Ecclesia in Oceania FR 27

Droits humains

27 Les Pères synodaux ont vraiment insisté sur la nécessité pour les populations de l'Océanie de prendre davantage conscience de la dignité humaine, qui repose sur le fait que tous sont créés à l'image de Dieu (cf. Gn Gn 1,26). Le respect de la personne implique le respect des droits inviolables qui découlent de la dignité même de toute personne. Tous ces droits fondamentaux sont antérieurs à la société et doivent être reconnus par elle.(96) Le manque de respect de la dignité ou des droits d'une autre personne est contraire à l'Évangile et destructeur pour la société humaine. L'Église encourage les jeunes et les adultes à s'opposer activement à l'injustice et au non-respect des droits humains, dont certains sont menacés en Océanie ou ont besoin d'y être plus largement respectés.

Parmi eux, le droit au travail et à l'emploi, pour que les gens puissent subvenir eux-mêmes à leurs besoins, nourrir et élever leur famille. Le chômage des jeunes est un souci majeur; dans certains pays, il entraîne un nombre croissant de suicides chez les jeunes. Les syndicats peuvent jouer un rôle particulier en défendant les droits des travailleurs. Pour être fidèles à leur vocation, les hommes politiques, les membres de gouvernements et le personnel de la police doivent être honnêtes et refuser la corruption sous toutes ses formes, car elle est toujours une grave injustice envers les citoyens. En travaillant avec les hommes politiques, avec les chefs d'entreprises et les responsables de la vie sociale, les responsables de l'Église peuvent apporter une collaboration utile pour mettre en place des règles éthiques au service du bien commun et pour s'assurer qu'elles sont mises en oeuvre.

Sans prétendre être des experts en ce domaine, les responsables de l'Église doivent se tenir bien informés des questions économiques et de leur impact dans la société. Les Pères du Synode ont rappelé qu'« une théorie qui fait du profit la règle exclusive et la fin ultime de l'activité économique est moralement inacceptable ».(97) Le prétendu « rationalisme économique »(98) est une doctrine qui tend à diviser de plus en plus pays riches et pays pauvres, communautés et individus. Les petites nations de l'Océanie sont particulièrement vulnérables aux politiques économiques fondées sur une philosophie sociale de ce type, car une telle philosophie a un sens affaibli de la justice distributive et elle est trop peu préoccupée de s'assurer que chacun a les moyens de vivre et la possibilité d'un développement intégral. Le fait que les familles souffrent de cette politique économique est particulièrement inquiétant. Les Évêques ont noté un autre phénomène destructeur en Océanie: la diffusion des jeux d'argent, surtout dans les casinos, qui font miroiter la promesse d'apporter une solution rapide et spectaculaire aux ennuis financiers, mais qui ne font qu'entraîner les gens dans des difficultés beaucoup plus grandes.

(96) Cf. Catéchisme de l'Église catholique, n. CEC 2273.
(97) Ibid., n. CEC 2424.


Les populations autochtones

28 Des politiques économiques injustes ont des effets particulièrement désastreux sur les populations autochtones, sur les jeunes nations et sur leurs cultures traditionnelles; et l'Église a le devoir d'aider les autochtones à préserver leur identité culturelle et à garder leurs traditions. Le Synode a vivement encouragé le Saint-Siège à continuer de défendre la Déclaration des Nations unies sur les Droits des Peuples autochtones.(99)

La situation des Aborigènes d'Australie qui luttent pour la survie de leur culture représente un cas particulier. Pendant des milliers d'années, ils se sont efforcés de vivre en harmonie avec l'environnement souvent rude de leur « grand pays »; mais aujourd'hui leur identité et leur culture sont gravement menacées. Ces derniers temps, toutefois, leurs efforts conjoints pour assurer leur survie et obtenir justice ont commencé à porter des fruits. Dans la salle du Synode, on a souvent entendu ce récit typique de la vie de l'arbrisseau australien: « Si vous restez étroitement unis, vous êtes comme un arbre dressé au milieu d'un incendie qui fait rage dans la brousse. Les feuilles sont roussies, et la dure écorce est couturée de cicatrices et de brûlures; mais à l'intérieur de l'arbre la sève continue de couler et, au-dessous du sol, les racines sont toujours aussi vivaces. Comme cet arbre, vous avez subi les flammes et vous avez toujours le pouvoir de renaître. Le moment de cette nouvelle naissance est venu ».(100) L'Église soutiendra la cause de tous les peuples autochtones qui cherchent à obtenir une reconnaissance juste et équitable de leur identité et de leurs droits;(101) et les Pères du Synode ont manifesté leur soutien aux aspirations des populations autochtones qui désirent obtenir une juste solution à la difficile question de l'aliénation de leurs terres.(102)

Chaque fois que des gouvernements ou leurs organismes ou même des communautés chrétiennes ont occulté la vérité, les torts causés aux populations autochtones doivent être honnêtement reconnus. Le Synode a soutenu la mise en place de « Commissions de la vérité »,(103) là où de telles commissions peuvent aider à trouver une solution aux injustices historiques et favoriser la réconciliation au sein d'une communauté ou au sein de la nation. On ne peut pas refaire l'histoire, mais en reconnaissant honnêtement les injustices passées on peut arriver à des mesures et à des attitudes qui aideront à corriger leurs conséquences néfastes aussi bien au sein de la communauté autochtone que dans l'ensemble de la société. L'Église exprime son profond regret et demande pardon pour toutes les fois où ses fils ou ses filles ont participé ou participent encore à ces injustices. Conscients des torts odieux causés aux populations autochtones de l'Océanie, les Pères du Synode ont présenté les plus vives excuses pour la participation de membres de l'Église à ces méfaits, surtout lorsqu'il s'agissait d'enfants enlevés de force à leurs familles.(104) Ils ont encouragé les gouvernements à poursuivre avec une énergie renouvelée les programmes visant à améliorer les conditions et le niveau de vie des groupes autochtones dans les domaines vitaux de la santé, de l'éducation, de l'emploi et du logement.

(98) Proposition 17.
(99) Cf. Proposition 18.
(100) Jean-Paul II, Allocution aux Aborigènes, Alice Springs (29 novembre 1986), n. 8: AAS 79 (1987), p. 976; La Documentation catholique 84 (1987), p. 62; cf. Proposition 18.
(101) Cf. Jean-Paul II, ibid., n. 10: l.c., pp. 976-977; La Documentation catholique, l.c., p. 62.
(102) Cf. Proposition 18.
(103) Cf. Proposition 17.
(104) Cf. Proposition 18.


L'aide au développement

29 Tout comme, dans l'Église primitive, les communautés chrétiennes étaient liées entre elles par l'hospitalité offerte aux pèlerins, par l'assistance mutuelle et par le partage des ressources matérielles et personnelles, la solidarité concrète entre les Églises particulières en Océanie rend visible au monde la communio.En de nombreux pays de l'Océanie, la vie économique est encore très dépendante d'aides internationales et elle doit compter sur un apport constant de fonds pour l'assistance au développement. Si des moyens de développement socio-économique sont généreusement accordés par les organismes internationaux, il est souvent plus difficile pour l'Église d'obtenir des aides directes en faveur de projets pastoraux, même si beaucoup d'entre eux vont bien au-delà des limites de la communauté catholique. Dans ce contexte, le Synode a recommandé que les organismes bailleurs de fonds liés à l'Église revoient leurs critères d'appréciation afin de soutenir par leurs dons les oeuvres apostoliques qui sont une nécessité préalable au développement social en vue de l'amélioration du niveau de vie.(105)

Les Pères synodaux ont aussi demandé que, dans les régions plus riches de l'Océanie, l'Église « partage ses ressources avec les diverses Églises locales du Pacifique et coopèrent également avec elles pour établir des relations avec les organismes bailleurs de fonds ».(106) De la même manière, l'Église en Océanie ne peut pas se sentir indifférente au sort d'Églises plus pauvres de l'Asie toute proche chaque fois qu'elles lui demandent aide et assistance. Le Synode a tenu à remercier les catholiques qui, par leurs généreuses contributions, en argent ou en services, ont soutenu des projets; il a particulièrement rendu hommage aux laïcs qui, dans des situations souvent difficiles, se sont dévoués à l'amélioration des conditions de vie en Océanie.

(105) Cf. Proposition 16.
(106) Ibid.


La sainteté de vie

30 Dans les sociétés plus riches et sécularisées de l'Océanie, le droit à la vie est celui qui est le plus menacé. Il y a en cela une profonde contradiction, car il s'agit souvent de sociétés qui parlent avec insistance des droits humains tout en contestant le plus fondamental de tous. Le Christ lui-même n'a-t-il pas dit: « Moi je suis venu pour que les hommes aient la vie et qu'il l'aient en abondance » (Jn 10,10)? En effet, « l'Évangile de la vie se trouve au coeur du message de Jésus ».(107) Dans le conflit actuel qui oppose une « culture de vie » à une « culture de mort », l'Église doit défendre le droit à la vie depuis le moment de la conception jusqu'à la mort naturelle, à tous les stades de son développement. Les valeurs morales et sociales qui devraient structurer la société ont leur fondement dans le caractère sacré de la vie, créée par Dieu. Pour aider nos contemporains à percevoir la véritable valeur de la vie, il faut leur faire clairement découvrir l'origine de l'humanité, qui se trouve en Dieu créateur, et sa destinée éternelle. Il ne s'agit pas pour l'Église de chercher à imposer à d'autres sa conception de la morale, mais bien d'être fidèle à sa mission de partager la vérité tout entière sur la vie, telle que Jésus Christ l'a enseignée. Défendre le caractère sacré de la vie est une conséquence de la conception chrétienne de l'existence humaine. Ce message, l'Église doit l'enseigner non seulement au sein de la communauté catholique, mais, d'une manière prophétique, à la société tout entière, afin de proclamer la puissance et la beauté de l'Évangile de la vie.

À cet égard, le témoignage des institutions catholiques de soins est essentiel, tout comme le rôle des médias pour la promotion des valeurs de la vie. Afin de présenter avec clarté et fidélité la position de l'Église sur les questions biomédicales et les problèmes de santé qui font l'objet de débats publics, les Évêques, les prêtres et les experts en droit et en médecine doivent recevoir une formation adéquate.(108) Il faut promouvoir la vie et affirmer sa sainteté face à toute menace de violence, quelle qu'en soit la forme, en particulier la violence contre les plus faibles - les personnes âgées, les mourants, les femmes, les enfants, les personnes handicapées et les enfants à naître.

(107) Jean-Paul II, Encycl. Evangelium vitae (25 mars 1995), n. EV 1: AAS 87 (1995), p. 401; La Documentation catholique 92 (1995), p. 351.
(108) Cf. Proposition 20.


L'environnement

31 L'Océanie est une partie du monde d'une grande beauté naturelle, dont bien des régions ont pu être préservées de toute pollution. Elle continue d'offrir aux peuples autochtones des lieux leur permettant de vivre en harmonie avec la nature, et réciproquement.(109) Parce que la création a été confiée à l'homme pour qu'il la gère, le monde naturel n'est pas seulement un ensemble de ressources à exploiter mais aussi une réalité à respecter et même à traiter avec révérence comme un don, comme un gage confié par Dieu. Les êtres humains ont reçu la mission de prendre soin des trésors de la création, de les conserver et de les cultiver. Les Pères du Synode ont invité les peuples de l'Océanie à se réjouir toujours de la gloire de la création en faisant monter leur action de grâce vers le Créateur.

Toutefois la beauté naturelle de l'Océanie n'a pas échappé aux ravages de l'exploitation humaine. Les Pères synodaux ont lancé un appel aux gouvernements et aux peuples de l'Océanie pour qu'ils protègent ce précieux environnement en vue du bien des générations actuelles et futures.(110) Ils ont envers l'ensemble de l'humanité la responsabilité toute particulière de veiller sur l'Océan Pacifique qui représente plus de la moitié des réserves d'eau de la planète. Le maintien de la salubrité de cet Océan et des autres mers est une question cruciale pour le bien-être des peuples non seulement en Océanie mais dans le monde entier.

Les ressources naturelles de l'Océanie doivent être protégées contre les orientations politiques nuisibles de certaines nations industrialisées et contre le pouvoir toujours croissant de sociétés internationales qui peuvent conduire à la déforestation, à la spoliation des terres, à la pollution des rivières par les activités minières, à la pêche massive d'espèces rentables, ou à la dégradation des fonds marins par des déchets industriels ou nucléaires. L'immersion de déchets nucléaires dans cette zone représente une menace supplémentaire pour la santé des populations autochtones. Il est toutefois important de reconnaître que l'industrialisation peut apporter de réels bienfaits si elle est réalisée dans le respect des droits et de la culture des populations locales et en veillant à l'intégrité de l'environnement.

(109) Cf. Proposition 19.
(110) Cf. ibid.

L'activité charitable

Les institutions catholiques

32 L'histoire de l'Église en Océanie ne peut pas être comprise sans faire mention de l'histoire de la contribution remarquable de l'Église dans les domaines de l'éducation, de la santé et du bien-être social. Les institutions catholiques font pénétrer la lumière de l'Évangile dans les cultures et les sociétés, les évangélisant comme de l'intérieur. Grâce au travail des missionnaires chrétiens, d'anciennes formes de violence ont cédé la place à des comportements régis par la loi et la justice. Par l'éducation, des élites chrétiennes et des citoyens responsables ont été formés, et les valeurs morales chrétiennes ont façonné la société. Dans ses programmes éducatifs, l'Église, contemplant le Christ lui-même, plénitude de l'humanité, a en vue la formation intégrale de la personne humaine. L'apostolat de la charité témoigne de l'amour chrétien plénier non seulement en paroles mais aussi en actes. Les gens sont alors amenés à se demander d'où jaillit un tel amour et pourquoi les chrétiens sont différents dans leur comportement et par les valeurs auxquelles ils s'attachent.(111)Par cette charité apostolique, le Christ touche les coeurs des hommes et les conduit à mieux comprendre ce que l'on entend par la « civilisation de l'amour »(112) que l'on s'efforce de construire.

L'Église profite de la liberté religieuse dans la société pour annoncer publiquement le Christ et pour répandre son amour en abondance à travers les institutions ecclésiales. Le droit de l'Église à fonder des institutions éducatives et sanitaires, ainsi que des services sociaux, s'appuie sur une telle liberté. L'apostolat social de ces institutions peut être plus efficace quand les gouvernements non seulement tolèrent ces activités mais aussi coopèrent en ce domaine avec les autorités de l'Église, dans le respect sans équivoque du rôle et des compétences de chacun.

(111) Cf. Paul VI, Exhort. apost. Evangelii nuntiandi (8 décembre 1975), n.
EN 21: AAS 68 (1976), p. 19; La Documentation catholique 73 (1976), p. 5.
(112) Paul VI, Homélie de la Messe de clôture de l'Année sainte (25 décembre 1975): AAS 68 (1976), p. 145; L'Osservatore Romano, éd. hebd. en langue française, n. 1 (2 janvier 1976), p. 3.


L'éducation catholique

33 Les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants en ce qui concerne les valeurs humaines et la foi chrétienne; et ils ont le droit fondamental de choisir l'éducation qui leur convient pour leurs enfants. Les écoles secondent les parents dans l'exercice de ce droit en aidant les élèves à se développer comme il se doit. Dans certains cas, l'école catholique est le seul contact des parents avec la communauté ecclésiale.

L'école catholique a une identité ecclésiale car elle est partie prenante dans la mission évangélisatrice de l'Église.(113) Mais elle se distingue par le fait qu'elle est ouverte à tous, spécialement aux pauvres et aux plus faibles de la société.(114) Il est primordial que l'école et la paroisse collaborent, et que l'école soit intégrée dans les plans pastoraux de la paroisse, surtout en ce qui concerne les sacrements de la réconciliation, de la confirmation et de l'Eucharistie.

Dans les écoles primaires, les enseignants développent la capacité de foi et d'intelligence des enfants, capacité qui devra s'épanouir pleinement dans les années ultérieures. Les écoles secondaires procurent les moyens privilégiés par lesquels « la communauté catholique donne aux élèves une formation intellectuelle et professionnelle, ainsi qu'une éducation religieuse ».(115) Au cours de ces années, normalement, les élèves parviennent à un plus grand discernement en ce qui concerne leur foi et leur vie morale, grâce à une connaissance plus personnelle de Jésus Christ, Chemin, Vérité et Vie. Nourrie dans la famille, à l'école et dans la paroisse, par la prière et les sacrements, une telle foi se manifeste par une vie morale saine et droite. Le grand défi pour les écoles catholiques dans une société de plus en plus sécularisée est de présenter le message chrétien d'une manière systématique et convaincante, en tenant compte du fait que « la catéchèse risque de devenir stérile si une communauté de foi et de vie chrétienne n'accueille pas le catéchumène à un certain stade de sa catéchèse ».(116) Les jeunes doivent donc être bien intégrés à la vie et aux activités de la communauté.

Les Pères du Synode ont voulu rendre hommage au travail des religieux et des religieuses ainsi que des laïcs qui se sont dévoués avec générosité dans le domaine de l'éducation catholique(117)par la création et l'animation d'écoles catholiques, non sans de grandes difficultés et au prix de lourds sacrifices personnels. Leur contribution à l'Église et à la société civile en Océanie est d'une valeur inestimable. Dans le contexte éducatif actuel, les Congrégations religieuses, les Instituts et les Sociétés ont toutes les raisons de rester attachés à leur vocation. Les personnes consacrées sont indispensables dans les établissements d'éducation pour donner un témoignage radical des valeurs évangéliques et pour les transmettre à d'autres. Ces dernières années, la réponse généreuse des laïcs aux besoins nouveaux a ouvert de larges perspectives à l'éducation catholique. Pour les laïcs engagés dans l'enseignement, celui-ci est plus qu'une profession; c'est une vocation à l'éducation des étudiants, c'est un service important et indispensable du laïcat dans l'Église. L'enseignement est toujours un défi; mais, avec la coopération et le soutien des parents, du clergé et des religieux, l'engagement des laïcs dans l'éducation catholique peut être un précieux service de l'Évangile en même temps qu'un chemin de sainteté chrétienne pour les enseignants comme pour les étudiants.

L'identité et le succès de l'éducation catholique sont inséparablement liés au témoignage de vie que donnent les équipes enseignantes. Les Évêques ont donc recommandé que « ceux qui doivent engager du personnel enseignant ou administratif dans nos écoles catholiques tiennent compte de la vie de foi des candidats ».(118) Les enseignants qui vivent la foi de manière authentique seront les acteurs de la nouvelle évangélisation en créant une atmosphère favorable à la croissance de la foi et en nourrissant spirituellement les élèves qui leur sont confiés. Ils seront d'autant plus efficaces qu'ils seront des catholiques pratiquants, engagés dans la vie de la communauté paroissiale et fidèles à l'Église et à son magistère.

De nos jours, l'Église en Océanie élargit son action dans le domaine éducatif. Les enseignants laïcs catholiques seront grandement aidés par les instituts supérieurs, les instituts pédagogiques et les universités catholiques, qui les préparent intellectuellement, qui les forment professionnellement et qui soutiennent leur foi afin qu'ils puissent prendre la place qui leur revient dans la mission de l'Église au sein du monde. L'aventure de l'enseignement universitaire en est encore à ses débuts en Océanie et elle requiert des dons particuliers de sagesse et d'intuition pour se développer. Les universités catholiques sont des communautés qui rassemblent des scientifiques des différentes branches de la connaissance humaine. Ceux-ci se consacrent à la recherche, à l'enseignement et aux diverses activités liées à leur mission culturelle. Ils ont l'honneur et la responsabilité de se dévouer sans réserve à la cause de la vérité.(119) Ils sont appelés à atteindre les plus hauts niveaux de recherche et d'enseignement académique comme un service rendu à la communauté locale, nationale et internationale. De cette manière, ils jouent un rôle irremplaçable dans la société et dans l'Église, préparant les élites et les personnels qualifiés qui prendront au sérieux leurs responsabilités chrétiennes. Les Évêques ont considéré qu'il était essentiel pour eux d'entretenir des contacts personnels avec les universitaires et de favoriser les qualités de dirigeants chez tous ceux qui sont engagés dans le domaine de l'enseignement supérieur.

La recherche et l'enseignement dans les institutions supérieures doivent diffuser les valeurs chrétiennes dans le monde des arts et des sciences. L'Église a besoin de spécialistes en philosophie, en éthique et en théologie morale, pour que les valeurs humaines puissent être correctement comprises dans une société technologique toujours plus complexe; et l'unité du savoir ne peut être réalisée qu'à la condition de permettre à la théologie d'apporter sa lumière dans tous les domaines de la recherche. On doit donc apporter une attention particulière au choix et à la formation des étudiants en théologie. « La Constitution apostolique Ex corde Ecclesiae souligne que la majorité des professeurs dans les universités catholiques et dans les autres instituts supérieurs devraient être des catholiques pratiquants. Ceux qui sont chargés du recrutement devraient choisir soigneusement des professeurs qui soient non seulement compétents dans leur domaine propre, mais qui puissent aussi jouer un rôle exemplaire auprès de nos jeunes ».(120) La présence de catholiques engagés dans les institutions supérieures est capitale et constitue un authentique service de l'Église et de la société.

(113) Cf. Congrégation pour l'Éducation catholique, Lettre circulaire L'école catholique au seuil du troisième millénaire (28 décembre 1997), nn. 8-11: Enchiridion Vaticanum 16, nn. 1849-1852; La Documentation catholique 95 (1998), pp. 560-562.
(114) Cf. ibid., n. 7: l.c., n. 1848; La Documentation catholique, l.c., p. 560.
(115) Proposition 9.
(116) Jean-Paul II, Exhort. apost. Catechesi tradendae (16 octobre 1979), n.
CTR 24: AAS 71 (1979), p. 1297; La Documentation catholique 76 (1979), p. 907.
(117) Cf. Proposition 9.
(118) Ibid.
(119) Cf. Jean-Paul II, Const. apost. Ex corde Ecclesiae (15 août 1990), n. 4: AAS 82 (1990), p. 1478; La Documentation catholique 87 (1990), p. 935.
(120) Proposition 8.


La santé

34 Jésus est venu guérir les malades et consoler les affligés. Christ Ressuscité, il continue son ministère de guérison et de compassion par ceux qui apportent le réconfort de la présence de Dieu aux personnes malades et à celles qui souffrent. Ce ministère de l'Église en Océanie est, pour beaucoup, le signe le plus visible et le plus concret de l'amour de Dieu. La mission messianique de la miséricorde,(121) de la guérison et du pardon doit être poursuivie inlassablement et réalisée par des voies nouvelles qui répondent aux besoins actuels.

L'histoire de la santé en Océanie fait apparaître ses liens étroits avec la mission de l'Église, liens qui recouvrent tous les aspects des soins, y compris le fait de procurer une assistance médicale de base dans les contrées les plus retirées. L'Église a été l'une des premières à se pencher sur ceux qui étaient abandonnés de tous, notamment en soignant les lépreux et les personnes atteintes du sida. Elle administre aussi des hôpitaux-écoles où les personnels de santé reçoivent une formation de premier ordre. En raison de la crise actuelle concernant le financement et l'assistance médicale en Océanie, un certain nombre d'institutions se trouvent dans une situation particulièrement difficile; mais cela ne doit en aucun cas compromettre l'engagement fondamental de l'Église dans ce secteur.

L'enseignement de l'Église sur la dignité de la personne humaine et la sainteté de la vie doit être expliqué à ceux qui ont des responsabilités dans les domaines législatif et judiciaire, tout spécialement quand leurs jugements ont des conséquences sur les soins médicaux, sur l'administration des hôpitaux et sur l'organisation de services de santé. De nos jours, les hôpitaux et les établissements catholiques de santé sont aux avant-postes de l'Église pour la défense de la vie humaine depuis sa conception jusqu'à la mort naturelle. Les Pères du Synode ont tenu à saluer le dévouement des congrégations religieuses qui, dans toute l'Océanie, ont mis en place des services catholiques de santé. L'Église et la société dans son ensemble ont à leur égard une immense dette de gratitude. Il faut que ces différents instituts de vie consacrée continuent à être présents dans les hôpitaux, aux côtés du personnel laïc formé pour travailler avec eux dans la ligne de leur charisme. Ces personnes permettent à l'Évangile de la vie d'être proclamé sans ambiguïté dans une société où souvent les valeurs morales ne sont plus clairement perçues. Afin de combattre l'influence de la « culture de mort », les Pères synodaux ont vivement encouragé tous les chrétiens à se mobiliser pour empêcher que le grand héritage catholique des soins de santé soit compromis.(122)

Les universités catholiques ont un rôle de premier plan à jouer dans la formation des professionnels de la santé pour qu'ils puissent appliquer l'enseignement de l'Église face aux nouveaux défis qui ne cessent de se poser dans le domaine médical. Dans toute la mesure du possible, il faut encourager les associations catholiques de médecins, d'infirmiers et de personnel de santé, et les créer là où elles n'existeraient pas. Dans les établissements catholiques, les administrateurs et le personnel doivent recevoir une formation spécifique afin d'appliquer les principes moraux catholiques à leur vie professionnelle. C'est une tâche délicate, car certains employés d'hôpitaux catholiques ne connaissent pas suffisamment ces principes ou ne les acceptent pas. Toutefois, si l'enseignement de l'Église est présenté de manière adéquate, de telles personnes trouvent souvent la paix qui jaillit de l'harmonie entre la vie et la vérité, et elles sont disposées à coopérer.

La foi en la Croix rédemptrice du Christ donne une nouvelle signification à la maladie, à la souffrance et à la mort. Les Pères du Synode ont demandé que l'on soutienne ceux qui ont créé ou qui parrainent des services où l'on transmet la compassion du Christ à ceux qui souffrent, notamment aux personnes handicapées, aux malades du sida, aux personnes âgées, aux mourants, aux autochtones et à ceux qui vivent dans des régions isolées.(123) Ils ont eu particulièrement le souci de toutes les personnes qui offrent ces services dans les secteurs les plus reculés: dans la jungle, sur les petites îles ou dans l'« arrière-pays » australien. Travaillant souvent avec des moyens réduits et peu d'aide financière, ces personnes donnent, par leur dévouement, un témoignage puissant de l'amour de Dieu pour les pauvres, les malades et les faibles. Quant aux membres du personnel de santé qui travaillent dans les hôpitaux, qui prennent soin des personnes âgées ou procurent d'autres formes de soins aux plus petits de leurs frères et soeurs (cf.
Mt 25,40), ils doivent savoir que l'Église tient en haute estime leur généreux dévouement et qu'elle les remercie d'être ainsi aux avant-postes de la charité chrétienne.

(121) Cf. Jean-Paul II, Encycl. Dives in misericordia (30 novembre 1980), n. DM 13: AAS 72 (1980), p. 1219; La Documentation catholique 77 (1980), pp. 1095-1096.
(122) Cf. Proposition 20.
(123) Cf. ibid.


Les services sociaux

35 Au cours de sa vie terrestre, Jésus était sensible à toute faiblesse et à toute douleur humaines. « Au centre de son enseignement se trouvent les huit béatitudes, qui sont adressées aux hommes éprouvés par différentes souffrances dans la vie temporelle ».(124) Sur les pas du Seigneur, l'Église, dans sa mission de charité, tend la main vers les plus démunis: vers les orphelins, les pauvres, les sans-logis, les délaissés et les exclus. Cette mission est remplie par tous ceux qui s'occupent de ces personnes; et cela aussi bien par des initiatives individuelles que par les institutions fondées pour répondre aux différentes nécessités aux niveaux paroissial, diocésain, national ou international.

Ce n'est pas ici le lieu de dresser une liste complète des nombreux services sociaux offerts par l'Église en Océanie; mais certains ont fait l'objet d'une mention spéciale pendant le Synode. L'Église propose des services de conseil aux individus qui ont des difficultés personnelles ou sociales, cherchant ainsi à affermir les familles, à prévenir les ruptures conjugales et les divorces, ou à en guérir les conséquences néfastes. Les soupes populaires, les centres de soins pour toutes sortes de personnes ou le travail avec les sans-logis et avec les « enfants de la rue », ne sont qu'une partie de l'apostolat social de l'Église en Océanie. Avec discrétion et sans bruit, des groupes paroissiaux et des associations apostoliques s'efforcent de remédier aux maux souvent cachés engendrés par la pauvreté dans les banlieues ou dans les zones rurales. D'autres apportent leur aide pour rétablir la paix et la réconciliation entre des clans, des tribus ou d'autres groupes en conflit. Les femmes, spécialement les mères, peuvent avoir une influence extraordinaire pour promouvoir des chemins de paix aptes à résoudre les conflits.(125) L'attention de l'Église va aussi à ceux qui sont dépendants de l'alcool, des drogues ou du jeu, ainsi qu'aux victimes d'abus sexuels. Les Pères du Synode ont également rappelé le sort des réfugiés et des demandeurs d'asile, dont le nombre augmente et qui, au nom de leur dignité humaine, devraient recevoir accueil et soins appropriés. Enfin, étant donné que les nations de l'Océanie sont tributaires des océans et des mers, les Pères du Synode se sont également faits l'écho des préoccupations de tous les travailleurs de la mer qui ont souvent de rudes conditions de vie et sont soumis à bien des épreuves.

Ce sont fréquemment des volontaires qui offrent, sans rémunération, leur temps, leurs énergies et leur compétence professionnelle pour accomplir ces formes d'apostolat. Ceux qui ont choisi de vivre un amour désintéressé ne cherchent ni reconnaissance humaine ni récompense; aucune d'ailleurs ne pourrait être à la hauteur de leur don. Par leur engagement multiforme, ils apportent une contribution importante à la mission de l'Église qui proclame la vérité de Jésus Christ, qui marche sur son chemin et qui vit sa vie. Ces personnes sont indispensables pour lancer les différents programmes de la nouvelle évangélisation parmi les peuples de l'Océanie. La foi est éveillée par la prédication de la Parole de Dieu, l'espérance est suscitée par la promesse de son Royaume, mais la charité est infusée par l'Esprit Saint, « qui est Seigneur et qui donne la Vie ».

(124) Jean-Paul II, Lettre apost. Salvifici doloris (11 février 1984), n. 16: AAS 76 (1984), p. 217;La Documentation catholique 81 (1984), p. 239.
(125) Cf. Proposition 17.


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