1996 Denzinger 808

Chap. 3. A propos des hérétiques (Vaudois).

La nécessité de la mission canonique.

809 Parce que " certains ", selon ce que dit l'Apôtre, " ayant les apparences de la piété, mais en reniant la force " 2Tm 3,5, s'arrogent le droit de prêcher, alors que le même Apôtre dit : "Comment prêcheront-ils s'ils ne sont pas envoyés ?" Rm 10,15, tous ceux à qui cela a été défendu ou qui n'ont pas été envoyés, et qui oseraient usurper, en public ou en privé, l'office de la prédication sans autorisation donnée par le Siège apostolique ou par l'évêque catholique du lieu " 761 , seront frappés d'excommunication ; s'ils ne viennent pas promptement à résipiscence, ils seront châtiés par une autre peine appropriée.


Chap. 4. L'insolence des Grecs envers les Latins.

Le mépris à l'égard des rites sacramentels de l'Eglise latine.

810 Bien que nous voulions encourager et honorer les Grecs qui, de nos jours, reviennent à l'obéissance du Siège apostolique en acceptant, autant que nous le pouvons dans le Seigneur, leurs habitudes et leurs rites, nous ne voulons ni ne devons pourtant pas tolérer chez eux ce qui met les âmes en danger et déroge à l'honnêteté ecclésiastique. En effet, après que l'Eglise grecque avec certains complices et partisans se fut soustraite à l'obéissance au Siège apostolique, les Grecs se sont mis à abominer tellement les Latins que, entre autres pratiques impies marquant leur mépris à leur égard, s'il arrivait que des prêtres latins célèbrent sur leurs autels, ils ne voulaient eux- mêmes offrir le saint sacrifice sur ces autels avant de les avoir d'abord lavés, comme s'ils avaient été souillés par ce seul fait. Et même, dans une audace téméraire, ces mêmes Grecs osaient rebaptiser ceux qui avaient été baptisés par les Latins ; et nous avons appris que, encore maintenant, certains ne craignent pas de le faire.
Voulant donc écarter de l'Eglise de Dieu un si grand scandale, sur le conseil du saint concile, nous ordonnons absolument qu'ils n'osent plus désormais agir ainsi, se conformant, en fils obéissants, à leur mère la sainte Eglise romaine, afin qu'il y ait "un seul troupeau et un seul pasteur"
Jn 10,16.
Si quelqu'un devait agir de cette façon, il serait frappé du glaive de l'excommunication et déposé de tout office et bénéfice ecclésiastique.


Chap. 5. Le rang des patriarches.

La prééminence du Siège romain.

811 Renouvelant les anciens privilèges des sièges patriarcaux, avec l'approbation du saint concile universel, nous prescrivons ce qui suit : après l'Eglise romaine qui, le Seigneur en disposant ainsi, détient la primauté du pouvoir ordinaire sur toutes les autres Eglises en tant que mère et maîtresse de tous les chrétiens, l'Eglise de Constantinople détiendra la première place, celle d'Alexandrie la deuxième, celle d'Antioche la troisième, celle de Jérusalem la quatrième.

Chap. 21. L'obligation de se confesser, le secret de la confession, la réception de la communion à Pâques.

L'obligation de la confession annuelle et de la communion Pascale.

812
Tout fidèle de l'un et l'autre sexe, après avoir atteint l'âge de raison, confessera personnellement et fidèlement tous ses péchés au moins une fois par an à son curé, s'appliquera, dans la mesure de ses forces, d'accomplir la pénitence qui lui sera imposée, recevant avec respect au moins à Pâques le sacrement de l'eucharistie, à moins que, sur le conseil de son curé et pour quelque raison valable, il juge qu'il lui faut s'en abstenir pour un temps ; sinon, il sera empêché d'entrer dans l'église de son vivant et sera privé de sépulture chrétienne à sa mort, afin que personne ne puisse avoir d'excuse pour son ignorance.
Si quelqu'un veut, pour une juste cause, confesser ses péchés à un autre prêtre, il devra d'abord demander et obtenir la permission de son curé, puisque autrement cet autre prêtre ne pourrait l'absoudre ou le lier.

813
Que ce prêtre soit un homme de discernement et prudent afin que, comme un médecin expérimenté, il répande le vin et l'huile sur les plaies du blessé
Lc 10,34 s'enquérant diligemment des circonstances concernant et le pécheur et le péché ; il comprendra ainsi, avec prudence, quels conseils il doit lui donner, quel remède apporter en usant de moyens divers pour guérir le malade.

814
Il prendra grandement garde de ne jamais trahir le pécheur par un mot, un signe ou de quelque manière ; mais s'il a besoin d'un avis plus éclairé, il le demandera prudemment sans rien révéler de la personne ; car si quelqu'un osait révéler un péché qui lui a été découvert au tribunal de la pénitence, nous décrétons, non seulement qu'il doit être déposé du ministère sacerdotal, mais encore qu'il soit voué, à perpétuité, à faire pénitence dans un monastère de stricte observance.

Chap. 22. Les malades doivent veiller à leur âme avant de veiller à leur corps.

Moyens interdits pour rétablir la santé.

815
En outre l'âme étant beaucoup plus précieuse que le corps, nous défendons sous peine d'anathème qu'un médecin conseille à un malade pour le salut du corps quelque chose qui deviendrait un danger pour l'âme.

Chap. 41. La nécessité de la bonne foi pour la prescription.

La bonne foi nécessaire pour la prescription.

816
Parce que " tout ce qui ne procède pas de la foi est péché "
Rm 14,23, nous définissons cela par sentence synodale : sans bonne foi, aucune prescription n'est valide, qu'elle soit canonique ou civile, puisque, d'une manière générale, on doit déroger à toute constitution et à toute coutume qui ne peuvent être observées sans péché mortel. Il faut donc que celui qui prescrit n'ait à aucun moment conscience d'avoir une chose appartenant à autrui.

Chap. 51. L'interdiction des mariages clandestins.

Les mariages clandestins ne sont pas permis.

817
Suivant les pas de nos prédécesseurs, nous interdisons formellement les mariages clandestins, défendant aussi que n'importe quel prêtre ose être présent à de tels mariages. C'est pourquoi, étendant une coutume propre à certains lieux à tous les autres, nous statuons que, lorsque des mariages doivent être contractés, ils seront publiquement annoncés dans les églises par les prêtres, dans un délai convenable fixé à l'avance, au cours duquel celui qui en aurait la volonté et la capacité pourrait opposer un empêchement légitime. Néanmoins les prêtres rechercheront eux-mêmes si quelque empêchement fait obstacle au mariage. ...

Chap. 62. Les reliques des saints.

Usage indigne des reliques.

818
La religion chrétienne est trop souvent dénigrée parce que certains exposent des reliques des saints pour les vendre ou en faire ostention n'importe où. Pour que cela ne se produise pas à l'avenir, nous statuons par le présent décret que les reliques anciennes ne soient plus exposées hors de leur reliquaire ni montrées pour être vendues. Quant à celles qui ont été nouvellement trouvées, que personne ne les vénère publiquement si elles n'ont pas été auparavant approuvées par l'autorité du pontife romain. A l'avenir, que les responsables ne permettent pas que ceux qui viennent dans leurs églises en vue de vénérer des reliques ne soient trompés par de vaines fictions ou de faux documents, comme on a eu l'habitude de le faire en plusieurs lieux en vue d'un gain.

Abus concernant les indulgences.

819
... Parce que, par suite d'indulgences indiscrètes ou superflues que ne craignent pas d'octroyer certains prélats, le pouvoir des clés de l'Eglise est méprisé et la satisfaction pénitentielle est privée de sa force, nous décrétons que, lorsque est dédiée une basilique, l'indulgence ne dépassera pas un an... ; ensuite, lors de l'anniversaire de la dédicace, que la rémission pour les pénitences imposées ne dépasse pas quarante jours. Nous ordonnons que les lettres d'indulgence, qui sont accordées pour des raisons variées, doivent aussi se conformer à ce nombre de jours, puisque le pontife romain, qui détient la plénitude du pouvoir, a l'habitude de suivre cette règle en ce domaine.

Chap. 63. Simonie.

820
... En de nombreux endroits de nombreuses personnes - semblables aux vendeurs de colombes dans le Temple - commettent de honteuses et exécrables exactions et extorsions pour la consécration des évêques, la bénédiction des abbés et l'ordination des clercs. On tarifie ce qui doit être payé à celui- ci ou à celui- là, à tel ou tel autre ; et, comble de perdition, certains s'efforcent de justifier cette honte et cette dépravation au nom d'une coutume observée de longue date.
Voulant donc abolir un si grand abus, nous réprouvons totalement une telle coutume dont le vrai nom est corruption ; nous statuons formellement que, pour la collation ou la réception des ordres, personne n'ose exiger et extorquer quelque chose sous quelque prétexte que ce soit ; sinon, aussi bien celui qui aura reçu que celui qui aura donné une telle somme absolument interdite sera condamné avec Guéhazi
2R 5,20-27 et Simon Ac 8,9-24.




HONORIUS III : 18 juillet 1216 - 18 mars 1227


Lettre " Perniciosus valde " à l'archevêque Olaf d'Uppsala, 13 décembre 1220.

L'eau mêlée au vin lors du sacrifice de la messe.

822
Comme nous l'avons entendu, un abus très pernicieux s'est développé dans ta région, à savoir que lors du sacrifice on utilise une plus grande quantité d'eau que de vin : car selon la coutume bien fondée de l'ensemble de l'Eglise, il faut utiliser plus de vin que d'eau. C'est pourquoi Nous ordonnons à ta fraternité par lettre apostolique que désormais tu ne le fasses plus, et que tu n'admettes pas que cela se fasse dans ta province.




GREGOIRE IX : 19 mars 1227 - 22 août 1241


Lettre " Ab Aegyptiis argentea " aux théologiens de Paris, 7 juillet 1228.

Le maintien de la terminologie et de la tradition théologiques.

824
Il appartient certes à l'intelligence théologique de présider comme l'homme en quelque sorte à n'importe quelle faculté et, comme l'esprit le fait pour la chair, d'exercer son pouvoir sur elle et de la diriger dans la voie de la droiture en sorte qu'elle ne s'égare pas. ...
En vérité nous sommes frappés intérieurement de douleur dans notre coeur
Gn 6,6 et saturés de l'amertume de l'absinthe Lm 3,15 de ce que... certains chez vous .. s'occupent avec ardeur à déplacer par des nouveautés impies, " les bornes posées par les Pères " Pr 22,28 ; en effet, la compréhension de l'Ecriture céleste qui est délimitée, de par les efforts des saints Pères, par les bornes de l'interprétation qu'il n'est pas seulement téméraire mais impie de transgresser, ils la tournent en doctrine philosophique concernant les choses naturelles, de manière à faire montre de leur Science et non pas pour le profit des auditeurs, en sorte qu'ils n'apparaissent pas comme des hommes qui enseignent Dieu ou des théologiens, mais comme des hommes qui médisent de Dieu.
En effet, bien qu'ils doivent exposer la doctrine de Dieu selon les traditions reconnues des saints et non pas avec des armes charnelles, mais avec des armes " dont la puissance vient de Dieu, capables de détruire toute puissance hautaine qui se dresse contre la connaissance de Dieu et de faire captive toute pensée pour l'amener à obéir au Christ " 2Co 10,4 s, séduits par des doctrines diverses et étrangères He 13,9, ils font de la tête la queue Dt 28,13 Dt 28,44 et contraignent la reine à se mettre au service de la servante, c'est-à-dire ce qui est céleste au service des doctrines terrestres, en attribuant à la nature ce qui appartient à la grâce. De fait, s'occupant des choses de la nature plus qu'il ne convient, revenus... aux éléments faibles et pauvres du monde et les servant à nouveau Ga 4,9, comme des faibles en Christ ils se nourrissent " de lait et non d'une nourriture solide " He 5,12 et ils ne semblent pas avoir fortifié leur coeur par la grâce He 13,9 ; c'est pourquoi, " dépouillés des dons gratuits et blessés dans leurs dons naturels ", ils ne se remémorent pas cette parole de l'Apôtre... : " Evite les nouveautés et les expressions impies et les opinions d'une science mensongère ; pour l'avoir recherchée, certains se sont écartés de la foi " 1Tm 6,20 s...
Et lorsqu'ils s'efforcent plus qu'il ne convient de prouver la foi par la raison naturelle, ne la rendent-ils pas en quelque sorte inutile et vaine ? Car " la foi n'a pas de mérite si la raison humaine lui fournit la preuve ". La nature en effet croit ce qu'elle a compris, mais la foi saisit ce qui est cru par sa propre force et par la compréhension que lui donne la grâce, elle qui pénètre avec audace et témérité ce que l'intelligence naturelle est incapable d'atteindre.

Lettre " Consultationi tuae " à l'archevêque de Bari, 12 Novembre 1231.

Le caractère sacramentel reçu dans l'ordination.

825
A ta consultation nous répondons ainsi : ceux qui ont reçu les ordres sacrés en dehors des temps fixés ont reçu sans aucun doute le caractère ; après qu'une pénitence appropriée leur aura été imposée pour cette transgression, tu pourras admettre qu'ils exercent leur ministère dans les ordres reçus.

Lettre " Presbyter et diaconus " à l'évêque Olaf de Lund, 9 décembre 1232.

Matière et forme de l'ordination.

826
Lorsque le presbytre et le diacre sont ordonnés, ils reçoivent l'imposition des mains par contact corporel, selon le rite établi par les apôtres
1Tm 4,14 1Tm 5,22 2Tm 1,6 Ac 6,6 ; mais si cela a été omis, il n'y a pas lieu de le réitérer d'une quelconque manière, mais au temps fixé pour conférer ces ordres on suppléera prudemment ce qui a été omis par erreur. Cependant les mains doivent être levées lorsque la prière est répandue sur la tête de l'ordinand.

Décret fragmentaire "Si condiciones", entre 1227 et 1234.

L'invalidité d'un mariage sous condition.

827
Lorsque sont insérées des conditions contraires à la substance du mariage, par exemple si l'un dit à l'autre " je contracte (mariage) avec toi si tu évites d'engendrer des descendants ", ou " jusqu'à ce que j'en trouve une autre plus digne par l'honneur ou la fortune ", ou " si tu te livres à l'adultère contre rétribution ", le contrat de mariage, tout bienvenu qu'il puisse être, est dépourvu d'effet ; cependant d'autres conditions ajoutées au mariage, si elles sont déshonnêtes ou irréalisables, doivent être tenues pour non ajoutées en raison de la faveur (du droit) dont il jouit.

Lettre " Naviganti vel " au frère R., entre 1227 et 1234.

Usure.

828
Quelqu'un qui prête une somme d'argent déterminée à un autre qui se rend à un marché, par terre ou par mer, et qui, parce qu'il accepte un risque pour lui- même, entend recevoir quelque chose au-delà du capital, doit (ne doit pas ? ) être considéré comme usurier.
De même celui qui donne dix sols pour qu'à un autre moment lui soient rendues autant de mesures de grain, de vin et d'huile à propos desquelles, même si elles valent alors davantage, on peut douter avec vraisemblance si au moment du paiement elles vaudront plus ou moins, ne doit pas à cause de cela être considéré comme usurier.
En raison de ce doute est excusé également celui qui vend du drap, du grain, du vin, de l'huile et d'autres marchandises pour recevoir davantage pour elles à un moment donné que ce qu'elles valent au moment même (du contrat), à condition cependant de n'avoir pas été sur le point de les vendre à un autre moment du contrat.

Lettre " Cum sicut ex " à l'archevêque Sigurd de Trondheim (Norvège), 8 juillet

La matière du baptême.

829
Etant donné que, comme nous l'avons appris de ton rapport, il arrive parfois que par manque d'eau des enfants de ton pays soient baptisés avec de la cervoise, nous te répondons par la présente que puisque selon l'enseignement de l'Evangile on doit renaître d'eau et d'Esprit Saint
Jn 3,5, ceux qui ont été baptisés avec de la cervoise doivent être considérés comme n'ayant pas été baptisés de façon régulière.




CELESTIN IV : 25 octobre - 10 novembre 1241

INNOCENT IV : 25 juin 1243 - 7 décembre 1254



1er concile de LYON (13ème oecuménique) 28 juin-17juillet 1245

Lettre "Sub catholicae professione" à l'évêque de Tusculum, légat du Siège apostolique auprès des Grecs, 6 mars 1254.

Les rites et les doctrines qui doivent être inculqués aux Grecs.

830
Par 3 (autres Par. 4). 1. A ce sujet notre réflexion nous a conduit à décider que les Grecs de ce royaume (Chypre), pour ce qui est des onctions qui sont habituellement faites en lien avec le baptême, doivent suivre et observer la coutume de l'Eglise romaine.
2. Mais si le rite ou la coutume qu'ils disent être les leurs - à savoir d'oindre entièrement le corps de ceux qui doivent être baptisés - ne peut pas être supprimé ou écarté sans scandale, on le tolérera puisqu'il importe peu pour l'effet ou l'efficacité du baptême que cela soit fait ou non.
3. De même il importe peu qu'ils baptisent dans de l'eau froide ou de l'eau chaude, puisque selon leurs dires le baptême a sa vertu et son effet dans les deux cas.

831
4 (Par 5). Seuls les évêques cependant doivent marquer le front des baptisés avec le chrême, puisque cette onction ne doit être conférée que par les évêques. Car, ainsi qu'on peut le lire, seuls les apôtres, dont les évêques tiennent la place, ont conféré l'Esprit Saint par l'imposition des mains que représente la confirmation ou la chrismation du front
Ac 8,14-25.
5. Les différents évêques peuvent également confectionner le chrême dans leurs Eglises le jour de la Cène du Seigneur et selon la forme de l'Eglise, c'est-à-dire avec du baume et de l'huile d'olive. Car dans l'onction avec le chrême est conféré le don de l'Esprit Saint. Et de fait, comme un peut le lire, la colombe qui désigne l'Esprit Saint lui-même a ramené dans l'arche un rameau d'olivier. Mais si à ce sujet les Grecs préfèrent garder leur rite ancien, à savoir que le patriarche avec les archevêques et ses évêques suffragants, et les archevêques avec leurs suffragants, confectionnent ensemble le chrême, cette coutume qui est la leur doit être tolérée.

832
6. Mais personne ne doit être simplement oint d'une onction par les prêtres ou les confesseurs à la place de la satisfaction lors de la pénitence.

833
7. Mais selon la parole de l'apôtre Jacques
Jc 5,14 s l'extrême-onction doit être conférée aux malades.

834
8 (Par. 6). En outre, lorsqu'ils ajoutent de l'eau, soit froide, soit chaude, soit tiède, lors du sacrifice de l'autel, les Grecs doivent suivre leur coutume s'ils le veulent, pourvu qu'ils croient et confessent que, la forme du canon étant respectée, le sacrifice est réalisé de la même manière à partir des deux.
9. Mais qu'ils ne conservent pas l'eucharistie consacrée le jour de la Cène du Seigneur durant toute l'année en prétextant les malades, c'est- à-dire pour leur donner la communion en la prenant de là. Cependant il leur sera permis de consacrer le corps du Christ pour ces malades et de le conserver durant quinze jours, pas davantage, pour que du fait d'une conservation plus longue les espèces ne risquent pas d'être altérées, et de devenir moins aptes à être consommées : même si la vérité et l'efficacité demeurent toujours pleinement les mêmes et qu'elles ne disparaissent jamais du fait d'une durée plus longue ou du temps qui passe.

835
18 (Par. 14) Pour ce qui est de la fornication commise par un célibataire avec une célibataire, on ne doit absolument pas douter qu'il s'agit d'un péché mortel, puisque l'Apôtre assure qu'aussi bien les fornicateurs que les adultères sont exclus du Royaume de Dieu
1Co 6,9 s.

836
19. (Par. 15). En outre nous voulons et prescrivons expressément que désormais les évêques grecs doivent conférer sept ordres conformément à l'usage de l'Eglise romaine, puisqu'on lit que jusqu'à présent ils ont négligé ou omis trois des ordres mineurs chez les ordinands. Mais ceux qui ont déjà été ordonnés de cette manière par eux, en raison de leur trop grand nombre ils seront tolérés dans les ordres reçus ainsi.

837
20 (Par. 16). Mais parce que selon l'apôtre une femme est libérée de sa loi après la mort du mari, de sorte qu'elle est entièrement libre d'épouser dans le Seigneur qui elle veut
Rm 7,2 1Co 7,39, les Grecs ne doivent aucunement blâmer ou condamner les secondes et les troisièmes noces, et même d'autres, mais ils doivent bien plutôt les reconnaître entre personnes qui par ailleurs peuvent être unies licitement par un mariage.
21. Cependant les prêtres ne doivent en aucun cas bénir ceux qui se marient une seconde fois.

838
(Le sort des défunts) 23. (Par. 18). Enfin puisque la Vérité affirme dans l'Evangile que si quelqu'un a blasphémé contre l'Esprit Saint il ne lui sera pas pardonné, ni dans ce monde ni dans le monde à venir
Mt 12,32 - ce qui nous fait comprendre que certains sont déliés de leur faute dans le siècle présent, mais d'autres dans le siècle à venir - et que l'Apôtre dit que " le feu éprouvera l'oeuvre de chacun selon ce qu'elle est " et que " celui dont l'oeuvre est consumée en subira la perte, mais que lui-même sera sauvé, mais comme à travers le feu " 1Co 3,13 1Co 3,15 et puisqu'on dit que les Grecs eux-mêmes croient et affirment en toute vérité et sans aucun doute que les âmes de ceux qui meurent après avoir reçu la pénitence, mais sans l'avoir accomplie, ou qui meurent sans péché mortel mais avec des péchés véniels et minimes, sont purifiés après la mort et peuvent être aidés par les suffrages de l'Eglise, étant donné qu'ils disent qu'aucun nom certain et déterminé ne désigne chez leurs docteurs le lieu d'une telle purification, et puisque selon la tradition et l'autorité des saints Pères nous l'appelons " purgatoire ", Nous voulons que désormais il soit appelé ainsi chez eux. En effet ce feu temporaire purifie les péchés, non toutefois les péchés mortels ou capitaux qui n'auraient pas d'abord été remis par la pénitence, mais les péchés légers et minimes qui pèsent encore sur eux après leur mort, même s'ils ont été pardonnés pendant la vie.

839
24. (Par. 19). Mais si quelqu'un meurt sans pénitence en état de péché mortel, il ne fait pas de doute qu'il sera tourmenté pour toujours par les feux de l'enfer éternel.
25. (Par. 20). Mais les âmes des petits enfants qui meurent après le bain du baptême et celles des adultes qui meurent en état de charité, qui ne sont ni retenus par un péché ni tenus à telle ou telle satisfaction pour leur péché, passent immédiatement dans la patrie éternelle.



ALEXANDRE IV : 12 décembre 1254 - 25 mai 126


Constitution " Romanus Pontifex de summi, " 5 octobre 1256.

Erreurs de Guillaume de Saint-Amour au sujet des moines mendiants

840
(L'écrit de Guillaume) a été lu par eux de façon attentive et examiné mûrement et avec rigueur, et il nous en a été fait une relation complète ; parce que nous avons appris qu'on y trouve manifestement certaines choses fausses et condamnables contre le pouvoir et l'autorité du pontife romain et de ses coévêques,

841
et contre ceux qui, à cause de Dieu, mendient dans la pauvreté la plus rigoureuse, en surmontant ainsi le monde avec ses biens par une indigence volontaire ;

842
d'autres choses aussi contre ceux qui, animés d'un zèle ardent pour le salut des âmes et soucieux des études sacrées, opèrent dans l'Eglise de Dieu de nombreux progrès spirituels et y portent beaucoup de fruit ;

843
certaines contre l'état salutaire des moines pauvres, ou mendiants, que sont nos chers fils les frères prêcheurs et les frères mineurs qui, dans la force de l'Esprit, abandonnent le siècle avec ses richesses et n'aspirent de toutes leurs forces qu'à la seule patrie céleste ;
ainsi que plusieurs autres choses inconvenantes et dignes par conséquent d'être rejetées et vouées à l'infamie pour toujours ;

844
et parce que cet écrit a été également la source d'un grand scandale, qu'il a donné lieu à beaucoup de trouble et qu'il a causé également des dommages aux âmes, puisqu'il a détourné les fidèles de la dévotion qui leur était familière, de leur libéralité habituelle en matière d'aumône, ainsi que de la conversion et de l'entrée en religion :
sur le conseil de nos frères et en vertu de l'autorité apostolique Nous rejetons et condamnons pour toujours comme inique, sacrilège et exécrable l'écrit qui commence ainsi : " Ecce videntes clamabunt foris ", et qui porte le titre " Tractatus brevis de periculis novissimorum temporum " et les enseignements et les doctrines qu'il contient. Nous les condamnons comme erronés, faux et impies..



URBAIN IV : 29 août 1261 - 2 octobre 12


Bulle " Transiturus de hoc mundo ", 11 août 1264.

L'eucharistie comme mémorial du Christ.

846
Or lors de l'institution de ce sacrement il dit lui-même aux apôtres : " Faites ceci en mémoire de moi "
Lc 22,19, afin que ce sacrement sublime et vénérable soit pour nous un mémorial éminent et insigne de l'amour extraordinaire par lequel il nous a aimés. Un mémorial admirable, dis-je... dans lequel nous obtenons sûrement une aide pour la vie et pour la mort. C'est là le mémorial...salvifique dans lequel nous faisons mémoire avec gratitude de notre Rédemption, dans lequel nous sommes éloignés du mal et confortés dans le bien, et progressons dans la croissance des vertus et des grâces, dans lequel en vérité nous progressons de par la présence corporelle du Sauveur lui-même.
D'autres réalités dont nous faisons mémoire, nous les embrassons par l'esprit et par l'intelligence, mais nous n'en possédons pas pour autant la présence réelle. Mais dans cette commémoration sacramentelle du Christ, Jésus Christ nous est présent, certes sous une autre forme, mais dans sa propre substance. Avant de monter au ciel il dit en effet aux apôtres et à leurs successeurs : " Voici, je suis avec vous jusqu'à la consommation des siècles " Mt 28,20 et il les conforta par la promesse bienfaisante qu'il demeurera et sera aussi avec eux d'une présence corporelle.

L'Eucharistie, aliment de l'âme.

847
Dépassant toute plénitude de largesse, allant au-delà de toute mesure de l'amour, il se distribua en nourriture. O libéralité unique et admirable, où le donateur devient le don, et où ce qui est donné est pleinement identique à celui qui donne ! ...
Il s'est donc donné en nourriture pour que l'homme, qui avait été abattu par la mort, fût relevé par une nourriture à la vie... Manger a blessé et manger a guéri. Voici que de là où est née la blessure est venu aussi le remède, et de là où la mort s'est introduite est sortie aussi la vie. De ce manger- là en effet il est dit : " Du jour où tu en mangeras, de mort tu mourras "
Gn 2,17 mais de ce manger-ci on peut lire : " Celui qui aura mangé de ce pain vivra à jamais " Jn 6,52...
Ce fut aussi une libéralité qui convient et un acte approprié que le Verbe éternel de Dieu, qui est l'aliment et le réconfort de la créature raisonnable, s'étant fait chair se soit donné en nourriture à la chair et au corps de la créature raisonnable, c'est-à-dire à l'homme...Ce pain est consommé, mais il n'est pas épuisé ; il est mangé, mais il n'est pas changé, car il n'est nullement transformé en celui qui le mange, mais s'il est reçu dignement, celui qui le reçoit lui est conformé.



CLEMENT IV : 5 Février 1265-29 novembre 1268.


Lettre " Quanto sincerius " à l'archevêque Maurin de Narbonne, 28 octobre 1267.

La présence réelle du Christ dans l'eucharistie.

849
(Nous avons appris que tu...) as dit que le corps très saint de notre Seigneur Jésus Christ ne se trouve pas substantiellement sur l'autel, mais seulement comme ce qui est signifié l'est sous le signe, et que tu as ajouté qu'il s'agit là d'une opinion souvent entendue à Paris. Mais cette affirmation s'est répandue... et lorsque enfin elle est parvenue jusqu'à Nous, elle Nous a scandalisé au plus haut point ; et il n'a pas été facile pour Nous de croire que tu as dit de telles choses qui contiennent une hérésie manifeste et dérogent à la vérité de ce sacrement dans lequel la foi s'accomplit d'autant plus utilement qu'elle dépasse les sens, qu'elle tient captive l'intelligence, et qu'elle soumet la raison à ses lois...
Tiens fermement ce que l'Eglise tient en commun... à savoir que sous les espèces du pain et du vin, après que les paroles sacrées ont été dites par la bouche du prêtre, conformément au rite de l'Eglise, le corps et le sang de notre Seigneur Jésus Christ sont présents vraiment, réellement et substantiellement, bien que selon le lieu il se trouve au ciel.



GREGOIRE X : 1er septembre 1271 - 10 janv


2e concile de LYON (14e oecuménique) 7 mai - 17 juillet 1274.

2e session, 18 mai 1274 : constitution sur la Trinité souveraine et la foi cat

La procession du Saint-Esprit.

850
Nous professons avec fidélité et dévotion que le Saint-Esprit procède éternellement du Père et du Fils, non pas comme deux principes, mais comme d'un seul principe, non pas par deux spirations, mas par une seule et unique spiration. C'est ce que la sainte Eglise romaine, mère et maîtresse de tous les fidèles, a jusqu'à maintenant professé, prêché et enseigné ; c'est ce qu'elle tient fermement, prêche, professe et enseigne ;c'est là l'immuable et véritable doctrine des Pères et des Docteurs orthodoxes, aussi bien latins que grecs.
Mais parce que certains, en raison d'une ignorance de la vérité irréfutable affirmée plus haut, sont tombés dans diverses erreurs, nous-mêmes désireux de fermer la route à des erreurs de ce genre, avec l'approbation du saint concile, nous condamnons et réprouvons tous ceux qui oseraient nier que le Saint-Esprit procède éternellement du Père et du Fils, ou qui même, dans une audace téméraire, iraient jusqu'à affirmer que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils comme de deux principes et non comme d'un seul.

4e session, 6 juillet 1274, lettre de l'empereur Michel au pape Grégoire X.

Profession de foi de l'empereur Michel Paléologue.

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(Profession de foi). Nous croyons la sainte Trinité, Père, Fils et Esprit Saint, un seul Dieu tout-puissant, et que, dans la Trinité, toute la divinité est également essentielle, consubstantielle, également éternelle, également toute-puissante, qu'il y a en elle une seule volonté, une seule puissance, une seule majesté, qu'elle est le créateur de toutes les créatures, de qui, en qui, par qui sont toutes les choses qui sont dans le ciel et sur la terre, visibles, invisibles, corporelles et spirituelles. Nous croyons que chacune des personnes dans la Trinité est vraiment, pleinement et parfaitement Dieu.

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Nous croyons le Fils de Dieu, Verbe de Dieu, né éternellement du Père, consubstantiel, également tout-puissant et égal en tout au Père en la divinité : né dans le temps, du Saint-Esprit et de Marie toujours vierge, avec une âme raisonnable. Il a deux naissances, une naissance éternelle, du Père, une naissance temporelle, de sa mère. Vrai Dieu et vrai homme, proprement et parfaitement en l'une et l'autre nature ; ni fils adoptif, ni fils en apparence, mais un seul et unique Fils de Dieu, en deux natures, et de deux natures, la divine et l'humaine, dans l'unité d'une seule personne, incapable de souffrir et immortel par sa divinité, mais qui dans son humanité, a souffert une vraie Passion corporelle, pour nous et pour notre salut ; il est mort, a été enseveli, est descendu aux enfers, et, et le troisième jour, est ressuscité des morts, sa chair étant vraiment ressuscitée, quarante jours après sa Résurrection, avec sa chair ressuscitée et son âme. Il est monté au ciel et il siège à la droite de Dieu le Père, d'où il viendra juger les vivants et les morts et rendra à chacun selon que ses oeuvres auront été bonnes ou mauvaises.

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Nous croyons aussi le Saint-Esprit, pleinement, parfaitement et vraiment Dieu, procédant du Père et du Fils, égal en tout et consubstantiel, également tout-puissant, également éternel, en tout comme le Père et le Fils. Nous croyons que cette sainte Trinité n'est pas trois dieux, mais un unique Dieu tout- puissant, éternel, invisible et immuable.

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Nous croyons aussi que l'Eglise, sainte, catholique et apostolique, est la seule vraie, dans laquelle se donne un saint baptême et la véritable rémission de tous les péchés. Nous croyons aussi à la vraie résurrection de cette chair qui est maintenant nôtre, et à la vie éternelle. Nous croyons aussi qu'il y a un seul auteur du Nouveau et de l'Ancien Testament, de la Loi, des prophètes et des apôtres, le Dieu et Seigneur tout-puissant.

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1996 Denzinger 808