Brentano - Bse Emmerich, Vie Vierge Marie - - Zacharie visite la sainte Famille

LXVIII - La sainte Famille dans la grotte de Maraha.

- Joseph sépare l'Enfant Jésus de Marie pendant quelques heures.

- Marie, dans son inquiétude, exprime du lait de son sein.

- Origine d'un miracle qui s'est perpétué jusqu'à nos jours.


La soeur Emmerich raconta à diverses reprises les deux incidents qui suivent comme ayant eu lieu lorsque la sainte Vierge était cachée dans la grotte de Maraha. Ayant toujours été distraite par la souffrance ou par des visites, elle ne les raconta pas le jour même où elle les vit, mais par forme de supplément, comme quelque chose qu'elle avait oublié ; nous les mettons donc ensemble, laissant au lecteur le soin de les placer dans un autre ordre selon qu'il le jugera convenable.


La sainte Vierge raconta à sa mère tout ce qui s'était passé lors de la visite des saints rois, et elles parlèrent aussi de la manière dont elle avait été laissée dans la grotte du tombeau de Maraha.


Je vis deux bergers venir trouver la sainte Vierge, et l'avertir qu'il venait des gens chargés par les autorités de s'enquérir de son enfant. Marie ressentit une vive inquiétude, et je vis bientôt après saint Joseph entrer, retirer l'Enfant-Jésus de ses bras, l'envelopper dans un manteau et l'emporter. Je ne me souviens plus où il alla avec lui.


Je vis alors la sainte Vierge livrée à ses inquiétudes maternelles, rester seule dans la grotte sans l'Enfant-Jésus pendant l'espace d'une demi-journée. Quand vint l'heure où on devait l'appeler pour allaiter l'enfant, elle fit ce qu'ont coutume de faire des mères soigneuses lorsqu'elles ont été agitées violemment par quelque frayeur ou quelque vive émotion. Avant de donner à boire à l'enfant, elle exprima de son sein le lait que ses angoisses avaient pu altérer, dans une petite cavité de la couche de pierre blanche qui se trouvait dans la grotte. Elle parla de la précaution qu'elle avait prise à un des bergers, homme pieux et grave, qui était venu la trouver (probablement pour la conduire auprès de l'enfant) ; cet homme, profondément convaincu de la sainteté de la mère du Rédempteur, recueillit plus tard avec soin le lait virginal qui était resté dans la petite cavité de la pierre, et le porta avec une simplicité pleine de foi à sa femme, qui avait alors un nourrisson qu'elle ne pouvait pas satisfaire ni calmer. Cette bonne femme prit cet aliment sacré avec une respectueuse confiance, et sa foi fut récompensée, car son lait devint aussitôt très abondant. Depuis cet événement la pierre blanche de cette grotte reçut une vertu semblable, et j'ai vu que, de nos jours encore, même des infidèles mahométans en font usage comme d'un remède, dans ce cas et dans plusieurs autres'.


La tradition de ce miracle est rapportée avec diverses variantes dans beaucoup de descriptions anciennes et modernes de la Palestine. Suivant la tradition la plus ordinaire, la sainte Famille, passant près de Bethléem lors de la fuite en Egypte, se serait cachée dans cette grotte, et quelques gouttes de lait tombées du sein de la mère de Dieu auraient donné cette vertu à la pierre de la grotte. C'est la soeur Emmerich qui a dit la première que cette grotte avait servi de tombeau à la nourrice d'Abraham ; quelle s'appelait dès lors la grotte de la nourrice ; et aussi que les inquiétudes maternelles de Marie avaient été la cause de cette vertu communiquée à la pierre de la grotte en question. Le savant franciscain Fr. Quaresmius, commissaire apostolique dans la Terre Sainte au dix-neuvième siècle, dit entre autres choses, à propos de cette grotte, dans son Historica Terra' Sanctae elucidatio, Antwerpiae, 1632, t. II, p. 678 : "à peu de distance de la grotte de la Nativité et de l'église de la sainte Vierge, à Bethléem (suivant d'autres indications elle en est éloignée de deux cents pas), se trouve un souterrain dans lequel sont creusées trois grottes ; dans cette qui est au milieu, le saint sacrifice de la messe a été souvent célébré en mémoire du miracle qui s'y est opéré : on l'appelle communément la grotte de la Vierge ou l'église de Saint Nicolas une bulle du pape Grégoire Xl (mort EN 1378) mentionne cette chapelle de Saint Nicolas à Bethléem, et permet aux franciscains d'y bâtir une maison avec clocher et cimetière. "On lit encore dans un ancien manuscrit sur les lieux saints : "Item, l'église de Saint Nicolas, où est la grotte dans laquelle, suivant la tradition, la sainte Vierge s'est cachée avec l'Enfant-Jésus ". Quaresmius, après avoir rapporté la tradition vulgaire sur cette grotte, ajoute que la terre de cette grotte est naturellement rouge ; mais qu'étant réduite en poussière, lavée et séchée au soleil, elle devient blanche comme la neige, et que, mêlée avec de l'eau, elle ressemble parfaitement à du lait. La terre ainsi préparée s'appelle lait de la sainte Vierge. On en fait une potion très salutaire pour les femmes qui ne peuvent pas nourrir, et on l'emploie aussi avec succès contre d'autres maladies. Même les femmes turques et arabes en retirent une telle quantité de terre pour l'employer ainsi, que ce qui était autrefois une seule grotte en forme trois aujourd'hui. Les reliques qui, dans plusieurs Lieux de pèlerinage, portent le nom de lac bestoe Virginia, et donnent lien à beaucoup de moqueries, ne sont le plus souvent que de la terre de cette grotte de Bethléem, dont parle la soeur Emmerich.


Quaresmius, à ce propos, mentionne un miracle rapporté par Baronius, lequel dit, dans ses Annales (an 158), que depuis que saint Paul a rejeté la vipère qui l'avait mordu à la main dans l'île de Malte (Act. XXIX), il n'y a plus dans cette île ni serpents ni animaux venimeux, et même que la terre de Malte est devenue un contrepoison ; puis il ajoute ces paroles : " Si une telle vertu a été donnée à cette terre à cause de saint Paul, pourquoi refuserions-nous de croire que Dieu, pour honorer la Vierge mère, a communiqué une vertu semblable et encore plus grande d cette grotte, sanctifiée par la présence de Jésus et de Marie " ! Castro, dans la vie de Marie, Grotonus, dans la vie de saint Joseph, rapportent la même tradition d'après un vieil écrit arménien.


Depuis ce temps, cette terre passée à l'eau et pressée dans de petits moules a été répandue dans la chrétienté comme un objet de dévotion ; c'est d'elle que se composent les reliques appelées lait de la très sainte Vierge.


LXIX - Préparatifs pour le départ de la sainte Famille.

- Départ de sainte Anne. Détails personnels à la soeur.

- Elle reconnaît des reliques venant des trois Rois.


(Du 28 au 30 décembre.) Je vis dans les derniers jours et aujourd'hui saint Joseph prendre divers arrangements qui annonçaient le prochain départ de la sainte Famille. Chaque jour il amoindrissait son mobilier. Il donna aux bergers les cloisons mobiles, les claies et les autres objets à l'aide desquels il avait rendu la grotte habitable, et tout cela fut emporté par eux.


Aujourd'hui, dans l'après-midi, un assez grand nombre de gens qui allaient à Bethléem pour le sabbat, vinrent à la grotte de la Crèche ; mais, la trouvant abandonnée, ils passèrent outre. Sainte Anne doit retourner à Nazareth après le sabbat ; on met tout en ordre et on fait des paquets. Elle prend avec elle et charge sur deux ânes plusieurs choses données par les trois rois, spécialement des tapis, des couvertures et des pièces d'étoffe. Ce soir, la sainte Famille célébra le sabbat dans la grotte de Maraha ; on continua à le célébrer le samedi 29 décembre. La tranquillité régnait dans les environs. Après la clôture du sabbat, on prépara tout pour le départ de sainte Anne.


Cette nuit, je vis, pour la seconde fois, la sainte Vierge sortir, au milieu des ténèbres, de la grotte de Maraha, et porter l'Enfant-Jésus dans cette de la Crèche. Elle le posa sur un tapis à l'endroit où il était né et pria à genoux près de lui. Je vis alors toute la grotte remplie d'une lumière céleste, comme à l'heure de la naissance du Sauveur. Je pense que la sainte Mère de Dieu doit aussi avoir vu cela.


Le dimanche 30 décembre, de très grand matin, je vis sainte Anne faire de tendres adieux à la sainte Famille et sus trois bergers, et partir pour Nazareth avec ses gens.


Ils emportaient sur leurs bêtes de somme tout ce qui restait des présents des trois rois, et je fus très surprise de les voir prendre un petit paquet qui m'appartenait. J'eus le sentiment qu'il était parmi les leurs, et je ne pus comprendre comment il pouvait se faire que sainte Anne emportât ainsi ce qui était à moi.


Cette impression qu'eut la soeur Emmerich s'explique par ce qui va être raconté. Bientôt après ce mouvement de surprise qu'elle eut lorsqu'il lui sembla voir sainte Anne emporter de Bethléem quelque chose qui lui appartenait, elle communiqua ce qui suit à l'écrivain :


" Sainte Anne, dit elle, a emporté en partant beaucoup de choses données par les trois rois, et spécialement des étoffes ; une grande partie de tout cela a servi dans la primitive Église, et il en est resté quelque chose jusqu'à nos jours. Il y a parmi mes reliques un petit morceau de la couverture de la petite table où étaient les présents des trois rois. et un autre morceau venant d'un de leurs manteaux.


A l'occasion de ce mot : mes reliques, nous avons quelques détails à donner au lecteur. A toutes les époques, il y a eu dans l'Église catholique des personnes qui, en vertu d'un don particulier, éprouvaient une vive et agréable impression à la vue ou au contact des ossements des saints et de tous les objets consacrés et sanctifiés. Vraisemblablement ce don ne s'est jamais manifesté à un aussi haut degré ni aussi constamment que chez la soeur Anne-Catherine Emmerich. Non seulement le très saint Sacrement mais encore tout ce qui avait été consacré et bénit par l'Église, particulièrement les ossements des saints et tout ce que l'Eglise désigne par le nom de reliques, était distingué par elle de toutes les autres substances semblables quant à Leur nature. Ces objets sacrés lui apparaissaient brillants de lumière, et d'une lumière différemment colorée suivant leur espèce. Lorsque c'étaient des ossements de saints ou des étoffes qui leur avaient appartenu, elle pouvait faire connaître les noms des saints et souvent raconter leur histoire dans le plus grand détail. C'est ce dont les personnes qui l'approchaient le plus souvent purent se convaincre si pleinement par une foule d'expériences journalières, qu'un de ses amis lui donna le nom de saeromètre. Celui qui écrit ceci rapporte dans l'histoire détaillée de sa vie un grand nombre de ces expériences. Nous ne savons pas si les autorités ecclésiastiques du pays où a vécu la soeur Emmerich se sont fait faire un rapport étendu avec tous les témoignages à l'appui sur ce phénomène si intéressant en ce qui touche la vie spirituelle, mais nous sommes convaincus que ce don était ce qu'il y avait en elle de plus remarquable et de plus digne d'attention. Pour éprouver cette connaissance qu'elle avait des reliques et des autres objets consacrés, plusieurs de ses amis, et notamment l'écrivain, étaient mis à la porté. de la bonne soeur une grande quantité d'objets de ce genre Cela leu avait été facile, car, malheureusement, par suite de la destruction de tant d'églises et de couvents à notre époque, et aussi par suite de la diminution ou même de l'extinction complète du sens de la loi en ce qui touche les choses saintes et les objets transmis par la tradition comme sacrés et vénérables, de véritables trésors, eu l'honneur desquels de grandes églises avaient peut-être été bâties, étaient négligés ou profanés de la manière la plus affligeante. Plusieurs étaient tombés dans les mains de particuliers et jusque dans les boutiques des fripiers. Elle-même indiqua ce qu'étaient devenus beaucoup de ces ossements sacrés, et on les lui procura. Elle reçut ainsi, grâce à la bonté du respectable Overberg, qui était son directeur extraordinaire, deux châsses importantes, pleines de reliques des temps primitifs, qui avaient été trouvées dans une vieille église supprimée.


Comme une partie de ces reliques se trouvait dans une petite armoire près du lit de la malade, tandis qu'une autre partie était dans la demeure de l'écrivain, celui-ci demanda : " Cette relique est-elle ici " ? Non, répondit-elle, là-bas, dans la maison. " est-ce chez moi " ? dit l'écrivain.-Non, répliqua-t-elle, chez cet homme, chez le pèlerin ". (Elle avait coutume de désigner ainsi l'écrivain). c Elle se trouve dans un petit paquet ; la petite pièce du manteau est d'une couleur effacée. Mais on ne me croira pas, et pourtant cela est vrai ; je le vois devant vos yeux. Il y a un proche parent de l'écrivain, celui qui m'a fait une visite ; celui-là a un coeur semblable à celui du roi basané Séir. Il est si doux, si docile et si sincère c'est un vrai coeur chrétien. Ah ! si cet homme était dans l'Eglise : il posséderait le ciel sur la terre !


L'écrivain ayant pris parmi les reliques déposées chez lui ce qu'on pouvait appeler un petit paquet, et le lui ayant apporté, elle l'ouvrit aussitôt et reconnut un petit reste d'étoffe de laine jaune et un autre morceau de soie rougeâtre, comme provenant des trois rois, mais sans donner à cet égard d'explications plus précises. Elle dit ensuite : " Je dois avoir moi-même un petit morceau d'étoffe venant des trois rois mages. Ils avaient plusieurs manteaux ; un, qui était épais et d'une étoffe serrée pour le mauvais temps ; un autre, de couleur jaune, et un autre rouge, de belle laine fine. Ces manteaux flottaient au vent quand ils marchaient. Dans les cérémonies, ils portaient des manteaux de soie sans teinture ; les bords étaient brodés d'or, et il y avait une longue queue que portaient des suivants. Je pense qu'il y a près de moi quelques pièces d'un de ces manteaux, et que c'est pour cela que j'ai vu près des trois rois, antérieurement et encore cette nuit, des scènes relatives à la production et au tissage de la soie.


Dans une contrée située a l'orient, entre le pays de Théokéno et celui de Séïr, se trouvaient des arbres de..' les branches étaient couvertes de vers ; on avait creusé autour de chaque arbre un petit fossé pour que les vers ne pussent pas s'en aller. Je vis souvent placer des feuilles sous ces arbres ; de petites boites étaient suspendues aux arbres, et comme on y prenait des objets ronds, plus longs que le doigt, je croyais d'abord que c'étaient des oeufs d'oiseau d'une espèce rare ; mais je vis bientôt que c'étaient des coques filées par les vers, lorsque ces gens les dévidèrent et en tirèrent des fils très déliés. Ils en assujettissaient une grande quantité devant leur poitrine, et filaient avec un beau fit qu'ils roulaient sur quelque chose qu'ils tenaient à la main. Je les vis aussi tisser entra des arbres ; leur métier à tisser était très simple : la pièce d'étoffe était à peu près large comme mon drap de lit. Quelques jours après, elle dit : Mon médecin m'a souvent interrogée à propos d'un petit morceau d'étoffe de soie d'un tissu singulier. J'en ai vu dernièrement un pareil auprès de moi, et ne sais plus ce qu'il est devenu. En recueillant mes souvenirs, j'ai reconnu que c'était à cette occasion que j'avais vu ce tableau du tissage de la soie : c'était plus à l'orient que le pays des trois rois, dans un pays où alla saint Thomas. Je me suis trompée en le racontant : il faut que le pèlerin efface cela. Ce morceau d'étoffe n'appartient pas aux trois rois ; il m'a été donné par quelqu'un qui voulait faire une expérience, sans s'inquiéter de ce qui m'occupait alors intérieurement : il résulte de là des contusions, et tout devient obscur.


J'ai vu de nouveau les reliques, et je sais où elles sont. Il y a plusieurs années, j'ai donné à ma belle-soeur qui habite Flamske, avant ses dernières couches, un petit paquet fermé par une couture. Elle m'avait priée de lui donner une relique pour la fortifier ; je lui donnai ce petit paquet, que j'avais vu lumineux. et comme ayant été autrefois en contact avec la Mère de Dieu. Je ne me souviens pas bien si je vis alors clairement tout ce qu'il contenait ; mais il procura à cette pieuse femme beaucoup de consolation. Cette nuit, je l'ai revu, elle le possède encore, il est solidement cousu. Il y a un petit morceau de tapis d'un rouge sombre, deux petites pièces d'un tissu léger comme du crêpe, de la couleur de la soie brute, quelque chose de vert qui ressemble à du coton, un petit morceau de bois et deux petits fragments de pierre blanche. J'ai fait dire à ma belle-soeur de me le rapporter.


Au bout de quelques jours, sa belle-soeur vint en effet la voir et apporta le petit paquet en question, qui était à peu près de la grosseur d'une noix. L'écrivain l'ouvrit chez lui avec soin, sépara les uns des autres les morceaux d'étoffe roulés ensemble, et les serra entre les pages d'un livre pour les aplatir. Il y avait un morceau d'étoffe de laine fort épaisse d'environ deux pouces carrés, de couleur rouge tirant sur le brun ; des morceaux longs et larges de deux doigts d'un tissu léger, semblable à de la mousseline, et dont la couleur était celle de la soie brute, puis un petit éclat de bois et deux petits fragments de pierre. Ayant plié les petits morceaux d'étoffe dans des feuilles de papier à lettre, il les lui mit sous les yeux dans la soirée. Elle ne savait pas ce que c'était et dit d'abord : " Qu’ai-je à faire de ces lettres " ? Puis, tenant dans sa main les papiers sans les ouvrir, elle ajouta aussitôt : "Il faut conserver cela avec soin et n'en pas perdre un brin. L'étoffe épaisse, qui maintenant parait brune, était autrefois d'un rouge foncé. C'était une couverture, à peu près aussi grande que ma chambre ; les suivants des trois rois l'étendirent dans la grotte de la Crèche, et Marie s'y assit avec l'Enfant-Jésus pendant qu'ils présentaient l'encens. Elle l'a conservée ensuite dans la grotte et la prit sur son âne lorsqu'elle alla à Jérusalem présenter l'enfant au temple. Le tissu léger vient d'une espèce de manteau court, composé de trois bandes d'étoffe séparées et attachées à un collet, qu'ils portaient sur leurs épaules comme une étole pour les cérémonies. Le petit éclat de bois et les deux petites pierres ont été rapportés de la Terre Sainte à une époque plus récente.


Elle était alors occupée de la suite de ses visions relatives à la dernière année de la prédication de Jésus. Le 27 janvier qui précéda sa Passion, elle le vit, allant à Béthanie, s'arrêter, avec dix-sept disciples, dans une auberge de Bethléem. Il les instruisit sur leur vocation, et célébra le sabbat avec eux. La lampe resta allumée toute la journée. " Il y a, dit-elle, un de ces disciples qui est nouvellement venu avec lui de Sichar. Je l'ai vu très distinctement : il doit y avoir parmi mes reliques un petit fragment de ses os. Son nom ressemble à Silan ou à Vilan ; ces deux lettres s'y trouvent ". Plus tard, elle dit Silvain. Au bout de quelque temps elle ajouta : " J'ai vu de nouveau les petits morceaux d'étoffe venant des trois rois. Il doit y avoir encore là un petit paquet, où se trouvent entre autres choses un peu du manteau du roi Mensor, un morceau d'une couverture de sole rouge qui fut placée anciennement près du Saint Sépulcre, et un petit fragment de l'étole blanche et rouge d'un saint ". Après avoir fait une pause, elle dit encore : " Je vois maintenant où est ce petit paquet ; je l'ai donné, il y a deux ans et demi, à une femme d'ici pour le porter sur elle ; elle l'a encore. Je la prierai de me le rendre. Je le lui donnai pour la consoler quand on me mit en prison, à cause du grand intérêt qu'elle me portait. Je ne savais pas alors au juste ce qu'il y avait ; je voyais seulement qu'il brillait, que c'était une relique, et qu'il avait été en contact avec la mère de Dieu. Maintenant que j'ai vu avec tant de détail tout ce qui concerne les trois rois, j'ai reconnu tout ce qui, dans mon voisinage, avait quelque rapport à eux, et notamment ces reliques d'étoffe ".


Au bout de quelques jours, quand elle eut de nouveau ce petit paquet, elle le donna à ouvrir à l'écrivain, parce qu'elle était malade. Il ouvrit dans l'autre pièce ce petit paquet, fermé depuis longtemps par une forte couture, et il y trouva les objets suivants enveloppés ensemble :


1 - un petit morceau de tissu de laine très fine, sans teinture, qui, lorsqu'on voulait le déployer, s'effilait en parcelles très minces ;
2 - Deux petits morceaux d'étoffe de coton, couleur nankin d'un tissu peu serré mais pourtant assez solide de la longueur d'un doigt ;
3 - Un pouce carré d'étoffe de soie cramoisie ;
4 - un quart de pouce carré d'étoffe de soie jaune et blanche ;
5 - Un petit échantillon de soie verte et rouge ;
6 - Au milieu de tout cela, un petit papier plié où était une petite pierre blanche de la grosseur d'un pois.


L'écrivain sépara tous ces objets et les enveloppa dans autant de morceaux de papier, excepté le n° 6 qu'il laissa dans le vieux papier. Quand il s'approcha de la malade, elle ne semblait pas être dans l'état de clairvoyance ; elle était éveillée, toussait et se plaignait de vives douleurs ; pourtant elle dit bientôt : " Qu'est-ce que ces lettres que vous avez là ? cela est tout brillant. Nous avons là des trésors qui ont plus de valeur qu'un royaume ". Elle prit alors les différents papiers sans les ouvrir et sans regarder ce qu'ils contenaient. Après les avoir tenus successivement dans sa main, elle se fut pendant quelques instants, comme regardant intérieurement ; puis, en les rendant, elle dit ce qui suit sur leur contenu, sans faire la plus légère erreur, car l'écrivain s'en assura aussitôt en ouvrant ces papiers, qui étaient tous pliés de la même manière :


N. l. Ceci vient d'une robe de Mensor ; c'est de la laine très fine. Elle n'avait pas de manches, mais seule ment des ouvertures pour passer les bras. Une bande d'étoffe, semblable à une manche, pendait depuis les épaules jusqu'aux coudes. Elle décrivit alors très exactement la forme, la matière et la couleur de la relique.

N. 2. Ceci provient d'un manteau que les trois rois avaient laissé après eux. Elle décrivit ensuite la relique.

N. 3. Ceci est un petit morceau d'une couverture de soie rouge qui était étendue sur le sol près du Saint Sépulcre, quand les chrétiens possédaient encore Jérusalem. Lorsque les Turcs prirent la ville, elle était comme neuve. Les chevaliers la partagèrent entre eux, et chacun en emporta un morceau comme souvenir.

N. 4. Ceci vient de l'étole d'un très saint prêtre, nommé Alexis. C'était, je crois, un capucin. Il priait continuellement au Saint Sépulcre. Les Turcs lui firent subir beaucoup de mauvais traitements. Ils firent entrer des chevaux dans l'église, et placèrent une vieille femme turque entre lui et le Saint Sépulcre, à l'endroit où il priait. Mais il ne se laissa pas troubler par tout cela. Ils finirent par le murer là, et la femme lui donnait de l'eau et du pain par une ouverture. Je sais cela par beaucoup de choses qui m'ont été montrées récemment, lorsque j'ai vu le petit paquet, sans bien savoir où il se trouvait.

N. 5. Ceci n'est pas une relique, c'est cependant un objet digne de respect. Cela provient des sièges où les princes et les chevaliers s'asseyait dans l'église du Saint Sépulcre

N. 6. C'est une petite pierre de la chapelle qui est au-dessus du Saint Sépulcre, et il y a aussi un petit fragment d'ossement du disciple Silvain de Sichar.


L'écrivain lui ayant dit qu'il n'y avait pas de fragment d'ossements, elle répondit : " Regardez et cherchez ". Il alla dans la première pièce pour y voir plus clair, ouvrit avec précaution le papier plié, et trouva dans un pli un très petit morceau d'ossement, de forme irrégulière, de l'épaisseur de l'ongle et de la grandeur d'un demi kreutzer. Elle l'avait exactement décrit, et il le reconnut aussitôt. Tout cela se passa le soir dans sa chambre, qui n'était pas éclairée ; il n'y avait de la lumière que dans la première pièce.


LXX - Purification de la sainte Vierge.


Comme on approchait du jour où la sainte Vierge devait présenter son premier-né au temple et le racheter suivant les prescriptions de la loi, tout fut préparé pour que la sainte Famille pût d'abord aller au temple, puis retourner à Nazareth. Déjà, le dimanche 30 décembre au soir, les bergers avaient pris tout ce qu'avaient laissé après eux les serviteurs de sainte Anne. La grotte de la Crèche, la grotte latérale et celle du tombeau de Maraha étaient entièrement débarrassées, et même nettoyées. Saint Joseph les laissa parfaitement propres.

Dans la nuit du dimanche au lundi 31 décembre, je vis Joseph et Marie visiter encore une fois avec l'enfant la grotte de la Crèche, et prendre congé de ce saint lieu. Ils étendirent d'abord le tapis des trois rois à la place où Jésus était né, y posèrent l'enfant et prièrent ; puis, ils le placèrent à l'endroit où avait eu lieu la circoncision, et s'y agenouillèrent aussi pour prier.

Le lundi 31 décembre, au point du jour, je vis la sainte Vierge se placer sur l'âne, que les vieux bergers avaient amené tout harnaché devant la grotte. Joseph tint l'enfant jusqu'à ce qu'elle se fût installée commodément et le lui donna. Elle était assise sur un siège : ses pieds, un peu relevés, reposaient sur une planchette. Elle tenait sur son sein l'enfant, enveloppé dans son grand voile, et le regardait avec bonheur. Ils n'avaient près d'eux, sur l'âne, que deux couvertures et deux petits paquets, entre lesquels Marie était assise. Les bergers leur firent de touchants adieux et les conduisirent jusqu'au chemin. Ils ne prirent pas la route par laquelle ils étaient venus, mais passèrent entre la grotte de la Crèche et celle du tombeau de Maraha, en longeant Bethléem au levant. Personne ne les aperçut.


(30 janvier.) Aujourd'hui, je les vis suivre lentement la route, assez courte du reste, qui va de Bethléem à Jérusalem. Ils y mirent beaucoup de temps et s'arrêtèrent souvent. A midi, je les vis se reposer sur des bancs qui entouraient un puits recouvert d'un toit. Je vis deux femmes venir près de la sainte Vierge et lui apporter deux petites cruches avec du baume et des petits pains.

L'offrande de la sainte Vierge pour le temple était dans une corbeille suspendue aux flancs de l'âne. Cette corbeille avait trois compartiments, dont deux étaient recouverts et contenaient des fruits. Le troisième formait une cage à jour où l'on voyait deux colombes.

Je les vis vers le soir, à environ un quart de lieue en avant de Jérusalem, entrer dans une petite maison, tenue par un vieux ménage qui les reçut très affectueusement. C'étaient des Esséniens, parents de Jeanne Chusa. Le mari s'occupait de jardinage, taillait les haies et était chargé de quelque chose relativement au chemin.


(1er février.) Je vis aujourd'hui la sainte Famille passer toute la journée chez ses vieux hôtes. La sainte Vierge fut presque tout le temps dans une chambre, seule avec l'enfant, qui était posé sur un tapis. Elle était toujours en prière et paraissait se préparer pour la cérémonie qui allait avoir lieu. J'eus à cette occasion des avertissements intérieurs sur la manière dont on doit se préparer à la sainte communion. Je vis apparaître dans la chambre plusieurs anges qui adorèrent l'Enfant-Jésus. Je ne sais pas si la sainte Vierge les vit ; mais je suis portée à le croire, car je la vis très émue. Les bons hôtes montrèrent toute espèce de prévenances envers la sainte vierge. Ils devaient avoir un pressentiment de la sainteté de l'Enfant-Jésus.

Le soir, vers sept heures, j'eus une vision relative au vieux Siméon. C'était un homme maigre, très âgé, avec une barbe courte. Il était prêtre, avait une femme et trois fils, dont le plus jeune pouvait avoir vingt ans. Je vis Siméon, qui habitait tout contre le temple, se rendre, par un passage étroit et obscur, dans une petite cellule voûtée qui était pratiquée dans les gros murs du temple. Je n'y vis rien qu'une ouverture par laquelle on pouvait voir dans l'intérieur du temple. J'y vis le vieux Siméon agenouillé et ravi en extase pendant sa prière. Un ange lui apparut et l'avertit de remarquer le lendemain matin l'enfant qui serait présenté le premier, parce que cet enfant était le Messie, après lequel il avait si longtemps soupiré. Il ajouta qu'il mourrait peu de temps après l'avoir vu. C'était un merveilleux spectacle ; la cellule était brillante de clarté, et le saint vieillard était rayonnant de joie. Je le vis ensuite revenir dans sa demeure et raconter, tout joyeux, à sa femme, ce qui lui avait été annoncé. Quand sa femme fut allée se reposer, je le vis de nouveau se mettre en prière.

Je n'ai jamais vu les pieux Israélites ni leurs prêtres faire, pendant leur prière, ces contorsions exagérées que font les Juifs d'à présent ; mais je les vis quelquefois se donner la discipline. Je vis aussi la prophétesse Anne prier dans sa cellule du temple, et avoir une vision touchant la présentation de l'Enfant-Jésus.


(2 février.) Ce matin, avant le jour, je vis la sainte Famille, accompagnée de ses hôtes, quitter son auberge avec les corbeilles où étaient les offrandes, et se rendre au temple de Jérusalem. Ils entrèrent d'abord dans une cour entourée de mur attenante au temple. Pendant que saint Joseph et son hôte plaçaient l'âne sous un hangar, la sainte Vierge fut accueillie très amicalement par une femme âgée, qui la conduisit plus loin par un passage couvert. Elles avaient une lanterne, car il faisait encore sombre. Dès leur entrée dans ce passage, le vieux Siméon vint au-devant de Marie. Il lui adressa quelques paroles qui exprimaient sa joie, prit l'enfant qu'il serra contre son coeur, et revint en hâte au temple par un autre chemin. Ce que l'ange lui avait dit la veille lui avait inspiré un si vif désir de voir l'enfant après lequel il avait si longtemps soupiré, qu'il était venu là attendre l'arrivée des femmes. Il portait de longs vêtements comme les prêtres hors de leurs fonctions. Je l'ai vu souvent dans le temple, et toujours en qualité de prêtre, mais qui n'occupait pas un rang élevé dans la hiérarchie. Il se distinguait seulement par sa grande piété, sa simplicité et ses lumières.

La sainte Vierge fut conduite par la femme qui lui servait de guide jusqu'au vestibule du temple où la présentation devait avoir lieu : elle y fut reçue par Anne et par Noémi, son ancienne maîtresse, lesquelles habitaient l'une et l'autre de ce côté du temple. Siméon, qui était venu de nouveau à la rencontre de la sainte Vierge, la conduisit au lieu où se faisait le rachat des premiers-nés : Anne, à laquelle saint Joseph donna la corbeille où était l'offrande, la suivit avec Noémi. Les colombes étaient dans le dessous de la corbeille ; la partie supérieure était remplie de fruits. Saint Joseph se rendit par une autre porte au lieu où se tenaient les hommes.

On savait dans le temple que plusieurs femmes devaient venir pour la présentation de leurs premiers-nés, et tout était préparé. Le lieu où la cérémonie eut lieu était aussi grand que l'église principale de Dulmen. Contre les murs étaient des lampes allumées qui formaient toujours une pyramide. La flamme sortait à l'extrémité d'un conduit recourbé par un bec d'or qui brillait presque autant qu'elle. A ce bec était attaché par un ressort une espèce de petit éteignoir qui, relevé en haut, éteignait la lumière sans qu'elle répandit d'odeur, et qu'on retirait par en bas lorsqu'on voulait allumer.

Devant une espèce d'autel, au coin duquel se trouvaient comme des cornes, plusieurs prêtres avaient apporté un coffret quadrangulaire un peu allongé, qui formait le support d'une table assez large sur laquelle était posée une grande plaque. Ils mirent par-dessus une couverture rouge, puis une autre couverture blanche transparente, qui pendait tout autour jusqu'à terre. Aux quatre coins de cette table turent placées des lampes allumées à plusieurs branches ; au milieu, autour d'un long berceau, deux plats ovales et deux petites corbeilles.

Ils avaient tiré tous ces objets des compartiments du coffre, où ils avaient pris aussi des habits sacerdotaux, qu'on avait placés sur un autel fixe. La table, dressée pour les offrandes, était entourée d'un grillage. Des deux côtés de cette pièce du temple il y avait des rangées de sièges, dont l'une était plus élevée que l'autre ; il s'y trouvait des prêtres qui priaient. Siméon s'approcha alors de la sainte Vierge, qui tenait dans ses bras l'Enfant-Jésus enveloppé dans une étoffe bleu de ciel et la conduisit par la grille à la table des offrandes, où elle plaça l'enfant dans le berceau. A partir de ce moment, je vis le temple rempli d'une lumière dont rien ne peut rendre l'éclat. Je vis que Dieu y était, et au-dessus de l'enfant, je vis les cieux ouverts jusqu'au trône de la très sainte Trinité. Siméon reconduisit ensuite la sainte Vierge au lieu où se tenaient les femmes derrière un grillage. Marie portait un vêtement couleur bleu de ciel et un voile blanc ; elle était enveloppée dans un long manteau d'une couleur tirant sur le jaune.

Siméon alla ensuite à l'autel fixe, sur lequel étaient placés les vêtements sacerdotaux. Lui et trois autres prêtres s'habillèrent pour la cérémonie. Ils avaient au bras une espèce de petit bouclier, et sur la tête une sorte de mitre. L'un d'eux se tenait derrière la table des offrandes, l'autre devant ; deux autres étaient aux petits côtés, et ils récitaient des prières sur l'enfant.

La prophétesse Anne vint alors près de Marie, lui présenta la corbeille des offrandes, qui renfermait dans deux compartiments, placés l'un au-dessous de l'autre, des fruits et des colombes, et la conduisit au grillage qui était devant la table des offrandes ; elle resta là debout. Siméon, qui se tenait devant la table, ouvrit la grille, conduisit Marie devant la table, et y plaça son offrande. Dans un des plats ovales on plaça des fruits, dans l'autre des pièces de monnaie : les colombes restèrent dans la corbeille.

Siméon resta avec Marie devant l'autel des offrandes; le prêtre, placé derrière l'autel, prit l'Enfant-Jésus, l'éleva en l'air en le présentant vers différents côtés du temple et pria longtemps. Il donna ensuite l'enfant à Siméon qui le remit sur les bras de Marie, et lut des prières dans un rouleau placé près de lui sur un pupitre.

Siméon reconduisit alors la sainte Vierge devant la balustrade, d'où elle fut ramenée par Anne, qui l'attendait là, à la place où se tenaient les femmes ; il y en avait là une vingtaine, venues pour présenter au temple leurs premiers-nés. Joseph et d'autres hommes se tenaient plus loin, à l'endroit qui leur était assigné. Alors les prêtres, qui étaient devant l'autel, commencèrent un service avec des encensements et des prières ; ceux qui se trouvaient sur les sièges y prirent part en faisant quelques gestes, mais non exagérés comme ceux des Juifs d'aujourd'hui. Quand cette cérémonie fut finie, Siméon vint à l'endroit où se trouvait Marie, reçut d'elle l'Enfant-Jésus, qu'il prit dans ses bras, et, plein d'un joyeux enthousiasme, parla de lui longtemps, et en termes très expressifs. Il remercia Dieu d'avoir accompli sa promesse, et dit, entre autres choses : "C'est maintenant Seigneur, que vous renvoyez votre serviteur en paix selon votre parole ; car mes yeux ont vu votre salut que vous avez préparé devant la face de tous les peuples, la lumière qui doit éclairer les nations et glorifier votre peuple d'Israël ".

Jusqu'en 1823, dans le troisième récit da la prédication de Jésus, elle parla d'un séjour qu'il fit à Hébron, environ dix jours après la mort de saint Jean-Baptiste, elle vit Jésus, le vendredi 29 Thébet (17 janvier), faire une instruction sur la lecture du sabbat, qui était tirée de l'Exode (Ex 10-13), et qui traitait des ténèbres d'Egypte et du rachat des premiers nés. Elle vit à cette occasion toute la cérémonie de la présentation de Jésus dans le temple et raconta ce qui suit : "La sainte vierge présenta l'Enfant-Jésus au temple le quarante et unième jour après sa naissance. Elle resta à cause d'une fête trois jours dans l'auberge située devant la porte de Bethléem. Outre l'offrande ordinaire des colombes, elle offrit cinq petites plaques d'or de forme triangulaire provenant des présents des trois rois, et donna plusieurs pièces de belle étoffe pour les ornements du temple. Joseph, avant de quitter Bethléem, vendit à son cousin la jeune ânesse qu'il lui avait remise en gage le 30 novembre. Je crois toujours que l'ânesse sur laquelle Jésus entra à Jérusalem le dimanche des rameaux provenait de cette bête.


Joseph s'était rapproché après la présentation ; ainsi que Marie, il écouta avec respect les paroles inspirées de Siméon, qui les bénit tous deux, et dit à Marie : " Voici que celui-ci est placé pour la chute et pour la résurrection de plusieurs dans Israël, et comme un signe de contradiction ; un glaive traversera ton âme, afin que ce qu'il y a dans beaucoup de coeurs soit révélé " Lc 2,34-35.

Quand le discours de Siméon fut fini, la prophétesse Anne fut aussi inspirée, parla longtemps de l'Enfant-Jésus, et appela sa mère bienheureuse.

Je vis les assistants écouter tout cela avec émotion, mais pourtant sans qu'il en résultat aucun trouble ; les prêtres même semblèrent en entendre quelque chose. Il semblait que cette manière enthousiaste de prier à haute voix ne fût pas tout à fait une chose inaccoutumée, que des choses semblables arrivassent souvent, et que tout dût se passer ainsi. Tous donnèrent à l'enfant et à sa mère de grandes marques de respect. Marie brillait comme une rose céleste.


La sainte Famille avait présenté, en apparence, la plus pauvre des offrandes ; mais Joseph donna secrètement au vieux Siméon et à la prophétesse Anne beaucoup de petites pièces jaunes triangulaires, lesquelles devaient profiter spécialement aux pauvres vierges élevées dans le temple, et hors d'état de payer les frais de leur entretien.

Je vis ensuite la sainte Vierge, tenant l'enfant dans ses bras, reconduite par Anne et Noémi à la cour où elles l'avaient prise et où elles se firent réciproquement leurs adieux. Joseph y était déjà avec les deux hôtes ; il avait amené l'Ane sur lequel Marie monta avec l'enfant, et ils partirent aussitôt du temple, traversant Jérusalem en allant dans la direction de Nazareth.


Je n'ai pas vu la présentation des autres premiers-nés amenés aujourd'hui ; mais j'ai le sentiment que tous reçurent des grâces particulières, et que beaucoup d'entre eux furent du nombre des saints innocents égorgés par ordre d'Hérode.


La cérémonie de la Présentation dut être terminée ce matin, vers neuf heures ; car c'est alors que je vis partir la sainte Famille. Ils allèrent ce jour-là jusqu'à Béthoron, et passèrent la nuit dans la maison qui avait été le dernier gîte de la sainte Vierge, treize ans avant, lorsqu'elle fut conduite au temple. La maison me parut habitée par un maître d'école. Des gens, envoyés par sainte Anne, les attendaient là pour les prendre avec eux. Ils revinrent à Nazareth par un chemin beaucoup plus direct que celui qu'ils avaient pris en allant à Bethléem, lorsqu'ils évitaient les bourgs et n'entraient que dans les maisons isolées.


Joseph avait laissé chez son parent la jeune ânesse qui lui avait montré le chemin dans le voyage à Bethléem ; car il pensait toujours revenir à Bethléem, et à se construire une demeure dans la vallée des bergers. Il avait parlé de ce projet aux bergers, et il leur avait dit qu'il voulait seulement que Marie passât un certain temps chez sa mère pour se remettre des fatigues de son mauvais gîte. Il avait, à cause de cela, laissé beaucoup de choses chez les bergers.


Joseph avait avec lui une singulière espèce de monnaie qu'il avait reçue des trois rois. Il avait à sa robe une espèce de poche intérieure où il portait une quantité de feuilles de métal jaunes, minces, brillantes et repliées les unes sur les autres. Elles étaient carrées, avec les coins arrondis ; il y avait quelque chose de gravé. Les pièces d'argent que reçut Judas pour prix de sa trahison étaient plus épaisses et en forme de langue.


Pendant ces jours-là, je vis les trois saints rois réunis au delà d'une rivière. Ils firent une halte d'un jour et célébrèrent une fête. Il y avait là une grande maison entourée de plusieurs autres petites. Au commencement, ils voyageaient très vite ; mais, à dater de leur halte actuelle, ils allèrent beaucoup plus lentement qu'ils n'étaient venus. Je vis toujours en avant de leur cortège un jeune homme resplendissant qui leur parlait quelquefois.



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