Brentano - Emmerich: Douloureuse Passion 208


209. NOUVEAUX OUTRAGES CHEZ CAIPHE

209
Lorsque Caïphe quitta la salle du tribunal avec les membres du conseil, une foule de misérables se précipita comme un essaim de guêpes irritées sur Notre Seigneur toujours attaché par des cordes que tenaient deux des quatre premiers archers. Les deux autres s'étaient éloignés avant le jugement pour se faire remplacer par d'autres. Déjà, pendant l'audition des témoins, les archers et quelques autres misérables avaient arraché des boucles entières de la chevelure et de la barbe de Jésus. Des gens de bien ramassèrent en secret quelques-unes de ces mèches de cheveux et se retirèrent en les emportant ; mais plus tard ils ne les retrouvèrent plus. En outre toute cette canaille l'avait couvert de crachats, frappé à coups de poing, poussé avec des bâtons pointus et piqué avec des aiguilles. Maintenant ils se livrèrent sans contrainte à leur rage insensée. Ils lui plaçaient sur la tête des couronnes de paille et d'écorce d'arbre, qu'ils lui ôtaient ensuite en l'injuriant. Ils disaient : « Voici le fils de David avec la couronne de son père. Voici plus que Salomon. C'est le roi qui fait un repas de noces pour son fils ». C'est ainsi qu'ils se raillaient des vérités éternelles, présentées par lui en paraboles aux hommes qu'il venait sauver ; et ils ne cessaient, en disant ces choses, de le frapper avec leurs poings et leurs bâtons, et de lui cracher à la figure. Ils tressèrent de nouveau une couronne de grosse paille de froment qu'ils lui mirent sur la tête par-dessus une espèce de bonnet assez semblable à la mitre de nos évêques, après lui avoir ôté sa robe. Il ne lui restait plus que le linge qu'il avait autour des reins avec un scapulaire qui lui couvrait le dos et la poitrine. Ils lui arrachèrent encore ce scapulaire qui ne lui fut plus rendu, et jetèrent sur ses épaules un vieux manteau en lambeaux dont le devant lui venait à peine aux genoux. Ils lui mirent autour du cou une longue chaîne de fer, qui lui descendait comme une étole, des épaules sur la poitrine et pendait jusqu'aux genoux. Elle était terminée par deux lourds anneaux avec des pointes qui lui ensanglantaient les genoux quand il marchait et quand il tombait. Ils lui lièrent de nouveau les mains sur la poitrine, y placèrent un roseau, et couvrirent son divin visage de leurs crachats. Ils avaient versé toute espèce d'immondices sur sa chevelure, ils en avaient souillé sa poitrine et la partie supérieure de son manteau de dérision. Ils lui bandèrent les yeux avec un dégoûtant lambeau d'étoffe, et ils le frappèrent, lui disant : « Grand prophète, dis-nous qui t'a frappé ? » Pour lui, il ne parlait pas, priait intérieurement pour eux et soupirait. L'ayant mis en cet état, ils le traînèrent avec la chaîne dans la salle où le conseil s'était retiré. «En avant le roi de paille », s'écrièrent-ils en lui donnant des coups de pied et en le frappant de leurs bâtons noueux ; il doit se montrer au conseil avec les marques de respect qu'il a reçues de nous ». Quand ils entrèrent, ce fut un redoublement d'ignobles railleries et d'allusions sacrilèges aux choses les plus saintes. Ainsi, quand ils crachaient sur lui et lui jetaient de la boue : « Voilà ton onction de roi, ton onction de prophète », disaient-ils, tournant en ridicule l'onction de Madeleine et le baptême, et encore : « Comment peux-tu te montrer en pareil état devant le grand conseil ? Tu veux toujours purifier les autres et tu n'es pas pur toi-même : mais nous allons te nettoyer ». Alors ils prirent un vase plein d'eau sale et infecte dans laquelle se trouvait un affreux torchon, puis, avec des coups, des huées et des injures entremêlées de compliments et de salutations dérisoires, les uns lui tirant la langue, d'autres lui tournant le dos dans des postures indécentes, ils lui promenèrent ce torchon sur je visage et sur les épaules, faisant semblant de l'essuyer et le souillant plus ignominieusement qu'auparavant. Ils finirent par lui verser sur la figure toutes les immondices contenues dans le bassin, lui disant d'un ton moqueur : « Voici ton onction précieuse, ton eau de nard du prix de trente deniers : c'est ton baptême de la piscine de Bethsaïda ». (
Mt 26,67-68 Mc 14,65)

Cette dernière moquerie indiquait, sans qu'ils en eussent l'intention, la ressemblance de Jésus avec l'Agneau pascal ; car les victimes d'aujourd'hui étaient d'abord lavées dans l'étang voisin de la porte des Brebis ; puis on les menait à la piscine de Bethsaida où elles recevraient une aspersion cérémonielle avant d'être sacrifiées dans le Temple. Pour eux, ils faisaient allusion au malade de trente-huit ans guéri par Jésus près de la piscine de Bethsaïda ; car je vis cet homme lavé ou baptisé en ce lieu : je dis lavé ou baptisé, parce que cette circonstance n'est pas bien présente à mon esprit.

Après cela, sans cesser de le frapper et de l'insulter, ils traînèrent Jésus autour de la salle devant les membres du conseil qui lui prodiguaient de leur côté les sarcasmes et les insultes. Je vis que tout était plein de figures diaboliques, c'était quelque chose de ténébreux, de désordonné, d'effrayant. Mais je vis souvent une lueur resplendir autour de Jésus depuis qu'il avait dit qu'il était le Fils de Dieu. Plusieurs des assistants semblaient en avoir une perception, plus ou moins confuse ; du moins ils sentaient avec inquiétude que toutes les ignominies, toutes les insultes ne pouvaient lui faire perdre son inexprimable majesté. La lumière qui environnait Jésus ne paraissait avoir d'autre effet sur ses aveugles ennemis que de redoubler leur rage. Quant à moi, sa gloire m'apparut si éclatante que je ne pus m'empêcher de penser que, s'ils lui avaient voilé le visage, c'était uniquement parce que le grand prêtre ne pouvait plus supporter le regard de Jésus, depuis qu'il avait dit : « Je le suis. »




210. RENIEMENT DE PIERRE

210
Lorsque Jésus eut dit : « Je le suis » ; lorsque Caïphe déchira ses habits et que le cri: « il est digne de mort » ! se fit entendre au milieu du plus horrible tumulte, lorsque le ciel se fut ouvert au-dessus de Jésus, que l'enfer eut déchaîné sa rage et les tombeaux rendu les esprits qui y étaient emprisonnés, lorsque tout fut rempli d'angoisses et de terreur, Pierre et Jean, qui avaient cruellement souffert de l'affreux spectacle qu'il leur avait fallu contempler dans le silence et l'inaction, sans même proférer une plainte, n'eurent pas la force de rester là plus longtemps. Jean alla rejoindre la mère de Jésus, qui se trouvait avec les saintes femmes dans la demeure de Marthe, non loin de la porte de l'Angle, où Lazare possédait une grande et belle maison. Pierre aimait trop Jésus pour le quitter. Il pouvait à peine se contenir et pleurait amèrement, s'efforçant de cacher ses larmes : ne voulant pas rester dans la salle du tribunal où il se serait trahi, il vint dans le vestibule auprès du feu, où des soldats et des gens du peuple se pressaient, tenant d'horribles et dégoûtants propos sur Jésus et racontant les scènes auxquelles ils venaient de prendre part. Pierre gardait le silence, mais ce silence même et son air de tristesse le rendaient suspect. La portière s'approcha du feu : comme on parlait de Jésus et de ses disciples, elle regarda Pierre d'un air effronté et lui dit : « Tu es aussi un des disciples du Galiléen » (
Mt 26,69 Mc 14,66-67 Lc 22,56 Jn 18,25). Pierre, troublé, inquiet, craignant d'être maltraité par ces gens grossiers, répondit : « Femme, je ne le connais pas ; je ne sais ce que tu veux dire ». Alors il se leva, et, cherchant à se délivrer de cette compagnie, il sortit du vestibule (Mt 26,71 Mc 14,68); c'était le moment où le coq chantait devant la ville. Je ne me souviens pas de l'avoir entendu mais j'en eux le sentiment (Mc 14,68). Comme il sortait, une autre servante le regarda, et dit à ceux qui étaient prés d'elle : « Celui-ci était aussi avec Jésus de Nazareth !î ; et les assistants dirent également : « N'étais-tu pas un de ses disciples » ? Pierre, effrayé, fit des protestations et s'écria : « En vérité, je n'étais pas son disciple ; je ne connais pas cet homme » (Mt 26,71-72 Mc 14,69-70 Lc 22,58).

Il traversa la première cour et vint dans la cour extérieure, parce qu'il voyait des personnes de sa connaissance qui regardaient par-dessus le mur et qu'il voulait avertir. Il pleurait, et son anxiété et sa tristesse au sujet de Jésus étaient si grandes, qu'il se souvenait à peine de ce qu'il venait de dire. Il y avait beaucoup de gens dans la cour extérieure, parmi lesquels des amis de Jésus. On ne les laissa pas entrer, mais on laissa sortir Pierre. Quelques-uns grimpaient sur les murs pour entendre ce qui se disait. Pierre trouva là un certain nombre de disciples de Jésus que l'inquiétude avait chassés hors des cavernes du mont Hinnom. Ils vinrent vers Pierre et lui firent des questions, mais il était si troublé, qu'il leur conseilla en peu de mots de se retirer, parce qu'il y avait du danger pour eux. Il s’éloigna d'eux aussitôt, errant tristement de côté et d'autre et ils sortirent pour regagner leurs retraites. Ils étaient environ seize, parmi lesquels Barthélémy, Nathanael, Saturnin, Judas Barsabas, Siméon, qui devint évêque de Jérusalem, Zachée et Manahem, le jeune homme prophétique, l'aveugle-né guéri par Jésus (1).



(1) La soeur vit la guérison de Manahem, dont il est ici question, dans ses méditations du vendredi il octobre 1822 . Elle eut lieu, selon elle, vers le 20 du mois de Tisri de la seconde année de la vie publique de Jésus, dans une petite ville située à une lieue et demie du sud-est de Silo, où Jésus célébrait le sabbat.



Pierre ne pouvait trouver de repos, et son amour pour Jésus le poussa de nouveau dans la cour intérieure qui entourait la maison. On l'y laissa rentrer parce que Joseph d'Arimathie et Nicodème l'y avaient introduit au commencement. Il ne revint pas dans le vestibule, mais il tourna à droite et s'en vint à l'entrée de la salle ronde placée derrière le tribunal, où la canaille promenait Jésus au milieu des huées. Pierre s'approcha timidement, et quoiqu'il vit bien qu'on l'observait comme un homme suspect, son inquiétude le poussa au milieu de la foule qui se pressait à la porte pour regarder. On traînait alors Jésus avec sa couronne de paille sur la tête ; il jeta sur Pierre un regard triste et presque sévère, et Pierre fut pénétré de douleur. Mais comme il n'avait pas surmonté sa frayeur, et qu'il entendait dire à quelques-uns des assistants : « Qu'est-ce que cet homme » ? il revint dans la cour, marchant d'un pas mal assuré, tant il était accablé de tristesse et d'inquiétude ; puis, comme on l'observait encore dans le vestibule, il s'approcha du feu et resta assis là quelque temps. Mais quelques personnes qui avaient remarqué son trouble se mirent à lui parler de Jésus en termes injurieux. L'une d'elles lui dit : « Vraiment tu es aussi de ses partisans ; tu es Galiléen et ton accent te fait reconnaître » (Mt 26,73 Mc 14,70 Lc 22,59). Comme Pierre voulait se retirer, un frère de Malchus vint à lui et lui dit : « N'est-ce pas toi que j'ai vu avec eux dans le jardin des Oliviers, et qui as blessé mon frère à l'oreille » ? (Jn 18,26)

Pierre, alors dans son anxiété, perdit presque l'usage de sa raison ; il se mit, avec la vivacité qui lui était propre, à taire des serments exécrables et à jurer qu'il ne connaissait pas cet homme ; puis il courut hors du vestibule dans la cour qui entourait la maison. Alors le coq chanta de nouveau (Mt 26,74 Mc 14,72 Lc 22,60 Jn 18,27), et Jésus, qu'on conduisait de la salle ronde à la prison à travers cette cour, se tourna vers Pierre, et lui adressa un regard plein de douleur et de compassion (Lc 22,61). Les paroles de Jésus : « Avant que le coq ne chante deux fois, tu me renieras trois fois », lui revinrent au coeur avec une force terrible. Il avait oublié la promesse faite à son maître de mourir plutôt que de le renier et le menaçant avertissement qu'elle lui avait attiré ; mais lorsque Jésus le regarda, il sentit combien sa faute était énorme et son coeur en fut déchiré. Il avait renié son maître au moment où celui-ci était couvert d'outrages, livré à des juges iniques, patient et silencieux au milieu des tourments : pénétré de repentir et comme hors de lui, il vint dans la cour extérieure, la tête voilée et pleurant amèrement (Mt 26,75 Mc 14,72 Lc 22,61-62). Il ne craignait plus qu'on l'interpellât : maintenant il aurait dit à tout le monde qui il était et combien il était coupable.

Qui oserait dire qu'au milieu de pareils dangers, en proie à de telles angoisses et à un tel trouble, livré à une lutte si violente entre l'amour et la crainte, accablé de fatigues inouïes et d'une douleur capable de faire perdre la raison, avec la nature ardente et naïve de Pierre il eut été plus fort que lui ? Le Seigneur l'abandonna à sa propre force, et il fut faible comme sont tous ceux qui oublient cette parole : « Veillez et priez pour ne pas tomber en tentation ».




211. MARIE DANS LA MAISON DE CAIPHE

211
La sainte Vierge était constamment en rapport spirituel avec Jésus, elle savait tout ce qui lui arrivait et souffrait avec lui. Elle était comme lui en prière continuelle pour ses bourreaux. Mais son coeur maternel criait aussi vers Dieu pour qu'il ne laissât pas ce crime s'achever, pour qu'il voulût détourner ces douleurs de son très saint Fils, et elle avait un désir irrésistible de se rapprocher de Jésus. Lorsque Jean, après avoir entendu l'horrible cri : « Il est digne de mort », fut venu la trouver dans la maison de Lazare, située près de la porte de l'Angle, et lui eut raconté l'horrible spectacle auquel il avait assisté, elle demanda ainsi que Madeleine et quelques-unes des saintes femmes, à être menée prés du lieu où Jésus souffrait. Jean, qui n'avait quitté son divin maître que pour consoler celle qui était le plus près de son coeur après lui, conduisit les saintes femmes à travers les rues éclairées par la lune, et où l'on voyait beaucoup de gens qui retournaient chez eux. Elles marchaient voilées, mais leurs sanglots qu'elles ne pouvaient étouffer attirèrent sur elles l'attention de plusieurs groupes, et elles eurent à entendre bien des paroles injurieuses contre le Sauveur. La mère de Jésus contemplait intérieurement le supplice de son Fils et conservait cela dans son coeur comme tout le reste, elle souffrait en silence comme lui, et plus d'une fois elle tomba évanouie. Comme elle était ainsi sans connaissance dans les bras des saintes femmes, sous une des portes de la ville intérieure, quelques gens bien intentionnés qui revenaient de chez Caïphe la reconnurent, et s'arrêtant un instant avec une compassion sincère, la saluèrent de ces paroles : « O malheureuse Mère, ô déplorable Mère, ô Mère riche en douleurs du Saint d'Israël » ! Marie revint à elle et les remercia cordialement ; puis elle continua son triste chemin.

Comme elles approchaient de la maison de Caïphe, elles passèrent du côté opposé à l'entrée où il n'y a qu'un seul mur, tandis que du côté de l'entrée, on traverse deux cours et elles rencontrèrent là une nouvelle douleur, car il leur fallut passer par un endroit où l'on travaillait à la croix du Christ sous une tente éclairée par des torches. Les ennemis de Jésus avaient ordonné de préparer une croix pour lui dès qu'on se serait emparé de sa personne, afin d'exécuter le jugement aussitôt qu'il aurait été rendu par Pilate ; car ils voulaient mener le Sauveur devant celui-ci de très bonne heure, et ne prévoyaient pas que cela dût durer si longtemps. Les Romains avaient déjà préparé les croix des deux larrons. Les ouvriers maudissaient Jésus pour qui il leur fallait travailler la nuit ; et leurs paroles allèrent percer le coeur de sa mère déjà percé de mille douleurs. Elle pria toutefois pour ces aveugles qui préparaient avec des malédictions l'instrument de leur rédemption et du supplice de son Fils.

Arrivée dans la cour extérieure, après avoir fait le tour de la maison, Marie, accompagnée des saintes femmes et de Jean, traversa cette cour et s'arrêta à l'entrée de la cour suivante : mais son âme, livrée à des douleurs indicibles était auprès de Jésus. Elle désirait vivement que la porte lui fût ouverte, car elle sentait que cette porte seule la séparait de son Fils, lequel, au second chant du coq, avait été conduit dans le cachot placé sous la maison. La porte s'ouvrit, et Pierre, précédant plusieurs autres personnes qui sortaient, se précipita au dehors les mains étendues en avant, la tête voilée, et pleurant amèrement. Il reconnut Jean et la sainte Vierge à la lueur des torches et de la lune : ce fut comme si sa conscience réveillée par le regard du fils se présentait maintenant à lui dans la personne de la mère. Marie lui dit : « Simon, que devient Jésus mon fils » ? Et ces paroles retentirent jusqu'au fond de son âme. Il ne put supporter son regard et se détourna en tordant ses mains : mais Marie alla à lui et lui dit avec une profonde tristesse : « Simon, fils de Jean, tu ne me réponds pas » ? Alors Pierre s'écria en gémissant : « O mère, ne me parlez pas ; ils l'ont condamné à mort, et je l'ai honteusement renié trois fois ». Jean s'approcha pour lui parler ; mais Pierre, comme hors de lui-même, s'enfuit de la cour, et gagna cette caverne du mont des Oliviers où les mains de Jésus priant s'étaient imprimées dans la pierre. Je crois que c'est dans cette même caverne qu'alla pleurer notre père Adam, lorsqu'il vint sur la terre chargée de la malédiction divine.

La sainte Vierge, le coeur déchiré de cette nouvelle douleur de son fils renié par le disciple même qui l'avait reconnu le premier comme fils du Dieu vivant, tomba prés de la porte sur la pierre où elle se tenait, et les traces de sa main ou de son pied s'y imprimèrent. Cette pierre existe encore, mais je ne me rappelle plus où. Je l'ai vue quelque part. Or les portes des cours restaient ouvertes à cause de la foule qui se retirait après l'emprisonnement de Jésus, et quand la sainte Vierge fut revenue à elle, elle désira se rapprocher de son fils bien-aimé. Jean la conduisit ainsi que les saintes femmes devant le lieu ou le Seigneur était renfermé. Elle était en esprit avec Jésus, et Jésus était avec elle ; mais cette tendre mère voulait entendre de ses oreilles les soupirs de son fils : elle les entendit et aussi les injures de ceux qui l'entouraient. Les saintes femmes ne pouvaient s'arrêter longtemps là sans être remarquée : Madeleine montrait un désespoir trop extérieur et trop violent, et quoique la sainte Vierge au plus fort de la douleur conservât une dignité et une décence merveilleuses, elle eut pourtant à entendre ces cruelles paroles : « N'est-ce pas la mère du Galiléen ? son fils sera certainement crucifié mais pas avant la fête, à moins que ce ne soit le plus grand des scélérats ». Elle s'éloigna alors et, poussée par une inspiration intérieure, alla jusqu'au foyer, dans le vestibule où se trouvait encore un reste de populace. Les saintes femmes la suivaient dans un même silence. A l'endroit où Jésus avait dit qu'il était le Fils de Dieu et où les fils de Satan avaient crié : « Il est digne de mort », elle perdit encore connaissance, et Jean et les saintes femmes l'emportèrent plus semblable à une morte qu'à une vivante. La populace ne dit rien et resta dans le silence et l'étonnement : c'était comme si un esprit céleste eût traversé l'enfer.

On repassa à l'endroit où se préparait la croix. Les ouvriers ne pouvaient pas plus la terminer que les juges ne pouvaient s'accorder sur la sentence. Il leur fallait sans cosse apporter d'autre bois, parce que telle ou telle pièce n'allait pas ou se fendait, jusqu'à ce que les différentes espèces de bois fussent combinées de la manière que Dieu voulait. J'eus diverses visions à ce sujet. Je vis que les anges les forçaient à recommencer jusqu'à ce que la chose fût faite selon ce qui était marqué ; mais je n'ai pas un souvenir très distinct de cette vision.




212. JESUS DANS LA PRISON

212
Jésus était enfermé dans un petit cachot voûté dont une partie subsiste encore. Deux des quatre archers seulement restèrent prés de lui, mais ils se firent bientôt remplacer par d'autres. On ne lui avait pas encore rendu ses habits : il était vêtu seulement du vieux manteau couvert de crachats qu'on lui avait mis par dérision : ses mains avaient été liées de nouveau.

Lorsque le Sauveur entra dans la prison, il pria son Père céleste de vouloir bien accepter tous les mauvais traitements qu'il avait eux à souffrir et qu'il allait souffrir encore, comme un sacrifice expiatoire pour ses bourreaux et pour tous les hommes qui, livrés à des tourments du même genre, se rendraient coupables d'impatience et de colère. Du reste ses bourreaux ne lui laissèrent pas même ici un instant de repos. Ils l'attachèrent au milieu de la prison à un pilier et ne lui permirent pas de s'appuyer, de sorte qu'il avait peine à se tenir sur ses pieds fatigués, meurtris et gonflés. Ils ne cessèrent pas de l'insulter et de le tourmenter, et quand les deux archers chargés de le garder étaient las, ils étaient remplacés par deux autres qui imaginaient de nouvelles cruautés.

Je ne puis raconter tout ce que ces méchants hommes firent souffrir au Saint des saints : je suis trop malade, et j'étais presque mourante à cette vue. Ah ! combien il est honteux pour nous que notre mollesse ne puisse dire ou entendre sans dégoût et sans répugnance le récit des innombrables outrages que le Rédempteur a souffert patiemment pour notre salut. Nous sommes saisis d'une horreur comparable à celle du meurtrier forcé de poser la main sur les blessures de sa victime. Jésus souffrit tout sans ouvrir la bouche ; et c'étaient les hommes, les pécheurs qui exerçaient leur rage sur leur frère, leur Rédempteur, leur Dieu. Je suis aussi une pauvre pécheresse, et c'est à cause de moi aussi que tout cela s'est fait. Au jour du jugement où tout sera manifesté, nous verrons tous quelle part nous avons prise au supplice du Fils de Dieu par les péchés que nous ne cessons de commettre et qui sont une sorte de consentement et de participation aux mauvais traitements que ces misérables firent éprouver à Jésus. Ah ! si nous réfléchissions, nous répéterions bien plus sérieusement ces paroles qui se trouvent dans bien des livres de prières : « Seigneur, faites-moi mourir plutôt que de permettre que je vous offense encore par le péché. »

Jésus dans sa prison priait incessamment pour ses bourreaux ; et comme à la fin, accablés de fatigue, ils lui laissèrent un instant de repos, je le vis appuyé au piller et tout entouré de lumière. Le jour commençait à poindre, le jour de sa Passion, le jour de notre rédemption, et un rayon arrivait en tremblant, par le soupirait du cachot, jusque sur notre saint Agneau pascal tout meurtri qui a pris sur lui tous les péchés du monde. Jésus leva ses mains enchaînées vers la lumière naissante, et pria son Père à haute voix, le remerciant de la manière la plus touchante pour le don de ce jour que les patriarches avaient tant désiré, après lequel lui-même avait soupiré avec tant d'ardeur, depuis son arrivée sur la terre, qu'il avait dit à ses disciples : « Je dois être baptisé d'un autre baptême et je suis dans l'impatience jusqu'à ce qu'il s'accomplisse ». Combien étaient touchantes ses actions de grâces pour l'arrivée de ce jour qui devait procurer notre salut, le but de sa vie, ouvrir le ciel, vaincre l'enfer, faire jaillir sur les hommes la source des bénédictions et accomplir la volonté de son Père. J'ai prié avec lui, mais je ne puis rendre sa prière, tant j'étais accablée et malade : lorsqu'il remerciait pour ces horribles souffrances qu'il subissait aussi pour moi, je ne pouvais que dire et redire : « Ah ! donnez-moi vos douleurs ; elles m'appartiennent, elles sont le prix de mes péchés ». Il saluait le jour avec une action de grâce si touchante que j'étais comme anéantie d'amour et de pitié, et que je répétais chacune de ses paroles comme un enfant. C'était un spectacle indiciblement triste, attendrissant et imposant de voir Jésus, entouré de lumière, accueillir ainsi le premier rayon du grand jour de son sacrifice. On eut dit que ce rayon venait à lui comme un juge qui vient visiter un condamné dans sa prison pour se réconcilier avec lui avant l'exécution. Les archers qui semblaient s'être assoupis un instant se réveillèrent et le regardèrent avec surprise, mais ils ne le troublèrent pas. Ils avaient l'air étonné et effrayé. Jésus resta un peu plus d'une heure dans cette prison.

Pendant que Jésus était dans le cachot, Judas qui jusque-là avait erré comme un désespéré dans la vallée de Hinnom, se rapprocha du tribunal de Caïphe. Il se glissa près de cet édifice, ayant encore pendues à sa ceinture les trente pièces d'argent, prix de sa trahison. Tout était rentré dans le silence, et il demanda aux gardes de la maison, sans se faire connaître d'eux, ce qui adviendrait du Galiléen. « Il a été condamné à mort », dirent-ils, « et il sera crucifié » ; il entendit d'autres personnes parler entre elles des cruautés exercées sur Jésus, de sa patience, du jugement solennel qui devait avoir lieu au point du jour devant le grand conseil. Pendant que le traître recueillait çà et là ces nouvelles, le jour parut, et on commença à faire divers préparatifs dans le tribunal. Judas se retira derrière le bâtiment pour ne pas être vu : car il fuyait les hommes comme Caïn, et le désespoir s'emparait de plus en plus de son âme. Mais quel spectacle s'offrit à sa vue. L'endroit où il s'était réfugié était celui où l'on avait travaillé à la croix : les différentes pièces dont elle devait se composer étaient rangées en ordre, et les ouvriers dormaient à côté. Le ciel blanchissait au-dessus de la montagne des Oliviers : il semblait voir avec terreur l'instrument de notre rédemption. Judas tressaillit et s'enfuit : il avait vu le gibet auquel il avait vendu le Seigneur. Il se cacha dans les environs, attendant la conclusion du jugement du matin.




213. JUGEMENT DU MATIN

213
Au point du jour, Caïphe, Anne, les Anciens et les Scribes se rassemblèrent de nouveau dans la grande salle du tribunal pour rendre un jugement tout à fait régulier : car il n'était pas conforme à la loi qu'on jugeât la nuit, et il pouvait y avoir seulement une instruction préparatoire, à cause de l'urgence (
Mt 27,1 Mc 15,1 Lc 22,66). La plupart des membres avaient passé le reste de la nuit dans la maison de Caïphe, où on leur avait préparé des lits de repos. Plusieurs, comme Nicodème et Joseph d'Arimathie, vinrent au point du jour. L'assemblée était nombreuse et il y avait dans toutes ses allures beaucoup de précipitation. Comme on voulait condamner Jésus à mort, Nicodème, Joseph et quelques autres tinrent tête à ses ennemis, et demandèrent qu'on différât le jugement jusqu'après la fête, de peur qu'il ne survint des troubles à cette occasion ; ils ajoutèrent qu'on ne pouvait point asseoir un jugement sur les griefs portés devant le tribunal, puisque tous les témoins s'étaient contredits. Les Princes des prêtres et leurs adhérents s'irritèrent et firent entendre clairement à ceux qui les contrariaient qu'étant soupçonnés eux-mêmes d'être favorables à la doctrine du Galiléen, ce jugement ne leur déplaisait tant que parce qu'il les atteignait aussi. Ils allèrent jusqu'à vouloir exclure du conseil tous ceux qui étaient favorables à Jésus ; ceux-ci de leur côté protestèrent qu'ils ne prenaient aucune part à tout ce qui pourrait être décidé, quittèrent la salle et se retirèrent dans le Temple.

Caïphe ordonna d'amener Jésus devant ses juges et de se préparer à le conduire vers Pilate immédiatement après le jugement. Les archers se précipitèrent en tumulte dans la prison, délièrent les mains de Jésus en l'accablant d'injures, lui arrachèrent le vieux manteau dont ils l'avaient revêtu, le forcèrent à coups de poing à remettre sa longue robe encore toute couverte des ordures qu'ils y avaient jetées, lui attachèrent de nouveau des cordes au milieu du corps et le conduisirent hors de la prison. Tout cela se fit précipitamment et avec une horrible brutalité. Jésus fut conduit à travers les soldats déjà rassemblés devant la maison, et quand il parut à leurs yeux, semblable à une victime qu'on mène au sacrifice, horriblement défiguré par les mauvais traitements, vêtu seulement de sa robe toute souillée, le dégoût leur inspira de nouvelles cruautés ; car la pitié ne trouvait point de place dans ces Juifs au coeur dur.

Caïphe, plein de rage contre Jésus qui se présentait devant lui dans un état si déplorable, lui dit : « Si tu es l'oint du Seigneur, le Messie, dis-le-nous. » Jésus leva la tête et dit avec une sainte patience et une gravité solennelle : « Si je vous le dis, vous ne me croirez pas ; et si je vous interroge, vous ne me répondrez pas, ni ne me laisserez aller ; mais désormais le Fils de l'homme sera assis à la droite de la puissance de Dieu » (Lc 22,67-69). Ils se regardèrent entre eux et dirent à Jésus avec un rire dédaigneux : « Tu es donc le Fus de Dieu » ? Et Jésus répondit avec la voix de la vérité éternelle : « Vous le dites, je le suis ». A cette parole, ils crièrent tous : « Qu'avons-nous besoin de preuves ? Nous venons de l'entendre de sa propre bouche » (Lc 22,70-71).

En même temps il prodiguaient les termes de mépris à Jésus, ce misérable, ce vagabond, ce mendiant de basse extraction qui voulait être leur Messie et s'asseoir à la droite de Dieu. Ils ordonnèrent aux archers de le lier de nouveau, et lui firent mettre une chaîne autour du cou, ainsi qu'on le faisait aux condamnés à mort, afin de le conduire à Pilate. Ils avaient déjà envoyé un messager à celui pour le prier de se tenir prêt à juger un criminel, parce qu'ils devaient se hâter à cause de leur fête. Ils parlaient entre eux avec dépit de ce qu'il leur fallait aller d'abord vers le gouverneur romain ; car, quand il s'agissait de quelque chose de plus que de leurs lois religieuses et de la police du Temple, ils ne pouvaient rendre exécutoire une sentence de mort sans son concours. Or, pour donner à la condamnation de Jésus une plus grande apparence de justice, ils voulaient le faire juger aussi comme coupable envers l'empereur, et c'est sous ce rapport que la chose était principalement du ressort de Pilate. Les soldats étaient déjà rangés devant la maison ; il y avait en outre beaucoup d'ennemis de Jésus et de populace. Les Princes des prêtres et une partie du conseil allaient en avant, puis venait le Sauveur mené par les archers et entouré de soldats ; la populace fermait la marche. C'est dans cet ordre qu'ils descendirent de Sion dans la partie inférieure de la ville, se dirigeant vers le palais de Pilate. Une partie des prêtres qui avaient assisté au conseil se rendit au Temple, où ils avaient à s'occuper des cérémonies du jour.




214. DESESPOIR DE JUDAS

214
Pendant qu'on conduisait Jésus à Pilate, le traître Judas qui ne s'était pas beaucoup éloigné, entendait ce qui se disait dans la foule, et son oreille était frappée de paroles semblables à celles-ci : « On le conduit à Pilate ; le grand Conseil a condamné le Galiléen à mort, il doit être crucifié, on ne le laissera pas en vie, on l'a déjà terriblement maltraité, il est d'une patience qui confond ; il ne répond rien, il a dit seulement qu'il était le Messie et qu'il siégerait à la droite de Dieu ; c'est pourquoi on le crucifiera : s'il n'avait pas dit cela, on n'aurait pas pu le condamner à mort. Le coquin qui l'a vendu était son disciple, et avait, peu de temps avant, mangé l'agneau pascal avec lui : je ne voudrais pas avoir pris part à cette action ; que le Galiléen soit ce qu'il voudra, au moins n'a-t-il pas livré son ami à la mort pour de l'argent ; vraiment ce misérable mériterait aussi la potence ». Alors l'angoisse, le remords trop tardif et le désespoir luttaient dans l'âme de Judas. Satan le poussa à s'enfuir en courant. Le faisceau des trente pièces d'argent, suspendu à sa ceinture, était pour lui comme un éperon de l'enfer, il le prit dans sa main pour l'empêcher de le frapper ainsi dans sa course, il courait en toute hâte, non pas après le cortège pour se jeter aux pieds de Jésus et demander son pardon au Rédempteur miséricordieux, non pour mourir avec lui, non pour confesser, plein de repentir, sa faute devant Dieu, mais pour rejeter loin de lui, en face des hommes, son crime et le prix de sa trahison. Il courut comme un insensé jusque dans le Temple où plusieurs membres du conseil s'étaient rendus après le jugement de Jésus. Ils le regardèrent avec étonnement ; puis, avec un sourire de mépris, ils fixèrent leurs regards hautains sur Judas qui tout hors de lui, arracha de sa ceinture les trente pièces d'argent, et, les leur présentant de la main droite, dit dans un violent désespoir : « reprenez votre argent avec lequel vous m'avez entraîné à vous livrer le juste : reprenez votre argent, délivrez Jésus, je romps notre pacte : j'ai péché grièvement, car j'ai livré le sang innocent ». Mais les prêtres lui témoignèrent tout leur mépris : ils retirèrent leurs mains de l'argent qu'il leur tendait, comme pour ne pas se souille : en touchant la récompense du traître, et lui dirent : « Que nous importe que tu aies péché ! si tu crois avoir vendu le sang innocent, c'est ton affaire : nous savons ce que nous avons acheté, et nous l'avons trouvé digne de mort. Tu as ton argent : nous ne voulons plus en entendre parler, etc ». (
Mt 27,3-4) ; Ils lui tinrent ces discours du ton qu'on prend quand on veut se débarrasser d'un importun, et ils s’éloignèrent de lui. A ces paroles, Judas fut saisi d’une telle rage et d'un tel désespoir qu'il était comme hors de lui : ses cheveux se dressaient sur sa tête : il déchira à deux mains la ceinture où étaient les pièces d'argent, les jeta dans le Temple et s'enfuit hors de la ville.

Je le vis de nouveau courir comme un insensé dans la vallée d'Hinnom : Satan sous une forme horrible était à ses côtés, et lui soufflait à l'oreille, pour le porter au désespoir, toutes les malédictions des prophètes sur cette vallée où les Juifs autrefois avaient sacrifié leurs enfants aux idoles. Il semblait que toutes ces paroles le montrassent au doigt, comme par exemple : « ils sortiront et verront le cadavre de ceux qui ont péché envers moi, dont le ver ne mourra point, dont le feu ne s'éteindra pas. » Puis il répétait à ses oreilles : « Caïn, où est Abel, ton frère ? Qu'as-tu fait ? son sang crie vers moi, tu es maintenant maudit sur la terre, errant et fugitif. » Lorsqu'il arriva au torrent de Cédron, et vit le mont des Oliviers, il frissonna, détourna les veux, et entendit de nouveau ces paroles : « Mon ami, qu'es-tu venu faire ? Judas, tu trahis le Fils de l'homme par un baiser ! » Il fut pénétré d'horreur jusqu'au fond de l'âme, sa raison commença à s'égarer, et l'ennemi lui souffla à l'oreille : « C'est ici que David a passé le Cédron, fuyant devant Absalon : Absalon mourut pendu à un arbre ; David a parlé de toi lorsqu'il a dit : « Ils m'ont rendu le mal pour le bien, la haine pour l'amour. Que Satan soit toujours à sa droite ; lorsqu'on le jugera, qu'il soit condamné : que ses jours soient abrégés, et qu'un autre reçoive son épiscopat. Le Seigneur se souviendra de l'iniquité de ses pères et le péché de sa mère ne sera pas effacé, parce qu'il a poursuivi le pauvre sans miséricorde, qu'il a livré à la mort l'affligé. Il a aimé la malédiction : elle viendra sur lui ; il s'est revêtu de la malédiction comme d'un vêtement, elle a pénétré comme l'eau dans ses entrailles, comme l'huile dans ses os ; elle est autour de lui comme un vêtement, comme une ceinture dont il est toujours ceint ». Judas, livré à ces terribles pensées, arriva au sud-est de Jérusalem, au pied de la montagne des Scandales, en un lieu marécageux, plein de décombres et d'immondices, où personne ne pouvait le voir : le bruit de la ville arrivait de temps en temps jusqu'à lui avec plus de force, et Satan lui disait : « Maintenant on le mène à la mort, tu l'as vendu, sais-tu ce qu'il y a dans la loi : Celui qui aura vendu une âme parmi ses frères les enfants d'Israël, et qui en aura reçu le prix, doit mourir de mort. Finis-en, misérable, finis-en » ! Alors Judas, désespéré, prit sa ceinture et se pendit à un arbre qui croissait là dans un creux, sortant de la terre en plusieurs tiges (Mt 27,5) (1) : lors qu'il fut pendu, son corps creva et ses entrailles se répandirent sur la terre.



Note : La narratrice décrivit en outre la forme de cet arbre avec beaucoup de détails, mais elle était si malade et si faible qu'on ne put pas bien saisir ce qu'elle disait.




Brentano - Emmerich: Douloureuse Passion 208