Compendium 421


GRÂCE ET JUSTIFICATION




422 Qu'est-ce que la justification ?

La justification est l'oeuvre la plus excellente de l'amour de Dieu. Elle est l'action miséricordieuse et gratuite de Dieu qui nous remet nos péchés et qui nous rend justes et saints dans tout notre être. Cela se réalise par la grâce de l'Esprit Saint, qui nous a été méritée par la passion du Christ et qui nous est donnée par le Baptême. La justification ouvre la voie à la libre réponse de l'homme, c'est-à-dire à la foi au Christ et à la collaboration avec la grâce de l'Esprit Saint.




423 Qu'est-ce que la grâce qui justifie ?

La grâce est le don gratuit que Dieu nous donne afin de nous rendre participants de sa vie trinitaire et capables d'agir par amour pour lui. Elle est appelée grâce habituelle, ou sanctifiante ou déifiante, parce qu'elle sanctifie et divinise. Elle est surnaturelle, parce qu'elle dépend entièrement de l'initiative gratuite de Dieu et qu'elle dépasse les capacités de l'intelligence et des forces humaines. Elle échappe donc à notre expérience.




424 Quelles sont les autres sortes de grâce ?

Hormis la grâce habituelle, il y a les grâces actuelles (dons circonstanciés), les grâces sacramentelles (dons propres à chaque sacrement), les grâces spéciales ou charismes (qui ont comme finalité le bien commun de l'Église), parmi lesquels il y a les grâces d'état, qui accompagnent l'exercice des ministères ecclésiaux et des responsabilités de l'existence.




425 Quel rapport y a-t-il entre la grâce et la liberté humaine ?

La grâce prévient, prépare et suscite la libre réponse de l'homme. Elle répond aux profondes aspirations de la liberté humaine, l'invite à coopérer et la mène à la perfection.




426 Qu'est-ce que le mérite ?

Le mérite est ce qui donne droit à la récompense pour une action bonne. Dans ses rapports avec Dieu, l'homme, de lui-même, ne peut rien mériter, ayant tout reçu gratuitement de Dieu. Néanmoins, Dieu lui donne la possibilité d'acquérir des mérites par son union à la charité du Christ, source de nos mérites devant Dieu. Les mérites des bonnes oeuvres doivent donc être attribués avant tout à la grâce divine, et ensuite à la volonté libre de l'homme.




427 Quels biens pouvons-nous mériter ?

Sous la motion de l'Esprit Saint, nous pouvons mériter, pour nous-mêmes et pour autrui, les grâces utiles pour nous sanctifier et pour parvenir à la vie éternelle, ainsi que les biens temporels qui nous sont nécessaires, selon le dessein de Dieu. Nul ne peut mériter la grâce première, qui est à l'origine de la conversion et de la justification.




428 Sommes-nous tous appelés à la sainteté chrétienne ?

Tous les fidèles sont appelés à la sainteté chrétienne. Elle est la plénitude de la vie chrétienne et la perfection de la cha rité ; elle se réalise dans l'union intime avec le Christ et, en lui, avec la Sainte Trinité. Le chemin de sanctification du chrétien, après être passé par la croix, aura son achèvement dans la résurrection finale des justes, dans laquelle Dieu sera tout en tous.



L'ÉGLISE, MÈRE ET ÉDUCATRICE




429 Comment l'Église nourrit-elle la vie morale du chrétien ?

L'Église est la communauté où le chrétien accueille la Parole de Dieu et les enseignements de la « Loi du Christ » (Ga
Ga 6,2). Il y reçoit la grâce des sacrements. Il s'y unit à l'offrande eucharistique du Christ, en sorte que sa vie morale soit un culte spirituel. Il y apprend l'exemple de sainteté de la Vierge Marie et des saints.




430 Pourquoi le Magistère de l'Église intervient-il dans le domaine moral ?

Il revient au Magistère de l'Église d'annoncer la foi à croire et à appliquer dans la vie concrète. Cette tâche s'étend aussi aux préceptes spécifiques de la loi naturelle, parce que leur observance est nécessaire pour le salut.




431 Quelle est la finalité des préceptes de l'Église ?

Les cinq préceptes de l'Église ont pour but de garantir aux fidèles le minimum indispensable en ce qui concerne l'esprit de prière, la vie sacramentelle, l'engagement moral, et la croissance de l'amour de Dieu et du prochain.




432 Quels sont les préceptes de l'Église ?

Ce sont les suivants : 1) participer à la Messe le dimanche et les autres fêtes de précepte, et se libérer des travaux et des activités qui pourraient empêcher la sanctification de ces jours-là ; 2) confesser ses fautes en recevant le sacrement de la Réconciliation au moins une fois par an ; 3) recevoir le sacrement de l'Eucharistie au moins à Pâques ; 4) s'abstenir de manger de la viande et jeûner aux jours fixés pas l'Église ; 5) subvenir aux besoins matériels de l'Église, chacun selon ses possibilités.




433 Pourquoi la vie morale des chrétiens est-elle indispensable pour l'annonce de l'Évangile ?

Par leur vie conforme au Seigneur Jésus, les chrétiens attirent les hommes à la foi au vrai Dieu ; ils édifient l'Église ; ils pénètrent le monde de l'esprit de l'Évangile et préparent la venue du Royaume de Dieu.





DEUXIÈME SECTION - LES DIX COMMANDEMENTS



Un jeune posa à Jésus cette question : « “Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ?”. Jésus lui répondit : “Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suismoi” » (Mt 19,17-21) :

Suivre Jésus implique que l'on observe des commandements. L'ancienne loi n'est pas abolie, mais l'homme est invité à la retrouver en la personne du divin Maître, qui la réalise parfaitement en lui-même, en révèle pleinement le sens et en atteste la pérennité.

L'image de cette section représente Jésus, qui instruisait les disciples dans le sermon sur la montagne (cf. Mt Mt 57). Les éléments les plus importants de cet enseignement sont : les béatitudes, le perfectionnement de l'ancienne loi, la prière du Notre Père, les indications sur le jeûne, l'invitation faite aux disciples d'être sel de la terre et lumière du monde.

Avec son élévation de la terre et sa proximité du ciel, la montagne indique un lieu privilégié de rencontre avec Dieu. Jésus comme Maître, assis sur le roc qui constitue une cathèdre située en bonne place, avec l'index de la main droite pointé vers le ciel, indique la provenance divine de ses paroles de vie et de bonheur. Le rouleau qu'il tient dans la main gauche montre que sa doctrine est complète, doctrine qu'il remet avec confiance aux Apôtres, les invitant à prêcher l'Évangile à tous les peuples, en les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Les douze Apôtres, placés en couronne aux pieds du Maître, ont tous une auréole pour indiquer leur fidélité à Jésus et leur témoignage de sainteté dans l'Église. Un seul, à demi caché, à droite, a une auréole noire, pour évoquer son infidélité à la Bonne Nouvelle. L'annonce du royaume de Dieu prêché par Jésus ne fut pas parole vide et inconsistante, mais action efficace et valable. À ce propos, l'épisode du paralytique de Capharnaüm, rapporté par trois des synoptiques, est significatif : « Jésus monta en barque, traversa le lac et alla dans sa ville de Capharnaüm. Et voilà qu'on lui apportait un paralysé, couché sur une civière. Voyant leur foi, Jésus dit au paralysé : “Confiance, mon fils, tes péchés sont pardonnés”. Or, quelques scribes se disaient : “Cet homme blasphème”. Mais Jésus, connaissant leurs pensées, leur dit : “Pourquoi avez-vous en vous-mêmes des pensées mauvaises ? Qu'est-ce qui est le plus facile ? De dire : 'Tes péchés sont pardonnés', ou bien de dire : 'Lève toi et marche' ? Eh bien ! Pour que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir, sur la terre, de pardonner les péchés…” alors, il dit au paralysé : “Lève-toi, prends ta civière, et rentre chez toi” » (Mt 9,16).

Dans cet événement, la guérison physique n'est rien d'autre que la face visible du miracle spirituel de la libération du péché. Guérir et pardonner restent les gestes typiques de la pédagogie de Jésus divin Maître.



FRA ANGELICO, Le sermon sur la montagne, Musée de Saint Marc, Florence.



Exode 20, 2-17

« Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, de la maison d'esclavage. Tu n'auras pas d'autres dieux que moi. Tu ne feras aucune idole, aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre. Tu ne te prosterneras pas devant ces images, pour leur rendre un culte. Car moi, le Seigneur ton Dieu, je suis un Dieu jaloux : chez ceux qui me haïssent, je punis la faute des pères sur les fils, jusqu'à la troisième et la quatrième génération ; mais ceux qui m'aiment et observent mes commandements, je leur garde ma fidélité jusqu'à la millième génération. Tu n'invoqueras pas le nom du Seigneur ton Dieu pour le mal, car le Seigneur ne laissera pas impuni celui qui invoque son Nom pour le mal. Tu feras du sabbat un mémorial, un jour sacré. Pendant six jours tu travailleras, et tu feras tout ton ouvrage ; mais le septième jour est le jour du repos, sabbat en l'honneur du Seigneur ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes, ni l'immigré qui réside dans ta ville. Car en six jours le Seigneur a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu'ils contiennent, mais il s'est reposé le septième jour. C'est pourquoi le Seigneur a béni le jour du sabbat et l'a consacré. Honore ton père et ta mère, afin d'avoir longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu. Tu ne commettras pas de meurtre. Tu ne commettras pas d'adultère. Tu ne commettras pas de vol. Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain. Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son boeuf, ni son âne : rien de ce qui lui appartient ».


Deutéronome 5, 6-21

« Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, de la maison d'esclavage. Tu n'auras pas d'autres dieux que moi… Tu n'invoqueras pas le nom du Seigneur ton Dieu pour le mal. Observe le jour du sabbat comme un jour sacré. Honore ton père et ta mère. Tu ne commettras pas de meurtre. Tu ne commettras pas d'adultère. Tu ne commettras pas de vol. Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain. Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, tu ne désireras rien de ce qui appartient à ton prochain.


Formule catéchétique

Un seul Dieu tu adoreras et aimeras parfaitement. Son saint nom tu respecteras, fuyant blasphème et faux serment. Le jour du Seigneur garderas, en servant Dieu dévotement. Honore ton père et ta mère. Tu ne tueras pas. Tu ne commettras pas d'adultère. Tu ne voleras pas. Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain. Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain. Tu ne désireras rien de ce qui est à ton prochain.




434 « Maître, que faut-il faire pour obtenir la vie éternelle ? » (Mt 19,16)

Au jeune homme qui l'interroge, Jésus répond : « Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements », puis il ajoute : « Viens et suis-moi » (Mt 19,16-21). Suivre Jésus implique d'observer les commandements. La Loi n'est pas abolie ; mais l'homme est invité à la retrouver dans la personne du Divin Maître, qui la réalise parfaitement en lui-même, qui en révèle la pleine signification et qui en atteste la pérennité.




435 Comment Jésus interprète-t-il la Loi ?

Jésus l'interprète à la lumière du double et unique commandement de la charité, qui est la plénitude de la Loi : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit. C'est le plus grand et le premier des commandements. Et le second lui est semblable : tu aimeras ton prochain comme toi-même. Ces deux commandements contiennent toute la Loi et les Prophètes » (
Mt 22,37-40).




436 Que signifie « Décalogue » ?

Décalogue signifie « Dix paroles » (
Ex 34,28). Ces paroles résument la Loi donnée par Dieu au peuple d'Israël dans le contexte de l'Alliance avec Moïse. Présentant les commandements de l'amour de Dieu (dans les trois premiers commandements) et de l'amour du prochain (dans les sept autres), elles tracent pour le peuple élu et pour toute personne le chemin d'une vie libérée de l'esclavage du péché.




437 Quel est le lien du Décalogue avec l'Alliance ?

Le Décalogue se comprend à la lumière de l'Alliance, dans laquelle Dieu se révèle, faisant connaître sa volonté. En observant les commandements, le peuple exprime son appartenance à Dieu et répond avec gratitude à son initiative d'amour.




438 Quelle importance l'Église donne-t-elle au Décalogue ?

Fidèle à l'Écriture et à l'exemple du Christ, l'Église reconnaît au Décalogue une importance et une signification primordiales. Les chrétiens sont tenus de l'observer.




439 Pourquoi le Décalogue constitue-t-il une unité organique ?

Les Dix Commandements constituent un ensemble organique et indissociable, parce que chaque commandement renvoie aux autres et à tout le Décalogue. Transgresser un commandement, c'est donc enfreindre toute la Loi.




440 Pourquoi le Décalogue oblige-t-il gravement ?

Parce que le Décalogue énonce les devoirs fondamentaux de l'homme envers Dieu et envers le prochain.




441 Est-il possible d'observer le Décalogue ?

Oui, parce que le Christ, sans lequel nous ne pouvons rien faire, nous rend capables de l'observer par le don de son Esprit et de sa grâce.


Chapitre I - « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur,de toute ton âme et de tout ton esprit »


LE PREMIER COMMANDEMENT : JE SUIS LE SEIGNEUR TON DIEU. TUN'AURAS PAS D'AUTRE DIEU




442 Qu'implique la déclaration divine : « Je suis le Seigneur ton Dieu » (Ex 20,2) ?

Pour le fidèle, elle implique de garder et d'exercer les trois vertus théologales, et d'éviter les péchés qui s'y opposent. La foi croit en Dieu et repousse ce qui lui est contraire, comme par exemple le doute volontaire, l'incrédulité, l'hérésie, l'apostasie, le schisme. L'espérance attend avec confiance la vision bienheureuse de Dieu et son aide, évitant le désespoir et la présomption. La charité aime Dieu pardessus tout : il faut donc repousser l'indifférence, l'ingratitude, la tiédeur, l'acédie ou indolence spirituelle, et la haine de Dieu, qui naît de l'orgueil.


443 Qu'implique la Parole du Seigneur : « Adore le Seigneur ton Dieu, à lui seul tu rendras un culte » (Mt 4,10) ?

Elle implique d'adorer Dieu comme le Seigneur de tout ce qui existe ; de lui rendre le culte qui lui est dû de façon individuelle et communautaire ; de le prier par la louange, l'action de grâces et la supplication ; de lui offrir des sacrifices, avant tout le sacrifice spirituel de notre vie, uni au sacrifice parfait du Christ ; de garder les promesses et les voeux faits à Dieu.




444 De quelle manière la personne met-elle en oeuvre son droit de rendre à Dieu un culte en vérité et en liberté ?

Tout homme a le droit et le devoir moral de chercher la vérité, surtout en ce qui concerne Dieu et son Église, et quand il l'a connue, de l'embrasser et de lui être fidèle, en rendant à Dieu un culte authentique. En même temps, la dignité de la personne humaine requiert qu'en matière religieuse nul ne soit forcé d'agir contre sa conscience, ni, dans les limites de l'ordre public, empêché d'agir selon sa conscience, en privé comme en public, seul ou associé à d'autres.




445 Qu'est-ce que Dieu interdit quand il commande : « Tu n'auras pas d'autres dieux devant Moi » (Ex 20,2) ?

Ce commandement proscrit : le polythéisme, et l'idolâtrie qui divinise une créature, le pouvoir, l'argent, même le démon ;

la superstition, qui est une déviance du culte dû au vrai Dieu et qui s'exprime encore sous diverses formes de divinisation, de magie, de sorcellerie et de spiritisme ;

l'irréligion qui s'exprime par l'action de tenter Dieu, en paroles ou en actes, par le sacrilège, qui profane des personnes ou des choses sacrées, surtout l'Eucharistie, par la simonie, par laquelle on entend acheter ou vendre des réalités spirituelles ;

l'athéisme, qui rejette l'existence de Dieu, se fondant souvent sur une fausse conception de l'autonomie humaine ; l'agnosticisme, pour lequel on ne peut rien savoir de Dieu et qui comprend aussi l'indifférentisme et l'athéisme pratique.




446 Le commandement de Dieu : « Tu ne te feras aucune image sculptée » (Ex 20,3) interdit-il le culte des images ?

Dans l'Ancien Testament, ce commandement interdisait de représenter Dieu absolument transcendant. À partir de l'incarnation du Fils de Dieu, le culte chrétien des images saintes est justifié (comme l'affirme le deuxième concile de Nicée EN 787), parce qu'il se fonde sur le mystère du Fils de Dieu fait homme, en qui le Dieu transcendant se rend visible. Il ne s'agit pas d'une adoration de l'image, mais d'une vénération de celui qui est représenté en elle : le Christ, la Vierge, les Anges et les Saints.



LE DEUXIÈME COMMANDEMENT : TU NE PRONONCERAS PAS LE NOM DE DIEU EN VAIN




447 Comment respecte-t-on la sainteté du Nom de Dieu ?

On respecte le Saint Nom de Dieu en l'invoquant, en le bénissant, en le louant et en le glorifiant. Il faut donc éviter l'abus d'en appeler au Nom de Dieu pour justifier un délit et tout usage inconvenant de son Nom, tels le blasphème, qui par nature est un péché grave, les jurons et l'infidélité aux promesses faites au Nom de Dieu.




448 Pourquoi le faux serment est-il interdit ?

Parce qu'il met en cause Dieu, qui est la vérité même, pris à témoin d'un mensonge.

« Ne jurer ni par le Créateur, ni par la créature, si ce n'est avec vérité, nécessité et révérence » (saint Ignace de Loyola).




449 Qu'est ce que le parjure ?

Le parjure consiste à faire, sous serment, une promesse avec l'intention de ne pas la tenir, ou de violer la promesse faite sous serment. C'est un péché grave contre Dieu, qui est toujours fidèle à ses promesses.



LE TROISIÈME COMMANDEMENT : SE SOUVENIR DE SANCTIFIER LES JOURS FESTIFS




450 Pourquoi Dieu a-t-il « béni et déclaré saint le jour du sabbat » (Ex 20,11) ?

Le jour du sabbat, on fait mémoire du repos de Dieu le septième jour de la création, comme aussi de la libération d'Israël de l'esclavage d'Égypte et de l'Alliance établie par Dieu avec son peuple.




451 Comment se comporte Jésus par rapport au sabbat ?

Jésus reconnaît la sainteté du sabbat et, avec son autorité divine, il en donne l'interprétation authentique : « Le sabbat est fait pour l'homme et non l'homme pour le sabbat » (
Mc 2,27).




452 Pour quel motif le dimanche a-t-il été substitué au sabbat pour les chrétiens ?

Le dimanche est le jour de la résurrection du Christ. Comme « premier jour de la semaine » (
Mc 16,2), il rappelle la première création ; comme « huitième jour », jour qui suit le sabbat, il signifie la nouvelle création inaugurée par la résurrection du Christ. Ainsi, il est devenu pour les chrétiens le premier de tous les jours et de toutes les fêtes : le jour du Seigneur, qui, dans sa Pâque, porte à son achèvement le sabbat juif et annonce le repos éternel de l'homme en Dieu.




453 Comment sanctifie-t-on le dimanche ?

Les chrétiens sanctifient le dimanche et les autres fêtes de précepte en participant à l'Eucharistie du Seigneur et en s'abstenant aussi des activités qui empêchent de rendre le culte à Dieu, qui troublent la joie propre au jour du Seigneur et la nécessaire détente de l'esprit et du corps. Peuvent être accomplies ce jour-là les activités liées aux nécessités familiales ou aux services de grande utilité sociale, à condition qu'elles ne constituent pas des habitudes préjudiciables à la sanctification du dimanche, ni à la vie de famille ou à la santé.




454 Pourquoi la reconnaissance civile du dimanche comme jour festif est-elle importante ?

Pour que soit donnée à tous la possibilité effective de jouir d'un repos suffisant et d'un temps libre permettant de cultiver la vie religieuse, familiale, culturelle et sociale ; de disposer d'un temps propice à la méditation, à la réflexion, au silence et à l'étude ; de se consacrer aux bonnes oeuvres, en particulier au profit des malades et des personnes âgées.


Chapitre II - « Tu aimeras ton prochain comme toi-même »


LE QUATRIÈME COMMANDEMENT : HONORE TON PÈRE ET TA MÈRE




455 Que commande le quatrième commandement ?

Il commande d'honorer et de respecter nos parents et ceux que Dieu, pour notre bien, a revêtus de son autorité.




456 Quel est la nature de la famille dans le plan de Dieu ?

Un homme et une femme unis par le mariage forment ensemble, avec leurs enfants, une famille. Dieu a institué la famille et l'a dotée de sa constitution fondamentale. Le mariage et la famille sont ordonnés au bien des époux, à la procréation et à l'éducation des enfants. Entre les membres d'une famille s'établissent des relations personnelles et des responsabilités primordiales. Dans le Christ, la famille devient une église domestique, parce qu'elle est communauté de foi, d'espérance et d'amour.




457 Quelle place tient la famille dans la société ?

La famille est la cellule originelle de la société humaine et précède toute reconnaissance de la part de l'autorité publique. Les principes et les valeurs de la famille constituent le fondement de la vie sociale. La vie de famille est une initiation à la vie en société.




458 Quels sont les devoirs de la société dans ses rapports à la famille ?

La société a le devoir de soutenir et d'affermir le mariage et la famille, en respectant aussi le principe de subsidiarité. Les pouvoirs publics doivent respecter, protéger et favoriser la vraie nature du mariage et de la famille, la morale publique, les droits des parents et la prospérité des foyers.




459 Quels sont les devoirs des enfants envers leurs parents ?

Les enfants doivent respect (piété filiale), reconnaissance, docilité et obéissance envers leurs parents, contribuant ainsi, par les bonnes relations entre frères et soeurs, au progrès de l'harmonie et de la sainteté de toute la vie familiale. Si les parents se trouvent dans une situation d'indigence, de maladie, d'isolement ou de vieillesse, les enfants adultes doivent leur fournir un soutien moral et matériel.




460 Quels sont les devoirs des parents envers leurs enfants ?

Participants de la paternité divine, les parents sont les premiers responsables de l'éducation de leurs enfants et les premiers à leur annoncer la foi. Ils ont le devoir d'aimer et de respecter leurs enfants comme personnes et comme fils de Dieu. Ils ont à pourvoir, autant que faire se peut, à leurs besoins matériels et spirituels, choisissant pour eux une école appropriée et leur prodiguant de prudents conseils pour choisir leur profession et leur état de vie. En particulier, ils ont pour mission de les éduquer à la foi chrétienne.




461 Comment les parents éduquent-ils leurs enfants à la foi chrétienne ?

Principalement par l'exemple, la prière, la catéchèse familiale et la participation à la vie ecclésiale.




462 Les liens de famille sont-ils un bien absolu ?

Les liens de famille, bien qu'ils soient importants, ne sont pas absolus, parce que la première vocation du chrétien est de suivre Jésus en l'aimant : « Qui aime son père et sa mère plus que moi, n'est pas digne de moi. Qui aime sa fille ou son fils plus que moi n'est pas digne de moi » (
Mt 10,37). Les parents doivent aider avec joie leurs enfants à suivre Jésus, dans tous les états de vie, même dans la vie consacrée ou dans le ministère sacerdotal.




463 Comment doit s'exercer l'autorité dans les différents domaines de la société civile ?

Elle doit toujours s'exercer comme un service, en respectant les droits fondamentaux de l'homme, une juste hiérarchie des valeurs, les lois, la justice distributive et le principe de subsidiarité. Dans l'exercice de l'autorité, chacun doit rechercher l'intérêt de la communauté au lieu du sien propre. Ses décisions doivent s'inspirer de la vérité sur Dieu, sur l'homme et sur le monde.




464 Quels sont les devoirs des citoyens dans leurs rapports avec les autorités civiles ?

Ceux qui sont soumis à l'autorité doivent considérer leurs supérieurs comme des représentants de Dieu, offrant leur collaboration loyale pour le bon fonctionnement de la vie publique et sociale. Cela comporte l'amour et le service de la patrie, le droit et le devoir de voter, le paiement des impôts, la défense du pays et le droit à une critique constructive.




465 Quand le citoyen doit-il ne pas à obéir aux autorités civiles ?

Le citoyen ne doit pas, en conscience, obéir quand les prescriptions des autorités civiles s'opposent aux exigences de l'ordre moral : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes » (
Ac 5,29).



LE CINQUIÈME COMMANDEMENT : NE PAS TUER




466 Pourquoi faut-il respecter la vie humaine ?

Parce que la vie humaine est sacrée. Dès son origine, elle comporte l'action créatrice de Dieu et demeure pour toujours dans une relation spéciale avec le Créateur, son unique fin. Il n'est permis à personne de détruire directement un être humain innocent, car cela est gravement contraire à la dignité de la personne et à la sainteté du Créateur. « Vous ne ferez pas mourir l'innocent et le juste » (
Ex 23,7).




467 Pourquoi la légitime défense des personnes et des sociétés n'est-elle pas contraire à cette règle absolue ?

Par la légitime défense, on fait le choix de se défendre et de mettre en valeur le droit à la vie, la sienne propre ou celle d'autrui, et non le choix de tuer. Pour qui a la responsabilité de la vie d'autrui, la légitime défense peut être aussi un devoir grave. Toutefois, elle ne doit pas comporter un usage de la violence plus grande que ce qui est nécessaire.




468 À quoi sert une peine ?

Une peine infligée par l'autorité publique légitime a pour but de réparer le désordre introduit par la faute, de défendre l'ordre public et la sécurité des personnes, et de contribuer à l'amendement du coupable.




469 Quelle peine peut-on infliger ?

La peine infligée doit être proportionnée à la gravité du délit. Aujourd'hui, étant donné les possibilités dont l'État dispose pour réprimer le crime en rendant inoffensif le coupable, les cas d'absolue nécessité de la peine de mort « sont désormais très rares, sinon même pratiquement inexistants » (Evangelium vitae). Quand les moyens non sanglants sont suffisants, l'autorité se limitera à ces moyens, parce qu'ils correspondent mieux aux conditions concrètes du bien commun, ils sont plus conformes à la dignité de la personne et n'enlèvent pas définitivement, pour le coupable, la possibilité de se racheter.




470 Qu'interdit le cinquième commandement ?

Le cinquième commandement interdit comme gravement contraires à la loi morale : L'homicide direct et volontaire, ainsi que la coopération à celui-ci ;

l'avortement direct, recherché comme fin et comme moyen, ainsi que la coopération à cet acte, avec la peine d'excommunication, parce que l'être humain, dès sa conception, doit être défendu et protégé de manière absolue dans son intégrité ;

l'euthanasie directe, qui consiste à mettre fin, par un acte ou par l'omission d'une action requise, à la vie de personnes handicapées, malades ou proches de la mort ;

le suicide et la coopération volontaire à celui-ci, parce qu'il est une offense grave au juste amour de Dieu, de soi-même et du prochain ; quant à la responsabilité, elle peut être aggravée en raison du scandale ou diminuée par des troubles psychiques particuliers ou par de graves craintes.




471 Quelles procédures médicales sont autorisées quand la mort est considérée comme imminente ?

Les soins habituellement dus à une personne malade ne peuvent être légitimement interrompus. Par contre, sont légitimes le recours à des analgésiques n'ayant pas comme finalités la mort, ainsi que le renoncement à « l'acharnement thérapeutique », c'est-à-dire , à l'usage de procédés médicaux disproportionnés et sans espoir raisonnable d'une issue favorable.




472 Pourquoi la société doit-elle protéger tout embryon ?

Le droit inaliénable à la vie de tout individu humain, dès sa conception, est un élément constitutif de la société civile et de sa législation. Quand l'État ne met pas sa force au service des droits de tous, et en particulier des plus faibles, parmi lesquels les enfants conçus non encore nés, ce sont les fondements mêmes de l'état de droit qui sont minés.




473 Comment éviter le scandale ?

Le scandale, qui consiste à porter autrui à faire le mal, est à éviter en respectant l'âme et le corps de la personne. Si l'on porte délibérément autrui au péché grave, on commet une faute grave.




474 Quels devoirs avons-nous envers le corps ?

Nous devons porter une attention raisonnable à la santé physique, la nôtre et celle d'autrui, en évitant le culte du corps et toutes sortes d'excès. Doivent aussi être évités l'usage de stupéfiants, qui causent de graves dommages à la santé et à la vie humaine, et aussi l'abus de nourriture, d'alcool, de tabac et de médicaments.




475 Quand les expérimentations scientifiques, médicales et psychologiques sont-elle moralement légitimes sur les individus ou sur des groupes humains ?

Elles sont moralement légitimes si elles sont au service du bien intégral de la personne et de la société, sans risques disproportionnés pour la vie et l'intégrité physique ou psychique des individus, qui doivent être, au préalable, informés et consentants.




476 Avant et après la mort, le prélèvement et le don d'organes sont-ils autorisés ?

Le prélèvement d'organes est moralement acceptable avec le consentement du donneur et sans risques excessifs pour lui. Pour que soit réalisé l'acte noble du don d'organes après la mort, on doit être pleinement certain de la mort réelle du donneur.




477 Quelles sont les pratiques contraires au respect de l'intégrité corporelle de la personne humaine ?

Ce sont : les enlèvements et les prises d'otages de personnes, le terrorisme, la torture, les violences, la stérilisation directe. Les amputations et les mutilations d'une personne ne sont moralement acceptables qu'à des fins thérapeutiques pour la personne elle-même.




478 Comment doit-on prendre soin des mourants ?

Les mourants ont le droit de vivre dans la dignité les derniers moments de leur vie terrestre, et surtout avec le soutien de la prière et des sacrements, qui les préparent à rencontrer le Dieu vivant.




479 Comment doivent être traités les corps des défunts ?

Les corps des défunts doivent être traités avec respect et charité. L'incinération est permise à condition qu'elle soit réalisée sans mettre en cause la foi en la résurrection des corps.




480 Que demande le Seigneur à toute personne en ce qui concerne la paix ?

Le Seigneur, qui a proclamé « bienheureux les artisans de paix » (
Mt 5,9), demande la paix du coeur et dénonce l'immoralité de la colère, qui est un désir de vengeance pour le mal subi, et la haine, qui porte à désirer le mal pour le prochain. Ces comportements, s'ils sont volontaires et consentis dans des matières de grande importance, sont des péchés graves contre la charité.




481 Qu'est-ce que la paix dans le monde ?

La paix dans le monde, qui est requise pour le respect et le développement de la vie humaine, n'est pas simplement l'absence de la guerre ou l'équilibre de forces opposées ; elle est « tranquillité de l'ordre » (saint Augustin), « fruit de la justice » (
Is 32,17) et effet de la charité. La paix terrestre est image et fruit de la paix du Christ.




482 Que réclame la paix dans le monde ?

La paix dans le monde réclame une distribution équitable et , la protection des biens des personnes, la libre communication entre les êtres humains, le respect de la dignité des personnes et des peuples, la pratique assidue de la justice et de la fraternité.




483 Quand peut-on moralement consentir à l'usage de la force militaire ?

Le recours à la force militaire est moralement justifié par la présence simultanée des conditions suivantes : la certitude d'un dommage subi grave et durable ; l'inefficacité de toute solution pacifique ; les conditions sérieuses d'un succès ; l'absence de maux plus grands, étant bien considérée la puissance actuelle des moyens de destruction.




484 En cas de menace de guerre, à qui appartient-il d'apprécier de manière rigoureuse de telles conditions ?

Cela appartient au jugement prudent des Gouvernants, aux quels revient aussi le droit d'imposer aux citoyens l'obligation de la défense nationale, étant sauf le droit personnel à l'objection de conscience, obligation qui peut être réalisée par d'autres formes de service de la communauté humaine.




485 En cas de guerre, que demande la loi morale ?

La loi morale demeure toujours valide, même en cas de guerre. Elle demande que soient traités avec humanité les non combattants, les soldats blessés et les prisonniers. Les actes délibérément contraires au droit des gens et les ordres qui les commandent sont des crimes que l'obéissance aveugle ne suffit pas à excuser. Il faut condamner les destructions massives, ainsi que l'extermination d'un peuple ou d'une minorité ethnique. Ce sont des péchés très graves et on est moralement tenu de résister aux ordres de ceux qui les commandent.




486 Que faut-il faire pour éviter la guerre ?

On doit faire ce qui est raisonnablement possible pour éviter à tout prix la guerre, étant donné les maux et les injustices qu'elle provoque. En particulier, il faut éviter l'accumulation et le commerce des armes non dûment réglementées par les pouvoirs légitimes ; les injustices, surtout économiques et sociales ; les discriminations ethniques et religieuses ; l'envie, la défiance, l'orgueil et l'esprit de vengeance. Tout ce qui est fait pour vaincre ces désordres et d'autres encore contribue à édifier la paix et à éviter la guerre.



Compendium 421