Brentano: Visions de la Bse Emmerich - CHAPITRE SIXIEME. Commencement de la vie publique et de la prédication du Sauveur jusqu'aux noces de Cana. (Du 6 au 30 décembre)


CHAPITRE SEPTIEME. Noces de Cana. (Du 31 décembre 1821 au 5 janvier 1822.)

(3 décembre.) Jésus logea avec ses disciples les plus intimes, et notamment avec ceux qui plus tard furent ses apôtres, dans une maison à part où Marie avait aussi logé lors de son premier séjour. Cette maison appartenait à la tante du fiancé, laquelle était fille de Sobé, soeur de sainte Anne. C'était l'une des trois veuves dont il a été parlé plusieurs fois : celle d'entre elle qui avait trois fils. Pendant toute la cérémonie elle tint la place de la mère du fiancé.
Ce jour là tous les autres conviés des deux sexes arrivèrent : tous les parents de Jésus vinrent de Galilée. Jésus seul amena vingt cinq de ses disciples. Le mariage était regardé par lui comme une affaire qui le touchait personnellement, et il s'était chargé des frais d'une partie des fêtes qui devaient l'accompagner. C'était pour cela que Marie était allée si tôt à Cana où elle aidait à faire les préparatifs. Entre autres choses, Jésus s'était chargé de fournir tout le vin pour les noces : voilà pourquoi Marie lui dit avec tant de sollicitude que le vin manquait.
Quoique Jésus, âgé de douze ans, lors du banquet donné aux enfants chez sainte Anne après son retour du temple, eût dit au fiancé, après quelques paroles mystérieuses sur le pain et le vin, qu'il assisterait un jour à ses noces, cet événement avec sa haute et mystérieuse signification, a pourtant aussi ses causes extérieures, prises en apparence dans la marche ordinaire des choses. Il en est de même de la part prise par Jésus à ces noces. Marie avait déjà envoyé plusieurs messagers à Jésus pour le prier de venir à ces noces : on tenait, ainsi qu'il arrive fréquemment parmi les hommes, des propos contre Jésus dans sa famille et parmi ses connaissances : sa mère, disait on, était une veuve délaissée : il courait à droite et à gauche dans le pays et ne s'inquiétait pas d'elle ni de sa famille. C'est pour cela qu'il voulut venir à ces noces avec ses amis et faire honneur à ce mariage. C'est pourquoi aussi il avait fait venir Marthe et Lazare pour aider Marie dans ses arrangements, et Lazare faisait cette partie des frais dont Jésus s'était chargé, ce qui n'était su que de Jésus et de Marie, car le Sauveur avait une grande confiance dans Lazare ; il acceptait volontiers ses dons, et celui ci de son côté était heureux de tout donner. Jésus s'était chargé de fournir une partie du festin, c'était un second service composé de plats recherchés, de fruits, d'oiseaux et d'herbes de toute espèce. Il avait été pourvu à tout cela. Je vis aussi Véronique arriver de Jérusalem et porter à Jésus une corbeille remplie de fleurs magnifiques et toute espèce de sucreries artistement préparées.
Le père de la fiancée était un homme aisé, il dirigeait une grande entreprise de transports ; il avait le long de la grande route des magasins, de vastes hôtelleries et des étables pour les caravanes, et il employait beaucoup de monde.
Ces jours ci, Jésus s'entretint souvent en particulier avec les disciples qui furent plus tard ses apôtres et qui étaient logés dans la même maison que lui. Les autres disciples n'étaient pas présents à tout ce qu'il leur disait. Ils se promenaient beaucoup dans les environs ; alors Jésus faisait différentes instructions aux disciples et aux conviés, et les futurs apôtres communiquaient à leur tour aux autres les enseignements qu'ils avaient reçus de lui. Ces promenades que faisaient les conviés donnèrent plus de facilité pour faire les préparatifs de la fête sans dérangements : cependant plusieurs disciples et Jésus lui même étaient souvent dans la maison et s'occupaient à disposer ceci ou cela, d'autant plus que plusieurs d'entre eux devaient avoir quelque chose à faire dans la cérémonie nuptiale.
Jésus voulait à cette fête se faire connaître de tous ses parents et amis : il voulait que tous ceux qu'il avait choisis jusqu'alors fissent connaissance entre eux et avec les siens, ce à quoi se prêtait la grande liberté de rapports qui s'établit dans une fête.
Les noces commencent le soir du troisième jour après l'arrivée de Jésus. Les épousailles doivent avoir lieu le mercredi matin. Les fêtes de la dédicace du temple finissent ce soir.

(1er janvier 1821.) Remarque préliminaire. La Soeur fut ces jours-ci très souffrante et très dérangée et elle oublia beaucoup de choses. Quand elle a l'esprit tout occupé d'une scène qu'elle a vue et qu'elle en a dit quelque chose, elle croit plus tard avoir tout raconté, car quand elle souffre d'une grande fatigue qui remonte à un moment antérieur, elle se figure que cette fatigue vient de ce qu'elle a beaucoup raconté, tandis que souvent on n'a presque rien recueilli. Aussi n'a t on souvent, comme c'est ici le cas, que de simples fragments.
C'était aujourd'hui le deuxième jour depuis l'arrivée de Jésus à Cana. Il y avait cent conviés, parmi lesquels Marie, mère de Marc, Jean Marc, et Véronique qui paraissait plus âgée que Marie. Suzanne de Jérusalem n'était pas ici : alors, comme plus tard, elle voyageait rarement avec les autres : elle menait une vie élégante, mais assez retirée, à cause de son origine. Les parents de Jacques et de Jean étaient ici, mais non ceux de Pierre et d'André. Leur demi frère Jonathan, était présent ainsi que celles qu'on appelait les trois veuves avec leurs fils, en général tous les parents de sainte Anne, spécialement ses nièces et ses petits enfants, Marie de Cléophas avec ses fils, la fille cadette d'Anne, demi soeur de la sainte Vierge, les neveux de Joseph d'Arimathie, Obed, et quatre disciples de Jean, Cléophas (Lc 24,18), Jacques, Jude et Japhet, compagnons d'enfance de Jésus, et petits fils de Sabadias de Nazareth, parent de Joachim.
Le père de la fiancée s'appelle Israël. Je ne voulais pas redire ce nom, parce que je ne croyais pas que personne s'appelât ainsi. Il descend de Ruth de Bethléem. La mère de la fiancée est un peu infirme : elle boîte d'un côté et on la soutient. Cana est un peu plus petit que Capharnaüm : cette dernière ville est plus vivante, mais moins grande que Nazareth, dont quelques parties sont en ruines. Cana est situé sur le côté occidental d'une colline : c'est un endroit agréable et propre : cependant il n'y a de gens riches qu'Israël et deux autres personnes, le reste semble vivre de son travail et être à la solde de ceux ci. Il y a une synagogue avec trois prêtres. Les noces se célèbrent dans une maison destinée aux fêtes publiques et voisine de la synagogue. Entre cette maison et la synagogue on a dressé des arcades de feuillage, ornées de guirlandes et de fruits. Devant la maison où doit se donner la fête, il y a un vestibule jonché de feuillage : la salle du banquet est contiguë : c'est la pièce antérieure de la maison, vide jusqu'au foyer qui consiste en un mur élevé avec des degrés, où pourtant on ne fait rien cuire, mais qui est orné comme un autel avec des vases, des fleurs, de la vaisselle de table et d'autres objets. Derrière ce foyer se trouve une autre partie de la salle qui en occupe à peu près le tiers. C'étaient là que se tenaient les femmes pendant le repas. On voyait au plafond les poutres de la maison : elles étaient ornées de guirlandes et on pouvait y monter pour allumer les lampes qui s'y trouvaient.
Jésus est comme le roi de la fête, il préside à tous les divertissements et les assaisonne par des instructions. Il leur a dit qu'ils devaient, pendant ces jours, se récréer conformément à l'usage établi, et, tout en se réjouissant, tirer de tout de sages enseignements. Il régla, en outre, toute l'ordonnance de la fête, et dit, entre autres choses, qu'il faudrait sortir deux fois par jour pour se récréer en plein air.
Je vis ensuite les invités à la noce, les hommes d'un côté, les femmes de l'autre, se livrer au plaisir de la conversation et jouer à divers jeux, sous les arbres d'un lieu de plaisance : il y avait de l'eau dans le voisinage. Je crois que c'était un jardin d'agrément près duquel l'on prenait des bains. Je vis les hommes couchés par terre en cercle ; au milieu d'eux étaient des fruits de toute espèce qu'ils jetaient et faisaient rouler suivant certaines règles, de manière à ce qu'ils tombassent dans des fosses qui se trouvaient au milieu d'eux, ce que quelques uns d'entre eux tâchaient d'empêcher.
Je vis Jésus prendre part à ce jeu des fruits avec une gravité bienveillante : il disait souvent avec un sourire quelque chose d'instructif que les uns admiraient, que d'autres recueillaient avec une émotion silencieuse, ou que quelques uns ne comprenaient pas bien et se faisaient expliquer par de plus intelligents Il avait arrange les parties de jeu et réglé les enjeux, et il faisait a chacun sa part, accompagnant tout ce qu'il faisait de remarques pleines d'agrément et souvent tout à fait admirables.
Les plus jeunes des assistants couraient et sautaient par dessus les barrières de feuillage pour gagner des fruits. Les femmes étaient assises à part et jouaient aussi avec des fruits, la fiancée était toujours assise entre Marie et la tante du fiancé.
Le soir du premier janvier, commencement du quatrième jour du mois de Thébet, Jésus enseigna dans la synagogue où tous étaient rassemblés : il parla des divertissements permis, de leur signification, de la mesure dans laquelle on devait les prendre, du sérieux et de la sagesse qui devaient les accompagner : puis ensuite du mariage, de l'homme et de la femme ; de la continence, de la chasteté et du mariage spirituel. Quand il eut fini d'enseigner, les fiancés vinrent seuls se présenter devant lui et il leur donna des instructions particulières.
Les noces commencèrent ensuite par un repas et par des danses. On dansait aux sons d'une musique faite par des enfants qui de temps en temps chantaient des choeurs. Tous les danseurs avaient à la main des mouchoirs avec lesquels les hommes et les jeunes filles se touchaient quand ils dansaient en rang ou en cercle ; à cela près, ils ne se touchaient jamais. Les mouchoirs du fiancé et de la fiancée étaient noirs, ceux des autres étaient jaunes. Le fiancé et la fiancée dansèrent d'abord seuls, puis tous dansèrent ensemble : les jeunes filles étaient voilées, toutefois le voile était un peu relevé sur le visage ; leurs vêtements étaient longs par derrière, et un peu retroussés sur le devant avec des cordons. On ne se trémoussait pas et on ne sautillait pas comme on fait chez nous quand on danse : c'était plutôt une marche dans différentes directions, accompagnée de mouvements des mains, de la tête et du corps d'accord avec la musique. Cela me rappela les mouvements des juifs de la secte pharisienne dans leurs prières : mais tout y était gracieux et décent. Aucun des futurs apôtres ne prit part aux danses : mais Nathanaël Khased, Obed, Jonathan et d'autres disciples s'y mêlèrent. Il n'y avait, en fait de danseuses, que des jeunes filles : tout se faisait avec un ordre admirable, et respirait une joie paisible.

(2 janvier.) Ce matin vers neuf heures eurent lieu les épousailles. La fiancée avait été habillée par les demoiselles d'honneur : son vêtement ressemblait à celui que portait la Mère de Dieu lors de son mariage ; il en était de même de sa couronne qui était seulement plus riche. Sa chevelure n'était pas partagée en lignes minces et séparées, mais en tresses plus épaisses. Quand sa toilette fut finie, elle fut présentée à la sainte Vierge et aux autres femmes.
Le fiancé et la fiancée furent conduits de la synagogue à la maison de fête et de là ramenés à la synagogue. Il y avait dans le cortège six petits garçons et six petites filles qui portaient des guirlandes, puis six garçons et six filles plus âgés avec des flûtes et d'autres instruments que j'ai décrits ailleurs. De plus, la fiancée était accompagnée de douze jeunes filles comme demoiselles d'honneur, et le fiancé de douze jeunes hommes. Parmi ceux ci se trouvaient Obed fils de Véronique, les neveux de Joseph d'Arimathie, Nathanaël Khased et quelques disciples de Jean, mais aucun des futurs apôtres.
Les épousailles se firent devant la synagogue par le ministère des prêtres. Les anneaux qu'ils échangèrent étaient un présent que Marie avait fait au fiancé, et Jésus les avait bénits chez sa mère. Une circonstance qui me frappa et que je n'avais pas observée lors des épousailles de Joseph et de Marie, fut que le prêtre piqua le fiancé et la fiancée avec un instrument pointu à la place du doigt annulaire de la main gauche où devait être mis l'anneau. Il fit tomber deux gouttes du sang du fiancé et une goutte de celui de la fiancée dans un verre de vin où ils burent en commun, après quoi ils rendirent le verre. On distribua différents objets, tels que des pièces d'étoffe et des vêtements aux pauvres qui assistaient à la cérémonie. Lorsque les fiancés furent ramenés à la maison de fête, ils furent reçus par Jésus.
Avant le repas de noce, je vis tout le monde rassemblé dans le jardin d'agrément : les femmes et les jeunes filles étaient assises sur des couvertures dans une cabane de feuillage, et elles jouaient à un jeu où l'on gagnait des fruits. Elles mettaient tour à tour sur leurs genoux une petite planche triangulaire avec des lettres écrites sur le bord : elles tournaient un indicateur placé sur cette planche et leur gain se réglait suivant l'endroit ou il s'arrêtait.
Quant aux hommes, je vis un jeu très curieux que Jésus lui même avait préparé pour eux dans une maison de plaisance. Au milieu d'une salle était une table ronde autour de laquelle étaient rangées autant de portions de fleurs, de plantes et de fruits qu'il y avait de joueurs. Jésus avait disposé tout cela d'avance, et chaque chose avait une signification d'un sens profond. Sur cette table était un disque rond et mobile avec une entaille : quand on le faisait tourner, l'entaille en s'arrêtant désignait une des portions de fruits et celui qui avait fait tourner la gagnait comme son lot. Au milieu de la table était placé un cep de vigne chargé de raisins s'élevant au dessus d'une gerbe d'épis de blé qui l'entourait, et plus la table tournait longtemps, plus le cep de vigne et le bouquet d'épis montaient haut. Les futurs apôtres ne prirent point part à ce jeu non plus que Lazare. Il me fut indiqué à cette occasion, que celui qui est appelé à enseigner les autres ou qui sait quelque chose de plus qu'eux, ne doit pas jouer lui même, mais seulement observer les accidents du jeu, les relever par des applications instructives et donner ainsi à l'amusement un tour sérieux. Il y avait dans ce jeu disposé par Jésus quelque chose de tout à fait merveilleux et qui était plus que du hasard, car le lot qui échut à chacun des joueurs avait un rapport très significatif avec ses qualités, ses défauts et ses vertus, et lorsque les fruits eurent été classés, Jésus fit à chacun un commentaire sur son lot. Chaque lot fut comme une parabole relative à celui qui le gagnait, et je sentis qu'en effet avec ces fruits, ils recevaient intérieurement quelque chose. Chacun d'eux fut vivement touché et réveillé par les paroles de Jésus, et peut être aussi parce que ces fruits qu'ils mangèrent opéraient réellement en eux un effet conforme à leur signification ; toutefois ce que Jésus dit sur chaque lot ne fut pas compris par ceux que la chose ne regardait pas : ils n'y virent que des paroles encourageantes et significatives. Mais chacun en particulier sentit le regard du Seigneur pénétrer profondément dans son intérieur : il en fut comme des paroles de Jésus à Nathanaël lorsqu'il lui dit qu'il l'avait vu sous le figuier, paroles qui le touchèrent si profondément et dont le sens resta caché aux autres. (Malheureusement la Soeur ne peut rien raconter de plus sur le détail des lots et sur les explications données par Jésus.)
Je me souviens encore qu'il y avait du réséda parmi les plantes, et aussi que Jésus dit à Nathanaël à l'occasion de son lot : " Vois-tu maintenant combien j'avais raison de dire que tu es un véritable Israélite sans artifice ? "
Je vis un de ces lots produire un effet vraiment merveilleux. Le fiancé Nathanaël gagna un fruit d'une singulière espèce. Il y en avait deux sur une tige avec des sexes différents comme dans le chanvre. L'un des fruits était assez semblable à une figue, l'autre ressemblait plutôt à une pomme entaillée : toutefois il n'avait pas de tête, il était creux. C'est difficile à expliquer, c'était comme un nombril : il y avait dedans des capsules contenant la semence, au nombre de deux, glacées l'une au dessus de l'autre : il se trouvait, je vis, quatre noyaux dans l'une et trois dans l'autre : au dessus croissaient en dehors de beaux filaments blancs. Ce fruit était rougeâtre, blanc à l'intérieur, et veiné de rouge : j'en ai vu de semblables dans le Paradis.
(Telle fut à peu près sa description vague et embrouillée de ce fruit, dans laquelle il semble qu'elle parle tantôt du fruit lui même, tantôt de la fleur, tantôt de tous deux en même temps.)
Je me souviens seulement que tous furent très étonnés quand le fiancé gagna ce fruit, que Jésus parla alors du mariage, de la chasteté et du produit centuple de la chasteté, et que tout cela fut dit de manière à ne point blesser les idées des juifs sur le mariage. Toutefois, quelques uns des disciples qui étaient Esséniens, et dont était Jacques le Mineur, le comprirent mieux que les autres.
Je vis que les assistants s'étonnèrent plus à propos de ce lot qu'à propos des autres, et que Jésus dit à peu près que ces lots et que ces fruits pouvaient opérer des merveilles encore plus grandes que leur signification ne paraissait merveilleuse. Mais lorsque le fiancé retira ce lot pour lui et sa fiancée, je vis arriver quelque chose de tout à fait surprenant que je n'ose presque pas raconter. Et je vis, lorsqu'il reçut ce lot, ressentir une commotion intérieure et pâlir : alors quelque chose comme une sombre figure humaine, ou comme une ombre, sortit de lui en remontant de ses pieds à sa tête, et disparut ; après quoi, je vis en lui une clarté, une pureté et comme une transparence qui n'y étaient pas auparavant. Personne ne sembla voir cela excepté moi, car tous restèrent calmes comme avant, et il n'y eut aucun mouvement parmi eux. Au même instant, je vis aussi la fiancée qui était assise loin de là, jouant avec les femmes, tomber comme en défaillance. Il se détacha d'elle une figure sombre, qui m'inspirait une répugnance extraordinaire et qui parut, à partir de ses pieds, monter en elle ou devant elle, puis sortir de sa bouche ou se retirer à la hauteur de sa bouche. Il semblait aussi que des habits et des parures de toute espèce lui fussent retirés. Je ne sais pas comment j'arrivai là, mais je m'occupai avec une sollicitude extraordinaire à éloigner bien vite cette ombre sinistre qui m'inspirait tant d'horreur, et cette parure qui lui avait été enlevée : j'en étais toute préoccupée comme si j'eusse voulu cacher à tous les yeux quelque chose qui devait faire rougir la fiancée. Cette figure ne voulait pas s'en aller tout de suite, mais elle devint de plus en plus petite et je la poussai avec les parures dans un vieux coffre qui était près de là. Lorsque je l'y enfonçai, la tête seule et les épaules paraissaient encore ; la fiancée resta très pâle, mais comme pénétrée d'une clarté pure, et elle parut vêtue avec une grande simplicité. Lorsque je me mêlais à cette scène, je vis aussi une coopération de la sainte Vierge. Elle aussi travailla à chasser cette figure sombre.
Certaines pénitences à faire se rattachaient à chaque lot : ainsi je me souviens que le fiancé et la fiancée devaient prendre à la synagogue quelque chose que j'ai oublié, et faire certaines prières. La plante qui était échue à Nathanaël Khased était un bouquet de patience.
J'ai vu, dans plusieurs autres occasions, le fruit du fiancé : lorsque j'en parle, je vois aussi la fleur et j'en fais un mélange dans ma description. L'effet merveilleux de ce fruit se manifesta lorsque le fiancé en eut envoyé une part à la fiancée et que tous deux en eurent mangé. Il arriva quelque chose de semblable à tous les autres disciples qui reçurent de ces lots et mangèrent des fruits qui leur étaient échus. Leurs passions dominantes opposèrent une certaine résistance et sortirent d'eux, ou tout au moins ils se sentirent plus forts dans leur lutte contre elles. Il y a dans tous les fruits et les plantes un certain mystère surnaturel qui, depuis que l'homme est tombé et a entraîné la nature dans sa chute, est devenu un mystère naturel : il ne reste plus qu'un souvenir de tout ce qui s'y trouvait alors dans les propriétés ; la forme, le goût et l'action de ces créatures. Dans les songes et sur les tables du ciel, ces fruits se montrent avec les propriétés qu'ils avaient avant la chute, toutefois ce n'est pas toujours parfaitement clair : parce que maintenant tout est rendu confus par notre manière actuelle de comprendre et par l'usage ordinaire que nous faisons de ces choses.
Le fruit que les fiancés mangèrent se rapportait à la chasteté, et la figure qui se retira d'eux était la convoitise impure de la chair. Je ne sais pas si cette figure que je vis aurait été vue par quelque autre personne dans un état contemplatif du même genre : je ne sais pas s'il sortit réellement de la fiancée un esprit sensuel, ou si ce fut seulement un symbole destiné à me faire comprendre ce qui se passait en elle.

Remarque de l'écrivain. Comme la narratrice joua elle même un rôle actif dans cette vision historique, ce ne fut évidemment qu'une vision dans une vision : mais si, étant clairvoyante comme elle l'était, elle eût été alors présente en personne, elle aurait vraisemblablement vu la même chose et aurait cherché à la chasser et à la cacher comme elle le fit dans son rêve et comme elle le raconta étant éveillée, non sans quelque répugnance. Si elle eût été réellement présente alors, sa manière d'agir contre ce symbole de la sensualité qui se retirait, eût été aussi inexplicable et aussi surprenante pour les femmes qui étaient là que le sont aujourd'hui pour nous bien des choses qu'elle fait en rêvé. Mais dans la scène qui lui est présentée en songe, son intervention active ne trouble pas le cours de la vision et les assistants ne la voient point : de ce qu'elle voit la sainte Vierge s'efforcer aussi de cacher cette figure, on peut induire que vraisemblablement là mère de Dieu vit ce qui arrivait à la fiancée et le vit peut être sous la même forme ou probablement sous une forme d'un sens encore plus profond. Elle aussi, la plus pure parmi les plus pures, désire que les assistants ne puissent pas soupçonner la cause qui a fait tomber la fiancée en défaillance.

Lorsque la fiancée tomba en faiblesse, on ôta les pièces les plus lourdes de son vêtement et on retira plusieurs anneaux de ses doigts où elle en avait une quantité : on enleva aussi, pour l'alléger, des chaînes et des agrafes qu'elle avait aux bras et sur la poitrine. Elle ne conserva de ses bijoux que l'anneau nuptial que lui avait donné la sainte Vierge et au cou un joyau d'or, ayant à peu près la forme d'un arc bandé dans lequel était enchâssée une matière noirâtre de même nature que sur l'anneau nuptial de Marie et de Joseph : là dessus était représentée une figure couchée, tenant un bouton de fleur qu'elle regardait.
Aux jeux dans le jardin succéda le repas de noce. La salle dont il a été parlé plus haut était divisée en trois compartiments, par deux cloisons assez basses pour que les convives passent se voir : dans chacune de ces divisions était placée une table longue et étroite. Jésus était au haut bout de la table du milieu. À cette table étaient assis Israël, père de la fiancée, les cousins de celle ci, ceux de Jésus et en outre Lazare. Les autres conviés étaient aux tables latérales. Les femmes étaient assises dans la pièce située derrière le foyer, mais elles pouvaient entendre toutes les paroles du Seigneur. Le fiancé servait à table. Il y avait pourtant aussi un maître d'hôtel portant un tablier, et quelques domestiques. La fiancée servait les femmes, avec l'aide de quelques servantes. Lorsque les plats furent apportés, on plaça devant Jésus un agneau rôti ; il avait les pieds attachés en forme de croix. Le fiancé ayant alors apporté à Jésus une boîte où se trouvaient les couteaux à découper, Jésus lui dit en particulier qu'il devait se souvenir de ce repas d'enfants, donné après sa douzième fête de Pâques où lui, Jésus, avait raconté une parabole touchant un mariage et lui avait dit qu'il irait à ses noces, prédiction qui s'accomplissait aujourd'hui.
Le fiancé devint alors tout pensif ; car il avait entièrement oublié cet incident. Jésus fut pendant le repas, comme pendant toute la durée des noces, plein d'une douce sérénité et en même temps abondant en discours instructifs. Il expliqua le sens spirituel de chacun des incidents du repas. Il parla des divertissements et de l'allégresse qui préside aux fêtes. Il dit que l'arc ne devait pas rester toujours bandé, que le champ avait besoin d'être rafraîchi par la pluie, et il ajouta des paraboles relatives au même objet. Il découpa ensuite l'agneau et il tint à ce propos des discours admirables : il dit que l'agneau était mis à part du troupeau, qu'il était choisi, non pour vivre à son gré et perpétuer sa race, mais pour être livré à la mort ; après quoi on le purifiait par le feu qui consumait ce qu'il y avait en lui de grossier, et l'on coupait ses membres en morceaux : de même il fallait que ceux qui voulaient se mettre à la suite de l'Agneau se séparassent de ceux qui leur étaient unis le plus étroitement par les liens de la chair. Et lorsqu'il fit passer autour de la table les morceaux découpés et qu'on se mit à manger l'agneau, il dit que l'Agneau serait séparé des siens et mis en pièces afin de devenir pour eux tous une nourriture qui les unirait par un lien commun, que de même quiconque suivrait l'Agneau, aurait à renoncer à son pâturage, devrait mourir à ses passions, se séparer des membres sa famille et devenir une nourriture et un aliment d'union par l'Agneau et dans son Père céleste, etc.
Je ne puis pas répéter exactement tout cela. (On voit au moins là le sens général de cet enseignement.) Chacun avait devant lui une assiette ou un pain, je ne sais pas lequel des deux. Jésus fit aussi passer à la ronde une espèce de patène d'un brun foncé avec un rebord jaune. Je le vis plusieurs fois prendre en main un petit bouquet d'herbes et enseigner à cette occasion. Jésus s'était chargé de fournir le second service du repas de noce et sa mère et Marthe avaient pourvu à tout ; il avait dit aussi qu'il se chargeait du vin. Lorsque le second service, qui se composait d'oiseaux, de poisson, de préparations au miel, de fruits et d'une espèce de pâtisseries que Séraphia (Véronique) avait apportées, eut été placé sur la table latérale, Jésus y alla et fit les portions, puis il revint prendre sa place. Les plats furent servis, mais le vin manquait. Cependant Jésus enseignait. Cette partie du repas était particulièrement confiée aux soins de la sainte Vierge, et lorsqu'elle vit que le vin faisait défaut, elle alla à Jésus et lui rappela avec quelque inquiétude qu'il lui avait dit qu'il pourvoirait au vin ; alors Jésus, qui venait d'enseigner sur son Père céleste, lui dit : " Femme, ne vous tourmentez pas, ne vous inquiétez ni de vous, ni de moi, mon heure n'est pas encore venue. "Il n'y avait là rien de dur pour la sainte Vierge. Il lui dit : " Femme "et non pas "ma mère" parce qu'en ce moment il voulait agir en qualité de Messie, en qualité de Fils de Dieu, accomplir une opération mystérieuse en présence de ses disciples et de tous ses parents, parce qu'il était là dans sa force divine.

Le Pèlerin résume dans la note suivante le sentiment de la narratrice ; Jésus lui dit : " Femme " comme étant le rejeton qui devait écraser la tête du serpent. Il voulait aussi montrer dans cette occasion qu'il était plus qu'un fus de Marie, une femme qui leur était connue, et il l'appela " femme " parce qu'il allait agir en vertu de sa divinité, qu'il allait créer ou transformer, de même qu'il se donnait à lui même le nom de Fils de l'homme, lorsqu'il parlait de sa Passion future, sans s'abaisser en rien par là. Dans de pareils moments où Jésus agissait en qualité de Verbe incarné, chaque chose, par cela même qu'il la nomme ce qu'elle est, se trouve rehaussée et à quelques égards gratifiée d'une fonction ou d'une dignité par l'énonciation de son nom dans une circonstance aussi solennelle. Marie était la " femme " qui avait enfanté celui auquel elle s'adresse ici comme au Créateur, lui demandant du vin pour ses créatures devant lesquelles il va manifester sa dignité suprême. Il va leur montrer ici qu'il est le Fils de Dieu et non qu'il est le fils de Marie. Lorsqu'il mourut sur la croix au pied de laquelle elle pleurait, il lui dit aussi : " Femme, voilà votre fils, " lui désignant Jean par ces paroles. Jésus lui avait dit qu'il pourvoirait au vin ; elle s'avance alors comme la figure de celle qui intercède pour nous par excellence, et elle lui représente que le vin fait défaut ; mais le vin qu'il voulait donner était plus que du vin pris dans le sens ordinaire ; il avait rapport au mystère de ce vin qu'il voulait changer plus tard en son sang. Il lui dit : " Mon heure n'est pas encore venue, " c'est à dire, il n'est pas encore temps, premièrement que je donne le vin promis, en second lieu, que je change l'eau en vin, en troisième lieu, que je change le vin en mon sang. Marie alors n'eut plus de soucis pour les hôtes des fiancés ; elle avait prié son Fils et c'est pourquoi elle dit aux serviteurs : "Faites tout ce qu'il vous dira. "

C'est précisément comme si la fiancée de Jésus, l'Eglise, lui adressait cette prière : "Seigneur, vos enfants n'ont pas de vin ; "et que Jésus ne lui répondît pas : "Ma fiancée, "mais, " Eglise, ne t'inquiète pas, ne te trouble pas, mon heure n'est pas encore venue ; "et encore comme si l'Eglise disait aux prêtres : "Observez toutes ses indications et ses commandements, car il vous viendra en aide, etc. "


Marie dit donc aux serviteurs d'attendre et d'exécuter les ordres de Jésus : et au bout de quelque temps, Jésus ordonna aux serviteurs d'apporter devant lui les urnes vides : il y avait trois urnes d'eau et trois de vin, et ils montrèrent qu'elles étaient vides en les retournant sur un bassin. Jésus leur ordonna de les remplir toutes d'eau. Ils les portèrent à la fontaine qui se trouvait dans un caveau et consistait en un réservoir de pierre avec une pompe. Ces urnes étaient des vases de terre fort grands et fort lourds, et il fallait deux hommes pour en porter une par les deux anses. Il y avait depuis le haut jusqu’en bas plusieurs tuyaux fermés avec des bondes, et quand le liquide était épuisé jusqu'à une certaine hauteur, on retirait la bonde inférieure et on versait. On ne levait pas les urnes pour verser, on se bornait à les incliner un peu sur leurs bases élevées.
L'avertissement de Marie fut donné à voix basse, la réponse de Jésus à haute voix, aussi bien que l'ordre de puiser l'eau. Lorsque les urnes remplies d'eau furent placées toutes les six devant le buffet, Jésus y alla et les bénit, puis étant retourné à sa place, il dit : " Versez et portez à boire au maître d'hôtel. "Lorsque celui ci eut goûté le vin, il alla trouver le fiancé et lui dit : " Ordinairement on donne le bon vin le premier, puis lorsque les convives sont rassasiés, on en donne de moins bon, mais vous avez réservé le meilleur vin pour la fin ". Il ne savait pas que Jésus s'était chargé de fournir ce vin comme toute cette partie du repas ; cela n'était connu que de la sainte Famille et de la famille des mariés. Alors le fiancé et le père de la fiancée en burent avec un grand étonnement, et les serviteurs assurèrent que c'était de l'eau qu'ils avaient puisée et dont ils avaient rempli les vases et les coupes qui étaient sur les tables. Tous alors en burent : mais il n'y eut point de tumulte au sujet de ce miracle ; tous les convives gardaient un silence respectueux, et Jésus prit occasion de ce prodige pour enseigner. Il dit entre autres choses que le monde donnait d'abord du vin capiteux, puis profitait de l'ivresse des convives pour leur donner un mauvais breuvage, mais qu'il n'en était pas ainsi dans le royaume que son Père céleste lui avait donné : que là, l'eau pure devenait un vin exquis, de même que la tiédeur devait se changer en ferveur et en zèle énergique. Il parla, en outre, du repas auquel il avait pris part, dans sa douzième année, après son retour du temple, avec plusieurs de ceux qui étaient là présents ; il rappela qu'alors il avait parlé de pain et de vin et raconté une parabole relative à des noces où l'eau de la tiédeur deviendrait le vin de l'enthousiasme, ce qui s'accomplissait maintenant. Il leur dit encore qu'ils verraient de plus grands prodiges, qu'il célébrerait la Pâque plusieurs fois et qu'à la dernière, le vin serait changé en sang et le pain en chair ; qu'il resterait avec eux, les consolerait et les fortifierait jusqu'à la fin : que du reste, après ce repas, ils lui verraient arriver des choses qu'ils ne pourraient pas comprendre actuellement s'il les leur disait. Il ne s'exprima pas aussi clairement que je le fais ; tout cela était enveloppé dans des paraboles que j'ai oubliées, toutefois c'en était là le sens. En l'écoutant ainsi parler, ils furent saisis de crainte et d'étonnement. Mais tous étaient comme transformés par ce vin, et je vis qu'indépendamment de l'effet du miracle qu'ils avaient vu, le vin lui même, comme précédemment les fruits, avait opéré intérieurement en eux, les avait fortifiés et profondément changés. Tous les disciples, tous ses parents, tous les convives étaient maintenant convaincus de sa puissance, de, sa dignité et de sa mission. Ils croyaient tous en lui, cette foi s'était répandue dans tous à la fois, et tous ceux qui avaient bu de ce vin étaient devenus meilleurs, plus unis et plus fervents. Il était ici pour la première fois au milieu de la communauté qu'il formait : ce fut le premier prodige qu'il fit au milieu d'elle et tour elle, afin de la fonder dans la foi en lui. Voilà aussi pourquoi il est dit dans son histoire que ce fut son premier miracle. de même que la Cène est racontée comme le dernier, fait alors que ses disciples croyaient.
A la fin du repas, le fiancé vint encore trouver Jésus en particulier ; il lui parla avec beaucoup d'humilité et lui déclara qu'il se sentait mort à toute convoitise de la chair et qu'il désirait vivre dans la continence avec son épouse, si celle ci le trouvait bon. La fiancée vint également trouver Jésus en particulier et lui dit la même chose. Alors Jésus les fit venir tous les deux ensembles et leur parla du mariage, de la pureté qui est si agréable à Dieu, et des fruits que la vie de l'esprit rend au centuple.
Il cita beaucoup de prophètes et de saints personnages qui avaient vécu dans la chasteté et immolé leur chair au Père céleste, dit comment ils avaient eu pour enfants spirituels bien des hommes égarés qu'ils avaient ramenés au bien et comment ils avaient donné naissance à une nombreuse et sainte postérité. Tout cela fut dit dans le sens de dissiper et de recueillir. Ils firent voeu de continence pour trois ans, s'engageant à vivre comme frère et soeur. Puis ils s'agenouillèrent devant Jésus et il les bénit.

(3 janvier.) La narratrice était très gravement malade et elle dit seulement ce qui suit : Jésus avait enseigné dans la salle du festin. On n'alla pas, se promener en plein air ; plusieurs disciples de Jean sont partis ainsi que Lazare et Marthe. Je les ai vus manger quelque chose debout, tous ont leurs habits retroussés. Pendant tout le cours de la fête, Lazare fut traité avec tous les égards dus à un homme de distinction par le père de la fiancée qui s'occupa personnellement beaucoup de le servir. Il a des manières très distinguées : il est sérieux et son attitude est à la fois réservée et bienveillante : il est très calme, parle peu et regarde Jésus avec beaucoup de ferveur.
Le soir de ce jour, qui était le quatrième jour des noces, on était allé en grand cortège installer la fiancée et le fiancé dans leur maison. On portait un candélabre avec des flambeaux allumés dont chacun figurait une lettre ; des enfants marchaient en avant du cortège, ils portaient sur des bandes d'étoffe une couronne de fleurs ouverte et une autre fermée : ils les défirent devant la maison des fiancés et semèrent les fleurs autour d'eux. Jésus était dans la maison et les bénit. Les prêtres étaient présents. Depuis le miracle de Jésus lors du repas, leur contenance est très humble et ils le laissent tout diriger.
La Soeur croit bien, toutefois sans rien affirmer, que cette installation était une pure cérémonie, que la fiancée resta encore chez ses parents jusqu'à la fin de la fête et des jeûnes qui allaient commencer.

(4 janvier) Les autres hôtes sont partis pour la plupart, notamment Marie et les saintes femmes. Nathanaël Khased, les fils de Cléophas, appelés les frères de Jésus et d'autres disciples étaient encore là. Le soir du 4ème jour du sabbat et commencement du 7è de Thébet, Jésus enseigna, dans la synagogue, sur la fête qui venait d'avoir lieu, sur l'obéissance et les pieuses dispositions de ce couple de fiancés, etc.

(5 janvier.) Ce jour là, qui était celui du sabbat, Jésus enseigna deux fois dans la synagogue de Cana, et lorsqu'il sortit, plusieurs personnes se prosternèrent devant lui et lui demandèrent son assistance pour des malades. Il fit ici deux guérisons merveilleuses un homme était tombé du haut d'une tour, il était mort et tous ses membres étaient brisés. Jésus alla à lui, rajusta ses membres, toucha les fractures et lui ordonna de se lever et d'aller dans sa maison, ce qu'il fit après avoir remercié : il avait une femme et des enfants. Jésus fut aussi conduit à un possédé qui était enchaîné à une pierre et il le délivra. Il guérit en outre des hydropiques et une femme affligée d'une perte de sang qui était une pécheresse publique. Les malades qu'il guérit étaient au nombre de sept. Ces gens n'avaient pas osé venir pendant la fête ; mais lorsque le bruit se répandit qu'il partirait après le sabbat, il fut impossible de les retenir. Les prêtres, après le prodige des noces, le laissèrent faire tout ce qu'il voulut, et ces miracles eurent lieu en leur présence : les disciples n'étaient pas présents.

FIN DU PREMIER VOLUME






Brentano: Visions de la Bse Emmerich - CHAPITRE SIXIEME. Commencement de la vie publique et de la prédication du Sauveur jusqu'aux noces de Cana. (Du 6 au 30 décembre)