1996 Denzinger 3343

Le dédain des vertus surnaturelles et des vertus passives

3343
C'est pour cultiver les vertus surtout que le secours de l'Esprit Saint est absolument nécessaire ; mais ceux qui aiment s'attacher aux nouveautés vantent outre mesure les vertus naturelles, comme si elles répondaient davantage aux moeurs et aux besoins du présent, et comme s'il était préférable de posséder celles-ci parce qu'elles rendraient l'homme mieux à même d'agir et plus zélé.
On a peine à concevoir que ceux qui sont pénétrés de la sagesse chrétienne peuvent préférer les vertus naturelles aux vertus surnaturelles et leur attribuer une efficacité et une fécondité supérieures. ..

3344
A cette conception des vertus naturelles s'en rattache étroitement une autre, qui partage comme en deux genres l'ensemble des vertus : les vertus passives, comme ils disent, et les vertus actives ; et ils ajoutent que les premières convenaient davantage aux temps passés, mais que les secondes correspondent davantage au temps présent. ...
Or que certaines vertus chrétiennes soient plus appropriées que d'autres à notre époque, seul peut le prétendre celui qui ne se souvient pas des paroles de l'Apôtre : "Ceux qu'il a connus d'avance, il les a aussi prédestinés à devenir conformes à l'image de son Fils"
Rm 8,29.
Le maître et le modèle de toute sainteté est le Christ ; c'est sur lui qu'il est nécessaire que se règlent tous ceux qui désirent trouver place parmi les bienheureux. Or le Christ ne change pas au cours des siècles, mais il est "le même hier et aujourd'hui et dans les siècles" He 13,8. C'est donc pour les hommes de tous les temps que vaut cette parole : "Apprenez de moi, car je suis doux et humble de coeur" Mt 11,29 et il n'est pas une époque où le Christ ne se montre à nous comme "devenu obéissant jusqu'à la mort" Ph 2,8 ; et l'affirmation de l'Apôtre vaut, elle aussi, pour tous les temps : "Ceux qui sont du Christ ont crucifié leur chair avec les vices et les concupiscences" Ga 5,24 ..

3345
De cette sorte de mépris des vertus évangéliques appelées à tort passives, on a pu facilement arriver également à ce que les âmes soient peu à peu envahies par le mépris de la vie religieuse. Et que cela soit commun aux partisans des opinions nouvelles, Nous le concluons de certaines de leurs affirmations concernant les voeux prononcés par les ordres religieux. Il disent en effet que ces voeux sont très éloignés du génie de notre époque dans la mesure où ils restreignent le champ de la liberté humaine ; et qu'ils conviennent davantage aux âmes faibles qu'aux âmes fortes, et aussi qu'ils ne contribuent pas au progrès chrétien et au bien de la société humaine, mais qu'au contraire ils y font obstacle et l'empêchent. ...

3346
De tout ce que Nous avons exposé jusqu'à présent, il ressort donc clairement... que Nous ne pouvons pas approuver ces opinions dont l'ensemble est désigné par plusieurs sous le nom "d'américanisme".



Encyclique "Annum sacrum", 25 mai 1899.

Le pouvoir royal du Christ

3350
Ce témoignage le plus ample et le plus grand de soumission et d'amour (à savoir l'acte de consécration de l'humanité au Coeur de Jésus) convient tout à fait à Jésus Christ, car il est lui-même le prince et le maître souverain. Manifestement son empire ne s'étend pas seulement aux nations qui portent le nom de catholiques, ou à ceux-là seulement qui, ayant été baptisés, appartiennent à l'Eglise si on considère le droit, même si l'erreur de leurs opinions les égare loin d'elle, ou si la dissension les sépare de la charité ; mais il embrasse également tous ceux qui sont considérés comme hors de la foi chrétienne, de sorte que c'est en stricte vérité l'universalité du genre humain qui est soumise au pouvoir de Jésus Christ.
Car celui qui est le Fils unique de Dieu le Père, et qui a la même substance que lui, "splendeur de la gloire et figure de sa substance"
He 1,3 celui-là, nécessairement, possède tout en commun avec le Père, et donc aussi le pouvoir souverain sur toutes choses. C'est pourquoi le Fils de Dieu dit de lui-même chez le prophète : "Pour moi, j'ai été établi roi sur Sion, sa montagne sainte. - Le Seigneur m'a dit : Tu es mon Fils, aujourd'hui je t'ai engendré. Demande-moi, et je te donnerai les nations en héritage, et je te ferai posséder jusqu'aux extrémités de la terre" Ps 2,6-8. Par là, il déclare qu'il a reçu pouvoir de Dieu aussi bien sur toute l'Eglise, représentée par la montagne de Sion, que sur le reste de la terre, jusqu'à ses plus lointaines limites. Quant à la base de cette puissance souveraine, elle est donnée suffisamment par ces paroles : "Tu es mon Fils."
Car par le fait même qu'il est le Fils du maître de tout ce qui est, il est l'héritier de la puissance universelle ; de là ces paroles : "Je te donnerai les nations en héritage. A quoi sont semblables les paroles de l'apôtre Paul : "Il l'a établi héritier en toutes choses" He 1,2.

3351
Mais il faut considérer surtout ce que Jésus a affirmé de sa puissance ... de sa propre bouche. Au proconsul romain qui l'interroge : "Es-tu donc roi ?" il répond sans hésitation : "Tu le dis, je suis roi"
Jn 18,37. Et la grandeur de ce pouvoir et l'universalité de ce règne sont confirmées plus clairement encore par ces paroles aux apôtres : "Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et sur la terre" Mt 28,18. Si donc tout pouvoir a été donné au Christ, il s'ensuit nécessairement que sa puissance est souveraine, absolue, soumise à la volonté de personne, de sorte que rien ne lui est égal ou lui ressemble ; et parce qu'elle est donnée au ciel et sur la terre, il faut que le ciel et la terre lui soient soumis.
Ce droit sans pareil et propre à lui seul, il l'a exercé lorsqu'il commanda aux apôtres de propager sa doctrine, de réunir les hommes en une seule Eglise par le bain du salut, et enfin d'imposer des lois que nul ne peut méconnaître sans mettre en péril son salut éternel.

3352
Mais ce n'est pas en cela que tout est fondé. Le Christ n'exerce pas sa puissance en vertu d'un droit natif seulement, parce qu'il est le Fils unique de Dieu, mais également en vertu d'un droit acquis. Lui-même en effet "nous a arrachés à la puissance des ténèbres"
Col 1,13, et de même "il s'est livré lui-même pour la Rédemption de tous" 1Tm 2,6. Lui sont donc devenus un "peuple acquis" 1P 2,9 non seulement les catholiques et tous ceux qui ont reçu régulièrement le baptême chrétien, mais tous les hommes en particulier et tous ensemble. ..
La cause cependant et la raison pour laquelle les infidèles eux-mêmes sont soumis au pouvoir de Jésus Christ, saint Thomas l'enseigne de façon explicite. En effet, après avoir examiné si son pouvoir judiciaire s'étend à tous les hommes et affirmé que "le pouvoir judiciaire découle de la dignité royale", il conclut clairement : "Toutes les réalités sont soumises au Christ en raison de son pouvoir, même si tout ne lui est pas encore soumis en ce qui concerne la réalisation de ce pouvoir." Ce pouvoir du Christ et cette puissance sont exercés par la vérité, par la justice, et surtout par la charité. III 59,4

Le très saint Coeur de Jésus, objet de vénération

3353
Puisque sont donnés dans le très saint Coeur de Jésus le symbole et l'image expresse de l'amour infini de Jésus Christ qui nous pousse à nous aimer les uns les autres, il est donc naturel de se consacrer à son Coeur très auguste ; ce qui cependant n'est rien d'autre que de se donner et se lier au Christ, car tout honneur, tout hommage et toute piété qui sont accordés au Coeur divin, s'adressent en réalité au Christ lui-même.



Réponse du Saint-Office à l'archevêque d'Utrecht, 21 août 1901.

La matière du baptême

3356
Exposé : Plusieurs médecins ont coutume dans les hôpitaux ou ailleurs, en cas de nécessité, de baptiser les petits enfants, surtout dans le sein de la mère, avec de l'eau mêlée de chloride de mercure. Cette eau est composée d'environ une part de chloride de mercure pour mille parts d'eau, et l'absorption d'une telle solution est toxique. Quant à la raison pour laquelle ils utilisent ce mélange, elle est d'éviter que le sein de la mère soit atteint d'une maladie.

Questions :1. Un baptême administré avec une telle eau est-il valide de façon certaine ou douteuse ?
2. Est-il permis, pour éviter tout danger de maladie, d'administrer le baptême avec une telle eau ?
3. Est-il permis d'utiliser également cette eau lorsqu'on peut utiliser de l'eau pure sans aucun danger de maladie?

Réponse (confirmée par le souverain pontife le 23 août) : Pour 1. Sera traité dans 2.
Pour 2. Cela est permis lorsqu'il existe un véritable danger de maladie.
Pour 3. Non.


Réponse du Saint-Office à la faculté de théologie de l'université de Montréal, 5

Différentes manières d'extraire un foetus

3358
Question : Est-il permis parfois d'extraire du sein de la mère des foetus mal situés, lorsque le sixième mois suivant la conception n'est pas encore achevé ?
Réponse : Non, conformément au décret du 4 mai 1898.
3336- 3338 , en vertu duquel il doit être pourvu, dans la mesure du possible, de façon sérieuse et appropriée, à la vie du foetus et de la mère ; quant au moment, le requérant se souviendra qu'aucune accélération de la naissance n'est licite s'il n'y est pas procédé au moment et de la manière qui pourvoient à la vie de la mère et de l'enfant selon le cours ordinaire.




Pie X: 4 août 1903-20 août 1914



Encyclique "Ad diem illum", 2 février 1904.

Marie médiatrice des grâces

3370
En raison de cette communion de douleurs et de volonté entre Marie et le Christ, elle "mérita de devenir de la façon la plus digne la réparatrice du monde perdu", et pour cette raison la dispensatrice de tous les biens que Jésus nous a préparés par sa mort et par son sang.
Certes nous ne nions pas que la dispensation de ces biens ne soit le droit propre et particulier du Christ ; ils sont en effet le fruit exclusif de sa mort, et lui-même est en raison de son pouvoir le médiateur entre Dieu et les hommes. Cependant, en raison de cette communion de douleurs et d'angoisse entre Marie et le Fils dont nous avons parlée, il a été donné à cette auguste Vierge "d'être auprès de son Fils unique la très puissante médiatrice et avocate du monde entier".
La source est donc le Christ, "de la plénitude de qui nous avons tous reçu"
Jn 1,16 ; "par qui tout le corps, lié et rendu compact moyennant toutes les jointures qui le desservent... il opère l'accroissement du corps en vue de son édification dans la charité" Ep 4,16. Mais Marie... est 1''aqueduc', ou encore le cou qui relie le corps à la tête...
Il est donc clair que nous sommes loin en effet d'attribuer à la Mère de Dieu le pouvoir d'opérer la grâce surnaturelle (un pouvoir) qui appartient à Dieu seul. Néanmoins, parce qu'elle l'emporte sur tous par la sainteté et par son Union avec le Christ, et parce qu'elle a été associée à l'oeuvre du salut des hommes, elle nous mérite de congruo, comme on dit, ce que le Christ a mérité de condigno, et elle est le ministre premier de la distribution des grâces.



Réponse de la Commission biblique, 13 février 1905.

"Citations implicites" dans l'Ecriture

3372
Question : Pour résoudre les difficultés qui se présentent dans quelques textes de la sainte Ecriture qui semblent rapporter des faits historiques, est- il permis à l'exégète catholique d'affirmer qu'il s'agit, en ces passages, d'une citation tacite ou implicite d'un document écrit par un auteur non inspiré, dont l'auteur inspiré n'entend nullement approuver ou faire siennes toutes les assertions, lesquelles, par conséquent, ne peuvent être considérées comme garanties contre l'erreur ?
Réponse (confirmée par le souverain pontife le 13 février): Non, excepté le cas où, le sentiment et le jugement de l'Eglise étant respectés, il est prouvé par de solides arguments 1. que l'écrivain sacré cite réellement des paroles ou des documents d'un autre ; et 2. qu'il ne les approuve pas et ne les fait pas siens, de sorte qu'il soit justement censé ne pas parler en son propre nom.



Réponse de la Commission biblique, 23 juin 1905.

Les parties apparemment historiques seulement de l'Ecriture

3373
Question : Peut-on admettre comme principe de bonne exégèse l'opinion qui tient que les livres de la sainte Ecriture regardés comme historiques, soit en totalité, soit en partie, ne racontent pas, parfois, l'histoire proprement dite ou objectivement vraie, mais présentent seulement l'apparence de l'histoire pour signifier quelque chose qui est étranger au sens proprement littéral ou historique des mots ?

Réponse (confirmée par le souverain pontife) : Non. excepté cependant le cas, qu'il ne faut pas admettre facilement, ni à la légère, où, le sentiment de l'Eglise n'y répugnant pas et son jugement étant réservé, il est prouvé par de solides arguments que l'hagiographe a voulu, non pas donner une histoire vraie et proprement dite, mais sous l'apparence et la forme de l'histoire, proposer une parabole, une allégorie ou un sens quelconque différent du sens proprement littéral ou historique des mots.



Décret "Sacra Tridentina Synodus", 16 (20) décembre 1905.

La communion eucharistique quotidienne.

3375
Or le désir de Jésus Christ et de l'Eglise que tous les fidèles s'approchent chaque jour du banquet sacré vise surtout à ce que, unis à Dieu par le sacrement, ils en reçoivent la force de réprimer leurs passions, qu'ils s'y purifient des fautes légères qui peuvent se présenter chaque jour, et qu'ils puissent éviter les fautes graves auxquelles est exposée la fragilité humaine : ce n'est donc pas principalement pour rendre gloire à Dieu, ni comme une sorte de faveur ou de récompense pour les vertus de ceux qui en approchent. Aussi le saint concile de Trente appelle-t-il l'eucharistie "l'antidote nous libérant des fautes quotidiennes et nous préservant des péchés mortels"
1638 ....

3376
Cependant la piété s'étant affaiblie, et plus tard surtout le venin du jansénisme s'étant répandu partout, on commença à discuter au sujet des dispositions qu'il fallait apporter pour s'approcher de la communion fréquente et quotidienne ; c'était à qui en réclamerait comme nécessaires de plus grandes et de plus difficiles. Il en résulta que très peu de personnes furent jugées dignes de recevoir chaque jour la sainte eucharistie et de puiser dans ce sacrement si salutaire des effets plus abondants : les autres devant se contenter de communier ou une fois par an, ou tous les mois, ou tout au plus chaque semaine. On en vint à une sévérité telle que des catégories entières de personnes, comme les marchands ou les gens mariés, furent exclues de la sainte table.

3377
D'autres cependant se jetèrent dans le sentiment contraire. Jugeant que la communion quotidienne est de précepte divin, et pour qu'aucun jour ne passât sans qu'on reçût la sainte communion, ils furent d'avis, entre autres choses contraires à la coutume de l'Eglise, qu'il fallait recevoir la sainte eucharistie même le vendredi saint, et ils la distribuaient ce jour-là.

3378
Le Saint-Siège ne manqua pas à son devoir sur ce point
2090- 2095 , 2323 . .. Toutefois le venin du jansénisme qui s'était introduit même parmi les bons, sous prétexte d'honneur et de vénération dus à l'eucharistie, ne disparut pas complètement. Même après les déclarations du Saint- Siège les discussions sur les dispositions requises pour bien recevoir fréquemment la sainte communion ont continué ; il arriva que certains théologiens, même de bon renom, aient pensé qu'il ne fallait permettre la communion fréquente que rarement et sous de nombreuses conditions.

3379
La Congrégation du concile .. a établi et décrété ce qui suit :
1 - la communion fréquente et quotidienne doit être rendue accessible à tous les fidèles de quelque classe ou de quelque condition qu'ils soient, en sorte que nul, s'il est en état de grâce et s'il s'approche de la sainte table avec une intention droite, ne puisse en être écarté.

3380
2 - L'intention droite consiste à s'approcher de la sainte table, non par habitude ou par vanité, ou pour des raisons humaines, mais pour satisfaire à la volonté de Dieu, s'unir à lui plus intimement par la charité et, grâce à ce remède divin, combattre ses défauts et ses infirmités.

3381
3. Bien qu'il soit très désirable que ceux qui usent de la communion fréquente et quotidienne soient exempts de péchés véniels au moins pleinement délibérés et qu'ils n'y soient pas portés, il suffit néanmoins qu'ils n'aient aucune faute mortelle, avec le ferme propos de ne plus pécher à l'avenir. ...

3382
4 ... Il faut veiller à faire précéder la sainte communion d'une préparation diligente et à la faire suivre d'une action de grâces convenable, suivant les forces, la condition et le devoirs de chacun.

3383
5 .... Il importe de demander conseil à son confesseur. Que les confesseurs cependant se gardent de priver de la communion fréquente et quotidienne une personne qui est en état de grâce et qui s'en approche avec une intention droite. ...



Décret "Provida sapientique cura", 18 janvier 1906.

La législation tridentine concernant la conclusion non publique du mariage.

3385
... I. Bien que le chapitre Tametsi du concile de Trente voir
1813- 1816 n'ait pas encore été publié et introduit en plusieurs lieux, que ce soit par une publication expresse ou par une observance légitime, il devra cependant s'appliquer à tous les catholiques dans l'ensemble de l'Empire allemand à partir du jour de la fête de Pâques (c'est-à-dire du 15 avril).y compris à ceux qui jusque-là n'étaient pas tenus à la forme tridentine, de sorte qu'ils ne pourront pas célébrer un mariage valide sinon devant le curé et deux ou trois témoins 3468-3474 .

3386
II. Les mariages mixtes qui sont contractés par des catholiques avec des hérétiques ou des schismatiques sont et demeurent gravement prohibés, à moins qu'il existe une raison canonique juste et grave, que les cautions prescrites aient été données de part et d'autre sans conditions et selon les formes, et que la partie catholique ait alors obtenu régulièrement la dispense de l'empêchement de religion mixte.
Cependant, même si une dispense a été obtenue, ces mariages devront être célébrés dans tous les cas devant l'Eglise en présence du curé et de deux ou trois témoins, de sorte que commettront un grave délit ceux qui contractent devant un ministre acatholique ou devant le seul magistrat civil, ou d'une autre manière clandestine. Bien plus, si des catholiques font appel à l'intervention d'un ministre acatholique pour la célébration de tels mariages ou s'ils l'acceptent, ils commettent un autre délit et encourent des censures canoniques.

3387
Cependant nous voulons également que dans toutes les provinces et dans tous les lieux de l'Empire allemand, y compris dans ceux qui selon les décisions des congrégations romaines étaient soumis jusqu'ici de façon certaine à l'effet invalidant du chapitre Tametsi, les mariages mixtes qui ont été contractés sans que soit observée la forme tridentine, ou (ce qu'à Dieu ne plaise) qui le seront désormais, soient considérés comme pleinement valides dès lors qu'aucun autre empêchement canonique ne s'y oppose, et qu'il n'y a pas eu avant le jour de la fête de Pâques de cette année de jugement de nullité pour empêchement de clandestinité, et que l'accord mutuel des époux a perduré jusqu'au jour dit - et cela nous le déclarons, le définissons et le décrétons de façon expresse.

3388
III . Mais pour que les juges ecclésiastiques disposent d'une norme sûre, nous déclarons, définissons et décrétons la même chose, aux mêmes conditions, et avec les mêmes restrictions, à propos des mariages des non- catholiques, qu'ils soient hérétiques ou schismatiques, qui ont été contractés jusqu'ici ou qui désormais seront contractés entre eux dans les mêmes régions en dehors de l'observance de la forme tridentine ; en sorte que si l'un des conjoints non- catholiques ou les deux se convertissent à la foi catholique, ou qu'est présentée devant le tribunal ecclésiastique une controverse concernant le mariage de deux non-catholiques liée à la question de la validité d'un mariage conclu ou à conclure avec un catholique, ces mariages, toutes choses étant égales, devront être tenus de même comme valides sans restrictions.


Décret du Saint-Office, 25 avril 1906

La forme nécessaire de l'onction des malades

3391
Puisqu'il a été demandé qu'une unique formule brève soit déterminée pour l'administration de l'extrême-onction en cas de mort imminente, ... (les Inquisiteurs) ont décrété : dans le cas d'une véritable nécessité il suffit de la forme : "Par cette sainte onction, que le Seigneur te pardonne tout ce que tu as commis. Amen".



Réponse de la Commission biblique, 27 juin 1906

L'authenticité mosaïque du Pentateuque

3394
Question 1 : Les arguments accumulés par les critiques pour attaquer l'authenticité mosaïque des livres saints désignés sous le nom de Pentateuque sont-ils d'un tel poids que - en dépit des très nombreux témoignages, pris dans leur ensemble, des deux Testaments, de la persuasion constante du peuple juif et de la tradition ininterrompue de l'Eglise, et malgré les preuves internes tirées du texte même - on ait le droit d'affirmer que ces livres n'ont pas Moïse pour auteur, mais ont été composés d'éléments pour la plus grande partie postérieurs au temps de Moïse ?
Réponse : Non.

3395
Question 2 : L'authenticité mosaïque du Pentateuque réclame-t- elle nécessairement que tout l'ouvrage ait été rédigé de telle sorte que l'on doive tenir pour certain que Moïse a écrit de sa propre main ou dicté à des secrétaires tout l'ouvrage et chacune de ses parties ? Ou encore peut-on admettre l'hypothèse de ceux qui estiment que Moïse, après avoir conçu lui-même son oeuvre sous l'inspiration divine, en aurait confié la rédaction à un ou plusieurs secrétaires qui, toutefois, auraient fidèlement rendu sa pensée et n'auraient rien écrit contre sa volonté, ni rien omis ; et qu'enfin cet ouvrage ainsi composé et approuvé par le même Moïse, auteur principal et inspiré, aurait été publié sous son nom ?
Réponse : Non, pour la première partie ; oui, pour la seconde

3396
Question 3 : Peut-on admettre, sans porter atteinte à l'authenticité mosaïque du Pentateuque, que Moïse, pour composer son ouvrage, s'est servi de sources, documents écrits ou traditions orales, auxquels, suivant le but particulier qu'il se proposait et sous l'inspiration divine, il a fait quelques emprunts, prenant tantôt les mots eux-mêmes, et tantôt le sens, résumant ou amplifiant, et les insérant dans son ouvrage?
Réponse : Oui.

3397
Question 4 : Peut-on admettre - l'authenticité mosaïque et l'intégrité du Pentateuque étant sauvegardées quant à la substance - que cet ouvrage, à travers de si longs siècles, a subi quelques modifications, par exemple : des additions faites après la mort de Moïse par un auteur inspiré, des gloses des explications intercalées dans le texte ; des mots et des tournures vieillis, traduits en un langage plus moderne ; enfin des leçons fautives imputables à des erreurs de copistes, et qu'il appartient à la critique d'examiner et d'apprécier conformément à ses principes ?
Réponse : Oui, le jugement de l'Eglise étant réservé.



Réponse de la Commission biblique, 29 mai 1907

L'auteur et la vérité historique du quatrième évangile

3398
Question 1 : La tradition constante, universelle et solennelle de l'Eglise, dès le 2ème siècle, telle qu'elle ressort principalement :
a) des témoignages et des allusions des saints Pères, des écrivains ecclésiastiques et même des hérétiques : témoignages et allusions qui, ne pouvant dériver que des disciples ou des premiers successeurs des apôtres, sont en connexion nécessaire avec l'origine même du livre ;
b) de l'admission en tout temps et en tout lieu du nom de l'auteur du quatrième évangile dans le canon et les catalogues de livres saints ;
c) des plus anciens manuscrits de ces mêmes livres et de leurs plus anciennes versions en langues diverses ;
d) de l'usage liturgique public universellement répandu dès l'origine de l'Eglise ;
cette tradition constitue-t-elle, abstraction faite de la preuve théologique, une démonstration historique que l'apôtre Jean, et non un autre, doit être tenu pour l'auteur du quatrième évangile, démonstration assez solide pour qu'elle ne soit nullement infirmée par les raisons que les critiques allèguent à l'encontre ?
Réponse: Oui.

3399
Question 2 : Les raisons internes qui se tirent du texte du quatrième évangile considéré séparément, du témoignage de l'auteur et de la parenté manifeste de cet évangile avec la première épître de l'apôtre Jean, doivent- elles être considérées comme confirmant la tradition qui attribue indubitablement à ce même apôtre le quatrième évangile ?
En outre, les difficultés qui proviennent de la comparaison de cet évangile avec les trois autres peuvent-elles étant donné la diversité du temps, du but, des auditeurs pour qui ou contre qui l'auteur a écrit, se résoudre raisonnablement comme l'ont fait, en divers endroits, les saints Pères et les exégètes catholiques ?
Réponse : Oui, sur les deux points.

3400
Question 3 : Nonobstant la pratique constamment en vigueur, dès les premiers temps, dans toute l'Eglise, d'arguer du quatrième évangile comme d'un document proprement historique, néanmoins en raison du caractère particulier de cet évangile et de l'intention manifeste de l'auteur de mettre en lumière et de défendre la divinité du Christ au moyen des actes mêmes et des discours du Seigneur, ne peut-on pas dire que les faits racontés dans le quatrième évangile ont été inventés, en tout ou en partie, en manière d'allégories ou de symboles doctrinaux, et que les discours du Seigneur ne sont pas proprement et véritablement ceux du Seigneur lui-même mais des compositions théologiques de l'écrivain, bien que placés dans la bouche du Seigneur ?
Réponse : Non.



Décret du Saint-Office "Lamentabili", 3 juillet 1907.

Erreurs des modernistes

L'émancipation de l'exégèse par rapport au magistère de l'Eglise

3401
1. La loi ecclésiastique qui prescrit de soumettre à la censure préalable les livres traitant des saintes Ecritures ne s'étend pas aux chercheurs qui font la critique ou l'exégèse scientifique des livres de l'Ancien et du Nouveau Testament.

3402
2. L'interprétation des livres saints par l'Eglise n'est certes pas à mépriser, mais elle est soumise au jugement plus exact et à la correction des exégètes.

3403
3. Les jugements et les censures ecclésiastiques portés contre l'exégèse libre et scientifique permettent de voir que la foi proposée par l'Eglise contredit l'histoire, et que les dogmes catholiques ne peuvent réellement pas être accordés avec les origines plus vraies de la religion chrétienne.

3404
4. Le magistère de l'Eglise ne peut décider du sens authentique de la sainte Ecriture, même par des définitions dogmatiques.

3405
5. Puisque dans le dépôt de la foi sont contenues seulement les vérités révélées, il n'appartient d'aucune manière à l'Eglise de porter un jugement au sujet des affirmations des disciplines humaines.

3406
6. Dans la définition des vérités, l'Eglise enseignée et l'Eglise enseignante collaborent de telle façon qu'il ne reste à l'Eglise enseignante qu'à sanctionner les conceptions communes de l'Eglise enseignée.

3407
7. Lorsque l'Eglise proscrit des erreurs, elle ne peut exiger des fidèles aucun assentiment qui leur fasse adopter le jugement qu'elle a émis.

3408
8. Il faut considérer comme exempts de toute faute ceux qui tiennent pour rien les condamnations prononcées par la Sacrée Congrégation de l'Index ou par d'autres Sacrées Congrégations romaines.

L'inspiration ou l'inerrance de la sainte Ecriture

3409
9. Ceux qui croient que Dieu est vraiment l'auteur de l'Ecriture sainte manifestent une simplicité et une ignorance excessives.

3410
10. L'inspiration des livres de l'Ancien Testament consiste en ce que les écrivains d'Israël ont transmis les doctrines sous un point de vue qui était peu ou pas connu des païens.

3411
11. L'inspiration divine ne s'étend pas à toute l'Ecriture sainte de manière à prémunir contre toute erreur toutes et chacune de ses parties.

3412
12. Si l'exégète veut s'adonner utilement aux études bibliques, il doit d'abord mettre de côté toute opinion préconçue sur l'origine surnaturelle de l'Ecriture, et ne pas l'interpréter autrement que les autres documents purement humains.

3413
13. Les paraboles évangéliques ont été arrangées avec art par les évangélistes eux-mêmes et par les chrétiens de la deuxième et de la troisième génération, qui purent ainsi rendre compte du fruit minime de la prédication du Christ auprès des juifs.

3414
14. Dans plusieurs récits, les évangélistes n'ont pas tant rapporté ce qui est vrai que ce que, même faux, ils ont considéré comme plus profitable à leurs lecteurs.

3415
15. Les évangiles ont été enrichis d'additions et de corrections continuelles jusqu'à la constitution définitive du canon; il n'y est resté dès lors qu'une trace légère et incertaine de la doctrine du Christ.

3416
16. Les récits de Jean ne sont pas à proprement parler de l'histoire, mais une contemplation mystique de l'Evangile ; les discours contenus dans cet évangile sont des méditations théologiques sur le mystère du salut, dépourvues de vérité historique.

3417
17. Le quatrième évangile a exagéré les miracles, non seulement pour qu'ils apparaissent plus extraordinaires, mais aussi pour qu'ils soient rendus plus capables de signifier l'oeuvre et la gloire du Verbe incarné.

3418
18. Jean réclame pour lui d'avoir été le témoin du Christ ; en réalité, il n'est pourtant qu'un admirable témoin de la vie chrétienne ou de la vie du Christ dans l'Eglise, à la fin du 1er siècle.

3419
19. Des exégètes hétérodoxes ont exprimé plus fidèlement le véritable sens des Ecritures que des exégètes catholiques.

La conception de la Révélation et du dogme

3420
20. La Révélation n'a pu être autre chose que la conscience que l'homme a acquise de sa relation à Dieu.

3421
21. La Révélation, qui est l'objet de la foi catholique, n'a pas été achevée par les apôtres.

3422
22. Les dogmes que l'Eglise présente comme révélés ne sont pas des vérités tombées du ciel, mais une interprétation de faits religieux que l'esprit humain s'est donnée par un laborieux effort.

3423
23. Il peut exister et il a existé en fait une opposition entre les faits racontés dans la sainte Ecriture et les dogmes de l'Eglise qui s'appuient sur eux ; si bien que la critique peut rejeter comme faux des faits que l'Eglise croit comme très certains.

3424
24. On ne doit pas blâmer l'exégète qui pose des prémisses desquelles il résulte que des dogmes sont historiquement faux ou douteux, du moment qu'il ne nie pas directement les dogmes eux-mêmes.

3425
25. L'assentiment de la foi repose en dernière analyse sur un ensemble de probabilités.

3426
26 Les dogmes de foi sont à garder uniquement selon leur signification pratique, c'est-à-dire comme norme préceptive de l'action, mais non comme norme de la croyance.

Le Christ.

3427
27. La divinité de Jésus Christ n'est pas prouvée à partir des évangiles, mais elle est un dogme que la conscience chrétienne a déduit de la notion de Messie.

3428
28. Jésus, lorsqu'il exerçait son ministère, ne parlait pas dans l'intention d'enseigner qu'il était le Messie, et ses miracles ne visaient pas à prouver qu'il l'était.

3429
29. On peut considérer que le Christ que montre l'histoire est très inférieur au Christ qui est l'objet de la foi.

3430
30. Dans tous les textes évangéliques le terme "Fils de Dieu" équivaut seulement au terme "Messie", mais il ne signifie nullement que le Christ est vraiment et par nature Fils de Dieu.

3431
31. La doctrine concernant le Christ que livrent Paul, Jean et les conciles de Nicée, d'Éphèse et de Chalcédoine n'est pas celle que Jésus a enseignée, mais celle que la conscience chrétienne a de Jésus.

3432
32. Le sens naturel des textes évangéliques ne peut être mis d'accord avec ce que nos théologiens enseignent sur la conscience et la science infaillible de Jésus Christ.

3433
33. Il est évident pour quiconque n'est pas guidé par des opinions préconçues, ou bien que Jésus a professé une erreur sur la venue prochaine du Messie, ou bien que la majeure partie de sa doctrine, contenue dans les évangiles synoptiques, est dépourvue d'authenticité.

3434
34. La critique ne peut attribuer au Christ une science absolument illimitée, à moins de faire l'hypothèse, difficile à concevoir historiquement et contraire au sens moral, que le Christ en tant qu'homme a possédé la science de Dieu et que, néanmoins, il n'a pas voulu communiquer la connaissance de tant de choses à ses disciples et à la postérité.

3435
35. Le Christ n'a pas toujours eu conscience de sa dignité messianique.

3436
36. La Résurrection du Sauveur n'est pas proprement un fait de l'ordre historique, mais un fait de l'ordre purement surnaturel, ni démontré ni démontrable, que la conscience chrétienne a peu à peu fait découler d'autres données.

3437
37. La foi dans la Résurrection du Christ a, au commencement, moins porté sur le fait même de la résurrection que sur la vie immortelle du Christ auprès de Dieu.

3438
38. La doctrine de la mort expiatrice du Christ n'est pas évangélique mais paulinienne seulement.


1996 Denzinger 3343