Compendium 193


JE CROIS À LA COMMUNION DES SAINTS




194 . Que signifie l'expression communion des saints ?

Cette expression signifie avant tout la participation commune de tous les membres de l'Église aux réalités saintes (sancta) : la foi, les sacrements, en particulier l'Eucharistie, les charismes et les autres dons spirituels. À la source de la communion, il y a la charité, qui « ne cherche pas son intérêt » (
1Co 13,5), mais qui pousse les fidèles à « mettre tout en commun » (Ac 4,32), même leurs biens matériels, pour le service des plus pauvres.




195 . Que signifie encore la communion des saints ?

Elle désigne également la communion entre les personnes saintes (sancti), à savoir entre ceux qui, par la grâce, sont unis au Christ mort et ressuscité. Les uns sont en pèlerinage sur la terre, d'autres, ayant quitté cette vie, achèvent leur purification, soutenus aussi par nos prières, d'autres enfin jouissent déjà de la gloire de Dieu et intercèdent pour nous. Tous ensemble, ils forment dans le Christ une unique famille, l'Église, à la louange et à la gloire de la Trinité.


Marie, Mère du Christ, Mère de l'Église




196 . En quel sens la Bienheureuse Vierge Marie est-elle Mère de l'Église ?

La bienheureuse Vierge Marie est Mère de l'Église dans l'ordre de la grâce parce qu'elle a donné naissance à Jésus, le Fils de Dieu, Tête de son Corps qui est l'Église. En mourant sur la croix, Jésus l'a donnée comme mère à son disciple, par ces mots : « Voici ta mère » (
Jn 19,27).




197 . Comment la Vierge Marie aide-t-elle l'Église ?

Après l'ascension de son Fils, la Vierge Marie a aidé, par ses prières, les débuts de l'Église et, même après son assomption au ciel, elle continue d'intercéder pour ses enfants, d'être pour tous un modèle de foi et de charité, et d'exercer sur eux une influence salutaire, qui vient de la surabondance des mérites du Christ. Les fidèles voient en elle une icône et une anticipation de la résurrection qui les attend, et ils l'invoquent sous les titres d'avocate, d'auxiliatrice, de secours, de médiatrice.




198 . Quel type de culte convient-il à la Sainte Vierge ?

C'est un culte particulier, mais qui diffère essentiellement du culte d'adoration, réservé uniquement à la Sainte Trinité. Ce culte de vénération spéciale trouve une expression particulière dans les fêtes liturgiques dédiées à la Mère de Dieu ainsi que dans les prières mariales, comme le Rosaire, résumé de tout l'Évangile.




199 . Comment la bienheureuse Vierge Marie est-elle l'icône eschatologique de l'Église ?

En regardant Marie, toute sainte et déjà glorifiée en son corps et en son âme, l'Église contemple en elle ce qu'elle même est appelée à être sur la terre et ce qu'elle sera dans la patrie céleste.



«JE CROIS À LA RÉMISSION DES PÉCHÉS »




200 . Comment les péchés sont-ils remis ?

Le premier et le principal sacrement pour le pardon des péchés est le Baptême. Pour les péchés commis après le Baptême, le Christ a institué le sacrement de la Réconciliation ou de la Pénitence, par lequel le baptisé est réconcilié avec Dieu et avec l'Église.




201 . Pourquoi l'Église a-t-elle le pouvoir de pardonner les péchés ?

L'Église a la mission et le pouvoir de pardonner les péchés, parce que c'est le Christ lui-même qui les lui a conférés : « Recevez l'Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus » (
Jn 20,22-23).



« JE CROIS À LA RÉSURRECTION DE LA CHAIR »




202 . Que signifie le terme chair ? Quelle est son importance ?

Le terme chair désigne l'homme dans sa condition de faiblesse et de mortalité. « La chair est le pivot du salut » (Tertullien). En effet, nous croyons en Dieu, créateur de la chair ; nous croyons au Verbe fait chair pour racheter la chair, nous croyons en la résurrection de la chair, achèvement de la création et de la rédemption de la chair.




203 . Que signifie la « résurrection de la chair » ?

Cela signifie que l'état définitif de l'homme ne sera pas seulement l'âme spirituelle séparée du corps, mais que nos corps mortels sont aussi appelés à reprendre vie un jour.




204 . Quel rapport y a-t-il entre la résurrection du Christ et la nôtre?

De même que le Christ est vraiment ressuscité des morts et vit pour toujours, de même, il nous ressuscitera tous, au dernier jour, avec un corps incorruptible, « ceux qui ont fait le bien ressuscitant pour entrer dans la vie, et ceux qui ont fait le mal ressuscitant pour être jugés » (
Jn 5,29).




205 . À la mort, qu'arrivera-t-il à notre corps et à notre âme ?

À la mort, l'âme et le corps sont séparés, le corps tombe en corruption, tandis que l'âme, qui est immortelle, va vers le jugement de Dieu et attend d'être réunie au corps quand il sera transformé, lors du retour du Seigneur. Comprendre comment se produira la résurrection dépasse les capacités de notre imagination et de notre entendement.




206 . Que signifie mourir dans le Christ Jésus ?

Cela signifie mourir dans la grâce de Dieu, sans péché mortel. Celui qui croit au Christ et qui suit son exemple peut ainsi transformer sa mort en acte d'obéissance et d'amour envers le Père. « Cette parole est sûre : si nous mourons avec lui, avec lui nous vivrons » (
2Tm 2,11).



« JE CROIS À LA VIE ÉTERNELLE »




207 . Qu'est-ce que la vie éternelle ?

La vie éternelle est la vie qui commence aussitôt après la mort. Elle n'aura pas de fin. Elle sera précédée pour chacun par un jugement particulier prononcé par le Christ, juge des vivants et des morts, et elle sera scellée au jugement final.




208 . Qu'est ce que le jugement particulier ?

C'est le jugement de rétribution immédiate que chacun, à partir de sa mort, reçoit de Dieu en son âme immortelle, en relation avec sa foi et ses oeuvres. Cette rétribution consiste dans l'accession à la béatitude du ciel, aussitôt ou après une purification proportionnée, ou au contraire à la condamnation éternelle de l'enfer.




209 . Qu'entend-on par « ciel » ?

On entend par « ciel » l'état de bonheur suprême et définitif. Ceux qui meurent dans la grâce de Dieu et qui n'ont besoin d'aucune purification ultérieure sont réunis autour de Jésus et de Marie, des anges et des saints. Ils forment ainsi l'Église du ciel, où ils voient Dieu « face à face » (
1Co 13,12) ; ils vivent en communion d'amour avec la Sainte Trinité et ils intercèdent pour nous.

« La vie subsistante et vraie, c'est le Père qui, par le Fils et l'Esprit Saint, déverse sur tous sans exception les dons célestes. Grâce à sa miséricorde, nous aussi, hommes, nous avons reçu la promesse indéfectible de la vie éternelle »

(saint Cyrille de Jérusalem).




210 . Qu'est-ce que le purgatoire ?

Le purgatoire est l'état de ceux qui meurent dans l'amitié divine, mais qui, tout en étant assurés de leur salut éternel, ont encore besoin de purification pour entrer dans la béatitude du ciel.




211 . Comment pouvons-nous contribuer à la purification des âmes du purgatoire ?

En vertu de la communion des saints, les fidèles qui sont encore en pèlerinage sur la terre peuvent aider les âmes du purgatoire, en offrant pour elles des prières de suffrage, en particulier le Sacrifice eucharistique, mais aussi des aumônes, des indulgences et des oeuvres de pénitence.




212 . En quoi consiste l'enfer ?

Il consiste dans la damnation éternelle de ceux qui, par libre choix, meurent en état de péché mortel. La peine principale de l'enfer est la séparation éternelle de Dieu. C'est en Dieu seul que l'homme possède la vie et le bonheur pour lesquels il a été créé et auxquels il aspire. Le Christ exprime cette réalité par ces mots : « Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel » (
Mt 25,41).




213 . Comment concilier l'existence de l'enfer et l'infinie bonté de Dieu ?

S'il veut que « tous parviennent au repentir » (
2P 3,9), Dieu a toutefois créé l'homme libre et responsable, et il respecte ses décisions. C'est donc l'homme lui-même qui, en pleine autonomie, s'exclut volontairement de la communion avec Dieu, si, jusqu'au moment de sa mort, il persiste dans le péché mortel, refusant l'amour miséricordieux de Dieu.




214 . En quoi consistera le jugement dernier ?

Le jugement dernier (universel) consistera dans la sentence de vie bienheureuse ou de condamnation éternelle, que le Seigneur Jésus, lors de son retour comme juge des vivants et des morts, prononcera pour « les justes et les pécheurs » (
Ac 24,15), rassemblés tous ensemble devant lui. A la suite de ce jugement dernier, le corps ressuscité participera à la rétribution que l'âme a reçue dans le jugement particulier.




215 . Quand ce jugement arrivera-t-il ?

Ce jugement se produira à la fin du monde, dont seul Dieu connaît le jour et l'heure.




216 . Que signifie l'espérance des cieux nouveaux et de la nouvelle terre ?

Après le jugement dernier, l'univers lui-même, délivré de l'esclavage de la corruption, participera à la gloire du Christ avec l'inauguration des « cieux nouveaux » et de la « nouvelle terre » (
2P 3,13). Ainsi, sera atteinte la plénitude du Royaume de Dieu, c'est-à-dire l'accomplissement définitif du dessein sauveur de Dieu : « Récapituler toutes choses dans le Christ, dans le ciel et sur la terre » (Ep 1,10). Dieu sera alors « tout en tous » (1Co 15,28), pour la vie éternelle.

« Amen »




217 - Que signifie le mot amen, qui conclut notre profession de foi ?

Le mot juif amen qui conclut aussi le dernier livre de l'Écriture Sainte, ainsi que certaines prières du Nouveau Testament et les prières liturgiques de l'Église, signifie notre « oui » confiant et total à ce que nous avons professé de croire, nous confiant entièrement à celui qui est l'« Amen » définitif (
Ap 3,14), le Christ Seigneur.

Dans la peinture, ici représentée, Jésus s'approchent des Apôtres près de la table et, l'un après l'autre, il leur donne la communion. C'est un genre pictural qui montre la grande piété eucharistique de l'Église tout au long des siècles.

« Sine dominico non possumus » disait martyr Eméritus, au début du IVe siècle, durant l'une des plus impitoyables persécutions contre les chrétiens, celle de Dioclétien, en 304 après Jésus-Christ. Accusé d'avoir participé à l'Eucharistie avec sa communauté, il admet sans réticence : « Sans l'Eucharistie, nous ne pouvons vivre ». Et une des martyrs ajoute : « Oui, je suis allée à l'assemblée et j'ai célébré la cène du Seigneur avec mes frères, parce que je suis chrétienne » (Passion des martyrs d'Abitina, c. 11 ; 7,16). À cause de leur fidélité eucharistique, 49 martyrs nord-africains furent condamnés à mort. Jésus Eucharistie était la vie véritable pour Saturnin et ses compagnons martyrs d'Abitina, en Afrique proconsulaire. Ils préférèrent mourir plutôt que de se priver de la nourriture eucharistique, pain de la vie éternelle.

Saint Thomas d'Aquin avait l'habitude, à mi-journée, de descendre à l'église et, plein de confiance et d'abandon, d'apposer son front contre le tabernacle dans un colloque intime avec Jésus Eucharistie. Ce grand théologien médiéval est aussi connu pour avoir composé l'Office de la Fête du Corpus Domini, dans lequel il exprime pleinement sa profonde dévotion eucharistique.



L'Hymne des Louanges (Verbum supernum prodiens), est la synthèse de la spiritualité eucharistique catholique :

« Sur le point d'être livré à la mort, par le traître à ses complices,

[Jésus] se donna lui-même à ses disciples comme nourriture de vie.

Il leur donna sous une double espèce, sa Chair et son Sang ;

afin que, par cette double substance, il nourrisse l'homme tout entier.

En naissant, il se donna comme compagnon,

en s'asseyant à table avec eux, comme nourriture,

en mourant, comme récompense ».





Thomas d'Aquin, qui appelait l'Eucharistie « sommet et perfection de toute la vie spirituelle », ne fait qu'exprimer la conscience de foi de l'Église, qui croit en l'Eucharistie, présence vivante de Jésus au milieu de nous et nourriture indispensable à la vie spirituelle. L'Eucharistie constitue le fil rouge qui, à partir de la dernière Cène, relie tous les siècles de l'histoire de l'Église jusqu'à nous aujourd'hui. Les paroles de la consécration : « Ceci est mon Corps » et « Ceci est mon Sang », ont été prononcées, toujours et partout, même dans les goulags, dans les camps de concentration, dans les milliers de prisons qui existent encore aujourd'hui. C'est sur cet horizon eucharistique que l'Église fonde sa vie, sa communion et sa mission.



JOOS VAN WASSENHOVEN, Jésus donne la communion aux Apôtres, Galerie nationale des Marches, Urbino



DEUXIÈME PARTIE

LA CÉLÉBRATION DU MYSTÈRE CHRÉTIEN


PREMIÈRE SECTION - L'ÉCONOMIE SACRAMENTELLE



Le sacrifice de la croix est la source de l'économie sacramentelle de l'Église. Dans l'image, Marie, symbole de l'Église, recueille de sa main gauche du côté transpercé de Jésus, le sang et l'eau, symboles des sacrements de l'Église :

« Quand ils arrivèrent à Jésus, voyant qu'il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l'eau » (Jn 19,33-34).

Saint Augustin commente : « Notre Seigneur Jésus Christ, qui en souffrant, a offert pour nous ce qu'il avait pris de nous en naissant, devenu pour l'éternité le plus grand des prêtres, disposa que l'on offrit le sacrifice que vous voyez, c'est-à-dire son corps et son sang. En effet, son corps, déchiré par la lance, répandit l'eau et le sang, avec lesquels il remit nos péchés. En vous rappelant cette grâce, en vous redonnant la santé (car, de plus, c'est Dieu qui le fait en vous), apprêtez-vous, avec crainte et trépidation, à participer de cet autel. Reconnaissez dans le pain, le même [corps] que vous avez pendu sur la croix, et dans le calice, le même [sang] qui jaillit de son côté. Les sacrifices antiques du peuple de Dieu, dans leur multiple variété, préfiguraient aussi cet unique sacrifice qui devait venir. Et le Christ est en même temps l'agneau, en vertu de l'innocence de son âme pure, et le bouc, à cause de sa chair, semblable à celle du péché. Et tout ce qui est préfiguré de nombreuses et diverses manières dans les sacrifices de l'Ancien Testament, se réfère seulement à ce [sacrifice], qui a été révélé dans le Nouveau Testament.

Prenez donc et mangez le Corps du Christ, vous qui êtes maintenant devenus membres du Christ, dans le Corps du Christ ; prenez et buvez-vous le sang du Christ. Pour ne pas vous séparer, mangez ce qui vous unit ; pour ne pas vous considérer comme peu de chose, buvez votre prix. Comme il se transforme en vous lorsque vous en mangez et buvez, de même, vous aussi, vous vous transformez dans le Corps du Christ, si dans votre vie, vous vivez dans l'obéissance et dans la piété. En effet, déjà proche de sa passion, célébrant la Pâque avec ses disciples, il prit le pain, le bénit en disant : "Ceci est mon corps qui sera livré pour vous". De la même manière, après l'avoir béni, il donna le calice, en disant : "Ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, qui sera versé pour la multitude en rémission des péchés". Cela, vous le lisiez déjà et vous l'entendiez de l'Évangile, cependant vous ne saviez pas que cette Eucharistie est le Fils lui-même ; mais à présent, avec le coeur purifié dans une conscience sans tâche, et avec le corps lavé dans une eau pure, approchez-vous de lui et vous serez illuminés, et vos visages ne rougiront pas » (Discours 228 B).



Chapelle « Redemptoris Mater », Mosaïque de la paroi de l'Incarnation, Cité du Vatican.




218 . Qu'est-ce que la Liturgie ?

La Liturgie est la célébration du Mystère du Christ, en particulier de son Mystère pascal. Dans la liturgie, par l'intermédiaire de l'exercice de la fonction sacerdotale de Jésus Christ, est signifiée et réalisée, par des signes, la sanctification des hommes. Le Corps mystique du Christ, à savoir la tête et les membres, exerce le culte public qui est dû à Dieu.




219 . Quelle est la place de la Liturgie dans la vie de l'Église ?

Action sacrée par excellence, la liturgie constitue le sommet vers lequel tend l'action de l'Église et en même temps la source d'où provient sa force de vie. Par la liturgie, le Christ continue dans son Église, avec elle et par elle l'oeuvre de notre rédemption.




220 . En quoi consiste l'économie sacramentelle ?

L'économie sacramentelle consiste dans le fait de communiquer les fruits de la rédemption du Christ par la célébration des sacrements de l'Église, en tout premier lieu de l'Eucharistie, « jusqu'à ce qu'il revienne » (
1Co 11,26).


Chapitre I - Le mystère pascal dans la vie de l'Église - LA LITURGIE, OEUVRE DE LA SAINTE TRINITÉ




221 . Comment le Père est-il la source et la fin de la liturgie ?

Dans la liturgie, le Père nous comble de ses bénédictions en son Fils incarné, mort et ressuscité pour nous, et il répand dans nos coeurs l'Esprit Saint. En même temps, l'Église bénit le Père par l'adoration, la louange, l'action de grâces, et elle implore le don de son Fils et de l'Esprit Saint.




222 . Quelle est l'oeuvre du Christ dans la liturgie ?

Dans la liturgie, le Christ signifie et accomplit principalement son Mystère pascal. En donnant l'Esprit Saint aux Apôtres, il leur a donné, ainsi qu'à leurs successeurs, le pouvoir de réaliser l'oeuvre du salut par le Sacrifice eucharistique et par les sacrements, où il agit lui-même pour communiquer sa grâce aux fidèles de tous les temps et dans le monde entier.




223 . Dans la liturgie, comment le Saint-Esprit agit-il par rapport à l'Église ?

Dans la liturgie s'opère la coopération la plus étroite de l'Esprit Saint et de l'Église. L'Esprit Saint prépare l'Église à rencontrer son Seigneur. Il rappelle le Christ à la foi de l'assemblée et le lui manifeste. Il rend présent et actualise le mystère du Christ ; il unit l'Église à la vie et à la mission du Christ, et il fait fructifier en elle le don de la communion.



LE MYSTÈRE PASCAL DANS LES SACREMENTS DE L'ÉGLISE




224 . Pourquoi les sacrements ? Combien y en a-t-il ?

Les sacrements sont des signes sensibles et efficaces de la grâce, institués par le Christ et confiés à l'Église, par lesquels nous est donnée la vie divine. Ils sont au nombre de sept : le Baptême, la Confirmation, l'Eucharistie, la Pénitence, l'Onction des malades, l'Ordre et le Mariage.




225 . Quel est le rapport des sacrements avec le Christ ?

Les mystères de la vie du Christ constituent le fondement de ce que maintenant, par les ministres de l'Église, le Christ dispense dans les sacrements.

« Ce qui était visible dans notre Sauveur est passé dans les sacrements » (saint Léon le Grand).




226 . Quel est le lien des sacrements avec l'Église ?

Le Christ a confié les sacrements à son Église. Ils sont « de l'Église » en un double sens : ils sont « par l'Église », parce qu'ils sont action de l'Église, qui est le sacrement de l'action du Christ ; ils sont « pour l'Église », en ce sens qu'ils édifient l'Église.




227 . Qu'est-ce que le caractère sacramentel ?

C'est un sceau spirituel conféré par les sacrements du Baptême, de la Confirmation et de l'Ordre. Il est promesse et garantie de la protection divine. En vertu de ce sceau, le chrétien est configuré au Christ ; il participe de diverses manières à son sacerdoce. Il fait partie de l'Église selon des états et des fonctions différents. Il a ainsi pour vocation le culte divin et le service de l'Église. Puisque leur caractère est indélébile, les sacrements qui l'impriment ne sont reçus qu'une seule fois dans la vie.




228 . Quel est le rapport des sacrements avec la foi ?

Non seulement les sacrements supposent la foi, mais encore, par les paroles et les éléments rituels, ils la nourrissent, la fortifient et l'expriment. En célébrant les sacrements, l'Église confesse la foi apostolique. De là vient l'ancien adage « lex orandi, lex credendi », ce qui veut dire : l'Église croit comme elle prie.




229 . Pourquoi les sacrements sont-ils efficaces ?

Les sacrements sont efficaces ex opere operato (« par le fait même que l'action sacramentelle est accomplie »). C'est en effet le Christ qui agit en eux et qui communique la grâce qu'ils signifient, indépendamment de la sainteté personnelle du ministre ; toutefois les fruits du sacrement dépendent aussi des dispositions de ceux qui les reçoivent.




230 . Pourquoi les sacrements sont-ils nécessaires au salut ?

Même s'ils ne sont pas tous donnés à chaque croyant, les sacrements sont nécessaires à ceux qui croient au Christ, parce qu'ils confèrent les grâces sacramentelles, le pardon des péchés, l'adoption comme fils de Dieu, la conformation au Christ Seigneur et l'appartenance à l'Église. L'Esprit Saint guérit et transforme ceux qui les reçoivent.




231 . Qu'est-ce que la grâce sacramentelle ?

La grâce sacramentelle est la grâce de l'Esprit Saint, donnée par le Christ et propre à chaque sacrement. Cette grâce aide le fidèle sur le chemin de la sainteté ; elle aide aussi l'Église à croître dans la charité et dans son témoignage.




232 . Quel est le rapport des sacrements avec la vie éternelle ?

Dans les sacrements, l'Église reçoit déjà une anticipation de la vie éternelle, tout en demeurant « dans l'attente de la bienheureuse espérance et de la manifestation de la gloire de notre Dieu et Seigneur Jésus Christ » (
Tt 2,13).


Chapitre II La célébration sacramentelle du Mystère pascal


CÉLÉBRER LA LITURGIE DE L'ÉGLISE - Qui célèbre ?




233 . Qui agit dans la liturgie ?

Dans la liturgie, c'est le Christ total (« Christus Totus »), Tête et Corps, qui agit. En tant que Souverain Prêtre, il célèbre avec son Corps, qui est l'Église du ciel et de la terre.




234 . Qui célèbre la liturgie céleste ?

La liturgie céleste est célébrée par les anges, les saints de l'Ancienne et de la Nouvelle Alliance, en particulier par la Mère de Dieu, les Apôtres, les martyrs et une « multitude immense » que nul ne peut dénombrer, « de toutes nations, races, peuples et langues » (
Ap 7,9). Quand nous célébrons dans les sacrements le mystère du salut, nous prenons part à cette liturgie éternelle.




235 . Comment l'Église de la terre célèbre-t-elle la liturgie ?

L'Église sur la terre célèbre la liturgie en tant que peuple sacerdotal, au sein duquel chacun agit selon sa fonction propre, dans l'unité de l'Esprit Saint. Les baptisés s'offrent en sacrifice spirituel, les ministres ordonnés célèbrent selon l'Ordre qu'ils ont reçu pour le service de tous les membres de l'Église ; Évêques et prêtres agissent dans la personne du Christ Tête.


Comment célébrer ?




236 . Comment est célébrée la liturgie ?

La célébration liturgique est composée de signes et de symboles, dont la signification, enracinée dans la création et dans les cultures humaines, se précise dans les événements de l'Ancienne Alliance et s'accomplit pleinement dans la Personne et dans les oeuvres du Christ.




237 . D'où proviennent les signes sacramentels ?

Certains proviennent de la création (la lumière, l'eau, le feu, le pain, le vin, l'huile) ; d'autres proviennent de la vie sociale (laver, oindre, rompre le pain) ; d'autres encore, de l'histoire du salut dans l'Ancienne Alliance (les rites de la Pâque, les sacrifices, l'imposition des mains, les consécrations). De tels signes, dont certains sont prescrits et immuables, assumés par le Christ, sont porteurs de l'action du salut et de la sanctification.




238 . Quel lien existe-t-il entre les gestes et les paroles dans la célébration sacramentelle ?

Dans la célébration sacramentelle, gestes et paroles sont étroitement liés. En effet, même si les gestes symboliques sont déjà en eux-mêmes un langage, il est pourtant nécessaire que les paroles rituelles les accompagnent et les vivifient. Inséparables à la fois comme signes et enseignement, les paroles et les gestes liturgiques le sont aussi parce qu'ils réalisent ce qu'ils signifient.




239 . Selon quels critères le chant et la musique ont-ils leur rôle dans la célébration liturgique ?

Le chant et la musique sont en connexion étroite avec l'action liturgique ; ils doivent donc respecter les critères suivants : conformité à la doctrine catholique des textes, tirés de préférence de l'Écriture et des sources liturgiques, beauté expressive de la prière, qualité de la musique, participation de l'assemblée, richesse culturelle du peuple de Dieu, caractère sacré et solennel de la célébration. « Qui chante prie deux fois (saint Augustin).




240 . Quel est le but des images saintes ?

L'image du Christ est l'icône liturgique par excellence ; les autres images représentant la Vierge et les saints signifient le Christ qui est glorifié en eux. Elles proclament le message évangélique lui-même que la Sainte Écriture transmet par la parole. Elles contribuent à réveiller et à nourrir la foi des croyants.


Quand célébrer ?




241 . Quel est le centre du temps liturgique ?

Le centre du temps liturgique est le dimanche, fondement et coeur de toute l'année liturgique, qui, chaque année, a son sommet à Pâques, la fête des fêtes.




242 . Quel est le rôle de l'année liturgique ?

Au cours de l'année liturgique, l'Église célèbre la totalité du Mystère du Christ, de son Incarnation jusqu'à son retour dans la gloire. Certains jours, l'Église vénère avec une affection spéciale la bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu, et elle fait aussi mémoire des saints, qui ont vécu pour le Christ, qui ont souffert avec lui et qui sont avec lui dans la gloire.




243 . Qu'est-ce que la liturgie des Heures ?

La liturgie des Heures, prière publique et habituelle de l'Église, est la prière du Christ avec son Corps. Par elle, le Mystère du Christ, que nous célébrons dans l'Eucharistie, sanctifie et transfigure le temps de chaque jour. Elle se compose principalement de Psaumes et d'autres textes bibliques, ainsi que de lectures des Pères et des maîtres spirituels.


Où célébrer ?




244 . L'Église a-t-elle besoin de lieux pour célébrer la liturgie ?

Le culte « en esprit et en vérité » (
Jn 4,24) de la Nouvelle Alliance n'est lié à aucun lieu en particulier, car le Christ est le véritable temple de Dieu, grâce auquel les chrétiens et l'Église entière deviennent, sous l'action de l'Esprit Saint, temples du Dieu vivant. Toutefois, le Peuple de Dieu, dans sa condition terrestre, a besoin de lieux où la communauté peut se rassembler pour célébrer la liturgie.




245 . Que sont les édifices sacrés ?

Ils sont les maisons de Dieu, symbole de l'Église qui vit en tel lieu précis et symbole de la demeure céleste. Ce sont des lieux de prière dans lesquels l'Église célèbre surtout l'Eucharistie et adore le Christ, réellement présent dans le tabernacle.




246 . Quels sont les endroits privilégiés à l'intérieur des édifices sacrés ?

Ce sont : l'autel, le tabernacle, le lieu où sont conservés le saint chrême et les autres huiles saintes, le siège de l'Évêque (cathèdre) ou du curé, l'ambon, la cuve baptismale, le confessionnal.



LA DIVERSITÉ LITURGIQUE ET L'UNITÉ DU MYSTÈRE




247 . Pourquoi l'unique Mystère du Christ est-il célébré au sein de l'Église selon différentes traditions liturgiques ?

Parce que l'insondable richesse du Mystère du Christ ne peut être épuisée par une seule tradition liturgique. Depuis l'origine, cette richesse a donc trouvé, dans les différents peuples et les différentes cultures, des expressions qui se caractérisent par une variété et une complémentarité admirables.




248 . Quel est le critère qui garantit l'unité dans cette pluralité ?

C'est la fidélité à la Tradition apostolique, à savoir la communion dans la foi et dans les sacrements reçus des Apôtres, communion signifiée et garantie par la succession apostolique. L'Église est catholique : elle peut donc intégrer dans son unité toutes les véritables richesses des différentes cultures.




249 . Tout est-il immuable dans la liturgie ?

Dans la liturgie, surtout dans la liturgie des sacrements, il y a des éléments immuables, parce qu'ils sont d'institution divine, dont l'Église est la fidèle gardienne. Il y a aussi des éléments susceptibles de changement, qu'elle a le pouvoir et parfois le devoir d'adapter aux cultures des différents peuples.



DEUXIÈME SECTION - LES SEPT SACREMENTS DE L'ÉGLISE



Les sept Sacrements de l'Église

le Baptême,

la Confirmation,

l'Eucharistie,

la Pénitence,

l'Onction des malades,

l'Ordre,

le Mariage.



Septem Ecclesiae Sacramenta

Baptísmum,

Confirmátio,

Eucharístia,

Paeniténtia,

Unctio infirmórum,

Ordo,

Matrimónium.



Les sacrements de l'Église sont le fruit du sacrifice rédempteur de Jésus en croix. Le triptyque représente une église où sont célébrés les sept sacrements. Au centre, se dresse, de manière prédominante, la croix. Au pied du Crucifié, se trouve Marie, brisée, soutenue par Jean, ainsi que les pieuses femmes. En arrière plan, un prêtre célébrant élève l'hostie après la consécration pour indiquer que le sacrifice de la croix est réactualisé dans la célébration eucharistique sous les espèces du pain et du vin. Dans la partie gauche, qui montre une chapelle latérale, sont représentés les sacrements du Baptême, de la Confirmation,administrée par l'Évêque, et de la Pénitence. Dans la partie droite, par contre, sont représentés les sacrements de l'Ordre, administré également par l'Évêque, du Mariage et de l'Onction des malades.



ROGIER VAN DER WEYDEN, triptyque des sept sacrements, koninklijk Museum voor Schone Kunsten, Anvers.




250 . Comment se distinguent les sacrements ?

On distingue : les sacrements de l'initiation chrétienne (Baptême, Confirmation et Eucharistie), les sacrements de la guérison (Pénitence et Onction des malades), les sacrements au service de la communion et de la mission (Ordre et Mariage). Ils concernent les moments importants de la vie chrétienne. Tous sont ordonnés à l'Eucharistie « comme à leur fin spécifique » (saint Thomas d'Aquin).


Chapitre I - LES SACREMENTS DE L'INITIATION CHRÉTIENNE




251 . Comment se réalise l'initiation chrétienne ?

Elle se réalise par les sacrements qui posent les fondements de la vie chrétienne. Renés par le Baptême, les fidèles sont fortifiés par la Confirmation et se nourrissent de l'Eucharistie.



LE SACREMENT DU BAPTÊME




252 . Quels sont les noms du premier sacrement de l'initiation ?

Il prend d'abord le nom de Baptême en raison du rite central de la célébration. Baptiser veut dire « plonger » dans l'eau. Celui qui est baptisé est plongé dans la mort du Christ et il ressuscite avec lui comme « créature nouvelle » (
2Co 5,17). On l'appelle encore « bain de la régénération et de la rénovation dans l'Esprit Saint » (Tt 3,5) et « illumination », parce que le baptisé devient « fils de la lumière » (Ep 5,8).




253 . Comment le baptême est-il préfiguré dans l'Ancienne Alliance ?

Dans l'Ancienne Alliance, on trouve diverses préfigurations du Baptême : l'eau, source de vie et de mort, l'arche de Noé, qui sauve par l'eau, le passage de la Mer Rouge, qui a délivré Israël de la servitude en Égypte, la traversée du Jourdain, qui fait entrer Israël dans la Terre promise, image de la vie éternelle.




254 . Qui porte ces préfigurations à leur accomplissement ?

C'est Jésus Christ qui, au début de sa vie publique, se fait baptiser dans le Jourdain par Jean-Baptiste. Sur la croix, de son côté transpercé, jaillissent le sang et l'eau, signes du Baptême et de l'Eucharistie. Après sa Résurrection, il a confié aux Apôtres la mission suivante : « Allez, enseignez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit » (
Mt 28,19).




255 . Depuis quand et à qui l'Église administre-t-elle le Baptême ?

Depuis le jour de la Pentecôte, l'Église administre le Baptême à ceux qui croient en Jésus Christ.




256 . Quel est le rite essentiel du Baptême ?

Le rite essentiel de ce sacrement consiste à plonger dans l'eau le candidat ou à verser de l'eau sur sa tête, en prononçant l'invocation : au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit.




257 . Qui peut recevoir le Baptême ?

Toute personne non encore baptisée peut recevoir ce sacrement.




258 . Pourquoi l'Église baptise-t-elle les petits enfants ?

Parce que, étant nés avec le péché originel, les petits enfants ont besoin d'être délivrés du pouvoir du Malin et d'être introduits dans le royaume de la liberté des fils de Dieu.




259 . Que demande-t-on à un baptisé ?

À tout baptisé, on demande de faire la profession de foi, qui est exprimée personnellement dans le cas d'un adulte, ou par les parents et par l'Église dans le cas d'un petit enfant. Le parrain ou la marraine, et la communauté ecclésiale entière ont, eux aussi, une part de responsabilité dans la préparation au Baptême (catéchuménat), de même que dans le développement de la foi et de la grâce baptismale.




260 . Qui peut baptiser ?

Les ministres ordinaires du Baptême sont l'Évêque et les prêtres ; dans l'Église latine, il y a également le diacre. En cas de nécessité, toute personne peut baptiser, pourvu qu'elle ait l'intention de faire ce que fait l'Église. Celui qui baptise verse de l'eau sur la tête du candidat et prononce la formule baptismale trinitaire : « Je te baptise au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ».




261 . Le Baptême est-il nécessaire pour être sauvé ?

Le Baptême est nécessaire pour ceux auxquels l'Évangile a été annoncé et qui ont la possibilité de demander ce sacrement.




262 . Peut-on être sauvé sans le Baptême ?

Parce que le Christ est mort pour le salut de tous les hommes, peuvent aussi être sauvés sans le Baptême ceux qui sont morts à cause de la foi (Baptême du sang), les catéchumènes et de même ceux qui, sous la motion de la grâce, sans avoir la connaissance du Christ ni de l'Église, recherchent sincèrement Dieu et s'efforcent d'accomplir sa volonté (Baptême de désir). Quant aux petits enfants morts sans Baptême, l'Église dans sa liturgie les confie à la miséricorde de Dieu.




263 . Quels sont les effets du Baptême ?

Le Baptême remet le péché originel, tous les péchés personnels et les peines dues au péché. Il fait participer à la vie divine trinitaire par la grâce sanctifiante, par la grâce de la justification qui incorpore au Christ et à son Église. Il donne part au sacerdoce du Christ et il constitue le fondement de la communion avec tous les chrétiens. Il dispense les vertus théologales et les dons de l'Esprit Saint. Le baptisé appartient pour toujours au Christ : il est marqué du sceau indélébile du Christ (caractère).




264 . Quel sens revêt le nom chrétien donné au Baptême ?

Tout nom est important puisque que Dieu connaît chacun par son nom, c'est-à-dire par son caractère unique. Au Baptême, le chrétien reçoit dans l'Église un nom particulier, de préférence celui d'un saint, qui offre au baptisé un modèle de sainteté et qui l'assure de son intercession auprès de Dieu.



Compendium 193