Catena Aurea 12327

vv. 27-30

12327 Jn 3,27-30

S. Chrys. (hom. 29). Aux questions que lui font ses disciples, Jean-Baptiste ne répond point par de sévères reproches, dans la crainte qu'en se séparant de lui, ils ne se portent à une autre extrémité, il leur parle donc en termes très-modérés: «Jean répondit: L'homme ne peut rien recevoir s'il ne lui a été donné du ciel». C'est-à-dire, si la personne de Jésus-Christ est environnée d'un éclat extraordinaire, si tous s'empressent à l'envi autour de lui, il ne faut pas vous en étonner, c'est Dieu qui est l'auteur de ces merveilles. Ce qui est purement humain, se découvre facilement, est faible et passe avec rapidité, mais telle n'est point la gloire de Jésus-Christ, ce n'est point ici l'oeuvre de l'homme, tout est empreint d'un caractère divin. Ne soyez pas surpris s'il ne parle point du Sauveur en termes plus relevés, ses disciples étaient dominés par un sentiment trop vif de jalousie pour qu'il fût opportun ou même possible de les enseigner à fond; il veut donc simplement leur inspirer un sentiment de crainte, en leur montrant qu'ils tentent l'impossible et se mettent en opposition avec Dieu. - S. Aug. (Traité 13) On peut dire encore que Jean veut parler ici de lui-même: Comme homme, j'ai tout reçu du ciel; si donc je dois à Dieu d'être quelque chose, voulez-vous donc que je m'annihile moi-même en parlant contre la vérité ?

S. Chrys. (hom. 29). Remarquez comme Jean-Baptiste retourne contre eux le trait dont ils avaient voulu se servir contre Jésus-Christ, ça disant: «Celui à qui vous avez rendu témoignage». Il leur répond: «Vous-mêmes, vous m'êtes témoins que j'ai dit: Je ne suis point le Christ», c'est-à-dire, puisque vous croyez à la vérité de mon témoignage, vous devez en conclure que je dois lui céder tout honneur. Il ajoute: «Mais que j'ai été envoyé devant lui», c'est-à-dire, je suis un simple ministre, je fais connaître les ordres et la volonté de celui qui m'a envoyé, je ne cherche pas à le flatter dans une pensée d'intérêt personnel, je n'ai d'autre but que de remplir la mission que le Père m'a confiée.

Alcuin. On pouvait lui faire cette difficulté: Puisque vous n'êtes pas le Christ, qui êtes-vous donc? ou quel est celui à qui vous rendez témoignage? Il répond: Il est l'Epoux, et je suis, moi, l'ami de l'Epoux, et envoyé devant lui pour préparer son Epouse à le recevoir: «Celui qui a l'Epouse, est l'Epoux». Cette Epouse, c'est l'Eglise formée de toutes les nations, elle est vierge par l'intégrité de son âme, la perfection de sa charité, l'unité de la foi catholique, la concorde qui est le fruit de la paix, la pureté de son coeur et de son corps; elle a un Epoux qui la rend mère tous les jours. - Bède. C'est bien inutilement qu'une vierge a la pureté du corps, si elle n'y joint la chasteté de l'âme. Mais pour cette épouse, Jésus-Christ se l'est unie sur le lit nuptial du sein virginal de sa mère, et l'a rachetée du prix de son sang.

Théophyl. Jésus-Christ est encore l'Epoux de toute âme fidèle, et le lieu où se contracte cette union, c'est l'Eglise où l'âme reçoit le saint baptême. Les arrhes que l'Epoux donne à l'Epouse sont la rémission des péchés, la communication du Saint-Esprit; et il réserve pour l'autre vie des dons plus parfaits à ceux qui en seront dignes. Nul autre ne peut prétendre à l'honneur d'être l'Epoux, que Jésus-Christ seul. Tous les docteurs sont des paranymphes comme le Précurseur; mais Dieu seul est la source de tous les biens célestes, tous les autres ne sont que les ministres dont il se sert pour répandre ces biens.

Bède. Le Seigneur a donc confié son Epouse à son ami, c'est-à-dire à l'ordre des prédicateurs qui doivent être pour elle pleins de zèle, non dans leur intérêt, mais dans l'intérêt de Jésus-Christ. Voilà pourquoi Jean-Baptiste ajoute: «Mais l'ami de l'Epoux qui se tient debout et l'écoute», etc. - S. Aug. (Traité 13). Il déclare donc: Ce n'est pas mon Epouse. Vous demeurez donc étranger à la joie des noces? Tout au contraire, répond-il, je partage la joie de l'Epoux, parce que je suis son ami. - S. Chrys. (hom. 29). Mais comment Jean-Baptiste, qui avait dit précédemment: «Je ne suis pas digne de dénouer les courroies de sa chaussure», se proclame maintenant son ami? Ce n'est pas qu'il prétende à l'honneur d'être son égal, il veut simplement exprimer la plénitude de son allégresse; car la joie des serviteurs, dans ces circonstances, est loin d'être aussi grande que celle des amis. C'est encore par condescendance pour la faiblesse de ses disciples, qu'il se dit l'ami de Jésus-Christ; ils s'imaginaient que tout ce qui se passait le blessait vivement; il leur fait voir que loin d'en être blessé, il est au comble de la joie, si l'Epoux est connu de son Epouse.

S. Aug. (Traité 13). Mais pourquoi se tient-il debout? parce qu'il ne tombe pas; et pourquoi évite-t-il de tomber? parce qu'il est humble. Voyez comme il s'appuie sur un terrain solide: «Je ne suis pas digne de dénouer les courroies de ses souliers». Il se tient debout et l'écoute; s'il venait à tomber, il ne l'entendrait pas, l'ami de l'Epoux doit donc se tenir debout et l'écouter, c'est-à-dire persévérer dans la grâce qu'il a reçue, et écouter la voix qui le remplit d'allégresse. Je ne me réjouis pas, dit-il, de ce que j'entends ma voix, mais de ce que j'entends la voix de l'Epoux; ma joie c'est d'entendre, comme la sienne est de parler; je suis l'oreille, il est la parole. Celui qui est chargé de garder la fiancée ou l'épouse de son ami, veille avec soin à ce qu'elle ne donne son affection à aucun autre. Mais s'il consentait lui-même a prendre dans son coeur la place de son ami, et qu'il abusât du dépôt qui lui est confié, ne serait-il pas un objet d'horreur pour le genre humain tout entier? Combien je vois d'adultères qui veulent posséder cette Epouse qui a été achetée à un si grand prix, et dont toutes les paroles tendent à obtenir une affection qui n'est due qu'à l'Epoux ?

S. Chrys. (hom. 29). Ou bien encore, ces paroles: «Qui se tient debout», ont un sens particulier, et signifient que le ministère de Jean-Baptiste est à son terme, et qu'il ne lui reste plus qu'à se tenir debout et à écouter. Il passe ici de la figure à l'objet figuré, il a pris pour comparaison l'époux et l'épouse, il montre comment se fait leur union, c'est-à-dire par la voix et par la doctrine: «Car la foi vient de ce qu'on a entendu, et on a entendu, parce qu'on prêche la parole de Dieu». (Rm 10) Et comme il voit toutes ses espérances réalisées, il ajoute: «Cette joie est donc pleinement réalisée pour moi», c'est-à-dire l'oeuvre qui m'a été confiée est pleinement accomplie, et il ne me reste plus rien à faire. - Théophyl. Je me réjouis donc de ce que tous s'empressent de tourner vers lui leurs regards. Si l'épouse (c'est-à-dire le peuple), ne se fût pas approchée de l'Epoux, moi, son ami, son paranymphe, je serais dans la douleur. - S. Aug. (Traité 14). Ou bien encore, ma joie est au comble, parce qu'il m'est donné d'entendre la voix de l'Epoux. C'est la faveur que je désirais, je n'en réclame pas d'autre, de peur de perdre la grâce que j'ai reçue. Car celui qui cherche sa joie en lui-même sera toujours triste, mais celui qui la place en Dieu ne verra jamais cesser sa joie, parce que Dieu est éternel. - Bède. L'homme se réjouit d'entendre la voix de l'Epoux, lorsqu'il comprend qu'il doit placer sa joie, non dans sa propre sagesse, mais dans la sagesse qu'il a reçue de Dieu; car celui-là seul est l'ami de l'Epoux, qui ne recherche pour prix de ses bonnes oeuvres ni la gloire, ni les louanges, ni les avantages de la terre, mais ne se propose que les récompenses éternelles.

S. Chrys. (hom. 29). Jean-Baptiste veut éteindre dans le coeur de ses disciples tout sentiment d'envie, non seulement pour le présent, mais pour l'avenir, et il ajoute: «Il faut qu'il croisse et que je diminue», c'est-à-dire, ma mission et mon ministère touchent à leur fin, tandis que la mission et la gloire de Jésus doivent toujours aller en croissant. - S. Aug. (Traité 14). Mais que signifient ces paroles: «Il faut qu'il croisse ?» Dieu ne peut ni croître ni diminuer; Jean-Baptiste et Jésus, sous le rapport de la naissance temporelle, étaient contemporains, et les quelques mois qui séparaient l'une de l'autre ne faisaient pas une différence d'âge. Ces paroles renferment un grand mystère; avant la venue du Seigneur, les hommes mettaient toute leur gloire en eux-mêmes, il est venu et s'est fait homme pour diminuer la gloire de l'homme, et accroître la gloire de Dieu. Il est venu, en effet, pour pardonner les péchés à l'homme, à la condition qu'il les confesserait. Or, l'homme s'humilie quand il confesse ses péchés, et Dieu s'élève, pour ainsi dire, quand il exerce la miséricorde. Cette vérité se trouve exprimée dans la mort différente de Jésus-Christ et de Jean-Baptiste; Jean fut diminué de la tête, et Jésus fut élevé en croix. Remarquez encore que Jésus vint au monde, lorsque les jours commencent à croître, tandis que la naissance de Jean eut lieu lorsqu'ils commencent à décroître. Que la gloire de Dieu croisse donc dans notre âme, et que notre propre gloire s'amoindrisse, pour qu'elle puisse elle-même s'accroître en Dieu. Or, plus vous avancez dans la connaissance de Dieu, plus aussi Dieu paraît croître en vous; car il ne peut croître en lui-même, puisqu'il est parfait de toute éternité. Lorsque les yeux d'un aveugle sont guéris de leur cécité, il commence d'abord par voir un peu la lumière; le jour suivant, il la voit davantage, la lumière paraît croître pour lui; cependant elle a toute sa plénitude, toute sa perfection, qu'il la voie ou qu'il ne la voie point; ainsi l'homme intérieur fait des progrès dans la connaissance de Dieu, et Dieu paraît croître en lui, tandis qu'il s'amoindrit lui-même et tombe, pour ainsi dire, de sa propre gloire, pour se relever dans la gloire de Dieu.

Théophyl. Ou bien encore, lorsque le soleil paraît, la lumière des autres astres du ciel paraît s'éteindre, et cependant elle n'est pas éteinte en réalité; elle est simplement éclipsée par une lumière plus brillante; c'est ainsi que le Précurseur paraît éclipsé comme une étoile par le soleil. Quant à Jésus-Christ, on le voyait croître successivement à mesure qu'il se révélait par ses miracles, il ne croissait pas en vertus suivant l'erreur insensée de Nestorius, mais il croissait en révélant successivement les preuves de sa divinité.


vv. 31-32

12331 Jn 3,31-32

S. Chrys. (hom. 30). De même que le ver ronge le bois, et la rouille le fer, ainsi la vaine gloire perd l'âme qui la nourrit et l'entretient. Aussi devons-nous mettre tous nos soins à détruire en nous cette malheureuse passion. Malgré tant de raisons convaincantes, Jean-Baptiste peut à peine guérir ses disciples atteints de cette funeste maladie, et il est comme obligé de leur apporter de nouvelles raisons: «Celui qui vient d'en haut, est au-dessus de tous». Puisque vous avez en si grande estime mon témoignage, leur dit-il, et que vous ne voyez rien qui soit plus digne de foi, sachez donc que ce n'est pas à celui qui habite la terre, à recommander comme digne d'être cru celui qui vient du ciel. Tel est le sens de ces paroles: «Il est au-dessus de tous», c'est-à-dire, il se suffît à lui-même, et sa grandeur est en dehors de toute comparaison. - Théophyl. Jésus-Christ, en effet, vient d'en haut et descend du Père, et il occupe une place si élevée qu'elle le distingue et le sépare de tous les hommes. - Alcuin. Ou bien encore: «Il vient d'en haut», c'est-à-dire des hauteurs que la nature humaine occupait avant le péché du premier homme. C'est sur ces hauteurs que le Verbe de Dieu a pris la nature humaine, dont il a revêtu les peines, sans prendre la faute.

«Celui qui tire son origine de la terre, est de la terre (c'est-à-dire est terrestre), et parle de la terre» (c'est-à-dire des choses terrestres). - S. Chrys. (hom. 30). Cependant Jean-Baptiste ne venait pas tout entier de la terre, il avait une âme et il participait de l'esprit, qui ne viennent point de la terre. Pourquoi donc déclare-t-il qu'il vient de la terre? Cette manière de s'exprimer signifie simplement dans l'intention du Précurseur, qu'il est peu de chose, parce qu'il vient de la terre, qu'il est né sur la terre, et qu'il ne peut en aucune sorte entrer en comparaison avec Jésus-Christ qui est venu du ciel: «Il parle de la terre», non pas dans ce sens qu'il parle d'après ses propres inspirations, mais comparativement à la doctrine de Jésus-Christ, comme s'il disait: Ma personne, ma doctrine sont trop inférieures pour entrer en comparaison avec la personne et la doctrine de Jésus-Christ; elles sont ce qu'il convient d'être à la nature humaine et terrestre, comparée à celui en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science de Dieu (Col 2,3). - S. Aug. (Traité 14). Ou bien, ces paroles: «Il parle de la terre», doivent s'entendre de l'homme qui suit ses propres inspirations; car lorsqu'il parle un langage divin, c'est Dieu qui l'éclaire et qui l'inspire, comme le reconnaît le grand Apôtre: «Ce n'est pas moi, mais la grâce de Dieu avec moi». (1Co 15,10). C'est-à-dire que Jean, considéré en lui-même, vient de la terre, et parle le langage de la terre, et s'il vous a fait entendre le langage du ciel, ce n'est point de lui-même, mais par un effet de la grâce qui l'a rempli de ses lumières.

S. Chrys. (hom. 30). Jean-Baptiste, ayant étouffé tout sentiment d'envie dans le coeur de ses disciples, leur parle de Jésus-Christ avec une plus grande liberté, car tout ce qu'il aurait pu dire auparavant eut été inutile, et n'eût point trouvé d'écho dans des esprits si mal disposés. Il continue donc en ces termes: «Celui qui vient du ciel est au-dessus de tous». - La Glose. C'est-à-dire celui qui vient du Père est au-dessus de tous de deux manières: Premièrement, au-dessus de la nature humaine, qu'il n'a prise que dans un état exempt de péché, et secondement, parce qu'il partage l'élévation du Père dont il est l'égal.

S. Chrys. (hom. 30). Après ces idées si hautes et si relevées sur Jésus-Christ, Jean-Baptiste descend de ces hauteurs et parle, pour ainsi dire, un langage plus humain: «Et ce qu'il a vu et entendu, il en rend témoignage». C'est par ces deux sens de l'ouïe et de la vue que nous arrivons à une connaissance certaine de toutes choses, et nous sommes regardés comme des maîtres dignes de foi, lorsque nous enseignons les choses que nous avons vues ou entendues. Jean-Baptiste applique cette vérité à Jésus-Christ en disant de lui: «Et ce qu'il a vu et entendu, il en rend témoignage», il établit ainsi que les paroles du Sauveur ne renferment aucune erreur et qu'elles sont la vérité même. Quant à moi, semble-t-il dire, j'ai besoin d'être instruit par celui qui vient du ciel, et j'annonce ce qu'il a vu et entendu, c'est-à-dire les vérités dont il a seul une connaissance entière et parfaite. - Théophyl. En entendant ces paroles: «Il rend témoignage de ce qu'il a vu et entendu», n'allez pas croire que le Fils de Dieu ait besoin d'apprendre quelque chose de son Père; tout ce que le Fils connaît en vertu de sa nature vient de son Père, et c'est en ce sens qu'il apprend de son Père tout ce qu'il sait. Mais qu'est-ce que le Fils a pu entendre du Père? Peut-être la parole du Père? Mais il est lui-même la parole, le Verbe du Père. - S. Aug. (Traité 14). Lorsque vous concevez la parole que vous devez dire, vous voulez exprimer une idée, et la conception de cette idée est déjà une parole dans votre coeur. Or, de même que vous avez dans votre coeur la parole que vous devez dire, et qu'elle est vraiment en vous, ainsi Dieu a produit sa parole, son Verbe, c'est-à-dire a engendré son Fils. Donc, comme le Verbe de Dieu est le Fils de Dieu et que c'est le Fils de Dieu qui a parlé, celui qui parlait le Verbe du Père a voulu nous faire connaître non sa parole, mais le Verbe, la parole du Père. Jean-Baptiste a exposé ce mystère autant qu'il était nécessaire de le faire, et de la manière la plus convenable.



vv. 33-36

12333 Jn 3,33-36

S. Chrys. Jean-Baptiste vient de dire expressément de Jésus-Christ: «Il atteste ce qu'il a vu et entendu » pour défendre contre l'accusation d'erreur les enseignements du Sauveur auxquels un si petit nombre devait ajouter foi, comme il le déclare lui-même: «Et personne ne reçoit son témoignage»; personne, c'est-à-dire un petit nombre de personnes; car il avait des disciples qui ajoutaient foi à ses paroles. Jean-Baptiste fait ici allusion à ceux de ses disciples qui ne croyaient pas encore en Jésus-Christ et condamne en même temps l'indifférence coupable des Juifs. C'est ce que l'Évangéliste avait dit lui-même au commencement de son Évangile: «Il est venu chez lui, et les siens ne l'ont pas reçu». (C'est-à-dire les Juifs qui lui appartenaient d'une manière toute particulière).

S. Aug. (Traité 14). Ou bien encore, il est un peuple qui est comme réservé à la colère de Dieu, et qui doit être condamné avec le démon; personne, parmi ce peuple, ne reçoit le témoignage du Christ. Jean-Baptiste a donc considéré cette division que la différence de disposition et d'esprit établit dans ce mélange d'hommes qui composent le genre humain, il a séparé par la pensée ceux que la distance des lieux n'a point encore séparés, et il a vu deux peuples, le peuple des infidèles, et le peuple qui a embrassé la foi. Il jette les yeux sur lès infidèles, et dit: «Personne ne reçoit son témoignage». Puis se détournant de la gauche, il regarde à droite et ajoute: «Celui qui reçoit son témoignage atteste que Dieu est véridique». - S. Chrys. (hom. 30). C'est-à-dire prouve qu'il est véridique. Jean-Baptiste veut inspirer ici une crainte salutaire en disant: «Que Dieu est véridique », et il montre par là qu'on ne peut refuser de croire en Jésus-Christ sans accuser de mensonge et d'erreur Dieu qui l'a envoyé, parce qu'il n'enseigne que la doctrine qu'il a reçue de son Père: «Car celui que Dieu a envoyé, dit les paroles de Dieu ». - Alcuin. On peut encore entendre ces paroles: (signavit, il a marqué d'une empreinte) dans ce sens qu'il a gravé dans son coeur un signe distinct et spécial que Jésus est le vrai Dieu qui a souffert pour le salut du genre humain.

S. Aug. (Traité 14). Que signifient ces paroles: «Dieu est véridique », si ce n'est que l'homme est menteur et que Dieu est le seul qui soit vrai? Quel est l'homme en effet, qui peut dire ce que c'est que la vérité, s'il n'est éclairé par celui qui ne peut mentir. Dieu est donc vrai, et Jésus-Christ est Dieu. En voulez-vous la preuve? Recevez son témoignage et tous la trouverez. Mais si vous ne le reconnaissez pas comme Dieu, vous n'avez pas encore reçu son témoignage. Jésus est donc le Dieu Véridique, et c'est Dieu qui l'a envoyé. C'est un Dieu qui a envoyé un Dieu, réunissez-les, vous avez un seul Dieu. Ces paroles: «Celui que Dieu a envoyé », Jean-Baptiste les appliquait à Jésus-Christ, pour bien établir la distinction qui existait entre le Sauveur et lui. Quoi donc? Est-ce que Jean-Baptiste n'était pas aussi l'envoyé de Dieu? Oui, mais écoutez la suite: «Parce que Dieu ne lui donne pas son esprit avec mesure». Aux hommes, il la donne avec mesure, à son Fils unique il le donne sans mesure. L'un reçoit de l'Esprit le don de parler avec sagesse, l'autre reçoit du même Esprit le don de parler avec science (1Co 12). Celui-ci reçoit une grâce, celui-là en reçoit une autre. La mesure est une espèce de partage dans les dons, mais Jésus-Christ ne reçoit pas avec mesure les grâces dont il est le principe et la source.

S. Chrys. (hom. 30). Par Esprit, Jean-Baptiste entend ici l'opération de l'Esprit saint, et il veut nous apprendre que tous nous avons reçu dans une certaine mesure cette divine opération de l'Esprit saint, tandis que Jésus-Christ l'a reçue toute entière, comment donc avoir le moindre soupçon contre sa parole? Il ne dit rien qui ne soit de Dieu, qui ne soit de l'Esprit saint; il ne parle point pour le moment du Dieu Verbe, et se contente de confirmer sa doctrine par l'autorité du Père et de l'Esprit saint; car les Juifs croyaient qu'il existe un Dieu et admettaient aussi l'existence de l'Esprit saint, (sans en avoir toutefois une idée convenable) mais ils ne connaissaient pas l'existence du Fils. - S. Aug. (Traité 14). Il venait de dire du Fils: «Il ne lui a pas donné l'Esprit avec mesure ». Il ajoute: «Le Père aime le Fils » et encore: «Et il a tout remis entre ses mains » pour vous faire comprendre toute l'étendue de ces paroles: «Le Père aime le Fils». En effet, le Père aime Jean ou Paul, et cependant il n'a pas tout remis entre leurs mains. Le Père aime le Fils, mais comme un père aime son fils, non pas comme un maître aime son serviteur; comme on aime non pas un fils adoptif, mais comme un fils unique. C'est pour cela qu'il lui a tout remis entre ses mains, afin que la grandeur du Fils soit égale à la grandeur du Père. Lors donc qu'il a daigné nous envoyer son Fils, gardons-nous de penser qu'il nous ait envoyé quelqu'un qui lui soit inférieur.

Théophyl. Ainsi donc, en vertu de sa divinité, Dieu a tout donné à son Fils par nature et non par grâce; ou bien il a tout remis entre ses mains, sous le rapport de son humanité, car Notre-Seigneur Jésus-Christ est le maître de tout ce qui existe dans le ciel et sur la terre.

Alcuin. Puisque toutes choses ont été remises entre ses mains, donc aussi la vie éternelle. C'est pour cela que Jean-Baptiste ajoute: «Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ». - Bède. La foi dont il est ici question, n'est pas celle qui ne consiste qu'en paroles, mais la foi qui reçoit sa perfection des oeuvres. - S. Chrys. (hom. 31). Il ne veut donc point dire qu'il suffit de croire au Fils pour avoir la vie éternelle, puisque Notre-Seigneur déclare lui-même expressément que ce ne sont pas ceux qui se contentent de dire: Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le royaume des cieux. Il nous apprend encore que le blasphème contre l'Esprit saint, suffit pour précipiter dans l'enfer. Ne croyons pas même que la foi pleine et entière au Père, au Fils et au Saint-Esprit, suffise pour le salut, il faut y joindre une vie sainte et une conduite exemplaire. Et comme le saint Précurseur sait que la menace des châtiments a plus d'efficacité que la promesse des récompenses, il conclut son discours par ces paroles: «Celui qui ne croit point au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui ». Remarquez comme il fait remonter au Père l'idée de châtiment, il ne dit pas: La colère du Fils, bien qu'il soit juge lui-même, il ne parle que de la juste colère du Père pour leur inspirer une crainte plus vive. Et il ne dit point: La colère de Dieu demeurera en lui, mais: «Elle demeurera sur lui », c'est-à-dire, qu'elle ne le quittera jamais. Et pour qu'on ne pense pas qu'il ne s'agit ici que d'une mort temporelle, il ajoute: «Il ne verra point la vie ». - S. Aug. (Traité 14). Il ne dit point: La colère de Dieu vient à lui, mais: «Elle demeure sur lui», parce que tous les hommes qui naissent à cette vie mortelle, portent avec eux la colère de Dieu qui est tombée sur le premier Adam. Le Fils de Dieu est venu sans avoir de péché, et il s'est revêtu de notre immortalité, et il a souffert la mort pour nous rendre la vie. Celui donc qui refuse de croire au Fils, mérite de voir demeurer sur lui cette colère de Dieu, dont l'Apôtre a dit: «Nous étions par nature des enfants de colère» (Ep 2).


CHAPITRE IV


vv. 1-6

12401 Jn 4,1-6

La Glose. Après avoir rapporté comment Jean-Baptiste réprima les mouvements de jalousie qu'excitait dans ses disciples le progrès de la doctrine de Jésus-Christ; l'Évangéliste nous apprend ici comment le Sauveur se dérobe à la méchanceté des pharisiens qui, pour la même raison, étaient animés contre lui des mêmes sentiments d'envie: «Jésus donc ayant su que les pharisiens avaient appris», etc. - S. Aug. (Traité 15). Si Notre-Seigneur avait prévu que les pharisiens, en apprenant qu'il faisait plus de disciples que Jean-Baptiste, et qu'il en baptisait un plus grand nombre, se détermineraient à marcher à sa suite pour sauver leur âme, il n'aurait point quitté la Judée, et il y serait resté dans leur intérêt. Mais comme il vit que cette connaissance ne produisait en eux que de l'envie, et leur inspirait le désir, non de le suivre, mais de le persécuter, il s'éloigna de la Judée. Il eut pu sans doute leur échapper s'il eût voulu, tout en restant au milieu d'eux, mais dans toutes les actions qu'il a faites comme homme, il s'est proposé de donner l'exemple à ceux qui devaient croire en lui, et de leur apprendre qu'un serviteur de Dieu ne pèche pas en se retirant dans un autre lieu pour se dérober à la fureur de ses persécuteurs. Ce n'est donc point par crainte que le bon maître agit ainsi, mais pour nous instruire. - S. Chrys. (hom. 31). Il le fit aussi, et pour calmer leur jalousie et pour ne pas affaiblir la foi au mystère de son incarnation, car la vérité de sa chair eût pu paraître douteuse, si on l'eût vu échapper visiblement aux mains de ses ennemis.

S. Aug. (Traité 15). On sera peut-être surpris de voir l'Évangéliste s'exprimer de la sorte: «Jésus en baptisait un plus grand nombre», et ajouter aussitôt: «Quoique Jésus ne baptisât point lui-même». Quoi donc? Est-ce que la première proposition était fausse et avait besoin d'être rectifiée? - S. Chrys. (hom, 31). Le fait est que Jésus-Christ ne baptisait pas lui-même, mais ceux qui firent ce rapport affirmèrent que Jésus en baptisait un plus grand nombre que Jean, pour exciter la jalousie des pharisiens. Jean-Baptiste nous donne du reste la raison pour laquelle le Sauveur ne baptisait pas, lorsqu'il dit: «il vous baptisera lui-même dans l'Esprit saint et dans le feu». Or, comme il ne donnait pas encore l'Esprit saint, il était convenable qu'il ne baptisât pas encore. Quant à ses disciples, il les laissait baptiser pour en amener un plus grand nombre à la doctrine du salut.

C'est afin de n'être pas obligés de parcourir la Judée pour réunir ceux qui devaient embrasser la foi, comme Jésus avait fait pour Simon et son frère, qu'ils adoptèrent l'usage du baptême, car le baptême des disciples n'avait rien de plus que le baptême de Jean, l'un et l'autre étaient dépourvus de la grâce qui vient de l'Esprit, et tous deux avaient un seul et même but, celui d'amener à Jésus-Christ ceux qui étaient baptisés. - S. Aug. (Traité 15). On peut dire encore que ces deux propositions sont vraies, c'est-à-dire, que Jésus baptisait et ne baptisait pas; il baptisait, parce que c'est lui qui purifiait les âmes, et il ne baptisait pas, parce qu'il ne plongeait pas lui-même dans l'eau. Les disciples prêtaient leur ministère extérieur, mais lui, dont Jean-Baptiste disait: «C'est lui qui baptise», donnait à ce baptême l'appui d'une majesté toute divine.

Alcuin. On demande ordinairement si on recevait le Saint-Esprit dans le baptême du Christ, puisqu'il est dit dans l'Évangile selon saint Jean: «L'Esprit saint n'était pas encore donné, parce que Jésus n'était pas encore glorifié». Nous répondons que l'Esprit saint était donné, mais sans cette manifestation éclatante qui eut lieu, lorsqu'après l'ascension, il descendit sur les Apôtres sous la forme de langues de feu. Jésus-Christ posséda toujours l'Esprit saint dans l'humanité qu'il s'était unie, et cependant l'Esprit saint descendit visiblement sur lui sous la forme d'une colombe, lorsqu'il fut baptisé; c'est ainsi qu'avant l'avènement éclatant et public de l'Esprit saint, quelques saints ont pu le recevoir d'une manière plus secrète. - S. Aug. (Lett. 18 à Séleucis). Il faut admettre que les disciples de Jésus-Christ étaient déjà baptisés, soit du baptême de Jean, soit (ce qui est plus vraisemblable) du baptême de Jésus-Christ; il n'est pas probable, en effet, que le Sauveur ait omis de baptiser ses disciples qui devaient baptiser les autres en son nom, lui qui remplit si exactement l'humble ministère de leur laver les pieds.

S. Chrys. (hom. 31). En s'éloignant de la Judée, Notre-Seigneur reprenait la suite de ses premiers desseins: «Et il s'en alla de nouveau en Galilée». Jésus vient chez les Samaritains, pour le même motif que les Apôtres, repoussés par les Juifs, allèrent chez les Gentils; cependant, pour ôter toute excuse aux Juifs, les Samaritains ne sont point le but principal de son voyage, et il ne vient chez eux qu'en passant, c'est ce que l'Évangéliste exprime en disant: «Or, il lui fallait passer par la Samarie». Cette contrée fut ainsi appelée, parce que la montagne de Samarie, qui donna son nom à la ville qu'on y bâtit, s'appelait Somer, du nom de son ancien possesseur. Les premiers habitants de cette ville et de cette contrée ne s'appelaient pas autrefois Samaritains, mais Israélites. Dans la suite des temps, ils transgressèrent les lois de Dieu, le roi d'Assyrie ne voulut plus les laisser dans leur pays, il les emmena à Babylone et dans la Médie, et le repeupla de colons tirés de diverses provinces assyriennes. Mais Dieu voulant prouver que ce n'était point par impuissance qu'il avait livré les Juifs aux mains de leurs ennemis, mais pour les punir de leurs crimes, envoya contre ces peuples barbares et idolâtres des lions qui dévastaient le pays. Le roi d'Assyrie, en ayant été instruit, leur envoya un prêtre Israélite pour leur enseigner le culte et les lois du Dieu des Juifs. Toutefois ils ne renoncèrent pas entièrement à leur impiété, et ils revinrent insensiblement au culte des idoles, ils y mêlaient cependant le culte du vrai Dieu. Ils prirent le nom de Samaritains, de la montagne même de Samarie.

Bède. Il lui fallait passer par la Samarie, qui est située entre la Judée et la Galilée. Samarie est une des villes les plus remarquables de la Palestine, et tellement importante par sa population, qu'elle a donné son nom à toute la contrée qui l'entoure. Or, l'Évangéliste nous indique dans quel endroit de cette contrée Notre-Seigneur s'arrêta: «Il vint donc dans une ville de Samarie, nommé Sichar». - S. Chrys. (hom. 31). C'était le lieu où Lévi et Siméon se vengèrent d'une manière sanglante de l'outrage fait à Dina, leur soeur. (Gn 34) Après que les fils de Jacob eurent rendu cette ville déserte par le meurtre des Sichimites, le patriarche la donna par la suite en héritage à son fils Joseph; c'est à cette donation qu'il faisait allusion lorsqu'il lui dit: «Je te donnerai de plus qu'à tes frères la part de mon héritage que j'ai conquise par mon glaive et par mon arc de la main des Amorrhéens», (Gn 48) et que l'Évangéliste rappelle en ces termes: «Près de l'héritage que Jacob donna à son fils Joseph».

«Là était le puits de Jacob». - S. Aug. (Traité 15). C'était un puits, or tout puits est une fontaine (ou une source), mais toute fontaine n'est pas un puits. L'eau qui jaillit des entrailles de la terre et satisfait aux besoins de ceux qui viennent y puiser, s'appelle une source; si elle jaillit à la surface de la terre et qu'elle soit comme sous la main, ce n'est qu'une source, mais si l'eau est à une grande profondeur dans l'intérieur de la terre, c'est à la fois un puits et une source. - Théophyl. Mais pourquoi l'Évangéliste fait-il mention de cette fontaine et de cet héritage? Premièrement, pour que tous n'éprouviez aucune surprise lorsque vous entendrez dire à cette femme car c'est leur père Jacob qui leur a donné ce puits; secondement, pour vous apprendre par le souvenir de ce puits et de cet héritage que les Juifs ont perdu par leur impiété, ce que les patriarches avaient reçu comme récompense de la foi qu'ils avaient en Dieu, et que ces lieux avaient été livrés aux nations idolâtres; il n'y a donc rien de nouveau ni d'étonnant à ce que le royaume des cieux passe encore des Juifs aux Gentils.

S. Chrys. (hom 31). Notre-Seigneur Jésus-Christ en se rendant dans la Samarie, ne fait usage d'aucune des commodités de la vie, il choisit ce qu'il y a de plus pénible, il ne se sert point de monture, et entreprend à pied un voyage si difficile qu'il en éprouve une grande fatigue; ainsi nous apprend-il à renoncer à toutes les superfluités et à nous priver même de beaucoup de choses nécessaires: C'est ce que veut exprimer l'Évangéliste par ces paroles: «Jésus, fatigué de la route, s'assit sur le bord du puits». - S. Aug. (Traité 15). Il semble dire: Nous avons trouvé Jésus à la fois plein de force et de faiblesse; plein de force, parce qu'il est le Verbe qui était au commencement; plein de faiblesse, parce que le Verbe s'est fait chair. C'est donc Jésus faible parce qu'il l'a voulu, qui, fatigué de la route, s'assied sur les bords du puits. - S. Chrys. (hom. 31). Ainsi, ce n'est ni sur un trône, ni sur des coussins qu'il est assis, mais simplement sur la terre, comme cela se rencontrait. Il s'assied et pour attendre ses disciples, et pour reposer et rafraîchir près de cette fontaine son corps fatigué de la route et des ardeurs du soleil: «Or, il était environ la sixième heure». - Théophyl. L'Évangéliste prévient le reproche qu'on pourrait faire au Sauveur de venir dans la Samarie après avoir lui-même défendu à ses disciples d'y aller, en faisant remarquer que c'est pour se reposer de la fatigue du chemin que Jésus s'est assis dans cet endroit.

Alcuin. Dans le sens mystique, le Seigneur quitte la Judée, (c'est-à-dire l'incrédulité de ceux qui ont refusé de le recevoir), il s'en va dans la personne de ses apôtres en Galilée)
figure de la rapidité du monde, et nous apprend ainsi à passer nous-mêmes des vices à la pratique des vertus. Ce champ, à mon avis, avait été laissé moins à Joseph qu'à Jésus-Christ dont il était la figure, et qu'adorent véritablement le soleil, la lune et les étoiles. Le Seigneur se rend dans ce champ, afin que les Samaritains qui revendiquaient pour eux l'héritage du patriarche Jacob pussent reconnaître le Christ qui est le légitime héritier du patriarche, et se convertir à lui. - S. Aug. (Traité 15). Le chemin qu'il fait, c'est la chair qu'il a prise pour notre salut, car pour celui qui est partout, venir à nous, c'est se revêtir d'une chair visible. Il est fatigué de la route, c'est-à-dire fatigué des infirmités naturelles à la chair. Que signifie la sixième heure? Le sixième âge du monde. Comptez en effet comme la première heure, le premier âge d'Adam jusqu'à Noé; le second, de Noé à Abraham; le troisième d'Abraham jusqu'à David: le quatrième, de David jusqu'à la transmigration de Babylone; le cinquième, de la transmigration de Babylone jusqu'au baptême de Jean où commence le sixième âge.

S. Aug. (Liv. des 83 Quest., quest. 64). C'est donc à la sixième heure du jour que Notre-Seigneur vint s'asseoir sur le bord du puits. Je vois dans ce puits une profondeur ténébreuse, je suis autorisé à y reconnaître les parties inférieures de ce monde, c'est-à-dire la terre sur laquelle le Seigneur Jésus est venu à la sixième heure, c'est-à-dire au sixième âge du genre humain qui représente la vieillesse de l'homme ancien dont nous devons nous dépouiller pour nous revêtir du nouveau. La sixième heure en effet représente la vieillesse; la première, l'âge le plus tendre; la seconde, l'enfance; la troisième, l'adolescence; la quatrième, la jeunesse; la cinquième, l'âge mûr. Notre-Seigneur vient encore s'asseoir sur le bord de ce puits, vers la sixième heure, c'est-à-dire au milieu du jour, alors que le soleil commence à descendre vers le couchant, parce qu'en effet lorsque Jésus-Christ nous appelle à lui, nous sentons le goût des biens visibles s'affaiblir en nous pour faire place à l'amour des choses invisibles et les yeux de notre âme se tourner vers cette lumière intérieure qui ne se couche jamais. Notre-Seigneur est assis, ce qui peut figurer son humilité, ou bien comme les docteurs ont coutume d'être assis, pour nous rappeler qu'il est notre véritable maître.



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