Catherine, Lettres 138

138

Lettre n. 37, A LA REINE DE NAPLES

XXXVII (314). - A LA REINE DE NAPLES. - Des vertus que doit produire notre âme. - Elle l'invite à préparer la croisade.



AU NOM DE JESUS CRUCIFIE ET DE LA DOUCE MARIE




1. Très aimée et très révérende Mère et soeur dans le Christ Jésus, madame la Reine, moi, Catherine, la servante et l'esclave des serviteurs de Jésus-Christ, je vous écris avec le désir de vous voir remplie de l'abondance de la grâce du Saint-Esprit, afin que, comme une terre fertile, vous donniez des fruits bons et délicieux, et que vous ne produisiez pas des ronces et des épines. Vous savez, très chère Mère, que nous sommes semblables à des champs où Dieu dans sa miséricorde a jeté sa semence, c'est-à-dire l'amour avec lequel il nous a créés on nous tirant de son sein par amour, et non par devoir. Nous ne lui avons pas demandé de nous créer; mais lui, poussé par le feu de sa charité, il nous a créés pour que nous voyions et que nous goûtions sa souveraine et éternelle beauté. Et afin que cette semence porte du fruit et que les plantes grandissent, il nous a donné [319] l'eau du saint baptême. Le fruit est bien agréable et bien doux, mais il faut un jardinier pour le soigner et le conserver. O très doux amour Jésus, vous nous avez donné le meilleur et le plus puissant jardinier que nous puissions avoir, on nous donnant la raison et le libre arbitre. Il est si fort, que ni les démons ni les créatures ne peuvent l'ébranler, et le contraindre à un péché mortel s'il n'y consent pas. N'est-ce pas ce que disait l'ardent saint Paul lorsqu'il s'écriait: " Qui pourra me séparer do la charité du Christ! Ce ne sera ni la faim, ni la soif, ni les persécutions, ni les anges, ni les démons (Rm 8,35); comme s'il disait: Puisqu'il est impossible de me séparer de la charité divine si je ne le veux pas, je suis donc bien fort. Dieu nous a donné aussi le temps, car sans le temps, le jardinier ne pourrait rien faire; mais avec le temps, c'est-à-dire pendant que nous vivons, le jardinier peut retourner la terre et recueillir le fruit; alors la main de l'amour, du saint et vrai désir, prend le fruit et le porte dans le grenier, c'est-à-dire qu'il fait tout pour Dieu, et qu'il recherche dans toutes ses oeuvres la louange et la gloire de son nom.

2. Vous me direz peut-être que le jardinier a pour compagnon la partie sensitive, qui souvent le vole et l'arrête on semant et on recueillant bien souvent la semence du démon, c'est-à-dire les jouissances coupables, les plaisirs du monde, les richesses, les honneurs et l'amour de nous-mêmes, ce dangereux ennemi, capable de détruire et de corrompre toutes nos [320] oeuvres; oui, celui qui s'aime lui-même on dehors de Dieu, et qui ne cherche que son propre honneur, ne fait rien de bon. S'il est puissant, il n'exercera pas loyalement la justice, mais il la rendra selon le bon plaisir des créatures, parce qu'il écoutera son amour-propre. Je ne veux pas qu'il en soit ainsi pour vous; car si vous recherchez uniquement l'honneur de Dieu et le salut des créatures, votre justice et toutes vos oeuvres seront conformes à la droite raison, et la force du libre arbitre fera tenir tranquille la sensualité. Courage donc, très chère Mère; car par la greffe que Dieu a faite en nous, arbres stériles, c'est-à-dire par l'union de la nature divine avec la nature humaine, la raison est tellement fortifiée, qu'elle est entraînée à l'aimer; et la sensualité est tellement affaiblie, que quand elle veut nuire à la raison, elle ne peut rien contre elle.

3. Nous voyons bien, très chère Mère, que notre chair c'est-à-dire l'humanité du Christ, qui vient d'Adam, a été si flagellée, si tourmentée par les coups, les outrages, et enfin par la mort honteuse de la Croix, qu'elle doit maintenant nous être assujettie, et ne jamais se révolter contre Dieu et la raison. O amour ineffable, très doux Jésus, comment la créature peut-elle ne pas se perdre et se sacrifier pour vous? O greffe incomparable, Verbe incarné, Fils de Dieu, qui avez détruit le ver de l'ancien péché d'Adam, et arraché le fruit sauvage! Ce péché commis avait tellement ravagé notre jardin, qu'il ne pouvait produire aucune vertu qui donne la vie. O doux feu d'amour, vous avez tellement uni Dieu à l'homme et l'homme à Dieu, que la sève stérile qui [321] donnait la mort est devenue bonne et fertile, et donne toujours la vie, si nous voulons nous servir de la force de la raison. Regardez, regardez l'amour ineffable que Dieu nous porte, et la douceur du fruit délicieux de l'Agneau sans tache, ce bon grain qui a été semé dans le doux champ de Marie. Que notre jardinier ne dorme plus dans la négligence, car voici le moment: il est fort par sa nature, et il a été fortifié par l'union de Dieu avec l'homme. Je vous prie nu nom du Christ, le doux Jésus, d'exciter votre amour et votre désir, et de prendre l'arbre de la très sainte Croix, pour le planter dans le jardin de votre âme; car c'est un arbre riche en fruits de vraies et solides vertus. Vous voyez bien qu'outre l'union que Dieu a faite avec sa créature, il s'est attaché à la sainte Croix, et il veut, il demande que nous nous unissions à cet arbre par l'amour et le désir; alors notre jardin ne pourra produire que des fruits suaves et délicieux. C'est pourquoi j'ai dit que je désirais vous voir un champ fertile. Nous avons vu le moyen de produire du fruit, et comment on le récolte, en se servant de la force et de la puissance du bon jardinier, de la raison et du libre arbitre, avec le souvenir de l'Agneau immolé pour détruire la partie sensitive.

4. Maintenant donc, très chère soeur, il n'est plus temps de dormir, car le temps ne dort pas, et s'enfuit toujours comme le vent. Elevez en vous par l'amour l'étendard de la très sainte Croix; il faudra bientôt le déployer, car il me semble que le Saint-Père va l'arborer contre les Turcs. Je vous prie de vous tenir prête, afin que nous allions tous en bonne compagnie mourir pour le Christ. Je vous prie et je vous conjure de la part de Jésus crucifié d'assister son Epouse dans ses besoins, par vos biens, votre personne et vos conseils. Montrez autant que vous le pourrez que vous êtes la fille fidèle de la douce et sainte Eglise. Vous savez bien qu'elle est une mère qui nourrit ses fils sur son sein, en leur donnant un lait très doux qui est leur vie. Il est bien insensé le fils qui n'aide pas sa mère, lorsqu'un membre corrompu se révolte contre elle (Cette lettre est sans doute de 1375, au moment de la guerre des Florentins contre l'Eglise.). Je veux que vous soyez une fille véritable, et que vous assistiez toujours votre Mère. Je termine. Pardonnez à mon Ignorance. Demeurez dans la sainte et douce dilection de Dieu. Je vous recommande le Frère Pierre, qui vous porte cette lettre: c'est mon cher Père et mon fils.




312

Lettre n. 38, A LA REINE DE NAPLES

XXXVIII (315). - A LA REINE DE NAPLES. - De la manière nécessaire pour connaître la vérité. - Des dangers de l'amour de soi-même. - Elle déplore la mauvaise foi de ceux qui, après avoir élu pour souverain Pontife Urbain VI, ne veulent plus le reconnaître.

(Cette lettre est du 7 octobre 1378; elle est par conséquent écrite de Sienne, avant le départ de sainte Catherine pour Rome.)



AU NOM DE JESUS CRUCIFIE ET DE LA DOUCE MARIE




1. Très chère Mère dans le Christ, le doux Jésus [324], moi, Catherine, la servante et l'esclave des serviteurs de Jésus-Christ, je vous écris dans son précieux sang, avec le désir de vous voir éclairée de la vraie et parfaite lumière, afin qu'en toutes vos oeuvres, vous receviez la lumière qui est la vie de la grâce; car toutes les oeuvres qui sont faites avec la lumière et la crainte de Dieu donnent la vie; mais sans cette lumière nous faisons tout dans la mort, nous marchons dans les ténèbres, avec une telle ignorance, un tel aveuglement, que nous prenons la vérité pour le mensonge, et le mensonge pour la vérité, la lumière pour les ténèbres, et les ténèbres pour la lumière. De là vient que le goût de l'âme se pervertit, et qu'alors les choses bonnes lui paraissent mauvaises, et les mauvaises lui paraissent bonnes: elle a perdu la connaissance d'elle-même, et ne connaît plus son mal. Cela vient de la privation de la lumière. Hélas! hélas! très chère Mère, tout cela procède du nuage de l'amour-propre, qui obscurcit l'oeil de notre intelligence et nous empêche de discerner la vérité. L'amour-propre nous rend faibles et légers comme la feuille qu'agite le vent; c'est un poison qui empoisonne l'âme; et il ne l'empoisonne pas sans nuire aussi aux autres, car dès que nous sommes privés de la charité, nous n'avons plus de bienveillance et d'affection pour le prochain, et d'obéissance pour la sainte Eglise.

2. Remarquez-le bien: ce poison, les uns le prennent et le donnent au prochain, non pas actuellement, mais mentalement, en lui refusant l'affection qui lui est due. Mais il en est d'autres aussi qui non seulement lui refusent cette affection, mais s'efforcent [324] encore de lui communiquer le poison qu'ils ont pris eux-mêmes. Hélas! ceux-là font l'office des démons, qui ne se contentent pas d'être privés de Dieu, l'éternelle et souveraine Lumière, mais font tout ce qui est en leur pouvoir pour nous en priver. Il est vrai que la créature raisonnable ne doit pas être assez folle; assez insensée pour consentir à la volonté du démon. Il me semble qu'aujourd'hui dans le monde entier, et surtout dans le corps mystique de la sainte Eglise, il y en a beaucoup qui remplissent cet office. On ne devrait pas les appeler des hommes et des clercs, mais des démons incarnés; ils sont privés de la lumière de la vérité, et égarés par l'amour d'eux-mêmes; et nous avons dit que l'amour-propre est un venin qui empoisonne l'âme. Oui, c'est un venin. Ouvrez l'oeil de l'intelligence, et, s'il n'est pas obscurci par l'amour-propre et par la complaisance pour les créatures, vous reconnaîtrez que ceux qui devaient être les colonnes de la sainte Eglise ont répandu avec méchanceté le venin de l'hérésie, qui les empoisonne avec ceux qui les approchent.

3.O hommes qui êtes non pas des hommes, mais plutôt des démons visibles, combien vous aveugle cet amour déréglé que vous avez placé dans la corruption des corps, dans les délices et les honneurs du monde! Le Vicaire du Christ voulait corriger votre vie, afin que vous soyez des fleurs parfumées dans le jardin de la sainte Eglise; vous l'aviez choisi par une élection régulière; et maintenant vous répandez le poison du mensonge, et vous dites qu'il n'est pas le vrai Pape, parce que vous l'avez [325] nommé par crainte et par peur de la colère du peuple. Ce n'est pas vrai; mais si cela était, vous seriez dignes de mort pour avoir choisi un Pape avec la crainte des hommes, et non pas avec la crainte de Dieu. Mais vous ne pouvez le dire. Le dire, oui; mais le prouver, non. Ce que vous avez fait par crainte, pour apaiser le peuple, tout le monde le voit d'une manière évidente, c'est quand vous avez dit en revêtant de la chape messire de Saint-Pierre, que vous l'aviez nommé Pape. Ce n'était pas la vérité, comme on l'a vu quand l'émeute a cessé. Il a confessé, et vous aussi, qu'il n'était pas Pape, mais que le Pape élu était messire Barthélemi, archevêque de Ban. s'il n'était pas Pape, qui vous forçait de le choisir de nouveau dans une élection régulière faite sans aucune violence, de le couronner avec tant de solennité et avec toute la pompe que demande cette cérémonie, comme ne l'a jamais été aucun de ses prédécesseurs? Je ne sais vraiment ce qui vous pousse maintenant à dire le contraire. C'est l'amour-propre., qui ne peut supporter la réprimande. Avant qu'il ait commencé à vous blesser par ses paroles et à vouloir arracher les épines du jardin de l'Eglise, vous confessiez et vous annonciez à nous, ses brebis, que le Pape Urbain VI était le vrai Pape. Vous avez confessé, et vous n'avez pas nié, qu'il est le Vicaire du Christ, celui qui tient les clefs du sang dans la vérité, cette vérité qui ne sera jamais confondue par les menteurs et les hommes pervers du monde, car la vérité est ce qui nous délivre.

4. Malheureux! vous ne voyez pas où vous êtes tombés, parce que vous êtes privés de lumières [326]. Vous ne savez pas que la barque de la sainte Eglise peut bien être agitée par les vents contraires, mais qu'elle ne périt jamais, ainsi que ceux qui s'appuient sur elle. En voulant vous élever, vous êtes submergés; en voulant vivre vous êtes tombés dans la plus triste mort que vous pouviez rencontrer; en voulant posséder des richesses, vous êtes devenus mendiants, vous êtes tombés dans la misère la plus profonde; en voulant conserver votre rang, vous l'avez perdu, vous avez été cruels pour vous-mêmes; et maintenant que vous êtes empoisonnés, vous voulez empoisonner les autres. N'aurez-vous pas pitié de tant de brebis que vous éloignez ainsi du bercail? Vous êtes placés pour répandre la Foi, et vous l'éteignez, vous la souillez par le schisme que vous faites naître; vous deviez être des flambeaux sur le candélabre pour éclairer les ténèbres, et vous obscurcissez la lumière par les ténèbres. De combien de maux n'êtes-vous pas et ne serez-vous pas cause, si vous ne changez! et par un juste jugement de Dieu, vous vous perdrez âme et corps. Ne pensez pas que Dieu vous épargnera par égard pour votre barrette et votre dignité vous serez au contraire punis bien plus sévèrement, comme le fils qui outrage sa mère, mérite une punition plus grande, parce qu'il commet une plus grande faute qu'une autre personne. La justice divine veut que le châtiment soit on raison de l'offense. Hélas! ne le faites plus, pour l'amour de Dieu; revenez un peu à vous, et rejetez le poison de l'amour-propre, afin de connaître et d'aimer la vérité.

5. N'attendez pas le châtiment, car il sera rude pour [327] celui qui résiste à Dieu. Ceci est bien vrai, très chère Mère: je dis très chère, autant que vous serez, comme autrefois, la servante fidèle de la sainte Eglise, qui, vous le savez, vous a nourrie sur son sein (La reine Jeanne avait été jusqu'alors dévouée au Saint-Siège. Elle devait beaucoup de reconnaissance au Pape Clément VI, qui lui servit pour ainsi dire de tuteur lorsqu'elle monta sur le trône, à l'âge de dix-neuf ans.). Je vous ai dit la vérité, ils ont pris l'office du démon, et, d'après ce que j'apprends, ce qu'ils ont en eux, ils veulent vous le donner: vous, sa fille, ils veulent vous détourner de l'obéissance et du respect que vous devez à votre Père le Pape Urbain VI, qui est vraiment le Christ de la terre et tout autre qui se présenterait tant qu'il vivra, n'est pas le Pape, mais il est pire que l'Antéchrist. Ne doutez pas de cette vérité, qui est si évidente, qu'elle a été reconnue par ceux qui ont fait l'élection, et qui la nient maintenant par passion. Si ce n'était pas la vérité, ils ne devaient pas lui demander des grâces et les recevoir, car ils devaient bien voir qu'il ne pouvait les donner; mais, parce qu'il le pouvait, ils les ont demandées, et en ont usé. Si vous croyez le contraire, vous ressemblerez à une aveugle, et vous serez comme ceux dont nous avons dit qu'ils étaient privés de la lumière. Vous changerez la lumière on ténèbres, si vous croyez que le Pape Urbain VI n'est pas véritablement une lumière, le vrai Christ de la terre, le ministre du sang du Christ qui est au ciel. Vous ferez des ténèbres; non pas que cette lumière puisse être elle-même obscurcie, mais vous produirez les ténèbres dans votre esprit et dans votre âme; et vous aurez [328] beau vouloir changer les ténèbres en lumière, vous ne le pourrez pas, malgré tous vos efforts. La vérité peut bien être un peu obscurcie par quelque nuage, mais ce nuage se dissipe malgré ceux qui veulent le contraire.

6. Vous prenez les ténèbres pour la lumière lorsque vous donnez votre aide et votre protection à ces hommes coupables (Jeanne de Naples fut une des causes principales du schisme, on donnant aide et protection aux cardinaux révoltés.). Je n'attaque pas leur dignité, mais leurs vices et leur méchanceté; car ils ont fait un autre Pape, et quand il a été fait, on a dit que c'était par votre main: et vous croyez qu'il est Pape! Ces ténèbres dont vous voudriez faire la lumière causeront votre ruine et la leur; car vous savez que Dieu ne laisse jamais impunies les fautes commises, surtout celles contre la sainte Eglise. N'attendez donc pas les coups de la justice divine, mais aimez mieux mourir que d'agir contre le Pape. Si vous ne voulez pas l'assister dans ses besoins, Dieu vous en demandera compte; mais si vous ne le faites pas, vous devez au moins ne pas agir contre lui, et rester neutre, tant que cette vérité, que vous ne voyez pas bien, ne sera pas claire pour votre esprit. En le faisant, vous montrerez que vous avez la lumière, que vous avez perdu votre faiblesse de femme, et que vous avez le courage d'un homme. Si à cause de votre peu de lumière vous suivez une autre voie, vous montrerez que vous êtes une femme irrésolue; vous deviendrez faible parce que vous vous serez éloignée de votre chef, du Christ [329] du ciel et du Christ de la terre, qui vous fortifie; vous aurez altéré votre goût comme une malade la bonne doctrine vous paraîtra mauvaise, et la mauvaise vous semblera bonne. La bonne doctrine est celle que veut donner le Vicaire de Jésus-Christ à ceux qui se nourrissent sur le sein de son Epouse; et vous montrerez qu'elle ne vous paraît pas véritablement bonne. Si elle vous paraissait bonne, vous l'adopteriez et vous ne vous en sépareriez pas: vous semblez aimer, au contraire, l'iniquité, la doctrine et la conduite coupable de ceux qui s'aiment eux-mêmes. Si elle ne vous plaisait pas, vous ne vous uniriez pas à eux en les aidant, en les protégeant; mais vous vous en éloigneriez. Unissez-vous à la vérité, et séparez-vous du mensonge; autrement vous rempliriez le même office qu'eux: vous ne vous contenteriez pas du mal et du poison qui est tombé dans votre âme, mais vous le communiqueriez aux autres en commandant à vos sujets. qui accepteraient ce que vous avez vous-même.

7. Tous ces malheurs, ces inconvénients arriveront, ou sont arrivés, si vous avez été ou si vous êtes privée de lumière; mais si vous avez la lumière, vous ne tomberez pas dans ces ténèbres. C'est pourquoi je vous ai dit que je désirais vous voir éclairée de la vraie et parfaite lumière. Si vous avez cette lumière, on s'en apercevra aux fruits que vous porterez maintenant: si vous vous attachez avec le respect qui lui est du, à votre Père, au Pape Urbain VI, vous montrerez un fruit de vie, et alors mon âme sera bien heureuse, parce que je verrai en vous le fruit de la véritable obéissance, où vous trouverez la vie de la grâce; si vous vous en séparez, et si vous adhérez à [330] l'opinion de ceux qui lui sont opposés et qui mentent à leur conscience, vous porterez les fruits empoisonnés d'une désobéissance qui engendre la mort éternelle. Si votre vie finit dans cet état, j'en aurai une peine, une douleur inexprimable, à cause de la damnation qui punira votre faute. C'est parce que je vous aime avec tendresse que je désire ardemment le salut de votre âme et de votre corps je vous ai écrit afin que, si vous êtes tombée dans ces ténèbres, vous puissiez en sortir, et que, si vous n'y êtes pas, vous aimiez mieux mourir que d'y tomber jamais. J'ai déchargé ma conscience; je suis certaine que Dieu vous a tant donné d'intelligence, que, si vous le voulez, vous connaîtrez la vérité. En la connaissant vous l'aimerez, et én l'aimant vous ne pourrez jamais l'offenser. Baignez-vous dans le sang de Jésus crucifié, c'est là que se consument tout amour propre et toute complaisance humaine. Cherchez uniquement à plaire à Dieu, et non pas aux créatures en dehors de sa volonté. Je termine. Demeurez dans la sainte et douce dilection de Dieu. Pardonnez-moi, si je vous ai importunée trop longtemps; mais l'amour de votre salut et la douleur profonde que me cause ce que je vois dans la sainte Eglise doivent me servir d'excuses. Si je le pouvais, à l'égard de ceux qui répandent une semblable hérésie dans le corps mystique de l'Eglise et dans toute la chrétienté, j'agirais plus que je ne parlerais.

8. Je me servirai surtout des armes de la prière. La mienne est bien faible à cause de mes fautes, mais celles des autres serviteurs de Dieu sont puissantes, et l'iniquité des hommes du monde ne peut leur résister: elles sont si fortes, que non seulement elles [331] triomphent de l'homme, mais encore qu'elles lient les mains de la justice divine, en apaisant la colère de Dieu et en l'inclinant à faire miséricorde au monde. C'est ainsi que nous nous défendrons et que nous demanderons son secours, en le suppliant de briser le coeur des Pharaons, de l'amollir afin qu'ils se convertissent et qu'ils donnent l'exemple d'une vie sainte et honnête, d'une vraie et parfaite obéissance. Doux Jésus, Jésus amour.




317

Lettre n. 39, A LA REINE DE NAPLES

XXXIX (316). - A LA REINE DE NAPLES.- Des deux manières que nous avons de connaître la vérité. Elle prie la reine de sortir de l'erreur où elle est, en ne voulant pas reconnaître pour Pape Urbain VI. - Du compte terrible qu'elle aura à rendre à Dieu.

(Cette lettre fut écrite peu de jours après l'arrivée de sainte Catherine à Rome, le 28 novembre 1378.)



AU NOM DE JESUS CRUCIFIE ET DE LA DOUCE MARIE




1. Très chère Mère dans le Christ, le doux Jésus, moi, Catherine, la servante et l'esclave des serviteurs de Jésus-Christ, je vous écris dans son précieux sang, avec le désir de vous voir affermie dans la vérité qu'il est nécessaire de connaître et d'aimer pour être sauvé. Celui qui sera fondé sur la connaissance de la Vérité, le Christ, le doux Jésus, celui-là recevra et goûtera la paix et le repos de son âme dans l'amour de la charité. Cette charité, l'âme la reçoit par cette connaissance. Il y a deux moyens principaux de [322] connaître cette vérité. Il faut d'abord reconnaître que tout ce qui a l'existence doit être aimé en Dieu et pour Dieu, qui est la Vérité même, et sans lequel rien n'existe. Celui qui se séparerait de la vérité marcherait dans la voie du mensonge en suivant le démon qui on est le père. Je dis qu'il y a surtout deux moyens de connaître la vérité. Le premier est de connaître la vérité de Dieu, qui nous aime d'un amour ineffable. Il nous a aimés avant que nous fussions; il nous a créés par amour, pour que nous ayons la vie éternelle et que nous goûtions à jamais la félicité parfaite. Telle a été, telle est la vérité. Qu'est-ce qui prouve qu'il on est ainsi? Le sang répandu pour nous avec un si ardent amour. Dans ce doux sang du Verbe, du Fils de Dieu, nous connaîtrons la vérité de sa doctrine, qui donne la vie, la lumière, on dissipant toutes les ténèbres de l'amour sensitif et des complaisances humaines, de manière que le coeur vraiment libre connaît et suit la doctrine de Jésus crucifié, qui est fondée sur la vérité. Nous devons enfin connaître et voir la vérité dans notre prochain, grand ou petit, serviteur ou maître. Quand nous le voyons faire une chose, et nous inviter à la faire aussi, nous devons examiner si cette chose est fondée ou non sur la vérité, et quel est le motif qui la fait entreprendre. Celui qui ne le fait pas agit comme un insensé, comme un aveugle qui suit un autre aveugle guidé par le mensonge, et il montre qu'il n'a pas en lui la vérité et qu'il ne la cherche pas. Il en est quelquefois de tellement insensés, que pour cette chose, ils vont perdre la vie de l'âme et du corps avec leurs biens temporels et ils ne s'en inquiètent pas, parce qu'ils sont aveugles [333] et ne connaissent pas ce qu'ils devraient connaître: ils marchent dans les ténèbres comme des femmes faibles et irrésolues.

2. O très chère Mère, si vous aimez la vérité et si vous êtes soumise à la sainte Eglise; mais autrement je ne vous appellerai plus ma mère; je ne vous parlerai plus avec respect, parce que je vois un grand changement dans votre personne. De reine vous êtes devenue servante et esclave d'une chose qui est néant: vous vous êtes soumise au mensonge, au démon, qui en est le père; vous avez abandonné le conseil de l'Esprit-Saint pour prendre celui des démons incarnés; vous étiez un membre uni à la vigne véritable, et vous vous êtes retranchée de cette vigne avec le couteau de l'amour-propre. Vous étiez la fille légitime et bien-aimée de votre Père, le Vicaire du Christ on ce monde, du Pape Urbain VI, qui est véritablement le souverain Pontife; vous avez quitté le sein de votre Mère, la sainte Eglise, où vous avez été si longtemps nourrie. Hélas! hélas! on peut vous pleurer comme morte, vous êtes séparée de la vie de la, grâce; morte pour l'âme, morte pour le corps, si vous ne quittez une si grande erreur, il me semble que vous n'avez pas compris la vérité de Dieu, comme je l'ai dit; car si vous l'aviez connue, vous auriez mieux aimé mourir que d'offenser Dieu mortellement. Vous ne l'avez pas connue dans votre prochain; mais, poussée par l'ignorance et la passion, vous avez suivi et exécuté le plus déplorable conseil qu'on puisse avoir. Quelle honte pour une personne qui a été chrétienne, catholique et vertueuse, de faire comme le chrétien qui renie sa foi, et [334] d'abandonner les saintes doctrines et le respect que vous aviez pour l'Eglise!

3. Hélas! ouvrez l'oeil de votre intelligence, et ne dormez plus dans un tel abîme; n'attendez pas le moment de la mort, après laquelle vous ne pourrez plus vous excuser, et dire: Je croyais faire bien: car vous connaissez que vous faites mal. Oui, dans votre faiblesse et votre égarement, vous vous laissez guider par la passion. Je crois bien que le conseil n'est pas venu de vous. Tachez, je vous conjure, de connaître la vérité, et qui sont ceux qui vous font prendre le mensonge pour la vérité en disant que le Pape Urbain VI n'est pas le vrai Pape, et que l'antipape, qui est réellement un Antéchrist, un membre du démon, est le Christ de la terre? Quelle preuve ont-ils pour le dire? Aucune: leur langage est faux et trompeur; ils mentent sur leur tête. Et que peuvent dire ces hommes pervers, qui sont plutôt des démons incarnés que des hommes? De quelque côté qu'ils se tournent, ils doivent reconnaître qu'ils sont coupables. s'il était vrai que le Pape Urbain VI ne fût point Pape, ils mériteraient mille morts, comme des menteurs convaincus d'imposture. Si d'abord ils l'avaient élu par peur, et non véritablement par une élection régulière, et nous l'avaient cependant présenté comme le vrai Pape, ils nous auraient donné le mensonge pour la vérité, on nous faisant obéir et rendre hommage avec eux a Celui qui ne le méritait pas. Ils l'avaient déjà reconnu, lui avaient demandé des grâces, et les avaient reçues de lui comme du souverain Pontife. Je dis que s'il avait été vrai qu'il ne fût point Pape, ce qui est faux par la bonté de [335] Dieu qui nous a fait miséricorde, je dis que pour cela seulement on ne saurait trop les punir; mais ils sont dignes de mille morts, parce qu'ils disent qu'ils ont élu le Pape par crainte, et que cela n'est pas; ils ne disent pas la vérité, comme des hommes adonnés au mensonge, et ils ne peuvent la cacher parce qu'on voit trop bien leurs ténèbres et leur corruption.

4. On a parfaitement connu celui qu'ils avaient nommé par crainte, quand ils ont eu nommé le vrai Pape, monseigneur Bartholomeo, archevêque de Bari, qui est maintenant le Pape Urbain VI; c'était monseigneur de Saint-Pierre qui, en homme juste et bon, a déclaré qu'il n'était pas Pape, mais que c'était monseigneur Bartholomeo, archevêque de Bari aujourd'hui le Pape Urbain VI, choisi et reconnu comme souverain Pontife, et comme un homme très juste par tous les fidèles chrétiens, malgré les méchants, qui ne sont plus chrétiens, qui n'ont plus le nom du Christ dans la bouche et dans le coeur, mais qui sont des infidèles séparés de la foi, de l'obéissance de la sainte Eglise, du Vicaire de Jésus-Christ sur terre, membres retranchés de la vraie Vigne, fauteurs de schisme et d'hérésie. Vous ne devez pas être assez ignorante, assez séparée de la vraie lumière, pour ne pas connaître leur vie coupable et sans crainte de Dieu. Ceux qui vous ont persuadé une semblable hérésie portent des fruits qui montrent quels arbres ils sont leur conduite prouve bien qu'ils ne disent pas la vérité. Les conseillers qui les entourent, amis ou étrangers, peuvent bien être des hommes de science, mais non pas de vertu; et leur vie, au lieu d'être digne de louanges, mériterait plutôt des reproches [337] pour bien des raisons (La conduite des cardinaux révoltés laissait beaucoup à désirer, comme on peut le voir dans les lettres de sainte Catherine à Grégoire XI. L'antipape Clément VII devait être plus indulgent pour eux que le Pape Urbain VI. (Voir Gigli. t. II, p. 558.). Où est l'homme juste qu'ils ont choisi pour antipape, si le souverain Pontife, le Pape Urbain VI, n'est pas véritablement le Vicaire du Christ? Qui ont-ils choisi? un homme de sainte vie? Non, mais un homme coupable, un démon, car il fait l'office des démons. Le démon cherche à nous séparer de la vérité, et lui fait de même. Et pourquoi n'ont-ils pas choisi un homme juste? Parce qu'ils savaient bien qu'un homme juste aurait mieux aimé mourir que d'accepter leur proposition, car il n'aurait vu en eux aucune apparence de vérité; mais les démons ont choisi le démon, les menteurs, le mensonge. Tout prouve que le Pape Urbain VI est le vrai Pape, et qu'ils sont privés de la vérité et passionnés pour le mensonge.

5. Si vous me dites que malgré toutes ces choses vous n'êtes pas bien convaincue, pourquoi ne restez-vous pas au moins neutre? Admettons que vous n'êtes pas convaincue autant que vous pourriez l'être; si vous ne voulez pas assister temporellement le souverain Pontife jusqu'à ce que vous ayez d'autres preuves, - et alors vous serez obligée de le faire, car les enfants doivent subvenir aux besoins de leur père, - obéissez-lui au moins dans les choses spirituelles, et ne vous prononcez pas pour les autres. Mais vous vous laissez égarer par la haine, le dédain, par la crainte de perdre ce dont vous vous êtes privée vous-même [337]. Vous avez cru un maudit parleur qui vous a ôté la lumière (Sainte Catherine désigne ainsi un jurisconsulte célèbre qui avait entraîné la reine Jeanne dans le schisme.); vous ne connaissez plus la vérité, vous vous obstinez dans le mal, et cette obstination vous empêche de voir le châtiment qui vous menace. Hélas! je vous le dis avec une douleur profonde, car j'aime votre salut de toute mon âme, si vous ne vous convertissez pas en quittant cette erreur et les autres, le souverain Juge, qui ne laisse jamais nos fautes impunies, lorsque l'âme ne les efface pas par la contrition du coeur, la confession et la satisfaction, le souverain Juge vous punira de manière à effrayer tous ceux qui voudraient se révolter contre la sainte Eglise. N'attendez pas ses coups, car il est dur de résister à la divine justice. Vous devez mourir, et vous ne savez pas quand.

6. Ni vos richesses, ni votre puissance, ni les honneurs du monde, les barons et les peuples qui sont vos sujets quant au corps, ne pourront vous défendre devant le souverain Juge et vous soustraire à la justice divine; mais quelquefois Dieu les prend pour bourreaux, afin qu'ils punissent ses ennemis (Sainte Catherine prophétise ainsi la mort malheureuse de la reine Jeanne, qui fut étranglée par l'ordre de Charles de Duras, le 22 mai 1382). Vous avez excité et vous excitez le peuple et vos sujets à être plutôt contre vous qu'avec vous, parce qu'ils ont trouvé en vous peu de vérité; ils ont trouvé, non pas un coeur généreux et viril, mais un coeur de femme sans force, sans fermeté, un coeur agité comme la feuille par le vent. Ils se rappellent bien que quand le Pape Urbain VI, le vrai Pape, fut nommé par une bonne et sincère élection, et qu'il fut solennellement couronné, vous avez fait une grande et magnifique fête, comme le devait un fils pour l'exaltation de son père et une mère pour celle de son fils; car il était votre père et votre fils, votre père par la dignité qu'il venait de recevoir, votre fils parce qu'il était sujet de royaume (La reine Jeanne, non seulement avait fait célébrer des fêtes magnifiques à l'occasion de l'élection d'Urbain VI; mais elle lui avait envoyé quarante mille écus d'or, avec de riches présents.); et vous avez bien fait: vous avez de plus commandé d'obéir à sa sainteté comme au souverain Pontife; et maintenant je vois que vous êtes changée comme une femme sans fermeté, et vous voulez qu'ils fassent le contraire. O malheureuse passion! Ce mal que vous avez, vous voulez le leur donner, et vous croyez qu'ils pourront vous aimer, vous être fidèles, quand ils voient que vous les éloignez de la vie pour les conduire à la mort, et qu'au lieu de la vérité vous leur donnez le mensonge. Vous les séparez du Christ du ciel et du Christ de la terre, et vous voulez les lier au démon et à l'antéchrist, le partisan et l'apôtre du mensonge, lui et vous tous qui le suivez.

7. Ne le faites plus, pour l'amour de Jésus crucifié. Vous appelez sur vous les jugements divins, et je gémis de voir que vous ne conjurez pas l'orage qui vous menace. Vous ne pouvez sortir des mains de Dieu, vous appartenez à sa justice ou à sa miséricorde. Changez donc votre vie, afin d'échapper à sa justice et de rester dans sa miséricorde; n'attendez [339] pas le temps: lorsque vous le voudrez, vous ne le pourrez plus. Pauvre brebis, retournez au bercail et laissez-vous conduire par le pasteur, afin que le loup infernal ne vous dévore pas; reprenez pour guides les serviteurs de Dieu, qui vous aiment vraiment plus que vous ne vous aimez vous-même; écoutez plutôt leurs bons et sages conseils que ceux des démons incarnés. Ils vous trompent en vous faisant craindre de perdre les biens temporels, qui passent comme le vent, qui nous quittent ou que nous quittons par la mort. Ce sont eux qui vous ont conduite où vous êtes. Vous gémirez peut-être, en disant: Hélas! hélas comment changer la position où je me suis mise en écoutant par crainte les mauvais conseils? c'est moi-même qui me suis perdue. Mais il est encore temps, très chère Mère, d'éviter la justice de Dieu. Revenez à l'obéissance de la sainte Eglise; reconnaissez le mal que vous avez fait, humiliez-vous sous la puissante main de Dieu, et Dieu regardera l'humilité de sa servante; il vous fera miséricorde et apaisera la colère que lui causent vos fautes. Grâce au sang du Christ, vous vous attacherez, vous vous lierez à lui par les liens de la charité, et dans cette charité vous connaîtrez et vous aimerez la vérité.

8. La vérité vous délivrera du mensonge, elle dissipera vos ténèbres, vous donnera la lumière et la connaissance dans la miséricorde de Dieu. Dans cette vérité vous serez libre, mais pas autrement. Parce que la vérité nous délivre et que je désire votre salut, j'ai dit que je désirais vous voir affermie dans la vérité, pour que vous ne soyez pas blessée par le mensonge [340]. Je vous conjure d'accomplir en vous la volonté de Dieu et le désir de mon âme. Oui, je désire votre salut de toutes mes forces, de tout mon coeur et de toute mon âme. C'est la bonté de Dieu, qui vous aime d'un amour ineffable, qui m'a poussée à vous écrire avec une douleur profonde. Je vous avais déjà écrit sur ce sujet pardonnez si je vous importune, et si je vous parle sans assez de respect; c'est l'amour que j'ai pour vous qui me fait parler avec tant d'assurance; la faute que vous avez commise m'oblige à vous tenir un pareil langage. J'aimerais bien mieux vous dire la vérité de vive voix, pour votre salut, et surtout pour l'honneur de Dieu. J'aimerais mieux employer les actions que les paroles à l'égard de ceux qui ont fait le mal; mais vous êtes bien coupable vous-même; car ni les démons ni les créatures ne peuvent vous forcer à la moindre faute si vous ne voulez pas. Baignez-vous un peu dans le sang de Jésus crucifié; c'est là que se dissipe le nuage de l'amour-propre, et que se perdent la crainte servile, le poison de la haine et du mépris. Je ne vous en dis pas davantage. Demeurez dans la sainte et douce dilection de Dieu. Doux Jésus, Jésus amour [341].









Catherine, Lettres 138