque en cet endroit. Voici l'explication de cette difficulté: Lorsque l'ange apparaît en Égypte à Joseph pendant son sommeil, pour lui dire: «Levez-vous, prenez l'enfant et sa mère, et allez dans la terre d'Israël» (Mt 2,20), on peut très bien entendre que Joseph crut que l'ange lui donnait l'ordre de retourner en Judée, qui put se présenter la première à son esprit sous le nom de terre d'Israël. Mais lorsqu'ensuite il eut appris qu'Archélaüs, fils d'Hérode, régnait en Judée, il ne voulut point s'exposer à un si grand danger, d'autant plus que par terre d'Israël, il pouvait aussi bien entendre la Galilée, puisque le peuple d'Israël l'habitait également. - Ch. des Pèr. gr. ou Métaphr. Ou bien encore, on peut dire que saint Luc parle ici du temps qui précède la fuite en Egypte, car Joseph ne fut point parti avant le temps de la purification de Marie. Or, avant de fuir en Egypte, aucune révélation ne les avait avertis d'aller à Nazareth, et ils s'y rendaient naturellement pour habiter de préférence dans leur patrie. En effet, ils n'étaient venus à Bethléem que pour s'y faire inscrire, et après avoir satisfait à la loi du dénombrement qui avait déterminé leur voyage, ils retournent à Nazareth.

Théophyl. Le Sauveur aurait pu naître et sortir du sein de sa mère dans la plénitude de l'âge, mais ce développement instantané eut paru dépourvu de réalité, il veut donc croître par degrés et en suivant les progrès de l'âge: «L'enfant croissait et se fortifiait». - Bède. IL faut faire attention à la signification bien distincte de ces paroles; car Notre-Seigneur n'avait besoin de croître et de se fortifier, que parce qu'il s'était fait enfant, et qu'il avait revêtu notre nature fragile et mortelle. - S. Athan. (de l'incarn. de J.-C). Mais si, comme quelques-uns le prétendent, la chair avait été changée et absorbée par la nature divine, comment pouvait-elle prendre de l'accroissement? car on ne peut sans blasphème attribuer de l'accroissement à celui qui est incréé. - S. Cyr. ou plutôt Théodor. (Chaîne des Pèr. gr). L'Évangéliste joint l'accroissement de la sagesse aux progrès de l'âge, en disant: «Et il se fortifiait», c'est-à-dire en esprit, car la nature divine se déclarait par degrés en se proportionnant aux progrès de l'âge. - Théophyl. S'il eût fait éclater toute sa sagesse dès sa plus tendre enfance, on eût vu là un prodige étonnant, il se révéla donc en suivant le progrès de l'âge, pour parcourir ainsi toutes les phases de la vie. Si du reste il est dit qu'il se fortifiait en esprit, ce n'est point dans ce sens qu'il reçut la sagesse comme par degrés, car comment celui qui, dès le commencement avait toute perfection, aurait-il pu devenir plus parfait? Aussi l'Évangéliste ajoute: «Il était plein de sagesse, et la gloire de Dieu était en lui». - Bède. Plein de sagesse, parce que la plénitude de la divinité habitait en lui corporellement (Col 2,9); plein de grâce, parce que Jésus-Christ fait homme a reçu dès le premier moment de son incarnation cette grâce extraordinaire d'être aussi Dieu parfait. A plus forte raison, en tant que Verbe de Dieu, et Dieu lui-même, il n'avait besoin ni de croître, ni de se fortifier. On peut dire encore que la grâce de Dieu était en lui, tout petit enfant qu'il était, afin de donner ainsi à son enfance remplie de la sagesse de Dieu ce caractère admirable qui est empreint sur sa vie toute entière.

«Or ses parents allaient tous les ans à Jérusalem à la fête de Pâques». - S. Chrys. (2 Disc. contr. les Juifs). La loi obligeait les Israélites à célébrer les grandes solennités, non seulement dans le temps, mais dans le lieu marqué, aussi les parents du Seigneur ne voulaient point célébrer la fête de Pâques hors de Jérusalem. - S. Aug. (de l'accord des Evang., 2, 20). Mais comment Marie et Joseph pouvaient-ils se rendre chaque année à Jérusalem pendant l'enfance de Jésus, alors que la crainte d'Archélaüs devait les en éloigner? Cette difficulté serait facile à résoudre, alors même qu'un des Évangélistes aurait précisé la durée du règne d'Archélaüs, car les parents de Jésus pouvaient très bien venir à Jérusalem sans être remarqués parmi cette grande multitude qui s'y rendait pour la fête de Pâques, d'autant plus qu'ils s'en retournaient aussitôt. Au contraire ils pouvaient craindre d'y fixer leur séjour dans un autre temps de l'année. Ils satisfaisaient ainsi les devoirs de religion que la loi leur imposait, et ils ne s'exposaient point à être remarqués par un séjour prolongé. Mais comme tous les Évangélistes se taisent sur la durée du règne d'Archélaüs, nous sommes autorisés à entendre ce passage de saint Luc: «Ils allaient tous les ans à Jérusalem», d'un temps où Archélaüs n'était plus à redouter.



vv. 42-50

9242 Lc 2,42-50

S. Cyr. (Chaîne des Pèr. gr). L'Évangéliste vient de dire que l'enfant croissait et se fortifiait, il en donne maintenant la preuve en nous montrant Jésus se rendant à Jérusalem avec la sainte Vierge sa mère: «Lorsqu'il eut atteint sa douzième année». - Ch. des Pèr. gr. ou Géom. La manifestation de la sagesse ne dépasse pas ici la portée de l'âge, c'est à l'époque de la vie où nous devenons capables de discernement et de réflexions (c'est-à-dire, à l'âge de douze ans), que la sagesse de Jésus-Christ se révèle. - S. Ambr. Ou bien il commence ses divins enseignements à l'âge de douze ans, pour figurer le nombre des premiers prédicateurs de l'Évangile. - Bède. (sur S. Luc). Nous pouvons encore dire que, comme le nombre sept, le nombre douze (formé des deux parties du nombre sept multipliées l'une par l'autre) figure l'universalité et la perfection des temps et des choses; c'est donc pour nous apprendre que la lumière qu'il apporte au monde doit remplir tous les temps et tous les lieux, que Jésus-Christ commence à en répandre les premiers rayons à l'âge de douze ans.

Bède. (hom). Notre-Seigneur venait tous les ans avec ses parents célébrer la fête de Pâques dans le temple de Jérusalem, et il nous donne en cela un exemple de sa profonde humilité comme homme, car c'est un des premiers devoirs de l'homme d'être fidèle à offrir à Dieu des sacrifices, et de se le rendre favorable par ses prières. Le Seigneur fait homme a donc accompli parmi les hommes ce que Dieu avait commandé aux hommes par ses anges: «Selon la coutume de cette fête», dit l'Évangéliste; soyons donc fidèles nous-mêmes à suivre les pas de ce Dieu fait homme, si nous aspirons au bonheur de contempler un jour la gloire de sa divinité.

Ch. des Pèr. gr. ou Métaph. Après la fête tous s'en retournèrent, mais Jésus resta secrètement: «Les jours de la fête étant passés, l'enfant Jésus resta dans la ville de Jérusalem, et ses parents ne s'en aperçurent pas». L'Évangéliste dit: «Les jours de la fête étant passés», parce que la solennité de la fête de Pâques durait sept jours. Le Sauveur reste secrètement, afin que ses parents ne pussent s'opposer à la discussion qu'il désirait avoir avec les docteurs de la loi; ou bien peut-être voulait-il éviter de paraître mépriser l'autorité de ses parents, en refusant de leur obéir. Il reste donc secrètement, pour agir en toute liberté, ou pour ne pas s'exposer au reproche de désobéissance. - Orig. (hom. 19). Ne soyons pas surpris de voir l'Évangéliste donner à Marie et à Joseph le nom de parents de Jésus, alors que Marie par son enfantement, et Joseph par les soins dont il entourait ce divin enfant, ont mérité d'être appelés son père et sa mère. - Bède. (sur S. Luc). On demandera sans doute comment les parents de Jésus, qui veillaient avec une si grande sollicitude sur ce divin enfant, ont pu le laisser par oubli dans la ville de Jérusalem. Nous répondons que les Juifs, à l'époque des grandes fêtes de l'année, soit en se rendant à Jérusalem, soit en retournant dans leur pays, avaient coutume de marcher par troupes, les hommes séparés des femmes, et les enfants pouvaient aller indifféremment avec les uns ou avec les autres. Marie et Joseph ont donc pu croire chacun de leur côté que l'enfant Jésus, qu'ils ne voyaient point avec eux, se trouvait soit avec son père, soit avec sa mère. C'est ce qu'ajoute l'Évangéliste: «Mais pensant qu'il était avec quelqu'un de leur compagnie», etc.

Orig. L'enfant Jésus resta dans la ville de Jérusalem, en laissant ignorer à ses parents qu'il y était resté, comme plus tard il s'échappa et disparut du milieu des Juifs, qui lui dressaient des embûches: «Et ne le trouvant pas, ils revinrent à Jérusalem pour le chercher, et trois jours après, ils le trouvèrent dans le temple», etc. - Orig. (hom. 18). On ne trouve pas Jésus dès les premiers pas que l'on fait pour le chercher; car Jésus ne se trouve ni parmi ses parents ou parmi ceux qui lui sont unis par les liens du sang, ni parmi ceux qui ne s'attachent à lui qu'extérieurement; on ne peut espérer non plus trouver Jésus au milieu de la foule. Apprenez donc où ils le cherchent et où ils le trouvent, ce n'est point partout indifféremment, mais dans le temple. Vous donc aussi, cherchez Jésus dans le temple de Dieu, cherchez-le dans l'Église, cherchez-le auprès des docteurs qui enseignent dans le temple; si vous le cherchez de la sorte, vous le trouverez infailliblement. (Et hom. 19). Ils ne le trouvèrent point parmi leurs parents, car une parenté toute naturelle ne pouvait avoir au milieu d'elle le Fils de Dieu, qui est supérieur à toute connaissance et à toute science humaine. Où donc le trouvent-ils? Dans le temple. Si vous voulez aussi chercher le Fils de Dieu, cherchez-le d'abord dans le temple, hâtez-vous d'y entrer, c'est là que vous trouverez le Christ, la parole et la sagesse du Père, c'est-à-dire le Fils de Dieu.

S. Amb. Ils le trouvent dans le temple après trois jours, comme figure que trois jours après sa passion triomphante, alors qu'on le croyait victime de la mort, il se montrerait plein de vie à notre foi, assis sur son trône des cieux, au milieu d'une gloire toute divine. - La Glose. Ou bien ces trois jours de recherche signifiaient que les patriarches avant la loi, avaient cherché l'avènement de Jésus-Christ sans le trouver, que les prophètes et les justes sous la loi l'avaient également cherché sans être plus heureux, tandis que les Gentils qui l'ont cherché sous la loi de grâce l'ont trouvé.

Orig. (hom. 19). Comme il était le Fils de Dieu, on le trouve au milieu des docteurs, leur inspirant la sagesse et les instruisant; mais parce qu'il était enfant on le trouve au milieu d'eux, ne leur faisant point de leçons expresses, mais se contentant de les interroger: «Ils le trouvèrent assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant». Il agit ainsi pour donner l'exemple de la soumission et de la déférence qui convient aux enfants, et leur apprendre la conduite qu'ils doivent tenir, fussent-ils doués d'une sagesse et d'une science supérieures à leur âge. Ils doivent écouter leurs maîtres plutôt que de chercher à les instruire et à se produire par un sentiment de vaine ostentation. Jésus interroge les docteurs, non pas sans doute pour s'instruire, mais bien plutôt pour les enseigner en les interrogeant, car c'est de la même source d'intelligence et de doctrine que viennent ses questions et ses réponses pleines de sagesse: «Et tous ceux qui l'entendaient, admiraient la sagesse de ses réponses», etc. - Bède. Pour montrer qu'il était homme, il écoutait modestement des docteurs qui n'étaient que des hommes; mais pour prouver qu'il était Dieu, il répondait à leurs questions d'une manière sublime. - Ch. des Pèr. gr. ou Métaph. Il interroge avec intelligence, il écoute avec sagesse, et répond avec plus de sagesse encore, ce qui ravissait d'admiration ceux qui l'entendaient: «Et tous ceux qui l'entendaient étaient confondus de sa sagesse et de ses réponses». - S. Chrys. (hom. 20 sur S. Jean). Le Sauveur n'a fait aucun miracle dans son enfance, et saint Luc ne nous en raconte que ce seul fait, qui ravit d'admiration et d'étonnement ceux qui en furent témoins. - Bède. Ses paroles, en effet, révélaient une sagesse divine, mais son âge le couvrait des dehors de la faiblesse humaine; aussi les Juifs, partagés entre les choses sublimes qu'ils entendaient et la faiblesse extérieure qui paraissait à leurs yeux éprouvaient un sentiment d'admiration mêlé de doute et d'incertitude. Mais pour nous rien ici de surprenant, car nous savons par le prophète Isaïe, que s'il a voulu naître petit enfant pour nous, il n'en reste pas moins le Dieu fort (Is 9,5).

Ch. des Pèr. Gr. (ou Métaphr. et Géom). Admirons ici la mère de Dieu, dont les entrailles maternelles sont si vivement émues; elle lui dépeint, en gémissant, ses anxiétés pendant cette douloureuse recherche, et exprime tous les sentiments qui l'agitent avec la confiance, la douceur et la tendresse d'une mère: «Et sa mère lui dit: Mon fils, pourquoi avez-vous agi ainsi avec nous ?» - Orig. (Chaîne des Pères grecs). Cette Vierge sainte savait bien qu'il n'était point le fils de Joseph, et cependant elle appelle son chaste époux le père de Jésus, pour se conformer à l'opinion des Juifs qui pensaient que son divin Fils avait été conçu comme les autres enfants. (hom. 17). L'explication la plus simple est de dire que l'Esprit saint a honoré Joseph du nom de père de Jésus, parce qu'il a été chargé de l'élever. D'après une interprétation plus recherchée, on peut dire que l'Évangéliste ayant fait descendre la généalogie de Jésus-Christ de David à Joseph, cette généalogie paraîtrait donnée sans raison, si Joseph n'était pas appelé le père de Jésus. (hom. 19). Mais pourquoi le cherchaient-ils? craignaient-ils qu'il n'ait péri ou qu'il se fût égaré? Loin de nous cette pensée. Comment auraient-ils pu craindre la perte de cet enfant dont ils connaissaient la divinité? Lorsque vous lisez les saintes Écritures, vous cherchez avec une certaine peine à en découvrir le sens, ce n'est pas, sans doute, que vous pensiez que la divine Écriture puisse renfermer des erreurs ou des choses dites au hasard; mais vous désirez trouver la vérité qui est cachée sous l'écorce de la lettre. C'est ainsi que Marie et Joseph cherchaient l'enfant Jésus, en craignant que peut-être il ne les eût quittés et ne fût remonté dans les cieux, pour en descendre de nouveau lorsqu'il le jugerait à propos. Celui donc qui cherche Jésus, ne doit point agir avec négligence et avec mollesse, comme font plusieurs qui le cherchent et ne le trouvent point, mais il doit faire de grands efforts, et se donner de la peine. - La Glose. Peut-être aussi craignaient-ils que d'autres ennemis de Jésus, profitant de l'occasion, ne missent à exécution, contre ce divin enfant, les desseins homicides qu'Hérode avait formés contre lui dès son berceau.

Ch. des Pèr. gr. (ou Métaph. et Géom). Cependant Notre-Seigneur répond pleinement à la question de sa mère; il redresse, pour ainsi parler, ce qu'elle vient de dire de celui qui passait pour son père, et déclare quel est son véritable père, enseignant ainsi à sa sainte mère à s'élever dans les régions supérieures à tout ce qui est terrestre: «Et il leur dit: Pourquoi me cherchez-vous ?» - Bède. Il ne les blâme pas de ce qu'ils le cherchaient comme leur fils, mais il les force de lever les yeux de leur âme vers les devoirs qu'il doit remplir à l'égard de celui dont il est le Fils éternel: «Ne saviez-vous pas», etc. - S. Ambr. Il y a en Jésus-Christ deux générations, l'une paternelle, l'autre maternelle. La première est une génération divine; c'est par la seconde qu'il est descendu jusqu'à notre pauvre nature pour la sauver. - S. Cyr. (Chaîne des Pères grecs). En parlant de la sorte, il montre qu'il s'élève au-dessus de la nature humaine, et tout en reconnaissant que la sainte Vierge est devenue l'instrument de la rédemption en devenant sa mère selon la chair, il proclame en même temps qu'il est vraiment Dieu, et le Fils du Très-Haut. Que les partisans de Valentin, après avoir entendu dire que Jésus est le temple de Dieu, rougissent d'affirmer que le Créateur et le Dieu de la loi et du temple n'est point le Père de Jésus-Christ. - S. Epiph. (cont. les hérés., 2, 31). Qu'Ebion lui-même remarque que c'est à l'âge de douze ans, et non point après sa trentième année, que Jésus-Christ ravit en admiration par la sagesse et la grâce de ses discours; on ne peut donc avancer qu'il n'est devenu Christ, en recevant l'onction divine, qu'au jour de son baptême, lorsque l'Esprit saint descendit sur lui; mais dès son enfance même, il faisait profession d'honorer le temple et de reconnaître Dieu pour son Père. - Ch. des Pèr. gr. Ce fut ici la première manifestation de la sagesse et de la puissance de l'enfant Jésus; car ce que l'on raconte des occupations et des actions de son enfance, ne sont pas seulement des puérilités, mais des inventions diaboliques qui, dans un but évidemment mauvais, cherchent à dénaturer ce qui est rapporté dans les Évangiles et dans les saintes Écritures. On peut seulement admettre que ce qui est généralement cru parmi les fidèles, et qui est loin d'être contraire à nos croyances, s'accorde plutôt avec les oracles prophétiques, c'est-à-dire que Jésus était le plus beau des enfants des hommes, plein d'obéissance pour sa mère, d'un caractère aimable, d'un aspect tout à la fois majestueux et simple, d'une éloquence naturelle, doux et obligeant, d'une activité et d'un courage en rapport avec la sagesse dont il était rempli; enfin, d'une mesure et d'une modération parfaite dans toute sa vie et dans ses discours, bien qu'on y ressentait quelque chose de surhumain; car l'humilité et la modestie forment son principal caractère. Aucune main d'ailleurs n'entreprit de le diriger dans toute sa conduite, excepté celle de sa mère. Jésus nous donne ici une imposante leçon. Le reproche qu'il fait à Marie, de le chercher parmi ses proches, nous suggère le détachement des liens du sang, et nous apprend qu'il est impossible d'arriver à une vertu éminente pour celui qui aime à s'égarer dans les satisfactions de la nature, et qu'on s'éloigne de la perfection par un trop grand amour pour ses proches.

«Et ils ne comprirent pas», etc. - Bède. Ils ne comprirent pas ce qu'il venait de leur dire de sa divinité. - Orig. (hom. 20). Ou bien ils ignoraient si par ces paroles: «Aux choses qui regardent le service de mon Père», il voulait parler du temple, ou si ces paroles renfermaient un sens plus élevé, d'une utilité plus immédiate; car chacun de nous, s'il est bon et vertueux, devient la demeure et comme le siège de Dieu le Père; et si nous sommes la demeure et le siège de Dieu, nous avons Jésus au milieu de nous.



Catena Aurea 9233