Brentano - Emmerich: Douloureuse Passion



LA DOULOUREUSE PASSION

DE

N. S. JESUS CHRIST

D'APRES LES MEDITATIONS

D'ANNE CATHERINE EMMERICH

Religieuse Augustine du Couvent d'Agnetenberg à Dulmen
Morte en 1824

Traduction Par M. l'Abbé de CAZALES


AVANT-PROPOS  DE LA VINGTIEME EDITION

100

Près de trente ans se sont écoulés depuis que la traduction de la Douloureuse Passion a été publiée pour la première fois. Il fallait alors quelque hardiesse pour mettre un pareil livre sous les yeux des lecteurs français, car, à cette époque, les bons chrétiens eux-mêmes, pour la plupart, n'admettaient que fort difficilement l'ordre de phénomènes surnaturels auquel se rattachent les visions d'Anne-Catherine Emmerich, parce que les saints contemplatifs, si nombreux de tout temps dans l'Eglise catholique, ne leur étaient guère connus que par des biographies sèches et écourtées, où le côté miraculeux était presque entièrement laissé dans l'ombre. Il résultait de là que beaucoup de fidèles rejetaient à peu près, en fait de surnaturel, tout ce qui n'était pas article de foi, se faisant presque rationalistes, à force de vouloir être raisonnables. Les choses ont bien changé depuis, grâce à Dieu, et le présent livre a peut-être eu sa petite part dans ce changement, car, accueilli, dés le début, avec une bienveillance inespérée, il ne tarda pas à devenir très populaire parmi les personnes de piété. Le traducteur qui, à raison des dispositions signalées plus haut, ne s'attendait guère à rencontrer chez ses lecteurs une faveur si marquée, s'était attaché à choquer le moins possible les susceptibilités de l'esprit français : c'est pourquoi, dans la première édition, il avait omis un assez grand nombre de passages qui lui semblaient devoir nuire à l'impression totale du livre. Il avait, en outre, abrégé quelques descriptions ou quelques récits, de peur qu'ils ne parussent trop longs ou trop surchargés de détails oiseux. Le succès lui ayant montré qu'il n'y avait pas lieu d'être si timoré, il avait rétabli, dans les éditions suivantes, la plupart des passages retranchés : toutefois, il avait laissé subsister encore quelques suppressions, dont deux ou trois seulement avaient quelque importance et dépassaient un petit nombre de lignes. Quoique la traduction ainsi amendée ait eu un succès plus qu'ordinaire, comme le prouvent les nombreuses éditions qui en ont été faites, quelques personnes ont exprimé le regret qu'elle ne reproduisait pas littéralement tout ce qui se trouve dans l'oeuvre du pieux secrétaire d'Anne Catherine Emmerich, et qu'on pût lui contester encore le titre de traduction intégrale. Bien qu'il lui manquât peu de chose pour mériter ce nom, et que les omissions, comme on l'a déjà vu, ne fussent ni nombreuses ni importantes, le traducteur, sensible à ce reproche, a voulu y faire droit et il a revu son travail de la première à la dernière ligne. Cette fois du moins, on ne pourra l'accuser d'avoir rien retranché ni rien omis : ceux qui prendront la peine de comparer sa version au texte original, pourront se convaincre que celui-ci y est reproduit aussi exactement que possible, et que s'il s'y rencontre encore des infidélités, ce sont de celles dont la meilleure volonté du monde ne préserve pas à elle toute seule Quoi qu'il en soit, le traducteur n'a épargné ni le temps ni la peine pour mener son oeuvre à bien, et, s'il n'a pas mieux fait, c'est qu'il n'était pas capable de mieux faire.

PREFACE DU TRADUCTEUR

101 Celui qui écrit ceci parcourait l'Allemagne. Ce livre lui tomba sous la main ; il le trouva beau et édifiant. Nulle étrangeté de forme ou de pensée ; aucune trace de nouveauté ; rien qui ne fut simple de coeur et de langage, et qui ne respirât la soumission la plus entière à l'Eglise. Et en même temps jamais paraphrase des récits évangéliques ne fut à la fois plus vive et plus saisissante. On a cru qu'un livre ayant ces qualités méritait d'être connu de ce côté du Rhin, et qu'il n'était pas impossible de le goûter tel qu'il est, sans s'inquiéter de la singularité de son origine.

Le traducteur toutefois ne s'est point dissimulé que cette publication s'adresse avant tout à des chrétiens, c'est-à-dire à des hommes qui ont le droit de se montrer rigoureux, exigeants même sur ce qui touche d'aussi prés des faits qui sont de foi pour eux. Il sait que saint Bonaventure et beaucoup d'autres, en paraphrasant l'histoire évangélique, ont mêlé des détails purement traditionnels à ceux qui sont consignés dans le teste sacré ; mais il n'a point été pleinement rassuré par ces exemples. Saint Bonaventure n'a prétendu être que paraphraste : il y a ici, ce me semble, quelque chose de plus.

Note : cette préface est celle de la première édition, publiée en 1835.



Bien que la pieuse fille ait elle-même donné le nom de rêves à tout ceci ; bien que celui qui a rédigé ses récits repousse comme un blasphème l'idée de donner en quelque sorte l'équivalent d'un cinquième Evangile. Il est clair que les confesseurs qui ont exhorté la soeur Emmerich à raconter ce qu'elle voyait, que le poète célèbre qui a passé quatre ans prés d'elle, assidu à recueillir ses paroles, que les évêques allemands qui ont encouragé la publication de son livre, ont vu là autre chose qu'une paraphrase. Quelques explications sont nécessaires à cet égard.

Beaucoup d'ouvrages de Saints nous font entrer dans un monde très extraordinaire, et, si je l'ose dire, tout miraculeux. Il y a eu de tout temps des révélations sur le passé, le présent, l'avenir, ou même sur les choses tout à fait inaccessibles à la pensée humaine. On incline dans ce siècle à expliquer tout cela par un état maladif, par des hallucinations. L'Eglise, elle, au témoignage de ses docteurs les plus approuvés, reconnaît trois extases : l'une purement naturelle, dont une certains affection physique et une certaine disposition de l'imagination font tous les frais ; l'autre divins ou angélique, venant de communications méritées avec le monde supérieur ; une troisième, enfin, produite par l'action infernale (1). Pour ne pas faire un livre au lieu d'une préface, nous ne nous livrerons à aucun développement sur cette doctrine, qui nous parait très philosophique, et sans laquelle on ne peut donner d'explications satisfaisantes sur l'âme humaine et ses diverses modifications.

Note : voyez à ce sujet l'ouvrage du cardinal Bona, De Discretione spirituum.



L'Eglise, au reste, indique les moyens de reconnaître quel est l'esprit qui produit ces extases, conformément au mot de saint Jean : Probate spiritus, si ex Deo sunt. Les faits examinés suivant certaines règles, il y a eu de tout temps un triage fait par elle. Nombre de personnes ayant été habituellement dans l'état d'extase ont été canonisées, et leurs livres approuvés.



Mais cette approbation s'est bornée, en général, à déclarer que ces livres n'avaient rien de contraire à la foi et qu'ils étaient propres à nourrir la piété. Car l'Eglise n'est fondée que sur la parole de Jésus-Christ, sur la révélation faite aux apôtres Tout ce qui a pu être révélé depuis à des Saints n'a qu'une valeur contingente contestable même, l'Eglise ayant cela d'admirable qu'avec son inflexible unité dans le dogme, elle laisse à l'esprit, en tout le reste, une grande liberté. Ainsi, l'on peut croire aux révélations particulières, surtout lorsque ceux qui en ont été favorisés ont été élevés par l'Eglise au rang des Saints qu'elle vénère par un culte public ; mais on peut aussi tout contester, même en ce cas, sans sortir des limites de l'orthodoxie. C'est alors à la raison à discuter et à choisir.

Quant à la règle de discernement entre le bon esprit et l'esprit mauvais, elle n'est autre selon tous les théologiens que celle de l'Evangile : A fructibus eorum cognoscetis eos. Il tant éprouver d'abord si la personne qui dit avoir des révélations se défie de ce qui se passe en elle ; si elle préféra une voie plus commune ; si, loin de se vanter des grâces extraordinaires qu'elle reçoit, elle s'applique à les cacher et ne les fait connaître que par obéissance ; si elle va toujours croissant en humilité, en mortification, en charité. Puis, allant au fond des révélations elles-mêmes, il faut voir si elles n'ont rien de contraire à la foi ; si elles sont conformes à l'Ecriture et aux traditions apostoliques, si elles sont racontées dans un esprit particulier ou dans l'esprit de soumission à l'Eglise. La lecture de la vie d'Anne-Catherine Emmerich et celle de son livre prouveront qu'elle est parfaitement en règle à tous égards.

Ce livre a beaucoup de rapports avec ceux d'un nombre considérable de Saints ; il en est de même de la vie d'Anne-Catherine, qui présente avec leur vie la plus frappante ressemblance. On n'a qu'à lire, pour s'en convaincre, ce qui est raconté de saint François d'Assise, de saint Bernard, de sainte Brigitte, de sainte Hildegarde, des deux saintes Catherine de Gênes et de Sienne, de saint Ignace, de saint Jean de la Croix, de sainte Thérèse, d'une infinité d'autres moins connus. Nous pouvons renvoyer également aux écrits de ces saints personnages. Cela posé, il est bien évident qu'en regardant la soeur Emmerich comme animée du bon esprit, on n'attribue pas à son livre plus de valeur que l'Eglise n'en accorde à ceux de ce genre. Ils sont édifiants et peuvent exciter la piété : c'est là leur objet. Il ne faut point exagérer leur importance en tenant pour avéré qu'ils viennent de communications proprement divines, faveur si haute qu'on ne doit y croire qu'avec la circonspection la plus scrupuleuse.

A ne parler que de l'écrit que nous publions, nous avouerons sans détour qu'il y a un argument contre la complète identité de ce qu'on va lire avec ce qu'a pu dire la pieuse fille : c'est la supériorité d'esprit de celui qui a tenu la plume à sa place. Certes nous croyons à la bonne foi parfaite de M. Clément Brentano, parce que nous le connaissons et que nous l'aimons. D'ailleurs sa piété exemplaire, sa vie séparée du monde où il ne tiendrait qu'à lui d'être entouré d'hommages, sont une garantie pour tout esprit impartial. Tel poème qu'il pourrait publier, s'il le voulait, le placerait définitivement à la tête des poètes de l'Allemagne, tandis que la position de secrétaire d'une pauvre visionnaire ne lui a guère valu que des railleries. Nous n'entendons point affirmer néanmoins qu'en mettant aux entretiens de la soeur Emmerich l'ordre et la suite qui n'y étaient pas, qu'en y ajoutant son style, il n'ait pu, comme à son insu, arranger, expliquer, embellir. Il n'y aurait rien là qui altérât le fond du récit original ; rien qui inculpât la sincérité de la religieuse, ni celle de l'écrivain.

Le traducteur fait profession d'être de ceux qui ne comprennent pas qu'on écrive pour écrire et sans se demander compte des résultats ultérieurs. Le livre, tel qu'il est, lui a paru tout ensemble un bon livre d'édification et un beau livre de poésie. Ce n'est pas de la littérature, on le sent assez. La fille illettrée dont on donne ici les visions, et le chrétien si vrai qui les a recueillies avec le désintéressement littéraire le plus absolu, n'en ont jamais eu la pensée. Et pourtant bien peu d'oeuvres d'art, nous le croyons, peuvent produire un effet comparable à celui de cette lecture. Nous espérons que les gens du monde en seront frappés, au moins sous ce rapport, et que la vive impression que plusieurs en auront reçue sera un acheminement à de sentiments meilleurs et peut-être à des résultats durables.

Puis nous ne sommes pas fâché d'appeler un peu d'attention sur tout un ordre de phénomènes qui a précédé la fondation de l'Eglise, qui s'est perpétué depuis presque sans interruption, et qu'un trop grand nombre de chrétiens est prêt à rejeter absolument, soit par ignorance et par irréflexion, soit par pur respect humain. Il y a là tout un côté de l'homme à explorer du point de vue historique, psychologique et physiologique, et il serait temps que les esprits sérieux y portassent des regards attentifs et consciencieux.

Aux lecteurs tout à fait chrétiens, nous devons faire savoir que l'approbation ecclésiastique n'a point manqué à cette publication. Elle a été préparée sous les yeux des deux derniers évêques de Ratisbonne, Sailer et Wittmann. Ces noms sont peu connus en France ; mais, en Allemagne, ils signifient science, piété fervente, ardente charité, vie dévouée au maintien et à la propagation de l'orthodoxie catholique. Bien des ecclésiastiques français ont pensé que la traduction d'un pareil livre ne pourrait qu'aviver la piété, sans favoriser cette faiblesse d'esprit qui incline à donner aux révélations particulières plus d'importance en quelque sorte qu'à la révélation générale, et par suite à mettre des croyances libres à la place des croyances obligées.

Nous avons la confiance que personne ne sera blessé de certains détails sur les outrages soufferts par Jésus-Christ durant sa Passion. On se rappellera le mot du Prophète Vermis et non homo... opprobrium hominum et abjectio plebis ; et celui de l'Apôtre : Tentatum per omnia pro similitudine, absque peccato. Si nous avions besoin d'un exemple, nous prierions qu'on voulût bien se souvenir de la crudité de langage avec laquelle Bossuet retrace les mêmes scènes dans le plus admirable de ses quatre sermons sur la Passion du Sauveur. Il y a d'ailleurs dans les livres publiés depuis quelques années tant de belles phrases platoniciennes ou rhétoriciennes sur cette entité abstraite à laquelle on veut bien donner le nom chrétien de Verbe ou de Logos, qu'il n'y a pas de mal à montrer l'Homme-Dieu, le Verbe fait chair dans toute la réalité de sa vie terrestre, de ses humiliations et de ses souffrances. La vérité, ce semble, n'y perd rien, et l'édification moins encore.




LA DERNIERE CENE DE N.-S. JÉSUS-CHRIST

AVANT PROPOS

103 Celui qui comparera les Méditations suivantes avec le court récit de la sainte Cène dans l’Evangile, sera peut-être frappé de quelques légères différences qui s'y trouvent. Une explication doit être donnée à ce sujet, bien que cet écrit, on ne le dira jamais trop, n'ait point la prétention d'ajouter quoi que ce soit à l'Ecriture saint. telle qu'elle a été interprétée par l'Eglise.

La soeur Emmerich a vu dans l'ordre suivant les circonstances de la Cène : l'agneau pascal est immolé et préparé dans le Cénacle ; le Seigneur tient un discours à cette occasion ; les convives mettent des habits de voyage ; ils mangent debout, à la hâte, l'agneau et les autres mets prescrits par la loi ; on présente deux fois au Seigneur une coupe de vin, il n'en boit pas la seconde fois, mais il la distribue à ses apôtres, en disant : « Je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, etc ». Ils se mettent à table, Jésus parle du traître ; Pierre craint que ce ne soit lui, Judas reçoit du Seigneur le morceau de pain qui le désigne ; on s’apprête pour le lavement des pieds ; dispute entre les apôtres sur la prééminence : reproches que leur fait Jésus, lavement des pieds ; Pierre ne veut pas que ses pieds soient lavés ; les pieds de Judas aussi sont lavés ; institution de l'Eucharistie, Judas communie et quitte la salle ; consécration des huiles et instruction à ce sujet, ordination de Pierre et des autres apôtres ; dernier discours du Seigneur ; protestations de Pierre ; fin de la Cène. En adoptant cet ordre, il semble d'abord que l'on se mette en contradiction avec les passages de saint Matthieu (
Mt 26,29), et de saint Marc (Mc 14,20) où ces paroles : Je ne boirai pas avec vous, etc., se trouvent après la consécration, mais dans saint Luc elles sont auparavant. Au contraire, les paroles relatives au traître Judas sont ici comme dans saint Matthieu et dans saint Marc, avant la consécration dans saint Luc elles ne viennent qu'après. Saint Jean qui ne raconte pas l'institution de l'Eucharistie, fait entendre que Judas sortit tout de suite après que Jésus lui eut présenté le pain ; mais il est très vraisemblable, d'après le texte des autres Evangélistes, que Judas reçut la sainte communion sous les deux espèces, et plusieurs des Pères, saint Augustin, saint Grégoire le Grand, saint Léon le Grand, le disent expressément ainsi que la tradition de l'Eglise catholique. (Voir dom Ménard, sur le Sacramentaire de Saint Grégoire, note 266.) D'ailleurs le récit de saint Jean, si l'on prenait à la lettre l'ordre dans lequel les faits sont présentés, le mettrait en contradiction non seulement avec saint Matthieu et saint Marc, mais avec lui-même, car il résulte du verset 10, c. XIII (Jn 13,10), que Judas aussi eut les pieds lavés. Or, le lavement des pieds eut lieu, selon lui, après qu'on eût mangé l'agneau pascal, et ce fut nécessairement pendant qu'on le mangeait que Jésus présenta le pain au traître. Il est clair que les Evangélistes, ici comme en d'autres endroits, préoccupés de l'essentiel, ne se sont point astreints à raconter les détails dans un ordre rigoureux, ce qui explique suffisamment les contradictions apparentes qui existent entre eux. Les contemplations suivantes paraîtront, à qui les lira avec attention, plutôt une concordance simple et naturelle des Evangiles, qu'un récit différent en quoi que ce soit d'essentiel de celui de l'Ecriture sainte. Quant à ce qui concerne Melchisédech, il ne faut pas confondre les passages où il est présenté comme un ange, avec une ancienne hérésie d'après laquelle il est le Christ lui-même ou le Saint Esprit ou un Eon. Les termes de l'Epître aux Hébreux semblent désigner un ange, et si la plupart des théologiens, depuis saint Jérôme, ne les ont pas interprétés dans ce sens, c'est uniquement pour ne pas donner un prétexte, même éloigné, à cette hérésie.



LA DERNIERE CENE DE N. S. JESUS CHRIST

1. PREPARATIFS DE LA PAQUE

1 Le jeudi saint, 13 nisan (29 mars).

Jésus étant âgé de trente-trois ans dix-huit semaines moins un jour.



Note (1) Elle voit le jour de la naissance historique de J.-C. au 30 novembre.



C'est hier soir qu'eut lieu le dernier grand repas du Seigneur et de ses amis, dans la maison de Simon le lépreux, à Béthanie, où Marie-Madeleine répandit pour la dernière fois des parfums sur Jésus : Judas se scandalisa à cette occasion ; il courut à Jérusalem, et complota encore avec les princes des prêtres pour leur livrer Jésus. Apres le repas, Jésus revint dans la maison de Lazare, et une partie des apôtres se dirigea vers l'auberge située en avant de Béthanie. Dans la nuit, Nicodème vint encore chez Lazare, et s'entretint longtemps avec le Seigneur ; il retourna à Jérusalem avant le jour, et Lazare l'accompagna une partie du chemin.

Les disciples avaient déjà demandé à Jésus où il voulait manger la Pâque. Aujourd'hui, avant l'aurore, le Seigneur fit venir Pierre, Jacques et Jean : il leur parla beaucoup de tout ce qu'ils avaient à préparer et à ordonner à Jérusalem, et leur dit que, lorsqu'ils monteraient à la montagne de Sion, ils trouveraient l'homme à la cruche d'eau ; ils connaissaient déjà cet homme, car, à la dernière Pâque, à Béthanie, c'était lui qui avait préparé le repas de Jésus ; voilà pourquoi saint Matthieu dit : un certain homme. Ils devaient le suivre jusqu'à sa maison, et lui dire : " Le maître vous fait savoir que son temps est proche, et qu'il veut faire la Pâque chez vous ". Ils devaient ensuite se faire montrer le Cénacle qui était déjà préparé, et y faire toutes les dispositions nécessaires.



Je vis les deux apôtres monter à Jérusalem en suivant un ravin au midi du Temple, vers le côté septentrional de Sion. Sur le flanc méridional de la montagne du temple il y avait des rangées de maisons : ils marchaient vis-à-vis ces maisons en remontant un torrent qui les en séparait Lorsqu'ils eurent atteint les hauteurs de Sion qui dépassent la montagne du Temple, ils se dirigèrent vers le midi, st rencontrèrent, au commencement d'une petite montée, dans le voisinage d'un vieux bâtiment à plusieurs cours, l'homme qui leur avait été désigné : ils le suivirent et lui dirent ce que Jésus leur avait ordonné. Il se réjouit fort à cette nouvelle, et leur répondit qu'un repas avait déjà été commandé chez lui (probablement par Nicodème), qu'il ne savait pas pour qui, et qu'il était charmé d'apprendre que c'était pour Jésus. Cet homme était Héli, beau-frère de Zacharie d'Hébron, dans la maison duquel Jésus, l'année précédente, avait annoncé la mort de Jean-Baptiste. Il n'avait qu'un fils, lequel était lévite, et lié d'amitié avec Luc, avant que celui-ci ne fût venu au Seigneur, et en outre, cinq filles non mariées. Il allait tous les ans à la fête de Pâques avec ses serviteurs, louait une salle et préparait la Pâque pour des personnes qui n'avaient pas d'hôte dans la ville. l

Cette année, il avait loué un Cénacle, qui appartenait à Nicodème et à Joseph d'Arimathie. Il en montra aux deux apôtres la situation et la distribution intérieure.






2. LE CÉNACLE

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Sur le côté méridional de la montagne de Sion, non loin du château ruiné de David et du marché qui monte vers ce château du côté du levant, se trouve un ancien et solide bâtiment entre des rangées d'arbres touffus, au milieu d'une cour spacieuse environnée de bons murs. A droite et à gauche de l'entrée, on voit dans cette cour d'autres bâtisses attenant au mur, notamment à droite, la demeure du majordome, et tout auprès, celle où la sainte Vierge et les saintes femmes se tinrent le plus souvent après la mort de Jésus. Le Cénacle, autrefois plus spacieux, avait alors servi d'habitation aux hardis capitaines de David, et ils s'y exerçaient au maniement des armes. Avant la fondation du Temple, l'arche d'alliance y avait été déposée assez longtemps, et il y a encore des traces de son séjour dans un lieu souterrain. J'ai vu aussi le prophète Malachie caché sous ces mêmes voûtes : il y écrivait ses prophéties sur le saint Sacrement et le sacrifice de la Nouvelle Alliance. Salomon honora cette maison, et il y faisait quelque chose de symbolique et de figuratif que j'ai oublié. Lorsqu'une grande partie de Jérusalem fut détruite par les Babyloniens, cette maison fut épargnée. J'ai vu bien d'autres choses à son sujet, mais je n'en ai retenu que ce que je viens de dire.

Cet édifice était en très mauvais état lorsqu'il devint la propriété de Nicodème et de Joseph d'Arimathie : ils avaient disposé très commodément le bâtiment principal, qu’ils louaient pour servir de Cénacle aux étrangers que les fêtes de Pâques attiraient à Jérusalem. C'est ainsi que le Seigneur s'en était servi à la dernière Pâque. En outre, la maison et ses dépendances leur servaient, pendant toute l'année, de magasin pour des pierres tumulaires et autres, et d'atelier pour leurs ouvriers : car Joseph d'Arimathie possédait d'excellentes carrières dans sa patrie, et il en faisait venir des blocs de pierre, dont on faisait sous sa direction des tombes, des ornements d'architecture et des colonnes qu'on vendait ensuite. Nicodème prenait part à ce commerce, et lui-même aimait à sculpter dans ses moments de loisir. Il travaillait dans la salle ou dans un souterrain qui était au-dessous, excepté à l'époque des fêtes : ce genre d'occupation l'avait mis en rapport avec Joseph d’Arimathie ; ils étaient devenus amis et s'étaient souvent associés dans leurs entreprises.

Ce matin, pendant que Pierre et Jean, envoyés de Béthanie par Jésus, s'entretenaient avec l'homme qui avait loué le Cénacle pour cette année, Je vis Nicodème aller et venir dans les bâtiments à gauche de la cour où l'on avait transporté beaucoup de pierres qui obstruaient les abords de la salle à manger. Huit jours auparavant, j'avais vu plusieurs personnes occupées à mettre des pierres de côté, à nettoyer la cour et à préparer le Cénacle pour la célébration de la Pâque ; je pense même qu'il y avait parmi elles des disciples, peut-être Aram et Themeni, les cousins de Joseph d'Arimathie.

Le Cénacle proprement dit est à peu près au milieu de la cour, un peu dans le fond ; c'est un carré long, entouré d'un rang de colonnes peu élevées, qui, si l'on dégage les intervalles entre les piliers, peut être réuni à la grande salle intérieure, car tout l'édifice est comme à jour et repose sur des colonnes et des piliers ; seulement, dans les temps ordinaires, les passages sont fermés par des entre-deux. La lumière entre par des ouvertures au haut des murs. Sur le devant, on trouve d'abord un vestibule, où conduisent trois entrées ; puis on arrive dans la grande salle intérieure, au plafond de laquelle pendent plusieurs lampes : les murs sont ornés pour la fête, jusqu'à moitié de leur hauteur, de belles nattes ou de tapis, et on a pratiqué dans le haut une ouverture, où l'on a étendu comme une gaze bleue transparente.

Le derrière de cette salle est séparé du reste par un rideau du même genre. Cette division en trois parties donne au Cénacle une ressemblance avec le Temple ; on y trouve aussi le parvis, le Saint et le Saint des Saints. C'est dans cette dernière partie que sont déposés, à droite et à gauche, les vêtements et les objets nécessaires à la célébration de la fête. Au milieu est une espèce d'autel. Hors du mur sort un banc de pierre élevé sur trois marches ; sa forme est celle d'un triangle rectangle dont la pointe est tronquée ; ce doit être la partie supérieure du fourneau où l'on fait rôtir l'agneau pascal, car aujourd'hui, pendant le repas, les marches qui sont autour étaient tout à fait chaudes. Il y a sur le côté une sortie conduisant dans la salle qui est derrière cette pierre saillante. C’est là qu'on descend à l'endroit où l'on allume le feu : on arrive aussi par là à d'autres caveaux voûtés, situés au-dessous de la salle. L'autel ou la pierre saillante renferme divers compartiments, comme des caisses ou des tiroirs à coulisse. Il y a aussi en haut des ouvertures, une espèce de grille en fer, une place pour faire le feu, une autre pour l'éteindre.

Je ne puis pas décrire textuellement tout ce qui se trouve là : cela semble être une espèce de foyer pour faire cuire des pains azymes et d'autres gâteaux pour la Pâque, ou encore pour brûler des parfums et certains restes du repas après la fête : c'est comme une cuisine pascale. Au-dessus de ce foyer ou de cet autel se détache de la muraille une sorte de niche en bois : plus haut se trouve une ouverture avec une soupape, probablement pour laisser sortir la fumée. Devant cette niche ou au-dessus je vis l'image d'un agneau pascal : il avait un couteau dans la gorge et il semblait que son sang coulât goutte à goutte sur l'autel ; Je ne me souviens plus bien comment cela était fait. Dans la niche de la muraille, sont trois armoires de diverses couleurs qu'on fait tourner comme nos tabernacles pour les ouvrir ou les fermer ; j'y vis toutes espèces de vases pour la Pâque et des écuelles rondes ; plus tard, le saint Sacrement y reposa.

Dans les salles latérales du Cénacle sont des espèces de couches en maçonnerie disposées en plan incliné, où se trouvent d'épaisses couvertures roulées ensemble, et où l'on peut passer la nuit. Sous tout l'édifice se trouvent de belles caves. L'Arche d'alliance fut déposée autrefois au-dessous de l'endroit même où le foyer a été depuis construit. Sous la maison se trouvent cinq rigoles, qui conduisent les immondices et les eaux sur la pente de la montagne car la maison est située sur un point élevé. J'ai vu précédemment Jésus y guérir et y enseigner : les disciples aussi passaient souvent la nuit dans les salles latérales.



3. DISPOSITIONS POUR LE REPAS PASCAL

3 Lorsque les apôtres eurent parlé à Héli d'Hébron, celui-ci rentra dans la maison par la cour : pour eux, ils tournèrent à droite et descendirent au nord à travers Sion. Ils passèrent un pont et gagnèrent, par un sentier couvert de broussailles, l'autre côté du ravin qui est en avant du Temple et la rangée de maisons qui se trouve au sud de cet édifice.

Là était la maison du vieux Siméon, mort dans le Temple après la présentation du Christ ; et ses fils, dont quelques-uns étaient secrètement disciples de Jésus, y logeaient actuellement. Les apôtres parlèrent à l'un d'eux, qui avait un emploi dans le Temple ; c'était un homme grand et très brun. Ils allèrent avec lui à l'est du Temple, à travers cette partie d'Ophel par où Jésus était entré dans Jérusalem, le jour des Rameaux, et gagnèrent le marché aux bestiaux, situé dans la partie de la ville qui est au nord du Temple. Je vis dans la partie méridionale de ce marché de petits enclos où de beaux agneaux sautaient sur le gazon comme dans de petits jardins. C'étaient les agneaux de la Pâque qu'on achetait là. Je vis le fils de Siméon entrer dans l'un de ces enclos : les agneaux sautaient après lui et le poussaient avec leurs têtes comme s'ils l'eussent connu. Il en choisit quatre, qui furent portés au Cénacle. Je le vis dans l’après-midi s'occuper, au Cénacle, de la préparation de l’agneau pascal.

Je vis Pierre et Jean aller encore dans différents endroits de la ville et commander divers objets. Je les vis aussi devant une porte, au nord de la montagne du Calvaire, dans une maison où logeaient la plupart du temps les disciples de Jésus, et qui appartenait à Séraphia (tel était le nom de celle qui fut appelée depuis Véronique). Pierre et Jean envoyèrent de là quelques disciples au Cénacle et les chargèrent de quelques commissions que j'ai oubliées.

Ils entrèrent aussi dans la maison de Séraphia, où ils avaient plusieurs arrangements à prendre. Son mari, membre du conseil, était la plupart du temps hors de chez lui pour ses affaires, et même lorsqu'il était à la maison, elle le voyait peu. C'était une femme à peu prés de l'âge de la sainte Vierge, et depuis longtemps en relation avec la sainte Famille ; car lorsque Jésus enfant resta à Jérusalem après la fête, c'était par elle qu'il était nourri. Les deux apôtres prirent là divers objets, qui furent ensuite portés au Cénacle par des disciples, dans des paniers couverts. C'est là aussi qu'on leur donna le calice dont le Seigneur se servit pour l'institution de la sainte Eucharistie.




4. DU CALICE DE LA SAINTE CENE

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Le calice que les apôtres emportèrent de chez Véronique est un vase merveilleux et mystérieux. Il était resté longtemps dans le Temple, parmi d'autres objets précieux d'une haute antiquité dont on avait oublié l'usage et l'origine. Quelque chose de semblable est arrivé dans l'Eglise chrétienne, où bien des objets sacrés, précieux par leur beauté et leur antiquité, sont tombes dans l'oubli avec le temps. On avait souvent mis au rebut, vendu, ou fait remettre à neuf de vieux vases et de vieux bijoux enfouis dans la poussière du Temple. C'est ainsi que, par la permission de Dieu, ce saint vase, qu'on n'avait jamais pu fondre à cause de sa matière inconnue, avait été trouvé par les prêtres modernes dans le trésor du Temple parmi d'autres objets hors d'usage, puis vendu à des amateurs d'antiquité. Ce calice, acheté par Séraphia avec tout ce qui s'y rattachait, avait déjà servi plusieurs fois à Jésus pour la célébration des fêtes et à dater de ce jour, il devint la propriété constante de la sainte communauté chrétienne. Ce vase n'avait pas toujours été dans son état actuel : je ne me souviens plus quand on avait mis ensemble les diverses pièces dont il se composait maintenant, ni si c'était par l'ordre du Seigneur. Quoi qu'il en soit, on y avait joint une collection portative d'objets accessoires, qui devaient servir pour l’Institution de la sainte Eucharistie. Le grand calice était posé sur un plateau dont on pouvait tirer encore une sorte de tablette, et autour de lui étaient six petits verres. Je ne me souviens plus si la tablette contenait des choses saintes. Dans ce grand calice se trouvait un autre petit vase ; au-dessus un petit plat, puis un couvercle bombé. Dans le pied du calice était assujettie une cuillère qu'on en tirait facilement. Tous ces vases étaient recouverts de beaux linges et renfermés dans une enveloppe en cuir, si je ne me trompe : celle-ci était surmontée d'un bouton. Le grand calice se compose de la coupe et du pied qui doit avoir été ajouté plus tard, car ces deux parties sont d'une matière différente. La coupe présente une masse brunâtre et polie en forme de poire ; elle est revêtue d'or, et il y a deux petites anses par où on peut la prendre, car elle est assez pesante. Le pied est d'or vierge artistement travaillé ; il est orné dans le bas d'un serpent et d'une petite grappe de raisin, et enrichi de pierres précieuses.

Le grand calice est resté dans l'église de Jérusalem, auprès de saint Jacques le Mineur, et je le vois maintenant encore conservé quelque part dans cette ville ; il reparaîtra au jour, comme il y est reparu cette fois. D'autres églises se sont partagé les petites coupes qui l'entourent ; l'une d'elles est allée à Antioche, une autre à Éphèse : chacune des sept églises a eu la sienne. Elles appartenaient aux patriarches qui y buvaient un breuvage mystérieux, lorsqu'ils recevaient et donnaient la bénédiction, ainsi que je l'ai vu plusieurs fois.

Le grand calice était déjà chez Abraham : Melchisédech l'apporta avec lui du pays de Sémiramis dans la terre de Chanaan, lorsqu'il commença quelques établissements au lieu où fut plus tard Jérusalem ; il s'en servit lors du sacrifice où il offrit le pain et le vin en présence d'Abraham, et il le laissa à ce patriarche. Ce vase avait été aussi dans l'arche de Noé.



« Voici des hommes, de beaux hommes qui viennent d'une superbe ville : elle est bâtie à l'antique ; on y adore ce qu'on veut, on y adore même des poissons. Le vieux Noé, avec un pieu sur l'épaule, se tient dans le côté de l'arche ; le bois de construction est rangé tout autour de lui. Non, ce ne sont pas des hommes : ce doit être quelque chose de plus relevé, tant ils sont beaux et sereins ; ils apportent à Noé le calice qui, sans doute, a été égaré quelque part. Je ne sais pas comment s'appelle cet endroit. Il y a dans le calice une espèce de grain de blé, mais plus gros que les nôtres ; c'est comme une graine de tournesol ; et il y a aussi une petite branche de vigne. Ils parlent à Noé de sa grande célébrité ; ils lui disent de prendre ce calice avec lui, qu'il y a là quelque chose de mystérieux. Voyez, il met le grain de blé et la petite branche de vigne dans une pomme jeune qu'il place dans la coupe. Il n'y a point de couvercle au-dessus, car ce qu'il y a mis doit toujours croître en dehors. Le calice est fait d'après un modèle qui, je crois, est sorti de terre quelque part, d'une façon merveilleuse. Il y a là un mystère, mais il est fait sur ce modèle. Ce calice est celui que j'ai vu figurer dans la grande parabole 1, à l'endroit où était le buisson ardent. Le grain de froment s’est développé jusqu'à l'époque de Jésus-Christ ».



Note (1) Ceci se rapporte à une grande parabole symbolique touchant la réparation du genre humain dès le commencement que malheureusement elle ne raconta pas entièrement et qu’elle oublia ensuite. Dans cette occasion même elle ne parla pas du buisson ardent : toutefois le buisson ardent de Moïse avait dans d’autres visions une forme semblable à celle du calice.



La Soeur raconta tout ce qu’il vient d'être dit du calice dans un état d'intuition tranquille et voyant devant elle tout ce qu'elle décrivait. Souvent elle semblait lutter contre ce qui se présentait à elle et poussait des exclamations émouvantes. Pendant son récit relatif à Noé, elle était tout absorbée dans sa vision. A la fin, elle poussa un cri d’effroi, regarda autour d'elle et dit : " Ah ! j'ai peur d'être obligée d'entrer dans l'arche ; je vois Noé, et je croyais que les grandes eaux arrivaient ". Plus tard, étant tout à fait revenue à son état naturel, elle dit : " Ceux qui ont apporté le calice à Noé portaient de longs vêtements blancs et ressemblaient aux trois hommes qui vinrent chez Abraham et lui promirent que Sara enfanterait. Il m'a semblé qu'ils enlevaient de la ville quelque chose de saint qui ne devait pas être détruit avec elle et qu'ils le donnaient à Noé. La ville même périt dans le déluge avec tout ce qu'elle contenait. Le calice fut à Babylone, chez des descendants de Noé restés fidèles au vrai Dieu, ils étaient tenus en esclavage par Sémiramis. Melchisédech les conduisit dans la terre de Chanaan et emporta le calice. Je vis qu'il avait une tente près de Babylone, et qu'avant de les emmener, il y bénit le pain et le leur distribua, sans quoi ils n'auraient pas eu force de le suivre. Ces gens avaient un nom comme Samanéens. Il se servit d'eux et de quelques Chananéens habitant des cavernes, lorsqu'il commença à bâtir sur les collines sauvages où fut depuis Jérusalem ".



Il fit des fondations profondes à la place où furent ensuite le Cénacle et le Temple et aussi vers le Calvaire. Il y planta le blé et la vigne. " Après le sacrifice de Melchisédec, le Calice resta chez Abraham. Il alla aussi en Egypte, et Moise en fut possesseur. Il était fait d'une matière singulière, compacte, comme celle d'une cloche, et qui ne semblait pas avoir été travaillée comme les métaux, mais être le produit d'une sorte de végétation. J'ai vu à travers (1). Jésus seul savait ce que c'était ".

Note (1) il est difficile de savoir si elle voulait dire par là que le calice était transparent ou qu'elle a vu à travers, d'une façon surnaturelle.




Brentano - Emmerich: Douloureuse Passion