1970 PGLH 110

II Les antiennes et les autres éléments qui aident à prier avec les psaumes

110 Il y a trois éléments, dans la tradition latine, qui ont beaucoup contribué à faire comprendre les psaumes ou à les convertir en prière chrétienne: ce sont les titres, les collectes psalmiques et surtout les antiennes.

111 Dans le psautier de la Liturgie des Heures, chaque psaume est précédé d'un titre indiquant son sens et son importance pour la vie humaine du croyant. Ces titres ne sont proposés dans le livre de la Liturgie des Heures que pour rendre service à ceux qui disent les psaumes. Pour faciliter la prière à la lumière de la révélation nouvelle, une phrase du Nouveau Testament et des Pères y est ajoutée, qui invite à prier dans le sens christologique.

112 Les collectes psalmiques qui peuvent aider ceux qui récitent les psaumes à bien les comprendre, surtout dans le sens chrétien, sont proposées pour chaque psaume en appendice du livre de la Liturgie des Heures, et on peut librement les employer conformément à l'ancienne tradition: après qu'on a terminé le psaume et observé un moment de silence, la collecte rassemble les sentiments de tous et conclut leur psalmodie.

113 Même si la Liturgie des Heures est accomplie sans que l'on chante, chaque psaume a son antienne, que l'on doit dire même lorsqu'on est seul. En effet, les antiennes aident à mettre en lumière le genre littéraire du psaume; elles transforment le psaume en prière personnelle; elles soulignent une phrase digne d'attention, qui aurait pu échapper; elles donnent à l'un ou l'autre psaume une nuance particulière selon les circonstances; surtout, pourvu qu'elles excluent les accommodations arbitraires, elles secondent efficacement l'interprétation typologique ou correspondant à la fête; elles apportent de l'agrément et de la variété dans la récitation des psaumes.

114 Les antiennes du psautier sont organisées de façon à pouvoir être traduites dans les langues vivantes, et en outre à pouvoir être répétées après chaque strophe, selon ce qui est dit au n. 125 . Dans l'office du Temps ordinaire célébré sans chanter, on peut, si on le juge bon, remplacer ces antiennes par les phrases jointes aux psaumes dont il est question au n. 111 .

115 Quand un psaume, en raison de sa longueur, peut être divisé en plusieurs sections à l'intérieur de la même Heure canoniale, une antienne propre est donnée pour chaque section, afin d'apporter de la variété, surtout dans la célébration chantée, et aussi pour faire mieux percevoir les richesses du psaume; mais il est permis d'aller jusqu'au bout du psaume sans interruption, en n'employant que la première antienne.

116 Il y a des antiennes propres pour chacun des psaumes à l'office du matin et à celui du soir dans le Triduum pascal, aux jours dans les octaves de Pâques et de Noël et aussi aux dimanches du temps de l'Avent, de Noël, du Carême et de Pâques; de même aux féries de la semaine sainte, du Temps pascal et aux jours qui vont du 17 au 24 décembre.

117 Des antiennes propres sont proposées pour les solennités, à l'office de lecture, à l'office du matin, à tierce, sexte, none et à l'office du soir; à leur défaut, on prend les antiennes au commun. Pour les fêtes, on observe la même règle, à l'office de lecture, à ceux du matin et du soir.

118 Si les mémoires de saints ont des antiennes propres, on les garde (cf. n. 235 ).

119 Les antiennes à Benedictus et à Magnificat, pour l'office du temps, se prennent au propre du temps, s'il en comporte, sinon au psautier courant; pour les solennités et les fêtes des saints, on les prend au propre, s'il en comporte, sinon au commun; pour les mémoires, qui n'ont pas d'antienne propre, on dit à son gré l'antienne du commun ou de la férie.

120 Au Temps pascal, on ajoute Alléluia à toutes les antiennes, sauf si cela est en désaccord avec le sens de l'antienne.

III. La manière de psalmodier

121 Selon que le requiert le genre littéraire du psaume ou sa longueur, de même, selon que le psaume est dit en latin ou en langue vivante, et surtout selon qu'il est dit par un seul ou par plusieurs, ou que la célébration se fait avec le peuple rassemblé, on peut proposer une façon ou une autre de dire les psaumes, pour que ceux qui psalmodient perçoivent plus facilement le parfum spirituel et littéraire des psaumes. Ceux-ci ne sont pas employés comme une quantité quelconque de prière, mais on a veillé à la variété, et tenu compte du caractère propre de chaque psaume.

122 Les psaumes sont chantés ou dits d'un seul trait (in directum), ou bien en alternant les versets entre deux choeurs ou deux parties de l'assemblée, ou bien selon le mode responsorial, selon les diverses manières approuvées par la tradition ou l'expérience.

123 Au début de chaque psaume, on prononcera son antienne, comme il a été dit ci-dessus aux nn. 113 -120 ; et à la fin du psaume entier on gardera l'usage de le conclure par " Gloire au Père ". En effet, " Gloire au Père " est la conclusion qui convient, la tradition la recommande, et elle apporte à la prière de l'Ancien Testament un sens laudatif, christologique et trinitaire. Après le psaume, si on le juge bon, on reprend l'antienne.

124 Quand on emploie des psaumes trop longs, les divisions de ces psaumes sont marquées dans le psautier; elles partagent les phases de la psalmodie de façon à dessiner la structure ternaire de l'Heure, tout en respectant strictement le sens objectif du psaume. Il convient d'observer cette division surtout dans la célébration chorale accomplie en latin, en ajoutant " Gloire au Père " à la fin de chaque section. Il est permis cependant ou bien de garder ce mode traditionnel, ou bien de faire une pause entre les diverses parties d'un même psaume, ou bien de dire d'un trait le psaume entier avec son antienne.

125 En outre, quand le genre littéraire du psaume le suggérera, ses divisions en strophes seront indiquées, pour que, surtout dans le chant en langue vivante, on puisse le dire en répétant l'antienne après chaque strophe. En ce cas, on se contentera de dire " Gloire au Père " à la fin de tout le psaume.

IV. Principes de la répartition des psaumes dans l'office

126 Les psaumes sont répartis sur un cycle de quatre semaines. Cependant un très petit nombre de psaumes sont omis; d'autres, que la tradition a distingués, sont répétés assez souvent; enfin l'office du matin, celui du soir et complies sont pourvus de psaumes accordés à chacune de ces heures .

127 Pour les offices du matin et du soir, parce que ce sont des Heures destinées davantage à être célébrées avec le peuple, on a choisi les psaumes les plus appropriés à une telle célébration.

128 A complies on observera la règle indiquée ci-dessus, n. 88 .

129 Pour le dimanche, même à l'office de lecture et à l'Heure médiane, on a choisi les psaumes qui, selon la tradition, sont particulièrement capables d'exprimer le mystère pascal. Au vendredi on a assigné certains psaumes parce qu'ils sont pénitentiels ou se rapportent à la Passion.

130 On réserve pour les temps de l'Avent, de Noël, du Carême et de Pâques trois psaumes: 77, 104 et 105, qui dévoilent plus clairement dans l'histoire de l'Ancien Testament la préfiguration de ce qui se réalise dans le Nouveau.

131 Trois psaumes: 57, 82 et 108, où dominent les imprécations, sont omis dans le cycle du psautier. De même, on passe certains versets dans différents psaumes, comme c'est indiqué en tête de chacun d'eux. Ces omissions ont pour but d'éviter une difficulté psychologique, bien que les psaumes d'imprécations eux-mêmes se rencontrent dans la piété du Nouveau Testament, par exemple Ap 6,10, et ne visent nullement à suggérer aux chrétiens de maudire qui que ce soit.

132 Les psaumes trop longs pour tenir dans une seule Heure de l'office sont répartis entre différents jours à la même Heure, de telle sorte qu'ils puissent être dits intégralement par ceux qui n'ont pas coutume de réciter d'autres Heures. C'est ainsi que le psaume 118, selon la division qui lui est propre, est réparti sur vingt-deux jours à l'Heure médiane, car la tradition l'attribue aux Heures diurnes.

133 Le cycle de quatre semaines du psautier s'articule avec l'année liturgique de telle sorte qu'on le reprenne à la première semaine, fût-ce en omettant les autres: le premier dimanche de l'Avent, la première semaine du Temps ordinaire, le premier dimanche de Carême, le dimanche de Pâques. Après la Pentecôte, puisque, pendant le Temps ordinaire, le cycle du psautier suit la série des semaines, on reprend à la semaine du psautier qui est indiquée dans le propre du temps au début de la semaine ordinaire dont il s'agit.

134 Pour les solennités et les fêtes, le Triduum pascal, les jours dans l'octave de Pâques et de Noël, à l'office de lecture sont assignés des psaumes propres, parmi ceux qui sont recommandés par la tradition, et leur convenance est mise en lumière, la plupart du temps, par l'antienne. C'est ce qui se passe même pour l'Heure médiane, à certaines solennités du Seigneur et dans l'octave de Pâques. Pour l'office du matin, on prend les psaumes et le cantique au premier dimanche du psautier. Aux premières vêpres des solennités, les psaumes sont de la série Laudate selon l'usage ancien. A l'office du soir des solennités et des fêtes, les psaumes et le cantique sont propres. A l'Heure médiane des solennités, excepté celles dont on vient de parler, et si elles ne tombent pas le dimanche, les psaumes sont pris aux psaumes graduels; à l'Heure médiane des fêtes, on dit les psaumes de la férie.

135 Dans les autres cas on dit les psaumes selon le cycle du psautier, à moins qu'il n'y ait des antiennes propres ou des psaumes propres.

V. Les cantiques de l'Ancien et du Nouveau Testament

136 A l'office du matin, entre le premier et le dernier psaume, se place, selon la coutume, un cantique de l'Ancien Testament. Outre la série reçue de l'ancienne tradition romaine, et une seconde introduite dans le bréviaire par saint Pie X, on a ajouté dans le psautier plusieurs cantiques tirés de divers livres de l'Ancien Testament, pour que chacune des féries des quatre semaines ait son cantique propre; les dimanches, on fait alterner les deux parties du cantique des Trois Enfants.

137 A l'office du soir, après les deux psaumes, se place un cantique du Nouveau Testament, tiré des Epîtres ou de l'Apocalypse. Sept cantiques sont indiqués, un pour chaque jour de la semaine. Mais les dimanches de Carême, au lieu du cantique alléluiatique tiré de l'Apocalypse, on dit le cantique de la première épître de Pierre; en outre, à la solennité de l'Epiphanie et à la fête de la Transfiguration du Seigneur, on dit le cantique indiqué en son lieu, tiré de la Première Epître à Timothée.

138 Les cantiques évangéliques Benedictus, Magnificat, Nunc dimittis jouissent de la même solennité et dignité que les lectures tirées de l'Evangile.

139 Aussi bien la psalmodie que les lectures se suivent en observant cette loi de la tradition: on proclame d'abord l'Ancien Testament, ensuite l'Apôtre, et finalement l'Evangile.

VI. La lecture de la Sainte Ecriture

a. La lecture de la Sainte Ecriture en général

140 La lecture de la Sainte Ecriture qui, d'après l'antique tradition, se fait publiquement dans la liturgie, et non pas seulement dans la célébration eucharistique, mais aussi dans l'office divin, doit être hautement estimée par tous les chrétiens parce que c'est l'Eglise qui la propose non pour obéir à un choix individuel ou à un penchant excessif, mais en relation avec le Mystère que l'Epouse du Christ " déploie pendant le cycle de l'année, de l'Incarnation et la Nativité jusqu'à l'Ascension, jusqu'au jour de la Pentecôte, et jusqu'à l'attente de la bienheureuse espérance et de l'avènement du Seigneur ". De plus, dans la célébration liturgique, la prière accompagne toujours la lecture de l'Ecriture sainte, pour que la lecture porte plus de fruit et qu'en revanche la prière, surtout celle des psaumes, soit mieux comprise et devienne plus fervente grâce à la lecture.

141 Dans la Liturgie des Heures on propose une lecture de l'Ecriture sainte, tantôt longue et tantôt brève.

142 La lecture longue qu'on peut faire à son gré, à l'office du matin et à l'office du soir, est décrite plus haut, n. 46 .

b. Le cycle de lecture d'Ecriture sainte à l'office de lecture

143 Dans le cycle des lectures de l'Ecriture sainte à l'office de lecture, on tient compte des temps sacrés où l'on doit lire certains livres selon une tradition vénérable, et aussi du cycle des lectures de la messe. Ainsi donc la Liturgie des Heures s'articule avec la messe pour que la lecture scripturaire à l'office complète celle qui se fait à la messe et que nous soit présenté un panorama complet de toute l'histoire du salut.

144 Sauf l'exception prévue au n. 73 , on ne lit pas l'Evangile à la Liturgie des Heures, puisqu'il est lu chaque année intégralement à la messe.

145 Il y a un double cycle de lecture biblique: l'un, qui figure dans le livre de la Liturgie des Heures ne comporte qu'une année; l'autre, qu'on peut librement employer, et qui se trouve dans le supplément, s'étend sur deux années, comme le cycle de lecture de la messe pour les féries du Temps ordinaire.

146 Le cycle bisannuel est agencé de telle sorte que presque tous les livres de la Sainte Ecriture se lisent chaque année, soit à la messe, soit à la Liturgie des Heures, et que les textes longs et difficiles, qui ne peuvent guère trouver place à la messe, sont assignés à la Liturgie des Heures. Mais le Nouveau Testament est lu intégralement chaque année, en partie à la messe et en partie à la Liturgie des Heures, tandis que pour les livres de l'Ancien Testament on a choisi les morceaux qui ont le plus d'importance pour faire comprendre l'histoire du salut et pour nourrir la piété. Mais il faut ajuster les lectures de la Liturgie des Heures et celles de la messe, pour que les mêmes textes ne soient pas proposés le même jour ou qu'on n'attribue pas les mêmes livres à peu près aux mêmes époques, ce qui réserverait à la Liturgie des Heures les péricopes les moins importantes et troublerait l'ordre du texte. Cet ajustement exige nécessairement que le même livre revienne une année sur deux, alternativement, à la messe et à la Liturgie des Heures, ou au moins, si on le lit la même année, que ce soit après un certain intervalle.

147 Au temps de l'Avent, selon une antique tradition, on lit des péricopes tirées du Livre d'Isaïe, en lecture semi-continue, et en alternant d'une année sur l'autre. On y ajoute le Livre de Ruth et certaines prophéties tirées du Livre de Michée. Comme on lit du 17 au 24 décembre des lectures assignées spécialement à ces jours-là, on omet celles de la troisième semaine de l'Avent qui n'ont plus leur place à ces dates.

148 Du 29 décembre au 5 janvier, on lit la première année l'Epître aux Colossiens, où l'Incarnation du Seigneur est envisagée dans le cadre de toute l'histoire du salut; la deuxième année, on lit le Cantique des cantiques où est préfigurée l'union de Dieu avec l'homme dans le Christ: " Dieu le Père a fait des noces pour Dieu son Fils quand il l'a uni à la nature humaine dans le sein de la Vierge, quand celui qui est Dieu avant les siècles a voulu devenir l'homme à la fin des siècles . "

149 Du 7 janvier au samedi après l'Epiphanie, on lit des textes eschatologiques tirés d'Isaïe 60-66 et de Baruch; les lectures qui n'ont pu trouver leur place sont omises cette année-là.

150 En Carême, on lit la première année des textes tirés du Deutéronome et de l'Epître aux Hébreux. La seconde année offre un panorama de l'histoire du salut tiré des livres de l'Exode, du Lévitique et des Nombres. L'Epître aux Hébreux explique l'ancienne alliance à la lumière du mystère pascal du Christ. De la même épître on lit un extrait le vendredi saint sur le sacrifice du Christ (9, 11-28) et le samedi saint sur le repos du Seigneur (4, 1-13). Les autres jours de la semaine sainte on lit la première année, dans le Livre d'lsaïe, le troisième et le quatrième chant du Serviteur du Seigneur, et des péricopes tirées du Livre des lamentations; la seconde année, on lit le prophète Jérémie, comme ayant préfiguré le Christ souffrant.

151 Au Temps pascal, sauf les premier et deuxième dimanches de Pâques et aux solennités de l'Ascension et de la Pentecôte, on lit selon la tradition, la première année, la Première Epître de saint Pierre, l'Apocalypse et les épîtres de Jean; la seconde année, on lit les Actes des Apôtres.

152 Du lundi après le dimanche du Baptême du Seigneur jusqu'au Carême, et du lundi après la Pentecôte jusqu'à l'Avent, se déroule la série continue des trente-quatre dimanches du Temps ordinaire. Cette série s'interrompt du mercredi des Cendres au dimanche de la Pentecôte; le lundi après le dimanche de la Pentecôte, on reprend la lecture du Temps ordinaire, à la semaine qui suit celle que le Carême est venu interrompre, en omettant la lecture assignée au dimanche. Les années où l'on ne compte, dans le Temps ordinaire, que 33 semaines, on omet la semaine qui tombe immédiatement après la Pentecôte, pour que soient toujours lues les lectures des dernières semaines, qui sont de nature eschatologique. Les livres de l'Ancien Testament sont distribués selon l'histoire du salut: Dieu se révèle au cours de la vie du peuple, lequel est conduit et éclairé par étapes successives. C'est pourquoi on lit les prophètes parmi les livres historiques, en tenant compte de l'époque où ils ont vécu et enseigné. Par conséquent, la première année, la série de lectures vétéro-testamentaires propose à la fois des livres historiques et des oracles de prophètes, du livre de Josué au temps de l'exil inclusivement. La seconde année, après les lectures de la Genèse, qui se font avant le Carême, on reprend l'histoire du salut à partir de l'exil jusqu'à l'époque des Maccabées. Sont insérés dans cette même année les prophètes les plus récents, les livres sapientiaux et les récits des livres d'Esther, Tobie et Judith. Les épîtres apostoliques qui ne sont pas lues à des périodes spéciales sont réparties en tenant compte des lectures de la messe, et aussi de l'ordre chronologique dans lequel elles ont été écrites.

153 Quant au cycle d'une seule année, il a été abrégé de telle sorte qu'on lise chaque année des morceaux choisis de la Sainte Ecriture, en tenant compte du double cycle des lectures de la messe pour qu'ils viennent le compléter.

154 Aux solennités et aux fêtes est assignée une lecture propre; sinon on prend cette lecture au commun des saints.

155 Chaque péricope, autant que possible, observe une certaine unité; c'est pourquoi, afin de ne pas dépasser une longueur raisonnable, bien qu'elle puisse différer selon les genres littéraires des livres, on omet parfois certains versets, ce qui est toujours indiqué. Mais il est permis et méritoire de lire le texte intégral, dans un texte approuvé.

c. Les lectures brèves

156 Les lectures brèves ou " capitules ", dont l'importance dans la Liturgie des Heures a été signalée plus haut, n. 45 , ont été choisies pour exprimer une pensée ou une exhortation avec précision et clarté. On a veillé aussi à leur variété.

157 On a donc établi quatre séries hebdomadaires de lectures brèves pour le Temps ordinaire; elles sont insérées dans le psautier, de sorte que la lecture change chaque jour pendant les quatre semaines. On a aussi des séries hebdomadaires pour les temps de l'Avent, de Noël, du Carême et de Pâques. Il y a encore des lectures brèves propres pour les solennités, les fêtes et certaines mémoires, ainsi qu'une série d'une semaine pour complies.

158 Dans le choix des lectures brèves on a observé les points suivants.
a) Selon la tradition, les Evangiles sont exclus.
b) Autant que possible on a respecté le caractère du dimanche, ou encore du vendredi, et des heures elles-mêmes.
c) Les lectures de l'office du soir, puisqu'elles suivent un cantique du Nouveau Testament, ont été choisies exclusivement dans celui-ci.

VII. La lecture des Pères et des écrivains ecclésiastiques

159 Selon la tradition de l'Eglise romaine, à l'office de lecture, après la lecture biblique on a une lecture des Pères ou d'écrivains ecclésiastiques avec son répons, à moins qu'on ne doive faire une lecture hagiographique (cf. nn. 228 et 239 ).

160 Dans cette lecture on propose des textes empruntés aux écrits des saints Pères, des docteurs de l'Eglise et d'autres écrivains ecclésiastiques, appartenant à l'Eglise d'Orient comme à l'Eglise d'Occident, mais de telle sorte que la première place soit donnée aux Pères, qui jouissent dans l'Eglise d'une autorité particulière.

161 Outre les lectures assignées pour chaque jour dans le livre de la Liturgie des Heures, on a un lectionnaire facultatif, où l'on trouve une plus grande abondance de lectures, ouvrant plus largement à ceux qui acquittent l'office divin le trésor de la tradition de l'Eglise. Chacun est libre de prendre la seconde lecture soit au livre de la Liturgie des Heures, soit au lectionnaire facultatif.

162 En outre, les Conférences épiscopales peuvent encore préparer d'autres textes appropriés aux traditions et à la mentalité des territoires sous leur juridiction, et les insérer dans le lectionnaire facultatif, à titre de supplément. Ces textes sont empruntés aux oeuvres d'écrivains catholiques éminents par leur doctrine et leur sainteté .

163 Le rôle de cette lecture est principalement de faire méditer la parole de Dieu telle qu'elle est reçue par l'Eglise dans sa tradition. Car l'Eglise a toujours estimé nécessaire d'éclairer pour ses fidèles la parole de Dieu de façon autorisée " afin que la ligne d'interprétation prophétique et apostolique soit maintenue selon la règle du sens ecclésial et catholique ".

164 Par la fréquentation assidue des documents que nous présente la tradition universelle de l'Eglise, les lecteurs sont amenés à méditer plus profondément la Sainte Ecriture et à en acquérir un goût savoureux et vivant. En effet, les écrits des Pères sont les témoins éclatants de cette méditation de la parole de Dieu, poursuivie, à travers les siècles, par laquelle l'Epouse du Verbe incarné, l'Eglise " qui reste fidèle au dessein et à l'esprit de son Epoux et de son Dieu " s'efforce d'acquérir chaque jour une plus profonde intelligence des Ecritures.

165 La lecture des Pères introduit aussi les chrétiens dans le sens des temps et des fêtes liturgiques. En outre, elle leur ouvre l'accès aux inestimables richesses spirituelles qui constituent le magnifique patrimoine de l'Eglise, et en même temps elle fournit une base pour la vie spirituelle et un très riche aliment pour la piété. Ainsi les prédicateurs de la parole de Dieu ont chaque jour à leur disposition des modèles remarquables de prédication.

VIII. La lecture hagiographique

166 On appelle lecture hagiographique soit un texte d'un Père ou d'un écrivain ecclésiastique qui parle précisément du saint que l'on célèbre, soit un texte qui s'applique bien à lui: ou bien un extrait des écrits de ce saint; ou bien le récit de sa vie.

167 En élaborant les propres particuliers des saints, on veillera à la vérité historique et au véritable profit spirituel de ceux qui liront ou entendront la lecture hagiographique; on se gardera de ce qui ne fait que susciter l'étonnement; on mettra en lumière la spiritualité particulière des saints, d'une façon adaptée aux conditions actuelles, et aussi leur importance dans la vie et la spiritualité de l'Eglise.

168 Une petite notice biographique, qui présente des notations purement historiques et résume le déroulement de la vie du saint, est placée avant la lecture elle-même, uniquement à titre de renseignement; elle n'a pas à être proclamée dans la célébration.

IX. Les répons

169 La lecture biblique, à l'office de lecture, est suivie de son répons propre, dont le texte a été puisé dans le trésor traditionnel ou a été nouvellement composé. Ce répons vise à apporter une lumière nouvelle pour l'intelligence de la lecture qui vient d'être faite, à insérer cette lecture dans l'histoire du salut, ou à faire le passage de l'Ancien au Nouveau Testament, ou à transformer la lecture en prière et en contemplation, ou enfin à procurer par sa beauté poétique une agréable variété.

170 Semblablement, un répons approprié est adjoint à la seconde lecture; mais il ne se relie pas aussi étroitement au texte de la lecture, et par conséquent, il favorise davantage une libre méditation.

171 Les répons avec leurs reprises gardent donc leur valeur même dans la récitation solitaire. Mais la partie qui est répétée dans le répons peut s'omettre lorsqu'on se contente de réciter, à moins que cette répétition ne soit exigée par le sens.

172 De la même manière, mais plus simplement, le répons bref des offices du matin et du soir et de complies dont on parle plus haut, nn. 49 et 89 , et les versets de tierce, sexte et none répondent à la lecture brève, comme une acclamation grâce à laquelle la parole de Dieu pénètre plus profondément dans l'esprit de l'auditeur ou du lecteur. X. Les hymnes et les autres chants d'origine non biblique

173 Les hymnes, qui ont leur place dans l'office en vertu d'une tradition fort ancienne, gardent encore maintenant leur place . En vérité, non seulement par leur nature lyrique elles sont destinées expressément à la louange de Dieu, mais elles constituent un élément populaire, et même elles manifestent presque toujours d'emblée, mieux que les autres parties de l'office, le caractère propre des Heures ou de chaque fête, elles entraînent et attirent les âmes à célébrer pieusement. Leur beauté littéraire accroît souvent cette efficacité. En outre, les hymnes sont, dans l'office, comme le plus important élément poétique de création ecclésiastique.

174 L'hymne se termine traditionnellement par une doxologie qui, d'ordinaire, s'adresse à la même personne que l'hymne elle-même.

175 Dans l'office du Temps ordinaire, pour assurer de la variété, on a prévu pour toutes les Heures un double cycle d'hymnes, qu'on doit faire alterner d'une semaine sur l'autre.

176 En outre, à l'office de lecture on a introduit pour le Temps ordinaire, un double cycle d'hymnes, selon que celles-ci sont récitées de nuit ou de jour.

177 Les hymnes nouvelles peuvent être chantées sur des mélodies traditionnelles de même nombre et de même mètre.

178 En ce qui concerne la célébration en langue vivante, les Conférences épiscopales ont la faculté d'adapter les hymnes latines au génie de leur propre langue, ainsi que d'introduire de nouvelles créations hymnodiques , pourvu qu'elles s'accordent exactement à l'esprit de l'Heure, du temps ou de la fête; de plus, on veillera soigneusement à ne pas admettre de petits cantiques populaires qui n'auraient aucune valeur artistique et ne répondraient pas vraiment à la dignité de la liturgie.

XI. Les intercessions, l'oraison dominicale, l'oraison conclusive

a. Les intercessions aux offices du matin et du soir

179 Certes, la Liturgie des Heures célèbre les louanges de Dieu. Cependant la tradition, aussi bien juive que chrétienne, ne sépare pas la prière de demande de la louange divine, et souvent elle fait dériver plus ou moins celle-là de celle-ci. L'Apôtre Paul recommande de faire " des supplications, des prières, des demandes, des actions de grâce pour tous les hommes: pour les rois et tous les dépositaires de l'autorité, afin que nous puissions mener une vie calme et tranquille, en toute piété et dignité. Cela est bon et agréable aux yeux de Dieu notre Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité " (1Tm 2,1-4). Plus d'une fois les Pères ont interprété cette recommandation en ce sens qu'il faut faire matin et soir des intercessions .

180 Les intercessions qui ont été instaurées dans la messe de rite romain se font aussi à l'office du soir, quoique d'une manière différente, qui sera décrite plus loin.

181 D'autre part, puisqu'il était traditionnel dans la prière que le matin on recommandât à Dieu toute la journée, on fait à l'office du matin des invocations pour recommander ou consacrer à Dieu la journée.

182 On appelle intercessions aussi bien les intercessions qui se font à l'office du soir, que les louanges et invocations qui se font à l'office du matin pour consacrer à Dieu la journée.

183 Pour varier, mais surtout afin que la diversité des besoins de l'Eglise et des hommes soit mieux exprimée selon la différence des états, des assemblées, des personnes, des conditions et des époques, on propose diverses formules d'intercession pour chaque jour dans le cycle du psautier, pour les temps de l'année liturgique, et aussi pour quelques célébrations festives.

184 De plus, les Conférences épiscopales ont le droit d'adapter les formules proposées dans le livre de la Liturgie des Heures, comme d'en approuver de nouvelles , mais en observant les règles suivantes.

185 Comme dans l'oraison dominicale, il faut unir aux demandes la louange de Dieu ou la reconnaissance de sa gloire, ou le rappel de l'histoire du salut.

186 Aux intercessions de l'office du soir, la dernière intention est toujours pour les défunts.

187 Puisque la Liturgie des Heures est principalement la prière de toute l'Eglise pour toute l'Eglise, et même pour le salut du monde entier , il faut que dans les intercessions les intentions universelles aient absolument la première place: c'est-à-dire qu'on prie pour l'Eglise avec ses différents ordres; pour les autorités séculières; pour ceux qui sont affligés par la pauvreté, la maladie ou le deuil; et pour les besoins du monde entier, comme la paix et les intentions analogues.

188 Il est cependant permis, à l'office du matin comme à celui du soir, d'ajouter quelques intentions particulières.

189 Les intercessions de l'office sont dotées d'une structure qui permet de les adapter aussi bien à la célébration avec le peuple qu'à la célébration dans une petite communauté et à la récitation solitaire.

190 C'est pourquoi, dans la récitation avec le peuple ou en commun, les intercessions sont introduites par une brève invitation du prêtre ou du ministre, dans laquelle est proposé le modèle de la réponse que l'assemblée doit reprendre invariablement.

191 D'autre part, les intentions sont énoncées, en s'adressant à Dieu, de sorte qu'elles puissent convenir aussi bien à la célébration commune qu'à la récitation solitaire.

192 Chaque formule d'intention est composée de deux parties, dont la seconde peut être employée comme réponse variable.

193 Aussi peut-on adopter différentes méthodes: ou bien le prêtre ou le ministre dit les deux parties, et l'assemblée donne une réponse uniforme, ou bien observe un temps de silence; ou encore le prêtre ou le ministre dit seulement la première partie, et l'assemblée la seconde.

b. L'oraison dominicale

194 Aux offices du matin et du soir, étant donné que ce sont des Heures plus populaires, après les intercessions, l'oraison dominicale trouve place en raison de sa dignité, conformément à une tradition vénérable.

195 L'oraison dominicale sera donc désormais dite solennellement trois fois par jour: à la messe, aux offices du matin et du soir.

196 Le Notre Père est dit par tous, précédé, si on le juge bon, par une brève monition.

c. L'oraison conclusive

197 A la fin de l'Heure, on dit pour terminer l'oraison conclusive qui, dans la célébration publique et populaire, selon la tradition, revient au prêtre ou au diacre .

198 Cette oraison, à l'office de lecture, est ordinairement celle qui est propre au jour. A complies, elle est toujours au psautier.

199 Aux offices du matin et du soir, l'oraison est prise au propre pour les dimanches, les féries du temps de l'Avent, de Noël, du Carême et de Pâques, ainsi que pour les solennités, les fêtes et les mémoires. Aux féries du Temps ordinaire, on dit l'oraison indiquée dans le psautier du jour, pour exprimer le caractère propre de ces Heures.

200 A tierce, sexte et none, ou à l'Heure médiane, l'oraison est prise au propre pour les dimanches et les féries du temps de l'Avent, de Noël, du Carême et de Pâques, ainsi que pour les solennités et les fêtes. Les autres jours on dit les oraisons qui expriment le caractère de l'Heure qu'on célèbre, et qui sont réparties dans le psautier.


1970 PGLH 110