1996 Denzinger 3148

3148

L'observance des périodes infécondes

Question : Est-il permis de n'user du mariage qu'aux jours où une conception est plus difficile ?
Réponse : Des conjoints qui font usage de la manière précitée ne doivent pas être inquiétés, et le confesseur peut - avec précaution cependant - suggérer ce dont il s'agit à des époux qu'il aura tenté vainement d'éloigner d'une autre manière du crime détestable de l'onanisme.



Encyclique "Diuturnum illud", 29 juin 1881.

Le pouvoir dans la société civile

3150
Même si, incité par l'orgueil et l'esprit de rébellion, l'homme a souvent tenté de rejeter les freins du pouvoir, jamais cependant il n'est parvenu à n'obéir à personne. La nécessité elle-même contraint à ce que dans toute association ou communauté d'hommes quelques-uns se trouvent à la tête. ...
Cependant il est important de remarquer ici que ceux qui doivent être à la tête de la chose publique peuvent en certains cas être élus selon la volonté et le jugement du grand nombre, sans que la doctrine catholique s'y oppose ou y répugne. Par cette élection cependant on désigne le chef, mais on ne confère pas les droits de la souveraineté ; on ne confère pas le pouvoir mais on décide par qui il doit être exercé.
De même n'est pas posée ici la question des régimes politiques, car il n'y a aucune raison que l'Eglise n'approuve pas le gouvernement d'un seul ou de plusieurs dès lors qu'il est juste et vise l'utilité commune. C'est pourquoi, si la justice est sauve, rien n'empêche les peuples de se donner le régime politique qui convient le mieux ou à leur génie propre, ou aux moeurs et aux institutions de leurs ancêtres.

3151
Quant au reste, pour ce qui est du pouvoir politique, l'Eglise enseigne avec raison qu'il provient de Dieu. ...
Ceux qui entendent que la société civile naît d'un libre consensus des hommes, ramenant l'origine du pouvoir lui-même à cette source, disent que chacun a cédé de son droit et que tous se sont volontairement placés sous la puissance de celui à qui a passé la totalité de leurs droits. Mais c'est une grande erreur de ne pas voir ce qui est manifeste, à savoir que les hommes ne constituent pas une race de solitaires, et qu'avant qu'ils expriment leur libre volonté, ils sont nés pour former une communauté naturelle ; de plus, le pacte dont on se prévaut est manifestement une invention et une chimère, et il n'est pas en mesure de donner à la puissance politique autant de force, de dignité et de fermeté que le requièrent la protection de la chose publique et l'intérêt commun des citoyens. Cet éclat et cette protection universelle, le pouvoir ne l'aura que si on comprend qu'il émane de Dieu comme de sa source éminente et très sainte...

3152
Il n'existe pour les hommes qu'une seule raison de ne pas obéir: lorsqu'il
leur est demandé quelque chose qui est manifestement contraire à la loi divine ou naturelle ; en effet, pour tout ce qui enfreint la loi naturelle ou celle de Dieu, il est également injuste de le commander que de le faire. C'est pourquoi, s'il devait arriver à quelqu'un d'avoir à préférer l'un ou l'autre, c'est-à-dire de négliger soit les ordres de Dieu, soit ceux des gouvernants, il lui faut obéir à Jésus Christ qui demande de "donner à César ce qui est à César, à Dieu ce qui est à Dieu"
Mt 22,21, et de répondre à l'exemple des apôtres : "Il faut obéir à Dieu plus qu'aux hommes " Ac 5,29....



Décret de la Congrégation de l'index, 5 (10) décembre 1881.

La liberté d'attaquer des ouvrages qui ont été retirés de la procédure par la Congrégation de l'Index

3154
Questions : 1. Des ouvrages qui ont été dénoncés auprès de la Sacrée Congrégation de l'Index et qui ont été retirés par elle de la procédure, ou qui n'ont pas été prohibés, doivent-ils être considérés comme exempts de toute erreur contre la foi et les moeurs ?

3155
2. Si la réponse est oui, les ouvrages qui ont été retirés par la Sacrée Congrégation de l'Index, ou qui n'ont pas été prohibés, peuvent- ils être attaqués aussi bien philosophiquement que théologiquement sans encourir le reproche de témérité ?

Réponse : (confirmée par le Souverain Pontife le 28/12) Pour 1 non - Pour 2 oui.



Encyclique "Humanum genus", 20 avril 1884.

Francs-maçons

3156
Simuler et vouloir demeurer dans l'obscurité, enchaîner à soi des hommes comme des esclaves par les liens les plus étroits et sans raison suffisamment déclarée et, les livrant à une volonté étrangère, les employer à toutes sortes de forfaits... : c'est là une pratique monstrueuse que la nature des choses ne permet pas. C'est pourquoi la raison et la vérité elle-même montrent que la société dont nous parlons s'oppose à la justice et à l'honnêteté naturelle. ...
Les indices très certains que nous avons mentionné plus haut font paraître quel est le but ultime de leurs desseins, à savoir détruire de fond en comble toute cette ordonnance de la religion et de la chose publique qu'ont fait naître les institutions chrétiennes, et en établir une nouvelle selon leur idée, dont les fondements et les lois seront empruntées au coeur du naturalisme.

3157
Tout ce que Nous venons de dire ou que Nous nous proposons de dire doit être entendu de la secte maçonnique envisagée dans son ensemble, et en tant qu'elle englobe les sociétés qui lui sont parentes ou alliées, mais non ses adeptes pris individuellement. Parmi eux il peut s'en trouver, et même en bon nombre, qui, bien que non exempts de faute pour s'être affiliés à de telles sociétés, ne participent pas eux-mêmes pour autant à ces activités néfastes, et ignorent ce but final qu'elles s'efforcent d'atteindre. De même il se peut que certaines de ces associations elles-mêmes n'approuvent pas certaines conclusions extrêmes qui, dès lors qu'elles découlent de façon nécessaire de principes communs, devraient normalement être acceptées si la turpitude n'effrayait pas par elle- même du fait de son caractère horrible.

3158
Personne ne doit penser qu'il lui est permis pour quelque raison que ce soit d'adhérer à la secte des maçons si la profession de foi catholique et son salut ont pour lui la valeur qu'ils doivent avoir.



Instruction du Saint-Office "Ad gravissima avertenda", 10 mai 1884.

Francs - Maçons

3159
(3) Mais pour qu'il n'y ait pas place pour l'erreur lorsqu'on devra juger et distinguer lesquelles de ces sectes pernicieuses font l'objet d'une censure et lesquelles seulement d'une interdiction, il est certain tout d'abord que sont frappées d'une sentence d'excommunication déjà portée les sectes francs maçonniques et d'autres du même genre qui complotent contre l'Eglise et les pouvoirs légitimes, qu'elles le fassent clandestinement ou ouvertement, qu'elles exigent ou non de leurs adeptes le serment de garder le secret.

3160
(4) Outre celles-ci, d'autres sectes sont prohibées également, et doivent être évitées sous peine d'une faute grave, et parmi celles-ci, il faut compter avant tout celles qui demandent à leurs adeptes par serment de ne révéler à personne le secret et d'obéir en toute chose à leurs chefs occultes. En outre il faut remarquer qu'il existe certaines sociétés qui, bien qu'on ne puisse établir avec certitude qu'elles font partie de celles qui viennent d'être mentionnées ou non, sont néanmoins douteuses et pleines de danger, aussi bien en raison des doctrines qu'elles professent, que de la manière d'agir que suivent ceux qui sont rassemblés sous leur conduite et sont dirigés par elles. ...



Réponse du Saint-Office à l'évêque de Poitiers, (28) 31 mai 1884.

L'assistance du médecin ou du confesseur à un duel

3162
Questions : 1. Un médecin peut-il, à la demande des duellistes, assister à un duel avec l'intention de mettre fin plus rapidement au combat, ou simplement de panser les plaies, de soigner les blessures, sans encourir l'excommunication simplement réservée au souverain pontife ?
2. Peut-il du moins, sans être présent au duel, se trouver dans une maison voisine ou dans un lieu à peu de distance, en étant très proche et prêt à exercer son office Si les duellistes le requièrent ?
3. Qu'en est-il pour un confesseur dans les mêmes conditions ?

Réponse : Pour 1. Il ne le peut pas et encourt l'excommunication. Pour 2 et 3. Dans la mesure où cela est convenu, il ne le peut pas non plus et encourt l'excommunication.



Réponse de la Sacrée Pénitencerie, 10 mars 1886.

L'usage onaniste du mariage

3185
Exposé : De par une réponse donnée le 14 décembre 1876 par la Sacrée Pénitencerie au recteur d'une paroisse du diocèse d'Angers, il est établi qu'il n'est pas permis de favoriser l'erreur des pénitents que beaucoup appellent de bonne foi ; ni non plus de susciter une telle bonne foi.
Il est établi également que ne satisfont pas à leur charge les confesseurs qui, lorsqu'un pénitent s'accuse seulement d'onanisme, gardent un silence noble, qui, la confession des péchés terminée, l'exhortent par des paroles générales, et qui, s'il affirme détester tout péché mortel, lui donnent la sainte absolution.
Il est établi en outre que sont exempts de tout reproche les confesseurs qui (dans les limites (de la décence)... concernant les questions...) n'omettent pas de réprimander, comme pour tout autre péché grave, tout pénitent qui, soit spontanément, soit à la suite d'une interrogation prudente, a avoué l'onanisme,... et qui ne l'absolvent pas s'il n'a pas montré par des signes suffisants qu'il éprouve de la douleur pour ce qui s'est passé et qu'il est résolu à ne plus agir de façon onaniste. - (Restent cependant les doutes Suivants )

3186
Questions : 1. Lorsqu'il existe un soupçon fondé qu'un pénitent qui est totalement muet quant à l'onanisme s'adonne à un tel crime, est-il permis alors au confesseur de s'abstenir d'une interrogation prudente et discrète parce qu'il prévoit qu'un grand nombre devraient être tirés de leur bonne foi et que beaucoup déserteraient les sacrements ? - Ou au contraire le confesseur est-il tenu d'interroger de façon prudente et discrète?

3187
2. Un confesseur qui constate soit à partir d'une confession spontanée, soit à partir d'une interrogation prudente, que le pénitent est un onaniste, est-il tenu de l'admonester au sujet de la gravité de ce péché, tout comme au sujet des autres péchés mortels..., et de ne lui donner l'absolution que s'il est établi par des signes suffisants qu'il éprouve de la douleur pour ce qui s'est passé, et qu'il est résolu de ne plus agir de façon onaniste ?
Réponse : Pour 1. En règle générale oui pour la première partie, non pour la seconde.- Pour 2. Oui, selon la doctrine des auteurs éprouvés.



Décret du Saint-Office, 19 mai 1886.

Crémation des corps

3188
Question : 1. Est-il permis d'adhérer à des sociétés dont l'intention est de promouvoir l'usage de brûler les corps d'hommes?
2. Est-il permis d'ordonner que son propre corps ou ceux d'autrui soient brûlés ?
Réponse (confirmée par le souverain pontife) : Pour 1. Non, et s'il s'agit de sociétés affiliées à la secte maçonnique, on encourt les peines portées contre elles. - Pour 2. Non.



Décret du Saint-Office, 27 mai 1886.

Divorce Civil

3190
Exposé : Plusieurs évêques de France ont soumis à la Sacrée Congrégation romaine et universelle de l'Inquisition les doutes suivants : dans une lettre adressée par la Sacrée Congrégation romaine et universelle de l'Inquisition à tous les Ordinaires de France en date du 25 juin 1885, au sujet de la loi du divorce civil, il est déclaré ceci : "Attendu les très graves circonstances des événements, des temps et des lieux, on peut tolérer que ceux qui remplissent les fonctions de magistrats et les avocats traitent, en France, les causes matrimoniales, sans être obligés de résigner leur charge" et il y est ajouté des conditions dont voici la seconde "Pourvu qu'en leur for intérieur ils soient prêts, aussi bien vis-à-vis de la valeur ou de la nullité du mariage que de la séparation de corps, sur lesquels ils sont mis dans l'obligation de juger, à ne jamais proférer, plaider, solliciter ou soutenir une sentence contraire au droit divin ou ecclésiastique.

3191
Questions : 1. Est-elle exacte, l'interprétation répandue en France et même imprimée, selon laquelle satisfait à la condition précitée le juge qui, en présence d'un mariage valide devant l'Eglise, fait totalement abstraction de ce mariage vrai et constant, et, en application de la loi civile, prononce le divorce, pourvu qu'il ait intérieurement l'intention de ne rompre que les seuls effets civils et le seul contrat civil, et qu'ils sont les seuls touchés par les termes de la sentence ? En d'autres termes : une sentence portée dans ces conditions peut-elle être tenue pour non contraire au droit divin et ecclésiastique ?

3192
2 .- Après que le juge a prononcé qu'il y a lieu à divorce, un maire - et lui aussi en n'ayant en vue que les effets et le contrat civils - peut-il prononcer le divorce, bien que le mariage soit valide devant l'Eglise ?

3193
3 .- Après avoir prononcé le divorce, le même maire peut-il unir civilement à un autre le conjoint qui tenterait de contracter une nouvelle union, et cela bien que le mariage précédemment contracté devant l'Eglise soit valide et l'autre partie encore vivante ?

...Réponse (confirmée par le souverain pontife) : Non à 1, 2 et 3.



Décret du Saint-Office, le 15 décembre 1886.

Crémation des corps

3195
Chaque fois qu'il s'agit de ceux dont les corps sont soumis à la crémation non pas de par leur propre volonté mais de par la volonté d'autrui, il est possible d'accomplir les rites et les suffrages de l'Eglise aussi bien à la maison qu'à l'église, mais non jusqu'au lieu de la crémation, tout scandale étant évité. Or ce scandale pourra être évité également s'il est notoire que la crémation n'a pas été choisie par la volonté propre du défunt.

3196
Mais lorsqu'il s'agit de ceux qui ont choisi la crémation par leur propre volonté, et qui ont persévéré dans cette volonté de façon certaine et notoire jusqu'à leur mort, compte tenu du décret du mercredi 19 mai 1886
3188 , il faut procéder pour eux selon les normes du Rituale Romanum, titre " A qui est- il permis de donner la sépulture ecclésiastique ? " Dans les cas particuliers cependant dans lesquels il surgit un doute ou une difficulté, on devra consulter l'Ordinaire...



Réponse du Saint-Office à l'évêque de Carcassonne, 8 mai 1887.

Le vin de messe

3198
Question : (Pour prévenir le risque de corruption du vin, les remèdes qui suivent sont-ils licites, et lequel doit être préféré ?)
1 - Au vin naturel on ajoute une petite quantité d'"eau-de-vie" ; 2. Le vin sera chauffé à soixante-cinq degrés.
Réponse . (Il faut) préférer le vin, tel qu'il est présenté en second lieu.

Décret du Saint-Office "Post obitum", 14 décembre 1887.

Erreurs d'Antonio ROSMINI-SERBATI

3201
1 - Dans l'ordre des choses crées se manifeste immédiatement à l'intelligence humaine quelque chose qui est divin en soi, tel qu'il appartient à la nature divine.

3202
2 - Lorsque nous parlons du divin dans la nature, ce mot 'divin' nous ne le prenons pas pour signifier un effet non divin d'une cause divine ; et ce n'est pas notre intention de parler de quelque chose qui serait divin par participation.

3203
3 - Dans la nature de l'univers, c'est-à-dire dans les intelligences qui s'y trouvent, il y a donc quelque chose à quoi convient la dénomination de divin, non au sens figuré, mais au sens propre. - C'est une réalité qui n'est pas distincte du reste de la réalité divine.

3204
4 - L'être indéterminé, qui sans aucun doute est connu de toutes les intelligences, est ce divin qui est manifesté à l'homme dans la nature.

3205
5 - L'être, objet de l'intuition humaine, est nécessairement quelque chose de l'être nécessaire et éternel, de la cause créante, déterminante et finale de tous les êtres contingents et cela est Dieu.

3206
6 - Dans l'être qui fait abstraction de s créatures et de Dieu, c'est-à-dire l'être indéterminé, et en Dieu l'être non indéterminé mais absolu, l'essence est la même.

3207
7 - L'être indéterminé de l'intuition, l'être initial, est quelque chose du Verbe , que l'intelligence du Père distingue du Verbe non pas réellement, mais selon la raison.

3208
8 - Les êtres finis, dont le monde est composé, résultent de deux éléments, c'est-à-dire du terme réel fini et de l'être initial qui confère à ce terme la forme de l'être.

3209
9 - L'être objet de l'intuition, est l'acte initial de tous les êtres. - L'être initial est commencement aussi bien de ce qui est connaissable que de ce qui est subsistant : il est de même le commencement de Dieu, tel qu'il est conçu par nous, et des créatures.

3210
10 - L'être virtuel et sans limite est la première et la plus simple de toutes les entités, de telle sorte que toute autre entité est composée, et que l'être virtuel est toujours et nécessairement l'un de ses composants. - (L'être initial) est la part essentielle de toutes les entités sans exception, quelle que soit la manière dont elles sont divisées par la pensée.

3211
11 - La quiddité (ce qu'est une chose) de l'être fini n'est pas constituée par ce qu'il comprend de positif, mais par ses limites. La quiddité de l'être infini est constituée par l'entité, et elle est positive ; la quiddité de l'être fini cependant est constituée par les limites de l'entité, et elle est négative.

3212
12 - La réalité finie n'est pas, mais Dieu la fait être en ajoutant la limitation à la réalité infinie. - L'être initial devient l'essence de tout être réel. - L'être qui actue les natures finies, leur étant conjoint, est pris de Dieu

3213
13 - La différence entre l'être absolu et l'être relatif n'est pas celle qui existe entre une substance et une autre, mais une différence bien plus grande ; l'un en effet est absolument être, l'autre absolument non-être. Mais cet autre est relativement. Or quand est posé un être relatif, l'être qui est absolument n'est pas multiplié ; c'est pourquoi l'être absolu et l'être relatif ne sont pas une substance unique, mais un être unique ; et en ce sens il n'y a pas diversité d'être, mais unité d'être.

3214
14 - Par l'abstraction divine est produit l'être initial, premier élément des êtres finis ; mais par l'imagination divine est produit le réel fini, ou toutes les réalités dont est fait le monde.

3215
15 - La troisième opération de l'être absolu créant le monde est la synthèse divine, c'est-à-dire l'union des deux éléments que sont l'être initial, commencement commun de tous les êtres finis, et le réel fini, ou mieux : les diverses réalités finies, les termes différents du même être initial. C'est par cette union que sont créés les êtres finis.

3216
16 - L'être initial, mis en rapport par l'intelligence au moyen de la synthèse divine, non comme intelligible mais comme pure essence, avec les termes finis réels, fait que les êtres finis existent subjectivement et réellement.

3217
17 - Tout ce que fait Dieu en créant, c'est de poser l'acte tout entier de l'existence des créatures ; cet acte n'est donc pas proprement fait, mais posé.

3218
18 - L'amour dont Dieu s'aime également dans les créatures, et qui est la raison pour laquelle il se détermine à créer, constitue une nécessité morale qui, dans l'être le plus parfait, produit toujours son effet : c'est seulement dans la plupart des êtres imparfaits que cette sorte de nécessité laisse entière la liberté bilatérale.

3219
19 - Le Verbe est cette matière invisible dont, comme le dit
Sg 11,18, toutes les choses de l'univers ont été créées.

3220
20 - Il ne répugne pas que l'âme se multiplie par génération, de sorte à être conçue comme progressant de l'imparfait, c'est-à-dire du degré sensitif, au parfait, c'est-à-dire au degré intellectif.

3221
21 - Quand l'être devient objet d'intuition pour le principe sensitif, par ce seul contact, par cette seule union, ce principe qui d'abord sentait seulement et qui maintenant comprend, est élevé à un état plus noble, change de nature, et devient intelligent, subsistant et immortel.

3222
22 - Il n'est pas impossible de concevoir que par la puissance divine il puisse se faire que l'âme intellective soit séparée du corps animé, et que celui-ci continue d'être animal ; en effet demeurerait en lui, comme la base du pur animal, le principe animal qui auparavant était en lui comme un appendice.

3223
23 - Dans l'état naturel, l'âme du défunt existe comme si elle n'existait pas; étant donné qu'elle ne peut pas exercer de réflexion sur elle-même, ni avoir conscience d'elle-même, on peut dire que sa condition est semblable à l'état des ténèbres perpétuelles et du sommeil éternel.

3224
24 - La forme substantielle du corps est plutôt l'effet de l'âme et le terme intérieur de son opération : c'est pourquoi la forme substantielle du corps n'est pas l'âme elle-même. - L'union de l'âme et du corps consiste proprement dans la perception immédiate par laquelle le sujet qui a l'intuition d'une idée, affirme le sensible après y avoir eu l'intuition de l'essence.

3225
25 - Une fois le mystère de la Trinité révélé, son existence peut être démontrée par des arguments purement spéculatifs, certes négatifs et indirects, mais tels cependant que par eux cette vérité est ramenée aux disciplines philosophiques et qu'elle devient une proposition scientifique comme les autres: car si elle était niée, la doctrine théosophique de la pure
raison non seulement demeurerait incomplète, mais serait annihilée par des obscurités qui surgiraient de toute part.

3226
26 - Les trois formes suprêmes de l'être, à savoir la subjectivité, l'objectivité et la sainteté, ou la réalité, l'idéalité et la moralité, si on les transfère à l'être absolu, ne peuvent pas être conçues autrement que comme des personnes subsistantes et vivantes, - Le Verbe, en tant qu'objet aimé et non en tant que Verbe, c'est-à-dire objet subsistant en soi connu par soi, est la personne de l'Esprit Saint.

3227
27 - Dans l'humanité du Christ, la volonté humaine fut tellement ravie par l'Esprit Saint à adhérer à l'être objectif, c'est-à-dire au Verbe, qu'elle lui a cédé entièrement le gouvernement de l'homme, et que le Verbe a assumé celui-ci de façon personnelle en s'unissant ainsi la nature humaine. Par là, la volonté humaine a cessé d'être personnelle en l'homme, et tandis qu'elle est personne dans les autres hommes, elle demeure nature dans le Christ.

3228
28 - Selon la doctrine chrétienne le Verbe, caractère et face de Dieu, est imprimé dans l'âme de ceux qui reçoivent avec foi le baptême du Christ. - Le Verbe, c'est-à-dire le caractère imprimé dans l'âme, est selon la doctrine chrétienne l'être réel (infini) manifeste par lui-même, et que nous reconnaissons ensuite être la deuxième personne de la très sainte Trinité.

3229
29 - Nous ne pensons pas que ce soit une conjecture étrangère à la doctrine catholique, qui seule est vérité, que de dire dans le sacrement eucharistique la substance du pain et du vin devient la vraie chair et le vrai sang du Christ lorsque le Christ en fait le terme de son principe sentant et le vivifie par sa vie, presque de la manière dont le pain et le vin sont transsubstantiés en notre chair et notre sang puisqu'ils deviennent le terme de notre principe sentant.

3230
30 - La transsubstantiation achevée, on peut penser qu'au corps glorieux du Christ quelque partie incorporée à lui, non séparée (de lui) et pareillement glorieuse, lui est conjointe.

3231
31 - Dans le sacrement de l'eucharistie, en vertu (les paroles, le corps et le sang du Christ est présent seulement dans la mesure qui répond à la quantité (a quel tanto) de la substance du pain et du vin qui est transsubstantiée : le reste du corps du Christ y est présent par concomitance

3232
32 - Parce que celui qui "ne mange pas la chair du Fils de l'homme et ne boit pas son sang n'a pas la vie en lui"
Jn 6,54, et que cependant ceux qui meurent avec le baptême d'eau, de sang ou de désir obtiennent de façon certaine la vie éternelle, il faut dire qu'à ceux qui dans cette vie n'ont pas mangé le corps du Christ, cet aliment céleste est administré dans la vie future, à l'instant même de la mort. - C'est pourquoi, lorsqu'il est descendu aux enfers, le Christ a pu aussi se communiquer lui-même sous les espèces du pain et du vin aux saints de l'Ancien Testament pour les rendre aptes à la vision de Dieu.

3233

33 - Lorsque les démons ont pris possession du fruit, ils pensèrent qu'ils entreraient en l'homme s'ils en mangeaient; la nourriture étant changée en corps animé de l'homme, ils pouvaient entrer librement dans l'animalité, c'est- à-dire dans la vie subjective de cet être, et par là en disposer comme ils se l'étaient proposé.

3234
34 - Pour préserver la bienheureuse Vierge Marie du péché originel, il suffisait que demeure non corrompue une minuscule semence d'homme, négligée peut-être par le démon, et que de cette semence non corrompue, transmise de génération en génération, sortît en son temps la Vierge Marie.

3235
35 - Plus on est attentif à l'ordre de la justification en l'homme, plus apparaît juste le langage de l'Ecriture selon lequel Dieu couvre ou n'impute pas certains péchés. - Selon le Psalmiste
Ps 32,1 il y a une différence entre les iniquités qui sont remises et les péchés qui sont couverts celles-là sont des fautes actuelles et libres ; ceux-ci en revanche sont les péchés non libres de ceux qui appartiennent au peuple de Dieu et qui pour cela n'en reçoivent aucun dommage.

3236
36 - L'ordre surnaturel est constitué par la manifestation de l'être dans la plénitude de sa forme réelle ; l'effet de sa communication, ou manifestation, est le sentiment (sentimento) déiforme qui, commençant en cette vie, constitue la lumière de la foi et de la grâce, et qui, achevé dans l'autre vie, constitue la lumière de la gloire.

3237
37 - La première lumière qui rend l'âme intelligente est l'être idéal ; la deuxième première lumière est également l'être, non pas seulement idéal, mais subsistant et vivant : celui-là cache sa personnalité et montre seulement son objectivité ; mais celui qui voit la deuxième (qui est le Verbe), bien que comme dans un miroir et en énigme, voit Dieu.

3238
38 - Dieu est l'objet de la vision béatifique en tant qu'il est l'auteur des oeuvres ad extra.

3239
39 - Les traces de la sagesse et de la bonté qui brillent dans les créatures sont nécessaires à ceux qui contemplent (au ciel); réunies en effet dans l'exemplaire éternel, elles sont cette part de lui qui peut être vue par eux (che è loro accessibile), et elles fournissent le sujet des louanges que les bienheureux chantent à Dieu pour l'éternité.

3240
40 - Puisque Dieu ne peut pas, même par la lumière de la gloire, se communiquer totalement aux êtres finis, il n'a pu révéler et communiquer son essence à ceux qui contemplent (au ciel) que selon le mode qui convient à des intelligences finies c'est-à-dire que Dieu se manifeste à eux en tant qu'il est en relation avec eux comme leur créateur, leur providence leur rédempteur, leur sanctificateur.

3241
(Censure confirmée par le souverain pontife : le Saint-Office) a jugé que les propositions... sont à proscrire et à réprouver au sens de l'auteur, et par ce décret général il les réprouve, les condamne, les proscrit...




Réponse du Saint-Office à l'archevêque de Cambrai, 14 (19) août 1889.

Craniotomie

3258
Dans les écoles catholiques on ne peut pas enseigner de façon sûre que l'opération chirurgicale qu'on appelle "craniotomie" est licite, ainsi qu'il a été déclaré le 28 mai 1884, de même que toute autre opération chirurgicale qui tue directement le foetus ou la mère enceinte.


Encyclique "Quamquam pluries", 15 août 1889.

La place de saint Joseph dans l'économie du salut

3260
Les raisons et les motifs particuliers pour lesquels le bienheureux Joseph est tenu communément pour le patron de l'Eglise et qui font que l'Eglise de son côté attend beaucoup de sa protection et de son patronage, sont qu'il fut l'époux de Marie et qu'il fut réputé le père de Jésus Christ. De là ont découlé toute sa dignité, sa grâce, sa sainteté, son honneur. Certes, la dignité de la Mère de Dieu est si haute qu'il ne peut rien y avoir de plus grand. Mais comme il a existé entre Joseph et la bienheureuse Vierge le lien du mariage, il n'est pas douteux que plus que tout autre il a approché cette dignité suréminente par laquelle la Mère de Dieu surpasse de si haut toutes les natures créées. Le mariage est en effet la société et la relation de toutes la plus intime, qui selon sa nature comprend la communauté réciproque des biens. Aussi, en donnant Joseph pour époux à la Vierge, Dieu ne lui a certainement pas donné seulement un compagnon pour sa vie, un témoin de sa virginité et un gardien de son honneur, mais encore, en vertu même du pacte conjugal, un participant à sa dignité éminente.
De même il est éminent entre tous par sa très haute dignité parce qu'il était de par la volonté divine le gardien du Fils de Dieu, considéré par les hommes comme le père. Il résultait de cela que le Verbe de Dieu était modestement soumis à Joseph, qu'il obéissait à sa parole, et qu'il lui rendait l'honneur que les enfants doivent rendre à leurs parents.

3261
Mais de cette double dignité découlaient d'elles-mêmes les charges que la nature impose aux pères de famille, de telle sorte que Joseph était le gardien en même temps que l'administrateur et le défenseur légitime et naturel de la maison divine dont il était le chef. Ces charges et ces fonctions, il les a certainement exercées pendant tout le cours de sa vie mortelle. ...

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Or la divine maison que Joseph gouverna comme avec l'autorité du père, contenait les prémices de l'Eglise naissante. De même que la Vierge très sainte est celle qui a enfanté Jésus Christ, de même elle est la mère de tous les chrétiens qu'elle a enfantés en effet sur le mont du Calvaire au milieu des souffrances suprêmes du Rédempteur ; et de même Jésus Christ est comme le premier-né des chrétiens qui par l'adoption et la Rédemption sont ses frères.

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Telles sont les raisons pour lesquelles le bienheureux patriarche regarde comme lui étant particulièrement confiée la multitude des chrétiens dont est faite l'Eglise, à savoir cette immense famille répandue par toute la terre sur laquelle, parce qu'il est l'époux de Marie et le père de Jésus Christ, il possède comme une autorité paternelle. Il est donc très naturel et très digne du bienheureux Joseph que de même qu'il subvenait autrefois à tous les besoins de la famille de Nazareth et l'entourait de sa protection, il couvre et protège maintenant l'Eglise du Christ de son céleste patronage.



Réponse du Saint-Office à l'évêque de Marseille, 30 juillet 1890.

Le vin de messe.

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En plusieurs régions de France, en particulier dans celles situées dans le Sud, le vin blanc qui sert au sacrifice non sanglant est tellement faible et sans force qu'il ne peut pas être conservé longtemps, à moins qu'il y soit mêlé une certaine quantité d'esprit-de-vin (alcool).

Questions :1. Un tel mélange est-il permis?
2. Et si oui, quelle quantité de cette matière extérieure est- il permis d'ajouter au vin ?
3. Dans l'affirmative, faut-il de l'esprit-de-vin extrait de vin pur, ou du fruit de la vigne.

Réponse (confirmée par le souverain pontife le 31 juillet) :

A condition que l'esprit (alcool) soit extrait du produit de la vigne, et que la quantité d'alcool ajoutée à celle que contient par nature le vin dont il s'agit ne dépasse pas la proportion de douze pour cent, et que le mélange se fasse lorsque le vin est encore jeune, rien ne s'oppose à ce que ce vin soit utilisé dans le sacrifice de la messe.




1996 Denzinger 3148