Catherine, Lettres 364

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Lettre n. 21, A URBAIN VI

XXI.- A URBAIN VI. - Elle exhorte fortement le Pape à réformer les abus, et à se procurer de bons et sages ministres. - Elle offre à Dieu sa vie pour l'Église.



AU NOM DE JESUS CRUCIFIE ET DE LA DOUCE MARIE




1. Très saint et très doux Père dans le Christ, le doux Jésus, moi, Catherine, la servante et l'esclave des serviteurs de Jésus-Christ, je vous écris dans son précieux sang, avec le désir de vous voir un coeur viril, pour reprendre hardiment les vices qui se commettent tous les jours, surtout les vices qui sont contre votre sainte volonté tous les vices, sans aucun doute, vous déplaisent, comme ils doivent déplaire à l'âme qui craint Dieu et qui déplore l'outrage fait à son Créateur. O très saint Père, ouvrez l'oeil de l'intelligence, et contemplez la douce Vérité. Vous y verrez combien vous êtes tenu et obligé d'avoir les yeux fixés sur vos enfants, et de vous appliquer à choisir des auxiliaires pour garder les brebis quand elles sont malades de cette grande maladie qui donne la mort, c'est-à-dire du péché mortel. Lorsque vous les voyez, et que ceux qui aiment Votre Sainteté vous les font voir, vous ne devez pas les souffrir près de vous au sein de l'Eglise; ou bien corrigez-les, et mettez-les dans l'impossibilité [230] de commettre le mal, au moins celui qui afflige tant votre coeur. Je sais que votre Sainteté me comprend, et je n'ai pas besoin de m'expliquer davantage.

2. Je vous dis que la divine Bonté se plaint parce que son Epouse est appauvrie par les anciennes plantes qui ont vieilli dans les vices, l'orgueil, la débauche, l'avarice, en commettant de honteuses simonies; et maintenant les plantes nouvelles, qui devraient confondre ces vices par la vertu, commencent à s'égarer et à prendre les mêmes habitudes (Ces nouveaux cardinaux avaient été nommés le 18 septembre, deux jours avant l'élection de l'antipape Clément VII. Les reproches de sainte Catherine ne s'adressent pas à tous. Parmi les plus vertueux, on cite le cardinal Philippe d'Alençon, de la famille royale de France.). Oui, le Christ béni se plaint de ce que l'Eglise n'est pas purifiée de ces vices, et de ce que Votre Sainteté n'y apporte pas tout le zèle qu'elle devrait avoir. Vous ne pouvez pas du premier coup déraciner les vices qui existent dans toute la chrétienté, et surtout dans le clergé, sur lequel vous devez veiller davantage; mais, afin de ne pas charger votre conscience, vous pouvez et vous devez faire au moins tous vos efforts pour purifier le coeur de la sainte Eglise; vous devez détruire la corruption de ceux qui sont près de vous, et vous entourer de ceux qui cherchent l'honneur de Dieu et le vôtre avec le bien de l'Eglise, sans se laisser souiller par les flatteries et par l'argent. Si vous réformez ainsi le coeur de votre Epouse, tout son corps sera facilement réformé pour la gloire de Dieu, pour votre honneur et votre utilité [231]. L'hérésie sera éteinte par l'effet d'une réputation sainte et par l'odeur de la vertu. Tous s'empresseront d'accourir à Votre Sainteté, en voyant que vous détruisez les vices et que vous agissez selon vos désirs.

3. Je ne voudrais pas que vous vous arrêtiez aux vêtements et à des considérations d'une plus ou moins grande valeur, mais seulement que vous choisissiez des hommes qui marchent avec droiture, et non avec fausseté. Savez-vous ce qui arrivera, si vous n'employez pas le remède autant que vous pourrez le faire? Dieu veut absolument réformer son Epouse; il ne veut plus qu'elle soit couverte de lèpre; et si vous ne faites pas ce que vous pouvez faire et ce pourquoi vous avez été élevé à une si haute dignité, il le fera lui-même au moyen de grandes tribulations; il enlèvera tout le bois tordu, et il le redressera à sa manière. Hélas! très saint Père, n'attendons pas cette humiliation, mais travaillez avec courage, et faites vos affaires secrètes avec ordre et mesure; en les faisant sans ordre et sans mesure, vous les gâterez plus que vous ne les arrangerez. Ecoutez avec calme et bienveillance ceux qui craignent Dieu et qui vous disent ce qu'il faut et ce que vous devez faire, vous montrant les désordres qu'ils savent exister autour de Votre Sainteté.

4. Mon doux Père, vous devez vous estimer très heureux d'avoir des personnes qui vous aident à voir et à empêcher des choses qui tourneraient à votre honte et à la ruine des âmes. Adoucissez un peu, pour l'amour de Jésus crucifié, les mouvements [232] trop prompts que la nature fait naître en Vous. C'est par la sainte Vertu que vous résisterez à la nature. Puisque Dieu vous a donné un coeur naturellement grand, je vous prie et je vous demande de vous appliquer à l'avoir surnaturellement grand, c'est-à-dire, que, par le zèle et le désir de la Vertu et la réforme de la sainte Eglise, vous acquerriez un coeur courageux, affermi dans une humilité véritable. Vous aurez ainsi le naturel et le surnaturel car la nature sans la grâce nous servirait à peu de chose; elle ferait naître plutôt des mouvements de colère et d'orgueil; et quand viendrait l'occasion de reprendre des personnes qui nous touchent de près, nous ralentirions le pas et nous deviendrions timides... Mais quand on ressent la faim de la vertu, et qu'on ne pense qu'à l'honneur de Dieu, sans songer à soi, on reçoit la lumière, la force, la constance, la persévérance surnaturelle, qui ne se ralentit jamais, et fait toujours son devoir avec courage. J'ai prié, et je prie continuellement le Père suprême et éternel de vous en revêtir, vous, le Père de tous les fidèles chrétiens, parce qu'il me semble que dans les circonstances où nous nous trouvons, nous en avons un extrême besoin.

5. Pour moi, votre misérable et ignorante petite fille, je ne cesserai jamais d'agir, tant que Dieu m'en fera la grâce. Je veux terminer ma vie pour vous et pour la sainte Eglise, dans les larmes et les veilles, dans une fidèle, humble et persévérante prière; Dieu me le permettra, car de moi-même je ne puis rien. Je sais qu'elle n'est jamais refusée, l'humble, persévérante et fidèle prière qui s'adresse [233] à l'infinie bonté de Dieu, pourvu que sa demande soit juste. Vos serviteurs et vos enfants qui craignent Dieu prient et prieront ainsi pour vous, et d'autant mieux qu'ils seront meilleurs. Je le ferai de mon côté, quoique remplie de défauts; et vous, du vôtre, faites ce que vous devez et ce que vous pouvez. Nous apaiserons ainsi la colère de Dieu, et vous consolerez vos serviteurs. Vous le ferez, j'en suis persuadée, si vous avez un coeur viril, mais pas autrement; aussi, je vous ai dit que je désirais vous voir avec un coeur viril, et c'est le grand désir de mon âme. Vous serez alors ma joie, mon allégresse, ma consolation, et celle des serviteurs de Dieu qui obéissent à Votre Sainteté, qui vous aiment et qui cherchent l'honneur de Dieu et le vôtre avec zèle et sans hypocrisie, n'ayant pas une chose sur la langue et une autre dans le coeur. Je n'en dis pas davantage. Demeurez dans la sainte et douce dilection de Dieu Que Votre Sainteté veuille bien s'entourer de personnes fidèles qui craignent Dieu, afin que ce qui se fait et se dit dans votre palais ne soit pas rapporté aux démons incarnés qui ont le malheur d'être vos ennemis, à l'antipape et à ses adhérents. Pardonnez, très saint Père, à ma présomption. si j'ose vous écrire avec cette assurance, c'est que j'y suis forcée par la Bonté divine, par le besoin que je vois et par l'amour que je vous porte. Je serais venue, et je ne vous aurais pas écrit, si je n'avais pas craint de vous importuner si souvent. Supportez-moi avec patience, et je ne cesserai jamais, tant que je vivrai, de vous presser par mes prières, mes paroles et mes lettres, jusqu'à ce que je voie en vous et dans la sainte [234] Eglise ce que je désire, et ce que je sais que vous désirez encore plus que moi, fallut-il même sacrifier sa vie. II le faut, très saint Père, ne dormons plus. Je vous demande humblement votre bénédiction. Doux Jésus, Jésus amour.




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Lettre n. 22, A URBAIN VI

XXII. - A URBAIN VI .- Elle souhaite au Souverain Pontife la prudence et la lumière nécessaires pour gouverner l'Eglise, et elle l'entretient de différentes affaires.

(Cette lettre, la dernière adressée à Urbain VI, fut écrite le 20 janvier 1380, le lundi après la Sexagésime. (Tom. Nacci Caffarini, p. III, tr. 1.)



AU NOM DE JESUS CRUCIFIE ET DE LA DOUCE MARIE




1. Très saint et très doux Père dans le Christ, le doux Jésus, votre indigne et misérable petite fille Catherine vous écrit avec un ardent désir de voir en vous la prudence unie à la douce lumière de la vérité, afin que vous suiviez les traces du glorieux saint Grégoire, et que vous gouverniez la sainte Eglise et vos brebis avec tant de sagesse, qu'il n'y ait jamais besoin de rien changer à ce qu'aura ordonné et fait Votre Sainteté, pas même à la moindre parole. Manifestez devant Dieu et devant les hommes une fermeté basée sur la vérité, comme doit le faire tout vrai saint pontife. Je prie l'ineffable charité de Dieu d'en revêtir votre âme; car il me semble que la prudence et la lumière nous sont absolument nécessaires [235] surtout à Votre Sainteté et à tous ceux qui vous représenteront, dans les circonstances actuelles. Je sais que vous désirez les trouver en vous, et je vous le rappelle pour vous exprimer le désir de mon âme.

2. J'ai appris, très saint Père, la réponse pleine de colère et d'insulte qui a été faite par le préfet aux ambassadeurs romains (Ce préfet de Rome était François de Vico, seigneur de Viterbe, ennemi d'UrbaIn VI. Des propositions d'accommodement lui avaient été sans doute faites par les ambassadeurs romains.). On doit à ce sujet tenir une assemblée générale, et vous envoyer les chefs de quartiers et quelques notables. Je vous prie, très saint Père, de continuer à les voir souvent, comme vous l'avez déjà fait, et de les lier avec prudence dans les liens de l'amour. Je vous demande aussi que, quand ils viendront vous dire ce qu'a décidé le conseil, vous les receviez avec toute la douceur possible, leur montrant ce qui paraîtra à Votre Sainteté le plus nécessaire. Pardonnez-moi si l'amour me fait dire ce qu'il ne faudrait peut-être pas dire; mais je sais que vous devez connaître le caractère de vos enfants les Romains, qui sont bien plus faciles à attirer et à lier par la douceur que par la force et par la dureté des paroles. Vous savez aussi que ce qui est le plus nécessaire pour vous et pour la sainte Eglise, c'est de conserver le peuple dans l'obéissance et la soumission à Votre Sainteté, car c'est là que résident le chef et le principe de notre foi.

3. Je vous prie humblement aussi d'être assez prudent pour ne jamais promettre que ce qu'il vous est [236] véritablement possible d'accorder, afin d'éviter le mal, la honte et la confusion qui pourraient en résulter (Plusieurs auteurs reprochent en effet à Urbain VI de promettre souvent plus qu'il ne pouvait tenir. (Gigli, t. I, p. 161.). Souffrez, très doux et très saint Père, que je vous dise ces choses. J'espère que votre humilité et votre bonté vous les feront agréer sans indignation et sans mépris, quoiqu'elles sortent de la bouche d'une femme si misérable: celui qui est humble ne s'arrête pas à celui qui parle, mais ne considère que l'honneur de Dieu, la vérité et son salut. Prenez courage; et pour une réponse insolente que ce rebelle peut faire à Votre Sainteté, ne craignez rien. Dieu y pourvoira comme à toute chose; car il est le maître et le protecteur du vaisseau de l'Eglise et de Votre Sainteté. Soyez toujours ferme avec une sainte crainte de Dieu, toujours exemplaire dans vos paroles, votre conduite et vos actes. Que tout en vous brille devant Dieu et devant les hommes, comme une lumière posée sur le candélabre de la sainte Eglise, qui éclaire et doit éclairer le monde chrétien.

4. Je vous prie aussi de porter remède à ce que vous a dit Léon, parce que le scandale augmente toujours, non seulement à cause de ce qui a été fait à l'ambassadeur de Sienne, mais encore à cause des autres choses qui, chaque jour, provoquent la colère dans le coeur faible des hommes (Ce Léon était sans doute un disciple de sainte Catherine. On ignore ce qui était arrivé à l'ambassadeur de Sienne.). Vous n'avez pas besoin de cela maintenant, mais d'une personne qui [237] soit un moyen de paix, et non de guerre. Admettons que tout a été fait par un zèle louable de la justice... Il y en a beaucoup qui agissent avec tant de désordre et de colère, qu'ils sortent de l'ordre et de la raison. Je prie donc avec instance Votre Sainteté de condescendre à l'infirmité humaine, en lui donnant un médecin qui sache mieux guérir le mal. N'attendez pas que la mort survienne; je vous dis que si vous n'employez pas un autre remède, la maladie augmentera. Rappelez-vous les ruines qui se sont faites dans toute l'Italie, pour n'avoir pas changé ces mauvais gouverneurs qui se conduisaient de manière à faire dépouiller l'Eglise de Dieu. Je sais que vous ne l'ignorez pas; que Votre Sainteté voie donc ce qui est à faire. Courage, courage, car Dieu ne méprise pas votre désir et les prières de ses serviteurs. Je n'en dis pas davantage. Demeurez dans la sainte et douce dilection de Dieu. Je vous demande humblement votre bénédiction. Doux Jésus, Jésus amour.






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Lettre n. 23, AU CARDINAL PIERRE D'OSTIE

XXIII. - AU CARDINAL PIERRE D'OSTIE. De la force que donne la charité pour servir Dieu et remplir les charges de l'Eglise.

(Le cardinal Pierre d'Ostie était Français, et de la famille d'Estaing, une des plus illustres du Rouergue. Il entra très jeune dans l'ordre de Saint-Benoît, fut nommé évêque de Saint-Fleur, puis archevêque de Bourges. Urbain V le fit cardinal au mois de juin 1370, et lui confia plusieurs charges importantes en Italie. Grégoire XI lui donna la légation de Bologne. Après avoir rempli avec gloire cette mission, il fut rappelé en 1374 à Avignon, et envoyé à Rome pour y préparer le retour du Souverain Pontife. Il y mourut le 25 novembre 1377. La lettre de sainte Catherine fut écrite au moment de sa nomination à Bologne, vers 1372; par conséquent notre sainte l'avait connu sans doute à Sienne même. Elle exerça sur lui une heureuse influence; le cardinal d'Estaing fut un des plus dévoués aux véritables intérêts du Saint-Siège, et contribua beaucoup, quoique Français, au retour du Pape à Rome.)



AU NOM DE JESUS CRUCIFIE ET DE LA DOUCE MARIE




1. Très cher et révérend Père dans le Christ, le [238] doux Jésus, moi, Catherine, la servante et l'esclave des serviteurs de Jésus-Christ, je vous écris dans son précieux sang, avec le désir de vous voir lié par les liens de la charité, comme vous êtes lié par' votre charge en Italie, ainsi que je l'ai appris (Con desiderio di vidervi legato nel legame della carità, siccome sete fatto legato in Italia. Sainte Catherine se sert du double sens du mot legato, qui on italien veut dire lié et légat.). Cette nouvelle m'a causé une grande joie, parce que je suis persuadée que vous pouvez faire beaucoup pour l'honneur de Dieu et pour le bien de la sainte Eglise. Le lien de cette charge serait inutile sans un autre lien; et c'est pourquoi je vous dis que je désire vous voir lié par les liens de la charité; car vous savez qu'aucun effet de la grâce ne peut se produire en vous et dans le prochain sans la charité. La charité est le saint et doux lien qui lie l'âme à son Créateur, elle lie Dieu en l'homme, et l'homme en Dieu; c'est cette ineffable charité qui a attaché et cloué l'Homme-Dieu sur le bois de la très Sainte Croix; c'est elle qui [239] apaise les discordes, qui unit ceux qui sont séparés, et qui enrichit ceux qui sont pauvres de vertus, parce qu'elle donne la vie à toutes les vertus (); elle donne la paix, et finit la guerre; elle donne la patience, la force et l'infatigable persévérance dans toutes les bonnes et saintes entreprises; elle ne se fatigue jamais, et n'est jamais séparée de l'amour de Dieu et du prochain, ni par la peine, ni par les injures, les mépris et les outrages; elle n'est pas ébranlée par l'impatience, par les délices et les plaisirs que peut lui offrir le monde trompeur.

2. Celui qui la possède persévère et reste toujours ferme, parce qu'il est appuyé sur la pierre vive, le Christ, le doux Jésus, qui lui a enseigné à aimer son Créateur, en suivant ses traces. Il a lu en lui la régle et la doctrine qu'il doit adopter, parce qu'il est la voie, la vérité, la vie. Aussi, celui qui lit en lui le livre de vie, suit la voie droite, et cherche uniquement l'honneur de Dieu et le salut du prochain. C'est ainsi qu'a fait le Christ, le doux Jésus; rien ne put lui ôter l'amour de l'honneur de son Père et de notre salut, ni les peines, ni les tourments, ni les injustices qui lui furent faites par notre ingratitude; il persévéra jusqu'à ce qu'il eût satisfait son désir et accompli l'oeuvre qui lui avait été confiée par son Père, l'oeuvre de la rédemption du genre humain; et c'est ainsi qu'il put honorer son Père et nous sauver.

3. Je vous demande d'avoir les mêmes liens, le même amour, et d'écouter la douce Vérité suprême, qui vous a tracé la voie, vous a donné la vie, la forme, [240] la règle, et vous a enseigné la doctrine de la vérité. Oui, vous, le fils et le serviteur racheté par le sang de Jésus crucifié, je veux que vous suiviez ses traces avec courage, zèle et promptitude, ne vous laissant point arrêter par la peine ou le plaisir, mais persévérant jusqu'à la fin dans cette oeuvre et dans toutes celles que vous entreprendrez pour Jésus crucifié. Appliquez-vous à arracher les iniquités et les misères du monde, causées par tant de fautes qui se commettent et qui outragent le nom de Dieu. Soyez affamé de son honneur et du salut du prochain, et faites tout ce que vous pourrez faire pour réparer tant de maux. Je suis persuadée que, dans les doux liens de la charité, vous userez des pouvoirs que vous avez reçus du Vicaire de Jésus-Christ, comme nous l'avons dit mais sans le premier lien de la charité, vous ne pourrez le faire et remplir votre devoir. Aussi je vous conjure de vous appliquer à avoir en vous cet amour, à vous lier à Jésus crucifié, et à suivre ses traces par de vraies et solides vertus; unissez-vous aussi au prochain par des oeuvres d'amour.

4. Mais je veux, très cher Père, que nous pensions que si notre esprit n'est pas dépouillé de tout amour-propre et de toute complaisance pour lui et pour le monde, il ne pourra jamais parvenir à ce vrai et parfait amour (, 1; ), à cette union de la charité. Car ces deux amours sont opposés, et si opposés, que l'amour-propre vous sépare de Dieu et du prochain, tandis que l'autre vous y unit; l'un vous donne la mort, l'autre vous donne la vie; l'un les ténèbres, l'autre la [241] lumière; l'un la guerre, l'autre la paix. L'amour-propre resserre le coeur tellement, qu'il ne peut vous contenir, ni vous, ni le prochain; tandis que la divine charité l'élargit et lui fait recevoir les amis, les ennemis et toutes les créatures raisonnables, parce qu'il est revêtu de l'amour du Christ, et qu'il suit ses traces. L'amour-propre est misérable, il s'éloigne de la justice et commet l'injustice; il a une crainte servile qui ne lui laisse pas faire son devoir, par erreur ou par peur de perdre sa position. C'est cette coupable servitude de la crainte qui conduisit Pilate à faire mourir le Christ. Ainsi font ceux qui sacrifient la justice à l'injustice. Au lieu de vivre selon la conscience et la vertu, par amour de Dieu, ils suivent l'injustice et le vice dans les ténèbres de l'amour-propre.

5. C'est cet amour que je veux voir banni de votre coeur, afin que vous soyez fondé dans la vraie et parfaite charité, aimant Dieu pour Dieu, parce qu'il est digne d'être aimé, parce qu'il est la souveraine et l'éternelle Bonté; vous aimant et aimant le prochain pour lui, et non pour votre utilité. O mon Père, je veux qu'étant le légat du Pape, vous soyez lié dans les liens de cette sincère et ardente charité que mon âme désire voir en vous. Je n'en dis pas davantage. Fortifiez-vous dans le Christ, le doux Jésus; soyez zélé, et non pas négligent, dans ce que vous avez à faire, et je verrai si vous êtes un vrai légat, et si vous avez faim de voir lever l'étendard de la très sainte Croix (Le cardinal d'Estaing fit tous ses efforts pour organiser la croisade que désirait tant sainte Catherine.). Demeurez dans la sainte et douce dilection de Dieu. Doux Jésus, Jésus amour [242].






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Lettre n. 24, AU CARDINAL PIERRE D'OSTIE

XXIV. - AU CARDINAL PIERRE D'OSTIE. - Des malheurs de l'amour de soi-même, et de la crainte servile. - Elle l'exhorte à servir avec courage la sainte Eglise, et à imiter Jésus-Christ dans sa patience à tout souffrir.



AU NOM DE JESUS CRUCIFIE ET DE LA DOUCE MARIE




1. Mon très cher et très révérend Père dans le Christ, le doux Jésus, moi Catherine, la servante et l'esclave des serviteurs de Jésus-Christ, je vous écris dans son précieux sang, avec le désir de vous voir un homme courageux et sans crainte, afin que vous suiviez courageusement l'Epouse du Christ, travaillant pour l'honneur de Dieu spirituellement et temporellement, selon les besoins de cette douce Epouse dans les circonstances actuelles. Je suis persuadée que si l'oeil de

votre intelligence s'ouvre pour voir ses nécessités, vous le ferez avec zèle, sans peur et sans négligence. L'âme qui éprouve une crainte servile ne peut rien faire parfaitement, et dans quelque position qu'elle se trouve, dans les petites choses comme dans les grandes, elle échoue toujours, et ne conduit jamais ce qu'elle a commencé à sa perfection. Oh! que cette crainte est dangereuse elle coupe les bras au saint désir, elle aveugle l'homme en ne lui laissant pas connaître et voir la vérité. Cette crainte procède de l'aveuglement de l'amour-propre; car, aussitôt que la créature raisonnable s'aime de l'amour-propre sensitif, elle éprouve la crainte; et la raison de cette crainte est qu'elle a placé son amour et son espérance [243] en des choses fragiles qui n'ont aucune force, aucune solidité, et qui passent comme le vent.

2. O amour coupable, combien tu es pernicieux aux supérieurs spirituels et temporels, et à ceux qui leur sont soumis Car si c'est un prélat, il ne reprend jamais, parce qu'il craint de perdre son pouvoir et de déplaire à ceux qui lui sont soumis! Celui qui obéit en souffre également, car l'humilité ne peut se trouver en celui qui s'aime d'un pareil amour: l'orgueil y est enraciné, et l'orgueilleux n'est jamais obéissant. Si c'est un supérieur temporel, il n'observe pas la justice, et commet, au contraire, de nombreuses et criantes injustices, parce qu'il agit selon son caprice, ou selon le caprice des créatures. Dès qu'il ne réforme pas les abus et n'observe pas la justice, ses sujets deviennent plus mauvais, parce qu'ils s'entretiennent dans leurs vices et leur malice. Puisque l'amour-propre et la crainte coupable causent tant de dangers, il faut les fuir, et fixer l'oeil de son intelligence sur l'Agneau sans tache, qui est notre règle et notre doctrine; nous devons le suivre parce qu'il est l'amour et la vérité, et qu'il n'a cherché autre chose que l'amour de son Père et notre salut. Il ne craignait ni les Juifs, ni leurs persécutions, ni la malice des démons, ni la honte, les mépris, les affronts, et il ne recula pas enfin devant la mort ignominieuse de la Croix.

3. Nous sommes les disciples de cette douce et suave école. Je veux, très cher et très doux Père, que vous fixiez, avec un grand zèle et une sainte prudence, l'oeil de votre intelligence sur cette vie, sur ce livre de vie qui contient la douce et suave doctrine. Ne recherchez [244] autre chose que l'honneur de Dieu, le salut des âmes et le service de la douce Epouse du Christ. Avec cette lumière, vous vous dépouillerez de l'amour-propre, et vous serez revêtu de l'amour divin; vous chercherez Dieu pour son infinie bonté, parce qu'il est digne d'être cherché, d'être aimé par nous: vous vous aimerez, vous aimerez la vertu, vous détesterez le vice pour Dieu, et cet amour vous fera aimer votre prochain.

4. Vous voyez bien que la divine Bonté vous a placé dans le corps mystique de la sainte Eglise, vous a nourri sur le sein de cette douce Epouse, pour que vous mangiez sur la table de la très sainte Croix l'aliment de l'honneur de Dieu et du salut des âmes. Elle ne veut pas que vous vous nourrissiez ailleurs que sur la Croix, supportant les fatigues du corps et les angoisses du désir comme l'a fait le Fils de Dieu, qui a souffert à la fois les tourments du corps et le supplice du désir, la croix du désir, plus grande que la croix du corps. Cette croix du désir était la faim de notre rédemption, pour obéir à la volonté de son Père; et c'était pour lui une peine infinie de ne pas la voir accomplie. Comme sagesse du Père, il voyait ceux qui participaient à son sang, et ceux qui n'y participaient pas par leur faute; et parce que ce sang était donné pour tous, il s'affligeait de l'aveuglement de ceux qui ne voulaient point y participer. Ce désir fut son supplice depuis sa naissance jusqu'à sa mort; mais quand il eut donné sa vie, son désir ne finit pas, mais seulement la croix du désir. Vous devez faire ainsi, vous et toute créature raisonnable; vous devez souffrir de corps et de désir, vous affligeant de l'offense [245] de Dieu et de la damnation de tant d'âmes que nous voyons périr.

5. Il me semble, très cher Père, qu'il est temps de rendre honneur à Dieu et de souffrir pour le prochain; il ne faut plus écouter, pour agir, l'amour-propre sensitif et la crainte servile, mais l'amour véritable et la sainte crainte de Dieu. Vous êtes maintenant préposé au temporel et au spirituel, et je vous prie, pour l'amour de Jésus crucifié, d'agir avec courage; procurez l'honneur de Dieu, quand vous le pourrez et autant que vous le pourrez, travaillant toujours, par vos conseils et votre secours, à détruire le vice et à glorifier la vertu. Quant à vos actes temporels, qui deviennent spirituels par une intention sainte, faites-les avec courage, poursuivant, autant que vous le pourrez, la paix et l'union dans tout ce pays (Le cardinal d'Estaing suivit les conseils de sainte Catherine. Après avoir vaincu par les armes Barnabé Visconti, seigneur de Milan, il lui accorda la paix, et attacha les seigneurs d'Este au Saint-Siège en leur donnant la souveraineté de Ferrare moyennant un tribut annuel de mille florins.); et pour cette oeuvre sainte, s'il fallait donner la vie de votre corps mille fois, s'il était possible, il faudrait la donner. N'est-ce pas une chose bien triste de nous voir en guerre avec Dieu par la multitude des péchés des inférieurs et des supérieurs, et par la revolte contre la sainte Bglise, de nous voir ainsi les armes àla main pour combattre les uns contre les autres, tandis que tout fidèle devrait s'apprêter à combattre les infidèles et les faux chrétiens Nous accablons ainsi les serviteurs de Dieu de douleur et d'amertume [246], quand ils voient tant d'offenses mortelles pour les âmes qui périssent à cette occasion; et les démons se réjouissent de voir ce qu'ils voulaient voir. Il est bien de donner sa vie, à l'exemple du Maître de la vérité, et de ne pas s'arrêter aux honneurs ou aux persécutions du monde, qui voudrait nous faire souffrir et nous donner la mort du corps.

6. Je suis persuadée que si vous êtes revêtu de l'homme nouveau, du Christ, le doux Jésus, si vous êtes dépouillé du vieil homme, c'est-à-dire de la propre sensualité,- vous vous conduirez avec zèle, parce que vous serez libre de la crainte servile. Sans cela, vous n'y parviendrez jamais, et vous tomberez de plus dans les défauts dont je vous ai parlé. Je comprends combien il vous est nécessaire d'être un coeur courageux, sans crainte servile et libre de tout amour de vous-même, puisque Dieu vous a placé à ce poste, qui ne demande qu'une sainte crainte. Je vous ai dit que je désirais vous voir un homme courageux et sans crainte. J'espère de la Bonté divine qu'elle vous fera, à vous et à moi, la grâce d'accomplir sa volonté, votre désir et le mien. La paix, la paix, la paix, très cher Père; pensez à vous et aux autres, et faites considérer au Saint-Père la ruine des âmes plutôt que celle des cités; car Dieu estime plus les âmes que les cités. Je finis; demeurez dans la sainte et douce dilection de Dieu. Doux Jésus, Jésus amour [247].





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Lettre n. 25, AU CARDINAL PIERRE DE LUNE

XXV. - AU CARDINAL PIERRE DE LUNE. - De l'amour de la vérité, qu'on arrive à connaître dans le sang de Jésus-Christ, à la lumière de la sainte foi. - Elle l'invite à travailler à la réforme de l'Eglise, et à supporter les murmures avec patience.

(L'Espagnol Pierre de Lune avait été nommé cardinal en 1375 par Grégoire XI, qui l'avait mis en garde contre son ambition en lui disant Caveas ne tua Luna paliatur ecclipsim. Il connut sainte Catherine pendant son séjour à Avignon, et fut très lié avec le bienheureux Raymond de Capoue. Il montra d'abord beaucoup de fermeté dans l'élection d'Urbain VI, et ne voulut pas se prêter aux hommages qu'on rendit au cardinal de Saint-Pierre pour calmer les Romains, qui voulaient un Pape italien. Il disait tout haut Non conflabo vitulum, nec flectam genua coram Baal. Unus est, et debet esse verus papa, et non duo. Cette première lettre est écrite après la violation de l'interdit de Florence, arrivée le 8 octobre 1377.)



AU NOM DE JESUS CRUCIFIE ET DE LA DOUCE MARIE




1. Très révérend et très cher Père dans le Christ, le doux Jésus, moi, Catherine, la servante et l'esclave des serviteurs de Jésus-Christ, je vous écris dans son précieux sang, avec le désir de vous voir aimer sincèrement la douce vérité. C'est la vérité qui nous délivre, car personne ne peut rien faire contre la vérité; mais cette vérité ne peut s'acquérir parfaitement, si l'homme ne la connaît pas. En ne la connaissant pas, il ne l'aime pas; et en ne l'aimant pas, il ne trouve pas en lui et ne suit pas la vérité. Ainsi [248] donc, nous avons besoin de la lumière de la très sainte Foi; cette lumière est la pupille de l'oeil de l'intelligence, avec lequel, lorsqu'il est éclairé par. la sainte Foi, l'âme connaît la douce vérité de Dieu, voyant que Dieu ne veut véritablement autre chose que notre sanctification. Tout ce qu'il nous donne, ou tout ce qu'il permet en cette vie, n'a d'autre but que de nous sanctifier en lui. C'est ce qui prouve que Dieu ne veut pas autre chose de nous, qu'il nous a créés à son image et ressemblance pour que nous jouissions de lui et que nous participions à son bonheur éternel. C'est le sang de son Fils unique, répandu avec un si ardent amour; c'est ce sang qui nous a fait renaître à la grâce; car si Dieu n'avait pas vu et voulu notre bien, il ne nous aurait pas donné un semblable Rédempteur.

2. C'est donc dans ce sang que nous connaissons la vérité à la lumière de la très sainte Foi, qui éclaire l'oeil de l'intelligence. Alors l'âme s'embrase et se nourrit dans l'amour de cette vérité; et par amour de la vérité, elle préférerait la mort à l'oubli de la vérité. Elle ne tait pas la vérité quand il est temps de parler, car elle ne craint pas les hommes du monde; elle ne craint pas de perdre la vie, puisqu'elle est disposée à la donner par amour de la vérité. Elle craint Dieu seul. La vérité reprend hautement, parce que la vérité a pour compagne la sainte justice, qui est une perle précieuse qui doit briller en toute créature raisonnable, mais surtout dans un prélat. La vérité se tait quand il est temps de se taire; et en se taisant, elle crie par la patience, car elle n'ignore pas, mais elle discerne et elle connaît [249] où se trouve plus l'honneur de Dieu et le salut des âmes. O très cher Père, passionnez-vous pour cette vérité, afin que vous soyez une colonne dans le corps mystique de la sainte Eglise, où il faut répandre la vérité; car la vérité est en elle, et parce qu'elle est en elle, elle veut qu'elle soit administrée par des personnes qui en sont passionnées et éclairées, et non par des ignorants qui sont séparés de la vérité.

3. Il me semble que l'Eglise de Dieu a un extrême besoin de bons ministres; car le nuage de l'amour-propre a tellement augmenté dans les intelligences, que personne ne parait pouvoir connaître la vérité. Les hommes ne l'aiment pas, parce qu'ils sont pleins de l'amour sensuel et particulier d'eux-mêmes; ils ne peuvent remplir leurs coeurs et leur affection de l'amour de la vérité; et c'est ainsi que la fable et le mensonge abondent sur les lèvres de ceux qui devraient annoncer la vérité. Je puis, mon très cher Père, vous assurer que les choses en sont ainsi; Car dans le lieu où je me trouve (Sainte Catherine était alors à Florence.), sans parler des séculiers, dont beaucoup sont méchants, et peu sont bons, les religieux, les clercs, et surtout les Frères Mendiants, qui sont chargés par la douce Epouse du Christ d'annoncer et de répandre la vérité, l'oublient et l'outragent du haut de la chaire. Ce sont sans doute mes péchés qui en sont cause. Je dis cela pour l'interdit qu'ils ont violé. Non seulement ils ont fait le mal, mais ils enseignent qu'on peut célébrer les Offices en toute sûreté de conscience, [250] et que les séculiers peuvent y assister; ils disent que ceux qui n'y vont pas commettent un péché. Ils ont fait tomber ainsi le peuple dans un tel désordre, que c'est une douleur d'y penser, et surtout de le voir (Le 8 octobre, jour de sainte Reparata, fête patronale de la cathédrale de Florence, le peuple força les prêtres et les religieux à ouvrir les églises et à célébrer les Offices malgré l'interdit, en imposant de fortes amendes à tous ceux qui n'obéiraient pas.). Ce qui les fait parler et agir de la sorte, c'est la crainte servile des hommes, le désir de leur plaire et de recevoir des offrandes, Hélas! hélas! je meurs, et je ne puis cependant mourir, en voyant abandonner la vérité à ceux qui devaient mourir pour elle.

4. Aussi je veux, mon doux Père, que vous vous passionniez pour la vérité. Vous avez maintenant commencé, en reconnaissant que l'Epouse du Christ avait besoin d'un saint et bon pasteur, et vous avez agi sans crainte en toute occasion. Pour que votre persévérance soit couronnée de succès, je vous prie de faire toujours retentir la vérité a l'oreille du Christ de la terre, afin qu'il réforme son Epouse dans la vérité. Dites-lui avec fermeté qu'il la réforme par de bons et saints pasteurs, réellement et en vérité, non pas seulement avec de simples paroles, car ce qu'on dit sans agir ne sert de rien. S'il ne donne pas de bons pasteurs, il ne pourra jamais accomplir le désir qu'il a de réformer l'Eglise.

5. Qu'il veuille donc, par amour pour Jésus crucifié, s'appliquer avec espérance et douceur à déraciner les vices et à faire fleurir la vertu autant [251] qu'il le pourra; qu'il lui plaise de pacifier l'Italie, afin qu'avec une belle armée enrôlée sous l'étendard de la Croix, nous puissions nous sacrifier à Dieu pour l'amour de la vérité. Priez-le qu'il ne laisse jamais les fautes impunies, surtout celles de ceux qui outragent la sainte Foi par amour d'eux-mêmes. Qu'il s'entoure de serviteurs de Dieu capables de l'aider à porter son fardeau. S'il veut guérir la corruption que cause le désordre, il faut que lui, vous et les autres, vous supportiez les persécutions et les coups de la langue des hommes. Mais si vous aimez la vérité, avec la perle précieuse de la justice, enchâssée dans la miséricorde, en n'imposant à personne au delà de ses forces, ne vous inquiétez de rien, ne tournez jamais la tête en arrière pour regarder la charrue, mais soyez constants et persévérants jusqu'à la mort. Si vous connaissez et si vous aimez la vérité, vous ne craindrez pas la peine; vous y trouverez, au contraire, votre bonheur. Mais si vous n'avez pas le doux et pur amour de la vérité, votre ombre seule vous fera peur. Aussi, en voyant qu'il n'y avait pas d'autre route, je vous ai dit que je désirais vous voir l'ami fidèle de la vérité. Je vous demande donc, par amour pour Jésus crucifié et pour ce doux sang répandu avec tant d'ardeur, de devenir l'époux de la vérité, afin d'accomplir la volonté de Dieu en vous et le désir de mon âme, qui souhaite vous voir mourir pour la vérité. Je finis; demeurez dans la sainte et douce dilection de Dieu. Doux Jésus, Jésus amour [252].






Catherine, Lettres 364