I pars (Drioux 1852) Qu.106 a.2


ARTICLE III. — UN ANGE INFÉRIEUR PEUT-IL ÉCLAIRER UN ANGE SUPÉRIEUR (2) ?


(2) Saint Thomas se prononce pour la négative, parce que dans le sentiment contraire il ne serait pas possible de comprendre les hiérarchies célestes.

Objections: 1.. Il semble qu'un ange inférieur puisse éclairer un ange supérieur. Car la hiérarchie ecclésiastique découle de la hiérarchie céleste et la représente. C'est pourquoi nous appelons la Jérusalem céleste notre mère. Or, dans l'Eglise les supérieurs sont éclairés et instruits par les inférieurs, d'après ces paroles de l'Apôtre (I. Cor. xiv, 34) : Fous pouvez tous prophétiser Vun après Vautre afin que tous apprennent et que tous exhortent. Donc dans la hiérarchie céleste les anges supérieurs peuvent être éclairés par les inférieurs.

2.. Comme l'ordre des substances corporelles dépend de la volonté de Dieu, de même l'ordre des créatures intellectuelles. Or, comme nous l'avons dit (quest. préc art. 6 et 7), Dieu déroge quelquefois à l'ordre des substances corporelles. Donc il peut aussi quelquefois déroger à l'ordre des substances spirituelles en éclairant les substances inférieures sans se servir des substances supérieures. Les anges inférieurs ainsi éclairés peuvent donc illuminer les anges supérieurs.

3.. Un ange éclaire celui vers lequel il se tourne, comme nous l'avons dit (art. 4). Or, comme ce mouvement est volontaire, un ange supérieur peut se tourner vers le dernier des anges sans éclairer les anges intermédiaires. Il peut donc l'éclairer immédiatement, et celui-ci peut alors éclairer ceux qui sont au-dessus de lui.

Mais c'est le contraire. Car saint Denis dit (De eccl. hier. cap. 5) : Dieu a voulu que ce fût une loi immuable que les inférieurs fussent élevés à lui par les supérieurs.

CONCLUSION. - Un ordre est soumis à un autre ordre comme une cause est soumise à une autre cause, et l'ange inférieur ne peut pas par sa puissance naturelle et ordinaire éclairer un ange qui est au-dessus de lui.

Il faut répondre que les anges inférieurs n'éclairent jamais les anges supérieurs, mais ils en sont toujours éclairés. La raison en est que, comme nous l'avons dit (quest. préc. art. 6), un ordre est compris dans un autre ordre comme le domaine d'une cause dans celui d'une autre. Par conséquent, comme la cause inférieure est soumise à la cause supérieure, de même l'ordre inférieur est assujetti à celui qui est au-dessus de lui. 11 n'y a donc pas plus de répugnance à ce qu'une chose sorte de l'ordre d'une cause inférieure pour suivre 1 impulsion d'une cause supérieure qu'il n'y en a dans les choses humaines à ce qu'on néglige les ordres du préfet pour obéir à ceux du chef de l'Etat. C'est ce qui fait que Dieu déroge quelquefois miraculeusement à l'ordre de la nature matérielle pour que les hommes le connaissent. Mais en dérogeant à l'ordre auquel les substances spirituelles sont soumises il ne pourrait en aucun cas se proposer par là d'élever les hommes verslui, puisque nous ne voyons pas ce qui se passe parmi les anges (1) comme ce qui se passe dans le monde sensible. Il ne déroge donc jamais à cet ordre ; c'est aux anges supérieurs à instruire les anges inférieurs, et ces relations ne peuvent jamais ôtre interverties.

(1) Dans ce cas. le miracle manquerait de la première condition que nous avons exigée (quest. préc. art. 7) : il ne serait pas sensible. El comme saint Thomas veut que tout se rapporte à la sanctification de l'homme : Omnia projeter electos, cette raison lui parait suffisante pour nier la possibilité du fait.


Solutions: 1. Il faut répondre au premier argument, que la hiérarchie ecclésiastique imite la hiérarchie céleste sous certains rapports, mais elle n'en reproduit pas absolument l'image. Car dans la hiérarchie céleste ce qui détermine les rangs c'est uniquement la distance plus ou moins grande qu'il y a des anges à Dieu. C'est pourquoi ceux qui sont les plus près de Dieu sont tout à la fois les plus élevés pour le rang et les plus éclairés pour la science ; c'est ce qui fait que les supérieurs ne sont jamais éclairés par les inférieurs. Mais dans la hiérarchie ecclésiastique il arrive quelquefois que ceux qui sont les plus près de Dieu par la sainteté, sont les derniers pour le rang et ne sont pas éminents pour la science. D'autres brillent par les connaissances qu'ils ont dans une science et sont ignorants dans une autre. C'est pour cette raison que les supérieurs peuvent être instruits par les inférieurs.

2. Il faut répondre au second, que Dieu n'a pas pour déroger à l'ordre des esprits la même raison que pour déroger à l'ordre des corps, comme nous l'avons dit (in corp. art.). Par conséquent cet argument n'est pas concluant.

3. Il faut répondre au troisième, que l'ange se tourne en effet par sa volonté vers l'ange qu'il doit éclairer; mais sa volonté est toujours soumise à la loi divine qui a établi la hiérarchie céleste.


ARTICLE IV. — l'ange supérieur éclaire-t-il l'inférieur sur tout ce qu'il connaît (2)?


(2) Sousle règne delà charité, l'cgoïsnic n'existe plus; c'est à ce point de vue que saint Thomas se place pour résoudre ces questions si difficiles, et c'est aussi ce qui donne à ses solutions tant de gravité et d'importance.

Objections: 1.. Il semble que l'ange supérieur n'éclaire pas l'inférieur sur tout ce qu'il connaît. Car saint Denis dit [Decoel. hier. cap. 12) que les anges supérieurs ont une science ph\s universelle, tandis que les inférieurs ont une science plus particulière. Or, une science universelle comprend plus de choses qu'une science particulière. Donc les anges inférieurs ne connaissent pas, au moyen de la lumière qu'ils en reçoivent, tout ce que savent les anges supérieurs.

2.. Le Maître des sentences dit (Sent. 11, dist. 11) que les anges supérieurs ont connu depuis le commencement des siècles le mystère de l'incarnation, mais que les anges inférieurs ne l'ont su que quand il s'est accompli. Il semble par là qu'il y a eu des anges qui ont demandé parce qu'ils l'ignoraient : Quel est ce roi de gloire? et que d'autres leur ont répondu comme le sachant bien : Ce roi de gloire est le Seigneur des vertus, comme le dit saint Denis (De cozl. hier. cap. 7). Or, il n'en aurait pas été ainsi si les anges supérieurs éclairaient les inférieurs sur tout ce qu'ils connaissent. Ils ne les éclairent donc pas de la sorte.

3.. Si les anges supérieurs annoncent aux inférieurs tout ce qu'ils connaissent, les inférieurs n'ignorent rien de ce que savent les supérieurs. Les supérieurs n'ont donc plus rien à apprendre aux inférieurs, ce qui semble répugnant. Donc ils ne leur manifestent pas tout ce qu'ils savent.


Mais c'est le contraire. Saint Grégoire dit (Hom. xxxiv in ) que dans la céleste patrie tous les dons, quelque excellents qu'ils soient, ne sont jamais exclusivement possédés par un seul. Et saint Denis ajoute (De coel. hier. cap. 15) que chaque essence céleste communique à celle qui est au-dessous d'elle l'intelligence qu'elle a reçue de celle qui est au-dessus, comme on le voit d'ailleurs par le passage que nous avons déjà cité (art. 1).

CONCLUSION. — Puisqu'il est dans la nature du bien de se communiquer aux autres, il faut que les anges supérieurs qui participent le plus pleinement à la divine bonté éclairent les inférieurs sur tout ce qu'ifs connaissent, mais de teile sorte cependant que ceux qui sont d'un ordre plus élevé aient toujours une science plus parfaite.

Il faut répondre que toutes les créatures participent de la bonté divine en ce qu'elles répandent sur les autres êtres le bien qu'elles possèdent. Car il est dans la nature du bien de se communiquer aux autres. De là il arrive que les agents transmettent, autant que possible, aux autres êtres leur ressemblance. Et plus un agent participe de la bonté divine, plus il s'efforce de communiquer aux autres, selon son pouvoir, toutes ses perfections. Aussi l'apôtre saint Pierre dit-il de ceux qui ont déjà reçu le don de la grâce (I. Ep. iv, 10), que chacun doit communiquer aux autres le don qu'il a reçu, comme de zélés et fidèles dispensateurs de la grâce divine. Donc à plus forte raison les saints, qui sont en pleine participation de la bonté de Dieu, communiquent-ils à ceux qui sont au-dessous d'eux tout ce qu'ils reçoivent. Cependant les anges inférieurs ne peuvent recevoir la science d'une façon aussi excellente qu'elle existe dans les anges supérieurs. C'est pourquoi les anges supérieurs sont toujours d'un ordre plus élevé et possèdent une science plus parfaite que les autres. Ainsi le maître comprend plus profondément une chose que le disciple auquel il l'enseigne.


Solutions: 1. Il faut répondre au premier argument, que la science des anges supérieurs est plus universelle, dans le sens que leur manière de comprendre est plus éminente.

2. Il faut répondre au second, que les paroles du Maître des sentences ne signifient pas que les anges inférieurs aient complètement ignoré le mystère de l'incarnation, mais qu'ils ne l'ont pas connu aussi parfaitement que les anges supérieurs, et que leur connaissance s'est ensuite perfectionnée quand ce mystère s'est accompli.

3. Il faut répondre au troisième, que jusqu'au jour du jugement Dieu révélera toujours quelque chose de nouveau aux anges supérieurs à l'égard de ce qui a rapport à la disposition du monde et surtout au salut des élus. D'où il résulte que les anges supérieurs ont toujours de quoi éclairer les inférieurs.

QUESTION CVII. : DU LANGAGE DES ANGES.


Nous avons ensuite à examiner le langage des anges. — A cet égard cinq questions se présentent : 1° Un ange parle-t-il à un autre? — 2" L'inférieur parle-t-il au supérieur ? — 3" L'ange parle-t-il à Dieu ? — 4° La distance locale fait-elle quelque chose au langage des anges ? — 5° Tous les anges connaissent-ils ce qu'un ange dit à un autre ?

ARTICLE I. — un ange parle-t-il a un autre (1) ?


(1) Théodore de Bèze s'est moqué dans son commentaire sur saint Paul de ceux qui n'ont pas vu dans l'expression de l'Apôtre une simple hyperbole, et qui ont disserté sur la langue des anges. Mais rien n'est plus téméraire que cette assertion, puisque tous les Pères ont été du sentiment de saint Thomas. Saint Chrysostome, Tbéophilacte, Tbéodoret, saint Basile, ont tous pris l'expression de saint Paul dans son sens propre.

Objections: 1.. Il semble qu'un ange ne parle pas à un autre. Car saint Grégoire dit qu'après la résurrection le corps ne voilera plus les pensées de l'âme, et l'âme de l'homme ne sera plus cachée aux regards de ses semblables. L'esprit d'un ange est donc encore beaucoup moins caché à l'égard des autres anges. Et comme le langage ne sert qu'à manifester les pensées secrètes de l'intelligence, il s'ensuit qu'il n'est pas nécessaire que les anges se parlent entre eux,

2.. Il y a deux sortes de langage, l'un intérieur par lequel on se parle à soi-même, et l'autre extérieur par lequel on parle à un autre. Le langage extérieur se produit par quelques signes sensibles, comme la voix, ou par un mouvement de tête, ou par le moyen"kd'un membre tel que la langue ou le doigt, ce qui ne peut avoir lieu chez les anges. Donc un ange ne parle pas à un autre.

3.. Celui qui parle excite celui qui l'écoute à être attentif à ses paroles. Or, il ne semble pas qu'un ange en excite un autre à être attentif; car cela ne se fait parmi nous qu'au moyen d'un signe sensible. Donc un ange ne parle pas à un autre.


Mais c'est le contraire. Car saint Paul dit : Si je parlais la langue des hommes et des anges.

CONCLUSION. — Puisqu'un ange peut découvrir à un autre les pensées qu'il forme dans son esprit, par là même que celui qui a une idée peut par sa volonté la manifester à qui il lui plait, il est constant qu'un ange parle à un autre ange.

Il faut répondre que les anges ont une sorte de langage. Mais, comme le dit saint Grégoire (Mor. lib. h, cap. 4), il faut que notre esprit, s'élevant au-dessus de la langue corporelle, s'arrête aune sorte de langage intérieur (2) sublime et inconnu. Pour comprendre comment un ange parle à un autre, il faut se rappeler ce que nous avons dit en traitant des actes et des puissances de l'âme (quest. lxxxh, art. 4), c'est que la volonté meut l'intellectet le porte à agir. Or, l'objet intelligible est dans l'intellect de trois manières. 4° Il y est habituellement, et c'est la mémoire qui le conserve ainsi, comme le dit saint Augustin (De Trin. lib. x, cap. 7, 8, 9). 2° Il y est en acte, c'est-à-dire à l'état de conception. 3° Il y est comme se rapportant à une autre chose. Il est évident que ce qui fait passer l'objet intelligible du premier de ces états au second, c'est l'action de la volonté. D'où il suit que dans la définition de l'habitude on dit qu'une chose habituelle est celle dont on peut se servir quand on veut. C'est aussi la volonté qui le l'ait passer du second état au troisième. Car c'est la volonté qui rapporte les conceptions de l'esprit à un autre objet, soit que cette conception serve à faire quelque chose, soit qu'on la manifeste à un autre individu. Or, quand l'esprit se tourne vers l'objet intelligible qu'il possède habituellement pour le considérer en acte, c'est à lui-même qu'il parle ; car on donne aux conceptions de l'esprit le nom de verbe intérieur. Mais par là même que le concept d'un ange doit être manifesté à un autre par la volonté de l'ange lui-même, il arrive que l'idée de l'un est connue de l'autre et que par conséquent l'un parle à l'autre. Car parler à un autre consiste uniquement à lui manifester l'idée que l'on a (1).

(2) Théodore de Mopsucstc a supposé que le langage des anges était extérieur et sensible. Cette erreur a été celle de tousles auteurs anciensqni ont supposé que les anges avaient des corps. Elle est réfutée par Philopon [De mundi creat, lib. i, cap* 22), saint Grégoire de Nyssc (Cont. Eunom. lib. xii), saint Basile (Hom. ii in Ps. xxviii), Didyme (De Spiritu sancto, lib. ii).

(1) Scot Erigène , un des commentateurs des couvres de saint Denis l'Aréopagite, Denis le Chartreux, Albert le Grand et la plupart des sco'asliquos, sont sur ce point du sentiment de saint Thomas.


Solutions: 1. Il faut répondre au premier argument, que les conceptions intérieures de l'esprit sont renfermées en nous par un double obstacle. 1° Par la volonté elle-même qui peut conserver intérieurement ce que l'esprit pense ou le manifester au dehors. Et sous ce rapport personne autre que Dieu ne peut voir ce qui se passe dans l'esprit d'un autre, d'après ces paroles de l'Apôtre (I. Cor. n, M) : Personnene sait ce qui se passe dans l'homme, sinon l'esprit qui est en lui. 20L'espritdel'hommeestcachéàun autre homme parle corps qui l'enveloppe. C'est ce qui fait que quand la volonté a l'intention de manifestera un autre ce que l'esprit pense, elle n'y parvient pas immédiatement, mais il faut qu'elle emploie un signe sensible. C'est la pensée qu'exprime saint Grégoire quand il dit (Mor. lib. ii, cap. 4J : Le corps est comme un mur de séparation qui empêche les autres de pénétrer dans les secrets de notre coeur. Mais quand nous désirons nous manifester nous-mêmes, nous sortons par la porte de notre langue pour nous montrer tels que nous sommes intérieurement. L'ange n'a pas cet obstacle; c'est pourquoi les autres anges connaissent ce qu'il pense aussitôt qu'il veut le leur manifester.

2. Il faut répondre au second, que le langage extérieur qui se manifeste par la voix nous est nécessaire parce que le corps ne permet pas à l'âme de manifester immédiatement ses pensées. C'est pourquoi il ne convient pas à l'ange; il n'a besoin que du langage intérieur qui consiste non-seulement dans les conceptions qu'il forme intérieurement, mais encore en ce que sa volonté les manifeste à d'autres. Le langage des anges est donc une expression métaphorique qui désigne la faculté qu'a l'ange de manifester ses pensées.

3. Il faut répondre au troisième, que relativement aux bons anges qui se voient toujours naturellement dans le Verbe de Dieu, il ne serait pas nécessaire d'admettre un excitateur quelconque; parce que comme l'un voit toujours l'autre, de même il voit toujours en lui tout ce qui le concerne lui-même. Mais parce que dans l'état de nature ils pouvaient se parler réciproquement, et que les mauvais anges peuvent encore se parler actuellement, il faut reconnaître que comme les sens sont mus par les choses sensibles, de même l'intellect est mû parce qui est intelligible. Ainsi donc comme tout signe sensible excite les sens, de même toute vertu intelligible peut rendre l'esprit de l'ange attentif.


ARTICLE II. — un axge inférieur parle—t*íl a un ange supérieur (2)?


(2) Cet article fait parfaitement ressortir la différence qu'il y a enlre la parole de l'ange et son illumination.

Objections: 1.. Il semble qu'un ange inférieur ne parle pas à un ange supérieur. Car, à propos de ces paroles de l'Apôtre : Si je parlais la langue des hommes et des anges, la glose dit : que les paroles des anges sont des lumières par lesquelles les anges supérieurs éclairent les anges inférieurs. Or, les anges inférieurs n'éclairent jamais les anges supérieurs, comme nous l'avons dit (quest. préc. art. 3). Donc les anges inférieurs ne parlent pas aux supérieurs.

2.. Nous avons dit plus haut (quest. préc. art. 4) qu'éclairer n'est rien autre chose que de manifester une chose à un autre, et manifester une chose à un autre c'est en parler. Donc parler c'est la même chose qu'éclairer, ce qui nous ramène à la conséquence précédente.

3.. Saint Grégoire dit (Mor. lib. u, cap. 4) que Dieu parle aux anges par là même qu'il leur montre les secrets invisibles de son coeur. Mais c'est précisément en cela que consiste la communication de sa lumière. Donc toutes les fois que Dieu parle il éclaire. L'illumination des anges est appelée pour la même raison leur langage, et par conséquent un ange inférieur ne peut d'aucune manière parler à un ange supérieur.


Mais c'est le contraire. Car saintDenis dit (De cozl. hier. cap. 6, 7) que c'est aux anges supérieurs que les inférieurs ont dit : Quel est ce roi de gloire?

CONCLUSION. — Puisqu'un ange inférieur découvre à un ange supérieur ce qu'il a conçu dans son esprit par l'effet de sa propre volonté, mais non ce qui dépend de la volonté première, il lui parle, mais il ne l'éclairé pas.

Il faut répondre que les anges inférieurs peuvent parler aux anges supérieurs. Pour s'en convaincre jusqu'à l'évidence il faut observer que par rapport aux anges éclairer c'est parler, mais parler n'est pas toujours éclairer, parce que, comme nous l'avons dit (art. préc.), quand un ange parle à un autre il ne fait que lui manifester sapensée conformément à savolonté propre. Or, les penséesou les conceptions de l'esprit peuvent se rapporter à un double principe, à Dieu lui-même qui est la vérité première, et à la volonté de la créature intelligente par laquelle nous pensons actuellement à une chose. Mais la vérité étant la lumière de l'intellect et Dieu étant la règle de toute vérité, sa manifestation (I) que l'esprit perçoit est tout à la fois lumière et parole quand on la considère comme dépendant de la vérité première. Telles sont ces propositions : Le ciel a été créé par Dieu, ou l'homme est un animal. Mais pour la manifestation des choses qui dépendent de la volonté de la créature intelligente, on ne peut pas dire que ce soit une lumière, ce n'est qu'une parole. Ainsi qu'on dise à un autre : Je veux apprendre telle chose ; je veux faire ceci ou cela, il n'y a là rien qui l'éclairé. La raison en est que la volonté créée n'est ni la lumière, ni la règle de la vérité ; elle n'en est qu'une participation. C'est pourquoi quand une volonté créée memanifeste ses intentions elle ne m'éclaire pas. Car il n'importe pas à la perfection de mon entendement qu'il sache ce que vous voulez ou ce que vous comprenez, mais seulement ce qui appartient à la vérité éternelle. Or, il est évident que les anges sont appelés supérieurs ou inférieurs par rapport au principe de la vérité qui est Dieu. C'est pour cette raison que l'illumination véritable qui part de ce principe descend des anges supérieurs aux inférieurs. Mais le sujet qui veut est, par rapport au principe qui estla volonté, le premier et le dernier (2). C'est ce qui fait que la manifestation de ce qui a rapport à la volonté peut être rapportée par le sujet qui veut à tous les individus qu'il désigne. Par conséquent les anges supérieurs peuvent parler aux inférieurs et réciproquement.

(1) La manifestation d'une pensée qui dépend de la vérité première est une illumination, parce qu'elle a Dieu pour principe.

(2) Il est le premier et le dernier principe des choses qu'il veut, de telle sorte qu'il n'y a que celui à qui il les manifeste qui puisse les connaître. Ce qui revient à la proposition q'ie saint Thomas a établie pins lirai (quest. l.vîl, art. V en démontrant que Dieu seul connaît les pensées des coeurs.


Solutions: 1. et 2. La réponse au premier et au second argument est par là même évidente.

3. Il faut répondre au troisième, que toutes les fois que Dieu parle aux anges il les éclaire, parce que la volonté de Dieu étant la règle de la vérité, la créature intelligente se perfectionne et s'éclaire en sachant ce qu'il veut. Mais il n'en est pas de même de la volonté de l'ange, comme nous l'avons dit (in corp. art.).


ARTICLE III. — \Bl'ange parle-t-il a dieu\b (1)?


(1) D'après l'Ecriture, les anges parlent à Dieu pour le louer : Angeli eorum in caelis semper vident faciem Patris mei (Matth, xix) ; In quem desiderant angeli prospicere (I. Pet. í). Ils lui parlent aussi pour le consulter : indépendamment du texte de Zacharie cité par saint Thomas, voyez, au commencement du livre de Job, le discours que Satan adresse à Dieu.

Objections: 1.. Il semble que l'ange ne parle pas à Dieu. Car le langage sert à manifester à un autre une pensée. Or, l'ange ne peut rien manifester à Dieu qui sait tout. Donc l'ange ne parle pas à Dieu.

2.. Parler c'est rapporter à un autre les conceptions de son esprit, comme nous l'avons dit (art. 1 huj. quaest.). Or, l'ange rapporte toujours à Dieu les conceptions de son esprit. Donc s'il parle à Dieu quelquefois il lui parle toujours, ce qui peut paraître répugnant puisqu'il parle quelquefois à un autre ange. Il semble donc qu'un ange ne parle jamais à Dieu.


Mais c'est le contraire. Car il est dit (Zach. i, 42) : L'ange répondit à Dieu et dit : Seigneur, Dieu des armées, jusqu'à quand durera votre colère contre Jérusalem? L'ange parle donc à Dieu.

CONCLUSION. — Les anges ne parlent pas à Dieu pour lui manifester quelque chose, mais on dit qu'ils lui parlent, soit parce qu'ils le consultent sur ce qu'ils doivent faire, soit parce qu'ils admirent ses perfections infinies.

Il faut répondre que, comme nous l'avons dit (art. 4), la parole de l'ange n'est que sa conception ou sa pensée adressée à un autre. Mais il y a deux manières de rapporter une chose à un autre : 4° On peut la lui communiquer; c'est ainsi que dans les choses naturelles l'être actif communique son mouvement à l'être passif, et que dans l'ordre social le maître communique sa science au disciple. En ce sens l'ange ne parle point du tout à Dieu, parce que Dieu étant le principe et l'auteur de toute vérité et de toute volonté, il ne peut rien recevoir à l'égard de ce qui concerne la vérité elle-même, ni à l'égard de ce qui dépend de la volonté de la créature. 2° Un être se rapporte à un autre pour en recevoir quelque chose. Dans les choses naturelles l'être passif se rapporte de cette manière à l'être actif, et dans l'ordre social le disciple se rapporte au maître. En ce dernier sens l'ange parle à Dieu, soit en le consultant pour connaître sa volonté sur ce qu'il doit faire, soit en admirant ses perfections infinies qui sont toujours pour lui incompréhensibles. C'est le sentiment de saint Grégoire, qui dit (Mor. lib. h, cap. 4) que les anges parlent à Dieu lorsque, ravis par le spectacle des merveilles divines, ils expriment leur admiration.


Solutions: 1. Il faut répondre au premier argument, qu'on ne parle pas toujours pour manifester quelque chose à un autre, mais on lui parle quelquefois pour en obtenir les lumières dont on a besoin ,• c'est ainsi que le disciple demande au maître ce qu'il ignore.

2. Il faut répondre au second, que les anges adressent toujours à Dieu la parole pour le louer et l'exalter, mais ils ne le consultent sur les choses qu'ils doivent faire que quand il se présente des choses nouvelles sur lesquelles ils ont besoin d'être éclairés.


Article IV. —\b la distance empêche-t-elle les anges de se parler (1)?


(1) 11 y a des théologiens qui soutiennent sur ce point un sentiment opposé à celui de saint Thomas, se fondant tout particulièrement sur ces paroles du prophète (Zach. h): Et ecce ange-lu$ qui loquebatur in. me egrediebatur, et angelus alius egrediebatur in occursum ejus. Et dixit ad eum : Curre, loquere ad puerunt istum, etc.

Objections: 1.. Il semble que la distance locale empêche les anges de se parler. Car, comme le dit saint Jean Damascène (De fid. orth. lib. n, cap. 3) : L'ange opère là où il est. Or, la parole est une des opérations de l'ange. Donc puisque l'ange existe dans un lieu déterminé il semble qu'il ne puisse parler qu'à une distance quelconque.

2.. Celui qui parle crie, parce que celui qui l'écoute est éloigné. Or, Isaïe dit des séraphins (Is. vi) que l'un crie vers l'autre. Il semble donc que la distance empêche les anges de se parler.


Mais c'est le contraire. Car, d'après saint Luc (cap. xvi), le riche qui était dans l'enfer parlait à Abraham sans en être empêché par 1 eloignement. A plus forte raison la distance ne doit-elle pas empêcher un ange de parler à un autre.

CONCLUSION. — La distance n'empêche nullement les anges de se parler, puisque leur parole consiste dans une opération intellectuelle.

Il faut répondre que le langage des anges n'est qu'une opération purement intellectuelle, comme nous l'avons vu (art. 1, 2, 3). Or, l'opération intellectuelle des anges n'est soumise ni au temps, ni à l'espace. Car notre opération intellectuelle elle-même échappe à ces deux conditions du mêment où on la dégage des images sensibles qui n'existent pas dans les anges. Comme ce qui n'est soumis ni au temps, ni à l'espace n'est nullement influencé par la diversité des époques et par la distance des lieux, il s'ensuit que cette distance n'empêche pas les anges de se parler entre eux.


Il faut répondre au premier argument, que le langage des anges, comme nous l'avons dit (art. 1), est un langage intérieur qu'un autre perçoit. Il existe donc dans l'ange qui parle, et par conséquent il est là où est l'ange lui-même. Mais comme la distance n'empêche pas un ange d'en voir un autre, de même elle ne l'empêche pas de percevoir ce qui s'adresse à lui, et c'est précisément en cela que consiste l'intelligence même du langage.

Il faut répondre au second, que ce cri ne désigne pas l'éclat de la voix qui se fait entendre en raison de l'éloignement, mais il indique la sublimité des pensées et des sentiments que l'on exprime, suivant ces paroles de saint Grégoire (Mor. lib. n, cap. 4) : On crie moins selon que le désir est moins ardent.


Article V. — un ange est-il entendu de tous les autres quand il s'adresse a l'un d'eux (2)?


(2) La solution de cette question est une conséquence évidente de tout ce qui précède. Il n'y a pas de controverse à ce sujet.

Objections: 1.. Il semble que tous les anges connaissent ce que l'un d'eux a dit à un autre. Car ce qui empêche un homme d'être entendu de tous les autres c'est qu'ils sont à distance inégale par rapport à lui. Or, la distance n'empêche pas un ange de parler à un autre, comme nous l'avons dit (art. préc). Donc tous les anges entendent ce qu'un ange dit à un autre.

2.. Tous les anges ont de commun la faculté de comprendre. Si donc la pensée de l'un est connue de celui auquel il la destine, pour la même raison elle est aussi connue des autres.

3.. L'illumination est une espèce de parole. Or, l'illumination qu'un ange reçoit d'un autre s'étend à tous, parce que, comme le dit saint Denis (De cozl. hier. cap. 15), chaque substance céleste communique aux autres l'intelligence qui lui a été transmise. Donc ce qu'un ange dit à un autre est connu de tous.


Mais c'est le contraire. Car si un homme peut exclusivement parler à un autre, à plus forte raison peut-il en être ainsi parmi les anges.

CONCLUSION. — Puisqu'un ange peut adresser les conceptions propres de son esprit à l'un et non à l'autre, il s'ensuit que l'un peut entendre ce que dit l'autre, sans (pie tous l'entendent comme lui.

Il faut répondre que, comme nous l'avons dit (art. 1), un ange peut manifester à un autre son idée en la lui adressant directement par un acte de sa volonté. Or, sa volonté peut faire qu'une chose s'adresse à l'un et non à l'autre-, par conséquent il peut se faire que la pensée de l'un soit-connue par un autre sans l'être de tous. Ainsi donc ce n'est pas la distance qui empêche la parole d'un ange d'être connue de tous les autres, mais c'est sa volonté qui fait qu'elle ne s'adresse qu'à un seul, comme nous l'avons dit (art. préc).


Solutions: 1. et 2. La réponse au premier et au second argument est par là même évidente.

3. Il faut répondre au troisième, que l'illumination a pour objet ce qui émane de la règle première de la vérité, qui est le principe commun de tous les anges; c'est pourquoi elle leur est commune à tous. Mais le langage peut avoir pour objet ce qui se rapporte au principe de la volonté créée qui est propre à chaque ange ; c'est pourquoi il n'est pas nécessaire que tout ce qu'ils disent leur soit commun.

QUESTION CVIII, : DES HIÉRARCHIES ET DES ORDRES DES ANGES.


Nous avons maintenant à nous occuper des hiérarchies et des ordres des anges. Car nous avons dit (quest. cvi, art. 3) que les anges supérieurs éclairent les inférieurs sans qu'il y ait réciprocité. — A cet égard huit questions se présentent : 1" Tous les anges sont-ils de la même hiérarchie? — T N'y a-t-il dans une hiérarchie qu'un seul ordre? — 3° Y a-t-il dans un ordre plusieurs anges? — 4° La distinction des hiérarchies et des ordres est-elle fondée sur la nature ? — 5" Des noms et des propriétés de chaque ordre. — 6° Du rapport que les ordres ont entre eux. — 7° Les ordres existeront-ils encore après le jour du jugement? — 8° Les hommes peuvent-ils être unis aux ordres des anges ?

ARTICLE I. — tous les anges sont-ils de la même hiérarchie (1)?


(1) Calvin a nié cette distinction des hiérarchies célestes, et s'en est moqué connue d'une invention des théologiens scolastiques (lib. i Inslit. cap. 14, sect. 4). Mais on ne peut, sans être hérétique, soutenir ce sentiment, qui est ouvertement contraire à l'Ecriture, à l'enseignement unanime des Pères et aux décisions des conciles.

Objections: 1.. Il semble que tous les anges soient de la même hiérarchie. Car les anges étant les premières d'entre les créatures, il faut reconnaître qu'ils sont soumis à l'ordre le plus admirable. Or, l'ordre qui convient le mieux à une multitude c'est qu'elle n'obéisse qu'à un chef, comme le dit Aristote (Met. lib. xii, in fin.; Pot. lib. m, cap. 11 et 12). Une hiérarchie, n'étant rien autre chose qu'une société sainte, il semble que tous les anges ne doivent en former qu'une seule.

2.. Saint Denis dit (De coel. hier. cap. 3) que la hiérarchie est l'ordre, la science et l'action. Or, tous les anges font partie d'un seul et même ordre par lequel il se rapportent tous à Dieu qu'ils connaissent et qui est la règle de leurs actions. Donc ils ne forment qu'une seule et même hiérarchie.

3.. L'organisation sacrée qui reçoit le nom de hiérarchie existe dans les hommes aussi bien que dans les anges. Or, tous les hommes ne forment qu'une seule hiérarchie. Donc aussi les anges.


Mais c'est le contraire. Car saint Denis distingue lui-même (De cozl. hier. cap. 6) dans les anges trois hiérarchies.

CONCLUSION. — Considérés par rapport à leur chef unique qui est Dieu, tous les anges et toutes les créatures raisonnables ne forment qu'une seule hiérarchie, mais considérés par rapport à la multitude qui obéit à un chef particulier, les anges ne forment pas entre eux, ni avec les hommes, une seule et même hiérarchie, mais ils en forment trois.

Il faut répondre qu'on appelle hiérarchie une principauté sacrée. Or, le mot principauté comprend deux choses, un prince ou chef et une multitude qui lui soit soumise. Si l'on considère le chef unique qui est Dieu, comme il commande non-seulement aux anges, mais encore aux hommes et à toutes les créatures, il n'y aura qu'une seule hiérarchie qui comprendra tout à la fois les anges et tous les êtres raisonnables qui participent aux choses sacrées. C'est en ce sens que saint Augustin dit (De civ. Dei, lib. xii, cap. 1) qu'il y a deux cités ou sociétés, celle des bons anges et des hommes justes et celle des méchants. Mais si l'on considère la principauté sous le rapport de la multitude qui obéit à un prince particulier, il faut donner le nom de principauté à toutes ces multitudes partielles qui sont régies et gouvernées par un seul et même prince qui ne commande qu'à elles. Toutes celles qui ne reçoivent pas les ordres du même chef forment autant de principautés spéciales, comme on distingue dans un même royaume autant de cités différentes qu'il y a de villes qui ont leurs lois et leurs magistrats particuliers. Or, il est évident que les hommes perçoivent les lumières divines d'une autre manière que les anges. Car les anges les perçoivent dans toute leur pureté intelligible, tandis que les hommes les reçoivent sous des images sensibles, comme le dit saint Denis (De cozl. hier. cap. 1) -, c'est pourquoi les anges ne peuvent former avec les hommes une seule et même hiérarchie. D'après le même principe on distingue les anges en trois hiérarchies (1). En effet nous avons dit (quest. lv, art. 3) en traitant de la connaissance des anges, que les anges supérieurs ont une connaissance de la vérité plus universelle que les anges inférieurs. Or, on peut distinguer dans la manière dont ils connaissent la vérité trois degrés, parce que les raisons des choses créées sur lesquelles ils sont éclairés peuvent se considérer sous un triple aspect. 1° Elles peuvent être considérées selon qu'elles émanent du premier principe universel qui est Dieu. C'est ainsi que les perçoit la première hiérarchie qui est immédiatement en rapport avec Dieu et qui habite, selon l'expression de saint Denis, sous les portiques de la Divinité (De cozl. hier. cap. 7). 2° Elles peuvent être considérées comme dépendant des causes universelles créées qui sont déjà multiples sous un rapport, et ce mode de perception est celui qui convient à la seconde hiérarchie. 3" Elles peuvent être considérées comme appliquées à chaque objet en particulier, selon que ces objets dépendent des causes qui leur sont propres. Ce mode convient à la dernière hiérarchie, ce que nous démontrerons plus complètement en traitant de chaque ordre (art. 6 huj. quaest.). Ainsi les hiérarchies sont donc distinctes quand on les considère sous le rapport de la multitude qui obéit.

D'où il est manifeste qu'ils se trompent et qu'ils sont en contradiction avec le sentiment de saint Denis, ceux qui supposent dans les personnes divines une hiérarchie qu'ils appellent supracéleste. Car dans les personnes divines il y a un ordre de nature et non d'hiérarchie (1), puisque, d'après saint Denis (De coel. hier. cap. 3), l'ordre hiérarchique consiste en ce que les uns sont purifiés, illuminés , perfectionnés, tandis que les autres purifient, illuminent et perfectionnent. Ce qu'il n'est pas possible d'admettre dans les personnes divines.

(1) Le concile de Latran tenu sous Léon X a reconnu ces trois hiérarchies : Concilii originem à Domino initium et formam sumpsisse salis constat. Nam cum in principio caelum et terramereasset, caelum ipsum in tres principatus [quos hierarchiae vocant) instituit, ac quemlibet principatum ad totidem angelorum choros distinxit.

(1)  Parce que la hiérarchie suppose une certaine inégalité.


Solutions: 1. Il faut répondre au premier argument, que cette raison s'appuie sur la principauté considérée par rapport au prince. En ce sens le meilleur est en effet que la multitude n'obéisse qu'à un seul chef, comme le dit Aristote en plusieurs endroits (2).

(2) Voyez plus haut, pag. 2-13.

2. Il faut répondre au second, que par rapport à la connaissance de Dieu lui-même que tous voient de la même manière, c'est-à-dire par son essence, on ne distingue pas d'hiérarchies dans les anges, mais on en distingue par rapport à la connaissance qu'ils ont des choses créées, comme nous l'avons dit (in corp. art.).

3. Il faut répondre au troisième, que tous les hommes sont de la même espèce et qu'ils ont tous naturellement la même manière de comprendre, mais qu'il n'en est pas de même des anges. Il n'y a donc pas de parité.

Article II. — DANS UNE HIÉRARCHIE Y A-T-IL PLUSIEURS ORDRES (3) ?


I pars (Drioux 1852) Qu.106 a.2