Catena Aurea 12821

vv. 21-24

12821 Jn 8,21-24

S. Aug. (Traite 38 sur S. Jean). L'Évangéliste vient de nous dire que «personne ne se saisit de Jésus, parce que son heure n'était pas encore venue». Notre-Seigneur prend cette occasion de parler aux Juifs de sa passion, qui dépendait non de la fatalité, mais de sa puissance: «Jésus leur dit encore: Je m'en vais». En effet, pour Jésus-Christ, la mort fut comme un départ vers le lieu d'où il était venu vers nous, sans qu'il l'ait cependant quitté. - Bède. L'enchaînement qui paraît exister ici dans le récit de l'Évangéliste, nous permet de supposer également que ces paroles ont été dites dans le même lieu et dans le même temps que les précédentes, où qu'elles ont été dites dans un lieu et dans un temps tout différent, car il est aussi vraisemblable d'admettre qu'elles font suite immédiate au discours qui précède, que de supposer d'autres discours ou d'autres faits intermédiaires.

Orig. On peut faire tout d'abord cette objection: Si Notre-Seigneur s'adresse ici à ceux qui persévéraient dans leur incrédulité, comment peut-il leur dire: «Vous me chercherez ?» Car chercher Jésus, c'est chercher la vérité et la sagesse. Nous pouvons répondre qu'il est dit quelquefois de ses persécuteurs qu'ils cherchaient à se saisir de lui. Il y a, en effet, de grandes différences entre ceux qui cherchent Jésus; car tous ne le cherchent pas pour leur salut et le bien qui peut leur en revenir. Aussi il n'y a que ceux qui le cherchent avec droiture, qui trouvent la paix. Or, chercher avec droiture, c'est chercher celui qui était en Dieu au commencement, afin qu'il nous conduise à son Père.

S. Aug. (Traité 38). Vous me chercherez donc, leur dit-il, sous l'inspiration non d'un pieux désir, mais d'une haine mortelle. En effet, lorsqu'il se fut dérobé aux regards des hommes, ceux qui le haïssaient, comme ceux qui l'aimaient, le cherchèrent, les uns pour le persécuter, les autres pour jouir de sa présence. Or, ne croyez pas que vous me chercherez avec de bonnes dispositions, car «vous mourrez dans votre péché». Mourir dans son péché, c'est donc chercher Jésus-Christ avec une intention coupable, c'est avoir de la haine pour l'unique auteur de notre salut, et c'est contre ceux qui cherchent ainsi Jésus, que le Sauveur prononce prophétiquement cette sentence: «Ils mourront dans leur péché». - Bède. Remarquez que le mot péché est au singulier, et le pronom votre au pluriel, pour montrer que tous étaient coupables du même crime.

Orig. (Traité 19 sur S. Jean). Je me demande comment l'Évangéliste a pu dire plus bas, qu'à la parole de Jésus-Christ un grand nombre crurent en lui. Est-ce que ce n'est pas à tous ceux qui étaient présents qu'il disait: «Vous mourrez dans votre péché ?» Non, c'était à ceux dont il savait qu'ils ne croiraient point, qu'ils mourraient pour cela dans leur péché, et qu'ils ne pourraient marcher à sa suite, et c'est à ceux-là qu'il dit: «Vous ne pouvez venir là où je vais», c'est-à-dire où est la vérité et la sagesse, car c'est là qu'est Jésus. Ils ne peuvent venir, parce qu'ils ne veulent pas; car s'ils l'avaient voulu sans le pouvoir, le Sauveur n'eût pu leur dire avec justice: «Vous mourrez dans votre péché». - S. Aug. (Traité 38). Il tient dans un autre endroit le même langage à ses disciples, toutefois il ne leur dit pas: Vous mourrez dans votre péché, mais: «Vous ne pouvez maintenant venir là où je vais», il ne leur ôte pas l'espérance, il en retarde seulement l'accomplissement.

Orig. En s'exprimant de la sorte, le Sauveur menace donc les Juifs de se retirer d'eux, mais pour nous, tant que nous conservons les semences de vérité qu'il a répandues dans nôtre âme, le Verbe de Dieu ne se retire pas de nous; si, au contraire, la corruption du mal entre dans notre âme à la suite d'une chute dans le péché, alors il nous dit: «Je m'en vais», et nous le chercherons sans pouvoir le trouver, et nous mourrons dans notre péché, saisis que nous serons par la mort elle-même. Il ne faut point passer légèrement sur ces paroles: «Vous mourrez dans votre péché». Si on prend ces paroles dans le sens naturel qu'elles présentent, elles veulent dire évidemment que les pécheurs mourront dans leurs péchés, comme les justes mourront dans leur justice. Mais si l'on entend ces paroles: «Vous mourrez», de la mort dont est frappé celui qui commet un péché mortel, il est clair que ceux à qui Notre-Seigneur les adressait n'étaient pas morts encore, mais ils vivaient dans une grande infirmité spirituelle, infirmité qui devait les conduire à la mort, voilà pourquoi le médecin voyant toute la gravité de leur maladie, leur disait: «Vous mourrez dans votre péché», et ces paroles font comprendre celles qui suivent: «Là où je vais, vous ne pouvez venir»; car celui qui meurt dans son péché, ne peut aller où va Jésus, puisqu'aucun de ceux qui sont morts ne peut suivre Jésus, selon ces paroles du Psalmiste: «Ce ne sont pas les morts qui vous loueront, Seigneur» (Ps 113,17).

S. Aug. (Traité 38). Ces paroles ne firent naître chez les Juifs que des pensées charnelles, et ils interrogent le Sauveur en conséquence: «Les Juifs disaient donc: Se tuera-t-il lui-même, puisqu'il dit: Là où je vais, vous ne pouvez venir ?» Quelles paroles insensées ! Quoi, ils ne pourraient venir là où il irait s'il se donnait la mort? Est-ce donc qu'ils ne devaient pas eux-mêmes mourir. Lors donc qu'il leur dit: «Vous ne pouvez venir là où je vais», il ne veut point parler du lieu où l'on va par la mort, mais de celui où il allait lui-même après la mort. - Théophyl. Il déclarait ainsi par avance qu'il devait ressusciter dans la gloire, et s'asseoir à la droite de Dieu.

Orig. (Traité 49). Examinons cependant si ce langage n'est pas dans la bouche des Juifs l'expression de pensées plus relevées. Car ils puisaient souvent dans leurs traditions ou dans leurs livres apocryphes des idées qui leur étaient particulières, de même que dans leurs traditions sur Jésus-Christ, il y en avait de conformes aux oracles authentiques des prophètes, d'après lesquels il devait naître à Bethléem; il pouvait aussi se rencontrer des traditions relatives à sa mort, et qui annonçaient qu'il quitterait cette vie de la manière qu'il le dit lui-même: «Nul ne m'ôte ma vie, mais je la donne de moi-même» (Jn 10,18). Lors donc que les Juifs se demandent: «Se tuera-t-il lui-même», il ne faut point prendre ces paroles dans leur sens ordinaire, mais y voir une allusion à quelque tradition juive qui se rapportait au Christ; car ces paroles du Sauveur: «Je m'en vais», tendaient à faire ressortir dans tout son jour le pouvoir qu'il avait de mourir en se séparant volontairement de son corps. Je pense toutefois que ce n'est point pour faire honneur à Jésus, mais bien plutôt pour l'outrager, qu'ils citent cette tradition relative à sa mort, et qu'ils se demandent: «Est-ce qu'il se tuera lui-même ?» car s'ils avaient eu l'intention de lui appliquer cette tradition dans un sens honorable pour le Sauveur, ils auraient dû s'exprimer de la sorte: «Est-ce que son âme sortira de son corps, quand il lui plaira ?»

Le Seigneur leur répond comme à des hommes charnels et terrestres: «Et il leur dit: Vous êtes d'en bas», c'est-à-dire, vous goûtez les choses de la terre, et vous ne portez pas bien haut les affections de votre coeur. - S. Chrys. (hom. 53). C'est-à-dire, il n'est point surprenant que des hommes charnels et qui ne comprennent rien de ce qui est spirituel, aient de semblables pensées, mais: «Pour moi je suis d'en haut». - S. Aug. Quelles sont ces hauteurs d'où il descend? De Dieu le Père lui-même, qui n'a rien au-dessus de lui. Vous, vous êtes de ce monde, mais pour moi je ne suis pas de ce monde, et comment, en effet, celui par qui le monde a été fait, pourrait-il être du monde? Bède. Comment pourrait-il être du monde, celui qui était avant le monde? pour eux, ils étaient du monde, parce qu'ils ont été créés longtemps après la création du monde. - S. Chrys. (hom. 53). Ou bien encore: «Je ne suis pas de ce monde», c'est-à-dire, je n'en partage point les pensées vaines et profanes. - Théophyl. Je n'ai aucun sentiment mondain ou terrestre; je ne puis donc arriver à cet excès de folie de me donner la mort. Apollinaire, par une fausse interprétation de ces paroles, prétend que le corps du Seigneur ne fut pas formé dans ce monde, mais qu'il vint d'en haut, c'est-à-dire du ciel. Mais dira-t-on que les Apôtres avaient aussi un corps formé dans les cieux, parce que Notre-Seigneur leur a dit: «Vous n'êtes pas de ce monde ?» (Jn 15,19) Ces paroles: «Je ne suis pas de ce monde», signifient donc: Je ne suis pas du nombre de ceux qui, comme vous, sont plongés tout entiers dans les préoccupations du monde.

Orig. (Traité 19). On peut encore donner une autre explication des choses qui sont d'en bas et de celles qui sont de ce monde. L'expression en bas, signifie un endroit spécial; or, ce monde matériel se divise en une multitude d'endroits qui sont tous en bas, relativement aux choses immatérielles et invisibles. Mais si l'on établit une comparaison entre ces divers lieux du monde, les uns seront en haut et les autres en bas. Or, chacun a son coeur là où est son trésor (Mt 6). Celui donc qui thésaurise sur la terre, descend en bas; celui au contraire qui amasse des trésors pour le ciel, monte en haut, il est véritablement d'en haut, et en s'élevant au-dessus des cieux, il parviendra à la souveraine béatitude. Disons encore que l'amour du monde fait l'homme du monde; celui au contraire qui n'aime ni le monde, ni les choses qui sont dans le monde, n'est pas de ce monde. Il est cependant en dehors de ce monde sensible, un autre monde habité par les êtres invisibles, et dont l'éclat et la splendeur seront révélés à ceux qui ont le coeur pur. Enfin on peut aussi donner le nom de monde au premier né de toute créature, et en tant qu'il est la souveraine sagesse, car toutes choses ont été faites dans la sagesse. Le monde et tout ce qu'il renferme était donc en lui, mais d'une manière aussi différente du monde matériel, que la raison même du monde pure de tout principe matériel diffère du monde extérieur et sensible. L'âme de Jésus-Christ dit donc: «Je ne suis pas de ce monde», parce qu'elle ne vit pas dans ce monde.

S. Aug. (Traité 38). Le Seigneur explique le sens de ces paroles qu'il leur adresse: «Vous êtes de ce monde», parce qu'ils étaient pécheurs; or, nous sommes tous nés dans le péché, et tous nous avons ajouté à ce premier péché par une vie coupable. Tout le crime d'infidélité des Juifs consistait donc, non pas d'être coupables du péché, mais de mourir dans leur péché. C'est pourquoi Notre-Seigneur ajoute: «Je vous ai dit que vous mourrez dans vos péchés». Parmi cette multitude qui écoutait le Sauveur, il en était qui devaient croire en lui. Mais comme cette sentence sévère: «Vous mourrez dans votre péché», semblait tomber sur tous, et ôter toute espérance à ceux qui devaient croire en lui, il fait renaître l'espérance dans leur coeur, en ajoutant: «Car si vous ne croyez pas que je suis, vous mourrez dans votre péché». Donc si vous croyez que je suis, vous ne mourrez point dans votre péché. - S. Chrys. (hom. 53). En effet, si Notre-Seigneur est venu sur la terre pour effacer les péchés du monde, et si le péché ne peut être effacé que par le baptême, celui qui ne croit pas est nécessairement encore revêtu du vieil homme. Car celui qui refuse de mourir et de s'ensevelir spirituellement par la foi, mourra avec le vieil homme, et ne sortira de cette vie que pour souffrir les peines dues à ses crimes. Aussi Notre-Seigneur disait-il: «Celui qui ne croit pas est déjà jugé», non seulement parce qu'il ne croit pas, mais parce qu'il sort de cette vie chargé des crimes dont il s'est rendu coupable. - S. Aug. (Traité 38). Notre-Seigneur, en disant aux Juifs: «Si vous ne croyez pas que je suis», sans rien ajouter, leur apprend une grande vérité; c'est dans les mêmes termes que Dieu avait dit à Moïse: «Je suis celui qui suis» (Ex 3,14). Mais comment entendre ces paroles: «Je suis celui qui suis»; et ces autres: «Si vous ne croyez pas que je suis», comme si les autres êtres n'existaient pas? C'est qu'en effet, quelles que soient l'excellence et la perfection d'un être, dès lors qu'il est soumis à la loi de la mutabilité, il n'existe vraiment pas. L'être véritable ne peut se trouver là où il y a alternative de l'être et du néant. Examinez la nature des êtres soumis à la loi des changements, vous y trouverez le passé et le futur; reportez votre pensée sur Dieu, vous trouverez cette seule chose, il est, sans qu'il soit possible de trouver de temps passé: si donc vous voulez être véritablement, élevez-vous au-dessus du temps. Ces paroles: «Si vous ne croyez pas que je suis», par lesquelles Notre-Seigneur nous exhorte à ne point mourir dans nos péchés, n'ont point d'autre signification que celle-ci: Si vous ne croyez que je suis Dieu. Rendons grâces à Dieu de ce que le Sauveur nous dit: «Si vous ne croyez pas», et non: Si vous ne comprenez pas, car qui pourrait comprendre ces mystères? - Orig. Il est évident que celui qui meurt dans ses péchés, affirmerait-il qu'il croit en Jésus-Christ, n'y croit pas véritablement. En effet, celui qui croit à la justice, ne doit commettre aucune injustice; celui qui croit à la sagesse, ne doit ni dire ni faire rien qui lui soit contraire. Parcourez ainsi les autres perfections de Jésus-Christ, et vous comprendrez comment celui qui ne croit point en lui, meurt dans ses péchés, et comment celui dont la conduite est en opposition avec les divins attributs de Jésus-Christ.


vv. 25-27

12825 Jn 8,25-27

S. Aug. (Traité 39). Le Sauveur venait de leur dire: «Si vous ne croyez pas que je suis, vous mourrez dans votre péché»; ils lui demandent maintenant en qui ils doivent croire pour éviter cette mort dans le péché: «Ils lui dirent donc: Qui êtes-vous ?» (Traité 38) Vous nous avez bien dit: Si vous ne croyez pas que je suis; mais vous ne nous avez pas appris qui vous étiez. Il savait que quelques-uns d'entre eux devaient croire en lui, aussi à cette question: Qui êtes-vous? Il leur répond: «Le Principe, moi-même qui vous parle», pour leur apprendre ce qu'ils devaient croire de lui. Il ne leur dit point: Je suis le Principe, mais: «Croyez que je suis le Principe»; ce qui parait clairement dans le texte grec où le mot Principe est du genre féminin. Croyez donc que je suis le Principe, pour éviter de mourir dans vos péchés, car le Principe est immuable, il demeure toujours le même, en renouvelant toute chose. (Traité 39). Il serait absurde de dire que le Fils est le Principe en refusant cette dénomination au Père, cependant il n'y a pas plus deux principes qu'il n'y a deux Dieux. L'Esprit saint est l'Esprit du Père et du Fils, mais il n'est ni le Père, ni le Fils. Cependant le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont un seul Dieu, une seule lumière, un seul Principe. Il ajoute: «Qui vous parle», c'est-à-dire, je me suis humilié pour vous, et je m'abaisse jusqu'à vous tenir ce langage. Croyez donc que je suis le Principe, car pour justifier et appuyer votre foi, non seulement je suis en effet le Principe, mais je vous parle. En effet, supposez que le Principe fut resté tel qu'il est dans le Père, sans prendre la forme de l'esclave, comment les hommes pourraient-ils croire en lui, puisque leur esprit si faible ne peut recevoir l'idée d'une chose intellectuelle sans l'intermédiaire de la voix extérieure? - Bède. On lit dans quelques exemplaires: «Moi qui vous parle», mais il est plus convenable de lire: «Car je vous parle», de manière à offrir ce sens: Croyez que je suis le Principe, car pour vous je me suis abaissé jusqu'à vous tenir ce langage.

S. Chrys. (hom. 53) On peut encore considérer à un autre point de vue la coupable folie des Juifs qui, depuis si longtemps qu'ils sont témoins des miracles de Jésus-Christ, et reçoivent ses divins enseignements, osent encore lui faire cette question: «Qui êtes-vous ?» Aussi que leur répond le Sauveur? «Je ne cesse de vous le dire depuis le commencement». C'est-à-dire, vous êtes indignes d'entendre mes paroles, bien loin de mériter que je vous dise qui je suis, vous ne m'interrogez que pour me tenter, et vous ne faites aucune attention à ce que je vous dis; aussi serais-je en droit de vous condamner et de vous punir: «J'ai beaucoup de choses à dire de vous et à condamner en vous». - S. Aug. (Traité 39). Il a déclaré plus haut qu'il ne jugeait personne; mais autre chose est de dire: «Je ne juge point», et: «J'ai à juger»; «je ne juge point», doit s'entendre du présent, tandis que ces paroles: «J'ai beaucoup de choses à dire de vous et à condamner en vous», sont des paroles prophétiques du jugement futur. Or, la vérité réglera mon jugement, parce que je suis le Fils de celui qui est véridique, et que je suis la vérité même: «Et celui qui m'a envoyé est véridique». Le Père est véridique, non pas en participant à la vérité, mais en engendrant la vérité. Dirons-nous qu'ici celui qui est la vérité est supérieur à celui qui est véridique? Mais alors ce serait reconnaître que le Fils est plus grand que le Père. - S. Chrys. (hom. 53) Il leur parle de la sorte pour leur faire comprendre que s'il ne les punit pas de tant d'outrages qu'il reçoit d'eux, ce n'est point par faiblesse, ou parce qu'il ne connaît ni leurs pensées, ni les injures qu'ils lui font. - Théophyl. Ou peut encore donner cette explication: «En leur disant: J'ai beaucoup de choses à dire de vous et à condamner en vous», il renvoyait, pour ainsi dire, l'exercice du jugement à l'autre vie, il ajoute donc: «Mais celui qui m'a envoyé est véridique, c'est-à-dire, si vous êtes infidèles, mon Père ne laisse pas d'être véridique», et il a établi un jour où vous recevrez ce que vous méritez. - S. Chrys. (hom. 53). Ou bien encore: Si mon Père m'a envoyé, non pour juger le monde, mais pour sauver le monde, comme mon Père est véridique je ne dois juger personne, et mes paroles ont pour objet votre salut, et non votre jugement et votre condamnation: «Et ce que j'ai entendu de lui je le dis au monde». - Alcuin. Entendre du Père pour le Fils, c'est la même chose qu'exister par le Père, car celui qui lui donne d'entendre est aussi celui qui lui donne son essence. - S. Aug. (Traité 39). Le Fils égal et consubstantiel à son Père, rend gloire à son Père, comme s'il disait: Je rends gloire à celui dont je suis le Fils, comment pouvez-vous affecter de l'orgueil devant celui dont vous n'êtes que le serviteur? - Alcuin. Mais ils ne comprirent point de qui Jésus voulait parler en disant: «Celui qui m'a envoyé est véridique». C'est ce qu'ajouté l'Évangéliste: «Et ils ne comprirent point», qu'il disait que Dieu était son Père, car ils n'avaient pas encore ouvert ces yeux du coeur, qui auraient pu leur faire comprendre l'égalité du Père et du Fils.


vv. 28-30

12828 Jn 8,28-30

S. Aug. (Traité 40 sur S. Jean). Les Juifs ne comprirent donc pas que le Sauveur parlait de son Père, lorsqu'il disait: «Celui qui m'a envoyé est véridique». Mais comme il en voyait quelques-uns parmi eux qu'il prévoyait devoir croire en lui après sa passion, il leur dit: «Lorsque vous aurez élevé le Fils de l'homme, alors vous connaîtrez que je suis». Rappelez-vous ces paroles: «Je suis celui qui suis», (Ex 3,14) et vous comprendrez ce que signifie cette parole: «Je suis». Je diffère le moment où vous me connaîtrez pour rendre possible ma passion, et vous connaîtrez en votre temps qui je suis, lorsque vous aurez élevé le Fils de l'homme. Il veut parler ici de son élévation sur la croix, parce qu'il fut élevé en réalité lorsqu'il fut suspendu à l'arbre de la croix; or, il fallait que sa mort sur la croix s'accomplît par les mains de ceux qui devaient par la suite croire en lui. Mais dans quel dessein leur adresse-t-il ces paroles? C'est afin que personne ne se laisse aller au désespoir, sa conscience lui reprochât-elle les plus grands crimes, lorsqu'il voit ceux qui avaient mis Jésus-Christ à mort, obtenir le pardon de leur homicide.

S. Chrys. (hom. 53). On peut encore établir autrement la suite du discours du Sauveur. Il n'avait pu convertir les Juifs, malgré la multitude de ses miracles et la force de ses divins enseignements; il ne lui reste donc plus qu'à leur parler de sa croix: «Lorsque vous aurez élevé le Fils de l'homme», etc., c'est-à-dire, vous pensez que vous serez délivrés de moi lorsque vous m'aurez mis à mort; mais moi, je vous dis que c'est alors surtout que l'éclat des miracles, ma résurrection, et votre propre captivité, vous feront connaître que je suis le Christ, le Fils de Dieu, et que je ne lui suis point opposé. C'est pour cela qu'il ajoute: «Alors vous reconnaîtrez que je ne fais rien de moi-même, mais que je dis ce que mon Père m'a enseigné». C'est ainsi qu'il prouve que le Père et le Fils ont une seule et même nature, et qu'il ne dit rien qui ne soit l'expression de la pensée de son Père. Car si j'étais en opposition avec Dieu, je n'aurais pu exciter une si grande colère contre ceux qui ont refusé de m'écouter.

S. Aug. (Traité 40). Ou bien encore comme il venait de dire: «Alors vous connaîtrez que je suis», et que la Trinité tout entière est le principe et la source de l'être même, le Sauveur prévient l'erreur des Sabelliens, en ajoutant aussitôt: «Et que je ne fais rien de moi-même», c'est-à-dire, je ne viens pas de moi-même; car le Fils, qui est Dieu, vient du Père, qui est Dieu. Si donc il ajoute encore: «Et je dis ce que mon Père m'a enseigné», gardez-vous, à ces paroles, de toute pensée charnelle; ne vous représentez point deux hommes devant les yeux, l'un qui serait le père, l'autre le fils, et le père parlant à son fils comme lorsque vous adressez vous-même la parole à votre fils; car quelles paroles le Père pourrait-il adresser à son Verbe unique? Si Dieu parle à vos coeurs sans l'intermédiaire d'aucune voix extérieure, comment parle-t-il à son Fils? Il lui parle d'une manière incorporelle, parce qu'il l'a engendré d'une manière incorporelle; il ne l'a point enseigné comme s'il l'avait engendré sans aucune science. Pour Dieu le Père, enseigner son Fils, c'est l'engendrer dans toute sa science; car comme la nature de la vérité est simple, être et connaître sont une même chose pour le Fils. Et en l'engendrant, le Père lui a donné la connaissance, de la même manière qu'il lui a donné l'être.

S. Chrys. (hom. 53). Notre-Seigneur ramène de nouveau son discours à des proportions plus humbles: «Et celui qui m'a envoyé est avec moi». Mais dans la crainte que ces paroles: «Il m'a envoyé», ne paraissent à leurs yeux un signe d'infériorité, il ajoute: «Il est avec moi». L'une de ces deux choses entrait dans l'économie de l'incarnation, l'autre est une preuve de divinité. - S. Aug. (Traité 40). Tous deux sont ensemble, cependant l'un a été envoyé, l'autre a envoyé, parce que l'incarnation est une véritable mission, le Fils seul s'est incarné, et non le Père. Le Sauveur dit: «Celui qui m'a envoyé», c'est-à-dire celui qui, par son autorité paternelle, a été la cause de mon incarnation. Ainsi le Père a envoyé le Fils, mais il ne s'est point séparé du Fils. Aussi ajoute-t-il: «Et il ne me laisse pas seul». En effet, le Père ne pouvait être absent du lieu où il envoyait le Fils, lui qui nous dit, par son prophète: «Je remplis le ciel et la terre» (Jr 23,24). Le Sauveur donne ensuite la raison pour laquelle Dieu ne l'abandonne point: «Parce que je fais toujours ce qui lui plaît». Je n'ai pas commencé à le faire, je fais ce qui lui plaît sans commencement comme sans fin, car la génération divine n'a pas de commencement. - S. Chrys. (hom. 53). Ou bien encore Notre-Seigneur répond ici à l'objection qu'ils lui faisaient de ne pas venir de Dieu et de ne pas observer la loi du sabbat, en leur disant: «Je fais toujours ce qui lui plaît», et il leur démontre ainsi qu'il était agréable à Dieu qu'il transgressât la loi du sabbat, car il s'applique en toute circonstance à prouver qu'il ne fait rien de contraire à Dieu son Père. Ces paroles, ce langage moins élevé, en déterminèrent un certain nombre à croire en lui: «Comme il disait ces choses, plusieurs crurent en lui». L'Évangéliste semble dire: Ne soyez pas surpris d'entendre sortir de la bouche du Sauveur une doctrine moins relevée, puisque vous voyez que ceux que la sublimité de ses enseignements n'avaient pu persuader, sont amenés à croire en lui par des paroles en disproportion ce semble avec sa grandeur. Ils crurent donc en lui, mais non pas comme ils le devaient; ils se contentèrent de se reposer avec joie dans les paroles plus humbles qu'ils venaient d'entendre. La suite prouvera bientôt, en effet, toute l'imperfection de leur foi, puisque nous les verrons se laisser aller à de nouveaux outrages contre le Sauveur.


vv. 31-36

12831 Jn 8,31-36

S. Chrys. (hom. 54 sur S. Jean). Notre-Seigneur voulait appuyer sur de solides fondements la foi de ceux qui avaient cru en lui, pour que cette foi ne fut point purement superficielle. Jésus dit donc à ceux des Juifs qui croyaient en lui: «Si vous demeurez dans ma parole, vous serez vraiment mes disciples». Par ces paroles: «Si vous demeurez», il révèle les dispositions intérieures de leur coeur; il savait bien, en effet, qu'ils avaient cru, mais il savait aussi que leur foi ne persévérerait pas, et pour les affermir dans la foi, il leur fait une magnifique promesse, c'est qu'ils deviendront ses disciples. Il blâme indirectement par là ceux qui s'étaient précédemment séparés de lui; ils l'avaient entendu, ils avaient cru en lui, et ils le quittèrent, parce que leur foi ne fut point persévérante.

S. Aug. (serm. 40 sur les par. du Seig). Nous n'avons tous qu'un seul maître, et nous sommes tous également ses disciples. Nous ne portons pas justement le titre de maîtres, parce que nous enseignons d'un lieu plus élevé, le véritable maître de tous les hommes est celui qui habite au dedans de nous. Or, l'important pour le disciple n'est point d'approcher de son maître, il faut que nous demeurions en lui; et si nous ne demeurons pas en lui, notre chute est inévitable. Si vous demeurez, c'est là une oeuvre abrégée en apparence, oui, abrégée dans les termes, mais bien étendue dans l'exécution. Qu'est-ce, en effet, que demeurer dans les paroles du Seigneur, si ce n'est ne succomber à aucune tentation? Si vous agissez sans efforts, vous recevez la récompense sans l'avoir méritée, mais si vous avez de grands obstacles à vaincre, considérez aussi la grande récompense qui vous attend: «Et vous connaîtrez la vérité». - S. Aug. (Traités 40 et 41). C'est-à-dire, vous croyez maintenant, si vous demeurez dans la foi, vous verrez ce qui fait l'objet de votre foi; car remarquez-le bien, la foi ne fut point produite par la connaissance, mais la connaissance a été le fruit de la foi. Qu'est-ce que la foi? croire ce que vous ne voyez pas; qu'est-ce que la vérité? voir ce que vous avez cru. Si donc nous demeurons dans ce que nous croyons, nous parviendrons à la claire vision, c'est-à-dire que nous contemplerons la vérité telle qu'elle est, non plus par l'intermédiaire de paroles qui retentissent à nos oreilles, mais à la splendeur éclatante de la lumière elle-même. Or, la vérité est immuable, c'est un pain véritable qui répare les forces de l'âme, et qui est inépuisable; il change en lui celui qui s'en nourrit, mais il n'est pas changé en celui qu'il nourrit. La vérité c'est le Verbe de Dieu lui-même, cette vérité s'est revêtue d'une chair mortelle; c'est pour nous qu'elle se cachait sous l'enveloppe de la chair, non point dans le dessein de se voir niée, mais elle différait de se faire connaître, afin qu'elle pût ainsi souffrir dans la chair, et racheter par ses souffrances la chair du péché. - S. Chrys. (hom. 53). Ou bien vous connaîtrez la vérité, c'est-à-dire, vous me connaîtrez moi-même, car je suis la vérité, la loi des Juifs ne renfermait que des figures, c'est par moi que vous connaîtrez la vérité.

S. Aug. (serm. sur les par. du Seign). Quelqu'un dira peut-être: Et que me servira-t-il de connaître la vérité? Ecoutez ce qu'ajoute Notre-Seigneur: «Et la vérité vous délivrera». Il semble leur dire: Si la vérité vous touche peu, soyez du moins sensibles au charme de la liberté, car être délivré, c'est être libre, de même qu'être guéri, c'est être rendu à la santé. Cette signification ressort bien plus clairement du texte grec Ýëåèåñþóç, car dans la langue latine, le mot de livrer (liberari) signifie plutôt échapper au danger, être affranchi de toutes choses pénibles. - Théophyl. Il a menacé plus haut ceux qui persévèrent dans leur infidélité de les laisser mourir dans leurs péchés, ici, au contraire, il promet à ceux qui demeurent dans sa parole l'absolution de leurs péchés. - S. Aug. (de la Trin., 4, 18). Mais de quoi la vérité nous délivrera-t-elle, si ce n'est de la mort, de la corruption, du changement? car la vérité demeure immortelle, incorruptible, immuable, et la véritable immutabilité, c'est l'éternité elle-même.

S. Chrys. (hom. 53). Il était du devoir de ceux qui avaient cru en Jésus-Christ du supporter au moins les reproches qu'il leur adressait; loin de là, ils entrent aussitôt en fureur contre lui. Mais si les paroles du Sauveur avaient dû être pour eux une cause d'agitation et de trouble, c'était plutôt celles qui précèdent: «Et vous connaîtrez la vérité»; et ils auraient eu quelque raison de dire: Nous ne connaissons donc point la vérité, notre loi n'est donc que mensonge, ainsi que notre science. Mais ils n'ont aucun souci de la vérité, et leur mécontentement porte tout entier sur des objets profanes, car ils ne connaissaient d'autre servitude que la servitude extérieure. Les Juifs lui répondirent: «Nous sommes la race d'Abraham, et nous n'avons jamais été esclaves de personne». C'est-à-dire, vous ne devez pas traiter d'esclaves ceux qui sont libres par leur naissance, nous n'avons jamais été esclaves. - S. Aug. (Traité 41). On peut dire aussi que cette réponse fut faite non point par ceux qui avaient cru aux paroles du Sauveur, mais par ceux qui n'avaient pas encore la foi en lui. Mais comment pouvez-vous dire en vérité que vous n'avez jamais été en servitude, si vous l'entendez de la servitude extérieure et publique? Est-ce que Joseph n'a pas été vendu? Est-ce que les saints prophètes n'ont pas été conduits en captivité. O ingrats que vous êtes ! pourquoi donc Dieu vous reproche-t-il continuellement d'oublier qu'il vous a délivrés de la demeure de la servitude, si vous n'avez jamais été esclaves? Mais vous-mêmes qui tenez ce langage, pourquoi payez-vous le tribut aux Romains, si vous n'avez jamais été asservis à personne ?

S. Chrys. (hom. 53). Or comme le Sauveur ne parlait point par un motif de vaine gloire, mais uniquement pour leur salut, il s'abstient de leur prouver qu'ils étaient esclaves des hommes, et il se borne à leur montrer qu'ils sont sous l'esclavage du péché, esclavage le plus dur de tous, et dont Dieu seul peut délivrer: «Jésus leur répartit: En vérité, en vérité, je vous le dis», etc.

S. Aug. (Traité 41) Cette manière de parler dans la bouche du Sauveur, annonce toujours une vérité sur laquelle il veut attirer notre attention, c'est comme une espèce de serment. Amen veut dire vrai, et cependant ni l'interprète grec, ni l'interprète latin n'ont voulu exprimer cette signification du mot amen qui est un mot hébreu; peut-être pour protéger le mystère de ce mot sous le voile du secret, non pas sans doute pour en cacher absolument la signification, mais pour en prévenir la profanation. Sa répétition même prouve son importance: «En vérité je vous le dis», c'est la vérité même qui vous parle, quand bien même elle ne vous préviendrait pas qu'elle dit la vérité, il lui serait absolument impossible de ne point la dire; cependant elle tient à le rappeler, elle réveille pour ainsi dire les âmes endormies, elle veut défendre de tout mépris ses divins enseignements. Tout homme, dit-elle, Juif ou Grec, riche ou pauvre, roi ou mendiant, s'il commet le péché, devient esclave du péché. - S. Grég. (4 Mor., 21 ou 42) Tout homme, en effet, qui se laisse dominer par un désir coupable, abaisse et plie la liberté de son âme sous le joug de la servitude; nous résistons à cette servitude, lorsque nous luttons contre l'iniquité qui veut nous dominer, lorsque nous résistons énergiquement à la tyrannie de l'habitude, lorsque nous détruisons en nous le crime par le repentir, lorsque nous lavons dans nos larmes les souillures de nos fautes.

S. Grég. (Moral., 25, 14 ou 20). Plus on se plonge librement dans tous les excès du crime, et plus on resserre étroitement les chaînes de cet esclavage. - S. Aug. (Traité 41) O misérable servitude ! L'esclave d'un homme, fatigué du joug tyrannique de son maître, cherche son repos dans la fuite, mais où peut fuir l'esclave du péché? Partout où il dirige ses pas, il se porte avec lui; le péché qu'il a commis est au-dedans de lui-même; la volupté passe, le péché ne passe pas; le plaisir qui flatte passe, le remords qui déchire demeure. Celui-là seul peut nous délivrer du péché qui est venu sur la terre sans aucun péché, et qui s'est offert en sacrifice pour le péché. Car pour l'esclave, ajoute le Sauveur, il ne demeure pas toujours dans la maison. Cette maison, c'est l'Eglise, l'esclave, c'est le pécheur; un grand nombre de pécheurs entrent dans l'Eglise, aussi Notre-Seigneur ne dit pas: L'esclave n'est pas dans la maison, mais: «Il ne demeure pas toujours dans la maison». Mais s'il n'y a point d'esclave dans la maison, qu'y aura-t-il donc? Qui peut se glorifier d'être pur de tout péché? Cette parole du Sauveur est vraiment effrayante, aussi ajoute-t-il: «Mais le Fils y demeure toujours». Est-ce donc que le Christ sera seul dans sa maison? Ou bien, sous le nom de Fils, comprend-il le chef et les membres? Ce n'est pas sans raison qu'il inspire tour à tour la crainte et l'espérance, la crainte pour nous détourner d'aimer le péché, l'espérance pour ne point nous laisser désespérer du pardon de nos péchés. Notre espérance est donc d'être délivré par celui qui est libre; c'est lui qui a payé notre rançon, non point avec de l'argent, mais avec son sang, et c'est pour cela qu'il ajoute: «Si le Fils vous délivre, vous serez véritablement libres».

S. Aug. (serm. 48 sur les par. du Seig). Vous serez libres, non point du joug des barbares, mais des chaînes du démon, non point de la captivité du corps, mais de l'iniquité de l'âme. - S. Aug. (Traité 41 sur S. Jean). La liberté qui vient en premier lieu consiste à être exempt de tout crime, mais ce n'est que le commencement de la liberté, ce n'en est point la perfection, parce que la chair ne laisse point de convoiter encore contre l'esprit, de sorte que vous ne fassiez pas ce que vous voulez. (Ga 6) La liberté pleine et parfaite nous sera donnée, lorsque toutes les inimitiés auront cessé, et que la mort, c'est-à-dire, le dernier ennemi, sera détruite (1Co 15,26).

S. Chrys. (hom. 43 sur S. Jean). On peut encore donner cette explication. Les Juifs, à ces paroles du Sauveur: «Celui qui commet le péché est esclave du péché, pouvaient objecter: nous avons des sacrifices qui peuvent nous délivrer du péché; Notre-Seigneur les prévient donc en leur disant: «L'esclave ne demeure pas toujours dans la maison». Sous le nom de maison, il veut désigner le royaume de son Père, et par cette comparaison empruntée aux choses humaines, il leur apprend qu'il a puissance et autorité sur toutes choses, de même que le maître d'une maison sur tout ce qu'elle renferme. En effet, cette expression: «Il ne demeure pas», signifie: Il n'a le pouvoir de rien donner, le Fils, au contraire, qui est le maître de la maison, a ce pouvoir; voilà pourquoi les prêtres de l'ancienne loi n'avaient point le pouvoir de remettre les péchés par les sacrifices de la loi ancienne, «car tous ont péché» (Rm 7,23), même les prêtres, qui ont aussi besoin, comme le dit l'Apôtre, d'offrir des sacrifices pour eux-mêmes (He 7,27); le Fils, au contraire, a ce pouvoir, c'est pour cela qu'il conclut en disant: «Si le Fils vous délivre, vous serez vraiment libres», leur montrant ainsi que la liberté extérieure dont ils se glorifiaient, n'était pas la vraie liberté. - S. Aug. (Traité 41) Gardez-vous donc d'abuser de cette liberté pour pécher plus librement, mais servez-vous-en, au contraire, pour fuir le péché, car votre volonté sera libre si elle est sincèrement pieuse; vous serez affranchis du péché si vous êtes esclaves de la justice.



Catena Aurea 12821