II-II (Drioux 1852) Qu.499 a.19


PROLOGUE.

Après avoir parlé en général des vertus et des vices et de tout ce qui regarde la morale, il est nécessaire d'examiner chacune de ces choses en particulier. Car les traités de morale générale sont les moins utiles, parce que les actions sont individuelles. Or, on peut considérer la morale en particulier de deux manières : premièrement d'après la matière de la morale elle-même, comme quand on considère telle ou telle vertu, tel ou tel vice; secondement d'après les divers états de l'homme, comme quand on traite des inférieurs et des supérieurs, de ceux qui mènent la vie active et de ceux qui mènent la vie contemplative, ou de toute autre différence d'état analogue. Nous nous occuperons donc en premier lieu spécialement de ce qui a rapport à tous les états de l'homme, puis nous exposerons en second lieu ce qui concerne chaque état en particulier. Touchant le premier point il est à remarquer que si nous traitions séparément des vertus, des dons, des vices et des préceptes, nous serions obligés de répéter une infinité de fois la même chose. Car celui qui veut approfondir ce précepte : non moechaberis, doit nécessairement s'occuper de l'adultère, qui est un péché dont la connaissance dépend aussi de la connaissance de la vertu opposée. Nous suivrons donc une voie plus courte et plus simple, en comprenant dans un même traité, la vertu et le don qui lui correspond, les vices qui lui sont opposés, ainsi que les préceptes affirmatifs ou négatifs. Cette manière de procéder conviendra aux vices selon leur propre espèce. En effet nous avons montré (I-II, quest. xviii, lxxii , lxxiii) que les vices et les péchés changent d'espèce selon la matière ou l'objet, mais non d'après la distinction des péchés en péchés de pensées, de paroles et d'action, ni d'après la faiblesse, l'ignorance, la malice et d'autres différences semblables. Comme, au reste, la matière qui règle une vertu est la même que celle à laquelle se rapportent les vices qui lui sont opposés, il s'ensuit par conséquent que toute la morale revient à l'étude des vertus. Or, toutes les vertus se ramènent à sept: les trois vertus théologales dont nous nous occuperons tout d'abord et les quatre vertus cardinales que nous traiterons ensuite. Il n'y a qu'une seule vertu intellectuelle, la prudence, que l'on met au nombre des vertus cardinales. L'art n'appartient pas à la morale qui traite des actions de l'homme, tandis que l'art est la droite raison qui le dirige dans les travaux qu'il exécute, comme nous l'avons dit (I-II quest. lvii, art. 3 et 4). Les trois autres vertus intellectuelles, qui sont : la sagesse, l’intelligence et la science, portent le même nom que quelques-uns des dons du Saint-Esprit. Par conséquent, nous aurons l'occasion de parler de ces vertus en examinant les dons qui y correspondent. Quant aux autres vertus morales, elles reviennent toutes de quelque manière aux vertus cardinales, comme nous l'avons dit (I-II, quest. lxi, art. 3). En étudiant une vertu cardinale nous étudierons donc aussi toutes les vertus qui s'y rapportent de quelque façon, ainsi que tous les vices qui leur sont opposés. De cette manière nous embrasserons notre sujet dans toute son étendue.

QUESTION I.

DE LA FOI.

A l'égard des vertus théologales nous avons à nous occuper : 1° de la foi ; 2° de l'espérance; 3° de la charité. — Touchant la foi il y a quatre choses à considérer: 1° la foi elle-même; 2° les dons d'intelligence et de science qui lui correspondent ; 3° les vices qui lui sont opposés ; 4° les préceptes qui appartiennent à cette vertu. — Quant à la foi elle-même nous devons examiner : 1° son objet; 2° son acte; 3° l'habitude même de la foi. — Sur l'objet de la foi dix questions se présentent : 1° L'objet de la foi est-il la vérité première ? — 2° L'objet de la foi est-il quelque chose de complexe ou d'incomplexe, c'est-à-dire une chose ou une proposition ? — 3° La foi peut-elle se rapporter à une chose fausse P — 4° L'objet de la foi est-il une chose visible ? — 5° Peut-il être une chose sue ? — 6° Les choses que l'on doit croire doivent-elles être distinguées positivement par articles? — 7° La foi a-t-elle dans tous les temps compris le même nombre d'articles ? — 8° Du nombre des articles de foi. — 9° De la manière dont les articles de foi sont exprimés dans le symbole.—10° A qui appartient-il de dresser un symbole de foi ?



ARTICLE I. — l'objet de la foi est-il la vérité première (1)?


Objections: 1.. Il semble que l'objet de la foi ne soit pas la vérité première. Car il nous paraît que l'objet de la foi est ce qu'on nous propose à croire. Or, on nous propose à croire non-seulement ce qui appartient à la Divinité, qui est la vérité première, mais aussi ce qui regarde l'humanité du Christ, les sacrements de l'Eglise et la destinée des créatures. Donc il n'y a pas que la vérité première qui soit l'objet de la foi.

2.. La foi et l'infidélité se rapportent au même objet, puisque ce sont deux choses opposées. Or, l'infidélité peut exister à l'égard de tout ce que l'Ecriture sainte renferme; car l'homme passe pour infidèle à l'égard de toutes les choses qu'il nie. Donc la foi a aussi pour objet tout ce qui est renfermé dans les saintes Ecritures. Et comme les Ecritures renferment beaucoup de choses sur l'homme et sur les autres créatures, il s'ensuit que l'objet de la foi n'est pas seulement la vérité première, mais encore la vérité créée.

3.. La foi et la charité sont les parties d'une même division, comme nous l'avons dit (I-II, quest. lxii, art. 3). Or, par la charité non seulement nous aimons Dieu qui est la bonté souveraine, mais nous aimons encore le prochain. Donc l'objet de la foi n'est pas seulement la vérité première.


En sens contraire Mais c'est le contraire. Saint Denis dit (De div. nom. cap. 7) que la foi a pour objet la vérité simple qui est toujours existante. Or, cette vérité est la vérité première. Donc l'objet de la foi est la vérité première.

CONCLUSION. — Puisque la foi n'embrasse que ce qui a rapport à Dieu, la vérité première est son objet formel, c'est en vertu d'elle que nous donnons notre assentiment aux choses qui sont de foi ; mais l'objet matériel de la foi est ce que les fidèles croient.

Réponse Il faut répondre que l'objet de toute habitude cognitive renferme deux choses : ce qui est matériellement connu ; et c'est là ce qui en est l'objet matériel ; puis le moyen par lequel on connaît, et c'est ce qu'on appelle la raison formelle de l'objet. C'est ainsi qu'en géométrie, les conséquences sont les choses qu'on sait matériellement, tandis que la raison formelle de la science sont les moyens de démonstration par lesquels on arrive à la connaissance de ces conclusions. Par conséquent, à l'égard de la foi si nous considérons la raison formelle de l'objet, elle n'est rien autre chose que la vérité première.

Car la foi dont nous parlons n'adhère à une chose que parce que Dieu l'a révélée (1). La foi repose donc sur la vérité divine elle-même, comme sur son moyen. Mais si nous considérons matériellement les choses auxquelles la foi donne son assentiment, il n'y a pas que Dieu qui soit l'objet de cette vertu, mais il y a encore beaucoup d'autres choses; cependant elles ne sont du domaine de la foi qu'autant qu'elles se rapportent à Dieu (2), c'est-à- dire selon qu'elles viennent de la Divinité pour aider l'homme à parvenir à la béatitude. C'est pourquoi, même sous ce rapport, l'objet de la foi est en quelque sorte la vérité première, parce que la foi n'embrasse que ce qui se rapporte à Dieu. C'est ainsi que la santé est l'objet de la médecine, parce que la médecine ne s'occupe que de ce qui a rapport à la santé.

Solutions: 1. Il faut répondre au premier argument, que ce qui regarde l'humanité du Christ, les sacrements de l'Eglise et toutes les créatures est du domaine de la foi, en ce sens que toutes ces choses nous élèvent à Dieu, et que nous y croyons à cause de la vérité divine.

2. Il faut répondre de même au second argument, à l'égard de toutes les choses qui sont renfermées dans la sainte Ecriture.

3. Il faut répondre au troisième, que la charité aime aussi le prochain par rapport à Dieu; par conséquent son objet propre est Dieu lui-même, comme nous le dirons (quest. xxv, art. 1).

(I) Par vérité première il faut entendre ici Dieu tel que nous le connaissons surnaturelle- nient. Car tout le monde avoue que l'on peut connaître Dieu naturellement par le secours seul  de la raison.

(1) Ainsi le motif de la foi est l'autorité et la véracité Je Dieu, qui a révélé toutes les vérités que nous croyons. L'Eglise ne fait que nous proposer ces vérités, en distinguant ce qui est révélé de ce qui ne l'est pas.

(2) Dieu est l'objet premier de la foi, et elle embrasse les autres vérités révélées, en ce sens qu'elles sont toutes soumises dans l'ordre de nos perceptions et de nos connaissances à la véracité divine.



ARTICLE II. — l'objet de la foi est-il quelque chose de complexe a la manière de tout ce qui fait l'objet d'une proposition (3)?


1 II semble que l'objet de la foi ne soit pas quelque chose de complexe à la manière de ce qui entre dans une proposition. Car l'objet de la foi est la vérité première, comme nous l'avons dit (art. préc.). Or, la vérité première est incomplexe. Donc l'objet de la foi l'est aussi.

2 L'exposition de la foi est renfermée dans le symbole. Or, dans le symbole il n'y a pas de propositions, mais des choses. Car on ne dit pas que Dieu est tout-puissant ; mais je crois en Dieu tout-puissant. Donc l'objet de la foi n'est pas une proposition, mais une chose.

3 La vision succède à la foi, d'après ces paroles de l'Apôtre (1Co 13,12) : Nous ne voyons Dieu maintenant que comme dans un miroir et en énigme, mais alors nous le verrons face à face ; je ne connais Dieu qu'imparfaitement, mais alors je le connaîtrai comme je suis moi-même connu. Or, la vision céleste a pour objet ce qui est incomplexe, puisqu'elle se rapporte à l'essence divine elle-même. Donc il en est de même de la foi ici-bas.

En sens contraire Mais c'est le contraire. La foi tient le milieu entre la science et l'opinion. Or, le milieu et les extrêmes sont du même genre. Donc, puisque la science et l'opinion ont pour objet des propositions, il semble qu'il en soit de même de la foi, et par conséquent, puisque l'objet de la foi se rapporte à des propositions, il est complexe.

CONCLUSION. — Puisque l'entendement humain connaît d'une manière complexe les choses qui sont simples par elles-mêmes, l'objet de la foi, quoiqu'il soit incomplexe en lui-même est cependant par rapport à celui qui croit quelque chose de complexe, susceptible d'être exprimé par une proposition.

Réponse Il faut répondre que les choses connues sont dans celui qui les connaît, selon son mode de connaissance. Or, le mode propre de l'entendement humain c'est de connaître la vérité en composant et en divisant, comme nous l'avons dit (part. I, quest. lxxxv, art. 5). C'est pourquoi l'entendement connaît d'une manière complexe les choses qui sont simples par elles-mêmes, tandis qu'au contraire l'entendement divin connaît d'une manière incomplexe les choses qui sont complexes en elles-mêmes. Ainsi l'objet de la foi peut donc se considérer de deux manières : par rapport à la chose crue ; en ce sens l'objet de la foi est quelque chose d'incomplexe, puisque c'est la chose même que l'on croit; 2° par rapport au sujet qui croit, et alors l'objet de la foi est quelque chose de complexe à la manière de tout ce qui est susceptible d'être exprimé par une proposition. Les anciens ont donc pu soutenir avec raison ces deux sentiments, puisqu'ils sont vrais l'un et l'autre sous certains rapports.

Solutions: 1. Il faut répondre au premier argument, que cette raison s'appuie sur l'objet de la foi considéré par rapport à la chose qui est crue.

2. Il faut répondre au second, que dans le symbole on expose les choses qui sont de foi, selon qu'elles sont le terme de l'acte de celui qui les croit, comme on le voit d'après la manière de s'exprimer. Or, l'acte de celui qui croit n'a pas pour terme la proposition, mais la chose que la proposition exprime. Car nous ne formons des propositions que pour arriver à la connaissance des choses; ce qui est vrai de la science aussi bien que de la foi (1).

3. Il faut répondre au troisième, que la vision céleste aura pour objet la vérité première selon qu'elle existe en elle-même, d'après ces paroles de saint Jean (1Jn 3,2) : Nous savons que quand il apparaîtra nous serons semblables à lui, et que nous le verrons comme il est. C'est pourquoi cette vision n'existera pas par manière de proposition, elle sera l'effet de l'intelligence pure et simple. Mais par la foi nous ne percevons pas la vérité première, telle qu'elle est en elle-même. Il n'y a donc pas de parité.

(3) La différence qu'il y a entre la science et la foi ne provient pas de ce que l'une s'exprime d'une façon et l'autre d'une autre, mais elle repose tout entière sur la diversité des motifs de crédibilité. La foi a pour motif l'autorité de celui qui parle, et la science a pour motif la vérité du principe dont on tire une conséquence.
(1) C'est ce que suppose le concile de Trente quand il dit : Fidei dogmata excussimus ; fidei expositionem subjecimus, proposita primum ea quae per sanctos Patres Niceoe, etc.



ARTICLE III. — la foi peut-elle se rapporter a une chose fausse (2)?


Objections: 1. Il semble que la foi puisse se rapporter à une chose fausse. Car la foi, l'espérance et la charité sont les parties d'une même division. Or, l'espérance peut porter sur une chose fausse, car il y en a beaucoup qui espèrent la vie éternelle qu'ils n'auront pas. Il en est de même de la charité, car il y a beaucoup d'hommes que l'on aime comme bons et qui cependant ne le sont pas. Donc la foi peut se rapporter à une chose fausse.

2. Abraham a cru que le Christ naîtrait, d'après ces paroles de saint Jean (Jn 8,54): Abraham votre père a désiré avec ardeur de voir mon jour; il l’a vu et il a été comblé de joie. Or, après la mort d'Abraham Dieu pouvait ne pas s'incarner, puisqu'il n'a dépendu que de sa volonté de prendre notre chair, et par conséquent ce qu'Abraham a cru du Christ aurait été faux. Donc la foi peut avoir pour objet une chose fausse.

3. Les anciens ont cru que le Christ naîtrait, et cette foi a été celle d'une multitude de personnes jusqu'à la prédication de l'Evangile. Or, une fois que le Christ fut né, même avant qu'il eut commencé à prêcher il était faux de croire qu'il naîtrait. Donc la foi peut avoir pour objet une chose fausse.

4. Un des articles de foi c'est que l'on croie que dans le sacrement de l'autel le corps du Christ existe véritablement. Or, il peut arriver que la consécration n'ait pas été faite selon les règles, que le vrai corps du Christ ne soit pas là et qu'il n'y ait que du pain. Donc la foi peut avoir pour objet une chose fausse.

En sens contraire Mais c'est le contraire. Aucune des vertus qui perfectionnent l'intelligence ne se rapporte à ce qui est faux, puisque l'erreur est le mal de l'entendement, comme le prouve Aristote (Eth. lib. vi, cap. 2). Or, la foi est une vertu qui perfectionne l'intelligence, comme nous le verrons (quest. iv, art. 2 et 5). Donc elle ne peut avoir ce qui est faux pour objet.

CONCLUSION. — Puisque l'objet formel de la foi est la vérité première, elle ne peut avoir pour objet aucune chose fausse.

En sens contraire Il faut répondre qu'aucune chose ne se rapporte à une puissance, à une habitude ou même à un acte que par l'intermédiaire de la raison formelle de l'objet: ainsi on ne peut voir la couleur que par la lumière, et on ne peut connaître une conséquence que par le moyen d'une démonstration. Or, nous avons dit (art. l) que la raison formelle de l'objet de la foi est la vérité première, par conséquent une chose ne peut appartenir à la foi qu'autant qu'elle appartient à la vérité première qui est incompatible avec l'erreur, comme le non-être avec l'être, le mal avec le bien. D'où il résulte que la foi ne peut avoir pour objet une chose fausse.

Solutions: 1. Il faut répondre au premier argument, que, comme le vrai est le bien de l'intellect, mais qu'il n'est pas le bien de la puissance appétitive, il s'ensuit que toutes les vertus qui perfectionnent l'intelligence excluent totalement l'erreur. Car il est de l'essence de la vertu qu'elle ne se rapporte qu'au bien. Mais les vertus qui perfectionnent la partie appétitive de l'âme n'excluent pas complètement la fausseté (1). En effet on peut agir conformément à la justice ou à la tempérance, tout en ayant une opinion fausse sur la chose à l'égard de laquelle on agit. Ainsi puisque la foi perfectionne l'intellect, tandis que l'espérance et la charité perfectionnent la partie appétitive, il n'y a pas de parité à établir entre elles. — Toutefois l'espérance ne porte pas sur une chose fausse. Car un individu n'espère pas obtenir la vie éternelle par sa propre puissance (ce qui serait l'effet de la présomption), mais il se repose sur le secours de la grâce, et s'il persévère en elle il arrivera certainement et infailliblement à la vie éternelle. De même le propre de la charité est d'aimer Dieu partout où il se trouve. Par conséquent il n'importe pas à la charité si Dieu réside réellement dans celui qu'on aime à cause de lui.

2. Il faut répondre au second, qu'absolument parlant il eût été possible que Dieu ne s'incarnât pas, même après la mort d'Abraham ; mais si l'on considère l'incarnation comme ayant été l'objet de la prescience divine, elle était, sous ce rapport, nécessaire (2), infaillible, comme nous l'avons dit (part. I, quest. xiv, art. 13 et IS), et c'est en ce sens qu'elle était l'objet de la foi. Par conséquent, selon que l'incarnation était l'objet^ de la foi, elle ne pouvait être une chose fausse.

3. Il faut répondre au troisième, qu'après la naissance du Christ, il était de foi que le Christ était né; mais quant à la détermination de l'époque de sa naissance, sur laquelle on se trompait, ce n'était pas une chose de foi ; c'était un point que la science humaine devait décider. Car il est possible qu'un homme de foi se trompe sur les choses qui dépendent des calculs humains, mais il est impossible que la foi lui fasse croire une chose fausse.

4. Il faut répondre au quatrième, que la foi de celui qui croit ne se rapporte pas à telles ou telles espèces sacramentelles en particulier, mais il croit que le corps du Christ existe véritablement sous les apparences du pain, quand la consécration a été bien faite. Par conséquent si la consécration est mal faite, la foi ne porte pas pour cela sur une chose fausse (I).

(2) La vérité de la foi est proclamée par tous les Pères et les conciles. C'est le fondement de toute la tradition catholique. Le concile de Trente part de là pour prouver, contre Luther, qu'on n'était pas obligé de croire comme une chose de foi qu'on est en possession de la grâce (sess. V, can. 5 : Nullus scire valet certitudine fidei, cui non potest subesse falsum, se gratiam Dei esse consecutum.
(I)  Le bon étant leur objet propre, elles peuvent errer par accident à l'égard du vrai, tandis que la foi ayant le vrai pour objet propre, elle ne peut pas error par accident ii son égard.
(2) Elle était nécessaire d'une nécessité hypothétique, mais non d'une nécessité absolue.
(1) Il n'y a donc dans ce cas qu'une erreur de fait absolument étrangère à la question de droit.


ARTICLE IV. — l'objet de la foi peut-il être une chose que l'on voit  (2)?


Objections: 1. Il semble que l'objet de la foi soit ce que l'on a vu. Car Notre-Seigneur dit à Thomas (Jn 20,27) : Parce que vous m'avez vu, Thomas, vous avez cru. Donc la vision et la foi ont le même objet.

2. L'Apôtre dit (1Co 13,12) : Nous voyons maintenant dans un miroir et en énigme. Il parle en cet endroit de la connaissance de la foi. Donc on voit ce qu'on croit.

3. La foi est une lumière spirituelle. Or, avec une lumière on voit quelque chose. Donc la foi a pour objet ce que l'on voit.

4. Tous les sens reçoivent le nom de vue, comme le dit saint Augustin (Lib. de verb. Dom. serm. xxxiii, cap. 5). Or, la foi vient de ce que l'on entend, d'après cette parole de l'Apôtre (Rm 10,17) : La foi vient de l'ouïe. Donc la foi a pour objet les choses que l'on voit.

En sens contraire Mais c'est le contraire. Saint Paul dit (He 11,1) que la foi est l'argument des choses qu'on ne voit pas.

CONCLUSION. — Puisque la foi, d'après le témoignage de l'Apôtre, se rapporte aux choses qu'on ne voit pas, il ne peut pas se faire que l'objet de la foi soit quelque chose de visible.

Réponse Il faut répondre que la foi implique l'assentiment de l'intelligence à ce qu'on croit. Or, l'intelligence adhère à une chose de deux manières. 1° Parce qu'elle y est poussée par l'objet qui est ou connu par lui-même, comme les premiers principes auxquels se rapporte l'entendement, ou connu par un autre, comme les conclusions qui sont du domaine de la science. 2° L'intelligence adhère à une chose non parce qu'elle est mue suffisamment par son objet propre, mais par suite du libre choix de la volonté qui se porte d'un côté plutôt que d'un autre. Quand il y a doute et qu'on craint de se tromper dans le parti que l'on embrasse, il y a opinion ; mais si l'on est sûr et qu'on n'ait aucune crainte (3), alors la foi existe. Or, nous ne voyons que les choses qui frappent par elles-mêmes notre intelligence ou nos sens et qui se font ainsi connaître. Par conséquent il est évident que ni la foi, ni l'opinion ne peuvent avoir pour objet ce que l'on voit au moyen des sens ou de l'intelligence.

Solutions: 1. Il faut répondre au premier argument, que Thomas a vu une chose et qu'il en a cru une autre. Il a vu l'homme, et il a reconnu et proclamé la divinité du Christ en disant : Vous êtes mon Seigneur et mon Dieu.

2. Il faut répondre au second, qu'on peut considérer de deux manières les choses qui sont l'objet de la foi. 1° On peut les considérer en particulier, et alors on ne peut pas tout à la fois les voir et les croire, comme nous l'avons dit (in corp. art.). 2° On peut les considérer en général, c'est-à-dire comme des choses qui sont dignes d'être crues, et de cette manière elles sont vues par celui qui les croit (1). Car il ne les croirait pas s'il ne voyait pas qu'on doit les croire, soit à cause de l'évidence des miracles, soit pour d'autres raisons.

3. Il faut répondre au troisième, que la lumière de la foi fait voir ce qu'on croit. Car, comme au moyen des habitudes des autres vertus, l'homme voit ce qui lui convient par rapport à chacune de ces habitudes, de même l'habitude de la foi porte son esprit à s'attacher à tout ce qui est conforme à la vraie foi, mais non au reste.

4. Il faut répondre au quatrième, que l'ouïe se rapporte aux paroles qui expriment ce qui est de foi (2), mais non aux choses elles-mêmes auxquelles la foi se rapporte. Par conséquent il n'est pas nécessaire que l'on voie ces choses.

(2) L'objet de la science doit être clair, parce que le motif pour lequel on admet scientifiquement une chose, c'est l'évidence. L'objet de la foi est obscur en lui-même, parce que la foi a pour motif l'autorité et la véracité de Dieu, qui nous révèle ce que nous devons croire. L'obscurité ne doit pas plus porter sur le motif de la foi que sur celui de la science ; c'est-à-dire que pour croire il faut qu'il nous soit clairement démontré que Dieu a parlé et qu'il a dit telle ou telle chose.
(3) Du moment où l'on est sûr que Dieu a révélé tel ou tel dogme, on ne peut pas se refuser de l'admettre, sous prétexte qu'on ne le comprend pas. Sa véracité nous délivre de toute crainte d'erreur; et l'impuissance où nous sommes de comprendre sa parole accuse seulement la faiblesse de notre intelligence.
(1) Il ne les voit pas en elles-mêmes par une évidence intrinsèque, mais il les voit d'une évidence extrinsèque, en raison des témoignages sur lesquels elles reposent.
(2) L'ouïe nous fait percevoir l'objet matériel de la foi, et nous apprend ainsi quelles sont les choses que Dieu a révélées. Mais nous n'en percevons pas pour cela l'évidence.


ARTICLE V. — les choses qui sont de foi peuvent-elles être du domaine de la science (3) ?


Objections: 1. Il semble que les choses qui sont de foi puissent être sues. Car les choses qu'on ne sait pas, on les ignore, puisque l'ignorance est contraire à la science. Or, les choses qui sont de foi ne sont pas ignorées -, car leur ignorance produit l'infidélité, d'après ces paroles de l'Apôtre (1Tm 1,13) : J'ai fait toutes ces choses dans l’ignorance, n'ayant pas la foi. Donc les choses qui sont de foi peuvent être sues.

2. La science s'acquiert par des raisons. Or, les saints Pères apportent des raisons pour établir les choses qui sont de foi. Donc les choses qui sont de foi peuvent être sues.

3. Les choses qu'on prouve démonstrativement appartiennent à la science, parce que la démonstration est un syllogisme qui produit la science elle- même. Or, la foi renferme des choses que les philosophes démontrent, comme l'existence de Dieu, son unité, etc. Donc les choses qui sont de foi peuvent appartenir à la science.

L'opinion et la science peuvent en quelque sorte se rapporter au même objet, comme le dit Aristote (I. Port. text. ult.). Donc la foi et la science également.

En sens contraire Mais c'est le contraire. Saint Grégoire dit (hom. xxi in Evang.) que les choses qu'on voit ne produisent pas la foi, mais la connaissance. Par conséquent les choses qui sont de foi ne nous sont pas parfaitement connues, tandis que les choses que nous savons, nous les connaissons parfaitement. Donc la foi ne peut avoir pour objet les choses qui sont du domaine de la science.

CONCLUSION. — Les choses que la foi renferme purement et simplement ne sont pas l'objet de la science, puisqu'on ne les voit point du tout.

Réponse Il faut répondre que toute science s'acquiert au moyen de principes connus par eux-mêmes et par conséquent vus et perçus. C'est pourquoi tout ce qui est du domaine de la science doit être vu de quelque manière (1). Or, il n'est pas possible que l'on voie et que l'on croie tout à la fois la même chose, comme nous l'avons dit (art. préc.). Par conséquent il est impossible que le même individu sache et croie une même chose. Cependant il peut arriver que ce qui est vu ou su par l'un soit cru par un autre. En effet ce que nous croyons de la Trinité nous espérons le voir, d'après ces paroles de l'Apôtre (1Co 13,12) : Nous le voyons maintenant dans un miroir et en énigme, mais nous le verrons alors face à face. Les anges possèdent actuellement cette vision, par conséquent ils voient ce que nous croyons. De même il peut se faire que ce qui est vu ou su par un homme ici-bas soit cru par un autre, qui n'en connaît pas la démonstration (2). Mais en général ce qu'on propose à croire à tous les hommes n'est pas du domaine de la science (3), et comme ce sont ces choses qui sont de foi purement et simplement, il s'ensuit que la foi et la science ne se rapportent pas au même objet.

Solutions: 1. Il faut répondre au premier argument, que les infidèles ignorent les choses qui sont de foi, parce qu'ils ne les voient pas en eux-mêmes et qu'ils ne savent pas qu'on doit les croire. Mais en ce sens les fidèles les connaissent non comme s'ils en avaient la démonstration, mais parce que la lumière de la foi leur montre qu'il faut les croire, comme nous l'avons dit (art. préc. ad 2 et 3).

2. Il faut répondre au second, que les raisons que les saints Pères apportent pour prouver les choses qui sont de foi ne sont pas démonstratives, ce sont des inductions qui montrent qu'il n'y a rien d'impossible dans ce que la foi nous propose (4), ou bien ces raisonnements s'appuient sur les principes mêmes de la foi, c'est-à-dire sur l'autorité des saintes Ecritures, comme le dit saint Denis (De div. nom. cap. 2). En parlant de ces principes on fait une démonstration invincible à l'égard des fidèles (S), comme en partant des principes qui nous sont naturellement connus, on fait une démonstration qui est reçue de tout le monde. C'est ce qui fait que la théologie est une science, comme nous l'avons dit au commencement de cet ouvrage (part. I, quest. i, art. 2).

3. Il faut répondre au troisième, qu'on range parmi les articles de foi ces choses qu'on peut démontrer ; non parce qu'elles sont de foi purement et simplement pour tout le monde, mais parce qu'elles sont un préliminaire indispensable aux choses qui sont de foi, et qu'il faut que ceux qui ne peuvent en avoir la démonstration les admettent du moins par le moyen de la foi.

4. Il faut répondre au quatrième, que, comme le dit Aristote, la science et l'opinion peuvent s'appliquer à la même chose dans des esprits différents, comme nous l'avons dit de la science et de la foi (in corp. art.). Mais le même homme peut avoir la science et la foi sur la même chose secundum quid, c'est-à-dire subjectivement, mais non sous le même rapport. En effet il peut se faire que par rapport au même objet il y ait dans un individu science pour une chose et opinion pour une autre. Ainsi, par rapport à Dieu, on peut avoir démonstrativement la science de son unité et croire à sa trinité. Mais à l'égard du même objet considéré sous le même rapport il ne peut pas y avoir simultanément dans un seul et même homme science et opinion, pas plus que science et foi (1); ces deux choses ne peuvent exister que sous des rapports divers. Car la science ne peut exister simultanément avec l'opinion à l'égard du même objet purement et simplement; parce qu'il est de l'essence de la science que ce qu'on sait on le considère comme ne pouvant pas être autrement, tandis qu'il est de l'essence de l'opinion que ce qu'on conçoit de la sorte, on suppose au contraire qu'il pourrait bien n'être pas ainsi. Ce qui est de foi est également irréfragable, en raison de la certitude de la foi elle-même. Mais le même objet considéré sous le même rapport ne peut appartenir simultanément à la science et à la foi, puisque la science embrasse les choses que l'on voit et la foi celles qu'on ne voit pas, comme nous l'avons dit (i» corp. art.).

(3) Cet article bien médité peut jeter nn grand jour sur les rapports de la science et de la foi, et donner la clef de plusieurs erreurs dans lesquelles des controversistes modernes sont tombés.
(1) Il faut pour la science une évidence intrinsèque, puisque son motif de crédibilité est l'évidence même.
(2) Un philosophe sait que Dieu existe, que l'âme est spirituelle, parce qu'il possède la démonstration de ces vérités ; un homme du peuple, qui ne possède pas ces démonstrations, le croit.
(3) Il n'est pas possible que les vérités de foi soient rendues évidentes d'une évidence intrinsèque.
(4) Ils se bornent à réfuter les objections qu’on leur oppose. Pour la démonstration des vérités de foi, il ne faut pas s'écarter de ce principe établi par le concile de Trento (sess, xviii) : Causae controversae secundum sacram Scripturam, apostolicas traditiones, probata concilia, catholicae Ecclesiae consensum et sanctorum Patrum auctoritates tradentur.
(5) Ces arguments sont ce qu'on appelle dans l'Ecole des arguments ad hominem, et c'est là le caractère général de la controverse soutenue contre les protestants dans les traités des théologiens de Ecclesia
(1) Ces états sont contradictoires : science et opinion, c'est la certitude et le doute ; science et foi c'est voir et ne pas voir.



ARTICLE VI. — doit-on diviser en articles les choses qui sont de foi (2) ?


Objections: 1. Il semble qu'on ne doive pas diviser en articles les choses qui sont de foi. Car tout ce que les Ecritures renferment est de foi. Or, on ne peut réduire à un certain nombre d'articles toutes ces choses, parce qu'elles sont trop nombreuses. Il semble donc superflu de distinguer des articles de foi.

2. L'art veut qu'on omette toute division matérielle, parce qu'on peut la poursuivre à l'infini. Or, la raison formelle de l'objet de la foi est une et indivisible, puisque, comme nous l'avons dit (art. 1), c'est la vérité première ; par conséquent on ne peut donc pas distinguer les choses de foi d'après leur raison formelle. Donc on ne doit pas non plus les diviser matériellement par articles.

3. D'après quelques docteurs, un article de foi est une vérité indivisible sur Dieu qui nous force à croire (arctam ad credendum). Or, la foi est volontaire; car, comme le dit saint Augustin (Tract. 24m /oa?ú), personne ne croit qu'autant qu'il le veut. Il semble donc que ce soit à tort qu'on divise les choses de foi par articles.

En sens contraire Mais c'est le contraire. Saint Isidore dit : Un article est la perception de la vérité divine qui nous porte vers elle. Or, nous ne pouvons percevoir la vérité divine que d'après certaine distinction; car ce qui est un en Dieu est multiple dans notre esprit. Donc on doit diviser les choses de foi en articles.

CONCLUSION. — Puisque les choses de foi se divisent en un certain nombre de parties qui ont entre elles un rapport d'unité et qui sont crues pour des raisons spéciales, il est convenable qu'on les ait divisées en un certain nombre d'articles.

Réponse Il faut répondre que le mot article semble venir du grec. Car en grec le mot ápOp&v, qu'on traduit en latin par le mot articulus, exprime la liaison de parties distinctes. C'est pourquoi les parties du corps qui sont unies les unes aux autres reçoivent le nom d'articulation. De même les Grecs ont donné dans la grammaire le nom d'article à certaines parties du discours qu'ils ajoutent aux autres noms pour exprimer leur genre, leur nombre ou leur cas. En rhétorique, on donne aussi le nom d'article à l'agencement de certaines parties de la phrase. Ainsi Cicéron dit (Rhet. lib. ad Heren. iv) : qu'on appelle articles, les petites divisions qui coupent la phrase et qui la suspendent à chaque mot, comme dans l'exemple suivant: Par votre véhémence, par votre voix, par votre visage vous avez épouvanté vos adversaires. J Ainsi on distingue les choses de foi en articles en ce sens qu'elles sont divisées en parties qui ont du rapport entre elles. Or, la foi a pour objet ce que l'on ne voit pas dans les choses divines, comme nous l'avons dit (art. 4). C'est pourquoi il y a autant d'articles particuliers qu'il y a de choses qu'on ne voit pas pour une raison spéciale. Mais là où il y a beaucoup de choses qui sont connues ou qui ne le sont pas pour la même raison, on ne distingue pas plusieurs articles. Ainsi par là même que la difficulté qui nous empêche de voir que Dieu a souffert diffère de celle qui nous empêche de voir qu'il est ressuscité après sa mort, il s'ensuit que l'article de la résurrection est distinct de l'article de la passion ; mais comme avoir souffert, être mort et avoir été enseveli présentent une seule et même difficulté, de telle sorte que l'une de ces choses étant admise, il n'est pas difficile d'admettre les autres, on les a comprises toutes dans un seul et même article.

Solutions: 1. Il faut répondre au premier argument, qu'il y a des choses que l'on doit croire et auxquelles la foi se rapporte par elle-même, et il y en a que la foi n'admet qu'en raison du rapport qu'elles ont avec d'autres. C'est ainsi que dans les sciences il y a des choses qu'on expose pour elles-mêmes, et d'autres qui ne servent qu'à découvrir les autres. Comme la foi a principalement pour objet les choses que nous espérons voir dans le ciel, d'après ces paroles de l'Apôtre (He 11,1) : La foi est le fondement des choses que l'on doit espérer, il s'ensuit qu'elle embrasse par elle-même les choses qui nous mettent directement en rapport avec la vie éternelle; telles que la Trinité des personnes divines, l'incarnation du Christ et les autres mystères semblables. C'est sur ces vérités que repose la distinction des articles de foi (1). Mais il y a dans l'Ecriture sainte des choses que nous devons croire et qui ne sont pas l'objet direct et principal de notre foi -, elles ne servent qu'à mettre en lumière les vérités dont nous venons de parler. Ainsi il est écrit qu'Abraham eut deux fils, qu'au contact des ossements d'Elisée un mort ressuscita, et il y a d'autres choses semblables que les livres saints rapportent pour prouver la puissance de Dieu ou pour faire connaître l'incarnation du Christ. On ne doit pas distinguer les articles de foi d'après ces vérités secondaires.

2. Il faut répondre au second, que la raison formelle de l'objet de la foi peut se prendre de deux manières : 1° On peut la considérer relativement à la chose crue; dans ce sens la raison formelle de toutes les choses de foi est une, c'est la vérité première. On ne distingue donc pas les articles de foi à ce point de vue. 2° On peut la considérer par rapport à nous, et alors la raison formelle des choses qui sont de foi, c'est qu'on ne les voit pas. C'est dans ce dernier sens qu'on distingue les articles de foi, comme nous l'avons vu (in corp. art.).

3. Il faut «répondre au troisième, que cette définition de l'article se rapporte à l'étymologie du mot selon qu'il dérive du latin, plutôt qu'à sa vraie signification d'après son origine grecque ; elle n'est donc pas d'un grand poids. Cependant on peut répondre que quoique personne ne soit forcé de croire par une nécessité de coaction, puisque la foi est volontaire ; cependant on y est contraint par la nécessité do la fin, puisque, selon l'expression de l'Apôtre (He 11,6) : Pour arriver à Dieu il faut croire, et que sans la foi il n'est pas possible de lui plaire.

(2) Les apôtres et les conciles ont distingué divers articles de foi pour faciliter l'instruction des fidèles et pour qu'ils aient une profession de foi uniforme à opposer aux hérétiques. Le concile de Fréjus indique cette raison (cap. i).
(I) Pour qu'une vérité forme un article de foi, il faut deux choses : la première c'est qu'elle appartienne principalement à la foi et qu'elle ne s'y rattache pas comme un objet secondaire. La seconde c'est qu'elle présente une difficulté particulière et que, par conséquent, elle ne soit pas implicitement contenue dans une autre d’une manière évidente.

ARTICLE VII. — les articles de foi se sont-ils augmentés par la succession des temps (1)?


II-II (Drioux 1852) Qu.499 a.19