Catena Aurea 12519

vv. 19-20

12519 Jn 5,19-20

S. Hil. (de la Trin., 7) Au reproche qui lui est fait de violer le sabbat, Notre-Seigneur avait répondu: «Mon Père continue d'agir jusqu'à présent, et moi aussi j'agis sans cesse» (Jn 5,17), voulant leur faire comprendre qu'il s'appuyait sur l'autorité d'un si grand exemple, et tout à la fois que ce qu'il faisait était l'oeuvre du Père, parce que le Père agissait en lui lorsque lui-même agissait. A l'accusation que leur inspire leur jalousie, qu'il se faisait égal à Dieu, en l'appelant son Père, il répond en confirmant la vérité de sa naissance divine et l'excellence de sa nature: «Jésus donc leur dit: En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même, mais seulement ce qu'il voit que le Père fait». - S. Aug. (Traité 18). Il en est qui revendiquant le nom de chrétiens (les hérétiques ariens), tout en affirmant que le Fils de Dieu fait homme est inférieur à son Père, veulent appuyer leur sacrilège erreur sur ces paroles et nous tiennent ce langage: Vous voyez que lorsque le Seigneur Jésus s'aperçut que les Juifs étaient indignés de ce qu'il se faisait égal à son Père, il s'empresse de détruire dans leur esprit toute idée d'égalité parfaite; car, ajoutent-ils, celui qui ne peut rien faire de lui-même, mais seulement ce qu'il voit que le Père fait, lui est nécessairement inférieur et ne peut être son égal. Or, si le Verbe était Dieu, il y a donc un Dieu suprême, un Dieu inférieur, et nous adorons deux Dieux, et non pas un seul Dieu. - S. Hil. (de la Trin., 7) Notre-Seigneur dit que le Fils ne peut rien faire de lui-même, afin que cette égalité qu'il proclamait exister entre lui et son Père, ne pût détruire dans leur esprit la distinction d'avec le Père que lui donne sa naissance. - S. Aug. (Traité 20). Voici le vrai sens de ces paroles: Pourquoi vous scandaliser de ce que j'ai appelé Dieu mon Père, et de ce que je me déclare égal à Dieu? Je suis son égal, mais tout en étant engendré par lui; je suis son égal, mais de telle sorte que ce n'est pas lui qui vient de moi, mais moi qui viens de lui. Pour le Fils, être et pouvoir c'est une seule et même chose, et comme le Fils tire sa substance du Père, la puissance du Fils vient également du Père. Donc puisque le Fils ne vient pas de lui-même, il ne peut rien aussi de lui-même. Et c'est ainsi que le Fils ne peut rien faire de lui-même, mais seulement ce qu'il voit que le Père fait: voir pour le Fils, c'est la même chose qu'être engendré du Père, la vision pour lui n'est pas différente de la substance. Tout ce qu'il est, c'est du Père qu'il le tient.

S. Hil. (de la Trin., 7) Pour conserver l'ordre qui doit exister dans notre confession de foi au Père et au Fils, Notre-Seigneur nous expose le mystère de sa naissance qui lui communique la puissance d'agir, non par un accroissement successif des forces nécessaires pour chaque action en particulier, mais en faisant découler ce pouvoir de la connaissance. Et encore, cette connaissance n'est-elle point produite par la vue d'une oeuvre matérielle, que le Fils ferait après l'avoir vu faire à son Père; le Fils est né du Père, et c'est par la certitude qu'il a de posséder en lui la nature et la puissance du Père, qu'il atteste que le Fils ne fait que ce qu'il voit faire au Père. Car Dieu ne voit pas comme nous par les yeux du corps, mais sa vue est tout entière dans la vertu de sa nature.

S. Aug. (de la Trin., chap. 1) Si nous croyons que ces paroles signifient que le Fils de Dieu en tant qu'il s'est revêtu d'une forme humaine est inférieur au Père, il nous faudra comme conséquence admettre que le Père a marché le premier sur les eaux, et qu'il a commencé aussi par faire toutes les actions que le Fils a faites dans sa vie mortelle, en prenant exemple sur son Père; mais qui serait assez insensé pour admettre une semblable opinion? - S. Aug. (Traités 20 et 21 sur S. Jean). Lorsque le Sauveur marchait sur la mer, c'était le Père qui agissait par le Fils, car lorsque le corps marchait dirigé par la divinité du Fils, le Père n'était pas absent, puisque le Fils dit expressément: «Le Père qui demeure en moi, fait lui-même les oeuvres que je fais» (Jn 14,10). Or, comme ces paroles: «Le Fils ne peut rien faire de lui-même», pouvaient donner lieu à une interprétation toute matérielle d'après laquelle on se représenterait deux ouvriers l'un maître et l'autre disciple, l'un prenant exactement modèle sur l'autre avant de construire un meuble quelconque, Notre-Seigneur ajoute: «Car tout ce que fait le Père, le Fils le fait pareillement». Il ne dit point: Toutes les choses que fait le Père, le Fils en fait de semblables, mais il fait absolument les mêmes choses: C'est le Père qui a fait le monde, le Fils qui a fait le monde, le Saint-Esprit qui a fait le monde. Si le Père, le Fils, le Saint-Esprit ne font qu'un seul Dieu, c'est donc le Père qui a fait le seul et même monde par le Fils dans le Saint-Esprit. Le Fils fait donc les mêmes choses que le Père. Notre-Seigneur ajoute: Il les fait pareillement pour prévenir une autre erreur qui pourrait s'élever dans l'esprit. Notre corps paraît faire les mêmes choses que notre âme, mais il ne les fait point pareillement, l'âme commande au corps, mais il y a une grande différence entre le corps et l'âme; le corps est visible, l'âme est invisible. Le maître du corps fait une action, le serviteur fait la même action, mais c'est du maître que le serviteur a reçu le moyen de faire cette action; tous deux l'ont faite, mais tous deux ne l'ont pas faite semblablement. Il n'en est pas ainsi du Père et du Fils, il fait les mêmes choses, et il les fait semblablement, c'est-à-dire qu'il nous faut comprendre que le Fils fait les mêmes choses que le Père, avec la même puissance, avec la même sagesse et par la même opération, et que par conséquent le Fils est égal au Père.

S. Hil. (de la Trin., 7) Ou bien encore: Notre-Seigneur dit qu'il fait toutes choses et les mêmes choses pour exprimer la puissance de la nature divine. C'est la même nature dans le Père et le Fils puisqu'il n'appartient qu'à la même nature de pouvoir absolument les mêmes choses. Mais puisque le Fils fait pareillement les mêmes choses, cette ressemblance dans la manière de faire les oeuvres exclut l'identité de celui qui agit. Tels sont donc les enseignements de la vraie foi qui nous montrent dans un même passage l'identité de nature dans ces mots: «Les mêmes oeuvres», et la distinction du Fils par sa naissance dans cette expression: «Il les fait pareillement».

S. Chrys. .(hom. 38). On peut encore donner une autre interprétation de tout ce passage: «Le Fils ne peut rien faire de lui-même», en ce sens qu'il ne peut rien faire qui soit en opposition, en désaccord avec le Père. Et il ne dit point qu'il ne fait rien de contraire, mais qu'il ne peut rien faire, pour montrer l'égalité absolue du Père et du Fils. Ce n'est donc point la faiblesse du Fils mais sa puissance toute divine qui ressort de ces paroles. Ainsi lorsque nous disons: Il est impossible que Dieu commette le péché, nous n'accusons pas son impuissance, mais nous attestons sa puissance ineffable; ainsi lorsque le Fils dit: «Je ne puis rien faire de moi-même», il nous déclare qu'il est impossible qu'il fasse quelque chose de contraire à son Père. - S. Aug. (Contre les Ariens, chap. 14) Ces paroles n'accusent donc pas un défaut de puissance dans le Fils, mais sont une attestation de la filiation divine qu'il a reçue du Père, et il est aussi glorieux au Tout-Puissant de ne pouvoir changer, qu'il lui est glorieux de ne pouvoir mourir. Le Fils pourrait faire ce qu'il n'aurait pas vu faire au Père, s'il pouvait faire ce que le Père ne fait point par le Fils; c'est-à-dire s'il pouvait pécher, ce qui ne peut convenir à cette nature immuablement bonne que le Père a engendrée; donc pour lui ne pouvoir pécher, ce n'est pas défaut de pouvoir, c'est au contraire un signe de puissance.

S. Chrys. (hom. 38). Les paroles qui suivent viennent confirmer cette interprétation: «Car tout ce que fait le Père, le Fils le fait pareillement». C'est-à-dire si le Père fait toutes choses par lui-même, le Fils les fait également par lui-même, suivant la signification de cette parole: «Pareillement, de la même manière». Vous voyez quelle doctrine relevée sous ces expressions si simples; et il ne faut pas vous étonner de la simplicité, de l'humilité même du langage du Sauveur, car il s'exprime de la sorte par ménagement pour ses ennemis qui le poursuivaient à cause des hautes vérités qu'ils entendaient, et parce qu'ils le regardaient comme étant en opposition avec Dieu.

S. Aug. (Traité 21) Après avoir dit qu'il faisait les mêmes choses que fait le Père et qu'il les fait de la même manière, Notre-Seigneur ajoute: «Car le Père aime le Fils, et lui montre tout ce qu'il fait», ce qui paraît se rapporter à ce qu'il a dit plus haut: «Le Fils ne peut rien faire de lui-même, mais seulement ce qu'il voit que le Père fait, parce que le Père lui montre tout ce qu'il fait lui-même». Mais la pensée de l'homme se trouble encore à ces paroles, et je l'entends dire: Le Père agit donc séparément, pour que le Fils puisse voir ce que fait le Père, de même qu'un ouvrier qui veut apprendre son art à son fils lui en montre tous les secrets, afin qu'il puisse faire lui-même tout ce qu'il voit faire à son père? Ainsi le Fils n'agirait pas en même temps que le Père, puisqu'il doit voir d'abord ce que fait son Père? (Traité 19). Si nous admettons comme une vérité certaine et incontestable que le Père fait tout par le Fils, nous devons admettre qu'il lui montre ce qu'il fait avant d'agir. (Traité 21) D'ailleurs où le Père montre-t-il à son Fils tout ce qu'il fait, si ce n'est dans son Fils par lequel il fait toutes choses? Car si le Père donne un modèle au Fils en ce sens que les yeux du Fils sont fixés sur les mains du Père pour voir comment il agit, comment comprendre alors l'indivisible Trinité? (Traité 23). Ce n'est donc point en agissant que le Père montre au Fils ce qu'il fait; c'est en faisant cette démonstration qu'il agit par le Fils: le Fils voit ce que le Père lui montre avant d'agir, et c'est de la démonstration du Père et de la vue du Fils que résulte l'action que le Père fait par le Fils. Vous me direz: Je montre à mon fils ce que je veux faire, et il le fait, et c'est moi qui, pour ainsi parler, le fait par lui. La différence ici est énorme, car avant d'agir, vous montrez à votre Fils ce que vous vous voulez faire afin que se guidant sur cet exemple que vous lui donnez avant d'agir, il se conforme parfaitement au modèle que vous lui donnez, et que vous agissiez par lui. Mais pour cela, il vous faut adresser à votre fils des paroles différentes de ce que vous êtes, différentes de ce qu'il est lui-même. Dieu le Père se serait-il servi aussi d'une parole étrangère pour parler à son Fils? Mais le Fils est le Verbe du Père; se servirait-il du Verbe pour parler au Verbe? Ou bien, comme le Fils est la parole par excellence du Père, faut-il admettre entre le Père et le Fils un échange de paroles d'un ordre inférieur? Peut-on supposer qu'un son créé et passager est sorti de la bouche du Père pour aller frapper l'oreille du Fils? Eloignez toute image corporelle, ne voyez ici que la simplicité, si vous-même vous êtes simple. Si vous ne pouvez comprendre ce que c'est que Dieu, comprenez du moins ce qu'il n'est pas: vous aurez beaucoup gagné, si vous n'avez pas sur Dieu des pensées contraires à sa nature divine. Considérez dans votre âme une image de la vérité que je veux vous expliquer. Dans votre âme je vois la mémoire et la pensée. Votre mémoire présente la ville de Carthage à votre pensée et montre à votre intelligence attentive ce qui existait dans Carthage avant que votre attention se tournât de ce côté. Voilà donc tout à la fois et la démonstration de la mémoire, et la vue de l'intelligence, et tout cela sans aucun échange de paroles, sans qu'on ait fait usage d'aucun signe extérieur; et cependant tout ce que vous possédez dans votre mémoire, vous l'avez reçu du dehors. Le Père au contraire n'a point reçu du dehors ce qu'il montre au Fils, tout ici se fait à l'intérieur; car aucune créature n'existerait au dehors, si elle n'avait reçu l'existence du Père par le Fils, et c'est en la montrant à son Fils que le Père l'a créée, parce qu'il l'a créée par son Fils au même moment qu'il la voyait. Le Père engendre donc la vision du Fils, de la même manière qu'il engendre le Fils, et c'est la démonstration du Père qui engendre la vision du Fils, ce n'est pas la vision qui engendre la démonstration. Si l'oeil de notre âme plus épuré pouvait pénétrer plus avant dans ces profondeurs, nous découvririons peut-être que le Père n'est point différent de l'acte par lequel il montre à son Fils, de même que le Fils n'est point différent de l'acte par lequel il voit ce qui lui est montré.

S. Hil. (de la Trin., 7) Ce n'est donc point par ignorance, gardons-nous bien de le croire, que le Fils unique de Dieu a besoin de cette révélation, et cette expression ne doit réveiller dans notre esprit d'autre idée que la foi à la naissance du Fils, foi en vertu de laquelle nous croyons que le Fils est sorti de toute éternité du sein de Dieu toujours existant. - S. Aug. (Traité 21). A l'égard du Fils, voir le Père c'est la même chose qu'être Fils. Le Père montre donc tout ce qu'il fait à son Fils, et c'est du Père qu'il reçoit la connaissance de toutes choses, voir et naître sont une même chose pour le Fils, et il tire la connaissance de toutes choses du même principe qui lui communique l'être, la naissance et l'existence éternelle.

S. Hil. (de la Trin., 7) La parole divine est pleine ici de prudence et de circonspection, de peur que l'ambiguïté des termes ne donne l'idée de deux natures différentes. Voilà pourquoi elle nous dit que les oeuvres du Père ont été révélées au Fils, et non pas qu'il a reçu pour les opérer une nature et une force particulières. Ainsi cette révélation du Père au Fils c'est la génération elle-même du Fils, à qui l'amour du Père communique par cette génération elle-même la connaissance des oeuvres qu'il veut faire par lui.

S. Aug. (Traité 21) Mais voici que celui que nous avons dit coéternel au Père, contemplant le Père, et le contemplant par l'acte même de sa génération, nous parle encore de succession de temps: «Et il lui montrera des oeuvres plus grandes que celles-ci». S'il les lui montrera, ou bien s'il doit les lui montrer, il ne les a donc pas encore montrées, et il les montrera au Fils en même temps qu'à ceux qui l'écoutent: «Afin que vous les admiriez», ajoute Notre-Seigneur. (Traité 19). Il est assez difficile de comprendre comment le Père éternel peut révéler dans le temps de nouvelles choses à son Fils qui lui est coéternel, et qui connaît tout ce qui existe dans le Père. Quelles sont ces oeuvres plus grandes? la suite nous l'apprend: «Car comme le Père ressuscite les morts et leur donne la vie, ainsi le Fils donne la vie à qui il veut». C'est une oeuvre plus grande, en effet, de ressusciter les morts que de guérir les malades. (Traité 21). Celui qui jusque-là avait parlé comme Dieu, commence ici à parler comme homme. (Traité 23). Dieu montrera donc dans le temps à son Fils fait homme, des oeuvres plus grandes, c'est-à-dire la résurrection des corps; car les corps ressusciteront par suite de la divine économie de l'incarnation du Fils de Dieu dans le temps, tandis que les âmes ressusciteront par la vertu de la nature éternelle de Dieu. C'est par la participation à la nature de Dieu, que l'âme arrive au bonheur; ce n'est point en entrant en participation avec une âme sainte, qu'une âme faible peut obtenir la félicité. De même que l'âme (qui est inférieure à Dieu), communique la vie au corps qui lui est inférieur, il n'y a qu'un être supérieur à l'âme, c'est-à-dire, Dieu qui puisse lui communiquer la vie bienheureuse. Voilà pourquoi Notre-Seigneur a dit précédemment que le Père aime le Fils, et lui montre tout ce qu'il fait; le Père montre au Fils comment les âmes ressuscitent, car c'est par le Père et le Fils qu'elles sont arrachées à la mort, et elles ne peuvent vivre qu'à la condition que Dieu soit leur vie. (Traité 21) On peut dire encore que ce n'est pas précisément au Fils que le Père doit faire cette révélation, voilà pourquoi le Sauveur ajoute: «Afin que vous les admiriez», paroles qui sont l'explication de celles qui précèdent: «Et il vous montrera des oeuvres plus grandes encore». Mais pourquoi n'a-t-il pas dit: Il vous montrera, au lieu de : «Il montrera au Fils ?» C'est parce que nous sommes les membres de son Fils, et il apprend pour ainsi dire de la même manière qu'il souffre dans ses membres. Il nous a dit: «Lorsque vous donnez au plus petit d'entre les miens, c'est à moi que vous donnez» (Mt 25,40); de même, si nous lui demandons: Comment pouvez-vous apprendre, vous qui enseignez toutes choses? il nous répondra: «Lorsque l'un des plus petits d'entre les miens apprend, c'est moi-même qui apprends».


vv. 21-23

12521 Jn 5,21-23

S. Aug. (Traité 21). Le Sauveur venait de dire que le Père devait montrer à son Fils des oeuvres plus grandes encore, il explique maintenant quelles sont ces oeuvres: «Car comme le Père ressuscite les morts», etc. Evidemment, ces oeuvres sont plus grandes, car c'est un plus grand miracle de ressusciter un mort, que de rendre la santé à un malade. Il ne faut pas entendre ces paroles dans ce sens que les uns soient ressuscités par le Père, et les autres par le Fils; car le Fils ressuscite et vivifie ceux-là mêmes que le Père ressuscite et rend à la vie. Et pour qu'on ne dise pas: Le Père ressuscite les morts par le Fils, celui-ci en vertu de sa propre puissance, celui-là par le moyen d'une puissance étrangère et comme le serviteur fait l'oeuvre de son maître, il établit clairement la puissance du Fils en disant: «Ainsi le Fils donne la vie à qui il veut». (Traité 19). Ne séparez donc pas ici la puissance du Fils de sa volonté, le Père et le Fils ont une même puissance et une même volonté. (Traité 21). Le Père n'a d'autre volonté que celle du Fils, ils n'ont qu'une seule et même volonté, comme ils n'ont qu'une seule et même nature. - S. Hil. (de la Trinit., 7) Vouloir est un effet de la liberté de la nature, et cette liberté concourt avec la volonté du libre arbitre à conduire à la parfaite félicité.

S. Aug. (Traité 21) Mais quels sont ces morts à qui le Père et le Fils rendent la vie? Notre-Seigneur veut parler ici de la résurrection des morts, qui est l'objet commun de notre espérance; non cette résurrection des morts qu'il a rappelés à la vie pour amener à la foi ceux qui en étaient témoins: Lazare, par exemple, qui ressuscita, mais pour être encore victime de la mort, tandis que pour nous, nous ressusciterons un jour pour vivre éternellement avec Jésus-Christ. Ces paroles: «Comme le Père ressuscite et vivifie les morts», ne s'appliquent donc pas aux résurrections miraculeuses qu'il a opérées pendant sa vie mortelle, mais à la résurrection qui sera suivie de la vie éternelle; et Notre-Seigneur prend soin d'établir cette vérité en ajoutant: «Car le Père ne juge personne», etc., preuve évidente qu'il a voulu parler de la résurrection des morts qui doit avoir lieu lors du jugement dernier. (Traité 23). On peut dire encore que ces paroles: «Comme le Père ressuscite les morts», etc., doivent s'entendre de la résurrection des âmes, et ces autres: «Le Père ne juge personne,» etc., de la résurrection des corps. En effet, la résurrection des âmes est l'oeuvre de la puissance éternelle du Père et du Fils, et elle exige le concours simultané du Père et du Fils. La résurrection des corps, au contraire, est le fruit de l'incarnation du Fils de Dieu, incarnation qui n'est pas coéternelle au Père. (Traité 21). Voyez comme la parole de Jésus-Christ dirige et conduit notre âme d'une pensée à une autre, et ne la laisse pas s'arrêter dans des idées exclusivement matérielles; elle l'exerce par cette conduite, elle la purifie par cet exercice, et en la purifiant, elle la rend capable de recevoir la grâce divine qui doit la remplir. Notre-Seigneur avait dit précédemment: «Le Père montre au Fils tout ce qu'il fait», c'est-à-dire que le Père agissait, et que le Fils semblait attendre. Ici, je vois le Fils qui agit seul, à l'exclusion, ce semble, du Père. - S. Aug. (de la Trin., 1, 13). Ces paroles: «Il a donné tout jugement au Fils», ne doivent pas s'entendre dans le même sens que ces autres: «Il a donné au Fils d'avoir la vie en lui-même» (Jn 5,26), qui expriment la génération éternelle du Fils. Si ces deux passages devaient s'entendre dans le même sens, le Sauveur n'aurait pas dit: «Le Père ne juge personne», car le fait seul pour le Père de la génération d'un Fils qui lui est égal, entraîne nécessairement le pouvoir de juger avec lui. Ces paroles signifient donc qu'au jour du jugement, ce ne sera pas la nature divine, mais la forme du Fils de l'homme qui apparaîtra. Il ne faut pas en conclure que celui qui a donné tout jugement au Fils, sera privé du droit de juger lui-même, parce que le Fils a dit de lui: «Il est quelqu'un qui en prendra soin (de ma gloire), et qui jugera» (Jn 8,50). Ces paroles: «Le Père ne juge personne», signifient donc simplement: Personne ne verra le Père au jour du jugement, mais tous verront le Fils, parce qu'il est le Fils de l'homme, et qu'il sera vu même des impies qui jetteront les yeux sur celui qu'ils auront percé de plaies (Za 12,10). - S. Hil. (de la Trin., 7) Ou bien encore, Notre-Seigneur ne voulant pas que ces paroles: «Le Fils donne la vie à qui il veut», fussent prises comme une négation de sa génération divine, et comme une preuve que sa puissance ainsi que sa nature ne venaient que de lui-même, il ajoute aussitôt: «Le Père ne juge personne,» etc. Dans ces seules paroles: «Il a donné tout jugement au Fils», nous voyons tout à la fois la nature divine du Fils de Dieu et sa génération; car la nature divine seule peut tout avoir, et celui qui est engendré ne peut rien avoir qu'il n'ait reçu. - S. Chrys. (hom. 39). De même qu'il lui a donné la vie, c'est-à-dire qu'il l'a engendré vivant, ainsi lui a-t-il donné toute puissance pour juger, c'est-à-dire qu'il lui a communiqué cette puissance avec la génération. Il se sert ici du mot «il a donné,» pour éloigner toute idée qui exclurait la génération, ou supposerait l'existence de deux Pères. Il dit: «Toute puissance de juger», parce qu'il est le maître de punir et de récompenser selon son bon plaisir. - S. Hil. (de la Trin., 7) «Il lui a donné toute puissance de juger», parce que le Fils donne la vie à qui il lui plait, mais il ne faut pas croire que le Père soit privé de la puissance de juger parce qu'il ne juge pas lui-même, car le pouvoir judiciaire du Fils vient du pouvoir du Père qui a donné au Fils toute puissance de juger, et Notre-Seigneur fait connaître la raison de cette puissance qui lui est donnée: «Afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père».

S. Chrys. (hom. 39). De ce que le Père est le principe de l'existence et de la puissance du Fils, ne concluez pas que le Fils soit d'une nature différente et n'ait point droit au même honneur, car Notre-Seigneur unit étroitement l'honneur du Fils à l'honneur du Père, et il établit clairement que l'honneur qui est dû au Père, est le même qui est dû au Fils. Dirons-nous pour cela que le Fils est le Père? Non, sans doute, celui qui lui donne le nom de Père, n'honore pas encore le Fils comme le Père, mais les confond tous deux ensemble. - S. Aug. (Traité 21). Pendant sa vie mortelle, le Fils ne paraissait que comme un serviteur, le Père recevait les honneurs dus à Dieu, mais après le jugement, le Fils apparaîtra comme l'égal de son Père, afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. (Traité 19). Mais s'ils en étaient qui honorent le Père sans honorer le Fils? Cela est impossible: «Celui qui n'honore pas le Fils, poursuit Notre-Seigneur, n'honore pas le Père qui l'a envoyé». Autre chose est de considérer Dieu en tant qu'il est Dieu, autre chose est de le considérer en tant qu'il est Père. Lorsqu'on vous le fait considérer comme Dieu, vous vous le représentez comme un être tout-puissant, comme un esprit souverain, éternel, invisible, immuable. Mais lorsqu'on vous le fait considérer comme Père, cette idée réveille aussitôt dans votre esprit l'idée de Fils, puisqu'on ne peut lui donner le nom de Père, que parce qu'il a un Fils. Et si vous veniez à honorer le Père comme plus grand que le Fils, et le Fils comme lui étant inférieur, vous diminuez la gloire du Père en diminuant l'honneur que vous rendez au Fils. Car quelle est alors votre pensée, c'est que le Père n'a pas voulu, ou qu'il n'a pu engendrer un Fils qui lui fût égal; s'il n'a pas voulu, ce serait donc qu'il lui aurait envié l'existence, s'il ne l'a pu, c'est une preuve d'impuissance. (Traités 23) Ou bien encore, ces paroles: «Afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père», se rapportent à la résurrection des âmes que le Fils opère simultanément avec le Père, tandis que les paroles qui suivent: «Celui qui n'honore pas le Fils, n'honore pas le Père», se rapportent à la résurrection des corps. Ici Notre-Seigneur ne dit pas: De la même manière que le Père, parce que Jésus-Christ en tant qu'homme n'a pas droit aux mêmes honneurs que Dieu le Père. (Traité 21). Vous me direz: Le Fils a été envoyé, il est donc inférieur au Père qui l'a envoyé? Eloignez de votre esprit toute idée charnelle, et comprenez qu'il y a eu mission, mais non point séparation; les choses humaines nous induisent en erreur, les vérités divines purifient notre intelligence, bien qu'ici les choses humaines rendent témoignage contre elles-mêmes. Un homme veut demander une femme en mariage, il ne peut le faire par lui-même, il charge un ami plus puissant que lui de faire cette demande. Et cependant remarquez la différence qui existe dans les choses humaines, un homme ne va pas avec celui qu'il envoie, tandis que le Père, qui envoie le Fils, ne se sépare pas de lui, comme le déclare Notre-Seigneur: «Je ne suis pas seul, parce que mon Père est avec moi» (Jn 16,32). - S. Aug. (de la Trin., 4, 20). Ce n'est pas précisément parce que le Fils est engendré du Père, que les Écritures disent que le Fils est envoyé, mais parce qu'il s'est manifesté au monde, lorsque le Verbe s'est fait chair, ce qui lui fait dire: «Je suis sorti de mon Père, et je suis venu en ce monde» (Jn 16,28); ou bien, parce qu'il est successivement envoyé et reçu dans le coeur des fidèles suivant cette parole: «Envoyez-la du ciel (votre sagesse), et du trône de votre grandeur, afin qu'elle soit avec moi, et qu'elle agisse avec moi» (Sg 9,10). - S. Hil. (de la Trin). Toute issue est donc fermée aux inventions sataniques de l'hérésie. Jésus est le Fils de Dieu, parce qu'il ne fait rien de lui-même; il est Dieu, parce qu'il fait tout ce que fait le Père, il ne fait qu'un avec le Père, parce qu'ils ont droit aux mêmes honneurs, et cependant il n'est point le Père, parce qu'il est envoyé.


v. 24

12524 Jn 5,24

La Glose. Notre-Seigneur avait dit précédemment: «Le Fils donne la vie à qui il veut»; il lui restait à faire connaître comment le Fils nous conduit à la vie: «En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole», etc. - S. Aug. (Traité 22). La vie éternelle consiste à écouter et à croire, mais encore plus à comprendre. La foi est le degré qu'il faut franchir pour arriver à l'intelligence qui est le fruit de la foi. Remarquez que le Sauveur ne dit pas : Celui qui croit en moi, mais: «Celui qui croit à celui qui m'a envoyé». Pourquoi donc, Seigneur, entend-il votre parole, et croit-il à un autre que vous? Que voulez-vous dire? si ce n'est: la parole de celui qui m'a envoyé est en moi? «Il entend ma parole», c'est-à-dire, c'est moi qu'il entend: «Il croit à celui qui m'a envoyé», c'est-à-dire, qu'en croyant en lui, il croit à sa parole, et en croyant à sa parole, c'est en moi qu'il croit, parce que je suis la parole, le Verbe du Père.

S. Chrys. (hom. 39). Le Sauveur ne dit pas: «Celui qui écoute ma parole et qui croit en moi», ce que les Juifs auraient regardé comme l'expression d'un orgueil qui veut s'élever outre mesure. En disant au contraire: «Celui qui croit à celui qui m'a envoyé», il faisait plus facilement accepter sa doctrine. Deux considérations venaient à l'appui, il enseignait que c'était au Père qu'il fallait croire, et il promettait toute sorte de biens comme récompense de la foi qu'il demandait: «Il ne vient pas en jugement». - S. Aug. (Traité 22). Mais que signifient ces paroles? Y aura-t-il donc un homme plus vertueux que saint Paul, qui nous déclare: «Qu'il nous faut tous comparaître devant le tribunal de Jésus-Christ» (Rm 14,10 2Co 5,10). Nous répondons que le jugement emporte quelquefois l'idée de punition, tandis que dans d'autres circonstances, il signifie un simple examen ou un jugement de séparation. Nous devrons tous comparaître devant le tribunal de Jésus-Christ, pour subir ce jugement de séparation et d'examen. Mais ici Notre-Seigneur veut parler du jugement qui emporte condamnation, et ces paroles: «Il ne vient point en jugement», signifient: «Il n'encourt pas une sentence de condamnation», mais ajoute le Sauveur: «Il a passé de la mort à la vie»; ce passage n'est pas encore entièrement effectué, mais dès maintenant il a passé de la mort de l'infidélité à la vie de la foi, de la mort de l'iniquité à la vie de la justice. Ou bien encore, Notre-Seigneur veut vous désabuser de la pensée que la foi vous préserverait de la mort du corps, et bien vous convaincre que vous paierez cette dette de la mort que vous a fait contracter le péché d'Adam, qui nous représentait tout aux yeux de Dieu; personne ne peut échapper à cette sentence qu'il entendit porter contre lui: «Vous mourrez de mort» (Gn 2,17). Mais après avoir payé en mourant cette dette du vieil homme, vous reprendrez la vie de l'homme nouveau, et vous passerez de la mort à la vie. (Traité 19). Et à quelle vie? à la vie éternelle, car les morts qui ressusciteront à la fin du monde ressusciteront pour la vie éternelle. (Traité 22). Quant à cette vie, elle ne mérite point le nom de vie, parce qu'il n'y a de véritable vie que la vie éternelle.

S. Aug. (serm. 64 sur les par. du Seign). Nous voyons les hommes dans leur amour passionné pour cette vie périssable et mortelle, se donner mille efforts pour combattre la crainte de la mort, et faire tout ce qu'ils peuvent, non pour se soustraire à la mort, mais pour en retarder l'heure fatale. Mais si vous prenez tant de soins, si vous vous donnez tant de peine pour prolonger votre vie de quelques jours, que ne devez-vous pas faire pour la rendre éternelle? Et si l'on donne le nom de prudents à ceux qui tentent l'impossible pour retarder leur mort, et vivre quelques jours de plus, combien sont insensés ceux qui vivent de manière à perdre la vie éternelle.


vv. 25-26

12525 Jn 5,25-26

S. Aug. (Traité 23 sur S. Jean). On aurait pu faire cette difficulté au Sauveur: «Le Père vivifie ceux qui croient en lui, et vous ne pouvez vous donner aussi la vie ?» Vous voyez ici que le Fils donne également la vie à qui il veut: «En vérité, en vérité, je vous le dis, l'heure vient, et elle est déjà venue, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l'entendront vivront». - S. Chrys. (hom. 39). Et n'allez pas croire que ces paroles: «L'heure vient», doivent s'entendre d'un temps encore éloigné, car Notre-Seigneur ajoute: «Et elle est venue», et la parole du Fils de Dieu a été alors aussi efficace qu'elle le sera lorsqu'elle nous commandera de ressusciter à la fin du monde. - Théophyl. Le Sauveur voulait parler ici de ceux qu'il devait ressusciter pendant sa vie mortelle, de la fille du chef de la synagogue, du fils de la veuve de Naïm et de Lazare. - S. Aug. (Traité 22). Ou bien encore, Notre-Seigneur ne veut pas que nous entendions de la résurrection future ces paroles: «Il passe de la mort à la vie», et pour nous apprendre que ce bienheureux passage s'opère dans celui qui croit, il ajoute: «En vérité, en vérité, l'heure vient». Quelle est cette heure? Elle est venue, c'est l'heure où les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l'entendront vivront. (Traité 29). Il ne dit pas: Ils entendent parce qu'ils vivent, mais ils revivront parce qu'ils entendront. Que veut dire ce mot: «Ils entendront ?» c'est-à-dire: «Ils obéiront». (Traité 22). Ceux qui croient et qui vivent selon les règles de la vraie foi, vivent véritablement et ne sont plus soumis à la mort; mais pour ceux qui refusent de croire, ou dont la vie coupable est en désaccord avec leur foi, et qui ont perdu la charité, il faut bien plutôt les mettre au rang des morts. Cependant cette heure dont il est ici parlé dure encore, elle se prolonge jusqu'à la fin du monde, comme saint Jean le déclare: «Nous sommes dans la dernière heure» (1Jn 2,18). - S. Aug. (serm. 61 sur les par. du Seig). Lorsque les morts, c'est-à-dire les infidèles, entendront la voix du Fils de Dieu (c'est-à-dire l'Évangile), ceux qui l'entendront (c'est-à-dire qui obéiront), vivront, c'est-à-dire, seront justifiés et cesseront d'être infidèles.

S. Aug. (Tr. 22). On me fait cette question: Le Fils a-t-il en lui la vie qu'il puisse communiquer à ceux qui croient? Je réponds: Oui il a en lui-la vie, lui-même vous l'atteste: «Comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils d'avoir la vie en lui-même». (Traité 19). La vie est une chose qui lui est propre, elle ne lui vient point d'un principe étranger, il ne l'a point par emprunt, comme s'il entrait en participation de la vie. La vie n'est autre chose que lui-même, et il a la vie en lui-même, il est lui-même sa vie. - Et vous, ô âme, est-ce que vous n'étiez pas morte? Ecoutez le Père par la voix du Fils, levez-vous pour recevoir en vous la vie que vous n'avez pas en vous-même, cette vie vous est donnée par le Père, elle vous est donnée par le Fils qui a la vie en lui-même, et c'est la première résurrection. Or, cette vie qui est le propre du Père et du Fils, est la vie de l'âme, et l'âme raisonnable seule, à l'exclusion du corps, peut participer à cette vie de la sagesse.

S. Hil. (des syn. défin., 6). Les hérétiques, pressés de tous côtés par l'autorité des Écritures, sont forcés d'attribuer au Fils une puissance semblable à celle du Père, mais sans vouloir accorder qu'il ait une même nature, et ils ne comprennent pas que l'égalité de puissance ne peut venir que de l'égalité de nature. Une nature inférieure ne peut jamais recevoir la puissance d'une nature qui lui est de beaucoup supérieure. Or, on ne peut nier que le Fils de Dieu n'ait une puissance égale à celle du Père, puisqu'il affirme lui-même que: «Tout ce que le Père fait, le Fils le fait pareillement», et cette égalité de puissance entraîne nécessairement l'égalité de nature comme il le déclare expressément: «De même que le Père a la vie en lui; ainsi il a donné à son Fils d'avoir la vie en lui». La vie est ici synonyme de nature et d'essence, et Notre-Seigneur nous apprend à la fois qu'il possède cette vie et qu'elle lui a été donnée. (Défin. 4). La vie qui est dans le Père et dans le Fils, signifie la nature, l'essence et la vie qui est engendrée de la vie (c'est-à-dire, l'essence qui est engendrée de l'essence); comme elle n'est point différente de son principe, parce qu'elle est la vie qui naît de la vie, elle possède en vertu de son origine une parfaite égalité de nature.

S. Aug. (de la Trin., 15, 26) Comprenons-donc que le Père ne donne pas la vie à son Fils, comme s'il en était privé auparavant, et qu'il l'engendre en dehors de toute succession de temps, en sorte que la vie que le Père donne à son Fils en l'engendrant, est coéternelle à la vie de celui qui l'engendre. - S. Hil. (de la Trin., 9) Ce qui naît vivant d'un être vivant, possède la perfection dès sa naissance, sans qu'il y ait création d'une nature nouvelle, car ce qui est engendré d'un autre être vivant, n'est point une nature nouvelle, parce que ce n'est pas du néant que la vie est sortie; la vie qui prend sa naissance au sein même de la vie, doit nécessairement avoir l'unité de nature, et celui qui est ainsi engendré doit posséder toute perfection, de telle sorte qu'il vive dans celui qui l'a engendré, et qu'il ait en lui la vie véritable. Notre faible nature humaine est composée d'éléments fort disparates, et la vie pour elle semble sortir des choses inanimées; elle ne vit pas aussitôt ni toute entière de la vie qu'elle reçoit par la génération, et il y a en elle beaucoup d'éléments qui, après s'être développés, tombent et périssent sans avoir eu le sentiment de la vie. En Dieu, au contraire, tout ce qui existe a la vie, car Dieu est la vie même, et la vie ne peut produire que la vie. - S. Aug. (Traité 22). Ces paroles: «Il a donné au Fils», ont donc la même signification que celles-ci: «Il a engendré son Fils», car c'est en l'engendrant qu'il lui a donné la vie. De même qu'il lui a donné l'être, il lui a donné d'être la vie, d'être la vie en lui-même, sans avoir besoin de la recevoir d'ailleurs, et d'avoir en lui la plénitude de la vie pour la communiquer à tous ceux qui croient. Qu'importe donc que l'un ait donné et l'autre reçu? - S. Chrys. (hom. 39). Vous voyez donc ici l'égalité absolue et parfaite, il n'y a qu'une seule différence, c'est que l'un existe comme Père, et l'autre comme Fils. - S. Hil. (des synod. définit. 2). Il faut distinguer ici entre celui qui donne et celui qui reçoit; on ne peut supposer que ce soit la même personne qui donne et qui reçoive, puisque l'un est vivant par lui-même, et que l'autre déclare vivre de la vie qu'il a reçue de son Père.



Catena Aurea 12519