Ignace exercices 209

209 ‹ Remarque. ‹ Supposé que l'on veuille accorder plus de temps aux contemplations sur la Passion, on prendra pour chaque exercice un plus petit nombre de mystères : par exemple, pour la première contemplation, la Cène seulement ; pour la seconde, le Lavement des pieds ; pour la troisième, l'Institution du sacrement de l'Eucharistie ; pour la quatrième, le discours du Sauveur après la Cène ; et ainsi des autres contemplations, jusqu'à la fin de la Passion.
Lorsqu'on l'aura terminée on pourra prendre un jour entier pour repasser la première partie ; et un second jour pour la seconde ; et enfin un troisième pour toute la Passion.
Au contraire, si l'on veut abréger, on peut prendre pour Exercice du milieu de la nuit la Cène tout entière ; pour celui du matin, le Jardin ; à l'heure de la messe, la maison d'Anne ; à l'heure des vêpres, la maison de Caïphe ; avant le souper, la maison de Pilate ; omettant les répétitions et les applications des sens ; faisant chaque jour cinq exercices distincts, et prenant pour chaque exercice un nouveau mystère de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
La Passion ainsi méditée, on peut la repasser tout entière dans un seul jour en un ou plusieurs exercices, comme on jugera pouvoir en retirer plus de fruit.


Règles de Tempérance

210 ‹ Première règle. ‹ C'est moins dans l'usage du pain que dans celui des autres mets, que nous devons pratiquer la tempérance. A l'égard d'une nourriture aussi commune, il y a moins à craindre du côté de la tentation et du dérèglement de l'appétit.

211 ‹ Deuxième règle. ‹ La tempérance doit se pratiquer dans le boire plutôt que dans l'usage du pain. Par conséquent, il faudra considérer avec attention ce qui est utile touchant la boisson, pour le prendre, et ce qui est nuisible pour le retrancher.

212 ‹ Troisième règle. ‹ A l'égard des autres aliments, on doit garder la tempérance la plus exacte et la plus absolue ; parce que l'appétit est plus prompt à se dérégler en ce point, comme la tentation, de son côté, nous porte davantage à rechercher ce qui peut flatter l'appétit. Or, il y a deux manières de pratiquer la tempérance et d'éviter le dérèglement dans la nourriture. La première consiste à se contenter habituellement de mets communs et grossiers ; la seconde, à les prendre en petite quantité, s'ils sont délicats.

213 ‹ Quatrième règle. ‹ Pourvu que l'on ne s'expose pas au danger de tomber dans quelque infirmité, plus on retranchera de ce qu'on pourrait convenablement prendre, plus on parviendra promptement à connaître le milieu (entre l'excès et le défaut) que l'on doit garder dans le boire et le manger, pour deux raisons :
la première, parce que cette générosité de notre part nous dispose à recevoir souvent plus de lumières intérieures, de consolations célestes, d'inspirations divines, qui nous montrent clairement ce qui nous convient ;
la seconde, parce que, supposé que cette abstinence volontaire ne nous laisse pas assez de force de corps et d'esprit pour vaquer aux Exercices spirituels, nous pourrons facilement juger la juste mesure d'aliments que notre tempérament exige.

214 ‹ Cinquième règle. ‹ Pendant que nous prenons notre nourriture, considérons, comme si nous le voyions de nos yeux, Notre-Seigneur Jésus-Christ prenant lui-même sa nourriture avec ses Apôtres. Voyons comment il mange, comment il boit, comment il regarde, comment il parle ; et efforçons-nous de l'imiter. Que cette considération soit la principale occupation de notre entendement, de sorte que l'attention à la réfection corporelle ne soit que secondaire. Ainsi nous sera-t-il facile de mettre plus d'ordre et de modération dans la manière de nous conduire et de nous gouverner pendant nos repas.

215 ‹ Sixième règle. ‹ D'autres fois, on pourra faire quelques réflexions sur la vie des saints, s'occuper d'une pieuse pensée, ou d'une affaire spirituelle que l'on a en vue. L'esprit attaché à ces différents objets s'arrêtera moins au plaisir sensuel que peut causer la nourriture par le sens du goût.

216 ‹ Septième règle. ‹ Mais il faut par-dessus tout se garder que l'esprit ne soit tout entier à l'action matérielle du repas, modérer la précipitation à laquelle nous porterait l'appétit, être maître de soi-même, relativement à la quantité de la nourriture et à la manière de la prendre.

217 ‹ Huitième règle. ‹ Afin de prévenir tout dérèglement, il est très utile, après le dîner ou après le souper, ou dans tout autre moment dans lequel l'appétit ne se fait pas sentir, de déterminer la quantité que l'on doit prendre au dîner ou au souper suivant. Que cette pratique s'observe tous les jours ; et, quelles que soient les attaques de la sensualité et de la tentation, que l'on se garde de passer la quantité prescrite. Je dis plus : si l'on veut vaincre entièrement tout appétit déréglé et toute tentation, et n'avoir rien à craindre des efforts de l'ennemi, que l'on prenne moins, lorsqu'on est tenté de prendre davantage.


QUATRIEME SEMAINE

premier jour

première contemplation
Comment Jésus-Christ, notre Seigneur, apparut à Notre-Dame cf. Mystères, 299 .

218 ‹ L'oraison préparatoire ordinaire.

219 ‹ Le premier prélude est l'histoire de la contemplation. Ici, je me rappellerai comment, Jésus ayant rendu le dernier soupir sur la croix, son corps resta séparé de son âme, sans cesser d'être uni à la Divinité ; comment son âme bienheureuse, unie aussi à la Divinité, descendit aux enfers, délivra les âmes des Justes et revint au sépulcre ; comment, enfin, le Sauveur, étant ressuscité, apparut en corps et en âme à sa Mère bénie.

220 ‹ Le second est la composition de lieu. Dans la contemplation présente, je me représenterai la disposition du saint Sépulcre, et la maison où se trouve Notre-Dame ; considérant en particulier les appartements qui la composent et spécialement la chambre et l'oratoire de la Mère du Sauveur.

221 ‹ Le troisième est la demande de ce que l'on veut obtenir. Dans cet exercice, je demanderai la grâce de ressentir une vive allégresse et une joie intense de la gloire et de la joie immense de Jésus-Christ, notre Seigneur.

222 ‹ Le premier, le second et le troisième point seront les mêmes que dans la contemplation de la Cène 194 .

223 ‹ Dans le quatrième, je considérerai comment la Divinité, qui semblait se cacher dans la Passion, paraît et se manifeste dans la Résurrection par des effets de puissance et de sainteté qui n'appartiennent qu'à elle.

224 ‹ Dans le cinquième, je considérerai comment Notre-Seigneur Jésus-Christ exerce auprès des siens l'office de consolateur, le comparant à un ami qui console ses amis.

225 ‹ Je terminerai par un ou plusieurs colloques conformes au sujet de la contemplation, et je réciterai l'Oraison dominicale.


Remarques

226 ‹ Première remarque. ‹ Dans les contemplations suivantes, on parcourra tous les mystères glorieux depuis la Résurrection jusqu'à l'Ascension inclusivement, dans l'ordre marqué à la série des mystères 299 ,312 , en gardant la même méthode que dans la Semaine de la Passion.
Cette première contemplation servira de modèle pour les autres ; les préludes seront en rapport avec le sujet de la contemplation ; les cinq points seront toujours les mêmes, ainsi que les additions, telles qu'elles se trouvent dans la quatrième remarque 229 .
Quant aux répétitions, aux applications des sens, à la manière d'abréger ou de prolonger le temps que l'on veut consacrer à la contemplation des mystères de cette Semaine, on peut faire tout ce qui a été dit dans la Semaine de la Passion.

227 ‹ Deuxième remarque. ‹ Communément parlant, c'est dans cette quatrième Semaine, plutôt que dans les trois précédentes, que l'on peut se contenter de faire quatre exercices au lieu de cinq ; le premier, immédiatement après le lever ; le second, à l'heure de la messe ou avant le dîner, au lieu de la première répétition ; le troisième à l'heure des vêpres, au lieu de la seconde répétition ; le quatrième, qui sera une application des sens sur les trois exercices du jour, avant le souper. On remarquera toujours les endroits les plus importants, qui auront excité en nous de plus vives émotions intérieures, qui nous auront fait éprouver plus de goût spirituel, et l'on s'y arrêtera davantage.

228 ‹ Troisième remarque. ‹ Quoique dans toutes les contemplations, on ait déterminé le nombre des points, par exemple : trois, cinq, etc., celui qui fait les Exercices n'en a pas moins la liberté de les augmenter ou de les diminuer, selon qu'il le trouvera plus avantageux. Pour cela, il lui sera très utile, avant de commencer une contemplation, de prévoir et de fixer en nombre certain les points qui doivent la partager.

229 ‹ Quatrième remarque. ‹ Dans cette semaine, on modifiera de la manière suivante la deuxième, la sixième, la septième et la dernière des dix additions.
Deuxième addition
74 . ‹ Aussitôt que je me réveillerai, je me mettrai devant les yeux le sujet de la contemplation que je vais faire, avec le désir de me réjouir et de me pénétrer de la joie immense et de la vive allégresse que ressent Notre-Seigneur Jésus-Christ ressuscité.
Sixième addition 78 . ‹ Je rappellerai à ma mémoire des pensées capables de faire naître dans mon coeur le contentement, la joie et l'allégresse spirituelle, comme serait la gloire du Ciel.
Septième addition 79 . ‹ Je profiterai de la clarté du jour ou des agréments de la saison, comme de la fraîcheur en été, et en hiver de la chaleur du soleil ou de celle du feu, autant que par ce moyen mon âme pourra s'aider à se réjouir en son Créateur et en son Rédempteur.
Dixième addition 82 , 86 . ‹ Au lieu de m'adonner à la pénitence, je viserai à garder la tempérance et à tenir le milieu en toutes choses, à moins qu'il ne se rencontre des jeûnes de précepte, des abstinences commandées par l'Eglise ; car ceux-ci doivent toujours s'observer, lorsqu'il n'y a point d'empêchement légitime.

contemplation pour obtenir l'amour divin

230 ‹ Commençons par reconnaître deux vérités : la première, que l'on doit faire consister l'amour dans les oeuvres bien plus que dans les paroles.

231 ‹ La seconde, que l'amour réside dans la communication mutuelle des biens. D'un côté, la personne qui aime donne et communique à celle qui est aimée ce qu'elle a, ou de ce qu'elle a, ou ce qu'elle peut donner et communiquer ; de l'autre, la personne qui est aimée agit de même à l'égard de celle qui l'aime. Si l'une a de la science, elle la communique à celle qui n'en a pas ; j'en dis autant des honneurs et des richesses, et réciproquement.

L'oraison préparatoire ordinaire.

232 ‹ Le premier prélude est la composition de lieu. Dans la contemplation présente, je me considérerai en la présence de Dieu, notre Seigneur, sous les yeux des anges et des saints qui intercèdent pour moi.

233 ‹ Le second est la demande de la grâce que l'on veut obtenir. Ici, je demanderai la connaissance intime de tant de bienfaits que j'ai reçus de Dieu, afin que dans un vif sentiment de gratitude, je me consacre sans réserve au service et à l'amour de sa divine Majesté.

234 ‹ Dans le premier point, je rappellerai à ma mémoire les bienfaits que j'ai reçus : ceux qui me sont communs avec tous les hommes, la création, la rédemption, et ceux qui me sont particuliers, considérant très affectueusement tout ce que Dieu, notre Seigneur, a fait pour moi, tout ce qu'il m'a donné de ce qu'il a, et combien il désire se donner lui-même à moi, autant qu'il le peut, selon la disposition de sa divine Providence.
Puis, faisant un retour sur moi-même, je me demanderai ce que la raison et la justice m'obligent de mon côté à offrir et à donner à sa divine Majesté, c'est-à-dire toutes les choses qui sont à moi et moi-même avec elles ; et, comme une personne qui veut faire agréer un don, je dirai du fond de l'âme :
« Prenez, Seigneur, et recevez toute ma liberté, ma mémoire, mon entendement et toute ma volonté, tout ce que j'ai et tout ce que je possède. Vous me l'avez donné, Seigneur, je vous le rends ; tout est à vous, disposez-en selon votre bon plaisir. Donnez-moi votre amour ; donnez-moi votre grâce : elle me suffit. »

235 ‹ Dans le second point, je considérerai Dieu présent dans toutes les créatures. Il est dans les éléments, leur donnant l'être ; dans les plantes, leur donnant la végétation ; dans les animaux, leur donnant le sentiment ; dans les hommes, leur donnant l'intelligence ; il est en moi-même de ces différentes manières, me donnant tout à la fois l'être, la vie, le sentiment et l'intelligence. Il a fait plus : il a fait de moi son temple ; et, dans cette vue, il m'a créé à la ressemblance et à l'image de sa divine Majesté.
Ici encore je ferai un retour sur moi-même, comme il a été dit dans le premier point, ou de toute autre manière qui me paraîtrait plus convenable : ce qui doit s'observer dans les points suivants.

236 ‹ Dans le troisième point, je considérerai Dieu agissant et travaillant pour moi dans tous les objets créés, puisqu'il est effectivement dans les lieux, dans les éléments, dans les plantes, dans les fruits, dans les animaux, etc., comme un agent, leur donnant et leur conservant l'être, la végétation, le sentiment, etc.
Puis je ferai, comme dans les points précédents, un retour sur moi-même.

237 ‹ Dans le quatrième point, je contemplerai que tous les biens et tous les dons descendent d'en haut : ma puissance limitée dérive de la puissance souveraine et infinie qui est au-dessus de moi ; de même la justice, la bonté, la compassion, la miséricorde, etc. ; comme les rayons émanent du soleil, comme les eaux découlent de leur source, etc. Ensuite, je réfléchirai sur moi-même, comme il a été dit, et je terminerai par un colloque suivi de l'Oraison dominicale.


De trois manières de prier

Première manière

I. ‹ Sur les commandements de Dieu

238 ‹ La première manière de prier consiste à réfléchir sur les dix commandements de Dieu, les sept péchés capitaux, les trois puissances de l'âme et les cinq sens corporels.
Aussi, est-ce plutôt un exercice spirituel très utile à l'âme et qui la dispose à offrir à Dieu une prière qui lui soit agréable, qu'une méthode ou manière de faire oraison proprement dite.

239 ‹ Addition ‹ En premier lieu, on fera l'équivalent de la seconde addition de la Seconde semaine 131 . Cet exercice préliminaire consiste à se reposer un peu l'esprit avant de commencer à prier, ce que je ferai assis ou en me promenant, comme il me semblera plus avantageux, considérant attentivement où je vais et à quelle fin. Cette addition doit se faire au commencement de toutes les manières de prier.

240 ‹ Dans une prière préparatoire, je demanderai à Dieu, notre Seigneur, la grâce de connaître en quoi j'ai manqué aux dix commandements. Je lui demanderai aussi la grâce et le secours nécessaires pour me corriger à l'avenir et l'intelligence parfaite de ses préceptes, afin de les garder plus fidèlement, à la plus grande gloire et à la plus grande louange de sa divine Majesté.

241 ‹ Puis, venant au premier commandement, je considérerai et j'examinerai comment je l'ai observé et en quoi je l'ai transgressé. Cet examen durera ordinairement le temps de dire trois fois le Pater et trois fois l'Ave Maria. Si dans cet espace de temps je découvre des fautes, j'en demanderai pardon à Dieu et je réciterai l'Oraison dominicale. Je ferai la même chose pour chacun des dix commandements.

242 ‹ Remarque. ‹ Lorsqu'on s'examine sur un commandement que l'on ne transgresse pas ordinairement, il n'est point nécessaire de s'y arrêter aussi longtemps. Mais, en général, on donnera plus ou moins de temps à la considération d'un précepte et à la recherche des fautes commises contre ce précepte, suivant que l'on se trouvera plus ou moins sujet à y manquer.
Cette remarque s'applique également aux péchés capitaux.

243 ‹ Après avoir achevé l'examen sur tous les commandements, et m'être accusé moi-même devant Dieu, je lui demanderai la grâce et le secours qui me sont nécessaires pour me corriger à l'avenir, et je terminerai par un colloque à Dieu, notre Seigneur, conformément à l'exercice que je viens de faire.


II. ‹ Sur les péchés capitaux

244 ‹ Après l'addition 239 , on fera l'oraison préparatoire comme dans l'exercice précédent. L'unique différence est qu'il s'agit ici de péchés que l'on doit éviter et que là il s'agissait de commandements que l'on doit observer. On suivra, du reste, l'ordre que nous avons tracé 241 ; on observera pour le temps la règle que nous avons donnée, et on terminera par un colloque.

245 ‹ Pour obtenir une connaissance plus claire des fautes que nous aurons commises, nous considérerons les vertus opposées aux sept péchés capitaux, et, afin que notre résolution de les éviter soit plus efficace, nous nous efforcerons, par de saints exercices, d'acquérir et de posséder les sept vertus contraires à ces vices.


III. ‹ Sur les trois puissances de l'âme

246 ‹ On suivra le même ordre et on gardera la même règle que pour les commandements, sans omettre l'addition, l'oraison préparatoire et le colloque.


IV. ‹ Sur les cinq sens

247 ‹ Pour les cinq sens corporels, la méthode est toujours la même ; la matière seule est changée.

248 ‹ Remarque. ‹ Celui qui, dans l'usage de ses sens, veut imiter Jésus-Christ, notre Seigneur, se recommandera dans l'oraison préparatoire à sa divine Majesté ; et, après s'être examiné sur chacun des sens, il récitera la Salutation angélique ou l'Oraison dominicale. Et celui qui, dans l'usage de ses sens, désire imiter Notre-Dame, la priera, dans l'oraison préparatoire, de lui obtenir cette grâce de son Fils et Seigneur ; et, après l'examen de chaque sens, il récitera l'Ave Maria.


Seconde manière de prier

249 ‹ La seconde manière de prier consiste à peser attentivement la signification de chaque parole d'une prière.

250 ‹ L'addition de la première manière de prier doit se faire également dans la seconde.

251 ‹ L'oraison préparatoire sera relative à la personne à laquelle s'adresse la prière que l'on va méditer.

252 ‹ Après l'addition et l'oraison préparatoire, à genoux ou assis, selon la disposition du corps et l'attrait de l'âme, les yeux fermés ou fixés en un même endroit, sans les laisser errer de côté et d'autre, on dira la première parole du Pater, et on s'arrêtera sur cette parole autant de temps que l'on trouvera de significations, de comparaisons, de goût et de consolation intérieure dans la considération du titre de Père. On fera de même sur chaque parole de l'Oraison dominicale, ou de toute autre prière que l'on voudra méditer selon cette manière de prier.

253 ‹ Première règle. ‹ On emploiera une heure à méditer ainsi toute l'Oraison dominicale, et après l'avoir terminée, on récitera vocalement ou mentalement, de la manière ordinaire, c'est-à-dire sans pause, la Salutation angélique, le Symbole, la prière Anima Christi et le Salve Regina.

254 ‹ Deuxième règle. ‹ S'il arrive qu'une ou deux paroles fournissent, même pendant l'heure entière, une matière suffisante à la réflexion, et que l'on trouve à les méditer, du goût et de la consolation spirituelle, on ne se mettra point en peine de passer outre ; mais, l'heure écoulée, on récitera de la manière ordinaire le reste de l'Oraison dominicale.

255 ‹ Troisième règle. ‹ Supposé que l'on se soit arrêté une heure entière sur une ou deux paroles de l'Oraison dominicale, le jour suivant, quand on voudra reprendre la même prière, on dira de la manière ordinaire la parole, ou les paroles que l'on a déjà méditées ; puis on commencera à réfléchir sur celle qui suit immédiatement, comme il a été dit dans la seconde règle 254 .

256 ‹ Première remarque. ‹ Après avoir terminé en un ou plusieurs jours l'Oraison dominicale, on méditera, selon la même méthode, la Salutation angélique, et ensuite les autres prières en sorte que l'on continue pendant quelque temps cet exercice sans interruption.

257 ‹ Seconde remarque. ‹ A la fin de l'oraison, on s'adressera à la personne que l'on a priée, et on lui demandera en peu de paroles les vertus ou les grâces dont on éprouve un plus pressant besoin.


Troisième manière de prier

258 ‹ La troisième manière de prier est comme en mesure.
L'addition sera la même que dans la première et la seconde manière de prier
239 , 250 .
L'oraison préparatoire, comme dans la seconde manière de prier 251 .
Cette troisième manière consiste donc à prier de coeur et à dire de bouche, à chaque respiration ou soupir, une parole de l'Oraison dominicale ou d'une autre prière, de manière à ne prononcer qu'une seule parole entre une respiration et l'autre. Et l'espace de temps qui s'écoule d'une respiration à l'autre doit s'employer à considérer spécialement la signification de cette parole, ou l'excellence de la personne à laquelle la prière s'adresse, ou notre propre indignité, ou la différence entre tant de grandeur d'un côté, et de l'autre tant de bassesse.
On prononcera de la même manière toutes les paroles du Pater ; puis on récitera les autres prières, c'est-à-dire l'Ave Maria, l'Anima Christi, le Credo et le Salve Regina, selon la manière ordinaire de prier.

259 ‹ Première règle. ‹ Le jour suivant, ou à une autre heure du même jour, où l'on désirerait prier de cette manière, on récitera la Salutation angélique en mesure, et les autres prières selon la manière ordinaire de prier, et ainsi des autres que nous avons indiquées.

260 ‹ Seconde règle. ‹ Celui qui voudrait prier plus longtemps selon cette troisième manière peut réciter de suite plusieurs des prières marquées ou même toutes ; mais toujours en ne proférant qu'une parole d'une respiration à l'autre, comme il a été expliqué 258 .


Les mystères de la vie de Jésus-Christ notre Seigneur

261 ‹ Remarque. ‹ Dans les mystères suivants, les paroles qui sont entre guillemets sont de l'Evangile même, et non pas les autres. ‹ Chaque mystère sera ordinairement divisé en trois points, afin que l'on puisse les méditer et les contempler avec une plus grande facilité.

262De l'Annonciation de Notre-Dame.
Lc 1,26-38
Premier point. L'archange Gabriel salue Notre-Dame et lui annonce la conception de Jésus-Christ, notre Seigneur : « L'Ange étant entré où était Marie, lui dit : Je vous salue, pleine de grâce ; vous concevrez dans votre sein et vous enfanterez un fils. »

Second point. L'Ange confirme ce qu'il a dit à Notre-Dame, en lui annonçant la conception de saint Jean-Baptiste : « Et voilà qu'Elisabeth, votre parente, a conçu elle-même un fils dans sa vieillesse. »

Troisième point. Notre-Dame répond à l'Ange : « Voici la servante du Seigneur ; qu'il me soit fait selon votre parole. »

263De la Visitation de Notre-Dame à Elisabeth
Lc 1,39-56
Premier point. Notre-Dame visite Elisabeth ; et Jean-Baptiste, dans le sein de sa mère, connaît la présence de la Mère du Sauveur : « Et dès qu'Elisabeth s'entendit saluer par Marie, l'enfant tressaillit dans son sein ; et Elisabeth fut remplie du Saint-Esprit, et elle s'écria à haute voix : Vous êtes bénie entre les femmes, et le fruit de vos entrailles est béni. »

Second point. Notre-Dame répond par un cantique d'action de grâces : « Mon âme glorifie le Seigneur. »

Troisième point. « Marie demeura environ trois mois avec Elisabeth ; puis elle s'en retourna dans sa maison. »

264De la Naissance de Jésus-Christ, notre Seigneur.
Lc 2,1-14
Premier point. Notre-Dame et Joseph son époux vont de Nazareth à Bethléem : « Joseph partit de Galilée pour Bethléem, afin de marquer sa soumission à César, avec Marie son épouse, qui était enceinte. »
Second point. « Elle enfanta son fils premier-né, elle l'enveloppa de langes, et le coucha dans une crèche. »
Troisième point. « Aussitôt une troupe nombreuse de la milice céleste se mit à louer Dieu en disant : Gloire à Dieu au plus haut des cieux. »

265De l'adoration des pasteurs.
Lc 2,8-20
Premier point. La naissance de Jésus-Christ, notre Seigneur, est manifestée par un ange aux bergers : « Je vous annonce une grande joie : aujourd'hui il vous est né un Sauveur. »
Second point. Les bergers vont à Bethléem : « Ils allèrent en toute hâte, et trouvèrent Marie et Joseph, et l'Enfant couché dans une crèche. »
Troisième point. « Les bergers s'en retournèrent glorifiant et louant le Seigneur. »

266De la Circoncision.
Lc 2,21
Premier point. On circoncit l'Enfant Jésus.
Second point. « On lui donne le nom de Jésus, nom que l'ange avait révélé avant que l'Enfant fût conçu dans le sein de sa Mère. »
Troisième point. On rend l'Enfant à sa Mère, touchée de compassion à la vue du sang que répandait son Fils.

267Des trois rois mages
Mt 2,1-12
Premier point. Les trois Mages, guidés par l'étoile, viennent adorer Jésus, en disant : « Nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus l'adorer. »
Second point. Ils l'adorent et lui offrent des présents : « Et, se prosternant, ils l'adorèrent, et lui offrirent pour présents de l'or, de l'encens et de la myrrhe. »
Troisième point. « Et, ayant été avertis en songe de n'aller point retrouver Hérode, ils retournèrent en leur pays par un autre chemin. »

268De la Purification de Notre-Dame et de la Présentation de l'Enfant Jésus.
Lc 2,22-39
Premier point. Marie et Joseph portent l'Enfant Jésus au Temple pour le présenter au Seigneur en qualité de premier-né, et ils offrent pour lui « deux tourterelles ou deux jeunes colombes. »
Second point. Siméon, venant au Temple, « le prit entre ses bras, en disant : C'est maintenant, Seigneur, que vous laisserez aller en paix votre serviteur. »
Troisième point. « Anne étant survenue, elle louait le Seigneur et parlait de cet Enfant à tous ceux qui attendaient la rédemption d'Israël. »

269De la fuite en Egypte.
Mt 2,13-18
Premier point. Hérode, voulant faire mourir l'Enfant Jésus, ordonne de massacrer les Innocents ; mais, avant leur mort, l'Ange avertit Joseph de fuir en Egypte : « Levez-vous,
prenez l'Enfant et sa Mère, et fuyez en Egypte. »
Second point. Joseph part pour l'Egypte : « Et, se levant pendant la nuit, il se retira en Egypte. »
Troisième point. « Il y demeura jusqu'à la mort d'Hérode. »

270Comment Jésus-Christ, notre Seigneur, revint d'Egypte.
Mt 2,19-23
Premier point. L'Ange avertit Joseph de retourner dans la terre d'Israël : « Levez-vous, prenez l'Enfant et sa Mère, et allez dans la terre d'Israël. »
Second point. « Et, se levant, il retourna dans la terre d'Israël. »
Troisième point. Comme Archélaüs, fils d'Hérode, régnait en Judée, il se retira à Nazareth.

271De la vie de Jésus-Christ, notre Seigneur, depuis douze ans jusqu'à trente.
Lc 2,51-52
Premier point. Il obéissait à ses parents : « Et il leur était soumis. »
Second point. « Il croissait en sagesse, en âge et en grâce. »
Troisième point. Il paraît qu'il exerça la profession de charpentier, comme semble l'indiquer saint Marc, dans le chapitre sixième : « N'est-ce pas là ce charpentier ? » (Mc 6,3)

272De la venue de Jésus-Christ au Temple, à l’âge de douze ans.
Lc 2,41-50
Premier point. Jésus-Christ, notre Seigneur, âgé de douze ans, va de Nazareth à Jérusalem.
Second point. Jésus-Christ, notre Seigneur, reste à Jérusalem, sans que ses parents s'en aperçoivent.
Troisième point. Trois jours s'étant écoulés, ils le trouvent dans le Temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant ; et sa Mère lui ayant dit : « Mon Fils, pourquoi en avez-vous usé ainsi avec nous ? il répondit : Ne saviez-vous pas qu'il faut que je m'emploie aux choses qui regardent mon Père ? »

273Comment Jésus-Christ fut baptisé.
Mt 3,13-17
Premier point. Jésus-Christ, notre Seigneur, après avoir dit adieu à sa Mère bénie, va de Nazareth au fleuve du Jourdain, où était saint Jean-Baptiste.
Second point. Jésus-Christ, notre Seigneur, est baptisé par saint Jean, qui se reconnaît indigne de ce ministère ; mais Jésus lui dit : « Faites ceci maintenant ; car c'est ainsi qu'il faut que nous accomplissions toute justice. »
Troisième point. L'Esprit-Saint descend sur lui ; et au même instant on entend une voix du ciel qui disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis mes complaisances. »

274Comment Jésus-Christ fut tenté.
Mt 4,1-11 Lc 4,1-13
Premier point. Après avoir été baptisé, Jésus se retira au désert, où il jeûna quarante jours et quarante nuits.
Second point. Il fut tenté trois fois par l'ennemi : « Le tentateur, s'approchant, lui dit : Si vous êtes le Fils de Dieu, commandez que ces pierres se changent en pains. ‹ Jetez-vous en bas. ‹ Je vous donnerai toutes ces choses, si, vous prosternant, vous m'adorez. »
Troisième point. « Les anges s'approchèrent et ils le servaient. »

275De la vocation des Apôtres.
Premier point. Il paraît que saint Pierre et saint André furent appelés trois fois :
premièrement, à une certaine connaissance du Sauveur, ce que nous apprend saint Jean dans le premier chapitre (
Jn 1,35-42) ; secondement, à suivre Jésus-Christ en quelque manière, avec l'intention de retourner à ce qu'ils avaient abandonné, comme dit saint Luc dans le chapitre cinquième (Lc 5,1-11 Lc 5,27-29) ; troisièmement, à suivre Jésus-Christ, notre Seigneur, pour toujours, comme le rapportent saint Matthieu dans le quatrième chapitre (Mt 4,18-22), et saint Marc dans le premier (Mc 1,16-20).
Second point. Il appela Philippe, comme il est marqué dans le premier chapitre de saint Jean (Jn 1,43-44); et Matthieu, comme le même Apôtre le dit dans le neuvième chapitre (Mt 9,9).
Troisième point. Il appela les autres Apôtres, de la vocation desquels il n'est pas fait mention spéciale dans l'Evangile.
On fera, de plus, les trois considérations suivantes :
Premièrement, combien les Apôtres étaient ignorants et de basse condition.
Secondement, la dignité à laquelle ils furent appelés avec tant de douceur.
Troisièmement, les dons et les grâces dont ils furent comblés, et par lesquels ils furent élevés au-dessus de tous les Pères du Nouveau et de l'Ancien Testament.

276Du premier miracle de Notre-Seigneur aux noces de Cana, en Galilée.
Jn 2,1-11
Premier point. Jésus-Christ, notre Seigneur, est invité aux noces de Cana avec ses disciples.
Second point. La Mère de Jésus déclare à son Fils le manque de vin : « Ils n'ont point de vin. » Et elle fait aux serviteurs ce commandement : « Faites tout ce qu'il vous dira. »
Troisième point. Jésus change l'eau en vin : « Et il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui. »

277Comment Jésus-Christ chassa du Temple ceux qui y vendaient.
Jn 2,13-22
Premier point. Il chassa du Temple, avec un fouet de corde, tous ceux qui y vendaient.
Second point. Il renversa les tables et l'argent des riches banquiers qui étaient dans le Temple.
Troisième point. Il dit aux pauvres qui vendaient des colombes : « Ôtez cela d'ici et ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. »

278Du discours que fit Jésus-Christ sur la montagne.
Mt 5-7
Premier point. Il enseigne à ses bien-aimés disciples, séparés de la foule, les huit Béatitudes : « Bienheureux, leur dit-il, sont les pauvres d'esprit, ceux qui sont doux, ceux qui sont miséricordieux, ceux qui pleurent, ceux qui ont faim et soif de la justice, ceux qui ont le coeur pur, ceux qui sont pacifiques et ceux qui souffrent persécution. »
Second point. Il les exhorte à bien user de leurs talents : « Que votre lumière brille devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes oeuvres, et glorifient votre Père qui est dans le ciel.
» Troisième point. Il se montre, non le transgresseur, mais le consommateur de la loi, en expliquant les préceptes contre l'homicide, la fornication, le parjure et sur l'amour des ennemis. « Et moi je vous le dis, aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. »

279Comment Jésus-Christ, notre Seigneur, apaisa une tempête sur la mer de Galilée.
Mt 8,23-27
Premier point. Jésus-Christ, notre Seigneur, étant endormi, il s'éleva sur la mer une grande tempête.
Second point. Ses disciples, effrayés, le réveillent. Il les reprend de leur peu de foi, en leur disant : « Hommes de peu de foi, pourquoi craignez-vous ? »
Troisième point. Il commande aux vents et à la mer, et aussitôt il se fait un grand calme. Les témoins de cette merveille, frappés d'étonnement, s'écrient : « Quel est celui-ci à qui les vents et la mer obéissent ? »

280Comment Jésus-Christ marcha sur les eaux.
Mt 14,22-23
Premier point. Jésus-Christ, notre Seigneur, étant sur la montagne, ordonne à ses disciples de retourner à leur barque ; et, ayant congédié la foule, il commença à prier seul.
Second point. La barque était battue par les flots ; Jésus s'avance vers elle en marchant sur les eaux, et ses disciples pensent que c'est un fantôme.
Troisième point. Jésus-Christ leur dit : « C'est moi, ne craignez point. » Saint Pierre, par son ordre, s'élance vers lui et marche sur les eaux ; mais, sa foi venant à chanceler, il commença à enfoncer. Jésus-Christ, notre Seigneur, le délivre de ce danger et le reprend de son peu de foi ; ensuite il entra dans la barque, et le vent cessa.

281Comment les Apôtres reçoivent la mission de prêcher.
Mt 10,1-42
Premier point. Jésus-Christ appelle ses bien-aimés disciples, et leur donne le pouvoir de chasser le démon des corps des hommes, et de guérir toutes les infirmités.
Second point. Il leur enseigne la prudence et la patience : « Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ; soyez donc prudents comme les serpents et simples comme les colombes. »
Troisième point. Il leur explique de quelle manière ils doivent faire leurs voyages : « Ne possédez ni or ni argent ; vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. » Il leur donne aussi la matière de leurs prédications : « Allez, prêchez en disant que le royaume de Dieu est proche. »

282De la conversion de Madeleine.
Lc 7,36-50
Premier point. Jésus étant à table chez un Pharisien, nommé Simon, Madeleine entre dans la salle du festin, portant un vase d'albâtre rempli de parfums.
Second point. « Et se tenant derrière Jésus, à ses pieds, elle commença à les arroser de ses larmes, et elle les essuyait avec ses cheveux, et elle baisait ses pieds, et elle les oignait de parfums. »
Troisième point. Comme le Pharisien accusait Madeleine, Jésus-Christ prend sa défense, en disant : « Beaucoup de péchés lui sont remis, parce qu'elle a beaucoup aimé. ‹ Et il dit à cette femme : Votre foi vous a sauvée ; allez en paix. »

283Comment Jésus-Christ, notre Seigneur, donna à manger à cinq mille hommes.
Mt 14,13-21
Premier point. Le soir étant venu, les disciples prient Jésus-Christ de renvoyer la multitude qui était avec lui.
Second point. Jésus-Christ, notre Seigneur, leur ordonne de lui apporter les pains qu'ils ont ; et ayant fait asseoir le peuple, il prend les pains, les bénit, les partage, et les donne à ses disciples qui les distribuent à la multitude.
Troisième point. « Tous en mangèrent et furent rassasiés ; et on emporta douze paniers pleins des morceaux qui étaient restés. »

284De la Transfiguration de Jésus-Christ.
Mt 17,1-9
Premier point. Jésus-Christ, notre Seigneur, ayant pris avec lui ses disciples bien-aimés, Pierre, Jacques et Jean, « il se transfigura en leur présence ; et son visage devint resplendissant comme le soleil ; et ses vêtements, blancs comme la neige. »
Second point. Il parlait avec Moïse et Elie.
Troisième point. Saint Pierre veut élever trois tentes ; une voix du ciel se fait entendre : « C'est là mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toutes mes complaisances : écoutez-le. » Ses disciples ayant entendu cette voix, tombèrent de crainte sur leur visage ; et Jésus-Christ, notre Seigneur, les toucha et leur dit : « Levez-vous, et ne craignez point. Ne dites à personne ce que vous venez de voir, jusqu'à ce que le Fils de l'homme soit ressuscité d'entre les morts. »

285De la résurrection de Lazare.
Jn 11,1-45
Premier point. Marthe et Marie font savoir à Jésus-Christ, notre Seigneur, la maladie de Lazare. Le Sauveur, l'ayant connue, s'arrêta encore deux jours au lieu où il était, afin de rendre le miracle qu'il voulait opérer plus évident.
Second point. Avant de ressusciter Lazare, il demande à l'une et à l'autre des deux soeurs qu'elles croient en lui : « Je suis la résurrection et la vie ; celui qui croit en moi, quand même il serait mort, vivra... Croyez-vous cela ? »
Troisième point. Il le ressuscite après avoir pleuré et fait une prière à son Père ; et il se sert, pour opérer ce prodige, d'un commandement : « Lazare, venez dehors. »

286Du repas fait à Béthanie.
Mt 26,6-10
Premier point. Le Seigneur assiste à un repas chez Simon le lépreux, avec Lazare.
Second point. Marie répand sur la tête de Jésus un parfum précieux.
Troisième point. Judas murmure en disant : « Pourquoi la perte de ce parfum ? » Jésus excuse Madeleine de nouveau en disant : « Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme ?
C'est une bonne action qu'elle vient de faire à mon égard. »

287Le dimanche des Rameaux.
Mt 21,1-17
Premier point. Le Seigneur envoie ses disciples chercher une ânesse et son ânon : « Détachez-les, leur dit-il, et amenez-les moi ; et si quelqu'un vous dit quelque chose, dites-lui que le Seigneur en a besoin, et aussitôt il vous les laissera emmener. »
Second point. Il monte sur l'ânesse que les Apôtres ont couverte de leurs vêtements.
Troisième point. Les habitants sortent à sa rencontre, étendant sur le chemin leurs vêtements et des rameaux d'arbres, et disant : « Hosanna au Fils de David : béni soit celui qui vient au nom du Seigneur : Hosanna au plus haut des cieux. »

288De la prédication dans le Temple.
Lc 19,47-48
Premier point. « Il était chaque jour enseignant dans le Temple. »
Second point. Et, après avoir achevé ses discours, il retournait à Béthanie, parce qu'il n'y avait personne à Jérusalem qui osât le recevoir.

289De la cène.
Mt 26,17-30 Jn 13,1-30
Premier point. Jésus mange l'agneau pascal avec ses douze Apôtres, et leur prédit sa mort : « Je vous dis, en vérité, que l'un de vous doit me trahir. »
Second point. Il lave les pieds à ses disciples, même à Judas, en commençant par saint Pierre. Mais cet apôtre, considérant la majesté du Seigneur et sa propre bassesse, ne peut y consentir, et dit : « Seigneur, vous me lavez les pieds ! » Il ignorait que le Sauveur leur donnait en cela un exemple d'humilité ; c'est pourquoi Jésus leur dit : « Je vous ai donné l'exemple, afin que vous fassiez aux autres ce que je vous ai fait à vous-mêmes. »
Troisième point. Il institue le très saint sacrement de l'Eucharistie, comme la plus grande marque de son amour, en disant : « Prenez et mangez. » La cène étant terminée, Judas sort pour vendre Jésus-Christ, notre Seigneur.

290Des mystères qui se sont accomplis depuis la cène jusqu'au jardin inclusivement.
Mt 26,30-46 Mc 14,26-42
Premier point. Après la cène et l'hymne d'action de grâces, le Seigneur s'avance vers le mont des Oliviers avec ses disciples, remplis de crainte. Il en laisse huit à Gethsémani en leur disant : « Demeurez ici, tandis que je vais là pour prier. »
Second point. Accompagné de saint Pierre, de saint Jacques et de saint Jean, il gagne le jardin, où il prie par trois fois en disant : « Mon Père, s'il est possible, que ce calice passe loin de moi ; qu'il en soit cependant, non comme je le veux, mais comme vous le voulez. Et, étant réduit comme à l'agonie, il priait plus longuement. »
Troisième point. Sa crainte devint si grande, qu'il disait : « Mon âme est triste jusqu'à la mort. »
Et il sua du sang en si grande abondance, que saint Luc dit : « Il eut une sueur comme de gouttes de sang qui coulait jusqu'à terre » (Lc 22,44). Ce qui suppose que ses vêtements en étaient tout imbibés.

291Des mystères qui se sont accomplis depuis le jardin jusqu'à la maison d'Anne inclusivement.
Mt 26,47-57 Mc 14,43-53
Lc 22,47-54 Jn 18,3-24
Premier point. Le Seigneur reçoit le baiser de Judas ; il se laisse prendre comme un voleur par les soldats, et leur dit : « Vous êtes venus à moi comme à un voleur avec des épées et des bâtons pour me prendre. J'étais tous les jours au milieu de vous, enseignant dans le Temple, et vous ne m'avez point arrêté. » Et à ces mots : « Qui cherchez-vous ? » ses ennemis tombent renversés.
Second point. Saint Pierre blesse un des serviteurs du Pontife. Le Seigneur, plein de douceur, lui dit : « Remettez votre épée dans le fourreau. » Et il guérit la blessure du serviteur.
Troisième point. Jésus, abandonné de ses disciples, est conduit à Anne où saint Pierre, qui l'avait suivi de loin, le renia une fois. Un valet donne un soufflet à Jésus-Christ, en lui disant : « Est-ce ainsi que vous répondez au grand Prêtre ? »

292Des mystères qui se sont accomplis depuis la maison d'Anne jusqu'à la maison de Caïphe inclusivement.
Mt 26,57-75
Premier point. Jésus est garrotté et conduit depuis la maison d'Anne jusqu'à celle de Caïphe, où saint Pierre le renia deux fois : mais le Seigneur l'ayant regardé, l'apôtre « sortit et pleura amèrement. »
Second point. Jésus demeura lié toute la nuit.
Troisième point. Et ceux qui le tenaient captif se moquaient de lui, et le frappaient, et lui voilaient le visage, et lui donnaient des soufflets, et lui disaient : « Christ, prophétise-nous ; qui est celui qui t'a frappé ? » Et ils répétaient contre lui mille autres blasphèmes.

293Des mystères qui se sont accomplis depuis la maison de Caïphe jusqu'à celle de Pilate inclusivement.
Mt 27,1-23 Mc 15,1-14
Lc 23,1-5 Jn 18,28-40
Premier point. Toute la multitude des Juifs le conduit à Pilate et l'accuse devant lui, en disant : « Nous l'avons trouvé pervertissant notre nation et défendant de payer le tribut à César. »
Second point. Pilate, après l'avoir examiné une première et une seconde fois, dit : « Je ne trouve en lui aucun sujet de condamnation. »
Troisième point. Barrabas, voleur insigne, lui est préféré. « Ils s'écrièrent tous ensemble : Ne délivrez point celui-ci, mais Barabbas. »

294Des mystères qui se sont accomplis depuis la maison de Pilate jusqu'à celle d'Hérode.
Lc 23,6-11
Premier point. Pilate, apprenant que Jésus est Galiléen, l'envoie à Hérode, tétrarque de Galilée.
Second point. Hérode, homme curieux, l'interroge longuement ; mais Jésus ne lui fait aucune réponse, quoique les scribes et les prêtres l'accusent constamment.
Troisième point. Hérode, avec sa cour, le méprise, et le revêt d'une robe blanche.

295Des mystères qui se sont accomplis depuis la maison d'Hérode jusqu'à celle de Pilate.
Mt 27,24-30 Mc 15,15-19
Lc 23,11-23 Jn 19,1-6
Premier point. Hérode le renvoie à Pilate, et ils deviennent amis ; car auparavant ils étaient ennemis.
Second point. Pilate prend Jésus et le fait fiageller ; et les soldats font une couronne d'épines, et ils la posent sur sa tête, et ils le revêtent de pourpre, et ils s'approchent de lui, en disant : « Je vous salue, roi des Juifs ; et ils lui donnaient des souffiets. »
Troisième point. Pilate fait sortir Jésus et le montre au peuple : « Jésus sortit donc, portant une couronne d'épines et un manteau de pourpre, et Pilate leur dit : Voilà l'homme. » Et aussitôt que les pontifes le virent, ils s'écrièrent : « Crucifiez-le ! crucifiez-le ! »

296Des mystères qui se sont accomplis depuis la maison de Pilate jusqu'au Crucifiement inclusivement.
Jn 19,13-22
Premier point. Pilate, assis comme juge, livre Jésus aux Juifs pour qu'ils le crucifient. Ils l'avaient renié pour leur roi, en disant : « Nous n'avons point d'autre roi que César. »
Second point. Il portait sa croix sur ses épaules ; mais, comme il cédait sous le faix, Simon le Cyrénéen fut contraint de la porter après Jésus.
Troisième point. Ils le crucifièrent entre deux voleurs, plaçant au haut de la croix cette inscription : « Jésus de Nazareth, roi des Juifs. »

297Des mystères qui se sont accomplis sur la Croix.
Jn 19,23-37
Premier point. Jésus dit sept paroles sur la croix : il pria pour ceux qui le crucifiaient (Lc 23,34) ; il pardonna au bon larron (Lc 23,43) ; il recommanda saint Jean à sa Mère, et sa Mère à saint Jean ; il dit à haute voix : « J'ai soif » et les soldats lui donnèrent du fiel et du vinaigre ; il dit qu'il était abandonné (Mt 27,46) ; il dit : « Tout est consommé » ; il dit : « Mon Père, je remets mon âme entre vos mains » (Lc 23,46).
Second point. Le soleil s'obscurcit, les pierres se fendirent, les sépulcres s'ouvrirent, le voile du Temple se déchira en deux parties depuis le haut jusqu'en bas.
Troisième point. Ses ennemis blasphèment contre lui en disant : « Ah ! toi qui détruis le Temple de Dieu, descends de la croix. » Ses vêtements furent partagés, son côté fut percé d'une lance, et il en coula de l'eau et du sang.

298Des mystères qui se sont accomplis depuis la Croix jusqu'au sépulcre inclusivement.
(
Jn 19,30-42)
Premier point. Jésus fut détaché de la croix par Joseph et Nicodème, en présence de sa Mère affligée.
Second point. Son corps fut porté au sépulcre, embaumé, et mis dans le tombeau.
Troisième point. Des gardes y furent placés.

299De la Résurrection de Jésus-Christ, notre Seigneur, et de sa première apparition.
Jésus ressuscité apparut premièrement à la Vierge Marie. Quoique l'Ecriture n'en fasse pas mention, elle nous le donne assez à entendre, en disant qu'il apparut à tant d'autres. Elle suppose que nous avons l'intelligence, et que nous ne voulons pas mériter le reproche que le Sauveur fit un jour à ses Apôtres : « Etes-vous encore sans intelligence ? »

300De la seconde apparition.
Mc 16,1-11
Premier point. Marie-Madeleine, Marie mère de Jacques, et Marie Salomé, vont de grand matin au sépulcre, en disant : « Qui nous ôtera la pierre de l'entrée du tombeau ? »
Second point. Elles voient la pierre levée, et un Ange leur dit : « Vous cherchez Jésus de Nazareth ; il est ressuscité, il n'est plus ici. »
Troisième point. Il apparaît à Marie-Madeleine, qui, après le départ de ses compagnes, est restée seule auprès du sépulcre.

301De la troisième apparition.
Mt 28,8-10
Premier point. Les Marie sortent du lieu où était le sépulcre, avec crainte et avec une grande joie, pour annoncer aux disciples la Résurrection du Sauveur.
Second point. Jésus-Christ, notre Seigneur, leur apparaît dans le chemin, et leur dit : « Je vous salue. » Et elles s'approchent de lui, se jettent à ses pieds et l'adorent.
Troisième point. Jésus leur dit : « Ne craignez point. Allez, dites à mes frères qu'ils se rendent en Galilée ; c'est là qu'ils me verront. »

302De la quatrième apparition.
Lc 24,12-34
Premier point. Saint Pierre, ayant appris des saintes femmes que Jésus-Christ était ressuscité, se rend en toute hâte au tombeau.
Second point. Il entre dans le tombeau, il n'y voit que les linges dans lesquels a été enseveli le corps de Notre-Seigneur, et rien d'autre.
Troisième point. Tandis que saint Pierre réfléchit sur cet événement, Jésus-Christ lui apparaît, ce qui plus tard fit dire aux autres Apôtres : « Le Seigneur est vraiment ressuscité, et il est apparu à Simon. »

303De la cinquième apparition.
Lc 24,13-35
Premier point. Jésus-Christ apparaît aux disciples qui vont à Emmaüs en s'entretenant de lui.
Second point. Il leur adresse des reproches, et leur montre par les Ecritures que le Christ devait mourir et ressusciter : « O hommes de peu de sens, et dont le coeur est lent à croire tout ce qu'ont annoncé les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît de la sorte, et qu'il entrât ainsi dans sa gloire ? »
Troisième point. Il cède à leurs prières, et demeure avec eux jusqu'au moment où, les ayant communiés, il disparut. Ceux-ci retournent à Jérusalem, et racontent aux disciples comment ils l'ont reconnu à la fraction du pain.

304De la sixième apparition.
Jn 20,19-23
Premier point. Les disciples réunis, excepté saint Thomas, se tenaient renfermés, de peur des Juifs.
Second point. Jésus leur apparaît, les portes étant fermées ; et, debout au milieu d'eux, il leur dit : « La paix soit avec vous. »
Troisième point. Il leur donne l'Esprit-Saint, en leur disant : « Recevez le Saint-Esprit, les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez. »

305De la septième apparition.
Jn 20,24-29
Premier point. Saint Thomas, qui était absent lors de l'apparition précédente, demeure incrédule, et dit : « Si je ne vois point, je ne croirai point. »
Second point. Jésus leur apparaît à huit jours de là, les portes étant fermées, et dit à saint Thomas : « Portez ici votre doigt, et voyez, et ne soyez pas incrédule, mais fidèle. »
Troisième point. Saint Thomas croit et dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus-Christ lui dit : « Heureux ceux qui n'ont point vu et qui ont cru. »

306De la huitième apparition.
Jn 21,1-25
Premier point. Jésus apparaît à sept de ses disciples qui pêchaient. Ils n'avaient rien pris de toute la nuit ; mais, ayant jeté le filet au commandement de leur Maître, « ils ne pouvaient plus le tirer, tant il y avait de poissons. »
Second point. A ce miracle, saint Jean reconnut le Sauveur et dit à saint Pierre : « C'est le Seigneur. » Et Pierre se jette à la mer et vient vers Jésus.
Troisième point. Il leur donne à manger un morceau de poisson rôti et un rayon de miel. Il recommande ses brebis à saint Pierre, après lui avoir demandé par trois fois s'il l'aimait, et il lui dit : « Paissez mes brebis. »

307De la neuvième apparition.
Mt 28,16-20 Mc 16,14-18
Premier point. Les disciples, par ordre du Seigneur, se rendent au mont Thabor.
Second point. Jésus leur apparaît et leur dit : « Tout pouvoir m'a été donné dans le ciel et sur la terre. »
Troisième point. Il les envoie prêcher dans tout l'univers, en disant : « Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. »

308De la dixième apparition.
1Co 15,6
« Ensuite il a été vu de plus de cinq cents frères assemblés. »

309De la onzième apparition.
1Co 15,7
« Ensuite il s'est fait voir à Jacques. »

310De la douzième apparition.
Il apparut à Joseph d'Arimathie, comme on peut le méditer pieusement, et comme on le lit dans la vie des Saints.

311De la treizième apparition.
1Co 15,8
Il apparut à saint Paul, après l'Ascension. « Enfin, après tous les autres, il s'est fait voir à moi qui ne suis qu'un avorton. »
Il apparut aussi en âme aux saints Pères des Limbes, et après les en avoir retirés, et avoir réuni son âme à son corps, il apparut souvent aux disciples et il conversait avec eux.

312De l'Ascension de Jésus-Christ, notre Seigneur.
Ac 1,1-12
Premier point. Jésus-Christ ayant apparu plusieurs fois à ses Apôtres pendant quarante jours, leur donnant un grand nombre de preuves de sa résurrection, opérant plusieurs miracles et leur parlant du royaume de Dieu, leur recommande d'attendre à Jérusalem l'Esprit-Saint promis.
Second point. Il les conduit au mont des Oliviers, où « ils le virent s'élever dans les airs ; et une nuée l'environna et le déroba à leurs yeux. »
Troisième point. Tandis qu'ils regardent vers le ciel, les Anges leur disent : « Hommes de Galilée, pourquoi demeurez-vous ici, regardant le ciel ? Ce Jésus, qui, du milieu de vous, s'est élevé dans le ciel, viendra un jour de la même manière que vous l'y avez vu monter. »



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