Brentano: Visions de la Bse Emmerich - XI

XI

Le cercle des visions d'Anne Catherine ne serait pas complet, et il manquerait une condition essentielle à ce qu'elle souffre et à ce qu'elle fait pour expier et satisfaire, si sa sphère d'activité n'embrassait pas, avec toutes les époques de l'Eglise, toutes ses parties dans le monde entier, et si elle ne pouvait pas avoir devant les yeux toute leur hiérarchie et leurs divisions, et même individuellement les plus ignorés de ses membres nécessiteux, bien plus, si elle ne pouvait pas s'approcher d'eux et frayer avec eux. Cette intuition et cette action à distance n'est toutefois pas une clairvoyance dans le sens ordinaire du mot, mais elle a pour condition l'infusion de la lumière surnaturelle : elle est par conséquent l'oeuvre de la grâce comme ses visions historiques : car à la vue à distance, se lie toujours une action en vertu de laquelle Anne Catherine porte secours, prend des souffrances sur elle, satisfait à la justice divine, acquiert des mérites qui profitent à ceux avec lesquels elle est dans un rapport spirituel.
Toutes les douleurs du corps et de l'âme que l'homme peut avoir à endurer, tous les dangers qui menacent sa vie terrestre et temporelle, ou sa vie spirituelle et éternelle, sont montrés à Anne Catherine ; et cela non seulement dans leur généralité, mais dans des cas particuliers s'appliquant à des personnes déterminées, lesquelles, suivant l'ordre mystérieux établi par Dieu, doivent être secourues par l'intermédiaire de sa fidèle servante. Ainsi il y a dans les prisons, dans les hospices, dans les hôpitaux, dans les cabanes où s'abrite la misère, dans les maisons de correction, dans les bagnes et sur les navires des pirates, des pauvres et des malades auxquels elle vient en assistance. Ce sont encore des malheureux, délaissés et oubliés de tous, non seulement dans son pays et dans les pays voisins, mais en Russie, en Chine et dans les îles de l'Océan Pacifique ; dans les vallées les plus reculées de la Suisse, du Tyrol et de la Savoie, comme sur les montagnes de la haute Asie, que tantôt elle console, tantôt elle conduit à l'Eglise, et par là au salut éternel. Elle assiste des mourants, sauve des personnes en danger de mort, empêche des crimes, convertit des pécheurs, pousse à la confession et au repentir des criminels qui ont caché leurs péchés pendant de longues années ; mais surtout ce qui est l'objet incessant de ses contemplations et par là même de ses souffrances expiatoires et de ses peines sans nom, c'est tout le mal qui est fait à l'Eglise, soit par le pouvoir temporel ou par la haine et les attaques des incrédules, soit par le manque de conscience et la mondanité des prêtres et des pasteurs, ou par l'indifférence, la dissipation et l'abus des grâces. Elle va à l'encontre des menées secrètes des loges maçonniques, qu'elle voit comme la contrepartie de l'Eglise, avec toute leurs ramifications et toute leur histoire et qui ourdissent leurs trames comme les fils d'une toile d'araignée ; et d'autre part elle fait pénitence pour des fautes contre les rubriques commises dans la sainte messe, comme pour toute irrévérence envers le très saint Sacrement. Elle met obstacle à des vols sacrilèges et à des profanations d'églises, assiste à des assemblées ecclésiastiques pour empêcher au moins des mesures dictées par une fausse sagesse humaine et un sot pédantisme. Elle voit toutes les formes du culte rendu au monde, par lequel bien des prêtres aveuglés deviennent les serviteurs du prince des ténèbres, et voit dans des visions remplies de douleurs indicibles toute l'irrévérence et le mépris avec lequel ils traitent les choses les plus saintes et perdent toute espèce de grâces pour eux et pour leurs troupeaux. Elle souffre pour des séminaires et des communautés religieuses ; dans les dernières années du pontificat de Pie VII, elle fait journellement des voyages en esprit à Rome, pour consoler le Saint Père, l'éclairer et lui dévoiler les plans de l'impiété. Mais sa première vision de ce genre eut lieu dans sa onzième année lorsque Marie Antoinette, l'infortunée reine de France, lui fut montrée dans sa prison, afin qu'elle priât pour elle.
Si le lecteur trouve inconcevable et impossible à admettre ce don merveilleux, inouï, de vue et d'action à distance, et juge qu'on lui demande trop en voulant lui faire croire qu'Anne Catherine qui, pendant l'espace de douze ans, fut hors d'état de quitter son lit, parcourait, semblable à un ange gardien, toutes les parties de l'Eglise pour assister et sauver dans leur corps et dans leur âme un nombre infini de personnes, il éprouvera moins de répugnance à admettre une chose aussi extraordinaire, s'il veut bien se représenter sur quel fondement ce don reposait et de quelle manière celle qui en était favorisée était obligée de le mériter chaque fois comme de nouveau. C'était le plus pur, le plus saint amour de Dieu et du prochain qui, dès ses premières années remplissait avec une telle puissance le coeur d'Anne Catherine, que son unique désir était de procurer la gloire de Dieu et de souffrir pour les hommes ses frères. Elle était dès le principe douée d'un sentiment si élevé et si vivant du travail intérieur qui se fait dans tous les membres du corps de l'Eglise, elle comprenait d'une façon si pénétrante comment un membre peut opérer pour l'autre par la prière, par l'expiation, par la pénitence, que les misères du monde, des pécheurs, des affligés de toute espèce lui causaient la plus amère tristesse et qu'un désir insatiable la poussait continuellement à implorer Dieu pour toutes les nécessités du monde et à s'offrir à lui en sacrifice pour tous. Etant encore enfant, elle se refusait toute douceur et s'exerçait à toutes les mortifications corporelles ; en outre, quand elle voyait pleurer des enfants malades, elle demandait à Dieu de pouvoir prendre leurs souffrances, et ses prières étaient la plupart du temps instantanément exaucées. Mais si elle était témoin d'une offense faite à Dieu, cela lui allait au coeur encore plus profondément, et elle ne pouvait pas trouver de repos qu'elle ne l'eût réparée aussi bien qu'il lui était possible. Etant une fois aux champs avec d'autres enfants, elle vit que quelques uns d'entre eux se comportaient indécemment dans leurs jeux : cela lui inspira une telle horreur qu'elle se retira en toute bâte et se roula dans des orties pour punir ce péché sur elle même, elle à qui Dieu avait daigné accorder le rare privilège de ne jamais soupçonner le moins du monde, pendant tout le cours de sa vie, ce que c'était qu'une révolte des sens ou un désir charnel.
Toute sa manière d'être et tout son extérieur étaient un reflet de cet amour saint et naïf, et exerçaient sur tous ceux qui l'approchaient une influence secrète qui les faisait s'adresser à elle avec confiance pour être assistés. " Je ne sais pas d'où vient cela, disait elle un jour au pèlerin, mais déjà, quand j'étais jeune fille, tous ceux qui avaient un mal venaient à moi et me le montraient pour savoir ce que j'en pensais. Je suçais alors les blessures et je disais que cela ne me dégoûtait nullement (4), et que le mal se guérirait. Du reste il me venait souvent à l'esprit toute sorte de remèdes innocents. Au couvent une pauvre femme vint une fois me trouver : elle avait un doigt malade ; tout son bras était devenu noir, et le docteur K... l'avait grondée d'avoir laissé s'envenimer le mal au point de rendre nécessaire l'amputation du doigt. Cette femme était toute pâle, elle vint se plaindre à moi et pleurait beaucoup, me priant de lui venir en aide. Je priai pour elle et il me vint l'idée d'un remède. J'en fis part à la révérende mère qui me permit d'essayer de la guérir. Je pris de la sauge, de la myrrhe et de l'herbe de la sainte Vierge que je fis bouillir dans de l'eau avec un peu de vin blanc, j'y ajoutai de l'eau bénite et je fis un cataplasme pour le bras. Ce fut sans doute Dieu lui même qui m'inspira : car le jour suivant le bras était désenflé. Quand au doigt qui était encore très malade, je lui dis de le tremper dans de la cendre de lessive mêlée d'huile. L'abcès s'ouvrit, il en sortit une grosse épine et elle guérit complètement. "

Note 4 : C'est à dire qu'elle possédait la force de surmonter le dégoût pour l'amour de Dieu : car Anne Catherine, malgré son humble condition et sa pauvreté, avait un sentiment si extraordinairement délicat, touchant la pureté et la propreté extérieure, que tous ses sens se révoltaient quand il se trouvait près d'elle quelque chose de sale ou qui répandit une mauvaise odeur. Il devait donc lui être très pénible de sucer des plaies, mais sa charité surmontait tout.
Avec le don d'intuition, la sphère d'activité la plus étendue était départie à cette charité infatigable, qui ne reculait devant aucun sacrifice : « Dans mon enfance, dit elle, j'étais toujours absorbée en Dieu ; mon guide me menait prier devant des cavernes et des prisons, et quand il n'en résultait rien, je me couchais devant l'ouverture, je pleurais sans relâche et je criais vers Dieu les bras étendus. Je me suis toujours mortifiée pour les pauvres âmes, je me suis toujours recueillie ; et quand on disait ou qu'on faisait quelque chose de mal, je faisais une croix sur ma poitrine, comme ma mère me l'avait enseigné. J'étais intérieurement absente tout en me livrant à mes occupations, et j'avais toujours des visions, Quand j'allais aux champs ou ailleurs avec mes parents, je n'étais jamais sur la terre. Tout ici bas n'était pour moi qu'un rêve obscur et confus, c'était ailleurs qu'étaient la vérité et la clarté céleste, et il en est encore de même aujourd'hui. Oh ! combien j'ai eu de tentations à souffrir de la part du diable ! C'étaient des choses dont je n'avais aucune idée. Je voyais des noces et des orgies où on commettait les péchés les plus abominables, et j’implorais Dieu et il me retirait ces visions ». Dans une vision elle guérit ses parents malades ; d'autres fois elle assiste des gens à Alger ou à Siam ; elle voit des navires en détresse, des voyageurs en péril, et elle court à leur aide en priant. Pendant qu'elle porte secours dans un lieu, elle voit tout à coup dans un autre, même au delà de la mer, un danger encore plus imminent.
C'est pour elle comme si elle pouvait étendre la main jusque là, à atteindre en esprit et y faire sentir son assistance ; et dans le fait elle l'y fait sentir. Elle se retrouve plus tard au même endroit, voit comment elle a porté secours et si ceux qu'elle a sauvés, ranimes, consolés, profitent de l'assistance qu'ils ont reçue ou en conservent les fruits. En quoi consiste cette assistance donnée par sa prière dans l'état de contemplation, c'est ce dont le lecteur peut juger d'après la communication suivante :

" Quand je prie en général pour ceux qui souffrent, je fais ordinairement le Chemin de la Croix à Coesfeld et à chaque station de la Passion du Seigneur, je prie pour une nouvelle catégorie d'affligés, et il me vient alors des visions où les gens qui ont besoin de secours me sont montrés autour de moi, selon la position des lieux où ils se trouvent, car, de la station, je vois dans le lointain une scène à droite ou à gauche. Ainsi aujourd'hui (2 décembre 1818), je m'agenouillai à la première station et je priai pour ceux qui se préparaient à la confession pour la fête, afin que Dieu voulût bien leur accorder la grâce de se repentir sincèrement de leurs péchés et de ne rien passer sous silence. Alors je vis en différents endroits des gens prier dans leurs maisons ou aller de côté et d'autre pour leurs affaires ; je les vis aussi penser à leur conscience, je vis quel était l'état de leur coeur et je les excitais par ma prière à ne pas se rendormir dans le sommeil du péché. Je voyais les personnes au moment même où je priais. Je vis deux filles prier à genoux dans la même chambre, mais chacune de son côté à la deuxième station, je priai pour ceux auxquels leur mission et leur détresse ôtent le sommeil, afin que Dieu leur donnât consolation et espérance. Je vis alors dans plusieurs misérables huttes des gens qui se retournaient sur la paille en pensant qu'ils n'avaient rien à manger pour le lendemain. et je vis que ma prière leur procurait le sommeil. À la troisième station, je priai pour empêcher les contestations et les querelles, et je vis dans une maison de paysans un mari et sa femme qui se querellaient étant au lit et qui se donnaient méchamment de grands coups de coude. Ah ! Pensai je, cela fera une mauvaise nuit ! Alors je priai pour eux, ils s'apaisèrent, se pardonnèrent mutuellement et se donnèrent la main. A la quatrième station, je priai pour les voyageurs, afin qu'ils laissassent de côté toute pensée mondaine et allassent en esprit visiter à Bethléem le cher enfant Jésus ; je vis alors autour de moi, dans le lointain, plusieurs personnes voyageant dans diverses directions avec des fardeaux sur le des, et l'un d'eux était un curieux personnage qui allait devant lui comme un fou, avec les allures d'un paillasse ; il me semblait avoir trop bu et s'avançait en chancelant de côté et d'autre. Comme je priais pour lui, je le vis tomber tout de son long sur une pierre et dire : « C'est le diable qui a mis des pierres sur mon chemin. Mais aussitôt il se releva, ôta son chapeau et se mit à prier tout bas et à penser à Dieu. Je ne pus m'empêcher de rire à la cinquième station, je priai pour les prisonniers qui, dans leur désespoir, ne se souviennent pas du saint temps de l'Avent et qui sont privés de cette puissante consolation ; là aussi je fus consolée, etc. »
Voici une autre communication non moins instructive d'Anne Catherine, qui montrera au lecteur combien lui coûtait cher chaque secours qu'elle portait : " J'étais hier au soir si misérable et je désirais tant qu'on me retirât de mon lit, que je me croyais au moment de mourir ; et comme je ne recevais aucune assistance, j'offris ma peine à Dieu pour tous les malheureux et les délaissés qui languissaient sans secours, sans consolations et sans sacrements. J'étais complètement éveillée et je vis tout à coup autour de moi d'innombrables scènes de douleur, les unes tout près, les autres à de grandes distances, sur toute la surface de la terre ; c'étaient des gens délaissés, languissants, affamés, sans prêtres et sans sacrements, malades, égarés, mourants, captifs, dans des huttes, des cavernes, des cachots, sur des navires, dans le désert, même dans de grandes villes, etc. ; j'eus un ardent désir qu'ils fussent secourus et j'implorai Dieu à cet effet. Mais il me fut dit : " Tu ne peux pas obtenir cela gratuitement, il y faut du travail. "Sur quoi, m'y étant résignée, je me trouvai dans un état épouvantable. Je me vis fortement garrottée avec des cordes passées autour des bras, des jambes et du cou, et je fus alors si horriblement tirée dans tous les sens, que c'était comme si l'on m'eût arraché tous les membres et tous les nerfs. Mon cou serré m'étranglait, ma langue était toute raidie, les os de la poitrine se soulevaient convulsivement : j'étais à l'agonie à force de douleurs. Je vis pendant ce temps là le secours arriver à beaucoup, de ces malheureux, et pendant que j'étais dans cet état on refit mon lit. " Ces souffrances durèrent plusieurs jours ; elles allèrent même en augmentant. Anne Catherine fut formellement crucifiée. Le pèlerin la trouva ayant le cou et la langue tout gonflés, ce qui rendait horriblement douloureux les vomissements continuels auxquels elle était sujette. Aux scènes de malades succédèrent des visions relatives à l'Eglise, et Anne Catherine eut à souffrir pour les besoins et les misères de l'Eglise.

XII

Dans les deux cas qui viennent d'être mentionnés, l'intuition à distance eut pour point de départ une ardente prière pour le soulagement des douleurs d'autrui ; mais il arrivait d'autres fois qu'Anne Catherine passait avec sa clairvoyance d'une vision historique au présent immédiat, pour procurer à quelque affligé la grâce éternelle, inépuisable du mystère ou du mérite qu'elle avait contemplé dans la sainte vie du Sauveur sur la terre. Il y avait des cas fréquents où Anne Catherine était appelée par son guide et conduite par lui dans des lieux déterminés et à des personnes qui avaient besoin d'assistance. Comme, en outre, ainsi qu'on en a dit quelque chose plus haut, elle fut conduite en esprit et en corps aux saints lieux de la Palestine, pour ses visions historiques sur les années de prédication du Christ, il est nécessaire de dire quelque chose de plus spécial sur ces voyages extatiques Sur ce terrain mystérieux on peut prendre pour guide la bienheureuse Lidwine de Schiedam, car en ce point il y a une telle ressemblance entre elle et Anne Catherine, que des détails un peu étendus sur la première, serviront beaucoup à faire mieux comprendre l'autre.
La bienheureuse Lidwine ne fut favorisée de visions qu'à un âge plus mûr et après une période d'épreuves excessivement pénibles. Vers la fin de sa quinzième année, elle avait été renversée sur un tas de glaçons par une amie qui patinait et elle s'était brisé une côte. La conséquence immédiate de cette chute fut un apostème incurable qui la jeta sur un lit de douleur, duquel, sauf de rares exceptions dans les deux ou trois premières années, elle ne put plus se relever jusqu'à sa mort c'est à dire durant trente six ans. Quelques années se passèrent d'abord pendant lesquelles elle ne fit que gémir et se lamenter sur sa malheureuse situation, surtout que ses anciennes compagnes, qui jouissaient d'une santé florissante, venaient lui rendre visite. Mais enfin son confesseur parvint à la consoler en lui montrant comment elle pouvait arriver à une parfaite conformité à la volonté de Dieu en méditant sur la douloureuse Passion de notre Sauveur. Il la forma à cet exercice spirituel auquel, malgré les répugnances de la nature, elle s'appliqua avec une grande ardeur, divisant chaque jour ses méditations, suivant l'ordre des sept heures canoniques. Cela lui fit prendre tellement ses propres souffrances en affection qu'elle assurait que si elle pouvait obtenir sa guérison par une seule récitation de la Salutation angélique, elle ne le ferait pas et ne demanderait pas à être délivrée Le premier don qui lui fut accordé en récompense de sa fidélité fut le don des larmes et pendant quinze ans elle pleura amèrement sa première impatience : mais elle reçut aussi d'abondantes consolations intérieures qui s'accrurent en proportion de ses souffrances, lesquelles devinrent toujours plus extraordinaires ; huit ans se passèrent ainsi et ce ne fut qu'alors que se produisirent des visions et des extases dans lesquelles durant vingt quatre ans elle fut chaque nuit, pendant une heure au moins, conduite en différents lieux, tantôt dans le paradis et parmi les bienheureux, tantôt dans le purgatoire et dans l'enfer, et aussi dans la Terre Sainte, à Rome et tans d'autres endroits renommés par leurs sanctuaires, comme aussi dans différentes communautés religieuses, sur l'état spirituel desquelles elle reçut en général comme en particulier les informations les plus exactes.
Dans ces voyages extatiques, Lidwine était accompagnée de son guide spirituel, c'est à dire de son ange gardien, qui lui apparaissait toujours brillant d'une clarté merveilleuse et avec une croix sur le front, afin qu'elle ne pût pas être induite en erreur par l'ange de ténèbres. " Lorsqu'elle fut ravie pour la première fois, dit son biographe (5), cette inexprimable séparation, qui retirait son esprit de la sphère de la vie corporelle, lié causa une telle oppression dans le coeur et dans le corps, qu'elle perdit la respiration et crut qu'elle allait mourir : mais ensuite s'étant accoutumée aux ravissements, elle n'éprouva plus rien de semblable. Tout le temps qu'elle était ravie aux lieux dont il a été parlé, son corps restait couché dans son lit comme séparé de son âme et privé de sentiment. "
Le plus souvent, au début de ses voyages, l'ange prenant l'extatique par la main la conduisait d'abord dans l'Eglise de Schiedam, devant l'autel de la sainte Vierge, puis quand Lidwine y avait fait sa prière, il s'élançait avec elle vers l'orient Souvent le chemin passait à travers des prairies verdoyantes pleines de fleurs d'une odeur admirable, tellement que Lidwine hésitait à suivre le guide qui allait devant elle, de peur de briser sous ses pas les tiges de ces fleurs. Ce n'était qu'après avoir été avertie qu'il n'y avait rien de semblable à craindre, qu'elle se décidait à aller plus avant une fois il se trouva sur son chemin un fourré si haut et si épais, qu'elle ne pouvait pas passer au travers : cependant elle se trouva tout à coup transportée au delà par son guide, et le voyage continua sans obstacle.

Note 5 : Acta sanctorum. 14 aprilis, c. 5.

Le vénérable biographe de Lidwine rapporte en termes exprès que ces voyages n'avaient pas lien seulement en esprit, mais que souvent aussi il y avait ravissement corporel. Voici ce qu'il dit à ce sujet : "Quoique cette pieuse vierge, dans son état ordinaire, fût dans l'impossibilité de remuer le pied, elle acquérait de bien des façons la certitude qu'elle avait été ravie corporellement en divers lieux. Elle racontait que par la force de son élan spirituel, elle avait souvent été enlevée jusqu'au plafond de sa chambre avec son corps et la couche grossière sur laquelle elle reposait. Quelque fois aussi elle était ravie corporellement par un guide jusqu'en Terre Sainte, où elle visitait le Calvaire et d'autres lieux consacrés qu'elle couvrait de ses baisers et baignait de ses larmes. Revenue de là, elle trouvait à son réveil ses lèvres couvertes de durillons, et son ange lui disait : "Tu portes ces marques afin que tu saches que tu as été aussi ravie corporellement. "Une autre fois, dans un voyage du même genre, elle fit un faux pas sur un terrain glissant et se blessa dans sa chute à la jambe droite, qui resta enflée plusieurs jours et où elle ressentit une vive douleur Comme une fois elle visitait les principales églises de Rome, et qu'en allant de l'une à l'autre elle se frayait avec les bras un passage à travers des buissons, il lui entra dans le doigt une épine qui s'y trouva encore au moment de son réveil. Lors de semblables lésions corporelles elle avait coutume de dire, en répétant les paroles de son guide : "qu'elle croyait avoir été ravie corporellement. Comment cela se faisait-il ? ajoute le biographe ; c'est ce qui n'est su que de l'ange qui l'attestait et au témoignage duquel Lidwine s'en référait.
Comme la bienheureuse Lidwine, Anne Catherine aussi était accompagnée dans ses voyages extatiques par un guide qui commençait le voyage avec elle en partant de l'église de son village ou du chemin de la croix de Coesfeld. On peut se faire une idée générale du caractère de ces voyages, d'après ces paroles d'Anne Catherine a Dans mes voyages, je pars toujours d'endroits qui me sont connus pour aller dans des pays toujours plus étrangers pour moi à mesure que j'avance. J'ai le sentiment de distances énormes : tantôt on passe par des chemins unis, tantôt à travers les champs, les montagnes, les mers et les fleuves. Je dois mesurer tout cela en pieds, souvent gravir avec effort des montagnes escarpées. Alors mes genoux sont fatigués, mes pieds sont brûlants, je suis toujours pieds nus ; mon guide plane tantôt en avant, tantôt près de moi, sans remuer les pieds, parlant très peu, faisant rarement un mouvement, si ce n'est un signe avec la main ou une inclination avec la tête lors de ses réponses qui sont très brèves. La plupart du temps il se trouve tout à coup près de moi, il sort lumineux de la nuit ; j'aperçois d'abord une clarté, puis une forme distincte : c'est comme une lanterne sourde qu'on ouvrirait tout à coup. La nuit est dans le ciel, et une lueur voltige sur la terre, se dirigeant vers l'endroit où nous allons. Quand j'arrive devant de grandes eaux et que je ne sais plus comment avancer, je me trouve tout à coup de l'autre côté et je regarde derrière moi toute surprise. Nous passons souvent par des villes."
Dans un de ces voyages à la Terre Sainte, Anne Catherine fut aussi une fois accompagnée par Marie enfant : " Nous étions comme deux personnes qui marchent réellement : je lui faisais des questions en chemin et elle m'instruisait. C'est singulier, disais je à Marie, qu'est ce donc que cela ? Presque toutes les nuits il me faut faire ainsi des voyages lointains où j'ai toute sorte de choses à faire, et tout me paraît si naturel et si vrai, comme maintenant que je suis avec vous, allant dans la Palestine, et quoique pourtant je sois dans mon lit à la maison, malade et souffrante. "Alors Marie me répond : " Tout ce qu'on désire du fond du coeur faire et souffrir pour mon fils, pour son Eglise et pour le prochain, on le fait réellement dans la prière, et tu vois de quelle manière tu le fais. Elle me dit aussi que son cher fils était toujours tout près de nous. Anne Catherine reçut aussi une explication semblable sur les secours qu'elle avait à procurer dans ses voyages aux gens en détresse et aux malades : " Mon fiancé me dit que le vif désir de donner un secours de ce genre le procurait effectivement, et que comme en ce moment je ne pouvais pas le donner en réalité, j'avais à le donner en esprit.
Ces voyages étaient donc réels, quoique faits en esprit, et Anne Catherine était réellement dans les lieux où son guide la conduisait et réellement sur les chemins par lesquels il la menait, parce que le ravissement spirituel était en même temps un ravissement corporel. Cela pourrait être confirmé par des expériences presque quotidiennes : mais les faits suivants peuvent suffire. Une fois Anne catherine eut à empêcher un vol sacrilège et à chasser les voleurs de l'ossuaire attenant à l'église où ils s'étaient enterrés. Au moment où elle entrait en esprit dans l'ossuaire, elle eut dans son lit un violent accès de toux, et cela à cause de la mauvaise odeur du tabac mie ces misérables avaient fumé là. Le 17 janvier 1821, faisant un voyage du même genre, elle eut encore de fréquents accès de toux et elle dit : "qu'il lui fallait voyager si rapidement et dans tant de pays différents, et que l'air lui faisait bien mal. " Une fois elle eut un tressaillement subit, chercha autour d'elle, et ayant trouvé son crucifix, le mit devant elle et dit : "Il y a là un ours qui me guette dans un buisson, à travers lequel je dois passer ; avec ma croix, je pourrai le chasser. "Aussitôt après elle arriva près du Jourdain et parla de la vie de Jésus. Le mercredi des Cendres de la même année, elle s'écria tout à coup : "Encore des danses !" et elle se tordit sur elle même et remua convulsivement les pieds ; ensuite elle parut effrayée et sembla vouloir se défendre : "ces gens, dit elle, ont un méchant petit chien qu'ils ont excité contre moi et qui est tout furieux. "Le jour suivant elle dit : « J'ai été envoyée dans un village où l'on dansait encore. J'avais quelque chose à dire à ces gens : mais la voix me manquait et je ne pouvais que souffler. Or, c'était comme s'ils excitaient contre moi un petit chien très méchant : d'abord j'eus grand peur, mais ensuite il me vint à l'esprit que je n'étais pas là avec mon corps et qu'il ne pouvait pas me mordre. Alors je me serrai dans un petit coin, et je vis que ce chien était le diable. Je le chassai ; je pus alors remplir ma tâche et la danse se dispersa.

Mais le fait le plus remarquable est le suivant :
Le 11 janvier 1823, une fièvre inflammatoire se déclara tout à coup chez Anne Catherine, elle eut de grandes douleurs dans le côté et perdit souvent la respiration. Elle fit bouillir de l'orge et des figues et en fit faire un cataplasme qu'on lui mit sur le côté : elle but aussi de ce breuvage et cela lui procura du soulagement. Elle dit alors : "J'ai une inflammation dans le côté : " il y a une rupture ; j'ai entendu un craquement. Je sens couler le sang à l'intérieur : il y a engorgement dans cette partie du corps. Je ne puis être sauvée que par un miracle. Voici ce qu'elle raconta ensuite, pouvant à peine respirer : " il m'a fallu aller à la demeure du pasteur (6) (Rome), où le danger était pressant. On voulait tuer le maître valet et le petit chien, alors je me suis précipitée, et le couteau m'est entré par le côté droit jusque dans le dos. Le bon maître valet s'en allait chez lui ; un assassin vint à sa rencontre sur des chemins par où il pouvait s'enfuir facilement ; il avait sous son manteau un couteau triangulaire. Il feignit de vouloir aborder amicalement le maître valet. Mais je me précipitai sous le manteau, et je reçus le coup qui pénétra jusqu'au des. Il y eut un craquement ; je pense qu'il doit y avoir quelque chose de brisé. Le maître valet se détourna et tomba en faiblesse, l'autre s'enfuit j il vint du monde autour de lui. Je crois que le misérable se heurta à quelque chose de dur, et j'eus l'idée que le maître valet portait une cuirasse. Lorsque j'eus détourné le coup, le diable m'assaillit encore par là dessus ; il était comme enragé, me poussait de côté et d'autre et m'injuriait : Qu'as tu à faire ici. disait il : faut il que tu sois partout ? Mais j'aurai raison de toi.

Note 6 : Comme Anne Catherine désignait ordinairement le Saint Père sous le nom du berger, elle appelait les cardinaux et les prélats des valets de bergers ou valets en chef. Celui dont il est ici question est della Genga, qui fut plus tard Léon XII.

De ces phénomènes, d'autres lésions matérielles qu'Anne Catherine rapporta, par exemple, de Jérusalem, ou, dans une course précipitée à travers les rues, elle se blessa la rotule contre une pierre, ou qui furent la suite de travaux faits dans ses visions, il résulte indubitablement que sa vie corporelle était élevée au dessus de la sphère naturelle de la même manière que les facultés de son âme. Il n'est pas nécessaire pour cela de se figurer le ravissement corporel d'une manière grossièrement sensible, comme si tout le corps était enlevé : c'est seulement la vie corporelle ou le principe vital, élevé en même temps que la vie de l'âme au dessus de sa sphère habituelle, et, à cause de cela même, sentant, affecté et souffrant à distance avec ses organes sensibles de même que l'âme avec ses puissances voit et agit à distance. De là vient que comme le dit Anne Catherine, bien que son corps malade et souffrant reste gisant dans son lit, c'est pourtant en lui qu'elle a le sentiment du chemin qu'elle fait, des divers accidents du voyage, de toute la fatigue qu'elle s'y donne, et cela de telle façon que toutes les impressions et les occurrences qui s'y rencontrent agissent non seulement sur l'imagination, mais aussi sur le corps lui même et y laissent des traces.
La clef de cette merveilleuse élévation de la vie corporelle se trouve dans la grâce de la stigmatisation, cette transformation du corps de l'homme au corps de Jésus Christ, la plus haute qui puisse avoir lieu Sur cette terre ; elle se trouve aussi dans le Très Saint Sacrement. Par cela même qu'Anne Catherine a reçu la grâce de porter sur son corps les stigmates du Sauveur, c'est à dire de prendre sur elle les souffrances et les douleurs du corps physique du Christ, elle a été aussi rendue capable de se substituer aux souffrances de sa vie mystique et d'exercer l'action la plus étendue en souffrant par tout le corps de l'Eglise, et pour lui. Sa vie corporelle se trouve donc nécessairement élevée au dessus des conditions ordinaires de l'existence et de l'action terrestres. N'étant plus confinée dans les bornes de l'espace, elle n'a besoin ni du sommeil naturel, ni de la nourriture naturelle ; car, étant spiritualisée, elle est active à la façon de l'âme, avec laquelle elle se soutient, vit seulement et uniquement par le pain des anges et les rafraîchissements célestes qui lui Sont quelquefois présentés pour qu'elle ne succombe pas sous le poids des travaux pénibles et des oeuvres expiatoires dont elle se charge.

XIII

Il en était aussi de même pour la bienheureuse Lidwine, qui vivait dans un corps auquel manquait tout ce qu'exige la vie naturelle pour pouvoir subsister même misérablement. Dans l'apothème de Lidwine, dont il a été question plus haut, il s'était formé des vers d'environ un pouce de long, qui la rongeaient en trois endroits, au bas ventre et au dessus des hanches, et dont là quantité était telle qu'il fallait leur donner de la bouillie à manger pour sauver la malheureuse de leurs morsures. L'épaule droite était atteinte de la même putréfaction ; l'avant bras était desséché au point qu'on n'y voyait plus qu'un os avec des nerfs et des tendons.
Ainsi Lidwine incapable de faire un mouvement et de recevoir le moindre soulagement, était obligée de rester couchée sur le dos et toujours sur le même endroit ; car sa tête aussi était horriblement déformée et elle ne pouvait la remuer que très peu et très péniblement par suite de douleurs qui ne cessaient jamais.
Elle avait sur le front une large fente qui descendait jusqu'à la moitié du nez ; sa lèvre inférieure et son menton étaient également fendus, et souvent il lui était impossible de parler à raison de l'abondance du sang qui s'en échappait. L'oeil gauche était tout à fait perdu; le droit ne pouvait pas supporter la lumière et rendait du sang quand la clarté du jour l'atteignait. Elle avait en outre des rages de dents qui souvent la tourmentaient sans relâche pendant des mois entiers, et dont la violence était telle qu'elle craignait d'en perdre la raison. Elle vomissait des morceaux de foie et de poumon, et ses intestins vides restaient à découvert dans ce corps rongé par la pourriture et les vers, qui, pendant dix neuf ans, ne fut réconforté ni par la nourriture ni par la boisson, ni par le sommeil jusqu'à ce qu'enfin le chirurgien de Marguerite de Hollande les retira, en présence de cette princesse. On en enterra une partie, une autre fut conservée comme souvenir de ces merveilleuses souffrances mais plus tard Lidwine fit aussi enterrer celle là, pour mettre un terme à l'affluence d'un grand nombre de personnes qu'attirait le désir de voir un spectacle inouï, et l'odeur suave qui s'exhalait continuellement des parties du corps de l'extatique. Chose remarquable encore, il sortait chaque jour de ses membres une telle abondance de sang et d'eau, que, suivant l'assertion de son biographe, deux hommes auraient eu peine à emporter la quantité qui s'en était écoulée pendant l'espace d'un mois. Comme on demandait avec surprise d'où elle tirait cette abondance de liquide, Lidwine répondit une fois : Dites moi où la vigne prend sa sève, quoique pendant l'hiver elle paraisse desséchée et comme morte. En outre et suivant le rapport de son biographe, il n'y avait aucune maladie et aucune souffrance du corps que Lidwine n'eût éprouvée, et cela avec un délaissement si extrême qu'une fois, dans une vision, ses larmes se gelèrent, pendant que son corps était tout à fait glacé sur la planche qui lui servait de lit.
Le corps de cette bienheureuse vierge était donc privé de tout ce qui pouvait prolonger son existence terrestre, mais Dieu y suppléait d'autant plus abondamment par les dons de sa grâce, afin de donner à tous, dans la personne de Lidwine, la preuve évidente que le Seigneur vit et opère lui même dans les membres de son corps mystique qui est l'Eglise selon qu'il trouve en eux des imitateurs fidèles. Le vénérable biographe de Lidwine rapporte que le Très Saint Sacrement, non seulement lui servait de nourriture spirituelle, mais encore entretenait la vie de son corps : car moins elle était en état de prendre la nourriture ordinaire, plus elle avait faim de la manne céleste, sans laquelle elle ne croyait pas pouvoir vivre. Il arriva une fois que le nouveau curé de Schiedam, lui entendant dire qu'elle vivait uniquement de la grâce et non du pain terrestre, prit ses paroles en méfiance et lui retira la sainte communion pendant un long espace de temps ; puis enfin, ne pouvant plus résister à ses supplications, il lui présenta une hostie non consacrée mais il fut impossible à Lidwine de l'avaler, elle la rejeta de sa bouche, assurant qu'il l'avait trompée, que ce n'était pas le sacrement qu'il lui avait donné. Cela arriva en 1408, le jour de la Nativité de la sainte Vierge. Le curé ne se relâcha point de sa rigueur, et la bienheureuse resta privée de la communion jusqu'à la fête de la Conception de Marie : mais ce jour là, un ange vint à elle et la consola, en lui promettant que bientôt elle contemplerait dans sa chair, son Seigneur et Sauveur qui était mort et qui avait été mis en croix pour elle. Le jour d'avant la vigile de saint Thomas, entre huit et neuf heures du matin, comme Lidwine méditait, les yeux fermés, une lumière extraordinaire remplit sa chambre : elle ouvrit les yeux et vit auprès de sa couche une petite croix à laquelle était attaché un enfant vivant, avec cinq plaies saignantes. Elle reconnut son fiancé divin, dont la présence la combla d'une douce joie. Lorsque la croix, en s'élevant vers le plafond de la chambre, sembla indiquer qu'il voulait la quitter, Lidwine, enflammée d'un ardent amour, lui cria : « O Seigneur, si c'est vraiment vous, et si vous voulez me quitter, laissez au moins après vous un signe auquel je puisse reconnaître que vous avez été présent ici. Là dessus il redescendit, se transformant en une hostie entourée de beaux rayons de lumière, et où la place des cinq plaies était marquée par cinq points brillants : elle resta en l'air au dessus de la couche de Lidwine, jusqu'à ce que plusieurs personnes eussent vu le miracle, et qu'on eût aussi fait venir le curé. Quant à Lidwine, elle entra dans de tels transports d'allégresse, qu'il fallut lui tenir le coeur, parce qu'il semblait que la joie allait le faire éclater. Elle obtint du curé, à force de prières, de lui donner la communion avec cette hostie miraculeuse.
Ce seul fait, attesté sous serment par témoins oculaires, peut suffire ici : on pourrait en rapporter beaucoup d'autres qui établissent d'une manière non moins merveilleuse ce que le Seigneur opère dans ses saints, et avec quelle fidélité il récompense dès ce monde, ce que l'on supporte, ou ce que l'on abandonne pour lui.


Brentano: Visions de la Bse Emmerich - XI